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Julia Drouot a coupé court…

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Lievin Calling : Good Vibrations !

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La première édition du ‘Lievin Calling’ sera placée sous le signe du reggae, le 12 juin dès 14h ! Ce nouveau festival a pour vocation de proposer un style musical différent chaque année.

Pour 2011, la fine fleur de la soul et du reggae vont faire vibrer les murs du Stade Couvert Régional de Lievin.

Une occasion de célébrer le soleil peu avant l'été au son de Dub Inc, Tiken Joh Fakoly, Patrice, Danakil et Chinese Man.

http://www.mediafire.com/?9e77v5dw7qe71wq
http://www.lievincalling.com/

 

Les Nuits du Botanique 2011 : samedi 21 mai

Dans le cadre feutré du Museum, transformé pour Les Nuits en ‘Grand salon’, meublé de sofas et repose-pieds, sous le regard vide d'oiseaux empaillés, se déroulait ce samedi le concert d'un songwriter de génie. Josh T Pearson, puisque c'est de lui dont il s'agit, déposait, l'espace d'une heure suspendue comme le vol de ces oiseaux accrochés au plafond, ses magnifiques complaintes de cœur brisé aux oreilles d'un public charmé par la personnalité de ce cow-boy d'exception.

Honneur d'abord à Noria, aka Olivier Piette, petit protégé du label Matamore, à qui revenait le droit d'entamer cette soirée intimiste.

Seul à la guitare et au chant (et quel chant!), ce jeune artiste de notre terroir, dispense des compos empreintes de grâce et de beauté, que je vous invite à découvrir sur son premier album, « Season of the Songs ».

L'atout majeur de cette belle pousse est sans conteste, son registre vocal doux et enivrant, sis quelque part entre Chet Baker et Devendra Banhart. Excusez du peu ! Une très belle découverte, dont l'éclosion au sein des serres du Botanique donnera, j'en suis sûr, des fruits à cueillir dans les mois à venir.

Déboule ensuite sur les tapis perses la silhouette déglinguée de ce Texan exilé et toujours à la recherche d'un Graal incertain.

Dès les premiers accords de « Sweetheart, I ain't your Christ », Josh T Pearson met à l'aise son auditoire. Aussi profondes et solennelles soient ses chansons, l'homme n'est pas dénué d'humour et tient à le faire savoir. Ainsi, la chanson débute sur quelques boutades, puis s'envole dans les hautes sphères de tristesse, avant d'éclater comme une bulle de chagrin plus de douze minutes plus tard.

« Woman, when I've raised hell » s'élève à son tour et plane comme le voile de l'impossible douleur, celle qui coule dans les veines nouées des ‘Hommes’ perdus à la surface de cette terre.

Fragile et poignante, la musique s'engage dans une lutte contre l'insondable tristesse de cet être meurtri et la transcende en un rayon de lumière et d'espoir.

On croit alors que l'enfer déchaîne ses démons aux portes de la salle, avant de se rendre compte que les grondements sourds qui font vibrer les murs ne sont en fait que les résonances du concert de Joy qui se produit à l'Orangerie. Car même les créatures de Satan se taisent et écoutent la voix d'ange de l'ancien leader de Lift To Experience.

Faisant fi de ce désagrément, Josh enchaîne alors par « Sorry with a song », dont le débit rapide tranche avec le désarroi perçant de chacun des mots, de chacune des paroles de cette confession à nu. La guitare se laisse emporter par les tourments de son âme et de déposer ses humbles excuses comme un parterre de roses aux pieds d'un public en parfaite osmose.

Nous invitant à aller voir le concert de Low qui s'ensuit (ce qu'il tient absolument à faire) et devenant de plus en plus volubile au fil de sa lutte contre la fatigue qui l'habite (voir interview par ailleurs), il enchaîne par « Coutry Dumb », hymne aux troubadours de sa trempe, toujours entre ciel et terre.

Retour sur les oiseaux qui le surplombent. Après avoir aligné une série de blagues plus improbables les unes que les autres, et renoncé à interpréter « Singer to the Crowd », il achève le set par « Thou Art Loosed », alors que les tourments voisins se sont éteints et que l'ambiance devient plus propice à la beauté du moment.

Un concert d'une subtile intensité qui relève un petit peu plus la personnalité de cet artiste exceptionnel qui sera de retour en juillet à Gand pour le Boomtown Festival. A ne manquer sous aucun prétexte !

Josh T Pearson + Noria

Akim Serar

 


 
Samedi 21 mai, 20 heures. La dixième nuit du Botanique ouvre les portes du chapiteau pour accueillir le post-rock des Vessels (GB), le rock expérimental de Montevideo (BE) et l’indietronica de Caribou (CA). Une affiche éclectique qui s’ouvre tant à des groupes confirmés qu’à la découverte. Concert complet !


C’est devant quelques âmes que les excellents Britanniques de Vessels présentent leur deuxième opus, « Helioscope ». En dépit de l’audience réduite, le groupe post-rock venu de Leeds prouve très vite au public qu’il n’a pas fait le déplacement pour rien. Coupable d’une prestation à vous couper le souffle, le quintet n’hésite pas à envoyer le bois et bouscule les corps d’impulsions obsédantes. Un concert qui triture les sens et hante les esprits de polyrythmies insistantes. Une agitation incessante construite de morceaux aux lentes montées instrumentales ponctuées d’imposantes explosions sonores. Une cacophonie de guitare noisy, de drums hyperkinétiques et de piano en excitation qui suggère l’imminence de l’apocalypse. Comme compulsivement attiré par le son, le public quitte progressivement le bar situé non loin du chapiteau et commence à remplir l’espace. Une fois rentrée dans le jeu, l’audience semble ne plus vouloir le quitter. Tandis que le turbulent « Later Than You Think » le fait voler dans les plumes, le sinistre « Meatman, Piano Tuner, Prostitute » l’hypnotise de sa voix ‘ThomYorkesque’. Les titres de Vessels attestent l’intelligent équilibre rythmique entre et pendant les morceaux. Entre bruit et calme, obscurité et lumière. Malgré la prégnance post-rock puissante (Explosions in the Sky », This Will Destroy You…), les cinq de Leeds esquissent leur paysage et y impriment leur propre identité. Coup de cœur des Nuits Botanique 2011 que vous pouvez télécharger gratuitement ici http://www.vesselsband.com

Phénomène incontournable de la scène electronica, Caribou affiche complet à chacun de ses passages. Un buzz général difficile à ignorer qui mérite notre attention. Dès lors, on peut se poser légitimement la question : artiste en vogue ou succès mérité ?

Après un concert mémorable accordé à l’Ancienne Belgique, lors de la dernière édition du festival Autumn Falls, Daniel Victor Snaith revient sur nos terres pour irradier le chapiteau du Botanique bruxellois.

La formation canadienne se lance d’emblée dans une succession de morceaux issus du dernier long-playing, « Swim », considéré par certains comme l’un des meilleurs albums de cette dernière décennie, élevant un impressionnant mur rythmique construit de guitares et de drums, de beats et de bleeps qui convergent vers une fluidité sonore cristalline. Un electronica organique transcendé d’un jeu de lumière pyrotechnique qui agite irrémédiablement les têtes les plus réticentes. L’épine dorsale griffée de techno torturée, « Bowls » nous démontre que le groupe revient davantage à une esthétique tournée vers la danse. Une alternance rythmique qui, à tout moment, donnerait l’impression de quitter le concert pour atterrir sur le dancefloor d’une soirée électro.

Le succès de Caribou ne viendrait-il pas précisément de cette caractéristique ? La fusion parfaite entre musique électronique et musique pop. « Melody Day » –morceau présent sur l’album « Andorre »– illustre à la perfection le talent unique de Caribou pour conjuguer les mélodies authentiquement rétro et totalement contemporaines.

Ensuite, les perles s’enfilent : la dangereuse « Jamelia », le narcotique « Kaili », le bancal « Odessa », etc. Puis, soudainement, la ligne de basse et les synthés déglingués d’« Odessa » confèrent un second souffle au set. Le chapiteau suinte et s’électrise. Les lights s’excitent. L’extraversion initiale reprend de plus belle. Les planches, sous nos pieds, se mettent à vibrer et c’est du pur bonheur ! Un titre qui portera le coup fatal avant le dernier rappel.

Par ses cris répétés, l’assistance sévèrement échauffée portera le morceau « Sun » sur les planches. Une finale électro-noise puissante couverte d’une voix en écho (Sun, Sun, Sun…) éteindra les derniers soupirs d’un concert absolument magique. Daniel Victor Snaith, un artiste résolument talentueux.     

Caribou + Montevideo + Vessels  

Eric Ferrante

 

Les Nuits Botanique 2011 : vendredi 20 mai

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Que celles et ceux qui ont manqué la prestation de Perfume Genius à la Rotonde, le 25 octobre dernier, se consolent : le spectacle livré par Mike Hadreas, ce vendredi soir à l’Orangerie, est à l’identique. Configuration, setlist, décor, rien n’a bougé. Un concert touchant mais pas indispensable à revisiter.   

Mike Hadreas, artiste qui se cache derrière le pseudonyme Perfume Genius, joue d’une personnalité discrète, énigmatique mais, somme toute, captivante sur scène. Bien que sa performance délicate et, souvent, dangereusement fragile, ne puisse lutter contre une foule rock qui sent la bière, il parvient à captiver l’assistance. Résonances intimes tissées de petits riens qui émeuvent le public de l’Orangerie littéralement suspendu à chaque note, à chaque son émis par le petit génie de Seattle. Le silence absolu règne dans la salle. Ce défaut assumé, cette vulnérabilité même, le jeune imprudent les transmue en atout redoutable. Le résultat ? Un souffle tel qu’il n’en existe plus à l’heure où les disques en chambre affichent la même assurance que les superproductions. 

Le décor nu, sans effets de lumière, habille une performance simple, limpide et délicate réalisée par deux pianistes/chanteurs. Sur scène, Mike Hadreas se réserve les ivoires et tâte parfois de la guitare acoustique. Il s’appuie sur un complice très discret aux claviers et au chant. Apport musical si faible que l’on serait tenté de croire que sa présence même servirait uniquement à rendre plus palpable la timidité du jeune musicien américain. A deux, ils forment un ensemble compact prenant essentiellement sa source dans le premier album judicieusement appelé « Learning ». Malgré la structure assez similaire de ces productions, le duo ne sombre cependant pas dans la monotonie. 

Une voix tremblante de nervosité, un piano branlant, un son accidenté, un chant engourdi autour de mélodies fragiles, tels sont les principaux ingrédients. Ils confèrent à Perfume Genius un charisme incomparable. Les émotifs anonymes s’identifient et le charme opère. Une magie rare dont les dernières rencontres remontent à Elliott Smith ou Sufjan Stevens. Une hypersensibilité torturée comparable au paysage mental de Thom Yorke.   

L’essentiel de son goût du spectaculaire, Perfume Genius le canalise dans ses textes. Les solistes de la soirée introduiront la hantise de « Mr. Peterson », « Look Out, Look Out » ainsi qu’une nouvelle compo en rappel. Un Mr. Peterson dont le goût amer laisserait comme un sillage étrange de parfum dans la conscience. 

Si l’on en juge par la force de ce spectacle, le potentiel artistique du petit génie de Seattle et le  dévouement manifesté par le public de l’Orangerie, le deuxième album semble de toute évidence sur la bonne voie. L’orchestration et la mise en scène devront cependant être repensées. Perfume Genius, un phénomène à suivre de près, de très près…

Perfume Genius

Alex Beaupain

Pourquoi Battait Mon Coeur

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Le nom d’Alex Beaupain est systématiquement lié au cinéma. Et en particulier au réalisateur français Christophe Honoré, depuis qu’il a composé la belle et sensible BO pour ‘Les Chansons d’Amour’ (2008), un film inspiré de la propre histoire du chanteur et la mort de sa petite amie… Ce long métrage est d’ailleurs devenu le véritable symbole pour certains jeunes et romantiques citadins ! Beaupain a écrit la musique de toute une série d’autres bandes originales (‘17 Fois Cécile Cassard’, ‘Dans Paris’ ou ‘Non Ma Fille tu n’iras pas danser’) pour le même Honoré ; mais aussi celle de ‘Qui a tué Bambi ?’ pour Gilles Marchand.

« Pourquoi Battait Mon Cœur » constitue le troisième elpee du Besançonnais. Une œuvre qui devrait lui permettre de rejoindre le cercle très fermé des auteurs/compositeurs/interprètes de la chanson française à textes, à l’instar des Gainsbourg, Daho, Biolay ou Souchon. En outre, non seulement ses arrangements sont soignés, mais sa musique est chargée de nuances. Depuis « La Nuit Promet », caractérisé par ses accents discrètement électro en passant par le plus classique « De Tout Sauf de Toi », tramé sur les accords du piano. Ni politiques ni engagés, ses textes abordent des sujets graves comme la séparation (« A Nos Amours » et « Ciel de Traine »), le sexe (« Sur Toute La Ligne », « La Nuit Promet ») et la passion amoureuse (« De Tout Sauf de Toi »), mais avec un détachement salutaire. Même « Au Départ », une chanson contant l’histoire de la Gauche française de 1981 à 2002, qui met en scène Mitterrand, depuis son ascension à la cohabitation, doit se vivre comme une véritable histoire d’amour. Mal assurée mais touchante et mélancolique, sa voix rappelle tantôt celle de Florent Marchet (« Sur Toute La Ligne ») ou d’Alain Souchon (« De Tout Sauf de Toi » ou « Plus de Peur que de Mal »). Beaupain se réserve même un duo sur « Avant La Haine ». En compagnie de Camelia Jordana. Son organe puissant, coquin et bourré de charme y fait même des ravages…

 

Carl Roosens

Où poser des yeux ?

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CARL, membre actif de la scène underground bruxelloise, est un artiste habité d'un univers bien à lui. Pour le dessin, il s'appelle Carl Roosens, c'est le coréalisateur du film d'animation “Caniche”, (produit par les ateliers Zorobabel), et l'auteur de livres illustrés édités par le collectif ‘Nos Restes’. Pour la musique, il a choisi le patronyme de C.A.R.L, un groupe composé de cinq musiciens, que l'on a pu voir, notamment sur la scène du cinéma Nova, et lors de la première partie de Brigitte Fontaine au Cirque Royal. Leur premier album “Où poser des yeux ?” est un disque éprouvant aux textes explosifs.

Les compositions de C.A.R.L gravitent entre rap, rock, jazz, chanson française et musiques électroniques. Mais il s'agit tout autant de poésie scandée, portée par une instrumentation sombre et très fouillée. Ses quatre compères –Noza, Emmanuel Coenen, Cédric Manche et Pascal Matthey– se chargent des parties de guitare, batterie, basse, trompette, euphonium, violon, carillon et machines.

Sur scène, ils prennent place au milieu d'une horde de personnages de carton dessinés par Carl, devant une projection de séquences de fil d'animation.

Les morceaux du disque « Où poser des yeux ? » visitent des styles musicaux variés, et explorent également un large panel d'états psychologiques.

« La maison me mangera », cauchemar éveillé sur fond de beat industriel, est l'un des plus violents. « Patiente pour défigurer », peut-être le plus beau, le plus dramatique. Elle raconte la solitude d'un cadavre à ciel ouvert avec ‘une balle dans le caillou’, la beauté du texte est à la hauteur de l'horreur de la scène. Baudelaire et sa charogne ne sont pas bien loin.

« J'enregistre le bruit de ta machine » commence par le son de frappe d'une machine à écrire. S'ajoute une frêle mélodie au mélodica reprise par un piano mélancolique. On pense alors à Pascal Comelade.

« Mes amis », un des titres les plus sombres du disque, dresse un constat hyper pessimiste sur les relations humaines.

« Où poser des yeux » est une crise de nerfs face à la mocheté du monde, la laideur du quotidien. Le conteur/chanteur, vraisemblablement dans le métro, liste d'une voix névrosée tout ce qui s'offre à son regard. Il panique devant ‘un visage qui nous rappelle de ne jamais croiser des skins, sur la couverture d'un livre pour juger la lecture d'une conne, sur des boucles d'oreille en forme de dauphin, sur des mains abîmées, dures comme du pain rassis, sur un tag plutôt moche d'un mec qui baise le monde que dans sa tête.’

Cyniques, les textes de Carl sont également drôles et mordants, car ils dessinent un monde que nous connaissons bien. Par exemple, « Le Chien » décrit le rapport intense entre le narrateur et ‘le chien du cadavre de la voisine’.

Si Carl est cynique, il n'ignore sûrement pas que l'adjectif vient d'un mot grec signifiant ‘chien’, à cause des clébards aboyant en dehors de la cité d'Athènes, figures de la mauvaise conscience de leur temps, auxquels s'était identifié Diogène, philosophe critique du pouvoir et de sa société. Sous ses airs de ‘racaille’ (mot qui a aussi des origines canines), C.A.R.L. pointe les travers de la société, celle qui nous rend fous et accros aux anxiolytiques, celle qui ignore l'humain.

Pourtant, Carl la canaille ne vit pas en dehors de la ville, mais bien dans la masse malade de la cité. Fou lui aussi, sa voix anxieuse ripe sur les mots et monte en tension jusqu'à le faire hurler. On peut bien l'accuser de la rage, on peut aussi l'écouter, encore et encore.

John F. Klaver

Coming back for more

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John F Klaver est un jeune chanteur guitariste hollandais. Il est le leader de son band dont le line up est complété par la bassiste Miss Iris Sigtermans et le drummer Martijn Klaver. Le trio comptait un premier elpee à son actif, "Jetpepper". La musique proposée par cette formation est le fruit d’un savant cocktail de blues, soul, funk et jazz. Elle nous rappelle souvent l’Anglais Matt Schofield ou le Californien Robben Ford. Des référence de choix, il faut le reconnaître. John a composé sept des dix plages de cet opus.

"Gonna leave this place" ouvre la plaque. Un excellent blues imprimé sur un tempo vivace, proche de BB King. La section rythmique libère énormément de swing. Rob Mostert injecte des interventions chaleureuses d’orgue. Sur les cordes, John manifeste une classe naturelle, tout en délicatesse et créativité. La même équipe glisse aisément vers le funk sur "Not for me", une plage caractérisée par un solo de guitare à nette coloration jazz. Bennie Veldman (NDR : issu des Veldman Brothers, un ensemble particulièrement populaire aux Pays-Bas) souffle dans son harmo sur le blues nonchalant "Make some dough" ainsi que "Lateral climb", une composition signée Robben Ford. L'arithmétique fonctionne à merveille tout au long de  l'instrumental "Move along", un morceau issu de la plume de Matt Schofield. Un dialogue jazzyfiant s’établit entre Klaver et les interventions à l'orgue de Mostert, ici largement inspirées par Jimmy Smith et Jack McDuff. Martijn est un solide percussionniste. Et il le démontre clairement en intro de "Scary Mary", une plage aux accents jazz funk indéniables sur laquelle John chante d'une voix très musicale, réminiscente de Robben Ford. Et sa voix devient même passionnée sur "Listen & hear", un blues lent très mélodique tapissé par l'orgue Hammond de Rob Mostert (NDR : adepte du B3, cet excellent claviériste drive son propre combo : le Mostert Hammond Group). Les échanges opérés entre les cordes de Kalver et l'orgue de Rob me font ici penser à ceux que Jan Akkerman et Thijs Van Leer se réservaient au sein de Focus, un autre band batave qui jouit encore aujourd’hui d’une belle notoriété. Caractérisé par ses légers changements de rythme, "Lost but found" évoque également ce célèbre groupe néerlandais. Mostert revient une dernière fois apporter son concours sur la cover indolente du "Get out of my life woman" d'Allen Toussaint. Et il s’y révèle particulièrement inspiré. De bonne facture, cet elpee s’achève par le titre maître, une plage présentée comme un rappel, imprimée sur une trame funky, autorisant une dernière sortie de John sur les cordes, mais ici triturées dans l’esprit d’un certain Jimi Hendrix.

Gianna Nannini

Io e Te

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Avant de parler du contenu de son dernier CD, il serait bon de cerner un peu le personnage. Gianna Nannini. Sœur aînée de l’ex-pilote de Formule 1 Allessandro, elle a vu le jour il y a près de 55 ans, du côté de Sienne, en Toscane. Adulée dans la botte depuis une grosse trentaine d’années, l’Italienne en est à son 36ème album, studio, live, reprises et best of confondus. Mamma mia !!!

Surtout connue (et quasi rien que pour cette chanson, hors de la botte) pour son méga hit « I Maschi » qui a cartonné durant la seconde moitié des eighties un peu partout sur la planète, Gianna s’est rappelée au bon (?) souvenir de tous l’an dernier en donnant naissance, à 54 ans bien sonnés, à une petite Penelope Jane Charlotte. C’était au cours du mois de novembre, à Milan.

Musicalement parlant, « Io e Te » constitue, à ce jour, son 20ème elpee studio (si mes comptes sont justes…) et la première surprise concerne la pochette. Au sein du booklet, Gianna y pose en montrant son ventre arrondi par la maternité. La photo est signée Jean-Baptiste Mondino et le cliché a été réalisé lors des derniers mois de la grossesse de la rockstar. Provocation ou simple envie de partager avec ses fans une tendre complicité ?

Toujours est-il que la rockstar siennoise se place immédiatement en tête des ventes dans sa péninsule natale dès la sortie de son nouvel opus. Force est de constater que même largement quinquagénaire, elle n’a rien perdu de son explosivité. Au contraire, elle a voulu un album plus rock qu’habituellement. Le rock de la félicité (du bonheur) comme elle aime à le qualifier. Et à l’écoute des treize compos, l’impression est plus que correcte, elle est tout simplement bonne. Gianna nous emmène principalement dans des ballades pop qui fleurent bon la Toscane, « Ogni Tanto », « Perfetto », « Dimentica »  et le splendide « Perche » donnent le change aux  « Rock2 » et autre « Scusa » beaucoup plus rythmées. Et puis que dire de la version de « Volare » qui clôt l’opus et qu’elle s’approprie et chante façon plutôt ‘Sex Pistols’…

Deux ou trois berceuses, cadeaux à sa petite progéniture, complètent ce bon disque de variété/pop/rock si typique aux artistes italiens. Une autre de leurs spécialités.

La ‘Bonnie Tyler transalpine’ est toujours bien en vie !

 

Roy Santiago

The Great Pretender

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Roy Santiago est néerlandais. Il est né à Nimègue. Il pratique une sorte de folk rock largement influencé par Dylan et Springsteen. Tout au long de « The Great Pretender », le Batave alterne morceaux rythmés et ballades. Deux titres sortent néanmoins véritablement du lot : « My Car isn’t Running Fast Engouht » et « The Sun is in Your Eyes ». Pour le reste, rien de véritablement surprenant. Ni la voix, ni l’instrumentation. Bref, pas de quoi casser trois pattes à un canard ! Typiquement le genre de disque qui va terminer prendre la poussière au fond d’un de mes tiroirs…

Ebo Taylor

Life Stories : Highlife and Afrobeat Classics 1973-1980

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A l’instar de Fela Kuti au Nigéria, Ebo Taylor est un véritable Dieu chez lui, au Ghana. Véritable institution du high-life, un style lié au colonialisme fusionnant guitares portugaises, fanfares, rythmiques africaines et calypso caribéenne. C’est durant les années 50 et 60 que ce guitariste hors pair est parvenu à faire trembler le Ghana au son de sa musique endiablée teintée d’afrobeat.

Parti étudier à Londres en 1962, Ebo Taylor fonde le Blackstar Highlife Band et tente d’y propager des semences de jazz. De retour au pays, le monde s’arrache les services de Taylor. Il devient alors très vite arrangeur et producteur pour le label Essiebons.

En 2010, Strut publiait « Love And Death », dernier album studio d’Ebo Taylor composé, disait-il, pour promouvoir l’afrobeat et perpétuer l’héritage de Fela Kuti. C’est désormais toujours au sein de l’écurie teutonne que le Ghanéen sort cette double compilation réunissant ses plus beaux succès récoltés entre 1973 et 1980.

« Life Stories : Highlife and Afrobeat Classics 1973-1980 » comble les tympans des soiffards en manque d’afrobeat et de rythmiques chaudes comme le soleil. Sur une période de 7 ans, Ebo Taylor a réussi à se surpasser jusqu’à obtenir une notoriété internationale. Pour preuve, même l’infect Usher a réussi à sampler un riff de « Heaven » pour son titre abominable « She Don’t Know » en compagnie de Ludacris. Mais bon, ça c’est pour la petite info. Car sur cette double plaque, qu’il soit en solo ou au sein des ses formations telles que The Apagya Showband ou encore Super Sounds Namba, Ebo Taylor range vite Usher au stade de vulgaire chanteur. C’est maintenant au Ghana qu’il faut se tourner car les pépites afrobeat se succèdent sans jamais que le cœur ne cesse de virevolter au son des guitares catchy et des cuivres soufflant les plus belles mélodies entre jazz et musique typique du pays des Blackstars.

En Afrique, Ebo Taylor est devenu un artiste incontournable, au même titre que Manu Dibango. Riche pour ses grands moments de musique, « Life Stories » est officiellement la bande son de l’été !

Les Nuits Botanique 2011 : mercredi 18 mai

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Eclatant, osé et euphorique, Animal collective triomphe ce soir sur les planches du Cirque Royal lors du concert le plus arty de cette édition 2011. Un show chaotique de plus d’une heure trente rendant hommage à la planète geek.

Le quatuor de Brooklyn (originaire de Baltimore) est réputé, cependant, pour la fâcheuse habitude de présenter une setlist expérimentale lors de ses prestations scéniques. Un spectacle hermétique de construction high tech truffé d’innovations, créations inédites dont l’essence s’adresse fondamentalement à un public averti. Pas d’album en vue pour les New-yorkais qui utilisent la scène comme champ expérimental à leurs futures compositions. Hormis « Brothersport » et « Summertimes Clothes », moments où le public exulte réellement, le concert est laissé à la découverte. Un Crash test musical, utilisé de plus en plus souvent par de nouvelles formations, visant à mesurer l’interactivité du public avant de construire le tracklisting de leur prochain opus (NDR : procédé partiellement utilisé par Moriarty, ce mardi 17 mai, aux Nuits Botanique).

Comment décrire un chaos artistique en quelques lignes ? Tâche ardue s’il en est. Que nous allons tenter de démêler…

Techniquement, rien à dire, Animal Collective est une merveille. Un véritable défi à toute forme de gravité sonique. Un brouillon chaotique sous haute surveillance et merveilleusement maîtrisé. Si le quatuor nous suggère l’impression d’écouter quatre morceaux à la fois, il sait précisément vers quel espace sonore tout ce bruit se dirige. Il érige des perspectives multiples dont les lignes de son fusionnent peu à peu et convergent finalement. Une musique ancrée dans son époque et copieusement inspirante. 

Malgré des artifices visuels plutôt faibles, quatre hommes plantés en rang d’oignons dans un décor minimaliste, un écran géant projetant des images psychédéliques plutôt ordinaires et un jeu de lumière quasi inexistant, le quatuor parvient pourtant à créer des mondes parallèles et à porter le public vers la lévitation.

Côté salle, rien à dire, la fosse du Cirque est conquise. Difficile de lutter contre les transes électro-chamaniques du groupe. Lorsque le batteur-chaman Panda Bear lance un chant indien d’une voix énigmatique, l’audience, le diable au corps, se laisse emporter sur des danses tribales hypnotiques. Une deuxième partie de set truffée de morceaux délicieux accompagnés parfois de rythmes vocaux afro transcendants. Animal Collective accélère alors la dérive des continents et invite l’oreille à se heurter à des sonorités surprenantes venant d’Inde ou d’Afrique. Un psychélectro étonnant mélangeant les cultures et les époques et parfaitement apte à passer aisément de rythmes tribaux compulsifs à une musique psyché-rock plus classique.

La mécanique des ‘Animal’ n’est pas toujours évidente à déchiffrer. Un mélange d’arythmie logique et de précision chirurgicale qui fait souvent mouche. Une musique qui interroge le futur et bouscule le présent. Une recette qui atteint sa cible depuis plus de dix ans et régale régulièrement le public. Pourtant, ce soir, Animal Collective n’a pas vraiment convaincu la masse. Le piège du succès du phénomène trendy, dont le rock expérimental, ne se refermerait-il pas inexorablement sur la vague qui le porte mais l’érode peu à peu ? A suivre.

Animal Collective                   

Les Marquises / Karaocake : Split 2 titres en écoute !

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Jeu de remixes entrecroisés pour Les Marquises et Karaocake, puisque Jean Sébastien Nouveau se fend d’une relecture du morceau « It doesn’t take a whole week » extrait de « Row and stitches », tandis que les seconds cités revisitent « Only Ghost », issu de l’excellent « Lost Lost Lost » sorti l’an passé.

C’est gratuit en écoute, c’est gratuit en téléchargement, et il n’y aucune raison de s’en priver !

Suivez le guide : http://lesmarquiseskaraocake.bandcamp.com/

 

Les Nuits Botanique 2011 : mardi 17 mai

Alors que le chapiteau vibre aux sonorités des groupes pop-rock belges et français, votre serviteur a décidé de se rendre au Grand Salon, une salle habituellement consacrée aux expositions, et aménagée pour la circonstance. Surprise, en pénétrant dans cet espace, la scène a été installée au milieu. Elle est entourée de canapés et de sièges. De quoi baigner l’atmosphère dans une ambiance cosy.  

Projet solo de Yann Tambour, (Thee,) Stranded Horse ouvre le bal. Un artiste qu’on avait déjà eu le loisir de découvrir au sein du groupe français de post-rock, Encre. Le public est attentif et silencieux pour assister à son set. Une ambiance qui lui est particulièrement favorable. Surtout pour dispenser des morceaux acoustiques, au cours desquels il alterne entre sèche et kora, un instrument considéré comme le cousin africain de la harpe. Sa musique est apaisante et colle parfaitement à sa voix nasillarde. Après 50 minutes de prestation le public est prêt à passer au plat de résistance ; en l’occurrence celui que nous promet le trio américain Akron/Family.

Reconnu pour ses performances scéniques, on se demandait comment Akron/Family allait se débrouiller pour s’adapter à ce cadre particulier. Même si deux ans plus tôt, lors des mêmes Nuits Botanique, la formation avait fait un malheur, mais dans d’autres circonstances. Faut dire aussi que tant sur disque qu’en ‘live’, le combo constitue une véritable énigme. Mais le suspense a fait long feu. Et pour cause, deux minutes après le début du show, les Yankees ont invité les spectateurs à s’installer dans les divans.

Le groupe est capable de brasser un éventail impressionnant de styles musicaux. Psychédéliques d’abord. Tantôt dans l’esprit des 60’s, tantôt proche d’un Animal Collective. Une solution sonore chargée de nuances, mais tramée, le plus souvent, dans le folk. Et puis dont les mélodies sont de toute beauté. Et comme leurs harmonies vocales sont superbes et la maîtrise de leurs instruments impressionnante, la formation n’a plus qu’à dérouler. Quoique. D’abord, il n’y a pas de jeux de lumières. Et puis, comme s’il était trop facile se reposer sur ses lauriers, le band commence à s’aventurer dans de (très) longues séances d’improvisations, jusqu’à en torturer nos tympans.

Face à cette attitude, les mélomanes réagissent différemment. Le public averti n’est qu’à-moitié surpris des dérapages provoqués par ces fameux énergumènes. Mais le spectateur lambda tombe carrément des nues. Souvent réceptif aux compos bien construites, il perd complètement le fil lors des passages expérimentaux. Pourtant, chaleureux, les trois multi-instrumentistes s’efforcent d’entrer en communion avec l’auditoire. D’ailleurs, en finale, lors d’un morceau chanté a cappella, les trois bardes d’Akron/Family vont même l’inviter à chanter et à claquer des doigts ; un peu comme s’il participait à la célébration d’un rite d’une secte.

En sortant de la salle, les oreilles bourdonnent ; et puis on a cette drôle d’impression de s’être fait endoctriner par les chefs spirituels d’une société secrète…

Béber

Akron/Family + Stranded Horse

 


 
En apéritif aux Franco-américains de Moriarty qui, ce soir, tenait la tête d’affiche des Nuits au Cirque Royal, les mondes divergent. Les champs tendrement pop de La Fiancée, éclairés de musique sixties et proches de l’univers de  Françoise Hardy ou de Brigitte Bardot, croisent brutalement les contrées obscures de Jacques Duvall.

Une entrée en matière sans détour pour le chanteur-parolier bruxellois : ‘Bonsoir ! Nous sommes les experts en désespoir’.

Chapeau de cowboy noir sur costard noir pour tout l’équipage bruxello-liégeois. Noir comme les mélopées lentes et lugubres que Jacques Duvall distille amèrement tout le long de son set. Etat d’âme qu’il confirme dès le premier morceau : ‘Je vais essayer d’écrire la chanson la plus triste du monde’. Pas plus de cinq minutes ont suffi à donner le ton d’un concert plongé au cœur des ténèbres. Un public au bord de la crise de nerfs qui doit attendre quatre morceaux pour s’extraire des eaux sales coulant de la plume caustique de l’artiste belge. L’atmosphère demeure pesante mais le ton s’allège. Ainsi, la reprise de « Banana Split » de Lio et celle, modifiée, de « Ti amo » d’Umberto Tozzi chantée en français viennent apaiser le ton général.

Un spleen qui revient rapidement sur « Chagrin de beauté ». Moment où la voix grince, dérape, se désespère et nous montre un autre visage. Le visage d’un homme sincère qui ne se prend pas au sérieux, et ça fait du bien !

Une prestation où le parolier  de Lio, Alain Chamfort, Jane Birkin… trace des portraits au vitriol sur une trame musicale rock, folk, country. Les huit musiciens tissent une atmosphère anxiogène plutôt réussie. Jacques Duvall sur scène, certainement l’un des concerts les plus déprimants de ces dernières années.

22h00 : Moriarty nous invite à un voyage musical intense. Un folk-country en lévitation où l’on se laisse embarquer sans résister.

Composé de véritables derviches tourneurs, le sextet (NDR : quintet étoffé d’un batteur additionnel pour les besoins de la scène, Vincent Talpaert) reste fidèle à son pseudonyme inspiré du nom du héros de ‘Sur la route’, roman culte de Jack Kerouac. L’invitation au voyage et l’esprit beatnik demeurent omniprésents dans les compos du groupe. Un esprit communautaire responsable d’une tournée gigantesque comptant plus de 200 concerts en un an. Un vertige de la route qui les a menés en terre inconnue (USA, Japon, Inde, Taïwan…). Durant ce périple, ils ont presté des concerts dans des lieux inédits tels que des hôpitaux psychiatriques, des prisons… Une richesse interculturelle qui s’entend et imprègne leur setlist de morceaux contant des histoires de rencontres, de destins croisés et de lieux improbables. Grande évasion dont ils ont ramené également des instruments insolites (Harmonium indien à soufflet, micro-guitare hard-rock, Kazoo, claviers atypiques…) qui vont modifier significativement l’identité sonore du groupe. L’excellent cadavre exquis « Decaf » fait d’ailleurs partie de ces délires d’écriture inscrits dans le van tour. Inutile de préciser que Rosemary Standley et sa petite famille (Tom Moriarty, Arthur Moriarty, Zim Moriarty, Charles Moriarty, Vincent Talpaert, Eric Tafan) connaissent la scène sur le bout des doigts.

Nul besoin de décor excentrique et de show lumière aveuglant pour que le combo franco-américain s’exprime. Un habillement minimaliste suffit. Une toile de lin, un lustre-ampoule diffusant une faible lumière et quelques vieilles valises qui traînent sur les planches. L’essentiel réside dans la complicité entre les membres du groupe et dans la mise en scène féérique articulée autour de Rosemary Standley, un monde peuplé de contes enfantins et de merveilleux. Le résultat ? Six musiciens qui construisent des structures inventives et ludiques entre folk, country et rock alternatif. Un jeu professionnel et improvisé bénéficiant d’une voix au timbre intemporel et aux potentialités infinies de par son expérience de l’art lyrique et de l’opéra. Moriarty enchante le public bruxellois d’une mise en scène superbement théâtralisée et d’un contry-folk aux allures d’un melting-pot culturel fortement imprégné de musique américaine des années 30. Son dernier opus recèle d’ailleurs d’anciens morceaux sortis du grenier à musique du groupe.

Jouant parfois en cercle et/ou à capella, la belle cohésion du groupe irradie l’audience. Un spectacle largement acclamé par un public averti qui s’exprime particulièrement sur le tube  radio « Jimmy » et le nouveau titre « Isabella ». Une jolie communion irradiant le Cirque de frissons électriques et provoquant des cris de joie. La foule réceptive chante alors comme un seul homme, sourire aux lèvres.

Les enfants de la Beat Generation n’inventent rien mais distillent leur musique à la perfection.   

Eric Ferrante    

Moriarty + Jacques Duvall + La Fiancée               


Rock’n’roll !!! Un slogan, un thème, une trame et un style pour électriser l’Orangerie du Botanique, ce mercredi 17 mai, dans le cadre des Nuits 2011. Et les guitares n’ont pas cessé de rugir sous les riffs acérés des Black Lips, de l’Experimental Tropic Blues Band ou des Young Legionnaire, tout au long de cette soirée!

Young Legionnaire, c’est le nouveau groupe de Gordon Moakes, le bassiste de Bloc Party. Le trio anglais est venu défendre « Crisis Works », son premier album, dans les jardins bruxellois. Le public est encore clairsemé, mais il assiste à un show puissant et efficace, opérant une rencontre improbable entre la pop anglaise et le rock féroce de McLusky. Le drummer est très efficace, mais la carence en sens mélodique et la voix quelconque du chanteur ne permettent pas à l’ensemble de se transcender. A revoir de toutes manières…

Après avoir accompli une mini-tournée aux States, l’Experimental Tropic Blues Band semble (re)gonflé à bloc. Le trio liégeois débarque vers 21h. La température a pris quelques degrés et les corps transpirent. La formation doit autant à Elvis Presley qu’aux Blood Brothers. De véritables bêtes de scène. Difficile de faire plus rock’n’roll !!! Trempées dans le blues et/ou le boogie, les compos sont efficaces, variées, sales et puissantes. Le public est aux anges. Les voix des deux chanteurs sont terriblement complémentaires. Et la bonne humeur des musicos communicative. En renversant tout sur leur passage, TETBB nous a asséné une belle claque. Un titre du futur album, nous même a carrément scotchés : « Sex Game ». Irrésistible ! On comprend mieux pourquoi Jon Spencer a accepté de produire leur prochain elpee, dont la sortie est prévue pour cet automne.

Vers 22h, les Black Lips déboulent sur l’estrade. Le public est nombreux et conquis d’avance. Dès les premières notes, les sales gosses d’Atlanta –dont le dernier album a été mis en forme par Mark Ronson, le producteur d’Amy Winehouse !– nous balancent leur punk-rock fleuri à la figure. Les chœurs sont ‘ramonesques’ et les guitares lo-fi. Ça sent le crachat et la sueur. La foule est enthousiaste. Elle rejoindra d’ailleurs le combo sur scène, en fin de parcours.

Mais perso, je ne retrouve pas ce zeste de folie qui fait la différence. Le set est bien ficelé, les musiciens se donnent à fond, mais ils semblent fatigués et ne parviennent pas à justifier leur réputation scénique sulfureuse. Pas que l’on s’ennuie, mais le show n’est pas véritablement surprenant. Pour celles et ceux qui ont déjà assisté à l’un de leurs concerts, il semble même carrément sur rails. Faut dire que leur tournée est interminable. Et qu’un peu de repos leur serait nécessaire pour recharger les accus. Pourtant, au vu des dates qu’ils ont encore à assumer, ils ne sont pas au bout de leurs peines. M’enfin, cette sorte de ‘Prom Night indie’ a peut-être permis à quelques spectateurs plus âgés de rajeunir de dix ans…

L’Experimental Tropic Blues Band remporte donc le match ! Mais une question me traverse l’esprit : qu’est-il écrit dans les statuts officiels du rock’n’roll lorsqu’un groupe belge surpasse ses maîtres américains sur leur propre terrain de jeu ?

Taï

Young Legionnaire + Experimental Tropic Blues Band + The Black Lips

 

 

Das Racist

Blame It (On The Alcohol)

Écrit par

Das Racist, ce sont trois rigolos issus de Brooklyn qui, en 2010, avaient publié deux mixtapes distribuées à l’œil. Une première, « Shut Up Dude ! », alliait à merveille Hip Hop satirique et beats électroniques savamment contrôlés. La seconde, « Sit Down, Man », démontrait que le trio était capable de bien s’entourer en quelques mois à peine, tant il rassemblait du beau monde (e.a. Diplo, Chairlift, Teengirl Fantasy, El-P, Quincy Jones, etc.). A l’aide de ses textes percutants et ses mélodies grisantes, Das Racist a réussi à gagner les faveurs du public et des critiques. Mais si, couché sur disque, les beats de la formation sont imparables, il en est tout autre chose en ‘live’. Le show Grand Guignol du trio s’arrêtait à l’ABClub ce 16 mai. Chronique d’une soirée décevante à souhait.

Ce soir à l’ABClub, triple affiche Hip Hop, avec Kraantje Pappie, Speed Dial 7 et Das Racist. Arrivée dans la salle à 21h. Le Hollandais Kraantje Pappie a déjà rangé ses valises et c’est au tour du Coutraisien Speed Dial 7 de prendre les commandes. Les beats que balance son DJ tapent très fort mais quelque chose cloche. A bien l’observer, Tom De Geeter, alias Speed Dial 7, semble complètement à bloc. Il court de gauche à droite frénétiquement, entame des phrases qu’il ne termine jamais et se montre particulièrement agressif (verbalement) envers son DJ. Un peu à la ramasse, le jeune MC belge tente de couvrir ses fausses notes et son flow imparfait en blâmant son collègue, qui esquisse un sourire gêné mais enchaîne sans se laisser démonter. Au final, ce dernier est parvenu à délivrer une bien meilleure prestation que Speed Dial 7. Ce n’est pas ce soir que ce dernier va se faire de nouveaux amis sur facebook…

22h. Victor Vazquez, Himanshu Suri et Ashok Kondabolu ainsi que leur DJ montent sur l’estrade, bouteille de rhum à la main. Le concert démarre sur les chapeaux de roue. Le public est clairsemé mais chaud comme la braise tandis que le trio envoie ses bombes « Hugo Chavez », « Who’s That? Brooown! » et, un peu plus tard, « You Oughta Know ». Mais très vite, le spectacle commence à ressembler à une réunion de potes bourrés qui font la fête entre eux, sans vraiment prêter attention aux invités. En outre, les morceaux tirés de « Sit Down, Man » sont plus lents et s’accordent plutôt mal à ceux de l’excellent « Shut Up, Dude! ». Das Racist a placé la barre haute lors de son arrivée sur les planches. Mais la frénésie des premières minutes retombe assez rapidement. Notamment lorsque le trio et le DJ s’offre un délire rock’n’roll qui aurait pu être drôle et suivi par le public s’il n’était pas tombé comme une touffe de cheveux dans une soupe déjà froide. Au bout de 30 minutes, Himanshu Suri semble enfin se rendre compte que la sauce ne prend pas et tente de raviver l’étincelle des premiers instants du concert. Mais la formation de Brooklyn continue d’emprunter la pente descendante en enchaînant des versions mollassonnes de leurs compos. Cerise sur le gâteau, le trio entame leur tube « Combination Pizza and Hut Taco Bell », acclamé par l’assistance, avant de l’arrêter au bout d’environ une minute et demie pour s’en aller sans se retourner. N’est pas OFWGKTA qui veut.

Organisation : AB       

Les Nuits Botanique 2011 : dimanche 15 mai

Ce dimanche 15 mai, le Botanique accueillait un habitué des lieux : Micah P.Hinson. On ne sait d’ailleurs plus trop combien de fois, il s’est déjà produit dans une des salles de ce Centre Culturel Bruxellois. Pour la circonstance, l’Orangerie avait déployé ses sièges. Faut dire que l’Américain avait délaissé, le temps d’une soirée ses backing groups habituels (Pionneer Saboteurs, Red Empire Orchestra ou Satellite) pour laisser place au Mons Orchestra.

Le concert débute à 20h30 précise. Micah P.Hinson monte seul sur l’estrade. Il boitille et s’appuie sur une canne. Il explique avoir été victime accident sur l’autoroute. Il a été renversé par une voiture, alors qu’il circulait à moto. Plus de peur que de mal apparemment ! Il ajoute ensuite que pour ce set, il piochera dans toute sa discographie. Il n’est donc pas venu pour assurer la promo d’un quelconque nouvel album.

Le contact établi avec son public et la guitare accordée, Micah P.Hinson entame sa prestation. Le son n’est pas bon. On n’entend presque pas sa gratte et sa voix manque d’assurance. Paraît que cette situation lui arrive de temps à autre. Le temps d’ajuster correctement les balances et on devrait oublier la déception provoquée par la première chanson. Mais au bout d’une demi-heure de réglages, entrecoupés d’une dizaine de minutes de musique à tout casser, Micah P.Hinson est en détresse. Sa six cordes se désaccorde constamment. Ses câbles (du moins c’est que l’on comprend) crépitent. Et comme Micah est légèrement éméché, on n’est pas sorti de l’auberge. D’ailleurs, les morceaux suivants ne sont pas de nature à rassurer l’audience.

Il est 21h15. Le natif de Memphis nous annonce enfin l’arrivée de ses ‘sauveurs’. C’est-à-dire un quatuor à cordes issu du Mons Orchestra. Trois violonistes et une violoncelliste. Pas vraiment confiant, le quartet n’est manifestement pas habitué à se produire en compagnie d’un artiste aussi peu conventionnel. Pourtant, Micah P.Hinson se sent plus à l’aise, même si ses collaborateurs doivent parfois s’adapter au style du songwriter. Sous cette configuration, il parvient à mieux poser sa voix. En outre, ce type d’instrumentation apporte une autre dimension à ses chansons, bien plus proche des versions originales. Et au cours des quarante-cinq minutes qui vont suivre, la formation va rétablir une situation très compromise, épinglant avec beaucoup de bonheur des titres tels que « Dying Alone », « Diggin A Grave » ou « Little Boys Dream ».

A 22h, le Yankee et le Mons Orchestra quittent la scène. Au bout de quelques minutes, ils remontent sur l’estrade afin de nous réserver un dernier morceau. Puis de laisser notre Micah en interpréter deux derniers en solitaire.

Manifestement, ce soir, l’Américain n’était pas très à l’aise dans son exercice de style en solo. Et c’est le soutien du Mons Orchestra qui lui a permis de sauver les meubles. L’artiste possède un talent indéniable. Mais aujourd’hui, c’était un jour sans. Il nous doit une revanche…

Micah P.Hinson & Mons Orchestra

Béber


22 heures. Bonne nuit les enfants ! Philippe Katerine débarque et nous invite dans la version adulte de ‘Casimogore’. Après une entrée fracassante, le quatuor, armé de quatre ‘majorettes’ fluo, lance d’emblée des assauts de provocation au mépris des convenances et violant tout principe de son humour scato. Dès le deuxième morceau, l’extra-terrestre vendéen schizophrénise et se réincarne dans La Reine d’Angleterre : ‘Je suis la reine d’Angleterre et je vous chie à la raie’. Une introduction raffinée qui donne directement le ton à cette cinquième soirée des Nuits Botanique. 

Face à une assistance d’aficionados, attendue plus nombreuse, le plus burlesque des chanteurs de pop française était venu défendre le très controversé Philippe Katerine. C’est arborant une moustache, coiffé d’une casquette de camionneur et affublé d’une veste de jogging bleu et jaune ainsi que d’un kilt décoré de jambières en peau de yéti tombant sur une paire de baskets blanches que le roi de l’absurde multipliera les inepties inspirées d’un neuvième album qu’il revendique pleinement.

Un concert d’une folie contagieuse, sans temps mort, qui agite la foule de ses tubes iconoclastes imprégnant déjà la mémoire collective (« Des Bisous », « Liberté », « La Banane », « J’aime tes fesses »…) Dès lors, les douces folies adolescentes s’enchaînent. La chaleur sulfureuse « Des Bisous » invite très tôt Katerine à dévoiler les rondeurs de son anatomie. Le kilt explose et laisse place à un short en jeans extra-extra-small décoré d’un t-shirt remontant jusqu’au nombril. « J’aime tes fesses » tendra bien évidemment une perche à l’exhibo-punk pour montrer son cul. Visiblement, sa physionomie d’athlète de comptoir ne pose aucun problème à cet artiste sans complexe. Un ridicule parfaitement assumé et minutieusement stylisé.

Le poète vendéen possède cependant plus d’une corde à son arc. Ces illuminations géopolitiques valent aussi le détour. Ainsi, lors de l’introduction de Juifs Arabes, le grand prophète Katerine pousse un cri de révélation : ‘Juifs, Arabes… ensemble !’ Enfin, voilà le problème israélo-palestinien résolu en quelques mots. Et dire que c’était si simple : ensemble !

Un savoureux dixième degré qu’il cache sous le masque d’un clown touche-à-tout lui permet ainsi d’aborder tout sujet avec légèreté et innocence. Un manque de crédibilité qui mériterait cependant plus d’attention. Pas si candide qu’il n’y paraît, le guignol de l’Hexagone ! C’est pourtant au détour de quelques-unes de ses longues réflexions philosophiques que l’homme devient touchant : ‘Dans la vie, on est un brin de blé dans un champ de brins de blé !’, s’explique-t-il gravement pour terminer les festivités. A méditer !

Des chansonnettes pop, somme toute très banales, qui relèguent la musique au second plan ; des paroles qui pourraient tenir sur un timbre-poste… Deux leitmotivs que Katerine utilise pour se mettre en scène. Théâtre au sein duquel le chanteur schizophrène devient comédien et nous raconte ses histoires ubuesques entre révolte et rêveries. Les longs intermèdes restent d’ailleurs les moments les plus délicieux du spectacle. Instants interactifs improvisés, entrecoupés d’apartés illogiques où l’artiste rentre en pur délire. Naturellement, il réagit aux réflexions du public avec une aisance déconcertante. Capsules d’air où il taquine, non sans humour, la Belgique. L’intro de « Moustache » servira d’ailleurs de prétexte pour interpeller le public : ‘Je vois qu’il y a des gens avec une moustache. Eh bien, je trouve ça lamentable. Je croyais qu’en Belgique la moustache était interdite’. Aussi, un débat sur le villo bruxellois sera lancé pour larguer le morceau « Parivélib’ »… Tout mot est prétexte à foutage de gueule.

C’est par « Louxor j’adore » que l’épicurien termine sa prestation quasiment nu sur scène. Il sera même remercié d’un langoureux baiser sur l’aisselle accordé par une fan inconsciente. Un spectacle caustique et sans prétention qui rend les âmes plus légères. Katerine, sur scène, une thérapie qui devrait être remboursée par la sécurité sociale.

Katerine

Eric Ferrante

Saxon

C’est dans les vieilles casseroles qu’on fait la meilleure soupe…

Écrit par

C'est la première fois que je mets les pieds au Splendid de Lille. J'espérais y entraîner mon fidèle pote métalleux dans l’aventure, mais il a décliné l’invitation pour raisons familiales. S'il croit que je vais me laisser démonter par sa défection, il rêve. Je parviens à embrigader Guillaume, un de mes jeunes collègues qui n'a jamais assisté à un concert de métal. Je pense que pour une première, il ne sera pas déçu par les mythiques Britons…

La salle devait servir de cinéma, il y a quelques années. Derrière la console son, on y retrouve d’ailleurs toujours des sièges. Elle est déjà bien peuplée lorsque la formation batave Vanderbuyst monte sur les planches. Et tout au long de leur set évalué à une trentaine de minutes, elle va se remplir. Le combo pratique un heavy metal old school de très bonne facture caractérisé par ses jolis soli de guitare et ses titres chantés à deux voix. Une guitare, une basse et une batterie : tout ce qu'il faut pour concocter du heavy de qualité quand on a le feu sacré ; et manifestement ces gaillards l'ont. Un reproche ? Un air de déjà entendu ; mais bon, quand on se réclame du metal old school, difficile de ne pas marcher sur les traces de ses maîtres…

Place ensuite à Crimes of Passion. On est carrément replongé dans les 80’s. Même le look du chanteur, dont la crinière blonde est retenue par un bandana, nous le rappelle. Leur set est destiné à présenter leur dernier album. Leur tracklisting alterne sympathiques ballades heavy et morceaux plus lourds et rapides à la fois. Quarante minutes de prestation ponctuée par un bel hommage à Ronnie James Dio. Le public ne s'y trompe pas et quelques chevelus commencent à s'agiter le bocal, autour de nous.

Il fait chaud. Dans la salle, une moiteur commence à envahir l’atmosphère et elle baignera la foule jusque la fin du concert de Saxon. Si le métal était une religion, je proposerais Biff comme pape, tant le bonhomme et ses comparses incarnent l'essence même du métal depuis ses premières heures. Leur tournée, baptisée ‘Call To Arms World Tour 2011’, effectue une halte lilloise le lendemain d'un concert accordé à Paris, et quatre jours avant de conquérir le Trix d'Anvers. Et c'est à un véritable best of, parsemé de quelques nouveaux titres qu'on a droit ce soir. D'entrée de jeu, le ton est donné : "Hammer Of The Gods", "Heavy Metal Thunder" et "Never Surrender" accompagnent ma séance de shooting photos. Des titres les plus divers sont présentés ce soir, parmi lesquels le nouveau "Call To Arms" au milieu de classiques comme "Dallas 1PM" et "Eagle Has Landed". C'est au moins la troisième fois en trois ans que votre serviteur assiste à un de leurs sets et celui-ci est certainement le plus énergique. Mon jeune collègue se prend une de ces claques. Il a d’ailleurs bien du mal à revenir sur terre. Les têtes de mes voisins de salle s'agitent en tous sens. Biff, s'il n'a plus la fougue de ses jeunes années, semble cependant s'éclater comme un gamin sur les planches. Douglas Scaratt gratte son manche tout en discrétion et efficacité. Dès que Biff a terminé de nous conter les aventures de Sweeny Todd, Nigel Glockler, caché derrière ses fûts hauts perchés, nous balance un de ses soli de batterie pas possible. Les guitares et la basse nous réserveront encore également chacun un solo, celui de Tim Carter se révélant le plus dispensable, bien qu'énergique à souhait. Comment ce gars a-t-il encore des doigts alors qu'il pince ses cordes comme un malade à mains nues ? Mystère. Notre ami Paul Quinn semble de nouveau vouloir cacher sa calvitie en début de parcours, mais bien vite, il laisse tomber le foulard et exhibe son crâne lisse comme un oeuf. Les envolées de Biff et les duels de grattes se succèdent à un rythme effréné.

Quand les lumières s'éteignent, une chape de plomb s'abat sur la salle. Les Anglais nous gratifient de deux rappels, au cours desquels Biff fait encore monter la pression comme s'il voulait que les fans présents ce soir s'arrachent les cordes vocales. Il se donne tellement que Guillaume se demande si le groupe ne va pas remonter sur les planches pour recommencer un set complet. Malheureusement ce n'est pas le cas, et au terme de "Crusader" et "747 Strangers" en premier rappel et "Strong Arm" puis "Wheels Of Steel", lors du second, la bande à Biff s'en retourne définitivement dans sa loge. Nous, on quitte le Splendid le sourire aux lèvres. On vient de se prendre une bonne claque. Que demander de plus ?

(Voir également notre section photos)

Organisation Diva Productions

 

 

 

Les Nuits Botanique 2011 : samedi 14 mai

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La quatrième soirée musicale des Nuits Botanique s’illustrait une nouvelle fois par sa programmation qualitative (The Dodos) et audacieuse (The Luyas). Une volonté délibérée du centre culturel de la Communauté française de réunir les talents d’hier et de demain, d’ici et de là-bas (NDR : dix-huit nationalités sont représentées lors de cette édition 2011). Un paysage interculturel qu’accueillait l’écrin surchauffé de la Rotonde ce samedi soir. Drapeaux portés par les Etasuniens des Dodos, des Canadiens de The Luyas et notre national Rodolphe Coster (Flexa Lyndo).

Venu nous présenter son dernier opus, sorti le 4 mars dernier (« Too Beautiful To Work), le cinq pièces de Montréal, dirigé par la chanteuse/guitariste Jessie Stein, nous a littéralement submergés de sortilèges jetés dans son univers onirico-mécanique. Un univers où chaque protagoniste use de sa lyre –Jessie Stein au chant et à la guitare, Pietro Amato préposé au cor français, au cloches, au melodica ainsi qu’au clavier, et drums réservés à Stefan Schneider– afin de bâtir une pop orchestrale frénétique et hypnotique. Un décor, parfois psychédélique, équipé de lampes vintage oranges et imprimé d’un unique moodswinger (une cithare électrique douze cordes conçue par un luthier expérimental hollandais nommé Yuri). Cette fresque étrange se meuble d’une cascade de cordes, de sons distordus et de percussions éclatantes. Luyas constitue manifestement une expérience brillante pour les amateurs d’une autre pop.

La réputation des Dodos en concert est solidement établie et l’éloge de leur nouvel  opus, « No Color », sorti cette année (NDR : album bénéficiant de la précieuse production John Askew, responsable de l’excellent premier album du groupe « Visiter »), n’est certes plus à faire.

Déjà responsable d’une nuit Botanique électrique, en compagnie des excellentissimes Géorgiens de Deerhunter sous le chapiteau en 2010, le trio californien nous revient cette année sous une configuration différente et en proposant un son légèrement modifié. En effet, Keaton Snyder et son vibraphone ‘king size’ laissent place à un nouveau guitariste qui s’efface singulièrement. Ce dernier restera d’ailleurs la grande énigme de ce concert. Qui est-il ? Que fait-il sur scène ? Hormis l’apport de quelques fonds ambiants, les impressions majeures laissées par ce musicien viendront essentiellement de l’expressivité inexistante de son regard bovin. C’est un peu comme s’il traversait l’un des moments les plus pénibles de son existence. Tel est le sentiment que suscite sa présence. La quantité incalculable de bière ingurgitée lors de sa ‘prestation scénique’ explique certainement l’expression de ce regard. Rien de comparable par rapport au volume sonore libéré par le vibraphone de Snyder, lors des concerts précédents.

Quant au son, Long laisse tomber la guitare acoustique et décroche une guitare électrique qui émet des sonorités rock plus abruptes. Une musicalité extrêmement physique dont le volume serait capable d’affoler les sismographes du Botanique. Une performance en montagnes russes qui vacille entre des morceaux orageux aux drums hyper puissants et des mélodies à fendre les cœurs de pierre. La batterie introduit la majorité des titres et impose souvent le ton. Elle demeure, incontestablement, le nerf central de cette formation. Une musique bipolaire qui coupe le souffle du spectateur et le surprend souvent par son défi constant de toute loi de la logique folk ou rock.

Le binôme rompt constamment tout équilibre mélodique et privilégie les percussions frénétiques de Kroeber. Une énergie brutale dont les mélodies rageuses finissent régulièrement dans d’interminables envolées noise ingénieusement contrôlées.

Ce soir, les arabesques alambiquées des trois Américains se font sensiblement sentir sur des titres d’une impressionnante précision comme “Two Medecines”. Un morceau répétitif où tous les éléments guitare/batterie/chant s’agencent merveilleusement. L’autre versant du groupe s’éclaire de morceaux plus mélodieux tel “Companions”. Un titre vibrant d’émotion au  tempo ralenti, aux arpèges qui se déroulent... Une première partie de concert qui nous dévoile « No Color » avant de clôturer sur le romantico-folk « Winter » et le délicieux « Fools ». Deux morceaux changeant néanmoins de visage et dont l’interprétation se veut plus brutale.

Ces instants de frissons nous offrent globalement un délicieux moment de pure énergie brute. The Dodos, une expérience live fascinante !

The Dodos + The Luyas + Rodolphe Coster    

Sidilarsen vs. « la crise de disque »

Écrit par

Sidilarsen lance une opération de distribution de cd directement du producteur à l'auditeur, par camion dans 7 grandes villes de France au mois de mai. Il s'agira du nouveau single accompagné de bonus exclusifs. La sortie de l’album est prévue pour octobre.

Sidilarsen va médiatiser cette action de distribution gratuite en direct, des petites conférences de presse évoquant la « crise du disque » se dérouleront dans chaque ville.

 
Dates et lieux de rendez-vous :

Mercredi 18 mai 17h / TOULOUSE, Place
Mardi 24 mai 17h / BORDEAUX, Place de la Victoire
Mercredi 25 mai 17h / NANTES, Place du Commerce
Jeudi 26 mai 17h / PARIS, Beaubourg
Vendredi 27 mai 17h / NANCY, Place Maginot
Samedi 28 mai 17h / LYON, Place Bellecour
Dimanche 29 mai 15h / NEVERS, Parking de la Gare

Découverte : Alberto Arcangeli

Écrit par

Alberto Arcangeli est musicien, auteur, compositeur et chanteur. Il a autoproduit son album « Dreamsongs » réunissant des titres personnels ainsi que des reprises, en 2009. Il est particulièrement fier de son tout nouveau clip, réalisé par Massimo Ottoni.

Vous pouvez télécharger toutes ses musiques via http://www.albertoarcangeli.com/Music.php

Bonne écoute !

Les Nuits Botanique 2011 : vendredi 13 mai

Écrit par

Soirée marquée sous signe de l’Hexagone ce vendredi soir, à l’Orangerie du Botanique. Bertrand Belin et Florent Marchet venaient en effet présenter leurs très attachants derniers albums, à Bruxelles. Pour ouvrir leurs spectacles, les deux jeunes et talentueuses plumes de la scène française avaient misé sur l’ex-actrice (pour Eric Rohmer) bruxelloise Stéphanie Crayencour.

Toute vêtue de blanc, Stéphanie Crayencour assure donc le supporting act. La protégée de Suarez a, ce soir, la langue bien pendue. A défaut d’émouvoir, ses compos, issues de son tout nouvel album, « Juste pour voir », sont légères, agréables, mélodieuses et surtout rafraîchissantes…

Bertrand Belin est un artiste un peu particulier sur la scène bleu/blanc/rouge. A cause de ses textes aussi noirs que décalés, mais authentiques. L’an dernier, il avait publié « Hypernuit », un disque truffé de pépites folk, mais surtout une des belles surprises de 2010. Sorte de Bill Callahan frenchie, ce songwriter est responsable de compos ténébreuses, plus americana que nature. Evidemment, en ‘live’, il entretient un climat particulièrement sombre, un climat accentué par son timbre vocal à la fois profond et hypnotique. Sur les planches, il est soutenu par une drummeuse et un bassiste. Evidemment, on n’est pas là pour se fendre la gueule… Le déjà cultissime titre maître de son dernier opus clôt une prestation sobre, solennelle et efficace. Franchement, BB a un talent certain. Et il n’attend qu’à s’exprimer…

Florent Marchet était donc bien la tête d’affiche de cette soirée. Le moustachu n’avait pas besoin de séduire un public déjà conquis d’avance. Faut dire que son dernier elpee, « Courchevel », s’est forgé un joli succès. Et en particulier « Benjamin », un tube bercé de mélancolie allègre. Depuis la sortie de « Gargilesse », le Français se pose en digne héritier d’Alain Souchon. En ‘live’, ses chansons mélancoliques prennent une dimension plus humoristique. A l’instar du personnage paradoxalement drôle, dont l’humour fait mouche à plus d’une reprise. En outre, sur les planches, il parvient à communiquer une intensité à ses compos, intensité qui manque parfois à l’album. Il est soutenu par un backing group particulièrement efficace : le Courchevel Orchestra. Derrière son orgue Wurlitzer ou à la guitare, il passe en revue ses anciens titres comme « Levallois-Perret » ou « Mes Nouveaux Amis », mais également ses nouveaux tubes, dont les très énergiques « La Famille Kinder » ou « Son Idole ». En rappel, le Français nous réserve une séquence émotion illustrée par l’interprétation de « Terrain de Sport » et sa reprise du « Des Hauts et des Bas » de Stéphane Eicher. Parfait !

Bertrand Belin et Florent Marchet ? Deux artistes qui rendent des lettres de noblesse, à la ‘Véritable chanson française’…  

Stéphanie Crayencour + Bertand Belin + Florent Marchet

Taï

Des codes et des clés pour Dead Cab For Cutie

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Nouvel opus pour les DCFC prévu pour le 27 mai ! Cet album (le 7ème maintenant) serait bien plus lumineux que le précédent. Et pour cause, il avait été fortement influencé par le spleen du chanteur, alors dans une mauvaise passe. L’émotion serait bien plus présente dans « Codes & Keys » selon les membres du groupe. Ils ont aussi choisi d’apporter moins d’importance à la guitare pour mettre en avant les synthétiseurs.

Encore un live pour Neil Young

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« A treasure », le nouvel album de Neil Young, sortira le 10 juin et reprendra 12 tracks live dont 5 inédits qu’il avait joués lors de sa tournée en 1984-1985 avec The International Harvesters ! La compile sera disponible en CD (avec ou sans Blu-Ray) ou en vinyle !