Quatre formations étaient programmées lors de cette soirée placée sous la bannière du rock psychédélique à tendance bruitiste. Soit 3 combos américains : Spindrift (Newark, Delaware), Imaad Wasif (Vancouver, British Columbia, Canada) flanqué de son band, le Two Part Beast Mass, Dead Meadow (Washington DC.) et un combo norvégien répondant au patronyme de Spirit of The Dead. Une découverte majeure, deux confirmations et un naufrage plus tard (NDR : celui du vaisseau norvégien), il ne restait plus qu’à tirer les conclusions d’une affiche dont les trois premiers quarts nous avaient plongé dans les contrées les plus chaudes du Far West, alors que le dernier était parvenu à figer voire glacer nos esprits au plus profond d’un mortel ennui, malgré la ferme intention manifestée par ces fiers Vikings conquérants.
Première bonne surprise de la soirée, le set des Californiens de Spindrift. Ils dispensent un Psychedelic Spaghetti Rock bigrement bien balancé qui évite subtilement le piège du cliché. Parfait look de circonstance et clin d’œil appuyé aux grandes heures du genre, pour une orientation burnée qui rend certainement plus hommage au truand et à la brute, qu’au bon, cher à Sergio Leone.
Absolument détonnant dans leur formule originale, ces barbus de L.A. et leur Cherokee, préposée au chant comme à la flûte, marient judicieusement les ingrédients Western aux hallucinations et délires d’un Rock aux consonances psychotropes.
Le groupe nous emmène dans le crépuscule naissant, là où les crotales dansent en compagnie des esprits et des loups. Et si l’ambiance est étrange et inquiétante, baignant quelque part entre celle de Calexico et du Pink Floyd, elle est dispensée avec une bonne dose d’humour.
A revoir dans le cadre des nuits du Botanique, pour une affiche éclectique mais –Caramba!– des plus alléchantes (Kurt Vile et Still Corners y sont également programmés au même endroit et à la même date).
Monte ensuite sur les planches, la silhouette filiforme et déglinguée d’Imaad Wasif, soutenu par ses Two Part Beast.
Boa autour du coup, le Canadien aux origines indiennes va, l’espace de trois-quarts d’heure d’une incroyable intensité, transcender sa musique et nous l’offrir sur un lit de roses vénéneuses.
Sombres et torturées, noyées sous les aboiements de sa pédale wah wah et répercutées en échos chargés de distorsion, les sonorités prennent une ampleur quasi mystique. Intense et habité, cet artiste, qu’on a déjà pu apercevoir aux côtés des Yeah Yeah Yeahs ! et du Folk Implosion de Lou Barlow, se livre généreusement et offre une vision personnelle d’un registre où le spectre de couleurs oscille entre Jimmy Hendrix, Syd Barrett, et T Rex, mais dont le timbre de voix me rappelle, à certains moments, celui d’Adam Franklin de Swervedriver.
Fragile sous ses allures de grue pantomime, Imaad Wasif étend ses ailes et enveloppe aussi bien l’espace que le temps, les contractant et les étendant selon sa volonté. Il sera de retour sur nos terres ce dimanche, dans un premier temps au festival Pacrock de Pont-à-Celles, avant de s’envoler plus tard vers les Aralunaires.
Les musicos de Dead Meadow font déjà figure de vieux briscards dans le milieu, et leur réputation n’est plus à faire. Parfois un rien éreintant sur la longueur d’un support gravé, leur maestria technique s’exprime librement au fil de concerts intenses et indomptables, dont ce soir, nous avons eu un nouvel aperçu.
Ces réfugiés du label Matador mélangent habilement le grunge et le psychédélisme, et le résultat s’étale classieusement classe pour la plus grande satisfaction d’un public venu se délecter de ces giclées de Fuzz.
Sans surprise, mais sans décevoir, le concert de ce soir s’achève sympathiquement sous les applaudissements d’un public satisfait.
Quand débarque quelques verres de bières plus tard les quatre membres de Spirit of the Dead, les derniers doutes s’évaporent.
Dans une salle vide, et donc dans l’indifférence totale, nous laissons la crinière fauve du chanteur s’agiter vainement et nous décidons d’aller regagner nos pénates.
A l’énigme de la présence de ces derniers, nous ne trouverons pas de réponse, et mon ami Dan et moi-même transgressons volontiers sur des sujets bien plus pertinents et profonds alors que les kilomètres défilent.
Oui, une excellente soirée, somme toute !
(Organisation : HeartBreak Tunes)