L’impatience d’Emma Peters…

Tout de suite : plus qu’un mantra ou une profession de foi, trois mots qui résonnent comme l’affirmation d’un désir pur. Un appétit qui guide la vie d'Emma Peters chaque jour. Surtout depuis deux ans et la sortie de son premier album, « Dimanche », clin d’œil…

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Razorlight

Razorlight perdu dans sa galaxie…

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Razorlight a été au premier plan de la résurgence de l'indie-rock au début des années 2000. On se souvient de ses plus grands moments : « Golden Touch », « Somewhere Else », « In The Morning" », « America » et « Wire To Wire », des titres décrochant un tas de distinctions, et des moments inoubliables sur scène, avec notamment la tête d'affiche du Reading Festival et un concert au Live 8.

Après s'être reformé pour des concerts en 2021, le lie up classique - Johnny Borrell (chant/guitare), Björn Ågren (guitare), Carl Dalemo (basse) et Andy Burrows (batterie) - sort le 25 octobre un nouvel album intitulé « Planet Nowhere », son premier depuis 2008. Et Razorlight présente en avant-première le single : « Scared Of Nothing ».

Depuis sa reformation, Razorlight a réalisé une tournée à guichets fermés comprenant un concert à L'Eventim Apollo de Londres, et a joué en tant qu'invité de Muse, Kaiser Chiefs et James. Mais Johnny s'est lancé un défi : ‘Qui veut être un groupe de hits du passé ?’ Il décide donc de planifier une session de cinq jours sous la houlette du légendaire producteur Youth (The Verve, James) dans son studio de Space Mountain, en Espagne. Youth savait ce qu'il fallait faire et a dit au groupe : ‘Razorlight c'est assez simple, n'est-ce pas ? Juste une ligne de basse entraînante, une batterie entraînante et une histoire’.

« Scared Of Nothing » libère une énergie post-punk tendue et piquante qui est aussitôt contagieuse - les mêmes caractéristiques qui ont suscité les éloges de NME à ses débuts (‘Plus de mélodies que Franz Ferdinand, plus d'esprit que The Strokes, et plus de couilles que presque tous les autres groupes’).

C'est également le morceau qui a débloqué la créativité de Razorlight, ce qui a conduit le groupe à retourner en Espagne avec Youth pour une deuxième session au début de l'année, au cours de laquelle ils ont travaillé sur un vaste catalogue de chansons pour le futur elpee. Parmi les autres titres figurent « Zombie Love », « U Can Call Me », « Dirty Luck » et « Cool People ».

Le clip de « Scared Of Nothing » est disponible ici

 

 

Whirle

Berlin haircut (single)

Écrit par

C’est en France que Mathheus Nascimento (NDR : il est issu de São Paulo) a tout d’abord fondé Slowaves en compagnie de Carlos Duarte.

Mais au fil du temps, le projet lui paraît de moins crédible, et il décide de retourner dans la plus grande ville du Brésil et d'Amérique du Sud.

Il renoue alors avec Vita Conti, qu'il connaissait depuis plusieurs années.

Il en explique la raison :

‘C'est l'une de mes meilleures amies, une artiste et une designer incroyable, et nous partageons les mêmes influences musicales et esthétiques.

Je lui ai envoyé quelques démos de Whirle et nous avons décidé de travailler ensemble.

Elle m'a toujours aidé en me faisant des suggestions sur la composition et la direction sonore à emprunter’.

« Berlin Haircut » constitue le second single du groupe, une compo de synthé-pop sombre, mais riche de nuances jangle-pop, shoegaze, dream pop et slowcore. 

Rêveur et atmosphérique, ce morceau combine des voix intimistes et feutrées aux couches de guitares dissonantes, chargées de réverbération, créant une version délicate mais entraînante d’une expression sonore à l’énergie déstabilisante…

Le single « Berlin Haircut » est en écoute ici

Podcast # 43 émission Inaudible (cliquez sur le logo ci-dessous)

Double Wish

Univers sometimes (Ep)

Écrit par

Avant de fonder Double Wish, en 2020, les multi-instrumentistes Philippe Andre et Adam Sabolick avaient participé à différents projets musicaux dans la région de Los Angeles ; et ce depuis 2007.

« Univers sometimes » constitue son nouvel Ep, quatre plages aux guitares étincelantes et aux rythmes groovy dont les textes abordent les thèmes du temps, de l'amitié, de la mortalité et du désir.

« Universe Sometimes » n'est pas une réponse à une question, c'est juste une question perpétuelle…

 Adam s’explique :

‘Je suis seul occupé de chercher et d'aspirer à quelque chose.

Lorsque le groupe apparaît, les choses s'éclaircissent et deviennent ludiques.

Comme dans toute notre musique, il y a un va-et-vient constant entre la lumière et l'obscurité, la joie et la tristesse.

Je ne pense pas que ce soit quelque chose que nous ayons consciemment décidé de faire, je pense que c'est juste la réalité de l'existence…’

Extrait de « Univers sometimes, « Papers est en écoute ici

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Been Stellar

Screaming from new york, NY

Écrit par

Fondé à l'université de New York, Been Stellar est de plus en plus présent (voire omniprésent), sur la scène musicale de la Grosse Pomme.

Cette jeune formation s'inspire du bruit chaotique de NYC qui rythme la vie quotidienne de ses habitants. Ce qui explique le titre de son premier album « Scream From New York, NY ».

Les musicos ne sont pas les premiers à s’en inspirer mais ils affirment qu’y vivre, c'est voir la ville osciller entre l'effondrement et la renaissance, et inversement.

A travers leurs compos, ils relatent plusieurs événements réels très différents qui se sont produits et soulignent le nombre de crises aux proportions apocalyptiques que New York a déjà traversées au cours de ce siècle.

Been Stellar n'incarne peut-être pas une véritable renaissance du rock, mais au moins, il cherche à faire en sorte que les mauvais moments soient agréables à vivre.

Issu de « Sreaming from new-york, NY », «  Pumpkin » est disponible sous forme de clip vidéo .

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Lunar Isle

Parasol

Écrit par

Lunar Isle, c’est le projet de David Skimming, un Ecossais établi à Séoul.

Mêlant dream pop, shoegaze classique et éléments indie rock, ses paysages sonores complexes et atmosphériques se distinguent par leur qualité onirique ; et ses mélodies chatoyantes, teintées d’une touche de mélancolie, reflètent à la fois la chaleur et l’introspection provoquées par un été imaginaire…

« Parasol » constitue son quatrième elpee, une œuvre dont la bedroom pop rêveuse et enchanteresse est traversée de cascades de guitares fluides et parfois par des rythmes électroniques…

Issu de « Parasol », « After Sun » est en écoute

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Berezina

Last Exit (single)

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C’est la Berezina ! Cette expression traduit une déroute, une mauvaise situation. Et tout particulièrement le plan sportif ou électoral, alors qu’en réalité, la bataille de la Bérézina (NDR : une rivière qui coule en Biélorussie où le combat s’est produit) constitue une victoire militaire de Napoléon face à l’armée russe, en 1812.

Berezina, c’est également le patronyme choisi par un groupe parisien.

« Last Exit », c’est son troisième single, et le deuxième qui sera inclus sur son premier Ep. Shoegaze, sa musique est décrite comme un mélange vibrant et kaléidoscopique de sonorités rêveuses, réverbérées, noisy et mélancoliques.

Côté textes, le morceau traite du moment où les rêves d’une personne sont complètement brisés, et où le vide et la peur de l’échec s’installent, suscitant toutefois le soutien et le réconfort d’un compagnon…

« Last Exit » est en écoute

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Louis Arlette

Louis Arlette bientôt papillon ?

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Louis Arlette a sorti il y a quelques mois l'album « Chrysalide » dans lequel il opère une transformation stylistique complète. Sur ce disque dont on ne finit pas de faire le tour, Louis Arlette a décidé de renverser la table et de faire exploser le carcan de la chanson française.

« Chrysalide » nous emmène dans un voyage entre l’Abyssinie et Amsterdam en passant par Babylone, le zoo de Vincennes, Troie et la Rome d’Énée.

Cet opus à l'originalité frappante fait la synthèse de ses obsessions artistiques pour la poésie, l’art, la mythologie et l’expérimentation. Le résultat est saisissant, hypnotique et d’une inventivité folle.

Nouvel extrait, Louis Arlette réalise le clip d’« Amsterdam En Peine » depuis l'Hôpital d'Instruction des Armées Bégin. Arlette chante : ‘J’ai débarqué au vague à l’âme. Au milieu du port d’Amsterdam. J’y ai pas vu d’marins, c’est marrant. Mais des Vermeer émerveillés’. Les images laissent pointer une angoisse existentielle évoquant les films de David Lynch et les clips alternatifs des années 90. Rythmés par le silence, le son des scanners, les plateaux repas, les souvenirs remontent et se mélangent dans un tourbillon anachronique total.

Le clip d’« Amsterdam En Peine » est à voir et écouter

 

 

Cactus Club – Muziekcenter (Bruges) : l’agenda (update 29/07/2024)

Écrit par

10.08 BENENWERK 'BALLROOM BRUGEOISE' - En collaboration avec stad brugge

16.09 HOLLOW COVES

21.09 SENSES FAIL + SAVES THE DAY + YOUTH FOUNTAIN - EN COLLABORATION AVEC EYE SPY

28.09 CHANNEL ONE WITH RAS SHERBY + INDICA DUBS MEETS FORWARD FEVER <DUB REVOLUTION> - EN COLLABORATION AVEC FORWARD FEVER

02.10 KEVIN GARRETT <BREAKING WAVES>

03.10 ÃO

04.10 KOKOKO! + BLACK FLOWER + SICARIA + ... <AMOK> - EN COLLABORATION AVEC KAAP

09.10 NEWMOON

11.10 ETIENNE DE CRECY <CLUB CACTUS> - ORGANISATION: STRICTO TEMPO EN COLLABORATION AVEC CACTUS MUZIEKCENTRUM VZW

12.10 BLACKBRAID + LAMP OF MURMUUR + DÖDSRIT - ON WINGS OF SACRED DEATH - EUROPEAN TOUR - EN COLLABORATION AVEC SAMHAIN

13.10 TRIXIE WHITLEY UITVERKOCHT

22.10 ROMPERAYO <BREAKING WAVES>

23.10 GABRIEL RÍOS COMPLET

24.10 THE MYSTERY LIGHTS

25.10 MELTHEADS + MARIA ISKARIOT

29.10 JOSHUA IDEHEN  <BREAKING WAVES>

30.10 ILA

31.10 POSTMEN - ORGANISATION: YEKE YEKE CONCERTS

01.11 BABYLON CIRCUS - extra show - ORGANISATION: STRICTO TEMPO EN COLLABORATION AVEC CACTUS MUZIEKCENTRUM VZW

02.11 BABYLON CIRCUS - ORGANISATION: STRICTO TEMPO EN COLLABORATION AVEC CACTUS MUZIEKCENTRUM VZW COMPLET

04.11 CHANEL BEADS <breaking waves>

06.11 PORCELAIN ID

11.11 BOHREN & DER CLUB OF GORE - EN COLLABORATION AVEC SAMHAIN

12.11 BUTCHER BROWN <CLOSE ENCOUNTERS> - EN COLLABORATION AVEC KAAP & HUSSLE

13.11 BLUAI

14.11 RHEA

15.11 ADMIRAL FREEBEE COMPLET

16.11 THE DOORS PERFORMED BY ALEX AGNEW- ORGANISATION: SHOW-TIME.BE

19.11 CONGRESS + HEAVER - ORGANISATION: EYE SPY

20.11 OWEN PALLETT

21.11 NOUVELLE VAGUE - ORGANISATION: STRICTO TEMPO EN COLLABORATION AVEC CACTUS MUZIEKCENTRUM VZW

22.11 COMPACT DISK DUMMIES COMPLET

23.11 COMPACT DISK DUMMIES - EXTRA SHOW

24.11 REMEMBERED FOR A WHILE - THE DAYS OF NICK DRAKE- EN COLLABORATION AVEC CULTUURCENTRUM BRUGGE

28.11 AARON BLOMMAERT - ORGANISATION: LIVE NATION

29.11 THE BONY KING OF NOWHERE + IVY FALLS

04.12 NAIMA BOCK

07.12 ELMER

12.12 RAMONES ALIVE - 50 YEARS RAMONES - ORGANISATION: YEKE YEKE CONCERTS

13.12 DAAN COMPLET

18.12 JOEP BEVING & MAARTEN VOS - 'VISION OF CONTENTMENT'- EN COLLABORATION AVEC CULTUURCENTRUM BRUGGE

14.02 ASIAN DUB FOUNDATION

12.03 ISE

17.04 MARBLE SOUNDS

https://www.cactusmusic.be/

 

 

 

 

              

 

Thurston Moore

Thurston Moore sans limites…

Le nouvel elpee de Thurston Moore, « Flow Critical Lucidity », paaraîtra ce 20 septembre 2024. Par ailleurs, les fans de Sonic Youth et de Thurston Moore seront ravis d'apprendre que tous les titres de l'album seront disponibles sur toutes les plateformes de streaming, vinyle, disque compact et cassette.

« Flow Critical Lucidity » constitue le neuvième long playing solo. Certaines des chansons ont été écrites et arrangées en Europe continentale et au Royaume-Uni. Elles recèlent des références lyriques à leur environnement, inspirées par la nature, le rêve lucide, la danse moderne et Isadora Duncan. L'album a été arrangé à La Becque en Suisse et enregistré aux Total Refreshment Studios à Londres en 2022. Il a ensuite été mixé aux Hermitage Studios à Londres sous la houlette de Margo Broom, en 2023. Enfin, le titre de l’opus est extrait des paroles du single « Sans limites ».

En 2023, Thurston a sorti deux singles : l'énergique « Isadora », inspiré par Isadora Duncan et accompagné d'un clip vidéo mettant en scène Sky Ferreira. Ensuite, « Hypnogram », que la presse a qualifié d’un des morceaux les plus intensément cérébraux que Moore ait jamais sorti. Cette chanson mélange les moments les plus mélodiques de son ancien groupe avec les couches et les fioritures grisantes de My Bloody Valentine, formation principale de sa bassiste Deb Googe. 

En avril 2024, Thurston a partagé l'hymne émouvant de la Journée de la Terre, « Rewilding ». Le musicien y a livré des lignes glaçantes, ‘...Don't stir anything...’ Moore a parlé de renouveau et d'une période pendant laquelle les amis de la Terre peuvent dormir et se réaliser de manière naturelle en rêvant de manière ‘corailmorphologique’. Le musicien a déclaré que le mouvement britannique de Rewilding aspire à réduire l'influence de l'homme sur les écosystèmes.

Chant, guitare : Thurston Moore, Basse : Deb Googe, Électronique : Jon Leidecker, Piano, orgue, guitare, glockenspiel :  James Sedwards, Percussions : Jem Doulton

debut July 24  « Sans limites » est en écoute https://www.youtube.com/watch?v=WQc5j3EliL4

 end July 24 “new in town” https://www.youtube.com/watch?v=ggFZWA2Q5xg

Live Nation : les nouveaux concerts (update 27/07/2024)

Écrit par

Mercredi 23 octobre 2024 – Ms. Lauryn Hill & The Fugees – Sportpaleis, Anvers

Samedi 2 novembre 2024 – Benson Boone – Forest National, Bruxelles

Lundi 2 décembre 2024 – Elyanna – La Madeleine, Bruxelles

Vendredi 28 février 2025 – Gracie Abrams – Forest National, Bruxelles

Samedi 15 mars 2025 – Avantasia – Ancienne Belgique, Bruxelles

Samedi 25 mars 2025 – Sabrina Carpenter – ING Arena, Bruxelles

Samedi 10 mai 2025 – Mark Ambor – La Madeleine, Bruxelles

http://www.livenation.be

Les Gens d’Ere 2024 : samedi 27 juillet

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Si les nuages se sont pressés en masse, cette journée de samedi est climatiquement acceptable ! Il fait assez doux, même si la fraîcheur causée par le vent du Nord vient atténuer cette sensation de connaître enfin l’été, en 2024. Vivre en Belgique demande quand même une fameuse faculté d’adaptation !

Les Gens d’Ere, contrairement à pas mal de ses homologues, ne prolongent pas les festivités jusqu’au bout de la nuit. Dès lors, les stigmates de la veille sont à peine visibles, et le visage des festivaliers accuse si peu la fatigue. A peine, y distingue-t-on les cernes.

Le menu du jour recèle des artistes confirmés, certes, mais également des artistes de second plan destinés surtout aux plus jeunes, voire très jeunes au vu du nombre de têtes blondes qui peuplent le site, aujourd’hui.

Alors que votre serviteur arrive tambour battant, tel un soldat partant pour la guerre, le set de Doowy s’achève. Pas le cuisiniste notoire pour son accent à couper au couteau, mais Thibaud Demey (à l’état-civil), un ex-musicien de Lost Frequencies et Mustii.

Malheureusement, les dernières notes résonnent au moment de se planter devant le podium et, par conséquent, impossible d’émettre un avis quelconque à propos de sa prestation.

Autant se rendre sous la tente pour y (re)découvrir Alice On The Roof.

Remarquée à The Voice Belgium, où elle atteint la demi-finale, Alice On The Roof peut se targuer d’être devenue une artiste à part entière.

Drivée en son temps par Marc Pinilla, le charmeur du groupe Suarez, la belle a réussi à imposer un style qui n’appartient qu’à elle, notamment grâce à « Easy Come Easy Go », un titre issu d’un premier opus baptisé « Higher », largement diffusé sur les ondes noir-jaune-rouge. Une fierté nationale !

L’évidente qualité de cette composition, mais d’un autre temps, lui permet de récolter une critique médiatique et populaire unanimes, bien utiles pour (s’) expérimenter et acquérir un crédit scénique.

Un piano couleur alu trône au milieu de l’estrade. Vêtue d’une robe pailletée et coiffée de cheveux d’un vieux rose dégoûtant, elle pose son séant devant cet imposant instrument en entame un « Mistery Light » doux comme un crâne chauve. Puis, très vite, des beats électroniques viennent rompre ce moment hors du temps. Le tempo s’accélère et la petite se laisse emporter au sein d’un univers emprunté à la Tim Burton. Parce que du mystère, Alice sait s’en entourer !

Alors qu’il y a quelques années, elle avait assuré aux Les Gens d’Ere un concert en formule groupe, elle se produit aujourd’hui, seule, comme une grande, dans le cadre de sa tournée ‘The Girl in the Mirror Tour’. Un choix assumé, dit-elle ! Enfin pas vraiment, puisqu’un préposé se charge des percussions sur l’une ou l’autre de ses compositions.

Difficile d’occuper l’espace scénique lorsque tous les musiciens sont aux abonnés absents ! Et pourtant, la demoiselle y parvient fort bien. Elle est soutenue par une loop machine qui produit des boucles. Un coup, j’te mets une batterie, un coup, j’te mets une note de synthé, et hop, le tour est joué. Alice est devenue à la chanson ce que Garcimore était à la magie.

Une formule, en tout cas, qui lui permet de faire découvrir une chanson récemment sortie, « Change my world », soit un avant-goût d’un futur elpee. Et afin d’illustrer le propos, des écrans diffusent de manière sporadique des saynètes. Au cours de l’une d’entre elles, une main place des objets dans une maisonnette. Bizarre non ?

Une compo qui confirme que la Sonégienne a acquis de la maturité.

L’humour (un peu facile) est devenu une nouvelle qualité chez celle qui était encore une grande timide il y a peu de temps, lorsqu’elle évoque Brad Pitt et ses origines wallonnes, référence aux critiques formulées à l’encontre de Georges-Louis Bouchez lors de la pose qu’il a prise avec l’acteur américain sur le circuit de Spa-Francorchamps.

Plus qu’une suite de chansons, on assiste à une véritable mise en scène au cours de laquelle une Alice versus ‘2.0’ s’émancipe enfin et se livre sans concession dans un exercice de style qui lui va comme un gant.

Sa voix éthérée et candide se pose ensuite pudiquement sur « Easy come easy go », un titre phénomène alors qu’elle n’a que 21 ans. Un son électro/pop qui a fait craquer les aficionados. Sa plume incisive, joviale et sautillante souligne des images en filigrane entre Alice et son lapin blanc, deux personnages qui nous emmènent tout droit aux pays des merveilles.

S’accordant une pause bien méritée, elle regagne les coulisses. C’est alors qu’on la voit, muette, brandir de grandes pancartes sur lesquelles des messages défilent… du style : ‘Que boit la vache ?’ ou encore ‘Imitez le bruit d’un animal svp’. Alors que le public se transforme soudainement en troupeau, Alice revêtue d’un accoutrement de fermière, conduit le bétail vers une nouvelle compo dont le refrain est apparemment d’une complaisance déconcertante (‘TOU TOU TOU, TOU TOU TOU’). Facile et mièvre ? Pas du tout, l’artiste installe une forme de communication d’une intelligence subtile !

Alors que le set prend fin, ‘Alice sur le toit’ surprend le public qui est littéralement médusé. Hybride, cette chanson est interprétée entre le français et un parfait anglais. Une manière pudique de comprendre également l’origine de son patronyme.

Avant de prendre définitivement congé de ses invités, elle demande aux milliers de personnes qui assistent à son set quelle est la meilleure bière locale. La Paix Dieu se dégage. Et vous savez quoi ? Si on en boit 50, on tombe « Malade », une manière futile et insidieuse d’annoncer ce titre incontournable issu d’un deuxième elpee éponyme. Une fable faussement réservée, mais autobiographique, écrite à quatre mains avec Vianney, et dans laquelle elle clame à qui veut l’entendre, et dans la langue de Voltaire s’il vous plait, que ‘ma maladie, c’est tout simplement d’être moi !’. De quoi devenir schizophrène…

Bref, on a assisté à un show dynamique, surprenant et aux antipodes de ce à quoi l’on pouvait s’attendre.

Et dire que tout a commencé lorsque Alice est partie recommencer sa rhéto à Brookings, en Oregon. Un déclic déterminant pour la jeune fille de 17 ans à l'époque car elle a participé à une chorale : les 'Sea Breeze'. Et ce sont ces mêmes personnes qui lui ont donné envie d'exploiter cette voix qu'ils adoraient.

A défaut de marcher sur le toit, l’artiste a fait grimper l’auditoire vers des cieux animés, à l’aide d’une palette de chansons colorées, subtiles et efficaces. Surprenantes même ! De la chrysalide, cette ‘Dame’ s’est transformée en papillon !

Le concert de Black M. accuse facilement trente minutes de retard. Paraît qu’Alpha Diallo et tout son team ont été bloqués à Paris alors que les Jeux Olympiques battent leur plein. C’est même la Police locale tournaisienne qui a dû les escorter pour leur permettre d’arriver plus rapidement. Des artistes qui pourront se targuer d’avoir vécu une journée… légendaire !

Le gars se pointe, accompagné de deux choristes féminines. Deux blacks. L’une porte une tenue serrante laissant entrevoir ses bourrelets, tandis que l’autre a emprunté la coiffure de Princesse Leia.

Appuyé par la basse, la batterie et la guitare, l’artiste fonce droit dans le mur. « Sur ma route » est repris en chœur par sa fan base, soit de très jeunes enfants (entre 5 et 10 ans).

Deux ou trois chansons suffiront à votre serviteur qui préfère prendre ses jambes à son cou et poursuivre… son chemin vers le temple qui accueille Santa.

Une habituée des lieux, à la différence près qu’ici elle ne campe pas avec Hyphen Hyphen. Et cerise sur le gâteau, c’est la première fois qu’elle va chanter ses propres chansons en Belgique !

A moins d’avoir passé ces derniers mois sur une île déserte, personne n’a pu échapper au succès fulgurant (presque inattendu) de Samantha Cotta (NDR : c’est son vrai nom !)

Après nous avoir bercé de sa douce ballade en mode piano-voix sur « Popcorn salé », une compo écrite dans l’urgence, presque par égarement, qui paraîtra sous l’impulsion et les encouragements de ses comparses Laura Christin, alias Line (basse, percussions), et Romain Adamo, aka Adam (guitare, synthé), la jeune dame s’émancipe et grave un premier album sobrement intitulé « Recommence-moi ».

Alors que la pop anglophone constituait jusqu’à présent sa ligne directrice, notamment au travers d’HH, la Niçoise prend un virage à 180 degrés en réalisant un très réussi premier essai solo, chanté dans la langue de Voltaire.

Toute de noire vêtue (NDR : enfin presque !), elle est chaussée de godasses brillantes et a enfilé un perfecto sur lequel est floqué ‘Santa’ en rouge pétant. Soutenue par un batteur au drumming corrosif et une bassiste qui n’est autre que Line (sa meilleure amie), elle débarque en tenant un fumigène qui lui brûle les doigts.

Elle est heureuse de se retrouver parmi les siens, car elle vient de se faire adopter par la Belgique. Elle compte se jeter aujourd’hui à corps perdu dans un univers où règnent l’intime, la retenue et la douceur.

Multi-instrumentiste, elle alterne piano et guitare, ses deux instruments de prédilection, qui viennent soutenir sa voix puissante. Qu’elle met parfaitement en exergue sur « Eva », une magnifique chanson qui s’impose sur fond d’appel à la résilience. Des cris d’amour fusent. Comme elle ne parvient pas à cerner leur origine, elle les rend, mais en plus fort encore.

Un concert ponctué de surprises ! A commencer par « Les larmes ne coulent pas », qui a bénéficié, lors des sessions d’enregistrement, de la complicité de Christophe Willem, un artiste devenu aujourd’hui son ami. Il s’invite le temps d’une chanson, entre simplicité et fausse grandiloquence, lors d’un duo uni par des larmes amères. Mais n’y a-t-il pas larmes plus amères que celles qui ne coulent pas ? Quoiqu’il en soit, elle finit ce titre, le sourire et le regard sereins, debout sur les retours posés à front de scène.

Afin de reprendre son souffle, Line, armée d’une sèche, pose ses fesses sur le grand piano noir qui domine et entame un « Paradis » sulfureux pour ceux qui sont partis juste au-dessus du soleil. Une chanson qui exploite au mieux l’univers intrinsèque et le champ lexical de la jeune dame.

Fidèle à son style unique et son spectre lyrique hors du commun, Santa se regarde dans le miroir avec introspection pendant ses « Popcorn salé » et le désir de recommencer son histoire, à l’instar d’une césure sur le temps. Entre ambition, espièglerie et qualité rare, l’artiste s’était essayée au métier de cascadeuse en interprétant ce premier titre, perchée à plus de 40 mètres de haut ! C'était à Bruxelles, sur la place de la Bourse. Un « Popcorn salé » à son apogée, en quelque sorte !

Aux crashs, un petit garçon pleure, Santa ne peut résister à le consoler. Il s’appelle Martin. Elle l’invite sur scène à terminer, en duo, cette sublime chanson. Alors qu’il n’a que 5 ans, ce petit bout de chou connaît parfaitement les paroles et focalise donc les regards du public, devenant même le centre de tout, au détriment amusé de la Reine du jour.

Et puis, dans une parfaite communion, les milliers de festivaliers se transforment en une chorale parfaitement synchronisée, pour chantonner un joyeux anniversaire à ce gentil mioche. Une date qui restera gravée dans sa mémoire...

Alors que les musiciens se retirent en backstage, la grande Dame tente un mashup (ou potpourri). Pour la circonstance, elle associe le « Paradis blanc » de Michel Berger et Désenchantée de « Mylène Farmer ».

Puis ses fidèles comparses reviennent sur l’estrade. Santa s’interroge sur « Mais où le temps s’en va », une compo où les mots et les mélodies s’embrassent tendrement dans un tourbillon émotionnel et onirique d’une intensité rare.

Le concert touche à sa fin. L’artiste met l’accent sur « La différence », ersatz de manifeste sur le bien vivre ensemble avec, en filigrane, cet espoir latent de tolérance, d’insouciance et de communion.

Au cours de son show, certaines sonorités pop/rock contemporaines ont rappelé celles qui ont fait les beaux jours de la formation au sein de laquelle elle milite toujours.

Alors qu’elle s’apprête à s’éclipser, elle change d’avis et descend dans l’arène tel un gladiateur, pour un dernier combat. Mais ici, pas question d’épée ; elle, son truc, c’est le partage et la générosité ! Elle s’amuse au jeu du ‘hug’. Des câlins sont posés délicatement à une poignée de chanceux. Un moment suspendu et hors du temps !

Dans l’univers de la chanson française, Santa peut être considérée comme une grande artiste. Et en interprétant « Recommence-moi » en guise de ‘Happy end’, elle démontre qu’elle mérite amplement cette distinction. 

Sur la scène extérieure, Louane débarque en mini-short, bas noirs et petit top. Il en faut du courage pour se promener quasi-nue alors que le froid vient de tomber en terre tournaisienne.

La majorité de l’auditoire réunit des familles : parents, enfants –souvent très jeunes– et même grands-parents. L’artiste ratisse large. Mais la fosse est pleine. A défaut de rien…

Elle est seule sur le podium, elle aussi (décidément !) s’est plantée devant une kyrielle de machines destinées à la soutenir ce soir.

Elle a été révélée lors de la seconde saison de ‘The Voice’. Actrice à ses heures perdues, c'est surtout son rôle dans ‘La famille Bélier’, pour lequel elle a remporté un César, qui lui a permis d'obtenir cette reconnaissance médiatique.

Elle entame son tour de chant par « Donne-moi ton cœur », un cri de détresse chargé d'émotion. Mais en alignant des morceaux comme « A quoi tu penses ? », « Nos secrets » ou encore « Aimer à mort », l’un de ses plus gros succès, le répertoire devient gnangnan et pompeux.

Hormis la fan base qui voit en Louane la déesse de la nouvelle chanson française, ses chansonnettes à deux balles ne prennent qu'un essor tout relatif dans les ‘portugaises’ de votre serviteur. C'est niais et ennuyeux à s'en décrocher la mâchoire. C’est tellement casse-* (à vous de choisir le terme complémentaire) qu’il entend les poils de sa barbe pousser ! Dommage !

Mais, pour que la critique soit objective, il est nécessaire qu’il suive le concert jusqu’à son terme (ou presque). C'est donc en manifestant un certain enthousiasme (?!?!?) qu’il se mue en parfait spectateur. Mais, rien n’y fait ! C’est artistiquement pauvre et musicalement au ras des pâquerettes. Et que dire des thématiques, dignes d’une ado prépubère ?

Elle embraie par son tube « Jour 1 » dont le refrain est repris par une bonne partie de la foule. Qui semble ravie, voire heureuse...

Manifestement, Louane prend du plaisir et entraîne la foule dans son show infantile. Tant mieux pour elle !

Le rideau tombe, la nuit s’est emparée des lieux. Henri PFR s’apprête à livrer un set qui va s’avérer, comme souvent, de bonne fracture, entre musique électronique et prouesses pyrotechniques.

Surnommé ‘le petit prince des platines’, il s’est imposé comme la nouvelle sensation de la scène électro made in Belgium. Mais pas seulement, puisque son talent s’exporte à l'international. Aujourd'hui, il se produit dans de grands festivals, depuis Tomorrowland, en passant par l'Ultra Music, Lollapalooza et même Electroland, à Disneyland. Bref, le Belge est devenu un fameux bourlingueur.

Aux Légendes d'Ere, l'artiste tient ses promesses. Un show dynamique et sans concession où la seule constante est la flexibilité de son matériel.

Entre ‘beatmatching’, ‘drop’ ou encore ‘cue’ (des termes propres à ce genre musical), survitaminé, celui qui se produit au-delà des frontières, se livre dans un set propice à la furie sidérale. Aucun doute, Mister Peiffer est à nouveau le king ce soir en s'imposant non pas comme nouvelle sensation, mais en talent confirmé.

Bien sûr, les nightclubbers s’éclatent alors que les autres tendent une oreille plus ou moins distraite au Djset de l’artiste.

La fatigue commence à gagner les organismes, les effets de l’alcool se manifestent, les paupières tombent. Votre serviteur estime qu’il est plus sage de regagner ses pénates. A demain !

(Organisation : Les gens d’Ere)

Les Gens d’Ere 2024 : vendredi 26 juillet

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Et si Les Gens d’Ere devenaient… légendaires ? Car si l’évènement était à l’origine une farce entre une copains autour d’un peu de musique, de joie et de bonne humeur, le festival s’exporte aujourd’hui au-delà des frontières.

Mais contrairement à beaucoup de ses homologues (Dour Music Festival, Ronquières, etc.), ici, on ne badine pas avec l’esprit de camaraderie, qui lui n’a pas changé d’un iota ! Exit les trucs pompeux, la simplicité EST la règle ! Même le stand VIP fait les frais de cette culture ; il est réduit à sa plus simple expression ! Celui qui veut s’y restaurer ne trouvera ni caviar, ni champagne, mais de la bière et une bonne grasse frite !

Bref, Les Gens d’Ere est le festival par excellence où l’on s’y sent comme chez soi, entouré d’une équipe de bénévoles passionnés et souriants.

De nombreux transats en palettes sont disséminées un peu partout, histoire que les festivaliers se sentent comme à la plage, le soleil en moins, car si la journée de jeudi a laissé le sol jonché de boue, cette journée de vendredi, épargnée tout de même par la pluie, n’en est pas moins nuageuse et très fraîche. Les uns la bouderont tandis que les autres y verront un bon moyen de s’habituer à la saison automnale, pas si lointaine finalement. Que l’on se réjouisse, car par comparaison, la situation ne peut pas être aussi désastreuse. Souvenez-vous des torrents de précipitation qui s’étaient déversés, l’an dernier, obligeant les festivaliers à déguerpir des parkings devenus impraticables.

La configuration est identique aux formules précédentes. Deux scènes se côtoient, l'une couverte baptisée ‘Le Chapito’ et une autre ‘Plein Ere’ logiquement outdoor. Elles se situent à une encablure l’une de l’autre, ce qui permet de s’y rendre en quelques pas seulement. Elles proposent en alternance un line-up cohérent car on mise encore et toujours sur une affiche la plus éclectique possible. Mais de qualité !

Les familles s’y exposent le temps d’un long week-end. On y croise de jeunes couples entrelacés, des personnes plus âgées avec leur cabas ‘Action’ et des parents accompagnés de leurs rejetons. A moins que les enfants n’y accompagnent leurs parents ?

Se déroulant sur quatre jours maintenant (rentabilité oblige), le jeudi fait la part belle à un groupe de cover qui sévit beaucoup sur la région : Zénith. Trop peu pour votre serviteur !

Priorité donc aux vendredi, samedi et dimanche !

Alors que la montre de votre serviteur indique 19h00, direction le chapiteau pour y découvrir Youssef Swatt’s,

Le gars vient de Tournai, une ville francophone de Belgique située en Région wallonne (Wallonie picarde) et en Flandre romane, chef-lieu d’arrondissement de la province de Hainaut et siège de l'évêché de Tournai. La messe est dite !

Il a déjà bien bourlingué ! Cinq albums à son actif, des collaborations avec des artistes belges et français de renom tels qu’Oxmo Puccino (« Le poids des mots ») ou Demi Portion (« Maintenant ou jamais ») et a assuré le supporting act des concerts de IAM, en 2022, mais aussi de Bigflo et Oli, en 2023.

Cocorico, il y a quelques jours seulement, Youssef Swatt’s a remporté l’émission française de rap ‘Nouvelle Ecole’, dont la finale était diffusée sur Netflix. Et dire que les spectateurs ne savent même pas que l’artiste qui grimpe sur l’estrade est une future figure montante du rap !

Son histoire s’apparente à un véritable conte de fée. Âgé de seulement 14 ans, le gaillard sort un premier Ep, « L’Amorce », qui lui permettra d’être repéré par le Scylla, phénomène belge. Prolifique, « Vers l’infini et au-delà » sortira en 2017, « Poussières d’espoir » en 2020 et enfin, « Pour que les étoiles brillent », en 2022.

Alors que votre serviteur n’épouse pas nécessairement le genre, la musique du gars est différente pour deux raisons essentielles. Premièrement, il se produit en groupe, phénomène plutôt rare, les artistes de ce style se contentant souvent d’un DJ derrière les platines pour l’enveloppe musicale. Ensuite, son écriture n’est pas vindicative à l’instar d’autres de ses congénères. Et pas davantage d’insultes vis-à-vis des ‘keufs’ (Trad : la police) et des ‘meufs’ (Trad : les femmes) qui ne sont pas toutes des putes. Ah bon ?

Youssef est soutenu par quatre larrons chargés de lécher ses propos tentaculaires (basse, guitare, clavier et batterie). Le chapiteau est bien rempli, signe que l’artiste a déjà acquis une certaine notoriété.

Maîtrisant les codes du hip-hop grâce à des compositions enivrantes et chaloupées, l’artiste se livre entre lyrisme poétique et introspection maladive. Maniant une plume taillée comme du silex, il regarde dans le rétroviseur de sa vie avec humilité. Des compos touchantes et une expression sonore légère sur fond grave ainsi que des thématiques qui traitent de la vie, la mort ou la résilience, à l’instar de « Générique de fin ».

Comme il le souligne ouvertement dans « Etoile filante », une chanson interprétée à l’origine en compagnie de COLT (un duo belge, né sur des cendres de Coline et Toitoine), ‘notre histoire est belle’ constitue une référence aux relations qu’il entretient depuis toujours avec sa fan base. Sa victoire n’est pas seulement sienne, mais celle de toute une équipe.

Il rappelle s’être présenté devant un public alors qu’il n’avait pas acquis la popularité que l’on connaît aujourd’hui. De statut d’OVNI à artiste confirmé, il se remémore le temps passé, avec un brin de nostalgie (« Remonter le temps »).

Malgré des basses assourdissantes handicapant de temps à autre la bonne compréhension des textes, l’artiste est devenu une figure de proue dans le paysage noir-jaune-rouge et attise la curiosité en proposant un set éblouissant, au sein duquel scintille une « Etoile filante ».

Autre style, autre podium pour un digne représentant du rock belge, Ykons. Un habitué, puisqu’il se produit pour la 3ème fois sur la plaine du Les Gens d’Ere.

Le groupe liégeois (aucun doute vu l’accent prononcé !) réunit Renaud, Yann, Patrick, David et Ben. Né sur les cendres de Can D (NDLR : décidément le crématorium tourne à plein régime), les comparses empruntent un chemin initiatique, dès 2019. Le succès progresse lentement. Ykons grave un premier elpee, « Reflected », qui lui permet de se forger une solide réputation et par conséquent de disposer d’un répertoire substantiel pour les festivals. La suite ? Un beau succès critique et d’estime !

Le set de ce soir est malheureusement conjuré par le sort. Une longue intro devait permettre aux musiciens de monter sur les planches. Plusieurs tentatives et un reboot du mac seront nécessaires pour y parvenir. Renaud s’excusera en off, ‘le Windows 97 s’est planté’, dira-t-il.

L’incident clos, alors que le batteur assurait derrière les fûts durant de longues secondes, le claviériste le soutient rapidement, puis le guitariste et enfin le bassiste embraient, alors que le chanteur est perché tout en haut d’une estrade plantée au milieu du podium. « Red light » ouvre alors les hostilités !

C'est très vif et entraînant. Le public s'emballe et les muscles, jusque-là statiques, sont pris de mouvements saccadés au gré de cette rythmique un brin indolente. Et s’il s’agissait du syndrome Gille de la Tourette ?

Renaud Godart marque là, au fer… rouge, une intro pour le moins percutante.

C'est techniquement époustouflant, humainement enrichissant et musicalement céleste. Un combo qui signe le retour à de la bonne musique comme sur ce « State of mine », nourri à l’indie-pop et coloré de touches électro.

Les événements se dégradent malheureusement lors de « Open eyes ». Les enceintes en façade décident de faire grise mine, privant ainsi l’auditoire d’une bonne partie de la compo. Les musiciens, amusés et gênés à la fois, poursuivent, inébranlablement leur mission contractuelle, simplement aidés de leur moniteur in-ear (NDR : oreillettes placées dans les oreilles). De l’aveu même du vocaliste, c’est la première fois qu’il joue pour un public… qui ne l’entend pas ! Un surréalisme à la Belge !

Alors que les techniciens s’affairent comme des lions en cage, Renaud propose, si les enceintes ne parviennent pas les rendre fonctionnelles, d’assurer un concert acoustique autour d’un feu de bois, comme lors d’un camp de scout. Et le public d’y répondre en poursuivant a cappella. Un beau moment !

Le hasard est évidemment bien capricieux ! Alors que de nouveaux câbles sont installés, assurant la liaison entre la régie et la scène, le set se poursuit par… « Have a great crash ». Véridique !

Un mouvement de foule s’organise, jeunes et moins jeunes jumpent solennellement dans une ambiance bon-enfant. S’il ne s’agit pas du meilleur concert du groupe, il s’est produit devant le meilleur public, assurément !

Pour « Like a feather », debout face aux ‘floortoms’ posés sur l’estrade, le frontman et un de ses comparses prennent le pouvoir en martelant avec force et conviction les peaux, pendant que la guitare post-pop aérienne et légère s’envole et la basse vrombit dans les frontaux (qui pour l’instant, fonctionnent) en transperçant les corps plantés devant les barrières. Entre show diabolique, sueur, adrénaline et surprises, Ykons a démontré qu'il possède toutes les cartes pour emmener avec lui les plus fidèles, dans un tourbillon insensé. Sa seule limite étant l'imagination !

Alors que la guitare entame les premières notes de « Cloud nine » et ses faux airs à la Puggy, Renaud s’affranchit dans le public et d'une expression sans complexe, il chante, totalement décontracté, entre nonchalance et intuition.

Grâce à des effets de guitare aériens, il y a chez Ykons une filiation lointaine avec Coldplay (groupe de pop/rock britannique originaire de Londres en Angleterre, formé en 1997, et drivé Chris Martin) en termes de compositions que de l’approche sonore.

Puisqu’on ne dit jamais aux gens qu’on les aime, rien de tel que de reprendre à la sèche ce titre emblématique de Louis Chedid. Des mots qui touchent sur une mélodie caressante. Alors que les uns et les autres se touchent l’épaule en guise de fraternité, l’ambiance qui, jusque-là, était électrique, devient soudainement, le temps d’une chanson, intimiste.

La prestation s’achève ; cependant, le quintet ne pouvait quitter les lieux sans son « Sequoia Trees », un message adressé à l’être humain et à sa responsabilité à l’égard de tout ce qui l’entoure. Et de rappeler également que c’est ce titre qui a permis au band d’acquérir une véritable aura au royaume du moues/frites.

Pourtant contrarié par des problèmes techniques auxquels artistes, techniciens et public ont dû faire face, le concert d’Ykons restera l’un des meilleurs que le combo a accordés, sa fluidité s’avérant, de plus en plus, une de ses forces.

Grâce à une expression sonore bien dans l'air du temps, la formation liégeoise s'approprie les racines du genre et en extrait la quintessence pour le meilleur et… pour le pire.

La soirée s’achève déjà pour votre serviteur, la suite du programme se révélant moins alléchante. Entre un Mister Cover, mille fois entendu et un Quentin Mosimann taillé pour le dancefloor, il est toujours aussi perplexe vis-à-vis de ce type de spectacle (?!?!?) …

(Organisation : Les Gens d’Ere)

Het Depot (Louvain) : les nouveaux concerts (update 24/07/2024)

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Lu 23.09.2024
Selah Sue

Ve 04.10.2024
Dub Unit

Ma 08.10.2024
Trixie Whitley

Lu 04.11.2024
COOL presents Fred Wesley Generation

Me 13.11.2024
Luka

Me 27.11.2024
Helmet

Ma 10.12.2024
Compact Disk Dummies

http://www.hetdepot.be

 

Kallai

Kallai (Ep)

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Originaire de Portland, K a ll a i (prononcez Call Eye) s’est formé à l’automne 2023. Il réunit des membres de Trance to the Sun, Luscious Apparatus et Lost Echoes.

Les musicos travaillent sur une vision musicale commune qui s'inspire des styles explorés par leurs précédents projets, tout en développant de nouvelles sphères créatives.

Un chose est sûre, éponyme, son premier Ep trahit des influences shoegaze, post punk et gothiques en libérant des sonorités de guitares explosives et chargées de reverb’, des lignes de basse pulsées, des vocaux aériens ainsi que des rythmes fluides.

Le clip consacré à « Always Never » est à voir et écouter ici 

Podcast # 42 émission Inaudible (cliquez sur le logo ci-dessous)

Silent Mass

The great chaos

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En 2019, à Los Angeles, en pleine période prépandémique, Ammo Bankoff se lance dans une aventure en solitaire sous le pseudo AMMO. En 2020, elle grave un single.

Elle déménage ensuite avec l'ingénieur du son et guitariste Robert Duncan pour rejoindre le batteur et producteur Alex Posell, à New York, afin d’y fonder Silent Mass.

Un nouveau chapitre de créativité s’ouvre et cherche à séduire autant les disciples du post-punk, de la vague éthérée du shoegaze que de l’alt rock des 90’s.

En combinant des voix obsédantes et des lignes de guitare luxuriantes avec des rythmes basiques, la formation construit un mur de son gémissant et irrésistible propice à la rêverie mélancolique…

« Land of Heart's Desire » est en écoute

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Mayflower Madame

Paint it in blue (single)

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« Paint It in Blue » constitue le deuxième extrait du troisième elpee de Mayflower Madame, « Insight », qui sortira le 1er novembre 2024  

Le rock sombre et psychédélique de ce groupe norvégien est issu d’un mélange unique de guitares rêveuses, de synthétiseurs éthérés, de lignes de basse lancinantes et d’interventions de drums ‘motorik’ que hante la voix envoûtante du leader, Trond Fagernes, et dont les textes parlent d'amour et de dépendance.

Combinant les grooves rythmiques du krautrock et du post-punk avec les atmosphères étincelantes du shoegaze et du néo-psychédélisme, la musique nous entraîne dans un voyage hypnotique à travers les ombres, un périple rempli de mélodies obsédantes et de rythmes palpitants.

La vidéo de « Paint It in Blue » est disponible ici 

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Alan Stivell illuminera les Celtic Days à Thy-le-Château

Les amateurs de musiques et de traditions celtiques ont rendez-vous aux Celtic Days, qui se dérouleront les 7 et 8 septembre prochains dans le cadre médiéval du château de Thy-le-Château, près de Walcourt. Pour lancer le festival, les organisateurs ont mis les petits plats dans les grands: pour célébrer la Bretagne, à l'honneur cette année, ils ont invité le “pape” de la musique celtique bretonne, Alan Stivell, qui accordera deux concerts exceptionnels en la Basilique St. Materne de Walcourt, les 5 et 6 septembre.

Dès l’âge de dix ans, dans la cathédrale de Vannes, Alan Stivell faisait déjà résonner la “Telenn Gentañ”, la première harpe celtique de la Bretagne des temps modernes. Soixante-dix ans plus tard, il repart sur la route des églises et des cathédrales de Bretagne et d’Europe pour présenter un concert qui revisite son œuvre dans un format intimiste, “Cœur et Âme - Kalon hag Ene”.

Tout le monde connaît “Tri martolod” (“Trois matelots” en français), une chanson traditionnelle bretonne rendue célèbre grâce à l'interprétation, l'arrangement et les enregistrements d'Alan Stivell, ainsi que, bien sûr, grâce à la reprise de Manau: “La Tribu de Dana”!

Titres fondateurs et morceaux rares seront mis à l’honneur lors du concert dans une formule spécifiquement adaptée à ce retour aux sources. On y découvrira la dernière harpe conçue par l’artiste lui-même, offrant la pureté cristalline autant que les possibilités de l'électronique. Alan Stivell sera accompagné par Tangi Miossec aux claviers.

Le concert du 6 septembre est complet mais il reste des tickets pour celui du 5 septembre. Pour commander: c'est ici

Pendant le week-end du festival, un programme étoffé attend les passionnés de traditions celtiques: défilés et animations de Pipe Bands, Bagadoù, concerts de harpe celtique, concerts de groupes bretons, écossais, irlandais et asturiens, initiations et spectacles de danses asturiennes, bretonnes et irlandaises à claquettes répartis sous deux grands chapiteaux. Il sera possible de découvrir les coutumes, la gastronomie et les breuvages de chacune des régions présentes.

Egalement au programme, les mariages clandestins ou cérémonies de Gretna Green, les camps écossais et leurs Highland Games, le Master Class Whiskies ou initiation didactique aux whiskys d’exception, les crêperies bretonnes, la foire artisanale et de produits de bouche d’une cinquantaine d’exposants, la conférence et exposition didactique sur la présence des Celtes en Entre-Sambre-et-Meuse, et pour les plus jeunes, les balades à dos d'ânes, les contes et légendes celtiques et un spectacle sur Merlin.

Pour plus d'infos: https://www.celticdays.be/

Update: Prochains concerts en Belgique:

17 octobre, concert Coeur & Âme, église Dinant (Be)                                                                                               

18 octobre, concert Coeur & Âme, collégiale Sainte Gertrude, Nivelles (Be)                                                                              

19 octobre, concert Coeur & Âme, église ND de Laeken, Bruxelles/Brussel (Be)

Everyone Says Hi

Everyone Says Hi est le seul…

Everyone Says Hi, le nouveau groupe de Nick Hodgson, sortira son premier elpee – un éponyme – ce 4 octobre 2024.

L'ex-compositeur/batteur des Kaiser Chiefs a divulgué un premier single « Brain Freeze », qui a rapidement été suivi d'une première performance live au Great Escape de Brighton ainsi que deux concerts à Leeds et à Londres. « Somebody Somewhere », un deuxième titre, qui s’apparente à une ballade électrique aux flambeaux et ouvre l'album, a été dévoilé le mois dernier.

Everyone Says Hi voit Nick adopter le rôle de chanteur/guitariste/frontman, épaulé par les musiciens Pete Denton à la basse, Glenn Moule à la batterie, le claviériste Ben Gordon (ex-membres de The Kooks, Howling Bells, et The Dead 60s de Liverpool respectivement), ainsi que le guitariste Tom Dawson, basé à Leeds. Le nom du groupe est extrait d'une chanson de David Bowie portant le même titre. Ce que l'on entend à travers ces dix morceaux, c'est de la musique de haut niveau, magnifiquement sculptée et interprétée par des musiciens expérimentés. L'album a été produit par Nick aux Snap Studios de Londres et dans son propre studio.

« Everyone Says Hi » est le fruit de la décision d'un musicien, qui a déjà vendu plusieurs millions d’albums, de tirer un trait sur son passé et de repartir à zéro. Il s’agissait pour Nick Hodgson de retourner dans la chambre où les premières notes ont été jouées, tenir la même guitare qu'à l'époque et former un groupe avec des amis de confiance.

À propos de « Only One », Nick explique : ‘C'est la première nouvelle chanson que j'ai composée pour l'album. Chaque fois que j'ai ébauché des albums, ils commençaient évidemment par une chanson et lorsque cela se produit, je sais que cela me plaise ou non, qu’un album est en train de naître.’

« Only One » est une autre chanson d'amour qui n'est pas très romantique. A vrai dire, elle est plus factuelle. Nick est depuis longtemps un auteur-compositeur très demandé. Depuis qu'il a quitté son groupe d'adolescents en 2012, il a coécrit pour des artistes tels que Dua Lipa, You Me At Six, Duran Duran, George Ezra et Holly Humberstone, et a collaboré à des titres avec Mark Ronson, Kygo et Shirley Bassey. Après avoir cumulé plus de 5 millions de ventes d'albums dans le monde entier, Nick se concentre désormais sur un nouveau défi. 

Le clip consacré au single « Only One » est à découvrir

 

Dour festival 2024 : dimanche 21 juillet

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Sous des allures de fête nationale, ce 21 juillet rime aussi avec la fin du festival de Dour ! Inutile de dire que les festivaliers mettent le paquet pour insuffler ce qui leur reste d’énergie afin de mettre une ambiance de feu.

‘Te Deum laudamus’ (Trad : ‘Nous te louons, ô Dieu’) ! Alors que les calotins se pressent dans les églises dans le cadre du Te Deum, à Dour on continue de communier comme des enfants de chœur.

La pluie que l’on avait prédite en abondance n’a finalement pas été dévastatrice. Juste quelques gouttes éparses qui ont fort bien été accueilles, d’autant plus que la veille, l’air étant devenu complètement irrespirable. La météo, n’est-elle pas censée prédire le temps ?

L’affiche du jour recèle bien des surprises aujourd’hui, à commencer par Hansel. Le groupe, pas le frangin de Gretel, référence au célèbre conte.

Le combo est drivé par Mathieu Buisson, un gars à la chevelure de lion. Armé d’une guitare, il est accompagné de Christian, Julien et Bob. Ce dernier, gratteur, n’est pas un inconnu, puisqu’il s’agit d’Eric Robette, un vieux de la vieille que l’on a notamment croisé chez Starving. Construit autour de Boods (un personnage notoire dans la région), ce groupe a sévi, il y a quelques années, et connu un joli succès.

Hansel fait office d’OVNI au ‘Garage’. Pourtant, le style expérimental semble plaire. Les festivaliers se sont rués en masse sous la tente, la musicalité intégrant les caractéristiques d’un univers allant du faux-romantisme désabusé à la métaphysique psychédélique avec ces riffs de guitares électrifiés qui s’enfoncent dans les portugaises jusqu’à marteler les tympans. Ce qui conduit à des chansons pas simples du tout sur le plan technique, mais d’une efficacité redoutable. Un jeu d’instruments d’une précision chirurgicale et qui cognent dans les gencives, comme l’uppercut du boxeur.

Si vous aimez les profondeurs abyssales sonores et les rêves subconscients accessibles, réjouissants et jouissifs à l’instar du morceau « First Fruit », Hansel et son post-rock intense et progressif est taillé pour vous !

Ceux-là bourlinguent depuis quelques années et ça s’entend !

RORI, la petite belge qui monte, est plantée sur la main stage. Sa taille est inversement proportionnelle à cette scène, qui pour le coup, paraît immense.

Votre serviteur l’a déjà vue à plusieurs reprises, tant sous cette formule que lorsqu’elle militait chez Beffroi en compagnie de son Valentin Vincent, décédé à l’aube de sa vie. Entre rap et électro, le cœur de votre serviteur chavire au contact de cette expression sonore desservie avec justesse et émotion par Camille Gemoets.

Toujours flanquée de ses fidèles serviteurs, l’ex-The Subs, Hadrien Lavogez, préposé à la guitare, et Loïc Lavogez, caché derrière les fûts, la demoiselle entame son tour de chant par « Ma Place », dont le phrasé, les sonorités pop et les appuis rythmiques sont très communicatifs. Le band livre une forme de pop/rock chanfreiné, qui lui va comme un gant.

Un set qui épluche une carrière jeune, mais fort prometteuse. Elle s’épanche éperdument dans son « Loser » ; mais elle comprend vite que « C'est la vie » révèle là aussi de beaux accents qui lui rongent le corps.

Le public, enivré par cette fausse nonchalance dont elle a le secret, n’y tient plus, l’exaltation des débuts rend les aficionados subversifs. 

Et que dire lorsque, elle se rend chez son « Docteur » pour y décrire la syncope d’une foule en délire.

Capable de vous retourner de solides punchlines, l’ingénue est devenue une figure de proue de la scène musicale noir-jaune-rouge. Elle s’affranchit des préjugés pour servir une sauce pop acidulée devant un public que l’on dit souvent élitiste.

Retour au ‘Garage’, non pas y réparer sa bagnole, mais pour assister au set de Joshua Murphy. Avez-vous, lorsque vous étiez jeune, découvert que le cadeau dans le kinder n’était pas celui auquel vous vous attendiez ?

C’est le cas ici ! Chanteur, multi-instrumentiste et auteur-compositeur, Murphy est épaulé par un préposé aux percus et aux effets, ainsi que trois demoiselles : deux violonistes et une violoncelliste.

Le public a déserté les lieux. Trois pelés et deux tondus scrutent les lieux comme de vieux cons qui guettent le bus.

Joshua s’avance d’un pas plutôt timide et entame tout de suite le concert. Une évidence saute aux oreilles : son timbre de voix –quelque part entre celui de Léonard Cohen et Nike Cave– ressemble à une ondulation grave qui viendrait d’outre d’outre-tombe. On est ici proche du spoken word (littéralement ‘mot parlé’), une façon particulière d'oraliser un texte, qu'il soit poétique ou autre.

Ses compositions hantent le même monde onirique et sourd que celui d’un dépressif. Sa silhouette dessinée en contre-jour, lui confère un côté mystérieux, voire gothique.

Très objectivement, les sonorités du lascar sont très intéressantes lorsqu’il effleure les cordes de sa gratte de ses doigts ou encore en se servant d’un archet (qu’utilise régulièrement Jónsi), telle l’arbalète de Guillaume Tell dont la flèche cible une brutalité cachée.

Les vagues sonores déclenchées par l’artiste, pourtant confirmé, ont dû mal à s’imposer. Il aurait été sans doute beaucoup intéressant de le découvrir au sein d’un endroit plus feutré, comme une église, cierge à la main ou alors dans son salon, une bouteille de whisky dans une paluche, et un cigare dans l’autre.

Joshua Murphy, c’est l’antithèse de Brutus qui se produit dans la Petite Maison dans la prairie. Il s’agit un groupe belge de post-hardcore, originaire de Louvain, formé en 2014.

Un trio. D’abord deux mâles, Peter Mulders à la basse et un Stijn Vanhoegaerden à la sixcordes. Ensuite, une gonzesse, Stéphanie Mannaerts, une petite brune aux allures de première de classe, dont les cheveux sont impeccablement lissés. Originaire de Louvain, le band s’est établi à Gand, une ville flamande réputée pour sa scène rock locale, et qui a notamment enfanté Soulwax, Too Many Dj’s ou encore Balthazar.

La fille se poste en front de scène, le micro posé à la hauteur de sa bouche pour chanter tout en jouant de la batterie. Ses compagnons préfèrent s’éloigner et se plantent à l’extrême gauche de l’estrade. La trouille ? On verra !

Après une longue intro au synthé, elle frappe les peaux, avec une violence telle que la rage se lit dans ses yeux, alors qu’elle affichait, jusqu’à présent, des airs angéliques.

La musique de Brutus oscille entre post-hardcore, alt rock, shoegaze, et sludge. Parfois elle fusionne les genres ou simplement les juxtapose, suivant les morceaux. Elle est à la fois étrange, pêchue, engageante, mélodieuse et rigoureuse, malgré les épisodes de saturation.             

Les titres s’enchaînent. Les mélodies ondoient ; ce qui permet aux morceaux de respirer. Tantôt, ils accélèrent, tantôt ils décélèrent, dans un ballet de va-et-vient qui donne le tournis.

La chanteuse braille comme un cerf en rut, jusqu’à son point de non-retour. Elle vocifère, crache sa haine et ses sentiments les plus profonds à travers un flow de paroles écorchées vives. La demoiselle possède du coffre et pas seulement dans le sous-tif. Ses envolées lyriques empruntent quelquefois des références à Amy Lee, la leader d’Evanescence.

Les chansons sont puissantes. Le kick vous rentre dans les tripes, la basse vous creuse le cervelet et les riffs de guitare cisèlent le slip. C’est viscéral, ça pue la rage et c’est d’une maturité rarement observée pour des jeunes musicos. Un régal pour les yeux et les oreilles. Un concert ultradynamique, riche et complet alors que le combo n’est, rappelons-le, constitué que de trois personnes. Force et respect !

Brutus porte un patronyme qui lui va bien ! A ce jour, c’est l’une des formations les plus excitantes programmées lors de cette édition du festival de Dour.

Putain, que ça fait du bien !

Girls In Hawaii est attendu de pied-ferme sous ce même chapiteau ! Les festivaliers, dont de nombreuses filles aux allures de mecs, se pressent en nombre afin d’être aux premières loges pour ce qui reste de devenir un moment d’anthologie.

Le groupe n’est pas venu présenter un nouvel opus, mais bien pour y fêter le vingtième anniversaire de « From Here To There », un premier essai qui les a propulsés au faîte de la gloire.

Il a foulé, à de nombreuses reprises déjà, la plaine du festival de Dour, il en connaît donc les contours, les travers et son caractère décalé et iconoclaste.

Le set commence par « 9.00am », le titre d’ouverture du disque. Antoine précise d’ailleurs que le show sera dispensé dans l’ordre du disque. Une compo percutante qui donne le ton, rapidement suivie par « Short Song For Short Mind » et ses accents vintage.

Alternant gratte électrique et sèche, Antoine Wielemans entame ce qui deviendra le premier succès radio, « Found In The Ground ». Sa voix est admirablement soulignée par celle de Lionel Vancauwenberghe. L’atmosphère s’électrise inexorablement.

Si aujourd’hui, des planchers ont été dispersés sur le sol, autrefois, il n’y avait que de la terre battue, ce qui permettait, lorsqu’on tapait du pied, de soulever la poussière. Puisque cette époque est donc maintenant révolue, le chanteur demande d’utiliser les vaporettos pour recréer cet effet de brouillard à l’instar d’un « Fog » qui enfume les pâquerettes.

Alors que « Fontannelle », morceau peu joué en live dans la carrière du band prend fin, le monstrueux « Flavor », caractérisé par son intro répétitive à la basse, embraie. Ce qui permet aux musiciens de se déchaîner. Si le frontman s’amuse à grimer, ses comparses laissent libre cours à une folie passagère où têtes et membres inférieurs communient ensemble, révélant un spectacle étrange, entre mouvements saccadés et danse de Sioux.

Alors que quelques petites secondes seulement s’écoulent, le sublime « Organeum », confirme que la formation, à l’instar de dEUS, est l’un des porte-étendards du rock belge.

Une chanson durant laquelle, le petit Toitoire, genoux posés au sol, semble entamer une prière.

Ses frasques artistiques ayant causé la perte des piles de son ‘in-ear’ (NDR : système de monitoring intra-auriculaire), un appel au secours est lancé au frontman qui s’élance, tel un guerrier.

Il faut attendre « Bees and butterflies », morceau mélancolique à la douceur âcre, pour retrouver un brin de sérénité, chaque membre du band conjuguant en chœur le refrain entêtant. Une chanson où la tessiture vocale du singer, légèrement éraillée, prend tout son relief.

Le set touche doucement à sa fin. Le leader annonce que le groupe a encore deux titres à caser et que, faute de temps, il faut faire vite.

Les arpèges de « Misses » et ses loops synthétiques sont chargés de souvenirs. L’ombre de feu Denis Wielemans, qui brillait derrière les fûts, décédé tragiquement d’un accident de la route en 2010, plane toujours. Il faut considérer cette sublime compo (elle est issue du remarquable « Everest) comme un vibrant hommage qui lui est rendu. Mais aussi un regard émouvant sur le deuil et cette faculté de résilience auxquels le combo a dû faire face, il y a quelques années.

Enfin, « Rorschach », outil d'évaluation psychologique, souvent perçu à tort comme un test de type projectif, est aussi et surtout un titre emblématique de GIH. Son flot de guitares salvatrices et saturées couronne un live décidemment plein de surprises. La précision du jeu des uns et des autres est impressionnante. Rythmique syncopée et chœurs viennent lécher encore un peu plus ce tableau arc-en-ciel.

Aucun doute, le groupe n’a rien perdu de son potentiel en près de deux décennies. Girls in Hawaii a une nouvelle fois prouvé, ce soir, qu’il reste incontestablement l’un des groupe phares de la scène indé-pop musicale belge.

Le temps d’enfiler ses bottes de sept lieues, des godasses magiques qui s’adaptent à la taille de celui qui les chausse et permettent de parcourir cette distance en une seule enjambée, votre serviteur arrive, en un temps record, au pied de la main stage pour le concert d’Oscar And The Wolf.

Si depuis des lustres, les loups ont l'habitude de hurler à la lune tous les soirs pour qu'elle s'illumine et pour pouvoir chasser ensuite, le gars sur scène a plutôt l’air d’un mouton. Et accompagné de brebis, pardi !

Flanqué d’un ersatz de peignoir, agrémenté de légères pointes de brillances, sans doute emprunté à Mike Tyson, Max Colombie, à la ville, est un chanteur de synthpop belge. Après avoir gravé deux Eps qui récoltent un certain succès, il sort, en 2014 un premier long playing baptisé « Entity », d'abord au Benelux puis dans le reste de l'Europe. En 2017, paraît son deuxième, « Infinity », et en 2021, son troisième, The Shimmer ».

Un cube aux allures gigantesques trône au milieu du podium. Plus qu’un simple élément décoratif, la forme géométrique sert d’appui à la diffusion d’images et de support aux scénographies. Et de danses (‘dance’ ?), il y en aura. Beaucoup !

Et dès « Warrior », le morceau d’entrée, l’artiste se transforme en guerrier, alors qu’il se hisse sur le plateau du cube tout en se trémoussant.

Tandis qu’une dizaine de danseurs se sont attroupés au pied du prisme dont toutes les faces sont égales et superposables, le chanteur descend de son piédestal et enchaîne par « The Game et Princes », un morceau chill qui s’inscrit dans une veine électro.

Le petit a livré une prestation haute en couleur, à l’image de ce qui ressemble à un maillot de foot de couleur rouge pétante, confectionné pour l’occasion. On ne peut rater ni l’inscription ‘DOUR 24’ dans le dos, ni l’écusson belge brodé sur le devant.

En tout cas, cet artiste connaît parfaitement les codes du genre et maîtrise la communication vis-à-vis de son public et des médias.

Entre les dansants « Angels Face », « Nostalgic Bitch », « Infinity », c’est encore lors du downtempo « You’re Mine » que la voix du prodige de la chanson devient la plus émouvante. Cette chanson est d’une puissance sidérale. Elle s’enivre d’un goût de bienveillance et de volupté.

Alors que la dynamique du show est bien ficelée, elle s’estompe quelque peu pour laisser place à un hologramme plaqué sur l’énorme cube ; des discours, aux allures philosophiques, apparaissant alors. Celui-ci qui semblait jusqu’alors plein de certitude, devient soudainement vulnérable.

Il s’éloigne de la scène, côté backstage, son avatar prend le flambeau et se livre très sérieusement dans un profond discours ‘Je ne sais plus qui je suis, parfois’ et de réapparaître vêtu d’une cape noire. Si la cape symbolise la puissance de Batman, l’artiste devient soudainement Joker, son ennemi juré, un laissé-pour-compte, abandonné. Une descente aux enfers où un homme fragile sombre dans la folie à travers une métamorphose autant physique que psychologique, reflétant l’image des titres plus sombres qui l’emmèneront jusqu’à la fin du show.

Clou du spectacle et fête nationale oblige, un feu d’artifice conclut une prestation que l’on retiendra tant par son engagement que par son envergure à l’Américaine.

Si le light show s’est avéré discret, à l’issue de spectacle, les inscriptions exposées de part et d’autre de la scène (‘It’s OK not to be OK’) restent visibles.

Une édition digne de ce nom. Des festivaliers curieux, des artistes venus d’ailleurs et une culture de la bonne camaraderie qu’on ne trouve nulle part ailleurs.

Alors que les plus téméraires quittent d’un pas pressé le site, les autres, plus courageux, se réfugient auprès des nombreux sets dédiés à la musique électronique.

La prairie est impeccablement propre. Demain, le site retrouvera son pristin état et les tentes auront disparu du paysage.

Au loin, certains Borains répètent à tue-tête ‘In V'la Co Pou Ein An !’ D’autres s’efforcent de leur opposer l’imparable slogan ‘Dooouuurrreeeeeehhhhhhhhh’.

Une édition qui se termine dans la joie et la bonne humeur. C’est ça aussi le Festival de Dour !

(Organisation : Dour festival)

 

 

Dour festival 2024 : samedi 20 juillet

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Et de trois ! Troisième journée consécutive au festival de Dour !

Ce samedi 20 juillet ne fait pas exception à la règle ! Le soleil a définitivement posé ses valises. Il faut chaud ! Très chaud même ! Plus de 30 degrés ! Une fournaise ! Inutile de dire que la bière coule à flots !

Si les festivaliers affichaient un certain état de fraîcheur à leur arrivée sur le site, pas mal d’entre eux accusent aujourd’hui des corps fanés. Mascara et rouge aux lèvres ont perdu de leur éclat !

Au programme, des artistes plus accessibles pour le spectateur lambda. Ce qui explique pourquoi de nombreux quadras et quinquas ont décidé de franchir le pas, tandis que la jeunesse préfère rester cantonnée aux endroits dédiés à la techno, au drum&bass, au hip hop ou au rap, prédominant à Dour.

Sans perdre une minute, votre serviteur frappe à la porte de Jean-Paul Groove. Oui, vous avez bien lu ! Ne perdez pas votre temps en y cherchant une quelconque filiation avec l’acteur français, Jean-Paul Rouve, rendu populaire par le film « Podium ». Il n’y en a tout simplement pas !

Le combo baigne dans la musique électronique. L’intérêt ? Il ne la joue pas, il fait bien plus que ça, il la réinvente !

Nils Hilhorst, Denis Baeten et Jeremy Debuysschere ont suivi un cursus au conservatoire de jazz. De leur instrument organique, ils recréent les rythmes composés à la base par de la musique assistée par ordinateur. 

Inspiré par des artistes comme Prodigy ou Jojo Mayer, le trio est fier de présenter son nouveau-né, « Violent Party Music », un Ep cinq titres.

Le set se déroule dans ‘La petite maison dans la prairie’. Aucune trace de Charles Ingalls, sa femme Caroline, leurs trois filles Mary, Laura et Carrie ainsi que leur chien Jack !

Ces gaillards débordent d’énergie. Si le côté sonore est impressionnant, le show visuel l’est tout autant. Au mieux de sa forme, derrière ses fûts, Denis exécute de grands gestes, à l’image de certains Italiens.

Si le projet allie (forcément) groove, expérimentation et une combinaison millimétrée guitare/basse/batterie, l’esprit du live, entre punk et funk, le rend complètement sauvage. Aucun membre du band ne prend l’’ascendant sur l’autre, chacun trouvant sa place au sein de la formation. Sans doute que les nombreux effets y contribuent.

Cerise sur le gâteau, ces têtes brûlées jouent, semble-t-il, sans métronome. C’est spectaculaire et aussi fin qu’un string dans les fesses !

Jean-Paul Groove est à la musique électronique ce que Picasso est à la peinture. Il nous réserve une œuvre complexe, tout comme le jazz au sein duquel le combo a été bercé.

La main stage est prête à accueillir Puggy, un groupe belge réunissant le chanteur/guitariste Matthew Irons, le bassiste Romain Descampe et le batteur Egil ‘Ziggy’ Franzén.

Fondé en 2005 à Bruxelles, la formation propose une musique, fruit d’un mélange entre pop et rock acoustique, et le tout est teinté de légères mais remarquables influences latines.

Irons est loin d’être un inconnu. Il était membre du jury dans le télécrochet, ‘The Voice’, dans sa version belge.

La chaleur est telle que la seule petite zone d’ombre à front de scène est littéralement prise d’assaut. La plaine n’est pas encore bondée. Etrange pour un groupe qui jouit d’une telle notoriété !

Un calicot surplombe l’estrade, sur lequel est indiqué en grandes lettres ‘Puggy’ ; comme s’il était nécessaire de le rappeler.

Le chanteur est assez classieux, il porte une petite veste bleue et un t-shirt blanc, impeccablement repassés. Un bleu dominant pour célébrer la toute victoire récente du Mouvement Réformateur ?

La basse de Ziggy a bien bourlingué, elle porte sur elle l’usure du temps et des nombreux sets auxquels elle a dû faire face tout au long de ces années.

« Niver Give Up » ouvre les hostilités. Un titre de son nouvel Ep. De quoi mettre l’eau à la bouche. Alors que Matt cisèle les riffs, Romain frappe ses cordes avec acharnement, tandis que le troisième larron, veste en jeans sur le paletot, tambourine aussi fort qu’il le peut sur les nombreux fûts et cymbales dressés devant son corps raide comme un piquet. C’est énergique, c’est rock et c’est fun.

La furie gronde, le public s’exalte et très vite la sueur apparaît sur le front des musiciens.

Un climat grandiloquent envahit « To Wind The World », atmosphère amplifiée par les ivoires largement syncopés.

Irons troque sa gratte électrique pour sa semi-acoustique. C’est alors que « Lonely Town » prend son envol. Une compo aigre-douce, qui permet au chanteur de monter allègrement dans les aigus, tandis que le batteur s’amuse à jouer à contre-temps.

Matthew assène à qui veut bien l’entendre que le nouvel opus est cool. Et pour s’en convaincre, de même que ceux postés devant lui deux mètres plus bas, quoi de mieux que de proposer « Lost Child », une bien belle ballade aux accents nostalgiques. Et puisque Yseult manquait à l’appel, les deux musicos accompagnent le vocaliste dans un slow à l’unisson. Un moment suspendu, hors du temps.

Afin de garder le cap et l’attention des festivaliers (qui se sont soudainement pressés), « Last Day On Earth » permet aux percus de décoller, alors que les cordes de la basse sont mises à rude épreuve. Un morceau percutant, aux riffs singuliers et au solo tonitruant parfaitement maîtrisé par Irons lors du bridge, tandis que le batteur, perdant l’équilibre, manque de se prendre une gamelle. Le tout devant un parterre qui s’est arrêté net de jumper.

Après avoir fait le pitre, les zicos changent de registre. Matt reprend son rôle de préposé à la gratte semi-acoustique et entame, une seconde ballade dans une configuration atmosphérique. On se sent alors bercé par ce « How I Needed You ».

Un moment solennel ! La frontière entre l’estrade et la plaine disparaît au profit d’une communion où Dieu n’a d’égard que pour lui-même.

Plus construit, « Change The Colors » libère des sonorités pop/rock dansantes dignes de l’identité primaire du band. L’essai est convaincant dans son ensemble et si le mélange des couleurs est intéressant, gageons qu’elles ne s’estompent pas pour devenir tristement monochromes.

Le set prend doucement des allures de fin. « When You Know » constitue la pierre angulaire d’un show féérique, pugnace et solide comme un bloc de béton. Un titre qui permet de belles progressions au clavier, un solo de batterie comme jamais vu et une belle réciprocité entre un public réceptif et un groupe fédérateur.

Puggy a, une nouvelle fois, tenu ses promesses. Etendard de la scène belge, la formation qui détient les codes du succès, a proposé un set qui risque de résonner encore longtemps dans la tête des aficionados, la période du festival passée ! Une ode à la perfection ! La quintessence musicale !

Puggy marque Dour se son empreinte et s’inscrit décidément bien dans une puissante mouvance directionnelle

Petit crochet par le ‘Garage’, les déjantés de Gurriers vont y entamer leur show. Une belle surprise !

Une constatation, ils sont jeunes et bruyants. Dès les premières notes, les guitares vrombissent, la basse claque de manière syncopée et la caisse claire foudroie les tympans. Du rock, du vrai, enfin ! Des couilles, quoi !

Filiformes, les gars sont torses-nus, hormis le chanteur qui a conservé sa chemise bariolée à la Thomas Magnum (personnage célèbre de la série télévisée éponyme). Le bassiste porte une petite moustache qui lui confère un look très british.

Gurriers et guerriers, même combat ! Sur les planches, ils sont proches de l’affrontement. Une chose est sûre, ils sont turbulents. Les sonorités s’entrechoquent, fusent, éclatent. Ça gueule, ça fouette et ça fout une putain d’ambiance de feu.

Récemment encensé par ses compatriotes de Fontaines D.C, la formation livre un post punk au cours duquel les riffs déjantés sont légion.

Parfois, de légères oscillations parasites se manifestent par un sifflement. Elles appartiennent au concept hostile et foutraque de l’expression sonore. Si les compos abordent pour thèmes la violence et sa banalisation par les médias, le band les explore dans une légèreté qui sent bon l’été.

Malgré sa musique singulière et ses mélodies brutes, Gurriers se distingue par sa bestialité bon enfant. Dans le public, ça pogote. Les chopes se télescopent, la bière se déverse à chaque mouvement du corps, le tout dans une odeur de pisse insupportable.

La scène dublinoise est à nouveau en pleine effervescence. Et le jeune quintet marche allègrement sur les traces de Sprints, Basht., Melts, A Burial At Sea, Fears, Fontaine DC, Gilla Band, Inhaler, Murder Capital, Silverbacks et bien d’autres encore…

Zaho De Sagazan est de retour après avoir bercé les festivaliers du LaSemo une semaine plus tôt. Et le défi est de taille car si l’artiste avait été accueillie favorablement, le festival de Dour est un autre terrain de jeu, plus brut, plus amer et plus pugnace. 

Nombreux groupes ont, dans le passé, dû supporter les invectives et les jets d’objets les plus insolites, à l’instar de Patrick Juvet, BB Brunes ou encore Jo Lemaire dans les plus jeunes années du festival. Car ici, on aime ou on n’aime pas. Et quand on n’aime pas, c’est ‘straight to the point’. Ingratitude, quand tu nous tiens…

L’estrade est parsemée d’un tas d’instruments électroniques. Au vu de l’odeur nauséabonde qui règne ici, votre serviteur se plante à un endroit stratégique lui permettant de respirer par le nez ; la bouche ouverte, c’est pratique, mais la peur de gober une mouche est grande. L’intelligence au profit du pratique !

Zaho de Sagazan, est une auteure-compositrice-interprète et musicienne française. En mars 2023, elle publie son premier album, « La Symphonie des éclairs », et se forge rapidement une belle en notoriété.

En février 2024, elle est nommée dans cinq catégories de la 39ème cérémonie des Victoires de la musique, et elle remporte quatre prix, dont ceux de la chanson originale et de l'album de l’année.

Elle commence à diffuser des vidéos sur Instagram dès 2015. Elle s’y met en scène pour interpréter de nombreuses reprises et quelques compositions originales. En 2016, pour sa toute première scène, elle interprète « La Bonne Étoile » de -M- au théâtre Simone Veil de Saint-Nazaire lors du Concert Salade des ‘Irréductibles’ du lycée Aristide-Briand, auquel elle participera jusqu'en 2019

Le chapiteau est plein à craquer. Un bon signe !

Son curriculum vitae fait apparaître une participation dans l’émission de téléréalité ‘The Voice’. Décidément, ce show cathodique est une machine à tubes. On y fabrique des artistes comme des petits pains. Et pas toujours de qualité, malheureusement !

« Dis-Moi Que Tu M’aimes » met immédiatement un terme à ces doutes. Elle se confie, dans un français précis, sur ses désirs amoureux, appuyé par des oscillations aériennes et cosmiques, alors que les arrangements soignés, embrassent ci et là une onde électronique. La tristesse qui se dessine sur son visage décrit mieux que les mots, le spleen qui la transperce de part en part.

Alors qu’elle n’affiche que 24 ans, la jeune dame s’épanche lourdement, mais sobrement et efficacement, sur ses 10 ans de dépendance au cannabis dans « Aspiration », une chanson à texte dominée par l’électro, mais consolidée par les interventions de Rémy, Tom, Simon et Greg, plus que ses musiciens, ses amis, comme elle aime à le souligner.

Généreuse à souhait, elle invite les uns et les autres à prêter une oreille attentive à « Le Dernier Des Voyages », une nouvelle compo, sans doute annonciatrice de quelque chose de bien plus concret.

La demoiselle déclame sa poésie frénétique par des mots simples, mais qui ne sonnent jamais creux. Elle transforme sa fragilité en force tranquille et se démarque en imposant une version moderne de la ‘nouvelle’ chanson française. Elle dit n’avoir jamais connu l’amour véritable tout en étant tombée amoureuse d’un gars qu’elle n’a jamais vu. Démêler le vrai du faux serait incongru et sans intérêt. Autant se laisser bercer par le joli conte de fée dressé par « Mon Inconnu », et enchaîner par « Je Rêve », une composition qui chantée une fois, sera serinée inlassablement, dans l’hilarité générale.

Sagazan chante l'amour, parce que les chansons sont faites avant tout pour cela. Il est universel et dépasse les frontières. Depuis toujours, ce sentiment impalpable, incolore et inodore, accompagne les hommes et les femmes. Son piano l’exorcise de ses démons sur « Tristesse ».

Sa poésie est délicate, les mots sont doux. Elle est fragile et timide à la fois, mais, à travers son répertoire, elle démontre qu’elle sait ce qu’elle veut.

Elle entraîne l’auditoire, dans son univers feutré, lentement, progressivement. La foule écoute et savoure, religieusement. Et lorsque « La Symphonie Des Eclairs » retentit (premier album studio de la chanteuse), c’est l’explosion ! Son interprétation grave lui confère quelque chose de théâtral. Le public devient acteur et spectateur. Il vénère l’artiste comme un Dieu.

Et quand la tempête s’apaise, l’orage prend le relais et gronde tout au long de « Ne Te regarde Pas », une compo où l’électronique reprend le contrôle d’un spectacle éclair. Une heure de show, c’est largement insuffisant pour un spectacle de cette ampleur.

Alors que la tentation de tourner les talons et de retrouver les coulisses est grande, Zaho s’émancipe en osant une reprise exceptionnelle et personnelle d’un titre du regretté David Bowie, « Modern Love ».

L’artiste a évidemment mis le feu. Elle est acclamée par les milliers de spectateurs qui se sont rassemblés au sein de cet espace confiné.

Le set prend fin par une danse de sioux, lors d’une improvisation totale. ZdS y invite tous ceux qui l’entourent. Autant dire que rarement une fin de concert aura été si joyeuse !

Elle quitte tristement ses invités, tout en précisant que Dour est le meilleur festival au monde. En tout cas, si ce n’est le meilleur, il figure parmi les plus insolites.

Et de crier une dernière fois le Douuuurrrreeeuuuuuuuhhhhhh repris par le public en cœur.

Une avant-dernière journée placée sous le signe de la bonne humeur et de la découverte. La météo, que l’on avant annoncée capricieuse, est restée clémente ; et la chaleur a réchauffé les corps autant que les cœurs.

Est-ce que le 21 juillet, devenu proverbial pour sa drache nationale, fera exception ? Wait and see. A demain !

(Organisation : Dour festival)

 

 

 

 

 

 

 

Dour festival 2024 : vendredi 19 juillet

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Sur la plaine de festival de Dour, la météo a de nouveau changé de visage. Aujourd’hui, il fait vraiment très (trop) chaud. Une horreur ! Pas un pet d’air à l’horizon, alors que les scènes sont situées dans un couloir de vents, d’où la présence de ces éoliennes démesurées qui attisent la curiosité des uns et des autres.

Et comme Dour rime avec démesure, bon nombre de filles se promènent en sous-tif. Y en avait des nichons ! Et à l’instar du « Zizi » de Pierre Perret, parmi les ‘lolos’, il y avait les vrais, les faux, les laids, les beaux, les durs et les mous…

Comme la fin de semaine est propice au relâchement, la foule s’est évidemment pressée pour fêter dignement le début du week-end.

Autant y aller tout de go, la programmation de ce vendredi est plutôt mollassonne, car la plupart des scènes sont consacrées soit au rap, au hip hop ou encore à la musique électronique.

Il faudra attendre samedi et dimanche pour espérer davantage de rock, un style qui plaira à une large frange de public, encore minoritaire pour l’instant. Il en faut pour tous les goûts, paraît-il !

Donc, à défaut de têtes d’affiches alléchantes, votre serviteur se laisse guider par son intuition. Il se plante donc devant la main stage, baptisée ‘Arena’. Elle est située à une encablure du VIP. Un endroit réservé à une élite, mais le plus consternant, c’est que la plupart de ceux qui s’y cantonnent, ne s’aventurent même pas sur le terrain. On ne mélange pas les genres, hein !

Dour, ce n’est pas la brousse, quand même ! D’accord, il est vrai qu’on risque d’y rencontrer aussi bien la faune, et notamment ces festivaliers aux accoutrements dignes d’un carnaval ou de la Gay pride, que la flore, au gré de ces odeurs qui vous titillent les narines mais ne ressemblent pas aux bâtons de santon.

Très objectivement, caricaturer ce festival à ces seuls descriptifs serait réducteur. Car le DF est bien plus que ça, n’en déplaise à ses détracteurs ! C’est surtout l’endroit rêvé dédié à l’underground, un lieu où il fait bon vivre et où on peut espérer un lâcher-prise réel dans ce monde de brutes et aseptisé. Et par les temps qui courent, c’est un véritable luxe.

Les gens se sont massés en nombre pour Skepta. Manifestement, il attise la curiosité. Et puis, le soleil s’est caché derrière l’immense structure scénique et procure une ombre salvatrice. Et croyez-en l’expérience d’un vieux de la vieille comme votre serviteur, elle devient vite une richesse au même titre que l’eau.

Une rapide consultation sur le line-up du site internet du festival (très bien conçu du reste), renseigne que le gars est un rappeur. Un de plus ! Un de trop ! Que faire ? Prendre ses jambes à son coup ? A quoi, bon, les autres scènes ne proposent pas mieux !

La curiosité est quand même de mise car, si Skepta baigne dans un truc mille fois entendu, singularité, il s’exprime en anglais.

L’artiste connaît bien ce festival pour s’y être déjà produit en 2016. Un habitué des lieux, donc.

A l’époque, il avait assuré sa prestation dans la Boombox. Bénéficier de la grande scène démontre que d’artiste en devenir, il obtient aujourd’hui le statut de chanteur confirmé.

Votre serviteur est entouré de jeunes de moins de 20 ans qui le regardent comme un extraterrestre. Un de ceux-là vient même le questionner sur son âge. Un comble alors qu’il est coiffé d’une casquette identique !

De son vrai nom Joseph Junior Adenuga, c’est un rappeur, certes, mais aussi producteur de musique britannique originaire du Nigeria. Il est le frère du musicien J.M.E (Jamie Adenuga) et de la présentatrice de radio Julie Adenuga.

Il a fondé le collectif Meridian Crew, nommé ainsi pour rendre hommage à la rue où il vivait dans le quartier de Tottenham. Il a bossé en compagnie d’artistes d’horizons divers (Blood Orange, Earl Sweatshirt, Ratking et même Idris Elba). Il sort son premier elpee (un best of !) « Greatest Hits » en 2007 et « Microphone Champion », en 2009, comme indépendant. Son troisième opus studio, « Doin' It Again », paraît en 2011 sur le label AATW qui l’a signé. C’est grâce à son quatrième long playing, « Konnichiwa », gravé en 2016, qu’il décroche son plus gros succès, et remporte le Mercury Prize.

Il propose un show bien rythmé enrichi de projections d’images qui soulignent la gravité des propos.

Contrairement à pas mal d’homologues de sa génération, il n’y pas d’exagération, ni dans les gestes, ni dans le discours, évitant ainsi bien des retours de flammes. Un concert, moins impénétrable et donc plus abordable !

L’homme est, comme souvent dans ce style musical, accompagné d’un collaborateur qui se charge des platines. Affichant une sincérité à toute épreuve, c’est un pionnier du grime, un rap au bpm très rapide. La sono crache des sonorités qui incitent la foule à danser.

Ses productions brutes, sombres et convulsives sont portées par un flow musclé. On le sent tantôt revanchard, tantôt résigné face aux défis et vicissitudes de la vie.

Une chose est sûre, il sait parfaitement compter jusque trois. Une démonstration : ses compositions commencent toujours par un ‘One, two, three’. Skepta adepte des mathématiques ? Il n’y a qu’un pas que l’on n’oserait franchir !

Direction le ‘Garage’, haut lieu emblématique des fans de guitare, basse et batterie. D’un pas pressé, votre serviteur arrive sur le site en quelques minutes seulement, tel un marathonien aux jeux Olympiques. A défaut de trophée, il espère un concert de bonne facture.

L’auditoire est majoritairement constitué de mecs aux gros bras tatoués. Vu son mètre soixante-sept et ses soixante-huit kilos, votre serviteur a donc tout intérêt à ne pas la ramener, sans quoi il risque de prendre une beigne.

Quoique, parmi les spectateurs, un gamin d’à peine trois ou quatre ans titube sur le sable qui recouvre le sol. S’il me cherche, lui au moins, je peux le castagner ! A ses côtés, un homme marche difficilement également. Mais lui, précisément, ce sont les effets de l’alcool. Il a bien raison le gaillard, l’eau ça rouille !

Originaire de Lille, dans le Nord de la France, Oddism sort son premier Ep en 2014. Autoproduit, il s’intitule « The Odd One ».

S’il épouse à ses débuts du post-hardcore, sa musique vire ensuite au mathcore (« Dance In the Maze »).

Dès les premières secondes, les envolées lyriques du gars préposé au chant défoncent les tympans. Il vocifère, hurle. Très franchement, on dirait qu’il est en train de vomir et de proférer : ‘Raoul, le cri qui dessaoule’.

Si la formation donne l’impression de jouer n'importe quoi, n'importe comment, c’est évidemment un leurre. Parce qu’effectivement, ses structures musicales sont complexes et les riffs recherchés. En outre, la rythmique frénétique du préposé aux fûts détonne par rapport à son jeu de double pédale à la grosse caisse. C’est aiguisé comme une lame de rasoir et fin comme une tranche de jambon.

Un genre déjà exploré. Mais à contre-courant de ce que votre serviteur écoute le plus souvent. L’expression sonore oscille du rock à la pop, en passant par le post-rock, la dream-pop ou encore le shoegaze.

Bref, il se sent aussi seul qu’un cheveu sur la langue. Ne s’agit-il pas tout simplement de l’application ‘bête et méchante’ de la vieille méthode d’apprentissage de la vie, l’essai-erreur, caractérisé par des essais divers qui sont continués jusqu'au succès de la recherche ou jusqu'à ce que le testeur arrête sa recherche ?

L’estrade devient une arène où des joutes d’un autre siècle se jouent, chacun exécutant une danse étrange en effectuant des mouvements de tête allant du bas vers le haut. Si les cheveux n’y sont plus, les longues barbes font l’affaire. Le paon ne fait-il pas la roue pour attirer les femelles pendant la période de reproduction ? Qu’il danse en faisant bouger ses plumes de façon qu'elles reflètent la lumière, rendant ainsi ses couleurs d'autant plus visibles ? Ici, pareil, mais à défaut de queues (quoi que !), y a la barbouze.

Bref, Oddism propose ici un genre explosif, tonitruant, imprévisible et d’une puissance sidérale.

Préférant le ‘Garage’ à toute autre scène, votre serviteur reste planqué comme un piquet de béton ancré dans le sol pour y voir et écouter Billy Nomates.

Elle est née et a grandi dans l'agglomération de Leicester, et a milité au sein de nombreux groupes.

Un concert de Sleaford Mods auquel elle assiste en 2019 lui donne l'élan nécessaire pour se lancer dans une carrière solo.

Elle publie son premier elpee –un éponyme– en août 2020. Pour y parvenir, elle a reçu le concours de Geoff Barrow. Un Ep baptisé « Emergency Telephone » est publié en 2021. La même année elle chante sur un titre de l'elpee de Sleaford Mods, « Spare Ribs ». Enfin, en 2023 elle écrit et produit elle-même son deuxième long playing, « Cacti ».

Elle est loin d’attirer la foule. Restons positifs, regardons le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide !

Elle est blonde et arbore une crinière de lionne. Elle se présente seule sur les planches. Ses musicos sont-ils morts de soif ? Elle a juste opté pour cette configuration, son seul support reposant sur une bande-son. Quel dommage ! L’intérêt d’un concert est bien sûr musical, mais aussi et surtout visuel. Autant écouter des disques alors !

Même la principale intéressée n’est pas surprise de constater que ses fidèles se ne sont pas donné rendez-vous. C’est dire ! Les complotistes y verront un rapport de force, ‘No mates’ signifiant ‘qui n’a pas d’amis’. Ah, mais bien sûr !

La blondasse nous accorde donc une prestation en playback. Ou comment Billy Nomates devient l’antithèse d’un concert de rock ou de punk.

Pourtant, faisant d’une faiblesse une qualité, la jeune demoiselle prendra le contre-pied en proposant un set étrangement énergique. Au programme de ce soir : danse, sauts et autres numéros dignes d’une saltimbanque. A pieds nus ! Faut se préserver, arrivé à un certain âge, paraît-il !

La voix de Billy est sauvage. Elle invite au voyage à travers les contrées sauvages, alors même que les thématiques abordées relèvent plutôt de la franche dépression. Peut-être que ses cabrioles sans chaussures ni chaussettes permettent d’exorciser de vieux démons, à l’instar de « Saboteur forcefield », un morceau un peu mou du genou ou encore « Blue Bones » et son envie de bien faire.

Se servant de sonorités dance, rock et rap, elle est parvenue à faire la différence à l’aide du peu de moyens dont elle disposait. La recette ? Un charisme évident et une énergie folle !

Dernier retour vers la main stage pour ce soir. Kaaris y est programmé. Surprise… c’est un rappeur !

Décidément, vu le nombre de concerts de rap auquel votre serviteur a assisté, il va devenir champion de la fine lamelle d’Emmental.

Le gars fédère visiblement ; la plaine est blindée de people. Et casquette vissée sur la tête, pardi !

De son véritable nom Armand Gnakouri Okou, ce Français est également parolier et producteur. En 2013, il publie « Or noir », produit par Therapy Music. L'album connaît un tel succès que l'artiste le réédite. Il est considéré comme le rappeur qui a popularisé la trap en France. Sa tournée est directement inspirée de cet elpee. Il vient y fêter ses 10 ans.

Dans le milieu, il est préférable de baptiser un disque « Or noir » plutôt qu’« Or dure », y a moins de risque de se faire censurer.

Le gars est black de chez black ! Comme s’il sortait de la mine (NDLR : en 1935, Dour constituait l'un des centres miniers les plus importants, en Belgique, et le dernier charbonnage a fermé définitivement ses portes en 1961).

Et avant d’entamer son concert, on sent qu’il est chaud-boulette. Mais la comparaison s’arrête là, votre serviteur souhaitant éviter le même procès d’intention que le ‘Sauvage’, personnage emblématique de la ducasse d’Ath.

Le gars n’échappe pas à la règle. Ses textes sont incisifs et dénoncent tout un tas de vieux combats, passant de l’hymne anti-police, à la culture de la guerre (« Kalash Criminel »). Son phrasé, c’est une ligne dialectale usitée par tous les banlieusards.

Kaaris ne s’est probablement pas plongé, au cours de son enfance, dans la littérature raffinée respectueuse des règles orthographiques et grammaticales, usant et abusant dans d’une de ses compos (« Zoo ») de ‘strings et de chattes’. Peut-être, dispose-t-il de prédispositions vétérinaires ?

Sur un autre morceau il rend un bel hommage à Shannen Doherty, rendue populaire dans Beverly 90210, où il s’exclame ‘J'encule Brandon et Dylan’. Si ça, c’est pas sympa !?

Un artiste qui aime aussi de grands noms de la poésie française, comme Verlaine ou Baudelaire lorsqu’il chante « Ciroc » (‘J'crois qu'y'a assez d'place dans ton cul pour y mettre ma bouteille de Ciroc/Tu sors avec le string sur les beuj', on rentre avec un 100 meujs’).

L’artiste prodigue un rap trap, genre musical issu du hip-hop sudiste, qui a émergé au début des années 2000 dans le sud des États-Unis. Un style qui se caractérise par son contenu lyrique et un son particulier, lié notamment à l'utilisation importante du kick de la boîte à rythmes.

Votre serviteur, devenu soudain marginal autour de la bande animale, se met à utiliser les poncifs des milliers de personnes présentes, pouce et auriculaire relevé et balancement du bras droit, avec la palette vissée vers l’arrière svp. Manque plus que la chemise ouverte et la chaîne en or qui brille.

A cause de ses textes irrigués par la violence et les outrances, Kaaris a tout récemment fait l’objet d’une plainte pour homophobie : ‘Si ces pédés crament au napalm, j’veux la palme’. Des paroles qui relèvent de l’injure et d’incitations publiques à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle.

Une compo qui ne provoque ni haine, ni colère à Dour, car l’auditoire est, semble-t-il, habitué, depuis de nombreuses années, à ce type de discours. Le personnage est fantasque, plutôt drôle, et tombe dans une facilité et mièvrerie déconcertante. Comme dirait l’autre, ‘il est gentil !’, une manière détournée de qualifier un idiot de première catégorie.

En acceptant cet artiste en terre Sainte, le DF ne devient-il pas le complice d’un comportement et de paroles borderline ?

La nuit s’est installée, la lune éclaire distinctement la plaine du festival, encore pleine à craquer. Ne dit-on pas que les loups chassent la nuit ? Les Kassos se sont en effet donné rendez-vous pour faire la fête. La bière coule à flots. Votre serviteur file tout droit au VIP, afin de prendre un peu de recul.

Demain est un autre jour !

(Organisation : Dour festival)

 

 

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