Fondé à Deptford en 1974, Squeeze semble frappé par un ostracisme indécrottable. Depuis onze albums, nous nous évertuons à clamer haut et fort que cette formation est injustement sous-estimée. Bien sûr, les singles "Goodbye girl", "Up the junction" ou "Pulling the mussels from a shell" ont récolté un certain succès. Mais à ce jour, aucun elpee n'est parvenu à passer à travers un relatif anonymat. Ce qui est une profonde injustice! Car l'œuvre de Squeeze s'inscrit dans la tradition pop insulaire la plus pure.
Doué d'un réel talent d'observateur de la comédie humaine, à l'instar d'un Ray Davies des Kinks, Chris Difford forme avec Glenn Tilbrock un tandem digne des grands songwriters anglais contemporains que sont Elvis Costello ou Paul Weller, mais dans un style qui n'est pas sans rappeler le mythique duo Lennon/McCartney. Parce que lorsqu'on écoute une chanson de Squeeze, on ne peut s'empêcher de penser aux Beatles. Notamment au niveau des harmonies vocales, mais également du sens contagieux de la mélodie. Encore que pour ce "Riciculous", nous aurions plutôt tendance à penser à Tears For Fears. A cause, sans doute, du soin tout particulier apporté aux arrangements. La présence d'une section à cordes sur "I want you" et "Electric train" en est la plus belle illustration. Pourtant, la chanson qui nous a la plus bottée est également la moins sophistiquée. "Temptation for love". Un petit joyau sculpté dans les accords de corde essentiellement acoustiques... Au risque de paraître "Ridiculous", nous ne pouvons décemment que faire l'éloge de cette œuvre. En pure perte? Peut-être pas. Car à force de frapper sur le clou, il finira bien par s'enfoncer (NDR: qui a parlé de plier?). Et puis avec l'avènement d'une nouvelle vague de pop anglaise, emmenée par Pulp, Cast et Menswear, le vent risque peut-être, et enfin de tourner...