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Greenhouse Talent : les nouveaux concerts (update 8/04/2024)

Écrit par

Sa 18.05.2024 Scott Bradlee’s Postmodern Jukebox
La Madeleine, Bruxelles
SOLD OUT

Je 10.10.2024 Scott Bradlee’s Postmodern Jukebox
OM, Liège
Tickets en vente à partir du 12 avril à 10h00

JE 28.11.2024 Bilderbuch
La Madeleine, Bruxelles
Les billets sont en vente à partir du jeudi 11 avril à 10 heures

MA 04.03.2025 Marcus & Martinus
La Madeleine, Bruxelles
Les billets sont en vente

http://www.greenhousetalent.com

 

St. Vincent

Sortir de sa zone de confort…

Écrit par

Nouvel album pour Annie Clark alias St. Vincent, artiste américaine surdouée qui en à peine plus de quinze ans en a déjà sorti six, sans compter celui réalisé en partenariat avec David Byrne, l'un de ses héros. Jouant à saute-mouton entre rock alternatif, jazz et électronique, la touche-à-tout de génie qui multiplie les collaborations (Gorillaz, Bon Iver pour n'en citer que deux) a, pour enregistrer cet opus, reçu le concours de Dave Grohl et Cate Le Bon. Cependant, ce disque ne doit cependant rien à personne puisqu'elle l'a produit en personne. Et s’il s’intitule « All Born Screaming », elle ne s'égosille pas et y joue à merveille de ses cordes… notamment vocales…

Recomposant son personnage à chaque fois, St. Vincent parvient également à se réinventer musicalement, oscillant pour la circonstance d'une électro industrielle vénéneuse à la Nine Inch Nails (« Reckless ») a un reggae-ska vintage (« So Many Planets »), en passant par du Peter Gabriel période « So » (« Big Time Nothing ») et un « Sweetest Fruit » qui résonne comme un écho à sa collaboration avec l'ancien leader de Talking Heads.

Un album coloré, mais, au départ, pas forcément lumineux...

« Violent Times », « Hell Is Near » et « Big time Nothing » sont des chansons très pessimistes...

Si la première moitié de l'album évoque en effet une vie difficile, le disque poursuit en s'achevant sur un mantra extatique, à savoir que nous sommes tous nés en criant (NDR : « All Born Screaming », le dixième et dernier morceau) que la vie est courte, mais qu’il n’existe qu’une seule raison qui vaille : faire des choses par amour. Ce n'est pas un album pessimiste, mais plutôt un voyage vers la lumière.

« So Many Planets » adopte un profil plutôt reggae. Pourquoi avoir abordé ce genre musical ?

J'étais obsédée par les productions de Lee Scratch Perry et King Tubby ; par ailleurs, je suis devenue accroc aux Specials et à la deuxième vague de ska de la fin des 70’s, en Angleterre.

Pour cette compo, j’envisageais un ska de la deuxième vague, voire un faux dub (elle sourit) ?

« Sweetest fruit » évoque certains albums solos de David Byrne ?

C'est l'un de mes musiciens favoris et l'une des personnes que je préfère.  Mais je me référais plutôt à la pop nigériane ; et plus particulièrement à Roselia, un quintet féminin nippon qui mêle pop japonaise et style gothique ou au reggaeton ; mais David possède en effet un ADN musical similaire…

Ce genre de collaboration, initiée par le passé avec l'ancien leader des Talking Heads, est-il essentiel pour votre créativité ?

Toujours. Ce type de coopération m'oblige à sortir de ma zone de confort. Il s'agit de projets que vous n'initieriez pas seul. Son avantage, c’est qu’il provoque une étincelle entre deux ou plusieurs personnes afin de donner naissance à une création originale. Tout ce qui me met au défi en tant que musicienne ou m'attire, me permet d'apprendre.

« Reckless » évoque Trent Reznor et Nine Inch Nails...

 J'adore Nine Inch Nails ainsi que Trent et j'apprécie le travail de production de Flood sur les albums de NIN. 

« Broken Man » bénéficie de la participation de Dave Grohl des Foo Fighters. Te plairait-il de rejoindre Them Crooked Vultures que Josh Homme du Queens of The Stone Age et Dave Grohl avaient formé avec John Paul Jones de Led Zeppelin ?

J'aime ces deux mecs. Et j'ai la chance de pouvoir affirmer que Josh et Dave sont mes amis. Par ailleurs, je suis fan de leur musique. S’ils cherchent à fonder un nouveau supergroupe, ils peuvent m'appeler (rires) !

Vous étiez également une grande fan de Soundgarden. Pourriez-vous, un jour, reprendre un de ses titres ou mieux encore enregistrer en compagnie des membres survivants de la formation, après le décès du chanteur Chris Cornell ?

Lorsque j'ai invité on amie Cater le Bon, qui a participé aux sessions de l’album, à écouter « Broken Man », pour la première fois - morceau sur lequel figure ce cri, à la fin - Cate m'a simplement regardée et a clamé à son tour : ‘Jésus-Christ !’. Et nous avons éclaté de rire... En effet, ce cri final adresse sans doute un petit clin d'œil à Chris Cornell… (elle rit)

Ce titre se réfère-t-il ton père et son séjour en prison, purgé il y a quelques années ?

Non, il nous arrive tous d'être brisés dans la vie. Il ne concerne que ma propre expérience.

Mais sur « Daddy's Home », paru sur votre elpee précédent, vous faisiez allusion à l’épisode d’incarcération de votre paternel, en 2010. Aurait-il eu un impact sur votre carrière musicale ?

Ma musique reflète mon parcours de vie et ce qui s'y passe à certains moments. Sur « Daddy's home », je jouais avec mon personnage et à l’aide de la musique que j'aime ; celle du début des années 1970, à New York : Stevie Wonder, Steely Dan... Celle que mon père m'a fait écouter. En quelque sorte, j’ai voulu approfondir cette partie de mon éducation musicale en réincarnant mon père tout en me consolant grâce à cette exploration de cette musique.

Était-il libérateur de produire ce nouvel opus, vous-même ?

C'est à la fois libérateur et en même temps se révèle plus compliqué que l’on imagine. Vous passez sans cesse du statut d'interprète à celui de producteur, tout en conservant une vue d'ensemble. Un peu comme un cameraman qui passerait son temps à zoomer dézoomer ; mais c'était nécessaire parce qu'il y a certains endroits où musicalement je ne me serais pas risquée si je n'y étais pas allée seule.

Quels sont vos modèles de vocalistes ?

J’en apprécie tellement que je ne suis pas certaine d'être inspirée par l'une ou l'autre en particulier ; j'ai juste appris à utiliser ma propre voix et à expérimenter ce dont elle est capable. Mais j'adore Élisabeth Fraser, Ella Fitzgerald, Tori Amos, David Bowie, David Byrne... et la liste des interprètes est encore longue…

Mais je ne me suis jamais vraiment considérée comme une chanteuse. J'ai appris à utiliser ma voix à la manière d'un autre instrument, comme une guitare par exemple. Mais évidemment, la voix est bien plus intime parce qu'elle vous appartient ; il s'agit de votre musculature, de votre ADN, de votre physique. Elle sort de votre être grâce à des muscles qui ressemblent à une... chatte, un sexe féminin (rires). Sans blague !

Je m'en suis rendu compte en allant consulter un phoniatre, afin de contrôler mes cordes vocales. Elles sont en bon état. Lorsque le médecin m'a montré le cliché, je me suis exclamé : ‘Oh, mon Dieu, c'est un cliché pornographique (rires) !’

St. Vincent « All Born Screaming » (Virgin) – date de parution 26 avril 2024

En concert à De Roma (Anvers) le 4 juin 2024

 

 

Little Albert

La bifurcation de Little Albert

Écrit par

Little Albert, le projet solo blues/rock du guitariste de Messa, Alberto Piccolo, a partagé la vidéo officielle de « See My Love Coming Home », un titre extrait de son deuxième album, « The Road Not Taken », paru ce 23 mars.

Considéré comme l'un des meilleurs guitaristes de la scène rock moderne par la critique internationale, Alberto Piccolo, aka Little Albert, est connu pour son travail au sein du groupe italien de doom metal Messa, et reconnu par la critique musicale et le public comme un élément intéressant, sur la scène heavy mondiale. Il s'est produit sur des scènes majeures en Europe, au Royaume-Uni et en Amérique du Nord.

Enregistré au studio Outside Inside de Matteo Bordin (Mojomatics, Omega Squad), « The Road Not Taken » traite du concept de choix et se divise en une série de réflexions sur l'amour qui a mal tourné, les regrets et la santé mentale. L'histoire de cet opus se déroule dans le désert de l'Arizona, avec pour bande-son le blues rock des années 70 de Little Albert, inspirant et profondément émouvant. Soutenu par Alex Fernet à la basse et Diego Dal Bon à la batterie, ce nouvel elpee recèle également une reprise spéciale du célèbre classique du bluesman louisianais Little Walter, « Blue And Lonesome ». Enregistré sur bande analogique, « The Road Not Taken » dégage à la fois une authenticité vintage et une attitude résolument moderne.

La vidéo de « See My Love Coming Home » est disponible

 

 

John Cale

L’illusion ‘POPticale’ de John Cale…

John Cale vient d’annoncer la sortie de son nouvel opus, "POPtical Illusion", qui paraîtra ce 14 juin 2024, et partage son premier single/vidéo, "How We See The Light" (à voir et écouter ici)

Malgré son titre enjoué, le second elpee de John Cale en un peu plus d'un an contient les mêmes sentiments de rage féroce et inquisitrice qui étaient présents dans "Mercy", l'album de 2023. Il reste en colère, toujours courroucé par la destruction volontaire que des capitalistes incontrôlés et des escrocs impénitents ont commise et font subir aux merveilles de ce monde et à la bonté de ses habitants. Sur "POPtical Illusion", il s'enfonce, la plupart du temps seul, dans des labyrinthes de synthétiseurs et d'échantillons, d'orgues et de pianos, avec des paroles qui, pour Cale, constituent une sorte d'espoir tourbillonnant, une sage insistance sur le fait que le changement est encore possible. "POPtical Illusion" est l'œuvre de quelqu'un qui essaie de se tourner vers l'avenir - exactement comme Cale l'a toujours fait.

Le premier single, "How We See The Light", se distingue par ses pianos pulsés qui se déplacent en phase et en déphasage avec une batterie inébranlable.

Cale a souvent affirmé que quelque chose avait changé dans son esprit pendant la pandémie, réalisant qu'à l'approche de ses 80 ans, il vivait et travaillait dans une situation que beaucoup de ses contemporains ne connaissaient pas. Il a écrit plus de 80 chansons en l'espace d'un peu plus d'un an, sondant collectivement l'étendue de l'expérience humaine. L’humour s'est transformé en frustration, les regrets ont cédé la place au pardon, la tristesse s'est mêlée au surréalisme. De plus, Cale ne s'est jamais cantonné à la vieille garde, à rester sur la touche et à se plaindre de la modernité et de la façon dont les choses étaient faites auparavant. Ce long playing synthétise ses émotions en une douzaine de terrains de jeu électroniques, la voix magistrale de Cale les parcourant de jeux de mots et d'idées, de griefs et de boutades.

 

John Cale a toujours été un musicien de son temps, contribuant à des changements titanesques dans le domaine du son et de la culture. Sa curiosité quant à la façon dont l'électronique pourrait être plus qu'un gadget dans la musique rock a servi d'inspiration à un nombre incalculable de scènes cruciales. Cale regarde l'agitation orchestrée de l'histoire récente, fronce les sourcils de dégoût, puis tourne les talons vers l'avenir.

 

And Also The Trees

Nous avions envisagé de reprendre “Hiroshima Mon Amour” d’Ultravox…

Vous l’avez constaté si vous suivez Musiczine : le groupe anglais And Also The Trees est un des ‘chouchous’ de la rédaction. Et pour cause, cette formation originaire d’Inkberrow, un petit village sis dans le Worcestershire, pratique, depuis 1979, une musique inclassable, enracinée dans le post-punk et rehaussée par un parfum néo-classique voire néo-folk. En outre, elle baigne dans une atmosphère tellurique, romantique, quasi mystique. La voix principale du groupe, Simon Huw Jones, est une personnalité attachante, authentique et d'une remarquable sincérité. Musiczine a eu la chance de pouvoir le rencontrer, dans le cadre du concert exceptionnel accordé par les ‘Trees’ dans l'église ‘La Nef’, à Namur (photos Christophe Dehousse ici). 

Bienvenue à Namur, Simon.

Bonjour, Phil. C'est bon d'être de retour ici.

Comme la dernière fois, je vais te soumettre quelques citations, et dans ta réponse, tu me diras si tu les reconnais et ce qu'elles évoquent pour toi.

Citation n° 1

‘Woods like towns with their sweet deceptive shade
Thorn locked and poison laced
To the outmost and human-less place
Lying foetal unwatched in uprooted earth
A distant ox baying, Still as a boulder cursed…’

‘Les bois ressemblent aux villes avec leur douce ombre trompeuse
Épine verrouillée et poison lacé
Vers l'endroit le plus éloigné et dépeuplé
Fœtus allongé dans une terre déracinée
Un bœuf lointain aboyant, immobile comme un rocher maudit…’

Oui ! C'est un extrait d'une des chansons de notre dernier album, “Mother-of-Pearl Moon”. Elle s'intitule “This Path Through The Meadows”.

La dernière fois que je t'ai interviewé –c’était l'an passé à Bruxelles– vous prépariez l’elpee, mais vous ne saviez toujours pas si vous l’attribueriez à votre projet acoustique, Brothers of the Trees ou à And Also The Trees.

Exact ! Au départ, il était destiné à Brothers of the Trees, à cause de son style plus acoustique. On l'avait même envoyé au mastering. Mais quand on a reçu le ‘master’, mon frère Justin et moi, nous nous sommes posé la question : est-ce un Brothers of the Trees ou un And Also The Trees (AATT) ? Serait-il trompeur pour notre public de sortir cet album sous le nom d'And Also The Trees vu qu'il est peut-être trop différent ? Serait-il déçu ?

A ce moment-là, les chansons étaient sans doute composées sous une forme acoustique, plus dépouillée ?

Non, elles étaient exactement comme elles sont aujourd'hui. L'album avait été enregistré, mixé et masterisé, et était prêt à être gravé. Mais, après l'avoir écouté, j'ai conclu que c'était à 100% du AATT, et Justin m'a confié qu'il était du même avis. Et maintenant, nous constatons que la plupart de celles et ceux qui suivent AATT sont très heureux d'entendre quelque chose d'un peu plus expérimental, de différent. Et la réaction de la presse a également été étonnante.

Comment décrirais-tu ces différences ?

Les chansons ne sont pas tellement différentes mais les arrangements sont plus dépouillés. Il y a pas mal de ‘parlando’ (‘spoken word’) et la batterie est moins présente. En conséquence, on peut davantage se concentrer sur le son des instruments individuels. Je n'ai rien contre les drums, mais j’aime pouvoir identifier clairement la clarinette, par exemple. Distinguer chaque son se déployer. C'est ce que j'ai vraiment aimé dans cet album, et je pense que les auditeurs, en général, ont également apprécié cette nouvelle approche.

A propos de “This Path Through The Meadow”, il existe deux parties dans la compo. La deuxième se distingue par un changement de ton, qui fait l'effet d'une belle surprise. La modulation est un peu progressive, un peu expérimentale, et d'une inspiration très classique. Elle me fait penser à Vaughan Williams et au morceau “Fantasia on a theme by Thomas Tallis”, dont tu avais parlé dans une interview.

Oui, je vois ce que tu veux dire.

Le début de “Fantasia” est étonnant. Les sept premières minutes sont à couper le souffle. J'ai été très ému la première fois que j'ai entendu cette composition : c'était une interprétation réalisée par l'orchestre de Toronto. Tu vois ce que je veux dire ? Il y a une amplitude, une puissance, un souffle, que l'on retrouve dans votre morceau.

Je me souviens de la première fois que j'ai écouté “Fantasia”. La copropriétaire de Reflex Records me l'a fait découvrir quand j'avais 23 ou 24 ans. J'avais entendu beaucoup de musique classique, mais sans y prêter un intérêt particulier. Et puis, j'ai tendu l’oreille à “Fantasia” et il ne sonnait pas du tout comme de la musique classique. Il y avait une véritable modernité. A chaque moment, je me demandais : est-ce que la voix de quelqu'un va entrer ici ? Scott Walker va-t-il commencer à chanter ?

Oui ! J'ai pensé la même chose (rires) !

Ensuite, elle m'a expliqué que c'était une composition d'un musicien anglais, Vaughan Williams. Cette information a complètement changé mon opinion sur la musique classique. Et j'ai voulu en découvrir davantage.

Ce morceau me fait penser à “This Path Through The Meadow”...

Je vois ce que tu veux dire. En général, on nous raconte que notre musique ressemble plus à celle d’Ennio Morricone.

Oui, bien sûr, c'est aussi vrai !

Vers la fin de cette section, il y a un son d'autoharpe ou de dulcimer, qui ressemble à une voix de femme. L'effet produit est assez 'morricone-esque'. Mais en effet, je vois ce que tu veux dire.

Il sonne comme la bande originale d'un film.

Citation n° 2 :

‘Even when lovers twist their naked bodies, skin against skin, seeking the position that will give one the most pleasure in the other, even when murderers plunge the knife into the black veins of the neck and more dotted blood pours out the more they press the blade that slips between the tendons, it is not so much their copulating or murdering that matters as the copulating or murdering of the images, limpid and cold in the mirror.’

“Même lorsque les amants tordent leurs corps nus, peau contre peau, cherchant la position qui procurera le plus de plaisir à l'autre, même lorsque les meurtriers plongent le couteau dans les veines noires du cou et que le sang impur coule à mesure qu'ils appuient la lame qui se glisse entre les tendons, ce n’est pas tant leur copulation ou leur meurtre qui importe que les images de la copulation ou du meurtre, limpides et froides dans le miroir.”

Qui est-ce ? Le Marquis de Sade (rires) ?

Non. Pense à votre dernier album. À ton avis, que représente ce miroir ?

Oh, ne serait-ce pas un texte d'Italo Calvino ?

Oui, c'est extrait du bouquin ‘Invisible Cities'...

C'est le livre dont je me suis inspiré pour écrire “Valdrada”. Mais je ne connais pas bien 'Invisible Cities'. En fait, j'avais déjà écrit un texte de chanson à propos d'une ville imaginaire, sans nom. Ensuite, j'ai lu des extraits du livre de Calvino et j’ai estimé que “Valdrada” était un nom parfait pour ma ville imaginaire. J'ai relié les deux sources au sein de ma chanson.

Pour la 3ème citation, voici un cadeau : c'est un livre. Et il y a un signet, qui désigne une partie précise du texte.

Oh merci ! C'est ‘The Marriage of Heaven and Hell’, de William Blake ! Merveilleux ! Alors, la citation...

Citation n° 3 :

‘If the doors of perception were cleansed, every thing would appear to man as it is : infinite...’

‘Si les portes de la perception étaient nettoyées, toute chose apparaîtrait à l’homme telle qu’elle est : infinie…’

Vois-tu le lien ?

Oui, bien sûr. Le lien, c'est Aldous Huxley, qui a intitulé son livre ‘The Doors of Perception’ en référence à Blake, et puis, bien sûr, les Doors, qui ont baptisé leur groupe en référence à tout cela.

Et après les Doors, des tas de groupes et artistes ont été influencés par les Doors et toutes ces thématiques...

Merci beaucoup pour le livre !

De rien ! Le livre original de Blake était constitué de plaques en cuivre, sur lesquelles il avait combiné ses poèmes et des gravures. Il n'aimait pas l'industrie du livre, qui était déjà présente à cette époque. Il voulait que chaque exemplaire soit unique. Il était incroyable, William Blake. Un vrai rebelle.

Oui, un vrai rebelle.

Citation n° 4 :

‘He that isn’t growing up is growing down.’ Such a man might end his life not as a ripened human being, but as an aged foetus. Adult in worldly wisdom and professional skills ; embryonic in spirit and even in character.’

‘Celui qui ne grandit pas régresse.’ Un tel homme pourrait finir sa vie non pas comme un être humain mûr, mais comme un fœtus usé. Adulte doté de la sagesse du monde et de compétences professionnelles mais embryonnaire dans l’esprit et même dans le caractère’.

Je ne vois pas...

C'est une citation assez difficile à identifier. Je peux te dévoiler que tu as parcouru ce bouquin, il y a longtemps... Il se pourrait même que ce soit le premier que tu aies véritablement lu...

Oh ! C'est ‘Time Must Have a Stop’ de A. Huxley ?

Exact !

D'accord. Justin aurait probablement deviné car il le relit tous les cinq ans...

Citation n° 5 :

‘The other song was a simple piece where Justin, Steven and Nick played in waltz time. I sang the words of an old, anonymous rhyme our grandmother used to narrate to us as children through a haze of cigarette smoke, called ‘There was a man of double deed’. And it was whilst recording this that Justin spontaneously played an accompanying guitar part in the style of a mandolin. It came quite naturally to him and we thought it added a nice touch.’

‘L’autre chanson était un morceau simple où Justin, Steven et Nick jouaient au rythme d’une valse. J’ai chanté les paroles d’une vieille comptine anonyme que notre grand-mère nous racontait quand nous étions enfants à travers une brume de fumée de cigarette, intitulée ‘There was a man of double deed’. Et c'est pendant l'enregistrement que Justin a spontanément joué un accompagnement à la guitare qui sonnait comme une mandoline. Ça lui est venu tout naturellement et nous avons pensé que cela rehaussait le morceau.’

Facile ! C'est moi qui ai écrit ce texte ! Il est extrait de la biographie du groupe, que je rédige en ce moment, et dont je publie des extraits sur notre site web.  

Et ma question est : vas-tu publier cette biographie sous la forme d'un livre ?

Je pense que oui. Ce projet a déjà suscité un certain intérêt de la part des éditeurs, mais je dois d'abord l’écrire. Je ne sais pas encore si j'arrêterai l'historique à la fin des années 80. Ce sont probablement les premières années du groupe qui sont les plus intéressantes.

Ce qui est incroyable, c'est le niveau de détail dans les souvenirs que tu as de l'époque !

Je tenais un journal. Et je peux aussi compter sur Justin et Steven Burrows, notre premier bassiste ; ils ont tous deux une bien meilleure mémoire que moi !

Citation n° 6 :

‘The next instant, I saw her rain-stained tombstonerear an illegible epitaph
under the gnarled branch of a small tree in the wild grass of an unvisited garden in Mexico.’

‘L'instant suivant, je vis sa pierre tombale tachée de pluie à côté d'une épitaphe illisible sous la branche noueuse d'un petit arbre dans l'herbe sauvage d'un jardin non-visité à Mexico.’

C'est le poème ‘A Dream Record’ d'Allen Ginsberg ! Il l’a écrit à la suite d’un rêve qu'il avait fait à propos de Joan, la femme de William Burroughs. C'est un poème que je récite sur l'album de Catherine Ginsb... euh Gainsbourg...

Qu'est-ce que tu as dit ? ‘Gainsbourg’ ?

Je voulais dire ‘Graindorge’, évidemment (rires) !

Catherine va aimer ça (rires).

C'est pour l'album de Catherine Graindorge, “Songs For The Dead”. Je participe à 2 ou 3 chansons, comme chanteur et auteur.

Si je ne me trompe, il s’agit de “Eurydice”, “Orpheus's Head” et “Time Is Broken”.

J'aime beaucoup les albums de Catherine. C’était un bonheur de travailler en sa compagnie. Je n'ai pas encore eu l'occasion de réécouter le ‘produit fini’ mais, en studio, il sonnait vraiment bien. L'enregistrement était vraiment très amusant. Il s’est déroulé à Gand.

Oui ! Au studio La Patrie, de Koen Gisen, le compagnon d'An Pierlé !

Ah tu les connais ?

Oui ! Je suis allé chez eux pour réaliser une interview, il y a quelques années.

J'ai rencontré An là-bas pour la première fois. C'est une artiste incroyable. Elle m'a filé des CD de sa discographie et je lui ai envoyé des albums des Trees.

Tu dois absolument écouter son elpee “Arches”.

Elle m'en a filé cinq, mais je ne connais pas les titres par cœur. Il faut encore que j'écoute. Mais j’aime beaucoup “White Velvet”. J'ai eu un véritable coup de cœur. J'aime la musique pop quand elle est de cette qualité.

Oui ! Ce disque est merveilleux également. Mais tu vas avoir une surprise en écoutant “Arches”. Personnellement, c'est son meilleur album. Tu comprendras pourquoi en l’écoutant. Je n'en dirai pas plus...

Citation n° 7 :

‘Meet beneath the autumn lake
Where only echoes penetrate
Walk through Polaroids of the past
Futures fused like shattered glass, the sun’s so low
Turns our silhouettes to gold...’

Se voir près du lac automnal
Où seuls les échos se font entendre
Marcher dans les polaroïds du passé
Futures fusionnées comme du verre brisé, le soleil si bas
Transforme nos silhouettes en or...’

C'est Ultravox !

Juste ! Et quel morceau ?

“Hiroshima Mon Amour”.

Bravo ! Sais-tu que le titre est tiré d'un roman français ?

Ah non... lequel ?

‘Hiroshima Mon Amour’ de Marguerite Duras.

C'est étrange car cette chanson d'Ultravox, nous avions envisagé de la reprendre, à l'époque...

Quelle belle coïncidence ! J'ai tapé dans le mille (rires) ! C'est étrange car elle est à 90% électronique. Comment comptiez-vous l'adapter à votre style, qui est plutôt acoustique ?

On a tenté quelques essais et puis, à un certain moment, j’ai jugé qu'il fallait que ce soit un hommage réussi, qui rende justice à cette magnifique composition. Finalement, on a laissé tomber. Mais j'adore vraiment ce morceau !

Sais-tu que j'ai interviewé John Foxx ? L'as-tu déjà rencontré ?

Non.

Oh, c'est un homme incroyable. Un véritable gentleman ! On a envie de l'appeler ‘Sir’... (rires)

Pendant l'interview, je lui ai soumis une de mes théories. J'estime en effet que “Hiroshima...” est la première chanson new-wave orientée synthés de l'histoire.

Oh !

Bien sûr, auparavant, on ne peut oublier Kraftwerk, mais ce sont des pionniers. Au début de la new-wave, en Angleterre, Gary Numan a composé “Are Friends Electric ?”, et il a avoué qu'il s'était largement inspiré d'Ultravox.

Ultravox était aussi un groupe punk.

Au début, oui.

Justin et moi, nous écoutions en boucle les deux premiers albums d'Ultravox. Et puis, bien sûr, Ultravox est devenu le groupe de Midge Ure.

Oui, mais avant Midge Ure, un 3ème long playing est paru en 1978, “Systems of Romance”.

Ah, celui-là, je ne le connais pas.

C'est un album très important. Ils y ont développé le côté hybride ‘synthé’ évoqué dans “Hiroshima Mon Amour”, ils se sont éloignés du post-punk pour créer ce style de new-wave synthétique et un an plus tard, Gary Numan a sorti “Are Friends...” et est devenu numéro 1.

Dans ce contexte, on devrait probablement aussi mentionner les Young Marble Giants.

Effectivement. Ne sont-ils pas apparus un peu plus tard ?

Oui, c'est possible.

Simon, merci beaucoup pour cette interview !

Merci à toi : c'est toujours très 'fun' !

Pour écouter et acheter le dernier album d'And Also The Trees, “Mother-of-Pearl Moon”, c'est .

Pour en savoir davantage sur AATT cliquez sur le nom du groupe dans le cadre ‘Informations complémentaires’.

(Photo : Christophe Dehousse)

 

 

Crumb

Un Crumb maternel ?

Le nouvel elpee de Crumb, « AMAMA », paraîtra ce 14 juin 2024. Il s’agira de son album le plus insouciant et le plus ouvert à ce jour, un disque au cours duquel il explore un paysage sonore hypnotique rempli d'expérimentations ludiques et disparates dans l’esprit de « Ice Melt » (2021) et « Jinx (2019) ». Pour Crumb, « AMANA » signifie simplement un opus à son plus haut niveau d'animation.

Porté par l'écriture de Ramani, tour à tour poétiquement abstraite et directement confessionnelle, « AMAMA » recueille les rencontres étranges des années de tournée de la formation psych-pop new-yorkaise - à savoir la chanteuse et multi-instrumentiste Lila Ramani, le claviériste et saxophoniste Bri Aronow, le bassiste Jesse Brotter et le batteur Jonathan Gilad- retraçant par la même occasion le parcours vertigineux d'un groupe en mouvement depuis près d'une décennie. Dans « Alone in Brussels », Ramani exprime son isolement forcé dans une ville lointaine. Sur « The Bug », nous nous arrêtons dans un motel miteux, où la morsure d'une bestiole laisse une sensation tenace : ‘It's always on my mind / it's just always on my mind’, répète Ramani sur un groove rampant, alors qu'elle erre au sein de cet endroit, la nuit. Tout au long de « Side by Side », peut-être le morceau le plus franc d'« AMAMA », des percussions frénétiques et un synthé désorientant enveloppent Ramani, alors qu'elle réfléchit aux sacrifices personnels qu'elle a éprouvés en chemin.

Même s'il sonde les arrêts transitoires et les rencontres difficiles, « AMAMA » présente certaines des explorations les plus vulnérables et les plus tendres de Crumb, à la recherche d'une connexion organique. ‘La maison est ce que je veux et ce dont j'ai besoin’, chante Ramani sur le morceau d'ouverture clairvoyant, « From Outside a Window Sill », qui reprend un enregistrement radio de la police concernant un troupeau d'oies traversant un pont à Gowanus, Brooklyn, où Ramani a grandi. Le titre « AMAMA » rend un hommage optimiste et plein d'espoir à la grand-mère de Ramani, son homonyme, qui chante en malayalam dans le premier extrait.

Un long playing dont la musique navigue au carrefour du psychédélisme, de la pop, du jazz et du rock, et fait de Crumb un groupe unique en son genre.

Le clip consacré au titre maître est disponible

 

 

Lescop

Des arrangements musicaux précis et une mise en scène visuelle efficace…

‘Ça fait longtemps !’, confie d'emblée Lescop au public venu assister à sa prestation, ce soir, au Botanique. En effet, son dernier concert au centre culturel remonte à 2013 ! C’est même à cette date qu’il avait accordé une interview à Musiczine (à lire ou à relire ici).

Pour être précis, le chanteur français visite la capitale de l'Europe pour la 5ème fois. D'abord, en 2012, en première partie de Daniel Darc, dans le cadre des Nuits Botanique et, rebelote quelques mois plus tard, au sein de la Rotonde. Dès 2013, à nouveau, lors des Nuits et enfin, en 2017, au cours du regretté BSF (Brussels Summer Festival).

Ce soir, il revient après un long hiatus, qu'il a mis à profit pour changer d'air après avoir subi les aléas d'un succès un peu trop rapide. Selon ses déclarations, il a apprécié son rôle d’acteur (sa première passion), écrire des scénarios et former un projet 'rock/glam', baptisé Serpent. Cette période lui a aussi permis de changer de maison de disque. Adieu, le label ‘Pop Noire’ de ses amis Johnny Hostile et Jenny Beth et bonjour Labréa Music / Wagram Music / Turenne Music.

Pour rappel, Lescop est le pseudo de Matthieu Peudupin. Lescop, c’est le nom de famille de son arrière-grand-mère bretonne. Ex-chanteur du groupe punk rochelais Asyl, il a développé, en solo, un style de ‘pop française' fortement inspiré des années '80. Une ‘pop noire’ qui a fait mouche dès son premier hit, le lumineux "La Forêt", et son album éponyme, dont la musique célébrait un mariage parfait entre Daho, Taxi Girl et Indochine, tout en empruntant des accents à The Cure, Joy Division et The Velvet Underground.

Ce soir, le retour s’opère dans l'intimité de la salle du Museum, au Botanique. L'artiste vient y présenter son tout nouvel elpee, “Rêve Parti”, réalisé en coopération avec le musicien-producteur Thibault Frisoni (comparse de Bertrand Belin).

Après une courte introduction, le très beau "Elle" ouvre efficacement le concert. Lescop investit les lieux avec classe et discrétion. Pendant "Exotica", un des 3 hits potentiels de sa dernière production, en l’observant, on constate qu’il a mûri : exit, le polo Fred Perry, le jean et les Converse ; il porte un costume foncé et une chemise brune. Derrière son pied de micro, concentré et les yeux fermés, il affiche un air sérieux, presque grave. Quand il bouge, il s'autorise juste quelques élégants déhanchements, légèrement androgynes.

A ses côtés, un tout nouveau 'band', composé d'un batteur, d'un claviériste/guitariste et d'une bassiste qui prend en charge les voix d'appoint mais aussi celles des chanteuses présentes sur le nouvel album : Halo Maud, dans “Femme Papillon” et Izia dans “La Plupart du Temps”. Tout au long de “La Nuit Américaine” et du puissant “Tokyo, La Nuit”, on remarque la précision des arrangements musicaux et l'efficacité de la mise en scène visuelle.

Pendant “Le Vent”, on sent planer une atmosphère Joy Division-esque : le côté hypnotique et solennel évoque le titre “Atmosphere”, des légendaires Mancuniens. Le premier grand frisson de la soirée intervient pourtant un peu plus tard, à la faveur de nouveau hit de Lescop, “Les Garçons”. Le clin d'œil à “Cherchez Le Garçon”, de Taxi Girl, saute aux oreilles et il est impossible de ne pas danser, à tout le moins de se déhancher sur cette composition finement ciselée.

Comme prévu, le final du concert sera consacré aux ‘vieilleries botoxées’, comme l'annonce avec humour Lescop. Tout d'abord, le puissant “Marlène” et ensuite, en apothéose, “La Forêt”. Dès les premières notes, l'ambiance monte de plusieurs crans et, à ce moment, comme d’habitude, Lescop descend du podium pour se mêler au public. A quelques mètres seulement de l'artiste, on se met à danser en remuant la tête, comme ensorcelés par la mélodie envoûtante.

Après des applaudissements nourris, Lescop revient pour le rappel. Visiblement ému, il évoque le courage qu'il faut avoir pour partir, quand les choses ne vont plus bien, comme l'a fait Marlène Dietrich, en quittant Berlin. ‘Dans les couples, c'est la même chose’, ajoute-t-il, ‘il faut pouvoir, à un moment, dire adieu à son 'Rêve Parti'’. Et d'enchaîner sur la chanson titulaire de son dernier opus, suivie d'un tout dernier titre, “Un Rêve”.

Un concert absolument parfait, même si votre serviteur n'a pas eu la chance, cette fois, de prolonger la soirée auprès de l'artiste, comme en 2012. En compagnie de mon amie Valéria, nous nous étions retrouvés à faire la fête avec l'artiste dans ‘Bruxelles, La Nuit’, car, il faut le savoir, Mathieu aime Les-c(h)oppes.... Hum...

Setlist

Elle
Exotica
La femme papillon
David Palmer
Radio
La nuit américaine
Tokyo, la nuit
La plupart du temps
Grenadine
Le vent
Les garçons
Le jeu
Tu peux voir
Marlène
La forêt

Encore

Rêve parti
Un rêve

Organisation : Botanique

Mr. Big

Tout y était : la puissance, l’intensité, l’attitude, l’énergie et la virtuosité…

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L’Ancienne Belgique est configurée en mode Ballroom pour accueillir le supergroupe californien de hard rock, Mr. Big. Sous cette configuration, les places assises et les balcons sont condamnés par une tenture (NDR : de couleur rouge), et la capacité de la salle est réduite à1350 personnes. La formation américaine opère sa tournée d’adieu baptisée ‘Big Finish Tour’.

Il y a plus de trente ans, le band livrait son album emblématique, « Lean Into It », un œuvre qui recelait son méga-hit atypique, « To Be With You », au milieu d'une collection de classiques du hard rock qui constituent la base de son excellente réputation en concert.

Le décès du drummer Pat Torpey, en février 2018, a plongé le groupe dans une période de deuil, une sorte de léthargie hivernale, dont ils se sont réveillés pour accorder un dernier périple. Remplacer Torpey s'est avéré être un défi, car il jouait non seulement de la batterie, mais se chargeait aussi des chœurs. Le band a déniché un replaçant ; en l’occurrence Nick D'Virgilio, ancien batteur de Big Big Train, Tears for Fears et Spock's Beard.

Outre le nouveau préposé aux fûts, le line up implique le guitariste Paul Gilbert (ex-Racer X), le bassiste Billy Sheehan (ex-David Lee Roth, ex-Tony McAlpine) et le chanteur Eric Martin (ex-Eric Martin Band).

Le supporting act est assuré par le guitar hero, Jared James Nichols. Originaire du Wisconsin, ce maestro du blues/rock à la voix très soul est un virtuose de la 6 cordes électrique. Ce géant (NDR : il doit, au moins, mesurer 2 mètres) est soutenu par un bassiste et un batteur qui se sert du kit de la tête d’affiche.

Dès qu’il grimpe sur les planches, Nichols salue le public, puis entame « Easy Come, Easy Go », un morceau particulièrement entraînant qui fait hurler la foule.

Il embraie par, « Down the Drain », une compo plus mélodique, rappelant Soundgarden, mais en plus bluesy. « Hard Wired » s’enfonce dans le grunge, se réservant, cependant, des parties davantage harmonieuses. Non seulement Jared est époustouflant sur sa gratte, mais il se montre très interactif auprès du public. Et il achève sa prestation par « Mississippi Queen », une cover de Mountain… (photos Romain Ballez ici)

Setlist : « Easy Come, Easy Go », « Down the Drain », « Hard Wired », « Threw Me to the Wolves », « Skin 'n Bone », « Good Time Girl », « Mississippi Queen » (Mountain cover)

Pendant que la reprise du « Blitzkrieg Bop » des Ramones s’échappe des haut-parleurs, les membres du quatuor s’installent. Le drummer, Nick D'Virgilio, prend place en retrait, sur une haute estrade. Au-dessus de lui un énorme écran a été accroché, sur lequel le patronyme du groupe est frappé en lettres jaunes et rouges.

« Addicted To That Rush » ouvre les hostilités. C’est un extrait de l’elpee éponyme, paru en 1989. Dur, impitoyablement groovy et serré comme la courroie d'entraînement d'une toute nouvelle moto japonaise, il libère une énergie rock pure. « Take Cover » (« Hey Man » - 1996) semble retrouver une seconde jeunesse. Eric Martin évoque le regretté Pat Torpey et demande à Nick D'Virgilio de jouer à la manière du regretté Pat. Message reçu 5 sur 5 ! D'Virgilio s'avère être un digne remplaçant tant dans la puissance que la sauvagerie de sa frappe des fûts.

Après « Price You Gotta Pay » (« Bump Ahead » - 1993), la formation s’attaque au long playing « Lean Into It », qu’il va dispenser dans son intégralité. Tout au long de « Daddy, Brother, Lover, Little Boy (The Electric Drill Song), » Sheehan passe une perceuse sur ses cordes pour les faire vibrer. Ce qui explique d’ailleurs le sous-titre, entre parenthèses, ajouté dans le libellé du morceau. Outre le super riff et une rythmique solide posée sur un tempo enlevé, le duo guitare/basse est impressionnant. Et techniquement les musiciens sont irréprochables. Leurs solos relèvent de la virtuosité. Pendant « Alive And Kickin' » (NDR : non, ce n’est pas une reprise de Simple Minds ; celle du groupe écossais s’intitule « Alive and kicking »), ça rocke, ça swingue et ça groove. Sans oublier les mélodies envoûtantes et les chœurs raffinés.

Sheehan empoigne ensuite une double- basse qu’il ne quittera plus. Au sein de la setlist, la formation intercale quelques reprises intéressantes. Dont le tendre « Wild World » de Cat Stevens, au cours duquel Eric se sert d’une semi-acoustique. Ce sera la seule fois de la soirée.

L’adrénaline remonte ensuite et Paul Gilbert (NDR : très élégant en costume/cravate, on avait parfois l’impression qu’il allait prêcher au coin de la rue) s’autorise un solo plein de références astucieuses, dont une au thème principal du film ‘Rocky’, « Gonna Fly Now », exécute un solo magique avant que Billy Sheehan ne lui emboîte le pas.

Pendant « To Be With You », le moment attendu par l’auditoire, tous les iPhones sont allumés pour immortaliser ce hit planétaire, joué en ‘live’ ! Et le public est aux anges lorsque le quatuor s’attaque aux tubes « Green-Tinted Sixties Mind » et « Just Take My Heart ».

Avant de livrer sa version du « Good Loving » de The Olympics, les musicos échangent leurs instruments : Gilbert siège derrière les fûts, Virgilio s’empare de la guitare, Martin de la basse et Sheeham se consacre au micro.

Le concert s’achève par la reprise énergique du « Baba O'Riley » du Who. Mr. Big porte bien son nom. 120 minutes de show au cours duquel tout y était : la puissance, l’intensité, l’attitude, l’énergie et la virtuosité… (photos Romain Ballez )

Setlist : « Blitzkrieg Bop » (cover Ramones), « Addicted To That Rush », « Take Cover », « Price You Gotta Pay », « Daddy, Brother, Lover, Little Boy (The Electric Drill Song) », « Alive And Kickin' », « Green-Tinted Sixties Mind », « CDFF-Lucky This Time » (Jeff Paris cover), « Voodoo Kiss », « Never Say Never », « Just Take My Heart », « My Kinda Woman », « A Little Too Loose », « Road To Ruin », « To Be With You », « Wild World » (Cat Stevens cover), « Guitar Solo », « Colorado Bulldog », « Bass Solo », « Shy Boy » (Talas cover), « 30 Days In The Hole » (Humble Pie cover), « Good Lovin' » (The Olympics cover) (Band swaps instruments), « Baba O'Riley » (The Who cover).

(Organisation Biebob et Live Nation)

 

Good Looks

L’épreuve de Good Looks…

Le quatuor texan (Austin) Good Looks, sortira son nouvel album électrique « Lived Here For A While », le 7 juin, et a partagé son premier single/vidéo, « If It's Gone » (disponible ici)

Suite du premier elpee, « Bummer Year », « Lived Here For A While » troque le son Americana pour des guitares post-punk claquantes et un rock indé expansif. L’opus a été enregistré chez Dandy Sounds, au Texas, sous la houlette du producteur et ingénieur Dan Duszynski. Sur cet LP, le leader Tyler Jordan dissèque les relations de toutes sortes : familiales, platoniques, créatives et romantiques. Ses chansons explorent la façon dont elles peuvent s'effondrer irrévocablement, mais dont ces partenariats peuvent être géniaux et porteurs d'espoir.

Par ailleurs, le single principal « If It's Gone » est le seul morceau qui parle explicitement d'un chagrin d'amour, avec une grâce tangible qui adoucit toute amertume. ‘J'ai vécu une rupture le premier jour de la pandémie’, explique Jordan. ‘« If It's Gone » a en quelque sorte ouvert les vannes, et beaucoup d'autres chansons de l'album ont été écrites par la suite, donc il est tout à fait approprié que ce soit la première chanson de ce disque...’ 

Cependant, immédiatement après le concert triomphal consacré au lancement de ce long playing album dans leur ville natale, une tragédie s'est produite. En sortant de la salle, le guitariste principal Jake Ames a été renversé par une voiture alors qu’il traversait la rue, se fracturant le crâne et le coccyx. Après une période de guérison et de traitement, qui l'a conduit aux soins intensifs et l'a confronté à des problèmes de mémoire à court terme, Ames s'est rétabli. Cet accident traumatisant a renforcé les liens entre les musicos, et « Lived Here For A While » en est la démonstration. Il s'agit d'une musique directe et sans peur qui capture l'intensité de leurs concerts galvanisants.

Bien que Jordan ait déjà écrit les 10 chansons de cet elpee avant l'accident, elles n'avaient pas encore été enregistrées. Elles respirent les nombreux charmes de ce groupe texan, qui a présenté plusieurs de ces morceaux lors de tournées avec l'ensemble du groupe, qui implique le batteur Phil Dunne et le nouveau bassiste Harrison Anderson.

Double Darkness

Un mystérieux projet darkwave, Double Darkness, fait parler de lui en Belgique

Personne ne sait qui ils sont vraiment. Seuls éléments connus: il s'agit d'un duo, composé d'un homme et d'une femme et ils sont basés entre Bruxelles et Liège. Hier, ils ont annoncé la sortie de leur premier album vinyle, un double album, intitulé “City Scars”. Les morceaux ont été dévoilés sur Bandcamp et ils ont posté deux vidéos sur Youtube.

Le style musical est intriguant. “Double Darkness” porte bien son nom car l'ambiance est “dark', vraiment très dark. On pense à la noirceur de The Sisters of Mercy, qui se distingue par des voix sépulcrales mais ici, pas de guitares: les arrangements sont 100% électroniques. Les rythmes lents et répétitifs évoquent également la synthwave, chère à nos amis français. Et pour rehausser le tout, il y a cette ambiance occulte, presque luciférienne, qui donne à penser que le duo doit avoir des racines “black metal” et/ou “gothiques”.

La présence d'invités sur l'album permettra aux curieux d'identifier le milieu auquel le duo appartient. On retrouve en effet ici Marc Dibak, alias Mongolito (également dans Wolvennest), Corvus von Bvrtle (The Radiant Light et Wolvennnest), Bones (Dread Sovereign et TerrifianT), ainsi que Muzah (Desertion) et Moyen.

Pour en savoir plus, rendez-vous au Magasin 4 le 26 avril prochain, où le duo organisera le “release concert” de son album et partagera l'affiche avec ses invités: Stieglitz, un projet belge de hard-synthwave et Minos, un musicien suisse installé à Bruxelles. A découvrir absolument!

Pour écouter l'album et le commander, c'est ici ou ici.

Pour regarder les vidéos, c'est

Pour plus d'infos sur le concert au Magasin 4 le 26 avril, c'est ici

The Jesus & Mary Chain

Glasgow eyes

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« Glasgow Eyes » constitue le deuxième long playing studio de The Jesus and Mary Chain depuis sa réunion en 2007 ; et il témoigne de sa créativité durable tout en confirmant son statut d'icône.

L'album adopte un ton réfléchi et inhabituellement sympathique, rendant hommage à l'histoire du rock et à la place que la formation occupe. Il se caractérise également par une utilisation plus importante des synthétiseurs qui apportent une touche contemporaine et expérimentale au son à base de guitare du groupe. Il alterne plages plus lourdes et agressives, comme « Venal Joy » et « Jamcod » sur laquelle Jim Reid chante la dépendance à la drogue et à l’alcool qui a autrefois affligé le groupe et finalement conduit à sa séparation, et plus douces et mélancoliques, à l’instar de « Second of June », alors que sculptée dans une forme d’électro minimaliste, la plus new wave « Silver Strings » est abordée dans l’esprit de Taxi Girl.

TJ&MC rend également hommage à ses influences, et notamment à Lou Reed et au Velvet Underground lors du titre final, « Hey Lou Reid », mais également sur « Girl 71 », au cours duquel les riffs tranchants semblent empruntés au « Vicious » du New-yorkais. Une piste rock directe aux paroles simples et à la mélodie assez accrocheuse que Jim chante en compagnie de sa partenaire, Rachel Conti.

« The Eagles and the Beatles » adresse un clin d’œil à « I Love Rock 'n Roll », le glam-rocker d’Arrows que Joan Jett & the Blackhearts avait transformé en hit, dès 1981.

On épinglera encore le sombre et sensuel « Chemical animal », l’énigmatique et cool « Discotheque » ainsi que le capricieux « Pure Poor », dont les guitares contrastées des frères Reid accentuent une tension alimentée par une machinerie industrielle qui véhicule des accents ‘nineinchnailiens’.

Après 40 années de carrière, Jesus & Mary Chain est encore capable de surprendre…

Omni

Souvenir

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Collection de chansons qui reflètent l'époque et le lieu où elles ont été créées, « Souvenir » constitue le quatrième album d’Omni, une formation issue d’Atlanta

Le groupe a bossé en compagnie d’un nouvel ingénieur du son et a reçu le concours de la chanteuse d’Automatic, Izzy Glaudini, pour « Plastic Pyramid », « Verdict » et « F1 », au cours duquel, on perçoit quelques réminiscences beatlenesques à la guitare (une Rickenbacker ?)

S’inspirant de bands comme Devo, Talking Heads et Wire, Omni n’a rien perdu de son énergie créatrice et de sa précision mathématique.

L’album s’ouvre par « Exacto », une compo dont le climat est très susceptible de rappeler Rolling Blackouts Coastal Fever.

Caractérisé par ses riffs énergiques, ses rythmes staccato et ses mélodies nerveuses, sa musique continue d’agréger des éléments rapides et cinétiques de math-rock, de post-punk et d'indie rock. Mais pour un combo qui a construit son style sur un minimalisme complexe et scintillant, l’introduction d’une instrumentation plus stratifiée est surprenante.

Souvent drôles, absurdes ou énigmatiques, les paroles sont empreintes d’humour ironique et de romantisme sarcastique.

Probablement, déjà, un des albums de l’année !

Laetitia Sadier

Rooting for love

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« Rooting for Love » constitue le cinquième album solo de Laetitia Sadier. Cette œuvre aborde le sujet de l'amour comme un moyen de guérison collective face aux crises du monde moderne.

L’elpee mêle des éléments de pop, de funk, de jazz, de bossa nova, de trip hop (« Who + What »), de rock, de krautrock, de lounge et d'électronique, se distinguant par des arrangements complexes et variés qui rappellent le travail de Stereolab, mais aussi d'autres artistes comme Alice Coltrane, Kraftwerk ou encore Can et Neu ! (Of course !).

La vision radicale et la fraîcheur artistique de la chanteuse de Stereolab lui permettent de créer un son pop inimitable et envoûtant.

Les paroles sont chantées tantôt en français ou en anglais, et explorent des concepts philosophiques, spirituels et politiques, tels que la gnose, le zen, la souffrance, l'ignorance et l'émancipation.

Tout au long de cet opus, on rencontre des contrastes entre la douceur musicale et la noirceur lyrique ou entre l'ambiguïté et la révélation, à l’instar de « Don’t Forget You’re Mine » et « Cloud 6 », qui dénoncent respectivement le féminicide et l'armure émotionnelle.

Liam Gallagher & John Squire

Liam Gallagher & John Squire

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L’ex-chanteur d’Oasis et le guitariste de Stone Roses ont donc décidé d’enregistrer un album ensemble. Ce n’est pas leur première collaboration, puisque Liam Gallagher était déjà venu chanter sur un titre (« Love Me and Leave Me ») de Seahorses, le projet de John Squire, en 1997. Et les deux musicos s’étaient à nouveau rencontrés sur scène lors des concerts de Knebworth de Liam en 2022. C’est sans doute à cette époque que l’idée d’une coopération a germé.

Si les compos oscillent de la britpop (« Raise Your Hands », « Mars to Liverpool ») au blues-rock (le piano boogie woogie martelé sur « You’re Not The Only One », le mid tempo « I'm a Wheel » et le diablement ‘hendrixien’ « Love You Forever »), elles recèlent de nombreuses références à la pop psychédélique des Beatles (« Make It Up As You Go Along » et « Just Another Rainbow » évoquent parfois « Revolver » et « Magical mystery tour », alors qu’une Rickenbacker, instrument de prédilection de George Harrison, s’invite sur le chatoyant et pastoral « Mother Nature's Song »).

Morceau le plus sombre, « I'm So Bored » manifeste un cri de colère contre la culture moderne. Très électrique et morveux, il rappelle la période « Morning Glory » d’Oasis.

Les nostalgiques d’Oasis et des Stone Roses devraient adorer.

Ways Around Festival 2024 : dimanche 24 mars

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Cette année, le Ways Around Festival célèbre sa troisième édition. Ce festival propose des artistes nouveaux et alternatifs. Chaque jour, une salle de concert bruxelloise différente sert de décor. La première journée s’est déroulée ce vendredi 22 mars, au BAMP (abréviation de Brussels Art Melting Pot) de Schaerbeek.

La deuxième a élu résidence au Reset, un espace éphémère de 5 000 mètres carrés dévolu à la Culture (il s’agit de l’ancien siège de la banque Dexia ; et il doit devenir le futur siège de la police locale de la capitale européenne). Il est situé à deux pas de la Gare Centrale.

Enfin, la troisième est programmée au Grand Salon du Botanique et accueille trois groupes : The Guru Guru, Lysistrata et Stonks. Compte-rendu.

Stonks ouvre les hostilités dès 18h30. Fondé en 2021 par quatre musicos attirés par la création originale et alternative, Stonks est un groupe indé bruxellois. Il s’inspire du rock, du jazz, du brouhaha désinvolte, des valses fracturées, de tous types de musiques pour aficionados aux cheveux longs, et surtout par la nouvelle scène post-punk anglaise dont, entre autres, Squid, Shame et Viagra Boys. Son premier Ep 4 titres, « Class Craic », est sorti en septembre 2023.

A premier abord, la musique peut paraître brouillonne. Sonorités de basse, de guitare et de trompette semblent se télescoper. Mais progressivement, on se rend compte que l’ensemble, quoique bruitiste, tient relativement bien la route. Les interventions à la trompette apportent une belle touche jazzy. Expérimentales, les compos s’enfoncent même, parfois, vers une certaine forme de jazz/rock institué par Frank Zappa et perpétué par son fils Dweezil. Le band se distingue par une excellente présence scénique. Et rien n’arrête les musicos, car malgré un problème technique, ils continuent à jouer. Le set atteint son point d’orgue lors de l’avant-dernière compo, « Sparkling/Still », un morceau qui s’achève par un long instrumental hypnotique et légèrement psyché...

Setlist : « Stuntman », « Six », « Bunker », « Four », « Dash Cam », « Lies », « Sparkling/Still », « Minesweeper »

C’est à Saintes, en 2013, dans le département de la Charente-Maritime, qu’est né Lysistrata. Issus de milieux musicaux radicaux, Ben Amos Cooper (batterie, chant), Theo Guéneau (guitare) et Max Roy (basse) ont commencé à jouer ensemble très jeunes.

A son actif trois elpees : « Breathe In, Out » (2019), « Park » (2022) auquel a participé Frànçois and The Atlas Mountains et « Veil », paru ce 1er mars 2024. Un album qui a bénéficié de la mise en forme du New-Yorkais Ben Greenberg (Metz, Beach Fossils). Et c’est ce long playing que la formation est venue défendre ce soir.

Sur les planches, Ben en est manifestement le leader. Son kit de batterie est installé sur une estrade en avant-scène. C’est également lui qui se réserve le micro.

La musique de Lysistrata agrège post grunge, post hardcore et noise rock, dans l’esprit des Canadiens de METZ (NDR : c’est manifeste sur l’intense « Death By Embarrassment »), tout en affichant une spontanéité propre à sa jeunesse. Encore que sur certains titres on ne peut s’empêcher de penser aux débuts de Foals et même parfois aux Deftones.

Le combo va nous balancer 12 titres en 45 minutes. Marquées par une guitare tranchante et découpées par une section rythmique efficace, les mélodies sont puissantes. Souvent le changement de tempo intervient en fin de morceau. Si l’on retrouve bien la furie explosive ainsi que la rythmique singulière des titres de l’elpee, toujours menés par une guitare en roue libre, la place est ici davantage laissée à la basse et à un chant plus présent. Le concert est excellent. Le meilleur de la soirée. Résultat : le public danse...

Setlist : « Intro », « Death By Embarrassment », « Feel The Shine », « Livin It Up », « Horns », « See Thru », « Acid To The Bur », « Different Creatures », « Trouble Don't Last », « Boot On A Thistle », « Okay », « Rise Up »

The Guru Guru clôt la soirée. Formé en 2012 à Hasselt, il implique le leader et chanteur Tom Adriaenssens (Tom The Bomb), le drummer Siemon Theys, les guitaristes Jan Viggria et Emiel Van Den Abbeele ainsi que le bassiste Brent Mijnendonckx. Les références du band oscillent de Queens Of The Stone Age à Radiohead, en passant par SOULWAX, The Mars Volta, Andy Kaufman, METZ, Père Ubu, Deerhoof et The Jesus Lizard. Paru l’an dernier, son troisième opus, « Make (Less) Babies », se distingue par son approche organique. Et pour cause, autoproduit, il a été enregistré en live sans concessions ni artifices. En outre, les textes reflètent son engagement en faveur de l'écologie tout en fustigeant la société de consommation. Et c’est au sein de cet LP que le combo va puiser une majorité de sa setlist.

Le frontman arbore un beau pyjama et est chaussé de charentaises ; et dès le premier morceau : « Lemon‐Aid, Lemon‐Cello (Bear dance) », il nous balance des morceaux de citron. Pendant « Make Less Babies », des préservatifs. C’est le titre maître du nouvel opus dont le fil conducteur repose sur la façon dont nous détruisons peu à peu la planète et surtout le fait que nous la dégradons, tout en étant parfaitement conscients des conséquences de tous nos actes. La solution ? Faire moins d’enfants !

Tom The Bomb est en très grande forme. Totalement déjanté, il grimace et déclame ses textes avec verve.

Morceau remarquable, « Saint-Tropez » constitue la parfaite illustration du savoir-faire mélodique du band et reflète son humour souvent à la limite de la gêne, voire du désespoir : ‘We’re gonna have to sell the house, We’re gonna have to sell the house in Saint-Tropez, ’Cause we’ve got bills to pay up here’ (Trad : ‘Il va falloir vendre la maison, Il va falloir vendre la maison à Saint-Tropez, Parce qu’on a des factures à payer ici !’). A l’instar du groupe gantois Raketkanon, The Guru Guru parvient à faire monter d’un cran l’intensité à travers « Lotta Tension ». Epatant !  

Délaissant la tradition punk/noise des débuts du groupe, les deux guitaristes de The Guru Guru nous réservent des parties de guitare remarquables alors que la section rythmique est implacable.

Votre serviteur a adoré. A l’année prochaine !

Setlist : « LemonAid, LemonCello (Bear dance) », « Jack Shit/Jackpot », « (In) Snakes & Ladders (Stakes Don't Matter) », « In 2073 (Plenty of Other Fish in the Sea) », « Skidoo », « Lotta Tension », « Saint-Tropez », « Not Awake (The Baseballs) », « Joke's on You (Under Over) », « Origamiwise », « Make Less Babies », « Mache », « Honestly (I Don't Feel Like Dancing) », « Back Door ».

(Organisation Ways Around Festival)

Cali

Un show épuré, mais d’une intensité rare…

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Entre folklore et fêtes, Mons est une ville historiquement et culturellement riche. Elle s’est d’ailleurs vu octroyer le titre de Capitale Européenne de la Culture, en 2015.

Elle accueillait, en son sublime théâtre, un lieu hautement symbolique au style néo-classique, ce samedi 24 février 2024, un artiste de choix, Cali.

À mi-chemin entre chanson française et rock, Bruno Caliciuri, à l’état-civil, revendique depuis toujours une position d'artiste concerné par les problèmes de société et du monde, sans hésiter à s’investir publiquement.

Véritable touche-à-tout, Cali multiplie ses engagements, tant dans l’univers du théâtre, de la poésie, de la littérature que, bien sûr, de la musique.

Ce soir, il est accompagné de Steve Nieve, brillant musicien, mais surtout claviériste d'Elvis Costello, qui a aussi travaillé et joué pour Morrissey, Paul McCartney, Mick Jagger, David Bowie, Vanessa Paradis, Alain Bashung ainsi que Daniel Darc ; et est resté un grand ami, jusqu’à la fin, de Lou Reed et Laurie Anderson.

Steve et Cali se connaissent bien. Le premier a participé à l’enregistrement de plusieurs albums du second, dont l’hommage à Léo Ferré, « Cali chante Léo Ferré », publié en 2018…

D’une capacité d’environ 500 personnes, la salle est bondée. Ce théâtre ‘à l’italienne’, avec ses balcons et ses murs drapés de velours grenat, est le parfait endroit pour des spectacles intimistes.

C’est sans doute pourquoi il a choisi cet endroit afin de fêter les 20 ans de « L'Amour parfait », son premier opus paru en 2003, mais suivant la formule piano/voix, alors qu’en général, il se produit en compagnie d’un groupe.

Alors qu’il est un peu plus de 20 heures, l’homme de petite taille et son comparse bardé d’un bandonéon, grimpent sur le podium en chantant « Roberta », une compo issue de l’elpee « Menteur ». La toute première claque d’une série puisque plein d’autres déferleront comme un rocher qui déboule sur une route à toute vitesse et que l’on ne peut éviter.

Très inspiré et inspirant, Cali possède en lui de grandes valeurs humaines. Il a ce besoin du contact avec le public. Ni une, ni deux, il prend la main d’une petite fille au premier rang et l’invite à monter sur scène pendant « Sweetie » ou encore s’approche de cette femme enchantée de porter un pull du même coloris que celui du troubadour tout en s’amusant sur « La fin du monde pour dans 10 minutes ». Et si la vie ne tenait qu’en quelques secondes d’une poésie fine ?

Les doigts du pianiste glissent sur les ivoires dans un exercice de style virtuose, nous réservant d’impressionnantes descentes fracassantes de plusieurs gammes. Un concert où il fait aussi bon d’entendre que de voir.

Alors que jusque-là, il était resté très intimiste, il adopte tout à coup un ton plus pêchu, tantôt grâce à l'utilisation d’une boîte à rythmes sur « Menteur » ou encore sautillant de siège en siège en clamant ‘mon amour’...

Puisque l’enjeu est de rendre un hommage à ses débuts, Bruno embraie par « C’est quand le bonheur », avec en toile de fond, un écran géant reproduisant son image et celle de son chat, ravivant l’illustration de la pochette de cet LP.

Un des titres majeurs dans sa carrière qui lui a permis de se faire connaître auprès du grand public.

Une compo miroir, car malgré la reconnaissance, le succès, les rencontres, les critiques positives et le rendu du public, tout reste relatif. La seule, vraie et unique question serait ‘C’est quoi le bonheur’ ? Il ne lui reste plus qu’à affronter les méandres de la vie et à arracher le précieux sésame.

Un bonheur prétendu partagé en tout cas par les quelques centaines de personnes présentes ce soir.

Cali est on ne peut plus heureux de célébrer cet anniversaire avec le public belge qui le lui rend bien depuis le début de sa carrière.

Entre amour désordonné, hasards de l’existence et affres du temps passé, l’artiste se livre joyeusement tout au long de « Elle m’a dit », une compo empreinte de nostalgie, écrite seul dans une petite chambre, lors d’une rupture fracassante. Il n’hésite pas à clamer qu’il ‘s’est fait jeter comme une merde’. De quoi raviver chez certains de vieux souvenirs que l’on pensait définitivement enterrés.

Cet inconditionnel de U2, Simple Minds, The Waterboys ou encore Hubert-Félix Thiéfaine, sait se montrer humble et empathique. Il raconte avoir reçu la demande d’un fan dans sa loge au cours de l’après-midi. Sa mère n’a d’yeux que pour lui et fête son anniversaire ce soir. Quoi de mieux, dès lors, que l’icône de la chanson française lui offre un bouquet de fleurs…

Sans hésitation, Caliciuri s’exécute sur l’éblouissant « Pensons à l’avenir », tandis que Nieve, dans un français approximatif, se charge des vocalises avec une jubilatoire colère qui masque mal l’infinie tristesse et le désespoir de ne pas injurier cet avenir qui semble à nouveau prometteur.

Un moment inoubliable pour les artistes et cette dame dont la joie irradiait sur son visage et le public. Les yeux, d’abord embués, ont ensuite laissé place à des larmes qui se sont mises à couler, inévitablement, sur les joues.

Lorsqu’il ne caresse pas les ivoires, Steve, multi instrumentiste dans l’âme, se consacre au mélodica (un instrument de musique à vent, plus précisément à anches libres) ou encore au xylophone dont il joue en intro sur « Tes désirs font désordre », un morceau aux accents dramaturgiques. Et il est à l’aise sur tous ces instruments.

Bruno fixe tendrement sa propre image projetée en filigrane, contemple le temps passé et revit les moments intenses à travers le rétroviseur de sa vie. Il remercie l’ange qui lui a porté la main sur l’épaule lorsqu’il était petit tout en fixant le ciel, le regard vide, s’interrogeant d’une part sur cette double décennie passée et d’autre part sur la fierté de ses parents maintenant disparus.

Et puis, il passe au « Grand Jour est Arrivé », une comptine fébrile et immensément positive où il est question de prendre le temps de savourer sa séparation sur fond d’humanité et l’auto-flagellation, le tout posé sur drap d’humour léger.

Après ses nombreuses ‘turpitudes’ et voltefaces, le Perpignanais se pose au côté de son musicien et entame paisiblement un « Fais de moi ce que tu veux ». Le public s’émerveille devant la complicité qui s’opère entre les deux compères.

Cali prend ensuite place derrière le piano et, en véritable mélomane, s’approprie instinctivement l’instrument. Steve quant à lui, quitte l’estrade, plonge dans la fosse, armé de son mélodica pour un « Différent », qui ne laisse personne indifférent…

Interprété en mode piano/voix, « Tout va bien » constitue un des moments forts du concert. Un morceau au cours duquel on discerne un peu mieux la face obscure des textes de l’enfant perdu et les cicatrices du temps passé.

Un show épuré, mais d’une intensité rare ! Tout y est parfait. Le spectacle, Cali, son musicien, sa complicité avec le public, le choix des chansons, la richesse des émotions et « L’Amour parfait », chanté tantôt en français, tantôt en anglais, prouvant une fois de plus qu’une amitié sincère et durable lie les deux personnages.

Sous une expression toujours aussi théâtrale, en mode piano/voix, Cali est parvenu à imposer son style en revisitant les chansons d’un album devenu culte et à transformer des épreuves difficiles en épisodes énergiques grâce aux variations ludiques et aux mots d’une force puissante dont seul l’artiste a le secret.

Les uns et les autres s’éclipsent derrière les rideaux, le public haletant d’impatience reste sur sa faim. Il en veut encore et encore…

Les faisceaux des projecteurs déclinent, comme pour faire durer la douleur des spectateurs… lorsque soudain les notes de « Quoi » de Jane Birkin retentissent, comme pour rendre un bel hommage à la femme qui nous a quittés en juillet 2023. Une belle personne aux multiples talents, à la fois actrice et chanteuse. Un moment suspendu et un Cali tout en retenue, mais aux anges.

Il y a plus de deux heures que l’artiste se livre et pourtant il a encore de belles surprises à offrir. A commencer par cette version ultra vitaminée de « 1000 cœurs debout » où, accompagné par Baptiste Lalieu, aka Saule, il va mettre littéralement le feu. Ils se connaissent très bien, et se sont déjà produits ensemble pour « Avant qu’il ne soit trop tard », qui figure sur le dernier album de Saule, « Dare-Dare ».

Des dizaines de fans n’y tenant plus finissent sur la scène afin d’y fêter la joie, le bonheur, l’extase et un onirisme sans fin. Les sourires deviennent rires, les yeux s’écarquillent et alors que l’amour entre les générations s’invite, les différences culturelles et sociales s’estompent également.

Afin de taquiner son ami de toujours, Bruno lance pour défi à son acolyte de chanter du Led Zeppelin. En l’occurrence « Whole lotta love ». Challenge parfaitement relevé sous les cris hilares d’un public qui ne s’attendait pas à pareille surprise, il faut bien l’avouer.

Enfin, Caliciuri, à l’instar de « Pas la guerre », rappelle aux aficionados que derrière le conflit, se cache, au milieu, les enfants.

Concerné par la vie et les problèmes du monde et la bêtise des hommes, le concert de ce soir sera dédié au charismatique militant anticorruption et ennemi numéro un de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, assassiné honteusement alors qu’il n’avait que 47 ans.

Cali retourne définitivement en coulisses, alors que Steve s’enfonce dans la foule pour reprendre « Your Late Night Evening Prostitute » dans sa langue natale avec pour seule arme, son instrument de prédilection, le mélodica.

Cette fantaisie façon ‘Cali 2.0’ aura duré en tout et pour tout pratiquement deux heures trente. L’homme dont la réputation est de mettre le feu partout où il passe n’a pas failli à la règle. Une fois de plus, mais certainement pas une fois de trop.

 

 

 

 

 

Ways Around Festival 2024 : samedi 23 mars

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Cette année, le Ways Around Festival célèbre sa troisième édition. Ce festival propose des artistes nouveaux et alternatifs. Chaque jour, une salle de concert bruxelloise différente sert de décor. La première journée s’est déroulée ce vendredi 22 mars, au BAMP (abréviation de Brussels Art Melting Pot) de Schaerbeek, qui a accueilli 3 groupes : KRAK, Marcel et Shelf Lives.

La deuxième a élu résidence au Reset, un espace éphémère de 5 000 mètres carrés dévolu à la Culture (il s’agit de l’ancien siège de la banque Dexia ; et il doit devenir le futur siège de la police locale de la capitale européenne). Il est situé à deux pas de la Gare Centrale. Ce soir, six formations ou artistes prometteurs disposent de 45 minutes pour démonter leur talent : Pyo, Edouard Van Praet, Scout Gillett, Sløtface, Ttrruuces et IST IST. Il se produisent alternativement sur deux podiums, la Main Stage et l’Auditorium, où le son va se révéler excellent.

Pyo, c’est le projet du musicien et producteur belge Karel Piot, un power trio classique basse-batterie-guitare. Depuis 8 à 9 mois, il ne posait sa musique que sur les réseaux sociaux et les plateformes de streaming. 

Son style ? Un cocktail de post-punk rapide, d’émo-pop déroutante et de dream pop éthérée, arrosé par une dose d’anti-pop qui défie les limites du genre.

Sur les planches, le band libère une énergie brûlante

Authentique, sa musique se construit comme son propre monde où il peut embrasser ses défauts. Les sonorités de la sixcordes sont généreusement réverbérées.

Karel remercie à plusieurs reprises les spectateurs qui, attentifs, commencent à s’agglutiner au pied de l’estrade. Belle découverte !

Setlist : "Till Death", "So Tired", "Always Stay", "Inadequacies", "Happy to be Sad", "U n me", "All for you", "IDC", "Midnight Sunlight", "Midnight Sunlight (trance remix)", "Main Stage".

Demi-finaliste du ‘Humo Rock Rallye 2024’ (remporté par Eosine), Edouard Van Praet a gagné le concours ‘Tremplin Dour Festival’, en 2022. D'origine belgo-canadienne, le jeune Bruxellois est un extra-terrestre dans le paysage musical belge. Parce qu’il tente continuellement de nouvelles expériences. Il a sorti son premier Ep, « Doors », en 2021, et le second, « Cycles », en 2022.

Le look d’Edouard est à la fois intriguant, déroutant et décalé ». Jugez plutôt : lunettes glamour, pantalons pattes d’eph’, chapeau haut de forme et veston de couleur noire réveillant l’image de nouveau riche des débuts du siècle dernier.

Il entame son set par « Walk », « Faux » et « Echos », des compos fortes et débordantes d’énergie rappelant, musicalement, des personnalités telles que Sinead O’connor, PJ Harvey et même Jacques Brel. Accompagné de ses musicos (un claviériste, un bassiste, un guitariste et un drummer), Edouard se fond dans le personnage qu'il incarne et semble totalement envoûté par sa musique. Le show atteint son point d’orgue lors de la reprise du « Satisfaction » de Benny Benassi. Un joint dans une main et le micro dans l'autre, il chante, en français ou en anglais, d’une voix caverneuse plutôt impressionnante ; et on ressent qu’il a été biberonné à la musique des 70’s (Doors, Alice Cooper, Iggy pop et ses Stooges), que ce soit le glam rock ou le psychédélisme. Bref, non seulement Edouard Van Praet a démontré que sa palette ne se limitait pas à un revival glam-rock, mais lui et sa troupe ont mis l’auditoire dans leur poche.  

Setlist : « Walk », « Faux », « Échos », « Is This Over ? », « Remplasable », « Moonfall », « Ivresse », « Satisfaction » (cover Benny Benassi), « Bigstar ».

Il y a pas mal de monde dans la salle lorsque Scout Gillett et son backing group montent sur les planches. Tout de noir vêtue, elle se consacre au chant et à la guitare. Elle est soutenue par un batteur, un bassiste et un sixcordiste qui brille par sa technique. Non seulement il dispense des riffs expressifs, mais il nous réserve également des soli vertigineux.

L’auditoire est assis lorsque le quatuor de Brooklyn entame lentement le set. Mais après trois morceaux (la nouvelle compo « Room Of Shadow », « Mother Of Myself » et « Control »), les spectateurs se lèvent et manifestent leur enthousiasme. Et Scout les remercie pour cet engouement. Une belle interactivité va d’ailleurs s’établir entre la New-Yorkaise et la foule.

Solide, l’expression sonore mêle indie rock, grunge et folk rock. Un style plus direct, moins brumeux et maussade que celui abordé sur son délicieux album, « No Roof No Floor », paru en 2022. Scout possède une voix aérienne et vaporeuse. Et on a l’impression qu’elle la ménage. Elle la pousse néanmoins quelque peu, mais sans excès, pendant « Coney Island ». En fait, elle a dû annuler plusieurs dates de concerts, après avoir rencontré quelques soucis vocaux ; aussi, elle préfère ne pas placer la barre trop haut…

Setlist : « Room Of Shadow », « Mother Of Myself », « Control », « Coney Island », « Closer », « 444 Marcy Ave », « Come On Let’s Go », « Slow Dancin' », « Signal », « Tough Tough ».

Issu de Stavanger, Sløtface est né sous la forme d’un groupe il y a dix ans ; mais en 2022, la chanteuse Haley Shea a décidé de faire du band son side project solo, après le départ de la bassiste Lasse Lokøy et du guitariste Tor-Arne Vikingstad.

Sløtface est connu pour son engagement féministe ainsi que pour son soutien à la protection de l'environnement.

Vers 21h00, Haley Shea et son backing group débarquent pendant que les hauts parleurs crachent le « Blind » de Korn. Ce qui permet aux musicos de s’installer. Outre la chanteuse, le line up implique un drummer, un bassiste, un guitariste et un claviériste.

Malgré la présence de l’ingénieur du son Benoît De Visscher (Puggy, Juicy, Angèle), le son n’est pas irréprochable. En cause la structure des murs, en béton. Mais le talent des musicos va compenser ce contretemps.

Autre obstacle, il fait un froid glacial dans la salle. Haley invite la foule à se rapprocher et lui demande s’il est plus timide que le public scandinave. La voix de Shea est très puissante. A vous flanquer la chair de poule !  Et son attitude évoque celle de l’Américaine Hayley Williams, mais en plus jeune et plus rude. Pop punkysante, la musique de Sløtface navigue aux confins des univers de Jimmy Eat World et de Bad Religion. Haley prend régulièrement des bains de foule. Les gratteurs sautent un peu partout sur le podium et finissent aussi par la suivre. On manque même de prendre des manches dans la figure. L’esprit punk est bien présent au cours de ce show, même si chacun d’entre eux a le loisir de tirer son épingle du jeu. Maintenant, ils avaient peut-être envie de se réchauffer. Variée, la setlist, dont on épinglera les très nerveux « Come Hell Or Whatever », « Indoor Kid », « Beta » et « Final Gørl », puise généreusement dans l’opus « Awake/Asleep », paru en 2023.

Un concert bien percutant ! Et en même temps on a pu remarquer combien le projet d’Haley Shea a évolué…

Setlist : « Blind » (Korn cover) (Intro), « S.U.C.C.E.S.S. », « Tap The Pack », « Galaxies », « Telepathetic », « Come Hell Or Whatever », « Indoor Kid », « Beta », « Final Gørl », « Fight Back Time », « Nose », « Crying In Amsterdam », « Magazine », « HAPPY », « Nancy Drew ».

Place ensuite à TTRRUUCES, un combo franco-britannique drivé par le bassiste Jules Apollinaire et la chanteuse Nathalie Findlay.

Sur les planches, ils sont quatre. Deux filles et deux garçons. Le duo est ainsi épaulé par un guitarise et une drummeuse. A son actif, deux long playings : l’éponyme « TTRRUUCES » (2020) et « JJUUIICES » (2023), au sein desquels la setlist puisera généreusement. Son site internet est à l’image de l’imaginaire de la formation. On vous invite à y faire un tour ici

La musique proposée par TTRRUUCES puise dans les sixties et surtout les seventies (Neil Young, Creedence Clearwater Revival, Simon & Garfunkel, David Bowie, The Beatles et les groupes de folk/rock), mais également l’indie rock, le shoegaze et le de psychédélisme. Tout en n’oubliant pas d’y injecter sa propre musicalité qui communique une identité originale et singulière depuis le premier elpee. Les mélodies sont pétillantes et libèrent une puissante énergie. « The Disco », au sein duquel a été inséré un medley intégrant le « Funkytown » de Lipps Inc et le « Rasputin » de Boney M, va même enflammer le dancefloor.

Rafraîchissant, « Something Inside » met en exergue la voix enfantine de Nathalie, sorte d’hybride entre celles de Björk et Noa Moon. Une agréable surprise !

Setlist : « You Make Me Feel Good », « STFU », « The Disco », « Luxury », « Another Day », « Bad Kids », « I'm Alive », « Something Inside, « The Big Goodbye », « Snakes ».

Il est près de 23h00 et si votre serviteur ne veut pas rater son train, il a intérêt à mettre les voiles et fait donc l’impasse sur IST IST. Demain la suite, au Grand Salon du Botanique…

(Organisation Ways Around Festival)

 

The Darts

The Darts, comme un boomerang…

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Tout juste remises de sa dernière tournée européenne ‘Snake Oil Tour 2023’ (du nom de son 3ème album « Snake Oil », sorti en mars 2023), qui s'est achevée après 8 semaines et près d'une centaine de dates dans 12 pays différents, les 4 rockeuses de The Darts publieront leur 4ème long playing, « Boomerang », ce 26 avril 2024.

Un nouvel opus de 13 titres qui allie parfaitement leur rock psyché à l'énergie du punk, le tout porté par la voix aux accents soul de Nicole et les notes de son iconique orgue Farfisa !

Un album brut et sincère, à l'image du groupe, aux paroles accrocheuses et aux refrains entêtants.

En attendant le quatuor nous propose son premier single, « Pour another », sous forme de clip, et il est disponible .

Le réalisateur, Matt Eskew, a tourné la vidéo dans un bar à Seattle où le groupe traîne et (re)demande à boire.

À première vue, « Pour Another » semble faire l'apologie de l'alcool. Mais en réalité, il s'agit d'un examen espiègle des raisons pour lesquelles nous buvons.

Nicole se confie : ‘Des extraits de ‘live’ du groupe ont également été ajoutés car le lien entre l'alcool et la musique fait partie de mon histoire. J'ai arrêté de consommer de l'alcool juste avant la pandémie, pour des raisons de santé. J'ai donc eu beaucoup de temps pour réfléchir à cette décision. Mais lorsque le confinement a été levé et que le groupe a repris la route, ma décision est devenue particulièrement difficile à respecter. Je devais constamment me rappeler pourquoi j'avais fait ce choix et surtout, l'expliquer autour de moi. J'ai donc écrit cette chanson pour me rappeler toutes les mauvaises raisons pour lesquelles je buvais. Et peut-être pour nous rappeler à tous que parfois... nous devrions écouter nos mères…’

 

Mass Hysteria

Plus que du metal…

Un proverbe raconte qu'il est souvent plus difficile pour un artiste de percer dans son propre pays qu'hors de ses frontières. Ce n'est pas le cas pour Mass Hysteria, un groupe français de métal qui est parvenu à tirer son épingle du jeu au sein de l’Hexagone. Lorsqu’il s’était produit dans le cadre du Main Square Festival, en 2016, il était en haut de l'affiche. Et il est parvenu à créer un immense moshpit jusqu'aux derniers rangs. Programmé sur de grandes arènes en France il est régulièrement invité au Hellfest. Dans un AB Club très bien rempli, la formation a démontré qu’elle était capable d’assurer parfaitement, tous genres confondus, et de satisfaire les jeunes et les moins jeunes.

En supporting act, First Arkangel va dispenser un set constitué d’un méli-mélo chaotique et assourdissant de styles divers. En effet, sa musique oscille constamment entre hardcore et métal. Le band joue très fort des morceaux rapides, mais aussi de manière plutôt monotone. Ce qui ne gêne pas les fans présents, car les bouffées d'adrénaline administrées provoquent un véritable tremblement de terre, entraînant quelques moshpits qui secouent l’AB. Mass Hysteria ne pouvait donc pas rêver d'un meilleur chauffeur de salle… (pour les photos, c’est ici)

Pourtant, à voir les nombreuses personnes présentes au bar lors de ce concert, on se rend compte que la grande majorité d'entre elles se sont uniquement déplacées pour la tête d'affiche de la soirée.

Mass Hysteria aime manifestement la grandiloquence et la théâtralité, si l'on en juge par la configuration de la scène. Tant l’aspect musical que vocal se révèle épique et est abordé de manière particulièrement sophistiquée et variée.

Le band démarre pied au plancher par « Mass veritas », une compo qui exprime la colère. Rien n'est laissé au hasard tout au long de la soirée, semble-t-il. Car le frontman court comme un dératé dans tous les coins du podium, à la recherche de son public. Ce qui donne lieu à de véritables mosh pits et autres circle pits, dont un très grand tout au fond pendant « Chiens de la Cass ». Il n'y a tout simplement pas moyen de s'en sortir, une fois que l'on est monté sur les montagnes russes françaises. Pas le moindre répit, sauf lorsque Mouss Kelai balance quelques boutades amusantes.

Lors du rappel, le combo place la barre encore plus haut. D’ailleurs la fête va s’achever par un feu d'artifice. Cependant, un beau moment va suivre « Furia ». De jeunes enfants sont invités à monter sur les planches, mais les oreilles protégées par des casques adaptés. Le plus jeune est à peine âgé de quatre ans ! Ils sautent et dansent avec le groupe, puis partent se mettre à l'abri, car tout au long du morceau de clôture, « Plus que du metal », le robinet coule à flots, une dernière fois ; ce qui provoque un dernier moshpit. 

Mass Hysteria est parvenu, et brillamment, à offrir une réponse française au metal américain, britannique et allemand. Car ce n'est pas une mais plusieurs fois que le toit s'est envolé lors de cette soirée festive. Les bombes énergétiques françaises ont bourdonné abondamment dans nos oreilles, pendant ces deux heures. Jusqu'à ce que l'on rentre chez soi en sueur et un peu sourd, mais avec un large sourire aux lèvres… (pour les photos, c’est )

Setlist :

Mass Veritas // Positif à bloc // Chiens de la casse // Vae soli ! // L'inversion des pôles // Notre complot // L'art des tranchées // Nerf de bœuf // Se brûler sûrement // L'émotif impérieux // Failles // Reprendre mes esprits // Arômes complexes // L'enfer des dieux // Encore sous pression // Tout est poison

Encore :

Tenace // Le triomphe du réel // Contraddiction // Furia // Plus que du métal

(Organisation : Ancienne Belgique)

Kim Gordon

The Collective

Des basses profondes, des rythmes hip-hop grinçants, du ‘noise’, de l’électronique fissurée et si une guitare arrive, elle passe dans le hachoir à viande. Il ne s’agit pas d’un cliché du dimanche, mais simplement une métaphore pour décrire le nouvel opus de l’obstinée et légendaire Kim Gordon qui vient encore de frapper. Cette icône de Sonic Youth est celle qui s’est le plus éloignée du son original à travers son travail solo. Et même si son expression sonore navigue plutôt à contre-courant, c’est bien sûr ce que Sonic Youth a toujours défendu au corps de son aventure.

A l’instar de son précédent elpee, « No Home Record », le producteur, auteur-compositeur et ingénieur du son Justin Raisen, plutôt proche des cercles hip-hop, est en partie responsable des paysages sonores fissurés. Il s’est produit un déclic entre les deux artistes, c’est certain. Raisen injecte les bons rythmes et les bonnes nuances sur la voix sombre et déclamatoire de Kim Gordon.

Le résultat est aussi surprenant qu’innovant. Et pour une dame de 70 ans, c’est épatant !

Ġenn

Unum

Écrit par

Deux ans après gravé un premier Ep remarqué, la formation féminine maltaise (pas courant comme origine dans le monde du rock), établie à Brighton, est de retour pour un premier véritable album intitulé « Unum ». Elle puise ses influences chez Janelle Borg, Rosa Copper, Leona Farrugia et Leanne Zammit, des influences qui oscillent du jazz au post-punk, en passant par l’art-pop et la noise. Le tout est interprété avec un esprit ‘jam’ très psyché, inspiré du folk maltais (une référence pas évidente à déceler…)

Le chant puissant de Janelle Borg rappelle celui de Karen O et permet aux émanations prog de ĠENN de prendre leur envol. Le groupe nous prend par surprise dès l’inaugural « Rohmeresse » dont le groove languissant et ses chœurs se fondent dans des guitares aiguisées et des saxos déchaînés. Le reste de l’opus est à l’avenant et enchaîne réussite sur réussite entre la puissance évocatrice de « Calypso » et le post-punk plus vigoureux de « Days and Night ». Un véritable coup de cœur !

 

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