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Flat worms

Witness marks

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Les ‘Flat worms’, ce sont des vers plats, des plathelminthes, très exactement, mais c’est également le patronyme choisi par un trio californien (Los Angeles), dont le troisième elpee, « Witness marks » a bénéficié de la collaboration de Ty Segall.  Les musicos ne sont pas des néophytes, puisqu’ils ont milité soit chez Hunx & His Punx, Oh Sees ou The Babies. 

Entre garage punk, post punk et noisy rock, la plupart des compos sont imprimées sur un tempo enlevé voire frénétique ou carrément volcanique, mais diablement efficace. Les sonorités de guitares sont tour à tour stridulantes, acides ou fuzz. La section rythmique est implacable. Etrange, mais la mélodie de « Suburban swans » rappelle parfois le « Nice‘n’sleazy » des Stranglers. Glaciale et métallique, la voix de Will Ivy balance des textes surréalistes, mais empreints de rage et de folie. Punk is not dead !

Squirrel Flower

Tomorrow’s fire

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Née à Boston, Ella Williams s’est établie à Chicago, ville où le rock indé contemporain est à nouveau en pleine effervescence. Pour enregistrer « Tomorrow’s fire », le troisième LP de son projet Squirrel Flower, elle a reçu le concours de musiciens qui militent chez Bon Iver, Wednesday et War on Drugs. Mais si l’instrumentation est, en général, bien électrique, sa voix puissante passe aisément à travers pour communiquer son angoisse face au dérèglement climatique. En fait, toutes les compos qui figurent sur ses trois albums traitent du même sujet. Cependant ce dernier opus est manifestement celui qui adopte le format le plus rock, tout en préservant l’aspect délicat et nostalgique des mélodies.

Ce long playing s’ouvre par « I don’t use a trash can », un titre qui figurait déjà sur son premier album, « Early Winter Songs From Middle America », paru en 2015, mais qu’elle a complétement remodelé, en l’enrichissant d’harmonies vocales complexes. Indolent, « When a plant is dying » libère une intensité électrique digne du Crazy Horse de Neil Young. Caractérisé par ses guitares distordues, « Stick » libère davantage de sonorités grunge. La lente combustion de « Canyon » nous enveloppe dans un brouillard de guitares fuzzées et chargées de reverb. Et le dernier titre de cet opus, « Finally rain », s’ouvre sur une trame acoustique avant de monter progressivement en intensité électrique. Contagieux, « Intheskatepark » frôle l’univers de l’indie pop alors que « What kind of dreams is this ? » prend la forme d’une prière…

Elephant (Netherlands)

Shooting for the moon

Écrit par

Elephant est une formation néerlandaise, établie à Rotterdam, aux Pays-Bas. Produit par Pablo van de Poel (Dewolff), « Shooting for the moon », constitue sons second LP, un disque au cours duquel le combo a reçu le concours de la chanteuse belge, Meskerem Mees, pour deux titres. Et paradoxalement, ce sont les deux morceaux les plus proches de Wilco. En l’occurrence, « The morning » et « April ». A cause de cette section rythmique propulsive et des solos de guitare subtils et lumineux, dispensés par Michael Broekhuizen, dans le style de Nels Cline. Des interventions de guitare le plus souvent élégantes, parfois orientalistes, traitées en slide voire délicatement psychédéliques. Et en général, les compos sont enrobées de jolies harmonies vocales. Tramée au départ sur une sèche en picking, la plage finale, « Moonlight, s’électrifie peu à peu, avant de replonger dans la dream pop entretenue par Elephant, tout au long de ce long playing dont les pistes révèlent des mélodies particulièrement soignées. Dommage que l’intensité électrique ne pas un peu plus vivifiante…

Silver Car Crash

Shattered Shine

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Silver Car Crash peut compter sur trois chanteurs et compositeurs différents : les guitaristes Connor Kapelewski et Justin Bennett ainsi que le bassiste Brandon Walker. Ce qui est manifestement un fameux atout pour ce groupe issu de Pittsburgh, aux Etats-Unis. En outre, dans leurs textes, ils sont témoins de la destruction du climat, de l’effondrement de la société et du destin des jeunes, face à l’état de notre civilisation au XXIème siècle.

« Shattered Shine » constitue son second elpee, un disque enregistré, suivant la volonté les musiciens, dans les conditions les plus proches du ‘live’ possibles. Et si le résultat tient la route, il faut reconnaître que le long playing est plutôt diversifié. On y croise pas mal de punk hardcore frénétique, du shoegaze (My Bloody Valentine ?), du noise-rock bien américain (Sonic Youth ?), de la lo-fi (« Crime » hanté par Sebadoh »), un clin d’œil aux sixties (« Lessons »), du post punk et on en passe. Enfin si les guitares peuvent se révéler chaotiques, rugueuses, denses ou explosives, elles peuvent devenir claires et sonores (Sad Lovers & Giants ?), à l’instar de « Pleasure zone » ou de « Sun dried tomatoes », même si cette plage concède quelques accès au funk blanc. La ligne de basse est littéralement meurtrière sur « Interference », le morceau qui ouvre le long playing. Quant à la voix du lead singer, Connor Kapelewski, elle est très souvent douloureusement déclamatoire…

Woods

Perennial

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Jeremy Earl, la tête pensante de Woods, a d’abord envoyé les boucles de claviers, de guitare et de percussions, qu’il avait créées, à ses compères Jarvis Taveniere et John Andrews. Puis ces deux derniers ont commencé à communiquer leurs idées, avant que le trio ne commence à composer. En studio, Woods a alors reçu le concours de John Andrews à la pedal steel ainsi que Kyle Forester au saxophone et au piano électrique (Würlitzer). En résulte un douzième opus, baptisé « Perennial » sur lequel figure 11 plages dont quatre instrumentaux, qui nous entraînent au sein d’un univers multicolore, ensoleillé, nostalgique et propice au rêve, mais surtout sophistiqué que certains médias n’ont pas hésité à qualifier de psych folk. Les harmonies vocales sont particulièrement soignées ; ainsi, celles dispensées sur « Sip of happiness » rappellent The Communards.

Le tout est saupoudré d’accents dispensés ça et là, de jazz, de dub, de soul, d’électro et même de country (cette pedal steel). On imagine la présence d’un saxophone et d’un mellotron sur « The seed », mais la piste est tellement éthérée qu’on ne distingue plus vraiment les instruments. Bref, une œuvre agréable à écouter mais dont votre serviteur ne fera certainement pas le disque de chevet…

Lathe Of Heaven

Bound by naked skies

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Lathe of Heaven est une formation issue de Brooklyn, New York, fondée en 2021 et « Bound by naked skies » constitue son premier elpee. Son patronyme est inspiré du titre d’un roman de science-fiction signé Ursula Le GuM. Certains textes des compos traitent d’ailleurs de cosmologie, mais également de la simulation, de la maladie mentale et de la métaphysique dans son contexte contemporain.

Musicalement, on est replongé dans l’univers du post punk gothique des eighties. Le climat est ténébreux. La ligne de basse est aussi cotonneuse que celle tracée par Simon Gallup au sein de The Cure. Les morceaux sont imprimés, en général, sur un tempo enlevé voire frénétique. La voix est caverneuse. Les percus sont assurées par une boîte à rythmes. Deux pistes sortent quand même du lot : « Moon – Driven sea » et le titre final, « Herald of the circuit-born », deux plages dont aux sonorités de guitare brimbalantes, carillonnantes, rappellent les Chamelons. Un elpee qui devrait plaire aux nostalgiques de Sisters of Mercy…

Bob Vylan

Gym tonique…

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Bob Vylan est un duo londonien qui réunit le chanteur/guitariste Bobby et le drummer Bobbie. Et il se produit ce vendredi 27 octobre à l’AB Club de Bruxelles.

Il pratique un mix entre hip-hop et rock’n’roll musclé voire brut de décoffrage. Son dernier elpee, « Bob Vylan Presents the Price of Life », est paru en avril 2022. Il a décroché le prix Kerrang (NDR : cérémonie organisée par cet hebdomadaire britannique de musique rock et heavy metal)

On peut lire sur sa page Bandcamp : ‘The internet is dead, see us in the flesh !’ ; ce qui se traduit par : ‘Internet est mort, regardez-nous en chair et en os !’

C’est est un tandem engagé. Ses textes dénoncent les injustices : pauvreté, Brexit, inégalités raciales, coupes dans le secteur de la santé... Et dans sa musique, il s’évertue à rapprocher et mélanger les genres et les sous-cultures. C'est ce qui lui permet d’être apprécié par les amateurs de rock, de rap, de punk, de dance et de musique alternative.

Le concert est sold out.

Issue du Nord de la Belgique, et plus précisément de Bruges, SPACEBABYMADCHA, aka Maya De Zutter, assure le supporting act. C’est une artiste multidisciplinaire, compositrice et rappeuse. Sa musique se nourrit de trap et de soul alternatifs, d’ambient, de r’n’b ainsi que de hip-hop électronique. Cette année, elle figure parmi les neuf finalistes du concours ‘De Nieuwe Lichting’, organisé par StuBru.

Sur les planches, elle est soutenue par une autre fille, casquette de rappeur vissée sur la tête. Postée derrière une table, elle bidouille ses manettes. Maya est vêtue d’un pantalon et d’une veste sombres et s’est enfoncé un bonnet sur le crâne. Malgré leurs couvre-chefs, on distingue leurs cheveux bouclés. Plutôt jolies, elles ont le teint mat. Le set va se concentrer sur des extraits du dernier opus, « New Era », paru en 2021. Maya possède une voix imposante, mais samplée ou vocodée, elle en devient ondoyante. Elle remue constamment, se déplace de gauche à droite et inversement, bondit et grimpe même sur les deux haut-parleurs sis aux extrémités du podium. Très interactive, elle plonge dans la foule, et l’incite à lever les bras ou à jumper.

Franchement, sa réputation de show-woman responsable de concerts vibrants et énergiques, n’est pas usurpée.

Place ensuite à la Bob Vylan. Bobbie est planté à droite sur une estrade, derrière un kit de batterie imposant, dont 5 cymbales et un MPD. Bobby a enfilé un training couleur bleue et ses dreads sont ramenées en couettes tressés sur le devant.

Le chanteur entame le show, suivant un même rituel, par une série d'échauffements de style militaire sur des rythmes tonitruants.

Les nouveaux singles « Dream Big » et « Here A Man » constituent un avant-goût de la manière dont les Britanniques se rapportent à notre société de consommation occidentale. Pendant « I Heard You Want Your Country Back », un spectateur tend à Bobby, déjà torse-nu, un drapeau palestinien. Il le colle à gauche sur un empilement de 3 boxes en bois placé, en arrière-plan. Le public en profite pour cracher son venin. Ce morceau figure sur la B.O. de la série Netflix ‘The Bastard Son & The Devil Himself’. Le chanteur déclare : ‘Nos vies auraient pu finir dans les bennes à ordures. Ne le tenez pas pour acquis. Soutenez Warchild’. Il recommence à effectuer ses exercices d’éducation physique avant d’attaquer le titre maître de son second long playing, « We Live Here ». Des mosh pits éclatent régulièrement.  

Des samples pré-enregistrés reproduisent des sonorités de guitare, de basse, de claviers et de bruits divers. Tonitruantes, sauvages et tribales, les percus de Bobbie communiquent à la foule une forme de frénésie, qui danse sur chaque battement et reprend chaque mot. Bobbie se lance dans un crowdsurfing tout en continuant de chanter. Dans la fosse, ça pogote sec. On se croirait presque lors d’un concert de métal. A la demande du vocaliste, la scène est envahie par le public pendant « Wicked & Bad ». Mais aussi c’est la compo qui achève le show…

Setlist : « Down », « Big Man », « I Heard You Want Your Country Back », « CSGB », « Take That », « We Live Here », « Pulled Pork », « England's Ending », « The Delicate Nature », « Pretty Songs », « Dream Big », « Wicked & Bad ».

(Organisation : Ancienne Belgique)

Greenhouse Talent : les nouveaux concerts (update 23/10/2023)

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ME 03.04.2024 The world of Hans Zimmer ING Arena, Bruxelles 

MA 12.11.2024 The world of Hans Zimmer Sportpaleis, Anvers
DATE SUPPLÉMENTAIRE - en vente à partir du 26 octobre, 10 heures

http://www.greenhousetalent.be

 

Deadletter

Un peu court, mais percutant !

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Deadletter est un sextet issu du sud le Londres qui, selon les médias les plus perplexes, se contente de faire revivre le post punk des eighties, alors que les plus ouverts estiment qu’il appartient à la nouvelle vague du rock qui s’abat depuis quelques années en Grande Bretagne. Certains le considère même comme une révélation sur la scène contemporaine insulaire. Lors du dernier festival BRDCST, qui s’était déroulé à l’AB, le public avait été conquis par sa prestation. Et puis, c’est quand même la dixième fois que la formation se produit en Belgique… Ce dimanche 22 octobre, il est programmé au club de l’AB. Et le concert est sold out.

Le supporting act est assuré par Nona Problemo. Originaire de la région de Louvain, il s’agit d’un des lauréats de l’édition 2021 du concours Sound Track, en Flandre. Ce quatuor implique un guitariste, un claviériste, un drummer et un chanteur/bassiste, dont la voix évoque Robert Smith. Il n’est donc pas étonnant que son post punk soit influencé par The Cure, même s’il est teinté de psychédélisme.

La salle est blindée lorsque Deadletter grimpe sur l’estrade : Zac au micro, George à la basse, Poppy (une fille) aux saxophones, Will et James (il mesure plus de 2 mètres !) aux guitares, et enfin Alfie à la batterie.

Le show s’ouvre par « Mysterical ». Les interventions de Poppy au saxophone sont envoûtantes. C’est manifestement ce qui fait l’originalité de la musique du band. Dès le deuxième morceau, Zac a trop chaud et enlève sa chemise, geste que va imiter Will, un peu plus tard. Le vocaliste est constamment au contact des premiers rangs. Il prend régulièrement des bains de foule. Elle est tout aussi enthousiaste, s’agite et on se bouscule à l’avant de la fosse. Un spectateur audacieux monte sur le podium puis se lance dans le vide, mais les mains des spectateurs lui permettent de crowdsurfer jusqu’au milieu de la salle.

 Efficace, la section rythmique se distingue par une ligne de basse cotonneuse et souvent plus puissante que les autres instruments. Et même de la voix de Zac. Les compos ne manquent pas d’énergie, mais elles sont régulièrement tramées sur une même structure. On en oublierait presque les paroles qui reflètent l’engagement sociopolitique du groupe.

Plus pop, « Degenerate Inanimate » permet un peu à tout le monde de souffler.   Avant le retour à l’intensité électrique, qui parfois évoque celle que dispensait Franz Ferdinand à ses débuts.

Pendant « Madge's Déclaration », les tambourins et les cymbalettes s’invitent et dynamisent le show, alors que Zac, déambule au milieu de l’auditoire, lui demande de s’accroupir, puis de se relever pour vivre un pur moment de folie. Zac peine alors à revenir sur les planches.

« Zeitgeist » achève un show d’à peine 50 minutes dont plusieurs titres ont été puisés au sein de l’Ep « Heat », paru l’an dernier. Pas de rappel. Un peu court, mais percutant !

Setlist : « Mysterical », « The Snitching Hour », « Murdered », « Hero », « Degenerate Inanimate », « Madge's Declaration », « Haunting », « Fit for Work », « Credit », « Binge », « Deus Ex Machina », « It Flies », « Zeitgeist ».

(Organisation : Ancienne Belgique)

Soulcrusher 2023 : reportage photos

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Au plus grand bonheur des amateurs de doom/sludge/black metal, le Soulcrusher s'est déroulé, une nouvelle fois, cette année, au Doornroosje.

Pour cette nouvelle édition, le festival s'est doté d'une très appréciée 3ème scène.

Si celle-ci reste de faible capacité, elle a permis de limiter l'engorgement de la Red Stage, mais aussi et surtout de mettre en avant des projets plus intimistes.

Parmi ceux-ci, on notera tout particulièrement la performance de Mütterlein. L'impressionnante voix de Marion Leclercq, installée seule avec ses instruments au centre d'une rangée de faucilles, est parvenue à captiver l'audience. Si ce n'est déjà fait, nous vous invitons fortement à découvrir son dernier album en date, "Bring Down The Flags".

Mais les autres scènes n'ont pas été en reste et ont vu défiler un grand nombre de représentants du genre.

Le premier jour a été ponctué par le set de The Devils Trade, actuellement en tournée avec Alcest. Panzerfaust et Misþyrming ont, sans surprise, asséné des sets brutaux. Les amateurs de stoner se sont réjouis face au concert de Belzebong. Enfin, comment ne pas citer le techno/black metal/indus des Japonais de Violent Magic Orchestra, set le plus déjanté de toute cette édition.

Le dimanche a, quant à lui, été marqué par les sets de GGGOLDDD, portant son nouvel Ep, "PTSD", la douce mélancolie du concert de Fvnerals, mais aussi et surtout par la prestation sans faille de Cult of Luna.

Le reportage photos est disponible ici

Le festival a d'ores et déjà annoncé ses prochaines dates.

A vos agendas : le Soulcrusher nous reviendra le 11 et 12 octobre 2024.

https://www.doornroosje.nl/festival/soulcrusher/

 

 

 

Adé

Entre pop luxuriante et country lumineuse…

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À la suite de l’attentat perpétré l’avant-veille au Boulevard Sainctelette, peu de monde s’est déplacé pour assister au concert d’Adé programmé ce mercredi 18, au Crique Royal de Bruxelles. Seul les sièges du bas et la fosse sont remplis.

Adélaïde Chabannes de Balsac, aka Adé, a déjà bien baroudé. Elle a milité au sein de Thérapie Taxi avant de se lancer dans une carrière solo. On aimait alors déjà, son aplomb, sa voix claire, son allant et la fougue de sa jeunesse. La chanteuse a choisi aujourd’hui d’entamer sa mue, de développer les registres musicaux de son chant. Elle est venue défendre son premier elpee, « Et alors ? », un disque aux influences folk-pop et aux mélodies entêtantes.

Le supporting act est assuré par Hélène Sio, une jeune artiste de 22 ans qui a suivi des cours au Conservatoire auprès d’Ibrahim Malouf. Autrice, compositrice et interprète, celle qui a fait succomber des milliers de followers via ses reprises, dévoile enfin ses compositions originales. Originaire de Narbonne, elle a débuté le chant lyrique à l’âge de 9 ans. Elle avoue puiser ses influences chez Alain Bashung, Franck Sinatra, Michel Legrand et Juliette Armanet. A tout juste 17 printemps, elle a participé à l’édition française de The Voice où elle a atteint la demi-finale.

Sur les planches, Hélène, tête blonde bouclée à la Blondie, est soutenue par un guitariste et un bassiste/claviériste. Elle chante tantôt au milieu du podium, face à son micro ou à sa droite, derrière ses ivoires.   

Elle possède une voix profonde, cristalline, douce et aérienne, sorte d’hybride entre Emma Louise, Louane et France Gall. Elle nous réserve de jolies ballades romantiques aux sonorités pop, à l’instar de son premier single « Je Veux Toucher Vous » ainsi que « Fin de Film ».

Solaire, sensible et particulièrement interactive, elle établit un excellent contact avec le public.

Elle nous explique brièvement qu’elle a vécu une relation amoureuse qui s’est terminée brusquement. Son ex l’avait blacklistée sur le net. Elle devait lui transférer des virements de 50 cents via PayPal. Elle a traduit cette mésaventure dans la chanson « Les Virgules », qu’elle interprète aux claviers. Une bonne première partie.

A 21 heures, les lumières s’éteignent pour dévoiler le décor. Des spots accrochés au plafond illuminent la salle d’une lumière bleue. Sur la tenture sise en arrière-plan, apparaît des parties de néons bleus qui finissent par dessiner le nom ‘ADE’ en grand. Il réapparaîtra à plusieurs reprises, au cours du spectacle.

Après une courte intro pré-enregistrée, les musicos débarquent. Les deux guitaristes se plantent aux extrêmes du podium. Les rejoignent un bassiste et un drummer qui s’installe sur une estrade. Telle une princesse des temps modernes, Adé arrive à son tour. Du haut de ses 27 ans, les cheveux de couleur geai au vent, elle est vêtue d’un tee-shirt orange sur une petite jupe portefeuille noire de type trapèze ressemblant fortement à un short court.

Le set s’ouvre par « Les Silences ». Et on est immédiatement balayé par le vent qui souffle d’ordinaire sur les grandes plaines de l’Ouest américain. Il n’y manque que les saloons où traînent les cowboys. Car la musique dispensée ce soir évolue essentiellement dans un mix pop luxuriante et country lumineuse.

Dès « J’me barre », Adé met son public en poche. Toutes les chansons sont bonnes, efficaces, touchantes ou entêtantes. Adé occupe bien la scène libère une belle énergie et affiche un naturel plus qu’assumé. Il existe une vraie fraîcheur dans les mélodies de ses compos. Sa voix, à la fois pure, sucrée et sensible, y est pour beaucoup et porte des textes qui semblent souvent focalisés sur les désillusions amoureuses et le courage nécessaire pour les surmonter (« Solitude imprévue », « Insomnies » et « Side By Side »).

Lors du premier rappel, Adé va nous réserver un petit medley acoustique au cours duquel seront repris « Jolene » de Dolly Parton et « Jimmy » de Moriarty. Toute la formation se serre sur l’estrade du drummer, ce dernier se concentrant sur un petit tambourin. Pendant cet intermède country/folk, la voix d’Adé acquiert ce petit supplément d'âme qui apporte une autre dimension au concert. On l'imagine alors exceller dans un registre crooner jazzy.

Adé accorde un second encore constitué de trois nouvelles chansons : « 20 ans », « Nuit Américaine » et « Juke Box ». Elles seront intégrées à la réédition de son premier opus qui paraîtra en novembre 2023. La setlist a d’ailleurs été essentiellement consacrée à cet LP, enregistré à Paris, Bruxelles et -parce que la Parisienne rêvait de pedal steel, dobro, banjo, mandoline et harmonica- au studio Sound Emporium de Nashville, là où Emmylou Harris et Willie Nelson y ont enregistré…

Aucun titre de Thérapie Taxi n’y a été inclus lors de ce show de très bonne facture, mais malheureusement un peu court…

Setlist : « Les Silences », « J’Me Barre », « 20 Ans », « Berceuse », « Solitude Imprévue », « Nuit Américaine », « Side By Side », « Insomnies », « Juke Box », « Q », « Avec Des Si », « Tout Savoir ».

Rappel 1 : « Eh Alors », Medley « Jolene, Home, Don't Think Twice, It's Alright » (Elvis Presley cover), « America » (Razorlight cover).

Rappel 2 : « Sunset », « Si Tu Partais », « Bonne Année ».

Organisation : (Live Nation en accord avec Uni-T)

 

bdrmm

Un final un peu trop expérimental…

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Issu de Hull, au Nord de l’Angleterre, bdrmm se produisait ce mercredi 18 octobre au club du Grand Mix à Tourcoing. Le quatuor réunit les frères Smith, Ryan (chant, guitare, claviers) et Jordan (chant, basse, claviers) ainsi que Joe Vickers (guitare, basse) et Conor Murray (drums). A son actif, de nombreux singles et Eps, mais surtout deux elpees : un éponyme paru en 2020 et « I don’t know », en juin dernier. Le patronyme s’inspire de ‘bedroom’ (Trad : chambre à coucher), alors que la musique navigue quelque part entre post rock et shoegaze. Pas étonnant que la formation ait été choisie par Ride pour assurer sa première partie, lors de sa dernière tournée, et signé chez Rock Action, le label de Mogwai.

Il fait très chaud dans la salle, lorsque bdrmm monte sur l’estrade. Enfin remonte, puisque quelques minutes plus tôt, elle réalisait son soundcheck. Amusant, mais Conor, le batteur, ressemble un peu à Dany Boon, mais en plus jeune. Les musicos sont d’ailleurs très jeunes. Et cette jeunesse est bien représentée au sein de la foule. Derrière le combo, on remarque la présence d’une grande toile, sur laquelle seront projetées, durant tout le set, des images brumeuses, psychédéliques. Quant aux planches, elles sont bien garnies de pédales d’effets de distorsion.

« Alps » ouvre le set. Déjà, la voix de Ryan se révèle à la fois douce, fragile, atmosphérique, mais angoissante. En outre, il commence déjà à manipuler les potentiomètres des effets de pédales. La compo (comme la plupart de celles du concert) monte progressivement en crescendo avant d’atteindre un premier pic d’intensité. Après le très shoegaze « It’s just a bit of blood », le plus connu « Gush » recueille tous les suffrages. « We fall apart » nous offre un véritable duel de grattes. La voix de Jordan et plus puissante. Faut dire que physiquement, il en impose. Pendant « Hidden camera », alors qu’il se déchaîne sur sa guitare, Ryan renverse malencontreusement son clavier. Ce qui ne l’empêche pas d’achever le morceau, en manifestant une même exaltation. Avant de tout remonter, à l’aide de Joe. Plus de peur que de mal, le Korg fonctionne normalement. Le groupe embraie par « Pulling stitches ». Alors que le drummer imprime un tempo binaire, le light show devient aveuglant. A mi-parcours de « Mud », les musiciens s’éclatent littéralement. Ryan se consacre aux claviers au début de « Push/Pull », une compo qui change de rythme à mi-parcours ; moment choisi pour reprendre sa gratte. Les deux sixcordistes conjuguent leurs instruments pendant « Happy », libérant alors des tonalités tintinnabulantes. Des sonorités qui deviennent carillonnantes, tourbillonnantes, sur le quasi-instrumental (Un)happy ». Les deux frangins ont les genoux au sol et font varier les boutons d’effets de pédales. Puis le morceau retrouve un mid tempo, avant que la déferlante ne fasse son retour, dans un univers sonore plus expérimental, tout comme lors du dernier long titre du set, pourtant entamé sur un rythme martial, mais au cours duquel les cordes sont très (trop) souvent triturées, frappées et les boutons à nouveau sollicités. D’ailleurs, totalement déjantés, les deux derniers morceaux se sont un peu trop égarés, au goût de votre serviteur, dans une forme d’impro qui s’est soldée par un bruitisme dévastateur et un peu hasardeux. Dommage, car le reste de la prestation était vraiment de bonne facture…

Setlist

Alps
Be Careful
It's Just a Bit of Blood
Gush
We Fall Apart
Hidden Cinema
Pulling Stitches
Mud
Push/Pull
Happy
(Un)happy
Port

(Organisation : Grand Mix)

Festival des Libertés 2023 : mercredi 18 octobre

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Le monde est chaud !      

Le Théâtre Naional est situé à quelques centaines de mètres du lieu de l’attentat qui s’est déroulé à Bruxelles, l’avant-veille. On aurait pu craindre une annulation du festival ou un renforcement des mesures de sécurité. Finalement, par rapport à la soirée de dimanche (Vitalic), rien n’a vraiment changé : pas de longue file ni de fouilles à l’entrée. Pour notre plus grand bonheur, et une façon de ne pas céder à la peur. Même si certaines connaissances présentes le lundi, redoutaient de revivre un deuxième ‘Bataclan’, en apprenant, en direct, la tuerie perpétrée à deux pas de la salle.

Mais ce soir, l’ambiance est et restera bon enfant. En outre, elle sera définitivement ‘peace’ comme dans tout bon concert de reggae et world music. Et d’ailleurs, celui de Tiken Jah Fakoly est programmé, lors de cette 7ème soirée de festival, entre deux films engagés et de qualité. ‘Behind the line’ raconte le parcours d’une artiste (dessinatrice) syrienne, confrontée à l’instabilité dans son pays et le choix de le quitter ou d’y rester. Puis ‘The mind game’, un film/documentaire de Sajid Khan Nasiri, jeune Afghan de 15 ans, qui a fui le sien pour la Belgique et raconte ses périples. Des thèmes qui correspondent parfaitement aux valeurs sociopolitiques défendues par l’artiste.

Tiken Jah Fakoly est originaire de la Côte d’Ivoire, et a commencé tardivement (à l’âge 30 ans) à chanter du reggae. Mais près de 25 ans plus tard, il s’est forgé une réputation de militant. Un engagement politique qui lui a valu d’être persona non grata dans son propre pays, le forçant à s’exiler au Mali et pendant quelques années, au Sénégal. Responsable de 11 albums intéressants, à ce jour, et assurant de fréquentes tournées (NDR : dont une dernière date sold-out à l’AB, en mars 2023), il est toujours actif sur le circuit musical.

Et le concert de ce soir ne va pas faillir à sa réputation. Les 8 musiciens débarquent d’abord sur les planches : 3 cuivres, 1 bassiste aux allures de Jamaïcain, 1 guitariste, 1 batteur et 1 claviériste. Et surtout une touche d’originalité : un préposé au Xalam (NDR : ce n’est pas le nom d’un médicament, mais un luth sénégalais). Les deux choristes suivent, puis l’ensemble se lance dans une impro de quelques minutes, qui s’achève par la phrase ‘le passager Tiken Jah Fakoly est demandé’. Et le chanteur de s’exécuter en déboulant sur « Dernier appel » (NDR : issu de l’elpee éponyme, paru en 2014). Il embraie par « Le peuple a le pouvoir » et « Africa » (NDR : dans un anglais très approximatif, mais on lui pardonnera). « Tonton d’America » communique son premier message sur le réchauffement climatique, avant un second en soutien à ‘SOS Méditerranée’. Puis « Gouvernement 20 ans » (NDR : issu du dernier opus, « Braquage de pouvoir », sorti en 2022). Et surprise, le ‘capitaine’ Winston Mcanuff débarque pour chanter en duo « I can hear ». Le Jamaïcain, qui collabore régulièrement avec des artistes français, affiche un look plutôt exubérant. Ses pas de danse enragée et sa puissance vocale collent naturellement à la prestation du quinquagénaire (NDR : il est âgé de 55 balais). L’énergie est partagée aussi bien sur les planches que dans le public. « Le monde est chaud » lui permet de faire passer de nouveaux messages sur le dérèglement climatique (‘La planète nous donne des coups’). Il n’en oublie pas « Plus rien ne m’étonne », « Quitte le pouvoir » ou « Ouvrez les frontières », des tubes interprétés en fin de parcours, puis en rappel, « Françafrique » et « Braquage de pouvoir » qui ponctuent plus de deux heures d’un concert intense.

Et la fête va se poursuivre, pour les plus persévérants, dans le couloir de l’étage, où une scène gratuite propose un set de Bantu Continua Uhuru Consciousness (BCUC en abrégé, et affiché en arrière-plan), un groupe issu de l’Afrique du Sud dont la musique mêle allègrement la world, la pop et une sorte de funk. Que d’émotions en cette soirée, et positives cette fois-ci. Cela fait du bien après celles de tristesse, éprouvées deux jours auparavant, à l’issue de l’attentat. Merci Tiken, merci le festival des Libertés !

(Organisation : Festival des Libertés)

 

 

Haru Nemuri

Expérimental, excitant et inventif…

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Haruna Kimishima aka Haru Nemuri est l’une des artistes émergentes les plus passionnantes du Japon. Sa musique est le fruit d’un mélange unique entre J-rock, noise pop, punk, hardcore et hip-hop. De quoi faire tourner les têtes. Elle chante, bien sûr, dans sa langue natale. Elle se produit ce mardi 17 octobre, à la Rotonde du Botanique. Paru l’an dernier, son dernier elpee, « Shunka Ryougen », recèle de nombreux bangers (NDR : de puissantes sonorités de basse qui incitent à la danse). Elle incarne la parfaite ambassadrice improbable de la scène alternative nippone, riche et fertile qui y a prospéré depuis des décennies.

Dorothy Gale assure le supporting act. C’est une des 5 finalistes du Concours-Circuit qui se déroulera ce 8 décembre au Bota. Il n’y a pas grand monde dans la salle, lorsqu’elle grimpe sur l’estrade. Dorothy Gale est un personnage de fiction dans l'univers imaginaire d'Oz, inventé par l'auteur américain L. Frank Baum. C’est également le patronyme choisi par une jeune Bruxelloise responsable d’une musique électro. Derrière elle s’installent deux collaborateurs qui bidouillent des machines face à une table : Alwis et Jordan Le Galèze.

Tout au long de ce set, Dorothy chante d’une voix pop suave en racontant des histoires ou à travers un cri poignant et punk, dynamisant le tout par les productions électroniques. Face à son pied de micro, elle remue pas mal. Elle danse, sautille et invite le public à la suivre. Et il est réactif. Si la scène est dépouillée, elle se distingue par un contraste entre ombre et lumière. Malheureusement, le son est bien trop fort pour les oreilles de votre serviteur. Alors il préfère les préserver pour la tête d’affiche…

Quelques instants avant que Haru Nemuri ne monte sur le podium, la salle est comble. Elle est vêtue comme une geisha vaporeuse et froufrouteuse rappelant la mode japonaise à la lolita, fière de ses couettes. En retrait, se plante un bidouilleur devant une table sur laquelle sont posés des tas de machines électroniques. Pas de musicos ni d’instruments, seulement son collaborateur, Haru et son scratcher.

Une belle interactivité s’établit entre l’artiste et les premiers rangs, mais elle s’exprime dans un anglais approximatif que l’on comprend à peine. Il faut dire que lorsqu’elle parle, sa voix est fluette, enfantine et très chantante. Mais quand sa prose prend un ton détaché presque clinique, c’est pour mieux exploser en cris gutturaux qui tendent chaque syllabe dans une cadence grotesque. Chaque mot libère alors une certaine émotion. Sur fond de percussion tribale, elle matraque le public de ses ‘Ai ai ai ai ai’. Conquis, celui-ci lui répond en vociférant ces paroles entêtantes. Quant aux machines, elles répandent des sonorités vocales, parfois criées, de guitares bruyantes et de cordes lointaines.

Elle rit très souvent et son rire est communicatif. Elle se balance sur scène et danse comme dans un état de folie.

Une couture de sa tunique a cédé. Elle s’en amuse, mais file dans les loges, deux petites minutes, pour revenir dans un accoutrement aussi vaporeux. Elle récupérera, par la suite, sa tenue raccommodée. Elle n’en n’oublie pas « Angry Angry », une compo co-écrite avec sa compatriote Jaguar Jonze, un hymne au féminisme déterminé en réponse à la prédation et à la tentative de meurtre d'une concitoyenne, par un homme de 36 ans.

Manifestement, ses expérimentations défient le paysage pop japonais d'une manière aussi excitante qu’inventive. Belle découverte !

(Organisation : Botanique)

KermesZ A L’Est

Octophilia

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Actif depuis 2008, KermesZ à l’Est développe un style assez unique mêlant sonorités jazz, salves métalliques et surtout sonorités traditionnelles issues de l’Europe de l’Est (NDR : vu le patronyme, on s’en doute un peu). « Octophilia » constitue son nouvel elpee. Sa musique pourrait parfois être baptisée de version balkanique de La Jungle, duo dont ils sont très proches dans l’esprit et l’énergie. Les –longs– morceaux sont inspirés de morceaux traditionnels originaires d’Azerbaïdjan, de Grèce ou de Roumanie et plus généralement de la région du Caucase ou alors, pour un titre (« Lullysion »), du « Bourgeois Gentilhomme » de Jean-Baptiste Lully, mais enrichi par un texte poétique d’Oliver Chaltin. Réunissant 8 musicos, cette fanfare belge assez unique en son genre est bien entendu au sommet de son art, en ‘live’ vu l’énergie qu’elle y libère ; mais la version studio vaut le détour grâce à ses tourbillons de tuba, saxo et autres trombones à piston…

Calogero

A.M.O.U.R

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Il se conjugue au passé, au présent ou au futur. Généralement imparfait, protéiforme, souvent couvert d’aspérités, il règne chez les hommes et les femmes depuis que la terre est terre. Il est partout et nulle part à la fois. Cupide, insidieux ou encore salvateur, il peut se révéler un allié de premier choix, mais peut également détruire, menant même jusqu’à la mort. De quoi s’agit-il ? De l’Amour évidemment, titre du dernier opus de Calogero.

Réalisé dans son propre studio habilement baptisé Ronipiri (référence au nom de ses enfants Romy, Nina, Pio et Rita), on retrouve à la plume de ce neuvième album, ses fidèles compagnons, Paul École, Bruno Guglielmi, Pierre Riess et même Dominique A. Mais pas que puisque quatre des chansons sont signées Marie Poulain, une jeune artiste rencontrée par le fruit du plus grand hasard et avec qui il interprètera « Le hall des départs ».

Alors qu’il y a trois ans, le chanteur produisait « Centre-ville », un disque plaintif dans lequel il s’exprimait (sans trop de conviction) sur la pandémie et de la façon dont il vivait les confinements, Calo exporte aujourd’hui sa propre vision du sentiment amoureux sous un angle nettement plus positif et détaché faisant de l’intime un acte politique dont il se hisse comme un fervent défenseur.

Si le postulat de départ a tout pour plaire, le résultat global est assez décevant. Alors que le chanteur nous avait habitués jadis par la qualité de ses compositions, notamment à travers l’ultra réussi « Les feux d’artifice », l’elpee souffre d’un trop grand éclectisme de styles, parfois carrément même carrément antagonistes, oscillant du funky « Donne », au rock « Cache-cache » en passant par les sonorités des années 80 à travers « La nuit n’est jamais noire », auquel participe Gaëtan Roussel. De quoi donner le tournis !

Hormis quelques trop rares belles chansons comme « Dénouement heureux » ou lors du duo précité, le disque s’enlise dans une suite de titres mielleux, mal torchés et qui manquent de relief pour qu’ils s’inscrivent dans la durée et restent gravés sur l’autel du panthéon.

« A.M.O.U.R » se survole, plutôt qu’il ne s’écoute, alors que la promesse d’un disque réussi se dessinait pourtant, compte tenu du travail de production et de la trame thématique. Mais, le franco-italien a préféré la zone de confort en privilégiant un volet purement commercial et en se servant d’artifices musicaux peu crédibles.

Ainsi, Calogero enfonce le clou lorsqu’il dénonce les chiffres de l’industrie musicale au détriment de l’audace et la création artistique tout au long de « Faire une chanson », alors que lui-même emprunte cette direction…

Caleb Nichols

She is not your shadow

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C’est en juin 2022 que Caleb Nichols, le bassiste de Port O’Brien, avait publié « Ramon », un album au cours duquel il racontait ses aventures de figure queer, sur la scène californienne, à travers des personnages de fiction.

Près d’un an plus tard, rien n’a réellement changé. L’homme de lettre, l’activiste et le musicien nous propose son nouvel elpee, « She is not your Shadow », sur lequel il reprend les choses, là où les avaient laissées. Il a cependant abandonné ses personnages de ‘Mean Mr. Mustard’ et sa sœur ‘Polythene Pam’ pour nous en présenter un autre : Chan. Tout au long de cet opus, Nichols lui donne la parole en rédigeant des dialogues qui reflètent ses émotions tout en explorant les questions de genre. Si sa pop-rock-lo-fi se distingue pas ses mélodies efficaces, on regrettera le manque de fluidité entre les morceaux, entrecoupés de dialogues... 

Festival des Libertés 2023 : dimanche 15 octobre

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C’est toujours au Théâtre National de Bruxelles (sur le Boulevard Jacqmain, à 2 pas de la gare du Nord et la rue Neuve) que se déroule le traditionnel festival des Libertés. Un événement qui pointe ses projecteurs sur des valeurs essentielles de la démocratie : libertés physiques, idéologiques, intellectuelles, religieuses et morales. Son programme propose des séances de cinéma et des documentaires, suivi de débats, des expositions, des performances... et en seconde partie de soirée, des concerts. Compte-rendu des spectacles de Mezerg et Vitalic qui se sont déroulés ce dimanche 15 octobre.

Marc Merzergue (alias Mezerg) ouvre les hostilités. Il a suivi une formation classique au conservatoire de Bordeaux, est remonté vers Paris avant de se proposer des compos techno inspirées de différentes sonorités électro. Une recette qui a fait son succès dans de nombreux festivals européens majeurs (NDR : il a débuté au Sziget, à Budapest). Véritable homme-orchestre, il nous offre ce soir un one-man show très particulier. Une sorte de Rémy Bricka de l’électro. Outre ses synthés, sa prestation se distingue par son utilisation d’un thérémine qu’il met bien en exergue. Le thérémine est cet instrument électro ancestral, dont l’artiste use et abuse pour faire varier la hauteur de la note. Le tout en ne touchant pas cet appareil, mais en faisant varier la distance entre sa main et l'antenne verticale sur son extrémité. Ajoutez-y des caissons de basse que Mezerg fait kicker à l’aide de ses pieds, et vous aurez le tableau du show de cet artiste hors pair, devant nous ce soir. Toutes ses sonorités viennent heureusement casser le rythme répétitif et assez ‘tchack tchack boum’ des morceaux. Par moments, on se croirait à une rave party. D’autant qu’il fait sombre dans la salle et l’éclairage sur l’estrade est assez atomisant. En outre, Mezerg, dont le visage est souvent caché derrière sa longue chevelure, est disposé latéralement au centre du podium, tournant presque le dos à une grande partie du public. On comprend alors beaucoup mieux pourquoi de nombreux spectateurs rejoignent le bar pendant le set (NDR : il n’y en a qu’un seul à l’étage ; et vite saturé, il provoque de longues files, rappelant les pires moments de celui du Botanique). Il faut attendre la fin du set pour voir l’artiste se lever, faire face et saluer le public. C’est à cet instant, qu’on découvre son visage de mousquetaire. Et sa chemise à fleurs. Un style vestimentaire aussi éclectique que sa musique, finalement.

Vitalic nous avait déjà gratifiés d’un tout grand concert, à l’Ancienne Belgique, en mars 2022. Un moment d’autant plus particulier, que non seulement la date avait été postposée plusieurs fois, mais qu’il s’agissait du premier concert après Covid où la foule pouvait s’en donner à cœur joie, sans masque. Et ce soir, l’ambiance est déjà bien fiévreuse, dès les premières notes. Le light show est à nouveau impressionnant. Il faut dire que l’artiste se sert d’architectures et des technologies de pointe (faisceaux lumineux très précis), créant ainsi une scénographie toujours aussi bluffante, constituée de tableaux de lumières. Il semble même avoir inspiré certains ingénieurs des plateaux de TV. Ses compos aussi figurent dans de nombreuses BO de films, spots publicitaires, génériques TV ou de jeux vidéo. Bref, ce pro a acquis une belle notoriété. Et ce soir, on sait qu’il va encore nous balancer du lourd, comme il y parvient régulièrement, dans les grands festivals (NDR : ses passages à Dour entre 2005 et 2017 ont toujours fait recette).

A côté des titres de son dernier double elpee, « Dissidænce » (paru en 2021 et 2022), le Français nous gratifie de tubes plus anciens comme « Poison lips » ou « Second lives » qui ont le don de faire siffler et danser la foule. Même aux balcons des étages, les premiers rangs sont debout, les bras en l’air ! Les morceaux sont à chaque fois revisités, parfois expérimentaux, sans jamais tomber dans le snobinard. La musique de Vitalic a une âme, des mélodies tantôt dépouillées, tantôt densifiées par les beats et les basses, sans jamais chercher à être dans l’air du temps. Une ambiance et un show dont on ne se lasse pas, même après 20 ans d’existence.

Mezerg + Vitalic = Sunday Night Fever         

(Organisation : Festival des libertés)

 

The Boxer Rebellion

Une belle soirée qui est passée trop vite…

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La dernière fois que The Boxer Rebellion s’était produit en Belgique, c’était en 2016, au Botanique. Un final mémorable, puisque les fans avaient envahi alors la scène, pendant que le groupe jouait « Dreamers ». Il revient de nouveau dans la capitale de l’Europe, ce samedi 14 octobre, mais à l’Ancienne Belgique. Son dernier elpee, « Ghost Alive », remonte à 2018. Et un single, « Powdered Sugar », vient de sortir, précédant la parution d’un sixième opus qui s’intitulera « Promise ». Le concert est complet depuis un bon bout de temps ; il aurait d’ailleurs pu se dérouler dans la grande salle.

Le line up réunit le chanteur/claviériste/guitariste Nathan Nicholson (NDR : il est originaire du Tennessee, aux States), le second sixcordiste Andrew Smith, le bassiste Adam Harrison et le drummer Piers Hewitt.

Le supporting act est assuré par Richard Walters, un parfait inconnu pour votre serviteur. Et pourtant, ce quadragénaire (NDR : il est issu d’Oxford, mais vit aujourd’hui à Paris) a milité chez Theremin, avant de se lancer dans une carrière solo. Il compte cinq albums à son actif et a relevé du même management que Radiohead. Une première partie qui suscite, donc, la curiosité.

La banane aux lèvres, Richard grimpe sur le podium. Cheveux roux comme Ed Shearan, il est coiffé d’une casquette de rappeur ou de basketteur, selon. Il a enfilé une salopette et est chaussé de baskets de marque Converse All Star. Il paraît, au moins, dix ans plus jeune que son âge. Il est armé d’une gratte semi-acoustique. Il possède une belle et suave voix de tête. On se rend bien compte que le gaillard a joué dans des pubs et la rue. Il a bossé en compagnie de Thom Yorke et l’Irlandais Damien Rice. La délicatesse des mots de l’artiste se ressentent dans ses moindres murmures. C’est une sorte de poète. La foule l’écoute attentivement. D’ailleurs, pendant son set, on pourrait entendre une mouche voler. Richard la remercie, à plusieurs reprises, pour le respect de son écoute.

De son récital, on épinglera le morceau d’entrée, le romantique « King Of Leaves » (extrait de l’album « Regret Less », publié en 2012), « Unconditional » et « Awards Night », deux titres au cours desquels sa voix devient atmosphérique, ainsi que la reprise du « Roads » de Portishead. De toute beauté ! Dommage qu’il n’ait pas interprété son dernier single, « Lost in Your Light » …

Setlist : « King Of Leaves », « Unconditional », « After Midnight », « Roads » (Portishead cover), « Awards Night », « Infatuation ».

A 21 heures pile, The Boxer Rebellion débarque. Nathan exécute un discret salut et le concert s’ouvre par le puissant « Step Out of the Car ». On entend la voix du chanteur qui est couverte par l’instrumentation. Il signifie à l’ingé son le souci et demande de régler le volume de son micro. Problème résolu !

Nathan est enrhumé et il le signale, mais ce refroidissement n’aura pas d’influence sur sa voix empreinte de douceur et bercée de mélancolie…

Pendant « Locked in the Basement », les grattes s’emballent. Avant d’attaquer « Love Yourself », le frontman plaisante en signalant que la salle est tellement cosy qu’il a l’impression de se produire dans un salon privé, en showcase. « What the Fuck » libère davantage de puissance que sur l’opus. Une transition idéale pour nous interpréter le nouveau single, « Powdered Sugar », paru il y a à peine deux jours.

A partir de « Caught By The Light » le set grimpe en intensité et le light show est au diapason. Tous les musicos descendent dans la fosse pour nous réserver une version acoustique de « Big Ideas ». Les harmonies sont parfaites. Ce qui se traduit par un grand moment de recueillement a sein du public qui connaît et reprend en chœur les paroles de la chanson.

Hormis le drummer, polyvalents, les musiciens changent régulièrement d’instruments.

Pendant « New York » le guitariste Andrew Smith et le bassiste Adam Harrison rejoignent la drummer sur son estrade exiguë. « Evacuate » et « Semi-Automatic » charment littéralement l’auditoire ; d’ailleurs tout au long de ces deux titres, des applaudissements fusent de partout. « The Gospel of Goro Adachi » est dédié à Richard Walters. A l’issue de ce morceau, le quatuor salue la foule et se retire.

Mais nous aurons droit à un rappel de deux compos. Pour la circonstance, le batteur a enfilé des chaussettes de couleur rouge. « Diamonds » était attendu, mais ne provoque pas d’intrusion sur la scène. Nathan évoque l’interruption dans le parcours du band pendant cinq ans, mais sans rentrer dans les détails. Il promet d’ailleurs, de revenir bientôt. Une belle soirée qui est passée trop vite et surtout une chouette découverte, Richard Walters…

Setlist : « Step Out of the Car », « Spitting Fire », « Let's Disappear », « Love Yourself », « Locked in the Basement », « We Have This Place Surrounded », « Flight », « Semi-Automatic », « Here I Am », « What the Fuck », « Powdered Sugar », « Caught by the Light », « New York », « No Harm », « Big Ideas » (acoustique), « Evacuate », « The Gospel of Goro Adachi » (dedicated to Richard Walters).

Rappel : « Diamonds », « Let It Go ».

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

Within Temptation

Un cri de liberté !

Batave, Within Temptation est l’un des groupes de métal symphonique les plus populaires. Il a été fondé en 1996 par la chanteuse Sharon den Adel et le guitariste Robert Westerholt. Entre-temps, il est parvenu à s'imposer dans l’univers du métal, mais pas seulement, puisqu’il est même devenu un nom familier. Son huitième elpee, "Bleed Out", est paru ce 20 octobre 2023, un disque lourd dont les thèmes le sont tout autant. Sharon Den Adel nous en parle ainsi que du set accordé par la formation, dans le cadre des Lokerse Feesten (review sur le site nl, ici) et de ses futurs projets, ambitions et objectifs.

Votre nouvel opus, « Bleed out », est paru ce 20 octobre, une œuvre pour laquelle vous vous êtes inspiré de la dure réalité quotidienne. On a l'impression que c'est aussi devenu un disque très personnel. Si c’est le cas pour tous précédents, c’est un peu plus flagrant pour celui-ci. Les auditeurs s'identifient-ils un peu plus aux thèmes abordés sur ce disque, afin de mieux les appréhender ?

Je ne les ai pas abordés différemment que par le passé. Bien sûr, j’y évoque des sujets qui passionnent beaucoup plus, et notamment ceux qui se déroulent pour l’instant dans un monde mal en point. C'est tout à fait dans l'air du temps. Mais c’est une grande source d’inspiration et, évidemment, vous laissez parler votre cœur. Et nous ne pouvons qu'espérer que l'auditeur le ressente également.

Quelle est la différence entre les précédents long playings et ce "Bleed Out" ? 

Il est un peu plus lourd, musicalement aussi. Et lorsque vous vous vous servez de textes plus mélodiques et émotionnels, ils atteignent plus facilement l'esprit. C'est un album intense, tout comme les précédents, mais la grande différence se situe surtout au niveau musical. La technologie est également distincte de celle utilisée auparavant, ce qui permet de faire sonner les lignes mélodiques autrement, par exemple.

Ce qui a toujours rendu Within Temptation si spécial, c’est une forme d’univers théâtral dans lequel on entre en tant que visiteur. J’estime ce sentiment encore plus extrême aujourd'hui.

J'ai accordé beaucoup d'interviews et je m'en sors plutôt bien (rires), mais c'est agréable de pouvoir parler de sujets qui me tiennent à cœur, comme le contenu de cet album. Je le compare à une peinture, quand tu la regardes accrochée dans une galerie. Elle semble assez abstraite parce que tu ne comprends jamais toute l'histoire qui se cache derrière. C'est un peu pareil pour la musique. Certaines personnes perçoivent le message que nous voulons transmettre. D’autre moins. Aussi, il est intéressant de pouvoir disposer d’un relais, notamment par le biais d'interviews, pour commenter les messages que nous voulons faire passer. Donc, oui, je suis très heureuse de la manière dont les événements se déroulent.

Votre voix ne s’était pas dégradée ?

Après la corona, oui, mais presque tous ceux qui l’ont contractée se sont plaints de ces soucis vocaux qui sont soudainement apparus. Deux semaines plus tard, je pouvais à nouveau chanter ; donc non, pour l'instant, il n'y a plus de problème...

Les quelques morceaux que j’ai pu entendre semblent très variés. Il est certain que "Ritual" sonne un peu différemment et se révèle un peu plus accessible... Est-ce un choix délibéré ?

"Rital" est la seule chanson qui sonne un peu plus légère, en fait. L'album précédent sonnait plus lourd et davantage chargé en émotions. Nous voulions adopter une approche légèrement différente, même si le sujet est toujours aussi lourd. Il l’est d’ailleurs davantage que ce à quoi les gens sont habitués de notre part, c'est pourquoi il est bon d’insérer des chansons accessibles, pour souffler un peu.

N'avez-vous pas un peu peur que cette approche plus intense et plus lourde vous fasse perdre un peu de votre public, qui se compose à la fois de fans de pop/rock et de métal ?

Tout d'abord, je ne pouvais pas adopter un format que je ne supporte pas moi-même. Cependant, nos goûts personnels évoluent également au fil du temps. Et nous ne pouvons qu'espérer que notre public nous suive dans cette voie. Jusqu'à présent, cet album a reçu des appréciations positives, même de la part de fans de non-métal, et en particulier parce qu'il recèle encore beaucoup de mélodies. La ligne de chant, en particulier, est très mélodique. Et la combiner à des guitares lourdes rend le tout encore plus rêveur. J'ai l'impression que cette formule plaît aussi aux fans de non-métal. Donc, oui, je pense que tout se passera bien.

Tous les albums de Within Temptation reflètent des émotions personnelles, mais sur cet LP, j'ai l'impression que la barre a été placée encore plus haut.

Le thème de cet album rend les choses plus intenses. Beaucoup plus personnelles, en tout cas. On essaie donc d'y mettre tout ce que l'on ressent. En concert, encore plus que sur disque, je pense.

Votre musique est très cinématographique. N’avez-vous jamais -ou alors j’ai raté un épisode- eu l'intention de composer des B.O. de films ?

Nous l'avons fait à une reprise pour le long métrage qui raconte l'histoire de Joran Van der Sloot (NDR : un criminel néerlandais condamné pour le meurtre de l'étudiante péruvienne Stephany Flores). C'était vraiment amusant, mais on doit nous le demander. Notre musique s'y prête, comme beaucoup d'autres d'ailleurs. C'est un monde complètement étranger, mais il faut être sollicité.

J’ai pu assister au set que le groupe a accordé à Lokeren, ma ville natale, et la combinaison entre les effets visuels, votre belle voix et la puissance de feu des instruments, était époustouflante. Finalement votre musique prend tout son sens lorsqu'elle est interprétée en ‘live’. Within Temptation serait-il, avant tout, un groupe de scène ?

Le ‘live’ apporte une dimension supplémentaire à notre musique, c'est vrai. On ressent l'énergie, on la voit et on discerne les émotions qui émanent de la foule. Nous avons également produit un album très visuel, qui est mieux mis en exergue après avoir assisté à un set en ‘live’. Et même si nous avons essayé et réussi de transposer ce feeling sur disque, vous ne pouvez tout simplement pas capturer à 100% ces émotions sur disque sans l'interaction avec votre public…

J’ai suivi la ‘Féale Voice Métal’ depuis ses débuts et notamment le parcours de Nithin Reptation. Il y a même eu une période au cours de laquelle le genre était vraiment en plein essor. A l'exception de quelques formations comme la vôtre, Epiça et Nitish, pour n'en citer que quelques-unes, j'ai l'impression que le gras a un peu disparu de la soupe.

En ce qui concerne Nithin Reptation, notre succès est toujours au rendez-vous. Notre notoriété s'est accrue depuis, mais je ne peux pas parler pour les autres. D'ailleurs, il est assez facile de parler de ce style, mais il va bien au-delà de la ‘voix féminine’. D'ailleurs, on l'appelait ou on l'appelle ainsi uniquement parce qu'une femme chante, et donc on ne tient pas compte des nuances, uniquement parce qu'une femme est aux vocaux. Je ne considère donc pas qu'il s'agisse d'un genre en soi. Ce qui est positif, c'est que de plus en plus de femmes commencent à chanter dans des groupes de métal.

J'assiste à des concerts depuis 1983, et même si de plus en plus de chanteuses émergent, le monde du métal et du rock reste un bastion masculin. Partagez-vous cet avis ? Pour les filles, c’est peut-être dû à un manque de modèles féminins alors que les garçons en disposent de nombreux…

C’est une remarque qui vaut peut-être pour le passé, mais dans l’univers musical contemporain, il existe de nombreux exemples féminins. Il suffit de regarder, autour de nous, Nitish ou Ginger, et il y en a d’autres menés par une femme qui se débrouillent très bien. Perso, parmi mes modèles féminins forts qui se sont affirmés, je citerai Janis Joplin et Sheela E. Amy Macdonald. Ou encore Candy Pulfer, qui l’est devenue pour les Pays-Bas et la Belgique. Elle a prouvé qu'il ne fallait pas seulement être chanteuse, mais aussi musicienne. Les exemples féminins ne manquent donc pas, mais il faut leur donner la tribune qu'elles méritent. Et c'est là que le bât blesse, parfois. J'ai eu la chance d'être tombée naturellement dans cette catégorie, et je n'ai donc jamais connu ce problème.

Dans notre monde occidental, les femmes peuvent heureusement rester elles-mêmes, alors que dans certains pays comme l'Iran et l'Afghanistan, elles sont traitées comme des êtres inférieurs. Des situations incompréhensibles qui m'exaspèrent. Ce sujet revient donc également dans les lyrics de votre elpee. Est-ce un sujet que vous avez voulu aborder sur ce disque ?

Il est vrai le monde occidental démocratique a connu un développement différent de celui de certains pays comme l'Iran. Ce qui est admirable, c'est que des personnes s'opposent ouvertement au régime mis en place là-bas, souvent au péril de leur vie. C'est ce thème qui est abordé dans la chanson "Bleed Out". Ces femmes s’élèvent face à cette situation et indiquent qu'elles ne peuvent plus supporter ce mode de vie. En contestant et en manifestant contre ces règles, on peut espérer que la prochaine génération féminine sera mieux lotie. Et c'est bien cette thématique que nous traitons sur ce disque. Mais aussi de la religion. En tant qu'être humain, vous devriez pouvoir vivre l’existence que vous souhaitez. Ce qui n'est pas si évident dans un pays comme la Russie, par exemple. Nous avons délibérément voulu aborder ce sujet. Nous parlons également de l'avortement, pas tellement parce que nous sommes pour ou contre, mais plutôt car nous estimons qu’il faut laisser la liberté de choix. Comme le droit de ne pas accepter que son pays voisin vienne annexer une partie d’un territoire. C'est le cas actuellement de la Russie en Ukraine. C'est aussi absurde que si les Pays-Bas confisquaient Anvers et vous laissait le reste. L’absurdité de cette guerre, c'est le sujet de l’album. J'espère aussi que le parti populiste d'extrême droite ne gagnera pas les élections en Pologne, sans quoi il risque bien de perdre une partie de sa démocratie (NDLR : selon les résultats finaux, l’opposition pro-européenne a remporté ces élections). Ce serait vraiment dommage. En résumé, notre nouveau disque est principalement un cri de liberté, pour les femmes et les hommes, pour qu'ils puissent être eux-mêmes dans ce monde.

C'est merveilleux que vous évoquiez ces sujets de cette manière. On ne le fera jamais assez, car il y a encore tellement de choses qui ne vont pas dans ce monde lorsqu'il s'agit de liberté. Vous vous produirez à la Lotto Arena d'Anvers, le 5 octobre 2024. Sinon, quels sont vos futurs projets ?

Nous allons principalement préparer la prochaine tournée, qui débutera en octobre 2024. Nous avons tourné en compagnie d’Evanescence comme ‘coheadliner’, joué dans de nombreux festivals, l'année dernière, et nous allons nous reposer un peu maintenant, malgré les nombreuses propositions de concerts qui nous sont adressées. Enfin, nous partons quand même encore en Amérique du Sud. Et puis nous devons rattraper ce qu’on n’a pu faire pendant la Corona.

En analysant le parcours de Within Temptation, quels ont été les hauts et/ou les bas ? Si vous pouviez changer le cours des événements, qu’auriez-vous modifié ?

D'une part, il y a des décisions que j’aurais prises différemment aujourd'hui, mais d’autre part, ces expériences nous ont permises d’être là où nous sommes aujourd'hui. Nous avons tiré les leçons des mauvais choix. Ce qui a toujours été un défi pour moi, personnellement, c'est l'équilibre entre la maison et le travail. Quand je suis toujours occupé au sein du groupe, je n'ai pas assez de temps pour ma vie privée. Je regrette de ne pas avoir conservé assez de contacts avec mes amis. Mais nous n’aurions alors pas atteint la même notoriété. Il a fallu faire des choix !

Lorsqu’on est au sommet de la gloire depuis si longtemps, y a-t-il des ambitions ou des objectifs que vous aimeriez atteindre ?

Mon objectif principal est de continuer à écrire de belles chansons. C’est très magique ! Après toutes ces années, continuer à faire de la musique est et reste, la plus belle chose qui soit, et être toujours inspirée, merveilleux…

Nouvel album "Bleed Out", paru ce 20 octobre 2023

Larkin Poe

Ce blues profond qui vient des States…

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Larkin Poe est une formation drivée par les sœurs Rebecca et Megan Lovell. Originaires de Géorgie, elles se sont établies à Nashville, au Texas. Le patronyme du band est inspiré du nom de leur arrière-arrière-arrière-grand-père, un lointain cousin de l’écrivain Edgar Allan Poe. Le combo s’est formé après la séparation du groupe de bluegrass familial, The Lovell Sisters. Si à l’origine, la formation pratiquait du folk, elle a depuis viré au blues/rock. Chez Larkin Poe, Rebecca (NDR : la brune !) se consacre au chant et à la guitare électrique, et sa sœur, Megan (NDR : la blonde !) à la seconde voix et à une dobro trafiquée, dont elle se sert en position debout, comme une lap steel. Ben Harper y est d’ailleurs accro. Publié en 2022, le dernier elpee s’intitule « Blood Harmony ». Mais un Ep 4 titres, « An Acoustic Companion », est paru début de ce mois d’octobre. Le band se produit pour la quatrième fois en Belgique et votre serviteur assiste à sa prestation pour la troisième. La grande salle de l’AB est blindée.

A 20h45, The Sheepdogs monte sur le podium. Un combo canadien issu de Saskatoon, dans la province du Saskatchewan, actif sur le circuit depuis 20 ans. En 2016, il figurait en tête d’affiche au sein d’un club de l’AB, comble. Ce soir, il assure le supporting act. Enregistré ‘live’, son dernier Ep, « Jam In The Van », est sorti en juin 2023.

Le line up réunit Ewan Currie (lead singer, guitariste et claviériste), son frère Shamus Currie (claviériste, guitariste, seconde voix), Ryan Gullen (basse, backing vocaux), Ricky Paquette (guitariste soliste) et, installé sur une estrade, Sam Corbett (drums). Ils arborent tous une chevelure abondante. Et trois d’entre eux sont coiffés d’un stetson. Cinq énormes rampes de spots montées sur support entourent le combo.

Les gratteurs s’installent en ligne. En arrière-plan, le logo du quintet brille de mille feux. Manifestement, le band a emmené son fan base dans ses bagages. Le light show est particulièrement efficace. Bien qu’issu du pays à la feuille d’érable, le groupe pratique une musique ‘sudiste’. Blues lent, « Bad Lieutenant » se distingue par un duel de guitares qui monte progressivement en intensité, avant d’atteindre son pic en fin de parcours. Gullen est très interactif. Il invite les premiers rangs à applaudir dès le début de « Southern Dreaming », un bon rock aux grattes huileuses et graisseuses, rappelant tour à tour The Allman Brothers, The Eagles ou Thin Lizzy. Mais lorsqu’elles entrent en duel, pendant que les guitaristes prennent la pose, dos à dos, on ne peut s’empêcher de penser à Lynyrd Skynyrd. On se croirait alors revenu au cœur des seventies. Chaude, la voix d’Ewan campe un hybride entre celles de John Fogerty (Creedence Clearwater Revival) et de Randy California (Spirit). Un excellent set de 45 minutes !

A 20h55, les lumières s’éteignent. En arrière-plan, un faisceau lumineux représentant le logo de Larkin Poe, sur fond bleu, est projeté sur un écran géant. Le drummer grimpe sur une plate-forme à l’extrême-gauche et le bassiste se plante à droite, derrière un clavier et devant une contrebasse. Pendant que les baffles diffusent le « White Room » du Cream, les frangines, toutes habillées de blanc, débarquent, à leur tour. La scène est immense, ce qui leur permettra de disposer d’un bel espace pour y déambuler.

« Strike Gold » ouvre le set. Une composition qui donne le ton. Alors que Megan joue, le plus souvent, en slide, Rebecca libère des riffs serrés ou des soli puissants, huileux, graisseux, plutôt longs. Et elle finit religieusement par s’agenouiller. C’est d’ailleurs sur cette structure que repose, en général, le répertoire. Régulièrement, elles se dressent l’une à côté de l’autre ou se font face, les yeux dans les yeux. Sablée, rauque même parfois, la voix de Rebecca semble naviguer aux confins d’illustres chanteuses comme Beth Hart ou Janis Joplin. Megane, elle, épouse les harmonies vocales.

Toute la musique américaine vient du blues profond comme Rebecca aime bien le signaler. Et « Summertime Sunset » en est la parfaite démonstration.

Exclusivement instrumentale, la version plutôt psychédélique du « Jessica » de l’Allman Brothers Band rappelle le ‘flower power’ de la fin des sixties. Megan s’autorise un copieux solo à la slide. Le spectre de feu Duane Allman se met alors à planer…

A l’issue d’une autre reprise, celle du « Preachin' Blues » de Son House, Rebecca plaisante sur le classique du « Georgia On My Mind » de Ray Charles pour introduire « She's A Self Made Man », un blues qui s’enfonce dans le bayou. Elle le dédie aux nombreuses femmes présentes au sein du public.

Le batteur descend de son piédestal en emportant un tambourin. Le bassiste empoigne une contrebasse et on apporte des grattes semi-acoustiques à Rebecca et Megan. Cette dernière la pose devant elle et en joue comme une lap steel. Quatre morceaux sont alors interprétés sous cette forme, dont une cover du « Crocodile Rock » d’Elton John qui s’emballe en fin de parcours, lorsqu’elles reprennent leurs guitares électriques. Ce qui va leur valoir une ovation de 5 bonnes minutes. Elles portent alors un toast en levant leur mug au Sud des States. 

Le set tire à sa fin. Pendant « Bad Spell », qui rend hommage à Screamin' Jay Hawkins, on assiste à un nouveau fantastique duel de guitares. A mi-parcours de l’adaptation du « Wanted Woman » d’AC/DC », le tempo s’emballe et plonge le concert dans une ambiance torride. Et « Bolt Cutters & The Family Name » clôt ce set en force.

On aura droit à « Deep Stays Down », en rappel. Un moment étrange au cours duquel les sœurs sont revenues sans leurs guitares, mais avec deux tambours…

Setlist : « Strike Gold », « Kick The Blues », « Summertime Sunset », « Jessica » (The Allman Brothers Band cover), « Georgia Off My Mind », « Preachin' Blues » (Son House cover), « She's a Self Made Man », « Back Down South », « Blue Ridge Mountains », « Might As Well Be Me » (acoustique), « Southern Comfort » (acoustique), « Crocodile Rock » (Elton John cover) (acoustique), « Holy Ghost Fire » (acoustique), « Bad Spell », « Wanted Woman (AC/DC cover), « Bolt Cutters & The Family Name ».

Rappel : « Deep Stays Down ».

(Organisation : Gracia Live)

 

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