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Clap Your Hands Say Yeah

New Fragility

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Seize ans plus tôt, Clap Your Hands Say Yeah créait le buzz sur la toile à une époque où les mélomanes achetaient encore des cds et les plateformes musicales n’avaient pas encore une emprise aussi conséquente sur le public lambda. A cette époque, donc, éponyme, le premier opus de cette formation new-yorkaise faisait florès, surtout dans l’univers de la scène indie rock. 

Caractéristique principale du band, la voix nasillarde d’Alec Ounsworth, et puis une expression sonore manifestement inspirée par James. Dans la foulée, « Some Loud Thunder » (2007) et Hysterical (2011) parviennent encore à susciter un certain engouement auprès des premiers aficionados. Mais les deux long playings suivants (« Only Run » en 2014 et « The Tourist » en 2017) annoncent un inexorable déclin.  

Pour enregistrer le sixième album, Alec –seul rescapé du line up initial– semble avoir retrouvé l’inspiration. Un peu comme lors des débuts de CYHSY. En outre, il s’est chargé de la mise en forme, de la composition, des arrangements et de l’écriture. Des textes qui relatent les traumatismes causés et les interrogations soulevées par une Amérique victime du ‘trumpisme’.

Lyriques, les compos bénéficient d’une instrumentation plus riche, à l’instar d’ « Innocent Weight », une plage tapissée de cordes. Le disque recèle également une belle ballade acoustique (« Where They Perform Miracles »), traversée par une superbe intervention à l’harmonica. Enfin, le songwriter nous rappelle qu’il a conservé son sens aiguisé de la mélodie sur les excellents « Hesitating Nation » ou encore sur « Mirror Song ».

« New Fragility » devrait rendre une bonne partie de son crédit à Clap Your Hands Say Yeah. En espérant qu’Alec Ounsworth poursuive sur la même voie…

Clap Your Hands Say Yeah

Some Loud Thunder

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Trop de hype tue la hype ? Il y a à peine dix mois, les Européens tapaient dans leurs mains et hurlaient `yeah' en accueillant le premier essai de ce combo philadelphien, rapidement parvenu en haut de l'affiche. Enregistré entre quelques prestations `live', « Some Loud Thunder » marque un `retour' en demi-teinte. Constamment au bord du déraillement, la voix si particulière d'Alec Ounsworth ne bénéficie plus, cette fois, de l'effet de surprise. Ce qui avait permis à l'éponyme de réaliser un gros carton. Manifestement moins immédiat et moins créatif que ce dernier, « Some Loud Thunder » recèle quelques belles réussites (« Love Song no. 7 », le single « Satan Said Dance », « Goodbye To Mother And The Cove ») mais également de jolies gamelles (« Yankee Go Home », « Five Easy Pieces », l'insupportable « Arm and Hammer »). Vu l'étonnante anticipation de cette sortie et son résultat discutable, on en arrive à se demander s'il ne s'agit pas là d'une sortie purement opportuniste. Clap your hands say `mouais'?

Clap Your Hands Say Yeah

Clap Your Hands Say Yeah

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« Clap Your Hands Say Yeah » : un patronyme en forme de slogan, une invitation à la fête. Personne n’avait jamais songé à appellation si saugrenue. ‘Tape dans tes mains et dis ouais’. Une claque post-harmonieuse qui défie scrupuleusement le temps, l’espace et les lois des noms adoptés par nombre de tribus. Emmené par la voix spirituelle d’Alec Ounsworth, Clap Your Hand Say Yeah débarque dans le 21ème siècle pour ne plus le quitter. Rockers, réveillez-vous ! Voilà, un groupe qui témoigne de son époque, qui brise la servitude à laquelle le rock s’est attaché ces dernières années. ‘C’est un pote qui me l’a avoué : la révolution n’a jamais eu lieu. Tu ressembles à David Bowie. Mais tu n’as rien à me montrer. Allume donc un nouveau feu. Et regarde-le s’éteindre lentement’, clame Ounsworth tout au long de « Over and Over Again ». Enfin : la conscience d’un groupe se lève face à l’assoupissement du mode binaire. Le groupe de Brooklyn endosse le gilet prophétique et, d’un timbre tremblant, chante les craintes du monde : « Is This Love ? », complainte mirifique où les syllabes de Ounsworth semblent happées dans un flot de mélancolie. La Grosse Pomme a de nouveau germé. Quoi qu’il arrive. Hype ou pas, New York vient d’enfanter des rejetons lucides, conscience éveillée d’un monde désaxé. Interloqué, Lou Reed cherche maintenant à comprendre pourquoi « Let The Cool Goddess Rust Away » ne figure sur aucun de ses disques. Le lyrisme foudroyant de « The Skin of My Yellow Country Teeth » met alors le feu au plancher. Obligation générale de se bouger les fesses sous peine de voir son caleçon disparaître en fumée. « Clap Your Hand Say Yeah » : l’appel est lancé. Alec Ounsworth s’accapare les émotions, grille les octaves, pisse dans l’eau gelée qui a noyé les cordes vocales de Buckley. Derrière lui, un groupe s’acharne à remuer les vases des genres, à éplucher des sons ressassés. Les amis des Talking Heads, de Grandaddy, d’Arcade Fire, de Wolf Parade ou des Feelies (NDLR : mais aussi de James) pleurent devant telle bénédiction : 2006 sera un grand cru. Le revers de la médaille patriotique frappe à la porte de l’industrie du disque : « Maintenant que tout le monde est ici réuni. Pouvons-nous avoir votre attention ? Nous sommes les hommes qui restent en vie. Qui, à présent, envoie vos enfants loin d’ici. Nous vous assignons d’une tour. Exprimant l’opinion de tout un chacun », vocifère Ounsworth sur l’ultime « Upon This Tidal Wave of Young Blood ». Et de terminer : « Je les ai vu de mes propres yeux. Amérique, s’il te plaît, aide-les ! Ce sont tes enfants… » L’homme se trouva ainsi fort dépourvu lorsque la bise fut venue. Mais que faisait-il au temps chaud ? Nuit et jour, à tout venant, il chantait ne vous déplaise. Il chantait ? Nous en sommes fort aise. Et bien, Tapez dans Vos Mains maintenant !