Imaginez le chaînon manquant entre Mogwai et Cure (NDR : circa « Pornography »), et… oui, j’admets, c’est un peu réducteur, mais au moins l’expression sonore dispensée par cette formation suédoise vous sera déjà un peu plus familière. Un quartet fondé en 1996 et dont le « Spring tides » constitue seulement le second elpee, leur parcours recensant quand même quelques singles et Eps. Kristofer Jönson en est le chanteur/guitariste (parfois aussi claviériste). Et son timbre vocal campe un hybride entre Robert Smith et Peter Gabriel. Une voix qui colle à merveille à ce style musical mélancolique, parfois emphatique, souvent luxuriant qui puise aussi probablement ses sources chez Sigur Rós, Mew, The Appleseed Cast voire même Okkervil River (« Sparrow hills »). Mais trêve de références, passons au contenu de cet opus.
Partagé en dix plages, dont certaines sont particulièrement longues, il baigne dans un climat le plus souvent languissant, atmosphérique, propice aux flux et reflux. Des compos régulièrement construites en crescendo. Sur un mid tempo ou alors carrément slowcore. Encore que parfois ce faux rythme peut virer vers le tumulte voire le chaos. Aux guitares bringuebalantes, sinueuses, reverb, shoegaze ou frénétiques, viennent se greffer tour à tour une ligne de basse palpitante, des arrangements symphoniques, des claviers fluides, des chœurs diaphanes ou des accords de piano sonore ainsi que circonstanciellement des cuivres (NDR : et en particulier sur la plage centrale, « Nangilaja », un morceau de plus de neuf minutes, inspiré par le conte pour enfants d’Astrid Lindgren, qui traite paradoxalement de thèmes aussi douloureux que la maladie, la mort, la tyrannie, la trahison et la rébellion). Certaines chansons s’abandonnent néanmoins dans la mélancolie douce, alors que d’autres communiquent un certain sentiment d’angoisse. Bref, une œuvre de toute bonne facture qui aurait mérité une mention particulière, si certains morceaux ne tiraient pas trop en longueur…