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Cult Of Luna

Un astre de glace

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Un peu plus de trois cents personnes s’étaient déplacées ce mercredi 9 janvier au Bota pour assister au concert du quintet suédois Cult Of Luna ; une prestation  précédée par celle de deux autres formations, l’une anglaise, l’autre belge.

C’est le groupe anglais Bossk qui ouvre le bal. Sur fond de murs de guitares distordus, sa mécanique rythmique est efficace. Tantôt lancinante, tantôt percutante. Issue du Kent (Angleterre), cette très jeune formation est fascinée par le monde de ‘Star Wars’ (Bossk, c’est le méchant hybride homoreptilien qui apparaît dans le film ; d’ailleurs, les membres du groupe participent à de véritables jeux de rôle dédiés à cette épopée cinématographique). Bossk va dispenser, durant un peu moins d’une demi-heure, un répertoire postcore privilégiant une structure musicale instrumentale et atmosphérique oscillant entre les envolées d’un Explosions in the Sky et celle de Mogwai. Un set d’excellente facture, à la hauteur de son premier EP « 1 », distribué en 2006 par le label QnotQ. Les mélodies suggèrent parfois, et à notre grande surprise, des références de la scène noisy pop anglaise (NDR : osons citer Ride !) ou américaine (Jesus and Mary Chain !) ainsi que le son métallique et lourd d’Isis. C’est pourtant lorsqu’il tente d’intégrer au son métallique des références incontournables de l’underground britannique qu’il se révèle le plus intéressant. Du britcore ? Pourquoi pas ! Ce type d’expérimentation doit faire grincer les dents des aficionados les plus puristes du métal ; mais également ravir celles et ceux qui attendent vainement un sursaut créatif du rock anglais, gangréné depuis trop longtemps par le business et le marketing. Il y a néanmoins quelques bémols. Tout d’abord lorsque les compositions et le show se rapprochent trop dangereusement de leurs repères Neurosis et Isis. Pas très original. Ou encore lorsqu’en fin de set une relative monotonie commence s’installer. Sans oublier un manque de justesse et parfois de relief entre les morceaux. Des imperfections probablement dues à la jeunesse de ce projet que l’on souhaite voir progresser, dans un futur proche…

Ce sont ensuite les décibels de Blutch, trio bleu blanc belge déversés dans la plus pure tradition du doom-sludge-stoner, qui envahissent l’espace de l’Orangerie. Responsable d’un troisième album « Materia », sorti en 2006, et bénéficiant du support de quelques hautes cylindrées comme les Young Gods, le combo montois acquiert petit à petit une notoriété que nous étions impatient de voir mis sur le grill. Le look est ténébreux. La voix lourde et écorchée. Lancinants et torturés, les riffs sont parfois taillés sur une même note durant plusieurs minutes. Et découpée sur une rythmique hyper lente, la structure n’est pas sans nous rappeler celle de Black Sabbath. Excellent dans leur style, dixit les amateurs du métal ‘down-tempo’, Blutch concèdera une prestation efficace et consistante d’une trentaine de minutes, sans susciter le consensus auprès d’une audience composée de convaincus, d’enchantés et d’agacés.

Il est 22 heures lorsque le public belge découvre enfin Cult of Luna. Un show amorcé en catimini, par le titre « Dim », issu du dernier album « Somewhere Along the Highway ». Le ton est alors délicat et satiné. En regardant le look des musiciens du groupes -cinq bouilles d’elfes on ne peut plus scandinaves- pas un seul profane n’imaginerait alors assister au concert d’une locomotive du métal progressif d’Europe du Nord ! Le temps de s’immerger dans un univers mélodieux, atmosphérique, post-rock et psychédélique digne d’Explosions in the Sky, et le son lourd et puissant caractéristique du groupe commence déjà à se libérer. Inévitablement on pense aux deux premiers albums du combo : « Cult of Luna » (2001) et « The Beyond » (2003). Et pourtant, aucun morceau de ces deux premiers elpees ne sera joué au cours de cette soirée. Les riffs assassins et percutants sont commis par les deux guitaristes, Erick Olofsson et surtout le leader Johannes Persson. Arborant une panoplie de tatouages qui feraient pâlir de jalousie plus d’un Michael Scofield, Johannes assume seul les vocaux durant plus d’un quart d’heure, avant d’être rejoint sur scène par le très charismatique chanteur Klas Rydberg. Nous sommes alors en plein cœur d’un des titres icones du groupe « Leave me here » (« Salvation », 2004), qui ouvre véritablement les hostilités. On assiste alors à un incessant ballet entre chants menaçants et écorchés, rythmiques complexes et murs de guitares explosifs, agressifs et sombres. Les accords adoptent parfois un profil plus atmosphérique et mélodique, virevoltant çà et là dans le royaume du ‘shoegaze’ (My Bloody Valentine, Slowdive), du psychédélisme tribal (Apse), du post hardcore (Isis, Neurosis, Jesu, Pelican) ou du postrock. Se succèdent ensuite « Adrift », « Back to the chapel town », « Echoes » et « Finland », quatre autres chefs-d’œuvre du post hardcore, interprétés à la perfection par le quintet. Mais c’est peut-être dans la perfection que croupit la faiblesse du set assuré de manière parfois trop ‘mécanique’. En outre, Cult of Luna ne communique pas avec son public, entretenant une image glaciale et mystérieuse. Certains adorent, d’autres beaucoup moins. Après cinquante minutes, « Dead man » clôture néanmoins un set efficace et plaisant. Les Suédois quittent alors définitivement les planches du Bota, sans se retourner. Un show superbe, dense, mais un peu court !

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