Julian est né aux Pays-Bas. Dès son plus jeune âge, il est fasciné par Jimi Hendrix. Et en particulier par son elpee "Are you experienced". A partir de cet instant, il commence à prendre goût au blues musclé et bien électrique, écoutant alors aussi bien les bluesmen noirs comme Elmore James, Freddie King et Buddy Guy que les princes anglais du british blues boom, Peter Green, Rory Gallagher ou encore Alvin Lee. Il commet son premier album en 1996, "Where will it end?" Depuis, il en a aligné une bonne dizaine, dont trois immortalisés en public, "Live" en 98, le double "DeLivered" en 2002 et le coffret "Dedication" en 2005, trois œuvres incluant à chaque fois une version de "Hey Joe"!
Ce nouvel opus studio a été concocté quelque part en Allemagne. Il a bénéficié du concours de sa section rythmique : le fidèle bassiste Tenny Tahamata et le batteur Rob Heijne (ex Ruben Hoeke Band). Julian a composé l'intégralité des chansons. L'ami Julian démarre en force par "Moving to survive". Manifestement, il est hanté par le spectre de Rory Gallagher. Il possède la même pêche que l'ange irlandais disparu. Ses cordes sont constamment à l'offensive, ses vocaux éructés. Il ne s’accorde par la moindre seconde de répit, exploitant le re-recording pour ses solos. Sa Stratocaster possède ici le don d'ubiquité! Et avouons que son intention de faire revivre le fantôme du bon Rory est assez réussie. Quoique de bonne facture, "Burnin' soul" se révèle plus dur que celui de son idole. Il aime écraser notre Batave! Caractérisé par ses changements de rythme et ses successions de riffs, ce ‘Sas sound’ me rappelle les glorieuses années des guitar heroes. Une recette reconduite lors du puissant "Runnin' all my life" que Julian domine tel un Alvin Lee survitaminé! Manifestement, l'homme maîtrise parfaitement son style. Lorsque le tempo s'adoucit, il soutient son chant de riffs dramatiques. A l’instar d’"All I know", plage au cours de laquelle nous sommes pris sous le Sas charme, même si la délicatesse ne fait pas partie du Sas world. Et au passage, il dispense des notes meurtrières. Un as ce Sas ! Le titre maître est une petite déception, car il n'apporte rien de neuf. Pourtant, lorsque la basse de Tenny poursuit les six cordes de Sas, on a l’impression de revivre les beaux jours de Ten Years After ; et on se rappelle alors Leo Lyons se tortillant comme un fou pour suivre son leader. Mais franchement, je préfère Julian dans l’exercice des plages lentes et oppressantes. D’ailleurs, s’il se débrouille plutôt bien dans le registre, il n'est pas un petit rat de l'opéra. Et même s’il aime alterner le doux et le dur, il ne fait pas dans la dentelle. Parfois on a l’impression qu’il cumule plus de guitares que le Lynyrd Skynyrd au grand complet. Cri de désespoir concédé au pays des drogues dures, "Junkies blues" est un hymne déjanté. Les cordes opèrent le voyage lysergique tandis que transi d'effroi, Sas se met à souffler furieusement dans un harmo! Quoique naviguant dans des eaux plutôt éloignées du blues, ce "Resurrection" s'inscrit bien dans la sphère du catalogue Provogue.