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Sufjan Stevens

Carrie & Lowell

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Sufjan Stevens est un compositeur prolifique. « Carrie & Lowell » constitue en effet déjà son 7ème elpee studio en 15 ans de carrière. La formule ne change pas. L’Américain réussit à concocter des morceaux émouvants, qui doivent autant aux textes qu’à la musique. Rien n’a véritablement chanté sur ce dernier essai. L’artiste issu de Detroit a cependant, plus que probablement, publié son meilleur long playing, à ce jour.

Tout au long de cet opus, il s’inspire plus que jamais de certains événements pénibles qui ont marqué son existence. Et met en scène Carrie, sa maman, et Lowell son éphémère beau-père. Mère qui a passé une grande partie de sa vie à éviter Sufjan. Le jeune homme a donc passé son enfance à inventer une relation avec sa mère. Un imaginaire qui a énormément influencé les lyrics de cet album. D’autant plus que la mort de Carrie a laissé un immense vide dans le cœur de son fils. Vide dont il était incapable de compenser par les souvenirs, puisqu’il n’en avait presque aucun, mais qu’il a tenté de combler par ses chansons.

Le décès de sa maman est d’ailleurs évoqué dans le morceau qui est, sans surprise, le plus bouleversant de l’opus. Minimaliste, « Fourth Of July » communique une sensation de tristesse intense au mélomane. Un peu comme s’il s’agissait d’un chant funèbre. Les quelques notes de piano suffisent pour exprimer le malaise éprouvé par Sufjan lorsqu’il aborde cet épisode de sa vie.

Plus folk, « Should Have Know Better » épouse une forme plus classique. Qui correspond davantage au style de l’Américain. Mais le morceau traduit les regrets qu’il ressent à l’égard de sa relation avec Carrie.

Et les neuf autres pistes de l’album sont de la même trempe. « Carrie & Lowell » s’apparente parfois à un poème chanté. L’écouter peut permettre de remettre en question certaines relations avec ses proches. C’est d’ailleurs certainement le message que Sufjan Stevens veut faire passer : profiter de votre famille si vous avez la chance de ne pas en être trop éloigné. Car sinon, un jour, la mort peut mettre fin à une histoire inachevée…

 

Sufjan Stevens

Le Bozar transformé en sanctuaire…

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Mercredi soir, le Bozar accueillait Sufjan Stevens. Il s’agissait sans nul doute de l’événement de cette rentrée musicale à ne manquer sous aucun prétexte. Celles et ceux qui ont déjà assisté à un de ses sets, peuvent en témoigner. Son dernier passage au sein de la capitale bruxelloise, remonte à trois ans. Il était venu y défendre l’album « The Age of Adz », un spectacle qui restera certainement dans les annales du Cirque Royal. Ce qui explique sans doute pourquoi, lors de la mise en vente des places pour ce nouveau show, il y a quelques mois, le stock s’est écoulé en une seule journée. Il faut dire que la musique de Sufjan Stevens est certainement une des plus belles de la scène contemporaine. C’est bien simple, il est aussi à l’aise et efficace dans la ballade folk (NDR : ses premiers elpees en regorgent) que lorsqu’il intègre des sonorités électroniques dans son expression sonore, pour lui communiquer une dimension futuriste. Et lorsque, à l’instar de son dernier LP, « Carrie & Lowell », il décide de raconter, à travers une folk minimaliste, ses histoires de famille, on en a froid dans le dos. La prestation du songwriter était donc attendue dans un cadre à la fois imposant et intimiste, c'est-à-dire le Bozar…

Afin de chauffer la salle, les organisateurs ont invité Mina Tindle. Une jeune Parisienne plutôt méconnue du grand public. Mais un choix judicieux. Non seulement Pauline de Lassus (NDR : c’est son véritable nom) compte déjà deux long playings à son actif (NDR : son dernier s’intitule « Parades »), mais elle a apporté sa collaboration à certains artistes notoires, comme M.Ward.

Flanquée d’un claviériste et un guitariste, Mina Tindle parvient à tenir la salle en haleine pendant une demi-heure grâce à un folk électrifié qui laisse transparaître les influences de Cat Power ou encore Feist. Défi relevé donc pour la Française. D’ailleurs, elle quitte la scène sous les applaudissements d’un public conquis.

A 21 heures exactement, les lumières s’éteignent. A partir de cet instant, les 1 800 âmes présentes au sein du Bozar sont plongées dans un silence profond. Hormis leurs applaudissements, aucun autre son ne filtrera, que celui produit par les musicos. Soutenu par un quatuor, Sufjan prend place au centre de l’estrade. Dès les premiers arpèges, on est touché par la mélancolie ambiante. Le set s’ouvre par « Redford » (tiré de l’album « Michigan ») et embraie par un premier morceau issu du dernier LP, « Death with dignity ». S’ensuivront, quasiment dans l’ordre, d’autres morceaux qui figurent sur « Carrie and Lowell ». Alors que sa voix berce le public, s’affichent derrière les musiciens, sur des bandes verticales, des vidéos de familles ou encore de paysages paisibles. La voix, les claviers, tout est parfaitement maîtrisé. Les éclairages se modifient suivant les climats. Emouvant, l’Américain raconte ses histoires familiales. Il n’hésite pas non plus à modifier quelque peu ses morceaux afin de leur inoculer davantage de peps, comme sur le magnifique « Should Have Known Better », à la fin duquel il n’hésite pas à se frotter au dubtep, tout en nous gratifiant d’un petit pas de danse. La chorégraphie et le light show géométrique sont impeccables. Autre moment fort du spectacle, les chœurs qui enrichissent « Vesuvius ». Après près d’une heure de démonstration, au cours de laquelle le natif de Détroit va étaler toute la palette de ses émotions, la formation se retire, au bout d’un crescendo instrumental et d’un jeu de lumières digne d’Explosions in the Sky.

Quelques minutes plus tard, le band revient sur le podium pour attaquer quelques ‘tubes’ comme « Chicago » ou encore « John Wayne Gacy, Jr ». On ne pouvait rêver mieux pour conclure 2 heures de concert chargé de sensibilité et haut en couleurs. Une fois de plus, Sufjan Stevens a démontré tout son talent ; mais aussi qu’il était capable de transformer une salle, d’une capacité de 1 800 personnes, en véritable sanctuaire…

Setlist : Redford (For Yia-Yia & Pappou) / Death With Dignity / Should Have Known Better / Drawn to the Blood / Eugene / John My Beloved / The Only Thing / Fourth of July / No Shade in the Shadow of the Cross / Carrie & Lowell / The Owl and the Tanager / All of Me Wants All of You / Vesuvius / Blue Bucket of Gold // Concerning the UFO Sighting Near Highland, Illinois / Futile Devices / To Be Alone With You / John Wayne Gacy, Jr. / For the Widows in Paradise; For the Fatherless in Ypsilanti / Chicago

(Organisation Bozar + AB)

Sufjan Stevens

The Age of Adz

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Cinq ans se sont écoulés depuis le dernier projet du natif de Detroit, « Illinois ». On pensait Sufjan Stevens plus intéressé à expérimenter les collaborations (auprès de The National, notamment), mais quelques jours après la sortie d’un Ep annonciateur d’un regain d’écriture, baptisé « All Delighted People », il nous propose un album hautement visionnaire.

« The Age of Adz » se réfère aux œuvres apocalyptiques de l’artiste Royal Robertson, dont la confusion psychique, cosmique et prophétique est reflétée dans l’opus. D’ailleurs, Sufjan s’est inspiré de la pauvre condition matérielle et physique vécue par l’artiste comme catharsis pour les douleurs physiques qu’il endurait lui-même au cours de l’écriture de l’œuvre. Il souffrait en effet d’un virus affectant son système nerveux ; certains entremêlements électroniques rappellent d’ailleurs les connexions nerveuses apparemment arbitraires et chaotiques, qui se fondent en une sorte de mélodrame hystérique.

Contrairement à son écriture habituellement spirituelle et thématique, l’artiste n’a cette fois pas produit d’album conceptuel, car il s’inscrit sous le signe de l’introspection, sans fondement théorique préalable, et sonde la primitivité des sensations. Fi des préconcepts historiques, géographiques ou culturels qui guidaient ses projets (scénico)-musicaux : l’instinctif est à l’honneur tout au long d’une tapisserie électronique démunie de tout narratif. Et c’est en ce sens que l’elpee est sans doute l’un des plus originaux concocté par Stevens. Si l’amour, la foi et la souffrance hantent toujours ses textes, ils sont explorés au niveau personnel et non polémique. Compte tenu de cette approche, le paradoxe réside en ce que, pour exprimer l’humain en lui, Stevens remplace guitares acoustiques et banjo par des synthétiseurs. Et ceux-ci ainsi que l’orchestration symphonique s’harmonisent à merveille. A la limite des expérimentations classiques contemporaines, la réussite de cette symbiose électro-acoustique risque de bluffer plus d’un expert en la matière, dans l’éternel débat musicologique sur la limite entre le classique et le populaire.

L’ouverture « Futile devices » pressent un rock mélodique, s’en suit l’explosion « Too Much » qui se développe comme un Aphex Twin en marasme plus modéré, une ambiance « Kid A » aussi, s’il faut vraiment comparer. On avance, et l’auditeur a du mal à trouver pied ; il est en constante lévitation. Les arpèges virtuoses des flûtes et les cuivres annoncent déjà le son orchestral qui se développe dans toute sa splendeur lors du titre suivant, « Age of Adz ». Une chorale d’Arcade Fire rythme la cacophonie des dissonances organisées.

Deux plages plus douces, chaleureuses, servent d’interludes avant de se relancer lors d’un « Get Real Get Right », qui présente un véritable esprit opératique. Le quasi drum 'n' bass et impressionnant « I want to Be Well » conjugue electronica et philharmonie avec virtuosité. Le mélancolique « Impossible Soul » est magnifiquement invraisemblable : ses 25 minutes (!) reproduisent une espèce de condensé sonique du même esprit que les plages précédentes (malgré son passage à voix bionique digne d’Usher –ou de Madonna– et concluent sur un refrain en chœur qui restera en écho dans notre tête toute la journée.

L’univers inquiétant et légèrement dingue du multi-instrumentiste nous invite à découvrir un pays des merveilles où l’on suivra le lapin, effarouchés mais hypnotisés par l’étrange tintamarre que nous offre ce nouveau monde fantastique. La folie de Sufjan Stevens le transforme en artiste indéniablement majeur.

 

Sufjan Stevens

All Delighted People (Ep)

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Sufjan Stevens est un artiste incontournable. Alors, quand il publie un disque, on s’emballe avant même de l’avoir écouté. Faut dire que sa discographie est irréprochable. Ce nouvel Ep et paru, voici quelques mois aux States. Il fait suite à « The Age of Adz », une divagation électro-folk parue en octobre 2010. Le génie de la pop moderne nous propose donc « All Delighted People », un disque découpé en 8 morceaux en 58 minutes (NDR : peut-on dès lors parler vraiment d’Ep ?) Et dans un style plus proche de son folk rituel. Et le résultat est largement à la hauteur des espérances. Le morceau maître s’étale sur 11 minutes, une plage ébouriffante, aux mélodies sinusoïdales, parcourues d’arpèges, de flûtes traversières et de chœurs angéliques. « Djohariah » en atteint 17. Un titre presque baroque, corrodé par des guitares détraquées. Et cette construction ‘cathédralesque’, permet ainsi à Sufjan Stevens, suivant son habitude, de modeler des chansons à tiroirs multiples. Si le reste de l’album n’est pas de la même trempe, il recèle encore quelques chouettes compos. A l’instar d’« Enchanting Ghost » ou de « The Owl and the Tanager », dont le charme lyrique est alimenté par la voix douce et claire du trublion américain.

Si la crise économique a frappé de plein fouet l’industrie automobile du Michigan, Detroit a enfanté un des artistes les plus doués de sa génération. Et aussi un des plus créatifs.

Sufjan Stevens / Osso

Run Rabbit Run

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« Run Rabbit Run » est, à l’origine, une œuvre électro-instrumentale composée par Sufjan Stevens initialement publiée en 2001. Un recueil que ce dernier a gracieusement cédé au string quartet berlino-new-yorkais, Osso, qui n’en est pas à sa première collaboration avec le prodige. Ceux-ci étaient déjà préposés aux cordes au sein de l’excellentissime « Illinois » mais œuvrent également sur scène en compagnie du bonhomme. Osso a, par ailleurs, également participé à la confection des travaux de My Brightest Diamond, Jay-Z, Anthony & The Johnsons, The National ou encore The Polyphonic Spree ; et la liste est loin d’être exhaustive. Bref, la grande classe.

« Run Rabbit Run » marque la première besogne du quatuor en solitaire. Car même s’il faut effectivement rendre à César ce qui lui appartient, Sufjan Stevens, dont le nom apparaît sur la pochette, n’a pas participé à la confection de cette refonte. Osso s’est donc servi des mélodies extraites de l’œuvre de 2001 comme point de départ, uniquement. En lieu et place des sonorités électroniques originelles, le quartet est parvenu à métamorphoser « Run Rabbit Run » en une œuvre décomplexée de musique de chambre, dépouillée et enivrante. Les fans inconditionnels du singer-songwriter y trouveront leur compte mais ce sont, essentiellement, les amateurs de classique qui seront aux anges.

Sufjan Stevens

Songs for Christmas

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Depuis maintenant cinq ans, Sufjan Stevens enregistre, chaque hiver, un petit EP garni de quelques titres (reprises ou compositions personnelles) consacrés à la thématique de Noël. Destiné à ses proches, l’objet participe en fait d’une sorte de démarche masochiste de la part du songwriter puisque ce dernier avoue, sans pudeur, une aversion prononcée pour les « Christmas Carol »… Malgré tout, ce ne sont pas moins de quarante-deux morceaux qui ont ainsi été mis en boîte au cours des longs mois de décembre que le sociétaire du Michigan employa à se flageller seul dans son coin… Quarante-deux titres que le label Asthmatic Kitty Records publie aujourd’hui sous la forme d’un packaging regroupant les 5 EP’s, produits entre 2001 et 2006.

Si le disque promo fourni à la presse ne contient malheureusement que dix-huit chansons, on peut néanmoins affirmer, à l’écoute de celles-ci, que l’ensemble tient vraiment la route. L’auditeur séduit par les mélodies pop et les orchestrations baroques d’« Illinois » retrouvera, à l’écoute de « Songs for Christmas », toutes les petites subtilités qui font le charme de l’œuvre de Sufjan Stevens. Il est assez impressionnant de constater que l’Américain s’est réapproprié des scies telles que « Jingle Bells » ou « O Come O Come Emmanuel » au point de les rendre franchement touchantes. La palme de l’émotion revenant à « Sister Winter », tout bonnement bouleversant, beau à en pleurer… Un titre à écouter en boucle, blotti au coin du feu, et qui justifie à lui seul l’achat du coffret tout entier. A bon entendeur…

 

 

 



Sufjan Stevens

The Avalanche

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Sufjan Stevens sait raconter des histoires. Souvent autobiographiques, elles n’en sont que plus belles. Touchantes. Pourtant, évoquer Sufjan Stevens devient douloureux. La starification du garçon provoque, chez nous, une foule sentimentale sans précèdent. Avouons-le : on aurait apprécié que Sufjan demeure notre secret le mieux gardé. Mais on le savait trop beau, trop doué pour s’arrêter au bord d’un lac après un « Seven Swans » (2004) rédempteur. Un an plus tard, ce banjo illuminé, ces accords acoustiques et cette voix d’ange devaient pousser les curieux à venir humer « Illinoise ». Fin du secret. Terminé. L’album de la consécration aiguillait Stevens en direction du panthéon des singers-songwriters. Ses chansons, d’une beauté désarmante, venaient remplacer Elliot Smith dans les cœurs transpercés des fans et mettaient en avant un artiste illuminé, capable de chanter la grande Amérique par le prisme d’une humanité confondante.

Suite à ce succès (inespéré ?), Sufjan Stevens laisse aujourd’hui tomber « The Avalanche », chutes sonores abandonnées lors de la confection d’« Illinoise ». Certes, on pourrait crier au scandale, affirmer que notre meilleur copain tire sur une corde commerciale bien tendue. Rien de tout cela. Cette Avalanche de chansons constitue la preuve irréfragable du talent inébranlable de Sufjan Stevens. Cet homme est un héros. Et on l’aime. Pour ces qualités et ses (petits) défauts. Oui, Stevens est faillible. Pourquoi s’obstine-t-il à livrer trois versions alternatives de « Chicago » lorsque la version enregistrée sur « Illinoise » demeure inégalable ? Pourquoi persévère-t-il à signer des albums marathoniens (près de 80 minutes au compteur) ? Toutes ces questions trouvent certainement réponses dans l’esprit éclairé de Stevens. Nous, on reste là. A écouter ces merveilleux débris. Magnifique carcasse sonore pour laquelle de nombreux artistes se battraient toute une vie. Insolent, Sufjan Stevens leur balance ses magnifiques déchets. On en connaît qui vont encore faire les poubelles...

Sufjan Stevens

Come On Feel The Illinoise

Sufjan Stevens est notre ami, parce qu’il en a tout l’air : un type sympa, qui a une bonne tête, et qui s’amuse depuis deux disques à brosser le portrait d’une Amérique qu’on avait oubliée depuis que Bush fait ses mimiques dans son bureau ovale. Entendez : une Amérique avec des gens dedans, qui ont leurs joies et leurs chagrins, et qui vivent vraiment, loin des statistiques de CNN, et de l’alarmisme ambiant. Et même quand il parle de serial killers (« John Wayne Gacy, Jr. »), c’est magnifique, et l’on se rend compte alors que ce disque, ben ouais, regorge d’humanité. Et c’est un bonheur, qui vous prend à la gorge dès les premières notes, et on dirait du Philip Glass, voire du Steve Reich, bref c’est tellement pétulant d’harmonies qu’on verrait bien ce type dans une publicité pour Mobistar, où tout le monde il est beau et il est gentil et il est insouciant et à la fin on se dit que la vie est super belle, à l’aise. « Illinoise », c’est encore mieux que « Michigan », et on attend le « Texas » avec grande impatience. Des cascades de chœurs plus miroitantes qu’à Niagara, de la country que même le Man in Black il s’habillerait en rose, de la pop universelle. Encore mieux qu’un Empire ! C’est bien simple : les 22 morceaux qui composent ce disque donnent envie d’aimer tout le monde, du péquenaud de Chicago au Superman de la pochette (bientôt un collector, parce que Marvel Comics n’est pas content – rires gras). Les blasés ventripotents pourront toujours blaguer que ‘ce type, quelle tante ! Un mormon qui miaule entouré de majorettes !’ ; mais c’est du pur cynisme. Sufjan Stevens, lui, est un homme valeureux, optimiste, une espèce d’artiste à la gracilité féconde. Il illumine le quotidien de ces comptines sereines, et vice versa. C’est un impressionniste, doublé d’un chroniqueur mondain, et le Monde ne se limite pas aux States (même si c’est le concept). L’universel, en particulier : voilà vers quoi ses chansons tendent, en racontant, en fin de compte, les ‘petites choses de la vie’… Mais ‘Il n’est pas une seule chose qui soit trop petite pour une créature aussi petite que l’homme. C’est en nous attachant aux petites choses que nous atteignons au grand art, l’art d’avoir le moins de peine et le plus de bonheur possible’ (Samuel Johnson). God Bless Sufjan Stevens !

Sufjan Stevens

Seven Swans

L’année dernière, un disque sorti de nulle part (« Greetings From Michigan ») chamboula nos certitudes : Nick Drake avait donc un fils, qui comme son père fait de la musique ! Céleste, cela va sans dire. Son nom ? Sufjan Stevens. Et « Seven Swans », puisqu’on en parle, serait son troisième album. Une splendeur, pour qui aime le folk élégiaque, la pop angélique, les symphonies de poche pleines de « la la la ». Sans doute que ce jeune songwriter (28 ans) devrait bientôt devenir une star. Il y a une place à prendre (Elliott Smith, que Dieu le bénisse). Au programme de cet album d’une beauté renversante, rien pourtant de bien original : du banjo, une guitare acoustique caressante, des claviers, parfois quelques riffs électriques piqués chez Neil Young,… Mais l’Américain est doué pour raconter des histoires (ici : Dieu, l’amour) empreintes d’une délicatesse tout bonnement exceptionnelle. Il y a ces chœurs aussi : les sœurs Smith, et leurs frères, à la batterie et à la production. Rien à voir avec feu Elliott, même si son ombre plane. On l’a dit ! Un bonheur n’allant jamais seul, « Michigan » est réédité bientôt sur Rough Trade. Ecouter ces deux albums à la suite s’apparente presque à une révélation (au sens biblique du terme) : Sufjan Stevens est un saint, et sa musique le Paradis.