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The Black Keys

Ohio Players

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On connait surtout les Black Keys pour leur blues-rock-garage qui s’est parfois bien enfoncé dans le glam, mais pour ce 12ème long playing, Dan Auerbach et Patrick Carney ont invité des tas de collaborateurs aussi bien pour jouer d’un instrument, pour composer que pour produire ou mixer. Parmi ces invités figurent Noël Gallagher, Dan The Automator, Juicy J, Lil Noid et la liste est loin d’être exhaustive. Il y en a bien une quarantaine.

Finalement sur ce disque, on y rencontre peu de blues ou de garage, mais de la soul, du hip hop, du surf, de la pop 60’s (The Beatles en tête) et surtout du funk guilleret dans l’esprit de Beck. Ce qui s’explique puisque ce dernier a co-écrit la moitié des titres et joue de plusieurs instruments tout au long de l’album.

Il y a bien quelques exceptions, comme ce « Live Till I Die » une compo très susceptible de rappeler Neil Young et le blues/rock élégant « Please Me (Till I’m Satisfied) », mais en général, les compos du douzième album des Black Keys souffrent d’un trop grand maximalisme, un peu comme si les protagonistes avaient voulu entasser un maximum d’idées dans les 14 titres.

The Black Keys

Dropout boogie

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L’an dernier, Dan Auerbach et Patrick Carney avaient décidé de retrouver leurs racines, en gravant "Delta Kream", un album constitué de covers signées par des légendes du Delta Blues, morceaux qu’ils interprétaient au cours de leur jeunesse. Dont celles de John Lee Hooker, R.L. Burnside et surtout Junior Kimbrough.

« Dropout boogie » se révèle beaucoup plus éclectique. Et si « Good love », pour lequel le duo a reçu le concours de Billy Gibbons, baigne allègrement dans le blues, les autres plages qui s’y frottent finissent par se diluer dans le rock, le glam, la soul et même la pop. Ainsi « Baby I’m coming home » se distingue par de jolies harmonies vocales à la Gerry Rafferty, avant de s’enfoncer dans le delta du Mississippi, alors que « For the love of money » concède des riffs de gratte au glam. Tout comme le nerveux « Burn the dawn thing down ».

L’opus s’ouvre d’ailleurs par deux morceaux qui pourraient aisément être diffusés sur la bande FM. Soit « Wild child », qui malgré sa référence au « Wild Thing » des Troggs, s’autorise une intro disco ; et les cordes de guitare sont tellement chargées de fuzz, qu’on croirait entendre une section de cuivres. Quant à « It ain’t over », il véhicule carrément des accents r’n’b. Finalement, « How long » constitue la piste la plus intéressante. Une ballade qui affiche l’élégance soul des 60’s, tout en se nourrissant d’électricité crazyhorsienne.

Bref en tirant un peu trop dans toutes les directions Dan et Patrick s’éloignent de leurs fondamentaux. Maintenant, en acceptant que des auteurs-compositeurs externes participent à l’écriture des morceaux, c’était inévitable…

The Black Keys

Delta kream

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Dan Auerbach et Patrick Carney ont donc décidé de retrouver leurs racines, en gravant "Delta Kream", un album constitué de covers de légendes du Delta Blues, morceaux qu’ils interprétaient au cours de leur jeunesse. Dont celles de John Lee Hooker, R.L. Burnside et surtout Junior Kimbrough (5 titres sur les 11, quand même), un artiste qu’ils ont toujours considéré comme leur guide spirituel (NDR : ils leur avaient déjà rendu un vibrant hommage, en publiant « Chulahoma », autre elpee de reprises, en 2006). Et pour mieux s’immerger dans ce delta, ils ont invité Kenny Brown, un spécialiste de la slide (NDR : il a également milité auprès de R.L. Burnside) ainsi que le bassiste Eric Deaton, deux musicos qui ont fréquenté le défunt mythe (NDR : décédé en 1998). 

Inévitablement la formation apporte une touche personnelle à ce blues issu du Mississippi. Ainsi, il existe de nombreuses versions du « Crawling King Snake » de John Lee Hooker, dont la plus connue a certainement été réalisée par les Doors ; mais celle des Black Keys, groovy et sordide, est enrichie par une superbe intervention à la slide, alors que le « Going Down South » de R.L. Burnside se distingue par la voix falsetto, si caractéristique chez le duo. On épinglera encore le « Mellow peaches » de Big Joe Williams, une piste dont le climat sinistre des marais est amplifié par les infiltrations de Ray Jacildo à l’orgue…

The Black Keys

Let's rock

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Après la sortie de leur précédent elpee, "Turn blue", en 2014, Dan Auerbach et Patrick Carney ont développé plusieurs projets parallèles. Le duo est donc de retour pour un neuvième opus. Pour lequel la mise en forme n'a plus été confiée à Danger Mouse. Résultat des courses, le son est plus brut, rugueux, bien rock. Ce qui explique, sans doute, le titre de ce long playing. Caractérisées par leur sens mélodique particulièrement soigné, rappelant même parfois celui de feu Gerry Rafferty, les 12 pistes de cet elpee sentent bon les 70's, ressuscitant tour à tour les spectres de Marc Bolan, pour les pistes les plus glam, Eric Clapton et Paul Kosoff (Free), lorsque les riffs et les accords de gratte sont sculptés dans le blues/rock et Adam Gurvitz, quand les solos de guitare deviennent aussi incisifs que saignants. Mais ce qui rend la paire terriblement efficace, c'est cette véritable osmose qui existe entre le drummer et le guitariste. Si le premier brille sur ses fûts, il balise surtout les compos, structure sur laquelle Auerbach peut libérer ses interventions à la guitare, généreusement overdubbées, pour les besoins de l'enregistrement, of course. Un zeste de sitar ("Breaking down"), quelques riffs funkysants ("Shine a little light"), un chouia  de grunge (l'hymnique "Go") et pas mal de groove plus loin, on n'a qu'une seule envie, appuyer de nouveau sur la touche 'play'...

The Black Keys

Turn blue

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Les Black Keys nous viennent d'Akron, dans l'Ohio. Un duo réunissant le chanteur/guitariste Dan Auerbach et le drummer Patrick Carney. A l'origine, il pratiquait un garage rock teinté de blues. Leur premier album, "The big come up", remonte à 2002. Il est paru sur le label underground Alive Records. L'année suivante, le tandem signe chez Fat Possum, une écurie blues établie dans le Mississippi qui héberge d'authentiques bluesmen noirs du terroir ; à l’instar de R.L Burnside et Junior Kimbrough, artistes qui n'hésitent jamais à mêler leurs racines à celles imaginées par de plus jeunes musicos. "Thickfreakness" paraît en 2003 et "Rubber factory" en 2004. Le tandem décroche ensuite un contrat chez Nonesuch, division du groupe Warner. C’est à cette époque qu’il s’installe à Nashville, la ‘Music City’ du Tennessee. Les elpees se succèdent, réunissant désormais les compositions originales du duo. Publié en 2010, "Brothers" récolte un franc succès commercial. Et l’année suivante, "El Camino" confirme le succès de ces chantres de la musique alternative.

"Turn blue" constitue donc leur nouvel opus. L’image de la pochette est représentée par un vertigo psychédélique. L’œuvre est ambitieuse. Les compos sont extrêmement travaillées, raffinées, de manière à bien mettre en exergue la voix délicieusement pop d'Auerbach. Mais si la mise en forme réalisée par Brian Burton, dit Danger Mouse, est destinée à rendre leur expression sonore plus accessible et commerciale, il ne gomme pas pour autant la puissance créative du duo. Par sa volonté mélodique, le son accroche facilement l’oreille ; et pourtant la structure des compos demeure complexe, poursuivant ainsi la démarche entamée par "El Camino". Pour enregistrer cet LP, la paire a quand même reçu un solide coup de main de Burton. A la production, mais aussi à l'écriture et à l’instrumentation…

"Weight of love" ouvre le disque. C’est aussi la plus longue plage. Plus de 7’ ! Après une longue intro instrumentale, au cours de laquelle se bousculent cordes acoustiques, claviers atmosphériques et enfin les interventions de guitare suramplifiées de Dan, la voix entre dans la danse, épousant rapidement un refrain accrocheur. On pense au Pink Floyd d'une certaine époque. A cause de cette gratte aux sonorités ravagées qui se dédoublent en fin de parcours. Des voix féminines (NDR : ou androgynes) amorcent "In time". La voix d'Auerbach y adopte le timbre et même les inflexions de Marc Bolan (T Rex). Une nouvelle fois, le refrain émarge à la pop. Le titre maître colle parfaitement à son époque. Constante, la ligne mélodique est colorée par des sonorités synthétiques. Soutenu par un clavier ‘vintage’, "Fever" est imprimé sur un tempo enlevé. Un titre contagieux et excitant, paru en single. Des rythmes synthétiques agitent "Year in review", une plage particulièrement percussive, mais très éloignée des Black Keys originels. "Bullet in the brain" s’ébroue en douceur sur un lit de cordes acoustiques, avant de subir un fameux coup d’accélérateur ; une formule imaginée par Danger Mouse. Patrick Carney imprime un tempo tribal à "It's up to you now". La compo macère dans un climat plus garage. Dan a d’ailleurs sorti sa fuzz box. C’est sous ce profil tortueux que je préfère les Black Keys. L’œuvre replonge à nouveau dans la pop. "Waiting on words" est empreint de tendresse et "10 lovers", de charme. Des pistes truffées d'effets sonores dispensés en boucle. Une formule un peu trop explorée sur cet elpee. Ce qui ne l’empêche pas de receler des moments autant inattendus que réussis. A l’instar d’"In our prime", une plage dont les interventions de guitare psychédéliques savoureuses et la beauté immaculée du sens mélodique, rappelle les Beatles de la grande époque (66/67). Et le final nous réserve une autre bonne surprise, puisque The Black Keys nous réserve le blues/rock "Gotta get away", comme pour rappeler que le duo n’a pas renié totalement ses sources…

 

The Black Keys

Hanté par les légendes du blues rock!

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Début décembre 2011, The Black Keys publiait “El Camino”, un superbe album que votre serviteur a tout bonnement placé en tête de son Top 20 de l’année. Un opus bourré de références ‘glam’ puisées chez T. Rex. La nouvelle tournée passait par le Zénith de Lille, ce mardi 24 janvier, au sein d’un hémicycle qui affichait presque sold out. Alors le spectre de Bolan allait-il planer tout au long de leur concert ?

Il revenait à Portugal. The Man d’assurer le supporting act. Etablis à Portland, quatre d’entre eux sont originaires de l’Alaska. Ils sont cinq sur les planches, dont un musicien de tournée, préposé à la seconde gratte. Tiens curieux, la formation reconnaît pour influences majeures T.Rex et David Bowie circa « Ziggy Stardust ». Le glam, quoi ! Pourtant, l’expression sonore dispensée par le groupe, ce soir, en ‘live’, s’inscrit davantage dans la lignée de Two Door Cinema Club et The Temper Trap, même si le falsetto de John Baldwin Gourley, lead vocalist, me fait plutôt penser à Jimy Somerville…

Pendant le checksound, la sono diffuse des chansons de Smokey Robinson et de Spinners. Du r&b old school ! Un énorme kit de batterie est installé au milieu du podium. L’extérieur des toms a été repeint aux couleurs de l’arc-en-ciel. A l’arrière, trois ou quatre grappes de luminaires concaves ressemblent à de petits arbres futuristes. Ils dispenseront circonstanciellement une intense lumière blanche. Et en toile de fond, on aperçoit des écrans rectangulaires. Ils projetteront des images de circulation routière, filmées aux States, lors de l’interprétation de morceaux issus du denier elpee. Le groupe monte sur les planches. Patrick Carney se plante derrière ses drums et Dan Auerbach, le chanteur/guitariste s’installe à droite de la scène. Deux musiciens de tournée les accompagnent : un bassiste et un claviériste/guitariste. Ils se postent en retrait, mais sur une petite estrade surélevée.

Le set s’ouvre par deux titres issus de « Brother », « Howlin’ for you » et « Next girl » Le groove a déjà de quoi enivrer. « Gold on the ceiling » embraie ; un extrait d’« El Camino » qui soulève déjà l’enthousiasme de la foule. Après « Run right back », dont la tension sous-jacente est très palpable, Patrick et Dan entament leur prestation en duo. Les compos y sont manifestement plus blues. Les cordes de guitares distordues. Que ce soit « Thickfreakness », « Girls on my mind », le lancinant « I’ll be your man » ou encore « Your touch », des plages issues de leurs quatre premiers elpees. Et la frappe de Patrick est meurtrière. Quand il pilonne ses fûts, il serre littéralement les dents. On se demande d’ailleurs comment son matos ne finit pas par se disloquer.

Retour des deux musicos complémentaires pour le reste du set, qui redémarre par des compos issues du dernier long playing, dont un « Sister » au cours duquel Dan chante d’un falsetto, ma foi plaintif. Dan change régulièrement de gratte, sans doute pour les faire réaccorder, et étonnant, les roadies sont vêtus de costards bcbg. Sur « Chop and change », morceau de garage ténébreux, il joue de la six cordes tout en secouant un maraca. Mais c’est surtout le claviériste qui vient hydrater l’expression sonore de ses interventions à l’orgue Hammond. « 10 cent pistol » est un moment important du show. Un morceau caractérisé par de nombreuses ruptures blues, mais surtout marqué par un long break que le combo se réserve au beau milieu de la compo. De quoi pousser l’intensité à son paroxysme et enflammer littéralement l’auditoire, pourtant déjà bien chaud, puisque le ‘crowdsurfing’ a déjà débuté depuis belle lurette… Petite pause de tendresse, puisque sur le single « Tighten up », Dan se met à siffloter. Mais le tracklisting s’achève alors par « I got mine », piste qui ouvre « El camino », le seul track vraiment glam du concert. Le public est en ébullition, il danse, gesticule, lève les bras, crie, hurle, applaudit et réclame son rappel.

Le funkysant « Everlasting light », au cours duquel une énorme boule à facettes inonde la salle de millions de particules scintillantes, ainsi que les plus blues/rock « She’s long gone » et “I got mine”, morceau dont le riff de guitare est curieusement réminiscent du « Heartbreaker » de Led Zeppelin, alimentent cet ‘encore’ de belle manière. N’empêche, le public a quand même eu la chance de savourer 22 titres en 75 minutes de spectacle. En prenant congé de la foule, le patronyme The Black Keys apparaît en lettres phosphorescentes en haut et derrière la scène.

De glam, hormis pour un titre, on n’en a guère détecté. Finalement, si des fantômes planaient ce soir au Zénith, c’était peut être ceux de légendes du blues/rock comme The Cream, Taste (NDR : au sein duquel militait feu Rory Gallagher) et le Led Zeppelin. D’autant plus que la voix de Dan est capable d’osciller entre le falsetto et le graveleux, des principes bien établis chez les chanteurs de blues. Tiens, lorsque les lumières se sont rallumées, comme par hasard, la sono s’est mise à diffuser une ancienne compo du Led Zep. Comme quoi !

(Organisation A Gauche De La Lune)

The Black Keys

El Camino

Écrit par

Danger Mouse (Gorillaz, Beck, Gnarls Barkley, Broken Bells, etc.) était de retour derrière les manettes lors de l’enregistrement du septième opus des Black Keys. En outre, le claviériste Brian Burton semble avoir définitivement intégré le line up du groupe américain. Quoiqu’il en soit, le duo d’Akron (NDR : c’est dans l’Ohio) vient de pondre un remarquable elpee. Ah oui, on lui reprochera certainement une mise en forme trop léchée. Mais finalement, c’est certainement le secret de la réussite de cet opus. En fait, c’est un peu comme si le fruit de la rencontre entre The Cream et The Clash avait été sophistiqué à l’excès pour le rendre glam. Dans l’esprit de T.Rex. Pas toutes les compos, mais plus de la moitié de l’elpee. Le falsetto de Dan Auerbach n’a jamais été aussi ‘bolanesque’. Il est même parfois enrobé de chœurs très caractéristiques. Et les riffs de gratte spasmodiques entretiennent parfaitement ce climat. Les mélodies sont hymniques, contagieuses. Le disque regorge de hits potentiels. Parfois légèrement teintés de funk, de soul ‘motownesque’ voire de britpop 60’s. Mais sans jamais tomber dans la mièvrerie FM. Quant aux lyrics, ils traitent des relations amoureuses, et en particulier de la jalousie, du désir, de l’abandon et du chagrin, mais sous une forme humoristique. Définitivement mon album de l’année !

 

The Black Keys

Attack & Release

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The Black Keys, les génies du blues rock contemporain, passent à la vitesse supérieure. Jusqu’ici reclus dans leur petite cave, Dan Auerbach et Patrick Carney ont décidé de balancer leurs vieilles habitudes aux oubliettes pour désormais voir les choses en plus grand. A l’origine, l’immense Danger Mouse (responsable du fameux « The Grey Album » et, surtout, autre moitié de Gnarls Barkley) les avait contactés, pour collaborer à un projet imaginé par Ike Turner. Malheureusement, suite au décès de ce dernier, le duo a dû interrompre les sessions.

Auerbach et Carney sont néanmoins rapidement retombés sur leurs pattes et ont décidé de poursuivre leur collaboration en compagnie du producteur. En résulte un « Attack & Release » parfaitement jouissif. « All you ever Wanted » et « I Got Mine », les deux plages introductives, nous plongent dans l’univers classique des Black Keys avant d’embrayer sur « Strange Times » et « Psychotic Girl », affichant les premiers symptômes du renouvellement. Dès les premières notes de ces morceaux, on identifie la griffe Danger Mouse, omniprésente sur tout le reste de cette surprenante nouvelle œuvre. S’enchaînent alors chœurs, piano, orgue, banjo, handclaps et autres sonorités, jusqu’ici étrangères au travail du duo.

Sans rien altérer de l’ouvrage des deux grands musiciens, les arrangements du producteur donnent une dimension particulière à ce cinquième disque. Classique instantané, « Attack & Release » et sa collection de tubes constituent un nouveau départ dont on attend d’ores et déjà l’étape suivante avec impatience…

 

The Black Keys

Les ingrédients d'une potion magique

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Ils sont deux. Dan Auerbach pose sa voix derrière le micro et martyrise sa guitare. A ses côtés, Patrick Carney frappe ses fûts avec l'énergie du désespoir. Et, en substance, les Black Keys réinventent le blues par le prisme d'un rock'n'roll primaire et sauvage. En duo, ils font plus de raffut qu'une armée de Panzers mal huilée. Sous ces apparences abruptes, ces deux musiciens libèrent pourtant une musique simple, pure, délivrée de toutes contraintes techniques. Le nouvel album des Black Keys s'intitule « Magic Potion ». Même les druides en redemandent...   

Quand on opère une comparaison entre vos précédents albums et « Magic Potion », on a l'impression qu'un changement s'est opéré sur le son...

C'est difficile à dire. Notre objectif n'était pas de trouver un son différent. Comme toujours, c'est un flux naturel. Il n'y a que nous deux : la batterie de Patrick contre ma guitare. Fidèles à nos habitudes, nous nous sommes installés dans la cave. Nous y avons répété et travaillé pour aboutir à ces nouvelles chansons

D'un point de vue artistique, est-ce contraignant de jouer à deux sur disque et sur scène ?

Nous n'avons jamais perçu notre duo comme une contrainte. Sinon, nous aurions changé de métier ! Mais l'idée de s'entourer d'un troisième ou d'un quatrième musicien ne nous a jamais effleuré l'esprit. Le fait de travailler à deux nous permet de créer un son brutal, spontané.

Vos précédents albums étaient signés sur le label Fat Possum, antre du blues rock. Pour « Magic Potion », votre nouvel album, vous déménagez chez V2 Records.

Nous sommes très contents de travailler avec cette nouvelle équipe. Les choses sont plus simples à gérer. Nous arrivions en fin de contrat chez Fat Possum. En réalité, notre collaboration avec le label V2 n'est effective qu'en Europe. Aux Etats-Unis, c'est le label Nonesuch qui distribue notre disque.

Quelle serait votre définition exacte de « Magic Potion » ?

Cette potion magique est un nouveau départ pour notre humanité. A nos yeux, elle constitue un remède permettant d'annihiler les enfances malheureuses. La potion magique doit venir en aide aux enfants du monde entier, tous les jours, tout le temps. 

L'intitulé de votre nouvel album sous-entend-t-il que vous délivrez une sorte de potion magique musicale ?

Non, notre démarche n'est pas aussi prétentieuse... En réalité, « Magic Potion » trouve son origine dans les paroles d'une de nos nouvelles chansons. Elle est intitulée « Modern Times ».

Les paroles de « Modern Times » résument-elles votre propre conception des temps modernes ?

Oui, particulièrement les temps modernes de notre pays. Nous aimons les Etats-Unis. C'est notre patrie. Cependant, nous sommes convaincus que quelque chose est en train de nous échapper. Nous ne sommes plus d'accord avec l'Amérique actuelle. Sa politique n'a plus de sens. L'administration jette de la poudre aux yeux des électeurs et, dans leurs dos, elle défend des intérêts lucratifs, très éloignés des véritables besoins sociaux. Quand nous quittons le territoire américain, nous partons sur les routes pour jouer des concerts. On se produit partout dans le monde : en Asie, en Europe, etc. Et, loin de notre pays, on se rend compte qu'il ne ressemble pas du tout à notre terre natale, au pays que l'on voudrait aimer.  

Sur « Magic Potion », un de vos morceaux évoque un départ de Babylone (« Goodbye Babylon »). La vision de Babylone varie souvent dans les représentations collectives. Quel est le sens profond de Babylone pour les Black Keys ?

Nous ne défendons pas une vision unique de ce concept. Lors de l'écriture de « Goodbye Babylon », nous songions aux impacts néfastes de l'administration sur notre société. Aujourd'hui, l'Amérique peine à trouver une ligne de conduite crédible. Mais pour revenir à la notion de Babylone, il convient de souligner que ce nom possède différentes significations. Tout dépend de nos auditeurs. C'est à eux de lui donner un sens. Pour une partie du monde, Babylone représente le côté mercantile et déshumanisé d'une société occidentale pervertie. Pour d'autres personnes, cette ville antique symbolise la corruption et la décadence. Pour notre part, nous laissons une liberté d'interprétation à nos auditeurs. C'est mieux ainsi... 

Peut-on considérer « Magic Potion » comme le premier album politiquement engagé de votre carrière ?

« Magic Potion » n'est pas un album politique. Pour la bonne et simple raison que nous n'avions aucune visée politique en commençant à travailler sur ce disque. Les chansons sont venues naturellement, sans aucune arrière-pensée. En ce sens, il ne s'agit pas d'un album politique. 

Quelques semaines avant la sortie officielle de votre nouvel album, vous avez publié un hommage à Junior Kimbrough. Quels sont les mobiles de cette démarche ?

Nous respectons énormément ce monsieur. Nous sommes de grands fans de sa musique. Il est incontestablement un des piliers du blues. Nous nous intéressons à sa musique depuis longtemps. Un jour, nous écoutions ses chansons. On s'est regardé en se disant : 'Bien sûr, on doit rendre hommage à ces magnifiques compositions !' Junior Kimbrough nous a donné l'impulsion nécessaire pour créer, jouer de la musique.  

A la fin de cet hommage, intitulé « Chulahoma », l'auditeur a l'occasion de découvrir une plage sonore cachée. Il s'agit de la voix de la veuve de Junior Kimbrough.  Cette dernière vous félicite... Quelle a été votre réaction en écoutant ce message ?

Nous étions très fiers, vraiment excités. C'est un peu comme un aboutissement. Notre admiration pour Junior Kimbrough est grande. Alors, les compliments de son épouse, c'est quelque chose d'énorme. Ensuite, si nous avons décidé d'enregistrer cette intervention sur le disque, ce n'est pas pour nous prendre la grosse tête. Nous considérons simplement que ce message fait partie d'un ensemble, entièrement dédié à Junior Kimbrough.

Seriez-vous d'accord de dire que vous êtes les rénovateurs du blues ?

Nous ne sommes pas des rénovateurs conscients. Notre démarche ne consiste pas à réinsérer le blues dans un schéma contemporain. On se contente simplement de jouer la musique que nous sommes capables de jouer. D'ailleurs, je pense que notre musique relève davantage du rock'n'roll que du blues !

En juin dernier, vous avez ouvert les concerts de Radiohead sur leur tournée nord-américaine. Comment les fans de Radiohead ont-ils perçu votre musique ?

En entrant sur scène, on ne cherche pas à savoir si notre musique va plaire ou non au public. On se lance, on joue. Nous n'avons jamais eu peur de monter sur scène. Que ce soit devant dix personnes ou des milliers de fans en délire !

The Black Keys

Magic Potion

Écrit par

Quelques semaines plus tôt, les Black Keys rendaient hommage à Junior Kimbrough par le prisme d’un mini-album intitulé « Chulahoma ». Le flingue bariolé illustrant la pochette laissait entrevoir une œuvre sans concession. Le blues – base de production du duo d’Akron – du maître s’électrocutait alors aux riffs poisseux de ses élèves : Dan Auerbach (chant, guitare) et Patrick Carney (batterie). Après cette dédicace distordue, les Black Keys goûtent aux effets de « Magic Potion ». Sur ce nouvel album, le rock tente de subordonner le blues. Mais ce dernier riposte. Il sursaute, vibre. Et jamais ne se laisse dompter. L’antidote concocté par Carney et Auerbach constitue un nouveau tour de force : confrontation instable campée entre rock’n’roll et blues, douleur et sueur. La guitare et la batterie célèbrent ici une symbiose de tous les instants. Le timbre de Dan Auerbach évoque celui d’un vieux bluesman, éreinté par la vie, accablé par les brûlures du soleil mais fier de son pacte conclu avec le diable. A l’heure du quatrième album, les Black Keys affichent leur personnalité. Entière, vouée aux souvenirs de l’esclavagisme noir américain et aux riffs burnés d’une meute de teenagers restés trop longtemps cloîtrés dans leur garage. Remède moderne aux divers égarements sonores, « Magic Potion » est une fiole de jouvence essentielle pour ce bon vieux rock’n’roll. Sans crainte, les novices peuvent absorber « Just A Little Heat » et « Goodbye Babylon ». Métamorphosés, ils marcheront dans le droit chemin. L’effet est immédiat, garanti. Pas rétrogrades, mais fidèles aux principes fondateurs du mode binaire, les Black Keys demeurent nos druides favoris. Buvons à cette « Magic Potion ». Buvons !

The Black Keys

Chulahoma

Écrit par

En attendant le successeur de « Rubber Factory » (2004), les Black Keys dégainent « Chulahoma », six reprises désenchantées du bluesman culte Junior Kimbrough. Avec ce disque, Dan Auerbach et Patrick Carney marquent un retour aux racines. Le blues constitue l’essence même de la fureur électrique des Black Keys. Ce n’est un secret pour personne. En rendant hommage à l’un de ses plus grands héros, la paire retrouve l’intensité passionnée éprouvée dans la moiteur du fulgurant « Thickfreakness » (2003), disque culte du duo d’Akron (Ohio). Entre rock et blues, punk et soul, les Black Keys installent le décor d’une musique référencée, presque datée. Ancré dans le passé, ce garage blues contemporain dresse maintenant ses perspectives en s’inspirant des plus grands. La voix rocailleuse de Dan Auerbach, les accords écorchés arrachés à sa guitare et la frappe sèche de Patrick Carney confèrent à cette musique un charme diabolique. Dans quelques semaines, les Black Keys reviendront armés d’un nouvel album. Nous retenons notre souffle...