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Wire

10 :20

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« 10 :20 » n’est pas un nouvel elpee de Wire, mais une compile réunissant de nouvelles versions de titres déjà publiés. Des enregistrements qui devaient paraître dans le cadre du ‘Record Store day’, annulé pour cause de Covid 19. Ce qui n’a pas empêché la formation de sortir, quand même, ce recueil de morceaux revus et corrigés, dont certaines raretés, qui figuraient notamment sur « Red Barked Tree » et « Mind hive », pour la première partie de « 10 :20 », et d’autres composés plus récemment, en ce qui concerne la seconde partie. Bien que Bruce Gilbert ait quitté le navire en 2004, après la sortie de l’album « Send », on retrouve bien le son de Wire, même si les plages 1 à 4 impliquent Margaret Fiedler McGinnis (Laïka) et Simms aux grattes solos, alors que pour le reste, c’est ce dernier qui se charge de la ‘lead guitar’, Colin Newman se réservant, bien entendu, la rythmique. Cependant, le plus intéressant procède de l’approche différente des compos. 

« Boiling Boy » se distingue par la limpidité des sonorités des cordes, mais également sa richesse, une texture entretenue par les trois gratteurs, même lorsque la compo monte en intensité à mi-parcours. 

Caractérisé par sa mélodie accrocheuse, « German shepherds » bénéficie de chouettes harmonies vocales échangées entre Newman, Lewis et Fielder.

Rêverie à la fois hypnotique et atmosphérique, « He knows » évolue sur un tempo plus lent ; harmonieuse, la ligne de basse créant, en quelque sorte, le contrepoint.

On retrouve toute l’urgence punk sur le brutal et psychotique « Underwater experience ».

« The art of persistence » est bercé par une douce et jolie mélodie, rappelant les travaux solos de Colin Newman,

Ethéré et mystérieux, « Small black reptile » s’achève dans un trip psychédélique.

Des sonorités chaleureuses de synthé s’infiltrent tout au long de « Wolf collides », une plage à la mélodie épurée.

Le long playing s’achève par « Over theirs », une plage de plus de 9’. C’est également la meilleure de cet LP. Les guitares sont denses. Monolithique, le drumming martelé est puissant. Et parfois, on a l’impression de frôler le « Kashmir » de Led Zeppelin. Etonnant !

Wire

Mind Hive

Écrit par

« Mind hive » constitue déjà le dix-septième elpee de Wire. Et s’il recèle quelques titres percutants, il se révèle plus velouté que rugueux. Plusieurs plages se nourrissent généreusement de synthés, à l’instar des atmosphériques « Shadows » et « Unrepentant », réminiscente du Floyd circa « The final cut » ou du final « Humming », les oscillations électroniques somnolentes se mêlant aux grattes sous reverb’, mais sur un tempo flemmard.

On retrouve cependant le véritable Wire sur plusieurs pistes. Ainsi, chant incisif et rythmique soutenue épousent parfaitement un esprit bien punk tout au long de « Be like them ». « Cactused » est imprimé sur un tempo new wave. « Oklahoma » oscille entre noisy et gothique, dans l’esprit de « 154 ». L’hypnotique « Hung » synthétise, en 8’, l’œuvre de Wire, une compo étrange, à la section rythmique percutante, qui mêle construction lente de textures de guitare et bandes préenregistrées. Enfin, cerise sur le gâteau le très pop « Off the beach » bénéfice d’une jolie mélodie qui n’est pas sans rappeler l’incontournable « The 15th ». Sans quoi, on épinglera encore les lyrics, qui traitent aussi bien du sort des réfugiés, fustigent le néo-libéralisme ou s’inquiètent de la montée du populisme. Même si ce n’est pas le meilleur album de Wire, il tient parfaitement la route.

Drive By Wire

The Whole Shebang

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Lorsqu’on effectue une rapide recherche sur Drive By Wire, on atterrit davantage sur des pages de technique automobile que sur le groupe qui porte ce patronyme. Aussi, je me permets de rectifier le tir et de vous proposer une autre définition plus acceptable à vos oreilles. Car c’est bien à ces dernières que s’adresse Drive By Wire. « The Whole Shebang » constitue le troisième album studio de ce groupe venu du Plat pays qui n’est pas le nôtre, lisez la Hollande. En onze titres, on passe d’un rock teinté noisy à la Sonic Youth à une sexualisation vocale à la PJ Harvey ou encore Juliet Lewis. A certains moments on est même proche d’une ambiance grunge circa 90’s, amplifiée par des thématiques sombres. 

Simone Holsbeek, la frontwoman, joue parfaitement de cet éventail, jusqu’à dériver vers un blues/rock plus gras dès le titre « River Run ». Cette large palette a été entretenue par René Rutten à la table de mixage. Celui-ci ayant déjà fait les beaux jours de The Gathering.

Rien à jeter sur cet elpee, mais rien non plus de transcendant, juste le plaisir de passer un bon moment. Des titres sont à retenir en priorité, à savoir la piste phare « Kerosine Dreams » qui gratte bien à l’oreille dans le style noisy ou encore le blues rock cradingue de « Promised The Night » voire de « Voodoo You Do » repris aux psychédéliques grecs de Nightstalker. On pourrait leur reprocher cependant de peu exporter leur groove à l’étranger et de privilégier les clubs à la scène au grand air. Un appel du pied aux clubs en Belgique… Avis aux amateurs !

 

Wire

Du neuf avec des vieux

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Un peu d'histoire pour commencer, puisqu'il est plutôt rare d’échouer dans ce pavillon érigé en 1958, à l'occasion de l'Expo universelle.
En tout cas, pour ma part, c'était la première fois.
Un endroit insolite et quelque peu oublié, mais qui a vu défiler quelques grands noms du Jazz tels Benny Goodman, Count Basie, Duke Ellington et Sarah Vaughan, entre autres.
Un magnifique bâtiment qui défie le temps et se voit offrir une seconde jeunesse.
Le temps d'un week-end (et en attendant d'autres programmations toutes aussi excitantes et ambitieuses dans le futur), l'Ancienne Belgique se mettait donc à l'heure américaine.

Au lendemain du concert de BRNS, l'affiche du jour proposait donc un voyage sur deux étages au pays de l'expérimentation et de l'audace intemporelle.

Un fil conducteur qui permettait à des artistes très différents de se retrouver dans ce cadre judicieusement choisi à l'acoustique remarquable (surtout dans la grande salle).

On commence dans le bar où à mon arrivée, Anna Van Hauss Wolf en est déjà à la moitié de son set.

Un univers particulier que j'avais découvert à l'écoute de « Ceremony », un album qui m’avait laissé sur une impression mitigée.

Impression somme toute renforcée ce soir après la prestation de la jeune Suédoise.

Anna Michaela Ebba Electra von Hausswolff de son vrai nom n'est pas très grande (à l'inverse de son patronyme), mais son énergie décuple ses forces sur scène, instaurant une dynamique dont le groupe se nourrit pour insuffler une dimension plus noisy à son petit théâtre de poche.

Mais ces incursions soniques mêlées à d'évidentes aptitudes lyriques (la donzelle possède, il est vrai, du coffre dans une si petite cage thoracique) n'arrivent pas à me persuader outre mesure.

Est-ce dû à mon arrivée tardive ou simplement à ma réticence du départ ? Mais quoi qu'il en soit, le set se termine sans retourner le moindre de mes follicules pileux.

Des poils pris à revers, par contre, en pénétrant dans la grande salle.

Alors qu'une douce musique berce mon entrée, je m'étonne du nombre restreint de spectateurs qui ont pris place devant la lourde tenture noire...

Avant de me rendre compte que Múm s'exécute déjà derrière le sombre tissu. C'est donc au-delà des strapontins que se joue la pièce ce soir.

Alors, je pénètre dans la musique, autant que celle-ci me pénètre.

« Sveitin Mila Sanda » est entamé depuis quelques instants, et je me retrouve enchanté par la grâce et la justesse de ce bel ensemble venu du Nord.

Jouant avec la légèreté comme la gravité, les Islandais, tout en contretemps sur ce morceau féerique, distillent magistralement sons analogiques et expérimentations aventureuses en terres électroniques.

Mélodica et chant dansant dans l'air, telle une feuille d'automne, bidouillages enfantins et jeux de clochettes, ukulélé ou cordes pincées, étouffées, grattées apportent certainement une grande richesse aux compositions de ce groupe atypique.

Si la magie de ce premier morceau ne perdure pas sur la longueur du concert, il n'en reste pas moins que cet ensemble hétéroclite d'instruments traditionnels mariés aux sonorités modernes dégage une beauté fragile rehaussée d'audacieuses expérimentations.

Expérimentation. C’est bien le mot clé de ce soir.

Le mot est lâché. La bête aussi.

Wolf Eyes évolue sans doute aux antipodes des aspirations mélodiques de Múm.

Ici, le concept abrupt rejoint plutôt l'enfer que le paradis, et on descend le Styx à la nage, s’autorisant, au passage, un bain de lave corrosive.

Un concept qui manque néanmoins d'aboutissement. Il a beau dépasser certaines limites, il ne va pas assez loin.

En résulte du bruit pour le bruit et des morceaux entre improvisations nihilistes et mantras calés sur bandes mais malheureusement amputés de réelles transgressions hypnotiques.

Malmenant l'auditoire mais ne le molestant pas, le trio d'Ann Arbor fait toutefois bonne figure dans ce contexte aventureux.

Mais il n'est pas étonnant de voir le bar se vider pour s'amasser le plus vite possible devant la grande scène.

C'est donc face à un parterre bien rempli (le concert d'aujourd'hui n’est pas sold out à contrario de celui de la veille) que Wire entame son concert.

Vétérans de la scène Punk puis Post Punk (et d'autres étiquettes au passage), les Anglais prouvent à nouveau que la qualité n'est en rien altérée par le poids des années.

Actifs depuis 77, le groupe emmené par Colin Newman a donc un fameux panel de morceaux à nous offrir et va puiser dans sa large discographie pour nous proposer un concert d'excellente facture, guidé par « From Change Becomes Us », le petit dernier en date, qui loin d'être passéiste, réutilise du matériel abandonné pour différentes raisons, dans les années quatre-vingt pour en faire du neuf. Et ça fonctionne.

Ironiquement, la prestation démarre au passé composé (« 23 Years Too Late ») et va revisiter la grammaire du combo aux trois carrières distinctes.

Ainsi, le plus que parfait (quelques indémodables de leur catalogue, dont « Marooned » en rappel final ») se conjugue au futur simple grâce à des inédits composés récemment (« The Flying Dutchman », « Blogging Like Jesus » et « Swallow Corn »)

Si les outrages du temps se devinent sur leurs visages ridés, le Dieu Chronos ne semble pas avoir d'emprise sur leur sens créatif, et Wire allume une à une les étoiles, qui ce soir, ornent  le drapeau du pavillon.

On notera l'apport tout en richesse d'une pléiade d'effets ajustée de main de maître par  Matthew Simm, guitariste qui a rejoint le groupe en deux mille onze et dont l'approche musicale, orientée sur le son, ne pouvait que rendre justice à Wire.

La conclusion s'impose donc d'elle même : sur le fil de l'audace, ce sont encore les moins jeunes qui gardent le mieux l'équilibre.

Je quitte donc ce fantastique décor en espérant y revenir bientôt.

Putain, putain, c'était vachement bien.

Ce soir, nous étions tous des Américains.

Anna Van Hauss Wolf + Múm + Wolf Eyes + Wire

(Organisation : AB)

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Wire

Red Barked Tree

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Douzième album studio en 34 années d’existence, pour Wire, toujours orphelin de Bruce Gilbert, mais qui bénéficie, lors de ses tournées, de la participation d’un(e) guitariste complémentaire. Mais venons-en à cet opus. Il s’ouvre par « Please take », une compo plus pop, plus cool, très mélodieuse (NDR : le sens mélodique est constant tout au long du disque, y compris sur les morceaux les plus percutants) dans l’esprit des premières œuvres solo de Colin Newman, même si le tempo épouse une forme new wave. Un rythme que l’on retrouve partiellement sur « Clay », une plage davantage shoegazing. Un style noisy que rencontré tout au long de l’elpee, mais chargé de multiples nuances. Dès le deuxième titre, « Now was », le post punk revient en force, malgré les accords de gratte bringuebalants, consentis en toile de fond. Et il est confirmé sur « Two minutes », une composition pilonnée par des drums propulsifs et parcourue de vocaux déclamatoires. Plus carré, « Bad worn thing » est issu de la plume de Graham Lewis. On y recèle quelques traces puisées dans le Roxy Music du début des seventies (NDR : un clin d’œil ?), mais ce sont les inflexions vocales de Lewis, calquées sur celles de Peter Fox qui frappent. Etonnant et savoureux ! Mécanique, « Moreover » lorgne davantage vers l’indus. Deux titres enlevés encore dans le genre, mais plus classiques pour Wire : « A flat tent » et « Smash ». L’œuvre nous plonge encore dans le psyché folk sur « Adapt ». A cause de ce recours à la sèche électrifiée. Un grattage acoustique qui trame le morceau final, en l’occurrence le titre maître. Une superbe plage épique de plus de 5 minutes, légèrement prog, subtilement psyché, qui ouvre peut-être une future perspective pour l’univers sonore de la formation insulaire. Reste « Down to this », une piste plus acoustique également, mais rampante, morbide presque sinistre. A vous faire froid dans le dos. Un superbe album, rien d’autre à ajouter…

Wire

Object 47

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Confirmation, Bruce Gilbert a donc bien quitté le navire. Et si l’ex-Laika, Margaret Fiedler McGinnis, le remplace en live, sur disque, le line up est bien réduit à un trio. Un peu comme lorsque Robert Grey (alias Gotobed) avait décidé de prendre congé du groupe début des années 90. A l’époque, la formation s’était rebaptisée Wir. Alors pourquoi pas Wie, Wre ou encore Ire ? Probablement, parce que ces patronymes manquaient de symbolique susceptible de rappeler leur identité originelle.

Bref, venons-en à leur nouvel opus. Il s’intitule « Object 47 » parce qu’il s’agit de leur 47ème enregistrement, en tenant compte des albums, Eps et compilations. Par contre, on est bien en présence de leur 11ème elpee. Neuf titres en 35 minutes. Ce qui change de leurs opus prolixes. Autre métamorphose importante, l’aspect pop est davantage mis en évidence. A l’instar de l’hymnique « One of us » qui ouvre le disque. Refrain et couplets sont tout aussi contagieux. Le groove de basse est puissant. Le climat à la fois allègre et menaçant. Un titre hyper mélodique et dansant qui mériterait de faire un tube ! Tout aussi pop et dansant, « Mekon headman » est néanmoins plus dense ; et les guitares en couches s’inscrivent davantage dans l’esprit de « Pink Flag ». Enfin, dans le même registre, on relèvera encore la présence de « Four long years ». Imprimée sur un mid tempo, cette plage ténébreuse a davantage recours à l’électronique. Un style électro qui contamine totalement « Hard currency », un morceau obsessionnel, semi indus, semi trip hop, qui aurait pu naître d’une rencontre entre Massive Attack et Jesus Jones. Reptilien, lancinant et de mauvaise augure, « Circumspect » renoue vaguement avec l’ère du ‘baggy’. « Are you ready » nous entraîne dans une danse macabre. Le rythme est asymétrique. La basse pulsante. Et le message ouvertement politique. Plus étonnant, « Patient flees » évolue sur un tempo particulièrement lent. Si les cordes de guitare sont vibrantes, la ligne de basse est paresseuse et profondément dub. Quant aux vocaux, mi-chantés, mi-déclamés, ils épousent à nouveau une forme hymnique. Deux titres plus punks quand même. Tout d’abord « Perspex icon », même si les harmonies vocales contrastent par leur limpidité. Et puis le morceau final, « All fours », une compo sur laquelle Page Hamilton (Helmet) est venu déverser ses rafales de feedback ; la voix de Colin Newman posant des tas de questions et sa gratte se chargeant d’y répondre. Un titre menaçant, âpre, frénétique, qui aurait pu d’ailleurs figurer sur l’album « Send ». Autre évolution, les (backing) vocaux de Graham Lewis sont bien plus présents et apportent davantage d’équilibre aux mélodies. Maintenant, il faut reconnaître que la nouvelle orientation de Wire semble de plus en plus dictée par Colin Newman. Ce qui explique que parfois, en écoutant cet « Object 47 », on a l’impression de retrouver l’univers sonore de Githead.

 

Wire

Punk mais arty…

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Chouette ambiance au 4AD de Diksmuide ce 1er mai, qui accueillait le groupe mythique Wire. La date est sold out, mais on circule facilement au sein du club qui doit accueillir plus ou moins 300 personnes. Et comme le bar est à moins de 10 mètres du podium…

La première partie était donc dévolue à De Brassers. Un groupe culte en Flandre ! Pensez donc, ses premiers faits d’armes remontent à 1980. Puisant déjà ses influences majeures dans le punk, la new et la cold wave, cette formation limbourgeoise avait alors atteint la finale du Rock Rally. Et puis s’est mise à tourner, en compagnie, notamment, de Siglo XX et de Red Zebra. C’est ainsi qu’elle s’est forgée une solide réputation au Nord du pays et aux Pays-Bas. Depuis un peu plus d’un quart de siècle, le parcours du combo est cependant entrecoupé de longues périodes d’hibernation. Mais le revivalisme eighties semble avoir requinqué leur moral. Le line up peut toujours compter sur un trio de base constitué de Willy Dirckx (guitare), Marc Haesendonckx (basse) et Marc Poukens (chant). L’ex Struggler, Erwin Jans a remplacé Eric Poukens aux drums et Ben Dekkers a cédé ses claviers à Joachim Cohen (Infernal Beauty). Beaucoup plus jeune, ce dernier rend au moins 20 ans au reste de l’équipe. Les autres musiciens ont du vécu. Ca se soit et ça s’entend sur scène. Marc Poukens est un véritable showman et joue du micro comme un pro (il ne le fait quand même pas tournoyer comme Roger Daltrey !) Cependant, si l’alternance entre le recours à la langue de Shakespeare et celle de Vondel est louable (il chante même à une ou deux reprises dans celle de Goethe), je suis moins convaincu de l’impact opéré sur un public plus large. Ce qui explique sans doute, pourquoi le groupe n’a jamais rencontré de succès, que chez les néerlandophones. En outre, malgré les interventions très atmosphériques du claviériste, réminiscentes de The Danse Society, toute leur musique a pris un sérieux coup de vieux. On retiendra donc, surtout leurs excellentes et hypnotiques envolées instrumentales ; notamment de leur morceau accordé avant le rappel. Mais il est regrettable qu’un supporting act commence en retard et joue les prolongations, alors que 30 à 45 minutes de prestation auraient largement suffi.

Première surprise lorsque Wire monte sur le podium, pas de trace de Bruce Gilbert. En fait, il y a un bout de temps que le natif de Watford a jeté l’éponge. Ce serait même depuis 2004. Les tournées, il n’en a plus rien à cirer. Et s’il n’exclut pas une éventuelle collaboration en studio, il n’en fait plus une priorité. Enfin, la dernière fois qu’il a accompagné le groupe en Belgique, c’était lors de l’édition 2003 du Pukkelpop. Et tant pis si vous n’y étiez pas. Ex-Laika, Margaret Fiedler McGinnis le remplace à la guitare rythmique. Tiens c’est amusant, c’était Laika qui à ce jour, avait réalisé la meilleur cover d’une compo de Wire ; en l’occurrence « German Sheppherds ». Mais venons-en au set.

Comme d’hab, pas d’artifices lumineux. Et dès les premières mesures, le set fonce à du 100 à l’heure. Margaret semble avoir bien intégré son nouveau rôle ; et ses échanges opérés avec Colin Newman sont de toute beauté. Surtout lors des morceaux les plus élaborés. Un Colin légèrement enveloppé, qui ne se sert plus de petits papiers pour se souvenir de ses lyrics, mais d’un Mac. C’est le progrès ! Newman et Margaret disposent d’une panoplie de pédales plutôt impressionnante. On comprend ainsi beaucoup mieux, l’amplitude de leurs tonalités électriques et le recours fréquent aux effets spéciaux. Crâne rasé, basse vrombissante, Graham Lewis affiche une tête menaçante. A contrario d’un Colin dont le sourire cynique oscille entre ironie et sarcasme. Quant à Robert Gotobed, il est devenu manifestement le pilier du combo. Jouant le plus souvent les yeux fermés sur un kit minimalise, son tempo métronomique et implacable fait absolument merveille. Titres hymniques, furieux, vindicatifs (auxquels participe Graham pour les vocaux), élaborés, mélodiques, la setlist parfaitement équilibrée mélange allègrement compos récentes et anciennes. Les breaks et les chutes de morceaux sont toujours aussi surprenants. Confirmant bien que Wire constitue bien une des inspirations majeures des Pixies. Mais si l’esprit punk est toujours bien vivace, la prestation reste très soignée. Elle épouse presque une forme arty. Et manifestement, si le public apprécie le concert, remuant même la tête, le tronc ou les jambes, il se montre particulièrement réservé et n’ose pas se lancer dans le moindre pogo. Etonnant !

Deux rappels seront accordés, dont un premier incluant le fantastique « 15th » (NDR : il trotte encore dans ma tête). Le public essaiera bien d’en obtenir un troisième, mais sans succès. Et puis, il était déjà plus de 0h30. Prochaine étape pour Wire : leur nouvel album. Il a été repoussé à juillet. On en salive déjà…

Organisation 4AD.

Setlist

Circumspect
Our time
Mr. Marx’s table
Comet
Being sucked in
Mekon headman
One of us
Advantage in height
Agfers
I don’t understand
All fours

Boiling boy
15th
12XU

Lowdown
106 beats that

 


 

 

Wire

Read & Burn 03 (Ep)

Écrit par

Le troisième volet de la série « Read & Burn » précède la sortie d’un nouvel opus de Wire, prévu pour l’année 2008. Cependant, aucun des quatre titres de cet Ep ne figurera sur le prochain album. Surprise, le premier titre de « Read & Burn 03 », « 23 years too late » s’étale sur près de 10’. Une compo étonnante, imprimée sur un tempo à la fois frénétique et métronomique, au cours duquel le contraste opéré entre le baryton déclamatoire de Graham Lewis et la voix plus mélodique de Newman est saisissant. Et si en fin de parcours, cette compo s’enfonce dans l’ambient, c’est la créativité de Wire qui fait ici merveille. Plus indolent, « Our time » s’inscrit avantage dans l’esprit de « A bell is a cup ». Basse rampante et cordes de guitare presque noisy balisent cette plage caractérisée par une urgence sinistre. La guitare est encore plus luxuriante et même tintinnabulante sur « No warming given ». Elle alimente un morceau post punk à la fois clinique et chaleureux. Evoluant sur un rythme élevé, ce titre est aussi complexe et opaque qu’il est contagieux et envoûtant. Du pur Wire ! Dernier fragment, « Desert diving » s’inscrit plutôt dans l’esprit de Githead, le dernier projet de Newman. Basse mélodique, riffs de guitare grinçants, gémissants et chœurs hymniques se mettent ici au service d’une véritable pop song. Maintenant après 25 minutes de « Read & Burn 03 » on reste sur sa faim. Parce que l’esthétisme, la pertinence, la perfection technologique et l’imagination de Wire sont toujours au pouvoir. Bien vite l’album !

Wire

On the box : 1979

Écrit par
Il existe très peu de témoignages filmés relatifs aux débuts de Wire. Ou alors, ils sont de très mauvaise qualité. En 1979, le quatuor s’était produit dans le cadre de l’émission « Rockpalast ». Une émission enregistrée sur la TV allemande WDR, devant une assistance réduite, constituée essentiellement de hippies. Ce show vient d’être immortalisé sur un DVD. 18 titres essentiellement issus des albums « Chairs missing » et « 154 ». Face à ce public trié sur le volet, le quatuor semble naviguer sur une autre planète. Tel un robot krafwerkien Newman lutte avec sa guitare, se tord comme une marionnette désarticulée en aboyant ses lyrics obliques. Lewis maltraite allègrement sa basse. A l’arrière de la scène, Gilbert tisse soigneusement et précisément les contrepoints sur sa six cordes, pendant que Gotobed canalise le tempo de ses rythmes métronomiques. Et à l’issue de chaque morceau, les spectateurs applaudissent poliment. Un véritable testament au sein duquel figure une interview totalement déjantée. Mais qui reflète le profil intello cultivé par le combo, à l’époque. Donc, à prendre au troisième degré. Le box inclut également une version audio de ce set, enrichie de deux bonus tracks.

Razorwire

League of the godless

Écrit par
Formé depuis 1997, Razorwire incarne ce type de groupe qui ne tergiverse pas dans l’enregistrement, ne fut-ce que d’une simple démo. Alignant les productions avec une régularité toute métronomique, le band s’arme d’arguments qui pourraient le crédibiliser rapidement sur la scène métal. En tout cas, nous souhaitons que ces efforts soient un moment ou un autre payants. Car même si la presse spécialisée européenne semble unanime pour flanquer en moyenne un 7/8 sur 10 à cet album, la route sera longue... Métal composite, accolant des éléments parfois disparates, Razorwire gagne à développer sa personnalité. Car si Downset et Rage Against The Machine méritaient la mention ‘très bien’ en 94 ; quid en 2004 ? Hed(Pe), One Minute Silence et Slipknot, ‘plutôt bien’ en...heu... ; mais en 2004 ? S’ils mettent à chaque fois autant de temps à traverser la Manche, ce n’est pas gagné...

Wire

Interaction...

Écrit par

Considéré comme un des groupes les plus déroutants et les plus novateurs apparus à l'époque du punk, Wire vient donc de se reformer pour la deuxième fois. Et d'enregistrer deux Eps et un nouvel album : " Send. Un elpee qui a la pêche. Le groupe a retrouvé toute l'énergie de ses débuts. Mais avec un groove plus contemporain ; un peu comme si le quartet avait décidé de flirter avec le heavy metal dansant. Pas du nu métal, mais du rock puissant et qui remue les tripes. Colin Newman, le chanteur guitariste, avait donc beaucoup de choses à raconter. Il ne s'en est pas privé, tout au long de cet entretien, ma foi, riche en enseignements.

Avant de sortir leur nouvel album, le groupe avait commis deux Eps : 'Read and Burn 1 et 2'. Nonobstant le sigle, ces deux disques ne font aucune allusion au rythm'n blues ; ou alors elle est vraiment involontaire. Trois titres de chaque EP se retrouvent sur " Send ", une situation inédite chez le quatuor insulaire, qui avait toujours pris le soin de ne jamais graver le même morceau sur des supports distincts. Colin s'explique : " Ils sont légèrement différents. On a élargi le concept via ces 'R&B'. Imagine que sur l'album ils symbolisent une couleur ; et bien sur les 'R&B' ils en reflètent une et demie. C'est différent, mais cette différence est minime. " Mais pourquoi cette distribution des Eps est-elle exclusivement réservée au net ? " Au départ, nous voulions mettre un 'six track' sur le web, afin que les fans puissent le télécharger. Pendant quelques jours. Mais le concept a remporté un tel succès, qu'on a été un peu dépassé par les événements. On s'est ainsi rendu compte que ces disques pouvaient être commercialisés Mais nous avions déjà établi le tracklisting de l'album, et nous ne souhaitions pas mettre tous les œufs dans le même panier. Nous voulions préserver notre patrimoine ; et en particulier conserver les morceaux que les gens n'avaient jamais entendus. Nous avons ainsi dû batailler ferme pour que les distributeurs ne puissent pas en disposer. Nous en avons écoulé lors de nos concerts et via internet. Si les gens avaient pu se procurer les deux Eps sur le marché, ils n'auraient pas acheté l'album. Seuls les fans purs et durs qui commanderont ou qui ont commandé les deux maxis via le web (http://www.posteverything.com/pinkflag) recevront ‘Send’ et un 'live' en prime. Nous sommes autant consommateurs que musiciens. Il faut penser à ceux qui achètent. Qu'est ce qu'ils vont avoir en main ? Les inconditionnels achèteraient l'opus, même s'il n'y avait que 4 nouvelles chansons. Mais nous voulions leur offrir un peu plus. Certains ont acquis le premier, d'autres le second, d'autres encore rien du tout. Et je ne pense pas que ceux qui ont acheté le 'R&B 1' et le 'R&B 2' voudront délier les cordons de la bourse pour se procurer l'album. " Colin s'exprime maintenant en tant que boss de firme de disques et artiste : " Personne ne nous dicte notre ligne de conduite. Nous sommes seuls maîtres à bord. Si nous nous étions adressés à un label, il aurait voulu sortir d'abord l'album, alors que nous voulions un Ep. Nous aurions alors dû prévoir un budget marketing conséquent et dépenser beaucoup d'argent. Ensuite lancer le disque sur le marché. Il aurait alors fallu vendre une tonne d'elpees pour récupérer notre mise. Ce n'est pas la seule manière de procéder. C'est la raison pour laquelle nous avons travaillé autrement".

Qu'est ce qui pousse Wire à se reformer périodiquement ? Un coup de fil ? Un calendrier de rencontres ? Une envie instinctive de réactiver la machine. Colin rectifie : " C'est beaucoup plus formel que tu l'imagines. Nous avions été invités à participer à une réception organisée pour la remise de distinctions. Elle doit s'être déroulée début 2000. Nous nous sommes rencontrés. On s'est revu. Et le groupe s'est reformé naturellement. Puis on s'est remis à la création. Mais au départ, on n'imaginait pas encore que nous allions revenir avec quelque chose d'aussi neuf en aussi peu de temps. Nous craignions que ce soit la galère. D'autant plus que nous ne voulions pas d'approche traditionnelle de la composition. Pour nous, c'était un mauvais plan ; et nous n'aurions pas bien fonctionné sous cette optique. Nous sommes donc passés d'abord à l'écriture. Puis on a laissé macérer. La plupart du temps, nous avons travaillé dans mon studio. Et on y a concocté tout ce qui a permis d'enregistrer les Eps et l'album. " Wire est donc toujours aussi inventif. Aussi bien dans la forme que dans le fond. Colin précise : " On nous reproche souvent de vivre dans l'abstrait. Mais il faut bien faire la différence entre ce qu'on veut dire par concret et abstrait. Par littéral et non littéral. Par premier degré et second degré. Notre objectif est de faire autrement que les autres. Il est de plus en plus difficile d'être différent de manière flagrante ; donc nous essayons d'apporter des petites touches différentes à notre création ; même si globalement, aujourd'hui, tout le monde joue de la même manière. Nous avons tendance à être réducteur. Si quelqu'un décide de couper un morceau en trois parties, nous n'en concéderons que deux. S'il a recours à trois accords, on s'en contentera d'un seul. Si sa chanson compte un refrain, nous en écrirons deux. L'analogie est subtile, mais nous nous engageons volontairement dans ce processus réducteur. Ce qui est une bonne façon de gagner de l'argent. Mais tu sais, nous pensons à autre chose qu'à la rentabilité… " Maintenant, combien de temps la nouvelle aventure de Wire va-t-elle durer ? Colin est confiant pour l'avenir. Il existe une structure formelle autour du groupe. Bruce et lui se rencontrent deux fois par semaine. Au studio de Colin. Ils accumulent les démos. Le travail ne se limite pas à écrire 'x' chansons et puis de mettre la clef sous le paillasson. Il est constant. Organique. Et comme ils bossent de manière continue, ils ont le loisir d'opérer des choix. D'élaborer de nouveaux projets (concerts, etc.) et d'expérimenter tout ce qui peut les influencer dans la création : " Il existe beaucoup de choses qui m'intéressent. Notre vision n'est pas unique. J'aime voir le résultat de l'interaction entre plusieurs composants. Voir comment ils se rencontrent. Observer le fruit de ces rencontres. C'est comme le monde, il n'est qu'interaction. Ce ne sont donc pas uniquement des choses simples, mais comment les choses communiquent entre elles. "

Cependant, que sont devenus les projets parallèles des musiciens de Wire ? Et en particulier ceux de Bruce Gilbert et de Graham Lewis ? C'est à dire Dome et He Said ? Les deux premiers appartiennent à l'histoire. Bruce travaille cependant sur un nouveau projet, en Suède. Duet Emmo, celui de Bruce et de Daniel Miller ? Il est au frigo. Colin rencontre encore le boss de Mute, de temps à autre, lors de l'un ou l'autre concert. Il ajoute : " Lorsqu'il me téléphone, c'est pour me demander quelque chose de spécifique. Bruce n'envisage pas de reprendre la collaboration pour l'instant. Peut-être l'année prochaine. Ils disposent encore de démos qui doivent être remodelées, car elles sont toujours à l'état brut. Mais il y aura une suite. "

Minimal Compact, vous vous souvenez ? C'était le groupe au sein duquel figurait l'excellente chanteuse Malka Spiegel, l'épouse de Colin. Un groupe cosmopolite que j'appréciais beaucoup, et qui a disparu comme par un mauvais enchantement. Je n'ai pu m'empêcher de demander à Colin des nouvelles de cette formation. Et il semble ravi que je lui pose cette question. " Ah, tu savais que j'étais l'époux de Malka ! Elle a enregistré trois albums solos. Un avec moi. Puis deux 12 inches sous le nom d'Emotion. Sans oublier son projet destiné à mêler art et musique. Concernant Minimal Compact, un réalisateur israélien a tourné un film sur l'histoire du groupe. Un documentaire fort intéressant. Il y a eu une première à Tel Aviv, voici 2 semaines. Ils ont parlé de refaire quelque chose ensemble. Enfin Samy, surtout. Les deux guitaristes sont de grandes stars en Israël. Et Berry (NDR : Sokhoroff), probablement une super star. Mais pas ailleurs. Ils ont accordé un concert prestigieux à Tel Aviv. Et ils vont probablement se produire aux Transmusicales de Rennes, à la fin de l'année. Mais j'ignore s'ils vont enregistrer quelque chose de neuf…"

Pour les références et les influences, il faut un peu poser la question à l'envers. En fait, fondé en 1976, Wire est une référence ou une influence pour de nombreux groupes. Lors de la sortie de sa trilogie indispensable ('Pink Flag', 'Chairs Missing', '154'), il a été taxé de Pink Floyd du punk. A cause de son approche psychédélique vaguement réminiscente de Syd Barrett. Pour Colin, le psychédélisme n'a rien à voir avec Wire. Il s'agit, pour lui, de musique sous l'influence de drogues. " La dernière fois que j'ai entendu parler de groupes pratiquant ce style, c'était à l'époque de l'acid house et du baggy. Depuis lors, je ne pense pas que l'on puisse encore parler de psychédélisme. En tout cas, je ne l'ai pas remarqué. " Et pourtant… Concernant Syd Barrett, Colin reconnaît que Wire a peut-être quelque chose de commun avec lui dans la tonalité, mais pas dans l'intention. Pour lui, Barrett était l'esprit, l'essence même du Floyd…

Mais que ressent-il lorsqu'un groupe ou un artiste se réclame de Wire ? La réponse fuse : " Tout est relatif. REM ? Il ne faut pas exagérer. Je ne voudrais pas que la responsabilité de ce qu'ils font nous soit attribuée. Je serais mal à l'aise. Nous ne le revendiquons certainement pas. Même si certaines personnes le clament. Peut-être à une certaine époque. Mais s'ils avaient persisté, ils n'auraient jamais eu de succès. Les Pixies ? Je ne les connais pas suffisamment. Mais j'ai lu que nous les aurions influencés. Certaines personnes seraient fières de cette situation. Nous en sommes conscients, mais nous n'en tirons aucune vanité. "

 Merci à Vincent Devos.

Wire

Send

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L'an dernier, Wire avait célébré sa reformation en signant, coup sur coup, deux Eps répondant au nom de " Read & Burn ". Le premier avait d'ailleurs recueilli une excellente critique au sein de cette rubrique. Leur nouvel album réunit trois titres issus de ce disque, dont le punk irrésistible et métronomique " In the art of stopping ", l'impétueux et hybride " Comet " et " The Agfers of Kodack ", un hymne post punk déchiré par les tonalités élégantes et décapantes des deux guitares. Trois titres du second Ep (NDR : uniquement disponible via le web) ont également été retenus. En l'occurrence l'implacable et mécanique " Read and burn ", le furieux et tempétueux " Spent ", qui donne également le titre à cet opus, ainsi que le fascinant et très élaboré " 99.9 ", un fragment de 7'42 dont la texture glisse progressivement de l'ambient quasi religieuse au post industriel. Post industriel, c'est d'ailleurs le maître mot de cet elpee. Mais un post industriel le plus souvent dansant, minimaliste, hypnotique, parfois même robotique. A l'instar de " Nice streets above ", composition qui figurait sur le " Read & burn 2 ", mais sous une version différente. Reste donc 4 inédits, dont " Mr Marx's table ", une pop song qui aurait pu figurer sur " A bell is a cup (until it is struck) ", le mid tempo pulsant " Being watched ", le funèbre " You can't leave now ", un morceau dont le chant de Newman oscille entre inquiétude et sérénité, alors que le tempo semble tourner à la vitesse d'un 33 au lieu d'un 45 tours, et enfin le technoïde " Half eaten ", un titre au cours duquel vocaux possédés, électricité vivifiante et bpm s'agitent au sein d'un même espace sonore. Le tout dispensé avec un raffinement à couper au rasoir et sur un ton sombre, agressif, contemporain si vous préférez. Un must !

 

Wire

Read and burn 01 (Ep)

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Et non, vous ne rêvez pas, Wire vient de se reformer. Au grand complet ! On ne va pas vous refaire l'historique de ce quatuor anglais, considéré aujourd'hui comme un des groupes les plus déroutants et novateurs apparus à l'époque du punk. Ni de vous reparler de toutes leurs expériences individuelles. Simplement, rappeler que le drummer, Gotobed, s'était tiré en 1990, parce qu'il en avait un peu marre de voir ses fûts mis en quarantaine au profit de boîtes à rythmes (NDR : d'où l'aventure Wir…) Sachez simplement qu'il s'agit de la deuxième reformation du groupe ; la première remontant à 1985. Oui, mais venons en à l'essentiel : le retour de Wire sur la scène musicale. Et la parution d'un premier mini elpee, qui prélude la sortie d'un second. Six titres en 17 minutes. Six fragments rapides, hypnotiques, contagieux, minimalistes, dispensés avec un raffinement à couper au rasoir. Comme on les aime quoi ! Rien que le métronomique et irrésistible " In the art of stopping " vaut son pesant de fil métallique. Et le reste… n'est pas en reste. Depuis le post industriel, lourd de menaces, " I don't understand " à " Agfers of kodack ", déchiré par les tonalités élégantes et décapantes des deux guitares, en passant par le concis, belliqueux et noueux " 1st fast " (Stanglers ?), l'impétueux et hybride " Comet ", ainsi que " Germ ship ", une plage sculptée dans la noisy la plus croustillante. Un régal !

 

Wired To The Moon

Pure

Nous ne comprenons vraiment pas pourquoi Wired to the Moon a dû attendre plus de 3 ans avant d'obtenir un contrat et sortir un premier opus. Issu de la tendre et profonde Irlande, cette formation distille une musique pop, celtique, proche de celle des Waterboys. Des chansons simples, chargées d'émotion, dont la voix angélique de Roisin Malone épouse parfaitement la texture instrumentale. Un texture qui mêle à une base classique batterie-basse-guitare tantôt de l'harmonica, de l'accordéon ou du piano, tantôt du banjo ou de la mandoline. Un bien bel album...

 

Wire

Behind the curtain

Ce groupe culte fait l'objet depuis quelques années, d'une multiplication de compilations et de rééditions en tous genres. Les dernières nous avaient ainsi permis de voir sa trilogie indispensable reproduite sur CD. "Behind the curtain" s'intéresse plutôt aux prémisses de son existence. Soit la période la plus difficile du groupe. Et sans doute aussi la plus excessive, sarcastique, amusante et fascinante. La rétrospective se limite cependant aux années 77 et 78. En trente et un titres, il faut le souligner. Ce qui permet à cette compilation de livrer une foultitude de raretés. Depuis les inévitables démos de derrière les rideaux, pardon les fagots, jusqu'aux flip sides de singles devenus aujourd'hui introuvables, en passant par les extraits d'Eps, les compositions éliminées des deux premier elpees, des titres plus connus comme "Map Ref 41° N 93° W" et "Pink Flag" dans des versions impitoyablement punk, moins connus tels que "Mary is a Dyke" concocté lorsque Georges Gill faisait encore partie de la formation, et enfin la cover de JJ Cale, "After Midnight". Une œuvre incontournable pour tout inconditionnel de Wire qui se respecte.

 

Wire

Pink Flag/Chairs missing/154

Associé erronément au mouvement punk à ses débuts, Wire constitue probablement le plus bel exemple de ce qu'on appelle un ‘groupe intemporel’. Evidemment, jouer en 77 la carte du minimalisme, avec des titres courts et rapides, hachurés constamment de guitares écorchées (le premier album " Pink flag "), avait de quoi entretenir une réelle confusion. Pourtant, ce disque évidé de toute couleur, de toute profondeur, atomisé de sonorité grises et sinistres proposait en 21 morceaux une vision extrémiste, tordue et décapante de la musique industrielle. Plus spacieux, " Chairs missing " se rapproche d'un psychédélisme plus ‘classique’. Celui de Syd Barrett pour tout dire. On y retrouve ce qui sera le manifeste pop du groupe, " I am the fly ", paru en single quelques mois plus tôt. A l'époque, l'album est jugé prétentieux et intello ; parce qu'il revisite en 15 plages ce que le Floyd développait sur des faces entières. Mais aujourd'hui, avec le recul, " Chairs " apparaît beaucoup plus riche, surréaliste, voluptueux même, mais sans la moindre concession. Les morceaux les plus difficiles ouvrent l'album, mais l'auditeur capable de surmonter ces ‘difficultés’ sont invités à en savourer la quintessence…

Sorti en 79, " 154 " est considéré comme le chef-d'œuvre du quatuor. Colin Newman, Graham Lewis, Bruce Gilbert et Robert Gotobed sont au sommet de leur art. l'album contient de petites perles comme " The 15th ", " Map ref 41 N 93 W " et puis toute une série de compositions qui serviront un peu plus tard de plate-forme à la musique des eighties… et des nineties ! New-wave chez Echo & The Bunnymen, cold wave pour Joy Division et Cure, psychédélisme ambient pour Spacemen 3 et ‘perfect pop’ pour l'école néo-zélandaise du label Flying Nun (Chills, Verlaines, JPS Experience, Bats, Bailter Space, etc.). A l'issue de cette trilogie, Wire va mettre un terme à son existence. Pour finalement réapparaître avec de nouvelles idées en 86. Mais là, c'est une autre histoire. EMI a donc eu l'heureuse initiative de ressortir en CD ces trois albums, enrichis pour la circonstance de quelques bonus tracks.