L’impatience d’Emma Peters…

Tout de suite : plus qu’un mantra ou une profession de foi, trois mots qui résonnent comme l’affirmation d’un désir pur. Un appétit qui guide la vie d'Emma Peters chaque jour. Surtout depuis deux ans et la sortie de son premier album, « Dimanche », clin d’œil…

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Boogie Beasts

Neon Skies & Different Highs

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Le blues des Belges de Boogie Beasts se traduit par un son très personnel et distinctif. Imaginez les Black Keys improvisant avec John Lee Hooker dans une rave tardive, le groupe Morphine dans un trip psychédélique en compagnie de Little Walter ou encore R.L. Burnside flanqué des jeunes Rolling Stones dans l'arrière-salle d'un juke joint du Mississippi. Le quatuor réunit les chanteurs/guitaristes Jan Jaspers et Patrick Louis, le génial harmoniciste Fabian Bennardo ainsi que le drummer Gert Servaes. Pas de bassiste. Le line up n’en recense aucun, et pour ces sessions le combo n’a pas sollicité de musicien de studio pour en jouer.

Depuis leur premier concert en 2011, ces 4 fous de blues-rock alternatif ont transformé de nombreux clubs et festivals en gigantesques souks festifs. Partout où ils vont, les gens s'en souviennent. Sur les planches, la formation diffuse une énergie contagieuse, avec un son délicieusement crade et simplement irrésistible. Tous leurs elpees ont reçu des critiques élogieuses. Classic 21 décrit les Boogie Beasts comme des acteurs incontournables de la scène blues-rock européenne. Fort de ses guitares tranchantes et son harmonica déjanté, le band ne perd jamais le sens du groove qui fait mouche.

Il s’agit déjà du quatrième long playing studio de Boogie Beasts. Découpé en 18 plages, il propose une musique à la fois festive et structurée. Toujours profondément enraciné dans le blues rugueux, il intègre cette fois-ci des influences gospel, soul, desert blues & rock, rhythm'n’blues, psychédéliques et même une touche de hip-hop. Ici, le blues perd ses frontières, garde ses codes et regarde plus loin. La surprise est belle, tant la richesse des morceaux est dense et la production signée Koenraad Foesters particulièrement soignée. Toujours aussi identifiable, le son reste brut, crade, parfois froid et assez urbain finalement. Les mélodies sont addictives et les chœurs accrochent. La chaleur se trouve ailleurs ; elle est encore très présente et principalement dans les arrangements vocaux. L’harmonica mène le bal sur des sonorités propres à Chicago et, grâce à des riffs efficaces et un groove rythmique dévastateur, on passe d’un titre à l’autre avec un plaisir constant. Retenir juste quelques morceaux est presqu’une insulte à ce disque qui s’écoute dans son intégralité.

 

The Pogues

Mort du poète punk romantique des bas-fonds, Shane McGowan…

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Il ne fait pas bon approcher les 65 ans ! Après Kevin ‘Geordie’ Walker, le guitarise de Killing Joke, Shane MacGowan est décédé alors qu’il allait bientôt les fêter. Pas d’un AVC, mais des suites d’une encéphalite virale.

Bien qu'il soit Irlandais, Shane MacGowan est né en Angleterre dans le Kent, à Tunbridge Wells. Ses parents, immigrés irlandais (NDR : son père est féru de littérature et d'écriture), ont notamment vécu à Londres et Brighton. Peu de temps après sa naissance, sa mère est retournée en Irlande, où il a passé six années avec elle dans la maison familiale. Là-bas il sera complètement immergé dans la musique traditionnelle. Sa mère est chanteuse et danseuse folklorique et travaille comme mannequin à Dublin.

En 1971, il avait décroché une bourse d'études musicales et intégré la Westminster School, mais trouvé en possession de drogue, il avait été expulsé de l’institution, lors de sa deuxième année académique. Malgré une partie de son enfance passée en Irlande, il a vécu la majorité de sa vie à Londres, d'où il tire son accent très prononcé du nord de la ville.

En 1976, il découvre la nouvelle scène punk londonienne dont les Sex Pistols. Mais c’est lors d’un concert de The Clash, qu’il se fait connaitre. Une fille qu'il vient d'embrasser lui mord le lobe d'oreille et un photographe de presse immortalise l’événement, alors qu’il est couvert de sang, et publie un article titré ‘Cannibalism at Clash gig’.

En 1982, il participe à la création des Pogues. Mais il souffre déjà d'une sévère addiction à l'alcool et aux drogues, ce qui explique aisément sa voix rauque.

En 1991, lors d’un festival auquel votre serviteur assiste, les Pogues sont à l’affiche. Shane entame le set, chante 3 morceaux tout en se rinçant régulièrement le gosier, et puis s’éclipse afin de cuver dans les coulisses. Lors du rappel, il refait surface, tente d’interpréter une chanson, mais ses musiciens le raccompagnent en backstage avant de poursuivre le concert. Et qui a donc chanté pour le remplacer ? Le public, tout simplement.

Mais ce comportement récurrent lasse les musiciens, crée des tensions au sein du groupe et rend interminables les sessions d'enregistrements. Il quitte les Pogues en 1991, et forme un nouveau groupe, Shane MacGowan and The Popes, au sein duquel il enregistre de nouveaux disques et repart en tournée.

Cependant, en 2001, Shane MacGowan revient au sein des Pogues pour une tournée à guichets fermés.

En novembre 2010, Shane forme un nouveau band qu’il baptise The Shane Gang en compagnie duquel il enregistre un nouvel opus, plus de dix ans après la sortie du dernier.

Reconnaissable par sa dentition ravagée par l’alcool et les drogues ainsi que ses oreilles décollées, il avait une plume remarquable. Un poète racontant des légendes celtiques et des chansons à boire. Mais il était aussi devenu la voix politique des jeunes immigrés irlandais à Londres, anti-Thatcher et anti-censure. Et quoi de plus naturel de vivre ce folk/punk à la mode pub rock, en reprenant les paroles en chœur, en buvant une bière ou en se lançant dans un pogo…  

Le plus grand succès commercial des Pogues est « Fairytale of New York », un duo échangé entre Shane et Kirsty MacColl, datant de 1987, devenu un classique de Noël teinté de folklore irlandais. Mais sa chanson la plus populaire demeure une ballade romantique, un hymne des bas-fonds, « Diirty old town ».

RIP

 

The New Pornographers

Un vraiment très léger New Pornographers…

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Continue as a Guest, le dernier album de The New Pornographers, est sorti le 31 mars 2023 sur Merge Records. Un premier single, Really Really Light, était déjà disponible dès janvier 2023 accompagné d'une vidéo réalisée par Christian Cerezo. Pour célébrer ce nouvel album, les New Pornographers ont donné une série de concerts aux États-Unis au printemps.

Coécrit avec Dan Bejar (Destroyer), "Really Really Light" est un remodelage d'un titre de l'album Brill Bruisers, paru en 2014 et acclamé par la critique. A.C. Newman raconte : au fil des ans, une partie de ma méthode consistait à jouer avec des choses que je n'ai jamais terminées. J'aimais beaucoup le refrain de Dan, et pendant un moment, j'ai juste essayé d'écrire quelque chose qui me semblait appartenir à ce refrain". Je pensais à la chanson "The Man" d'Aloe Blacc, dans laquelle était insérée le refrain de "Your Song" d'Elton John, et je me suis dit qu'il serait amusant d'insérer une chanson que personne ne connaît.

Newman a commencé à travailler sur Continue as a Guest (10 titres) chez lui, à Woodstock (US), alors que le groupe venait de terminer sa tournée à la suite de In The Morse Code Of Brake Lights (2019). Parmi les titres tous produits par Newman, on trouve en plus de la coécriture par Bejar, le chatoyant Firework in the Falling Snow , coécrit par Sadie Dupuis.

Si l'album aborde les thèmes de l'isolement et de l'effondrement, le titre Continue as a Guest s’intéresse également aux préoccupations constantes liées au fait de faire partie d'un groupe depuis si longtemps.

Les New Pornographers ont déjà sorti huit albums studio, dont leur premier album classique, Mass Romantic, réédité en 2021.

Le clip de Really Really Light est disponible

 

Calogero

A.M.O.U.R

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Il se conjugue au passé, au présent ou au futur. Généralement imparfait, protéiforme, souvent couvert d’aspérités, il règne chez les hommes et les femmes depuis que la terre est terre. Il est partout et nulle part à la fois. Cupide, insidieux ou encore salvateur, il peut se révéler un allié de premier choix, mais peut également détruire, menant même jusqu’à la mort. De quoi s’agit-il ? De l’Amour évidemment, titre du dernier opus de Calogero.

Réalisé dans son propre studio habilement baptisé Ronipiri (référence au nom de ses enfants Romy, Nina, Pio et Rita), on retrouve à la plume de ce neuvième album, ses fidèles compagnons, Paul École, Bruno Guglielmi, Pierre Riess et même Dominique A. Mais pas que puisque quatre des chansons sont signées Marie Poulain, une jeune artiste rencontrée par le fruit du plus grand hasard et avec qui il interprètera « Le hall des départs ».

Alors qu’il y a trois ans, le chanteur produisait « Centre-ville », un disque plaintif dans lequel il s’exprimait (sans trop de conviction) sur la pandémie et de la façon dont il vivait les confinements, Calo exporte aujourd’hui sa propre vision du sentiment amoureux sous un angle nettement plus positif et détaché faisant de l’intime un acte politique dont il se hisse comme un fervent défenseur.

Si le postulat de départ a tout pour plaire, le résultat global est assez décevant. Alors que le chanteur nous avait habitués jadis par la qualité de ses compositions, notamment à travers l’ultra réussi « Les feux d’artifice », l’elpee souffre d’un trop grand éclectisme de styles, parfois carrément même carrément antagonistes, oscillant du funky « Donne », au rock « Cache-cache » en passant par les sonorités des années 80 à travers « La nuit n’est jamais noire », auquel participe Gaëtan Roussel. De quoi donner le tournis !

Hormis quelques trop rares belles chansons comme « Dénouement heureux » ou lors du duo précité, le disque s’enlise dans une suite de titres mielleux, mal torchés et qui manquent de relief pour qu’ils s’inscrivent dans la durée et restent gravés sur l’autel du panthéon.

« A.M.O.U.R » se survole, plutôt qu’il ne s’écoute, alors que la promesse d’un disque réussi se dessinait pourtant, compte tenu du travail de production et de la trame thématique. Mais, le franco-italien a préféré la zone de confort en privilégiant un volet purement commercial et en se servant d’artifices musicaux peu crédibles.

Ainsi, Calogero enfonce le clou lorsqu’il dénonce les chiffres de l’industrie musicale au détriment de l’audace et la création artistique tout au long de « Faire une chanson », alors que lui-même emprunte cette direction…

A Giant Dog

Bite

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En 2010, ce quintet texan (NDR : il est issu d’Austin) se fendait d’un album de reprises. En l’occurrence, l’intégralité du « Neon bible » d’Arcade Fire. Intitulé « Bite », son sixième elpee est illustré par une pochette répugnante. Elle aurait même pu sortir d’un film d’épouvante… Quant à la musique, elle semble naître d’une hybridation entre metal, punk, emo et glam. Glam, surtout pour les voix. Encore que parfois, le vocal opératique de Sabrina Ellis évoque celui de Matthew Bellamy (Muse). Et l’ensemble est régulièrement enrichi d’arrangements de cordes et de vagues de synthés. Malheureusement, même si les lyrics abordent les thèmes de l’amour, de la mort, de la rébellion, de la découverte de soi et des dangers de la réalité virtuelle, les mélodies manquent d’accroches ; si bien que le chien a beau aboyer et essayer de mordre, la caravane finit par passer…

5

 

 

A Giant Dog

La morsure d’A Giant Dog…

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« Bite » est un album conceptuel, mettant en scène des personnages qui entrent et sortent d'une réalité virtuelle baptisée Avalonia. Premier album de chansons originales d'A Giant Dog depuis « Toy » en 2017, « Bite » s’est lancé dans des défis en créant des arrangements plus complexes et abordant des sujets qui les ont forcés à sortir de leur tête pour entrer dans celle des personnages qui occupent ce supposé paradis.

‘Nous devions nous retrouver dans les personnages principaux ou nous y projeter. Nous les avons développés, nous avons appris à connaître leur esprit, leurs émotions et leurs motivations, puis nous les avons exprimés dans neuf chansons’, explique Ellis. Les thèmes de l'addiction, de la fluidité des genres, de la vie éthique dans une société capitaliste, de l'autonomie physique, de l'avarice, du chagrin et du consentement bouillonnent sous la promesse de bonheur d'Avalonia.

« Bite » sortira ce 25 août 2023. En attendant, « A daydream » et « Différent than » sont en écoute ici et

 

 

Flogging Molly

Comme si on célébrait la Saint Patrick…

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Originaire de Los Angeles, Flogging Molly est un groupe de punk celtique. Il a été fondé en 1997 par Dave King, un Irlandais qui a émigré aux States, en 1980.

C'est en 1997, au pub Molly Malone's de Los Angeles qu'il rencontre quelques autres musiciens avec qui il forme Flogging Molly. D'après Dave King, le patronyme de la formation procéderait de la fusion entre le nom du pub où le band se produisait chaque lundi, le Molly Malone's, et l'expression anglaise ‘Flogging A Dead Horse’ (Trad. littérale : fouetter un cheval mort).

Le collectif compte 10 elpees à son actif, dont le dernier, « Anthem », est paru en 2022.

Le supporting act est assuré par Pet Needs, un quatuor issu de Colchester (NDR : c’est dans le Sussex, en Angleterre) qui nous nous replonge aux origines du punk, soit entre 75 et 78.

Fondé en 2017, il compte un Ep et deux elpees à son actif, dont le dernier, « Primetime Entertainment », est paru en septembre 2022.

Il ne reste plus beaucoup d’espace sur les planches, vu la présence du matos de Flogging Molly ; donc hormis le drummer, planté légèrement en arrière, les autres musiciens s’installent en ligne. Johnny Marriott, le chanteur, bondit comme un kangourou, arpente le podium sur toute sa longueur, joue avec son pied de micro ou lance ce dernier en l’air, avant de le rattraper. Particulièrement interactif, il ne tient pas en place et discute avec la foule, entre les titres. Conséquence, elle réagit dès les premiers morceaux. Elle sautille ou frappe dans les mains et finira par entrer complètement en communion avec le combo. George Marriott, le frangin, joue de la guitare à une vitesse impressionnante, déplaçant le haut et le bas de son corps au rythme de la musique. A la basse, Rich sert de lien fédérateur à l’expression sonore. Enfin, le drumming de Jack, qui porte un tee-shirt noir mentionnant le slogan ‘Punk is’nt dead’, est sauvage et même tribal. Le band va dispenser dix titres emballants, à une allure vertigineuse.

Le set s’ouvre par la plage d’ouverture du second long playing, « Lost Again », et embraie par son premier succès, « Punk Isn't Dead ; It's Just Up for Sale ». Tout est dit dans le titre. Il livre « Pavlovian », « Ibiza in Winter » et « Kayak » avec une énergie digne des Sex Pistols, des Ramones ou du Clash. La fin de la prestation est littéralement à couper le souffle. « Toothpaste » et « Tracey Emin's Bed » sont interprétés à une vitesse fulgurante avant que le groupe n'achève sa prestation énergique par un « Get On The Roof » magistral. D’ailleurs, lorsque le band vide les lieux, l’auditoire est en ébullition

Selon l’humble avis de votre serviteur, Pet Needs devrait rapidement devenir une tête d’affiche. Franchement, il le mérite. Il a, en tous cas, joué son rôle de parfait entertainer pour Flogging Molly…

 Setlist : « Lost Again », « Punk Isn't Dead ; It's Just Up for Sale », « Ibiza in Winter », « Kayak », « Spin Cycle », « Fear For The Wohl Damn World », « Yeah ! », « Tracey Emin's Bed », « Toothpaste », « Get on the Roof ».

Place ensuite à Flogging Molly. Une toile est tendue en arrière-plan, sur laquelle est reproduit l’artwork de la pochette du dernier opus, « Anthem ; soit une harpe sertie de deux couronnes de lauriers, dont émergent, à gauche et à droite, deux taureaux prêts à en découdre.

Préenregistré, « There's Nothing Left Pt. 1 » précède l’entrée des artistes. Les lumières de la salle s’éteignent. Quelques spots éclairent encore la scène et la fosse ; mais surtout une multitude d’iPhones s’allument. Dans la pénombre, on discerne l’entrée des musicos sur les planches. Dès les premières notes, le public s’emballe. Et l’arrivée de Dave ne fait qu’accentuer la clameur.

Outre le chanteur/guitariste, le line up implique le bassiste Jeff Peters, l’accordéoniste Matt Hensley, le second sixcordiste Dennis Casey ainsi que les multi-instrumentistes Bridget Regan (violon, flûte, cornemuse irlandaise) et Bob Schmidt (banjo, mandoline, bouzouki), sans oublier le drummer George Schwindt. Hormis le préposé aux fûts, dont on remarque la présence du sigle du band sur la grosse caisse (NDR : un trèfle à 4 feuilles serti de 2 serpents entrelacés dont l’un tient un poignard par la queue), perché sur une estrade, en retrait, et King, qui ne tient pas en place, tous les autres musicos sont en ligne.

On plonge directement dans le quartier de ‘Temple Bar’ à Dublin pour célébrer la Saint-Patrick. Le violon mène la danse tout au long de « Drunken Lullabies ». C’est la fête aussi bien dans la fosse que sur le podium. Les pogos sont légion. Le crowdsurfing vers l’avant-scène est continu et ne cessera qu’à la fin du spectacle. (NDR : les agents de sécurité n’ont pas chômé pendant 95 bonnes minutes). Petit moment de répit pendant « The Likes Of You Again », une ballade typiquement irlandaise bercée par le banjo, le violon et le bouzouki. Mais le concert reprend rapidement son rythme infernal. On assiste également à une farandole générale. Malgré le peu de temps laissé entre les morceaux, Dave parvient encore à plaisanter avec l’auditoire. D’ailleurs, les morceaux s’enchaînent rondement

Les hits défilent : « The Hand of John L. Sullivan », « Tobacco Island », « The Croppy Boy '98 », « Float », « Life Begins and Ends (but Never Fails) » et « Devil's Dance Floor ». Dave abandonne sa guitare pendant deux titres pour la troquer cotre un tambourin irlandais. Il en lance même un à un PMR, placé au balcon. Et c’est à nouveau des pogos qui éclatent et des farandoles qui s’improvisent tout au long de « Devil's Dance Floor » et « Crushed (Hostile Nations) », compos enfiévrées par le violon ou la flûte irlandaise de Bridget.

Le set se termine par « What's Left Of The Flag », une ballade irlandaise que chante Dave d’une voix rappelant celle de Shane MacGowan, la plume des Pogues, mais les dents en plus et la consommation d’alcool en moins…

En rappel, « Black Friday Rule » et « Salty Dog » rallument instantanément la flamme de la frénésie. Une outro pré-enregistrée nous signale que la soirée est terminée. C’était la dernière date de la tournée de Flooging Mollly qui a tout donné, ce soir. Il est temps de reprendre ses esprits et de retourner dans ses pénates. Mais quel concert !

Setlist : « There's Nothing Left Pt. 1 » (intro pré-enregistrée), « Drunken Lullabies », « The Likes Of You Again », « Swagger », « A Song Of Liberty », « The Kilburn High Road », « Whistles the Wind », « The Hand of John L. Sullivan », « Tobacco Island », « The Croppy Boy '98 », « Float », « Life Begins and Ends (but Never Fails) », « Devil's Dance Floor », « Crushed (Hostile Nations) », « Seven Deadly Sins », « These Times Have Got Me Drinking, Tripping Up the Stairs », « If I Ever Leave This World Alive », « What's Left Of The Flag ».

Rappel : « Black Friday Rule », « Salty Dog », (Outro pré-enregistrée) « Always Look On The Bright Side Of Life » (Monty Python song).

(Organisation : Ancienne Belgique)

Voir aussi notre section photos ici

 

 

Roger Waters

Au sommet de sa forme !

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Lors de la tournée qui a suivi la parution de « Division Bell », le deuxième opus studio depuis le départ de Roger Waters, votre serviteur avait eu l’immense chance d’assister au show du légendaire groupe britannique Pink Floyd sur la plaine de Werchter où avaient été déposées pas moins de 250 tonnes de matériel pour un concert déjà très réussi d’un point de vue technologique.

Près de 30 années plus tard, arborant fièrement 79 piges, la pierre angulaire du Floyd se produisait au stade Pierre Mauroy, également baptisé Decathlon Arena, une structure située dans la bourgade de Villeneuve-d'Ascq, commune de la Métropole européenne lilloise.

Une belle manière de boucler la boucle et de mettre fin à une certaine forme de frustration qui rongeait votre serviteur depuis tant d’années…

En forme de vaisseau translucide, l’édifice est non seulement visuellement impressionnant, mais il offre également différentes configurations en fonction du type et de la taille de l’évènement.

Un constat, entre dénonciations des violences policières, crimes de guerre et discours de politiques véreux, le sergent Waters est loin de s’être assagi.

La météo n’est pas nécessairement de la partie en cette mi-mai. Le trublion anglais se voit donc offrir le luxe de se produire à huis-clos, grâce à un toit mobile de 7 600 tonnes qui peut être refermé en trente minutes, si nécessaire.

Waters et son team vont monter sur une scène en forme de croix revêtue d’écrans gigantesques comme autant de points cardinaux qui va permettre à tout un chacun de profiter du set de manière identique. Une belle prouesse technique à souligner ! Et ce ne sera pas la seule !

Les spectateurs se sont pressés en masse, essentiellement des quinquas et sexagénaires aux cheveux poivre et sel. Normal quand on sait que l’artiste a été un membre actif de Pink Floyd dès 1965, comme bassiste, dans un premier temps, et parolier, chanteur et leader ensuite, après a mise à l’écart du chanteur, guitariste et compositeur, Syd Barrett.

En voix off et sur l’écran, Roger Waters insiste pour que les téléphones soient éteints. Il met aussi en garde le peuple sur ses prises de position. Prière à ceux qui ne les apprécient pas d’aller ‘se faire foutre au bar’. La messe est dite !

Vers 20h30, l’artiste entame son tour de chant par un subtil réarrangement de « Confortably Numb ». Une version down tempo diamétralement opposée à l’originale. Une signature personnelle, épurée et très sombre à la fois, où s’emmêlent projections de gratte-ciels désertés et gens qui déambulent sous des grondements de tonnerre incessants. On relèvera aussi cet ensemble de chœurs puissants qui gravitent majestueusement et font oublier la mythique Fender de Gilmour et ses solos dont il a le secret.

Lors des dernières gammes de cette composition mythique, les hélices d’un hélicoptère vrombissent de part et d’autre du stade. Aucun doute ne subsiste, ce sont bel et bien les deuxième et troisième segments de « Another Brick in the Wall » qui retentissent sous un lit de bombardement de slogans (forcément) idéologiques, le tout relevé par des lumières rayonnantes particulièrement impressionnantes.

Entouré de Jonathan Wilson et Dave Kilminster (guitares), Joey Waronker (percussions), Gus Seyffert (basse), Jon Carin (claviériste, multi-instrumentiste), Robert Walter (orgue), Ian Ritchie (saxophone) et des choristes Amanda Belair et Shanay Johnson, l’ex-boss de P.F., affublé d’un t-shirt noir moulant, manifeste une énergie phénoménale, mais n’en oublie pas son combat primaire : dénoncer les faits les plus abjects et crimes commis par le pouvoir en place. Tout un programme !

Peut-être aussi se rend-t-il aussi coupable d’excès de zèle. Le public est venu pour apprécier un spectacle dans son ensemble et pas forcément pour entendre des discours moralisateurs toutes les cinq minutes.

Cette première partie privilégie également des titres plus personnels comme « The Powers That Be » ou « The Bravery of Being Out of Range » interprétés au piano, insufflant beaucoup d’émotion et de légèreté au set. Des titres aux relents tristement célèbres allant des manifestations et divers débordements policiers (de l’Afro-Américain George Floyd à l’Iranienne Mahsa Amini), aux prises de parole d’anciens présidents américains, de Reagan à Trump. Sans oublier Joe Biden, qui, selon le discours du maître de cérémonie, ne ferait que commencer. L’avenir lui donnera peut-être raison…

Autre moment hors du temps, lorsque, tout en finesse et avec une humilité non dissimulée, Waters s’épanche longuement sur son ami de longue date, Roger Keith Barrett, cofondateur et leader de Pink Floyd, mieux plus connu sous le pseudo Syd Barrett, disparu en 2006 des suites d’une longue maladie. Les musiciens du groupe ont mis un terme à sa collaboration en 1968 en raison de son comportement de plus en plus erratique, principalement dû à une importante consommation de LSD.

Waters lui porte encore aujourd’hui beaucoup d’amour et de respect. ‘On rêvait de vivre un rêve et on l’a vécu. Ça s’est un peu gâté par la suite. Comme mon mariage d’ailleurs’ s’exclame-t-il d’ailleurs sous les cris hilares du public. Véritable icône de l'histoire du rock, Pink Floyd lui a d’ailleurs rendu un vibrant hommage à travers notamment l’album « Wish You Were Here », un opus sorti en 1975.

Waters s’exécute la gorge serrée à travers le triptyque « Have a Cigar » suivi du séculaire « Wish You Were Here » ou encore l’intemporel « Shine On You Crazy Diamonds » alors que Barrett et les membres originels de Floyd sont projetés en filigrane. 

Le spectaculaire « Sheep » et surtout son mouton géant tient la vedette à lui seul en survolant les spectateurs. Une chanson lourde de sens dans laquelle RW pointe du doigt la couche sociale la plus basse, le prolétariat, et y démontre comment le peuple est exploité au sein d’une société capitaliste, ‘à peine conscient du malaise dans l’air’ (‘only dimly of a certain unease in the air’).

Le mouton, rentré dans la bergerie, sonne le glas d’une première partie qui a tenu en haleine même les plus perplexes.

Après une vingtaine de minutes d’un entracte fort mérité permettant tant aux musiciens qu’aux spectateurs de se réhydrater, le plus rock’n’roll des Anglais revient sur les planches, plus combattif que jamais, et affublé d’une longue veste noire en cuir de type gestapo tout en arborant fièrement le brassard ‘marteaux croisés’ de « The Wall ».

A la grande surprise, cette fois, c’est un cochon gonflable qui sort de sa basse-cour, animal issu de l’album « Animals ». On peut y lire aisément ‘Fuck the poor’ (‘on emmerde les pauvres’) et ‘Volez aux démunis, donnez aux riches’. Le mammifère s’en donne à cœur joie virevoltant au gré de son instinct et n’a que faire de cette énième provocation.

Le puissant et grandiloquent « In The Flesh » est alors interprété, toute guitare hurlante. Les marteaux marchent au pas de militaires sur les nombreux écrans floqués, signe du symbole fasciste.

Le chanteur, après s’être exclamé comme un goret, met un terme à ce (triste) spectacle par un tir de mitraillette en direction du public, ranimant aussi dans la mémoire collective le débat des armes à feu aux États-Unis.

Sublime, le show réserve encore des visuels hors du commun, comme sur ce « Run Like Hell » ponctué par une vidéo d’un raid aérien de 2007 à Bagdad, qui avait causé plusieurs morts, dont deux journalistes.

« Two Suns In The Sunset » (cette plage figure sur « The Final Cut », le dernier elpee du Floyd auquel il a participé), permet à Roger de remercier chaleureusement les trois personnes qui revêtent de l’importance dans sa vie : Bob Dylan, sa femme Kamilah Chavis, et son frère John, décédé il y a peu de temps.

L’apothéose de ce spectacle procède d’un medley issu de « Dark Side Of The Moon », le huitième album studio, soit un « Money » illustré par ses images de liasses de fric, de cartes de crédit, etc. et interprété par le guitariste Jonathan Wilson qui se consacre ici au chant, « Us and them » et ses flashs photos sur des visages issus du monde entier, qui finiront par s’unir plus tard dans la soirée, « Brain dammage » et enfin « Eclipse », comme si la lune allait éclipser définitivement le soleil…

Les titres sont mis en lumière par des synthétiseurs stellaires, des solos de guitare à faire pâlir David Gilmour et des faisceaux lumineux recréant ainsi petit à petit les pyramides symbolisant la pochette de l’opus paru en 1973.

Seul bémol au tableau, l’absence de l’inimitable « Great Sky In The Sky », un morceau très apprécié des aficionados. Pour la petite histoire, dans sa version studio, la voix est celle d’une jeune chanteuse de 25 ans, Clare Torry tentant d’improviser un chant pour la musique composée par Wright. Elle est ressortie du studio, convaincue qu’elle n’y était jamais parvenue…

En guise d’adieu, on aura droit à une reprise de « The Bar », suivie de « Outside the » au piano, alors que l’ensemble de l’équipe en profite pour siroter des shots que l’on devine fortement alcoolisés. Un moment de communion surréaliste, magique et fragile à la fois.

Après environ deux heures trente d’un spectacle à marquer au fer rouge, les musiciens et le natif de Great Bookham saluent le public généreusement sous tous les angles de la scène pour se diriger ensuite vers les coulisses tout en continuant de jouer comme s’il s’agissait d’une fanfare de rue. Les caméras suivent cette mise en scène jusqu’à que ce le drummer donne le clap de fin par un solo sur sa seule caisse claire tenue en bandoulière pour l’occasion.

Un Roger Waters au mieux de sa forme qui signe là sans doute un des plus beaux concerts auxquels votre serviteur ait pu assister…

Un homme aussi d’une grande dignité, contestataire dans l’âme, qui combat toutes les injustices de ce monde et tente d’utiliser sa notoriété pour faire changer le cours des événements.

Et enfin, un artiste qui est parvenu à mettre de côté, le temps d’une soirée, ses rancœurs envers David Gilmour tout en parvenant à se réinventer artistiquement.

 

Mega Bog

L’apocalypse suivent Mega Bog…

Écrit par

Le 7ème elpee de Mega Bog, ensemble pop expérimental dirigé par Erin Elizabeth Birgy) paraîtra ce 19 mai 2023. Il s’intitulera "End of Everything".

Paru en single, "The Clown" annonce une fin apocalyptique tout en laissant place à de nouvelles possibilités lorsqu'il atteint son apogée. La vidéo d'accompagnement, réalisée par l'artiste lui-même, est austère et sombrement glamour.

Lors de sessions, Birgy a reçu le concours de plusieurs collaborateurs, dont James Krivchenia (Big Thief) qui a coproduit et mixé le disque, mais a également joué de la batterie.  Sans oublier le maestro des synthétiseurs et pianiste, Aaron Otheim. Zach Burba,

L'importance de la collaboration artistique est illustrée par la pochette de l'album, une peinture de Joel Gregory, le plus vieil ami de Birgy. Peint d'après une photographie de Birgy nue, son corps incarne à la fois le désespoir et la puissance.

Pour découvrir le clip de "The Clown", c’est ici

 

Diamond Dog

Les chroniques habituelles de Diamond Dog

Écrit par

Le patronyme du groupe est une référence évidente à Bowie comme le point de départ d’une réflexion artistique, sensible, tourmentée et foisonnante de références à la culture pop.

La vision dystopique punk et poétique de Diamond Dog commence à prendre forme en 2020 et se concrétise lorsque le groupe est au complet, en 2021. L’écriture et l’interprétation des morceaux puisent leur identité dans les origines de la new wave de la toute fin des 70’s.

Ainsi sa musique résonne sur des titres rythmés, dansants, propulsés dans un écrin vaporeux aux sonorités synthétiques où le chorus règne en maitre.

Le quatuor originaire de Dijon, emmené par un chant lead incarné et viscéral, s’exprime ainsi sur scène à travers une atmosphère incandescente empreinte de la fureur des Cramps, des mélodies romantiques de Liszt, de la poésie de Kipling ou du cinéma de Lynch. Le premier album « Usual chronicles » sortira au printemps 2023.

Pour en savoir plus, le clip de « Usuals chronicles », titre maître du futur opus, est disponible .

 

Boogie Beasts

Une reprise de Howlin’ Wolf pour les Boogie Beasts…

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Début 2021. En raison des mesures prises suite à la pandémie de Covid-19, les salles de concert et les clubs sont fermés. Le groupe de blues-rock belge Boogie Beasts cherche donc des alternatives pour fêter son dixième anniversaire. Le 6 mars, la formation est en direct sur Facebook depuis le Studio Jupiter, celui de leur ingénieur du son Koenraad Foesters, où il a également enregistré ses deux elpees précédents. Lors de ce livestream, il décide de rendre hommage à ses racines : le blues.

En résulte un set intense et énergique de 11 reprises de blues, version Boogie Beasts. C’est Reinhard Holstein, le patron du label allemand Juke Joint 500, qui a eu l’idée de sortir cette session live sur un album. Le band accepte, mais comme il était sur le point de sortir son troisième opus, « Love Me Some », il décide de postposer la sortie à l'automne 2022. C'est ainsi que le 4ème LP de Boogie Beasts, intitulé « Blues From Jupiter », sortira le 14 octobre sur le label allemand Juke Joint 500 et le label belge Naked (format digital).

Plus tôt cette année, le groupe avait gravé un premier single, « Grinnin' In Your Face », une cover de Son House. Il nous en propose son second, « Who'll Be Next », une adaptation de la légende du Chicago blues, Howlin' Wolf. Et il est disponible sous forme de clip

Tracklist « Blues From Jupiter » - sorite le 14 octobre 2022

  1. "Still A Fool" - Muddy Waters
    2. "Someday Baby Blues" - Sleepy John Estes
    3. "France Chance" - Joe Callicott
    4. "Pushing My Luck" - Robert Belfour
    5. "Boogie Chillun" - John Lee Hooker
    6. "Who'll Be Next" - Howlin' Wolf
    7. "Grinnin' In Your Face" - Son House
    8."Long Haired Doney"- R.L. Burnside
    9. "Work Me" - Junior Kimbrough
    10. "You Don't Love Me" - Bo Diddley
    11. "No More Lovers" - Arthur 'Big Boy' Crudup

En concert

14.10: Deux Ours, Modave (BE) - album live showcase!
20.10: Hnita Hoeve, Heist-op-den-Berg (BE) - album live showcase!
21.10: Nuit Du Blues, Foyer Culturel Jupille (BE)
04.11: Bay-Car Blues Festival, Grande Synthe (FR)
16.12: Centre Culturel, Engis (BE)

Mad Dog Loose

Décès de Kurt Van Peteghem : c’est l’hécatombe chez Mad Dog Loose

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Kurt Van Peteghem, le guitariste de Mad Dog Loose, et décédé, dix jours après Alain Allaeys.

Kurt était le guitariste de Mad Dog Loose. Il a participé aux divers EPs et au seul album du groupe en quatuor, « Material Sunset », paru en 1996. Il n'avait ensuite pas souhaité participer à la reformation en 2015.

Après le split de Mad Dog Loose en 1997, Kurt avait fondé Plastic Fish Factory (en compagnie de Kristel Eggers, Bart Westerduin et Luc Waegeman) et sorti un album intitulé « Get Out ». Ensuite il a monté Sticky Monster en 2003 en compagnie de Lode Sileghem, Ludo Huyge et Marnix Calsyn. Vers 2010, Kurt avait rejoint le groupe garage gantois The Mudgang auprès de Luc Van den Berghe, Jo De Bondt et Kurt De Waele.

Kurt a succombé à une hémorragie cérébrale, probablement le mardi 3 mai chez lui à Gand. Un voisin a découvert son corps sans vie. Kurt avait 56 ans.

Tom Barman, qui programmait des concerts sous le cinéma Cartoons à Anvers, avait ajouté sur l’affiche annonçant Mad Dog Loose ‘beetje Beatles, beetje Velvet, beetje fantastisch!’

RIP

Mad Dog Loose

Décès d'Alain Allaeys, le chanteur de Mad Dog Loose

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Alain Allaey, le chanteur de Mad Dog Loose, tout premier groupe signé en 1995 par 62 TV records, est décédé probablement ce samedi 23 avril dans son appartement à Ypres, d’une crise cardiaque. Son papa n'a découvert son corps sans vie que le lundi 25 avril. Alain venait d'avoir 59 ans.

Le groupe se résumait d’abord à un duo avec Nico Mansy et deviendra rapidement un quatuor comprenant Kurt Van Peteghem, Armand Bourgoignie et Bernard Plouvier. Mad Dog Loose a sorti quelques EPs et un seul elpee dans les années 90 et s'était reformé (en trio) en 2015 pour encore sortir deux albums. Quelques-unes de leurs chansons ont eu une belle vie en radio : « Shiny Side », « Devil Waltz », « Versa », « Take Me Down ».

RIP

 

Endless Boogie

Vibe killer

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Cette formation américaine est née, en 2007, à Brooklyn. Elle réunit le chanteur/guitariste Paul ‘Top Dollar’ Major, le gratteur Jesper Eklow, le bassiste Marc Raso, et le drummer Harry Druzd. "Vibe killer" constitue déjà son cinquième effort studio. Elle revendique pratiquer du kraut southern rock, un style au sein duquel on rencontre blues, rock, stoner, hard et psychédélisme.

 Endless Boogie cherche à refléter le mal-être de ce quartier sombre de la Grande Pomme. Ainsi, dès les premières mesures du titre maître qui ouvre la plaque, la voix caverneuse, issue d'outre-tombe, de Major, pénètre au plus profond de notre âme. Répétitive, la trame rythmique se mue en transe hypnotique jusqu'à la libération de la seconde guitare qui trace son chemin avec détermination. Le trip peut enfin commencer. Implacable, cette rythmique charpentée par les deux grattes balisent "High drag, hard doin'". Les riffs stoniens véhiculent des accents métalliques. Ray Major chante comme un Iggy Pop, dont les cordes vocales seraient abîmées. Et il libère rapidement ses cordes totalement ravagées, propices au périple acide, avant que les guitares n’émergent, sans la moindre concession, d’une folie communicative. Cordes et ivoires tournent en boucle, jusqu’à l’étourdissement, tout au long de "Bishops at large", un krautrock spatial hanté par le vocal profond et chargé d’intensité. "Back in 74" s’ouvre comme un rockin' blues nerveux, avant de virer radicalement au space rock écrasant. Le piano talonne les grattes qui montent clairement en puissance. Elles déferlent et délirent sur "Jefferson Country", une plage qui s’étire sur plus de 11' (NDR : c’est la plus longue de l’opus). Puis soudainement, la compo adopte un tempo très lent, proche du blues. Major déclame alors à la manière d'un John Lee Hooker totalement imprégné de son blues primaire. Morceau final, "Whilom" en revient au krautrock, une piste qui se traîne au gré du vocal fatigué, alors que les cordes dialoguent presque sereinement. Une conclusion plutôt paisible, après avoir visité ce monde de l'étrange!

 

Endless Boogie

Long island

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L'atmosphère glauque de Brooklyn n’est certainement pas propice à la purification. Il faut croire que cette terre est devenue inculte. Le mal de vivre y est persistant ; et si les compos véhiculent un message, ce constat n'est manifestement pas absent. Ce qui ne veut pas dire que la musique d'Endless Boogie n'a pas de saveur ni de couleur. Au contraire. Mis elle est âpre,  volontairement agressive quand c’est nécessaire. Douce et amère parfois. Acide toujours. Endless Boogie est une composition signée John Lee Hooker, dieu du blues et du boogie. Ce band étasunien a donc choisi ce patronyme. Le boogie sans fin, oui, les compositions du groupe sont autant de jams. Les musiciens entament les débats et ne savent pas vraiment comment ils traverseront le temps et termineront cette impro. Ce ne sont pas de jeunes musicos. Plutôt des artistes expérimentés, forgés par le temps, puisant au tour à tour leurs racines dans le blues, boogie, punk, rock et psychédélisme. Découpé en huit pistes, cet opus s’étale sur 80’. Ce qui se traduit par une moyenne de 10' pour chaque titre. Il faut donc être prêt pour une telle aventure.

Le leader c’est toujours Paul Major. Il se réserve et se réserve la première gratte. Mais comme leur expression sonore mérite des échanges entre cordes, le rôle du second sixcordiste, Jesper Eklow, est aussi important. Et puis un troisième soliste est également de la partie, et c’est loin d’être un manchot, puisqu’il s’agit de Matt Sweeney! Il a notamment sévi chez Chavez et Zwan et avait déjà assuré la mise en forme pour Endless Boogie. Pour soutenir toutes ces guitares, une solide base rythmique est nécessaire. Elle est assurée par Harry Druzd et Marc Rezo, et c'est du béton armé.

Difficile de décrire toutes les couleurs sonores qui traversent "Long island". Elles se succèdent tout au long de la jam qui progresse lentement, mais sans jamais susciter l’ennui. Un coup de fuzz et c'est parti pour un très long "The savagist", porté par la voix de Major. Elle semble émaner de l'au-delà, comme un Captain Beefheart fortement dérangé des bronches. La plage libère énormément de groove, et cette combinaison rythmique des guitares aboutit dans une orgie de cordes totalement libérées. "Taking out the Trash" s’ouvre dans un climat ‘hawkwindien’. Linéaire, ce titre de space rock est écrasé par le rythme. La voix campe un hybride entre Beefheart et Lemmy (de Motörhead et Hawkwind). Un morceau plus accessible dont le tempo est en accélération constante. Empreint de douceur, "The Artemus ward" baigne au sein d’un climat cool, minimaliste, parfois proche de Can (NDR : oui, c’est du krautrock !) Quoiqu’en fin de parcours l’acidité se révèle de plus en plus perceptible. "Imprecations" bascule dans le délire psychédélique. Le trip est intégral et se poursuit par "Occult banker", une piste aussi débridée qu’hallucinée. "On cryology" est certainement le titre le plus blues d’Endless Boogie, mais dans l’esprit propre au band. Peu de vocaux sur ce long playing. Cependant, lorsque Paul décide de vocaliser sur "General admission", il est particulièrement sauvage. Il semble furieux et vocifère, un peu comme Iggy Pop chez les Stooges pour "Fun House" ou Rob Tyner et Eddie Kramer du MC5 dans "Kick out the jams". Les guitares affluent de partout lors de ce boogie infernal. Avant de se retirer, EB s'engage dans son plus long périple, "The Montgomery Manuscript", sur une rythmique que n'aurait pas reniée le Velvet Underground, avant de virer progressivement dans une longue transe cosmique, caractérisée par la montée en puissance progressive des cordes. De quoi installer un climat hypnotique qui ne va plus disparaître…

 

Endless Boogie

Full house Head

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Bouclez vos ceintures. En route pour les quartiers gris et poussiéreux de Brooklyn, où le mal de vivre règne, l'atmosphère est lourde, menaçante, suffocante même. L'ombre mystérieuse de Paul Major émerge. Ce n'est plus un gamin. Il a du vécu. C’est aussi le leader, l'âme, le chanteur et le guitariste d'Endless Boogie. Il est soutenu par trois comparses : Jesper Eklow, Mark Ohe et Harry Druzd.

"Empty eye" est une ouverture royale. Une plage qui nous replonge au début des seventies lorsque les vagues blues et psychédélique s'étaient émoussées pour céder le relais à un rock excitant, vivace, débridé, débarrassé de ses règles, un rock plus hard, mais pas encore métal. Les morceaux s'allongeaient pour laisser libre cours à la nature exploratoire des différents instrumentistes. Afin qu’ils puissent se divertir jusqu'à l'excès, de manière à expérimenter de nouveaux sons. C'est à cette époque précise que Major a puisé ses références : l'aventure, le trip ; mais ce voyage est modulé par une assise répétitive, développée par ses complices. Sur "Tarmac city", le doute n'est plus permis. L'attaque est frontale, violente. Paul éructe ses vocaux comme Johnny Rotten durant l'état chaud de 1977. Il y a manifestement une approche punk dans le message ; mais l’expertise instrumentale est bien présente. L’artiste malmène ses cordes, tout en les maîtrisant parfaitement. La qualité est toujours bien au rendez-vous. Une sorte de relation sado-maso entre le musicien et son instrument s’établit! Sérénité et torpeur se croisent et se rejoignent pour entreprendre une longue épopée déchirée entre douceur et amertume : "Slow creep". La guitare pose d’abord ses jalons. Progressivement les claviers s’infiltrent. On entre alors dans une sorte de blues jam extrême. Le flux sonore serpente lentement mais sûrement, pendant que la rythmique embarque tout sur son passage, un peu à la manière du mythique Velvet Underground (NDR : ils étaient également new-yorkais !) Paul chante ce blues désespéré et libère ses cordes dans un accès de transe susceptible de communiquer la nausée. La fureur du punk refait surface, mais dans l’esprit du MC5 voire des Stooges sur "Mighty fine pie". Une violence inéluctable envahit l’atmosphère, où se mêlent sang et sueur. Le ténébreux Major domine cependant bien son sujet. Il aligne des riffs implacables comme les Stones rêveraient de reproduire. Cette rage au ventre se perpétue tout au long de "Top dollar speaks his mind". Monolithique, la rythmique lorgne à nouveau vers le Velvet Underground ; à moins que ce ne soit vers les dieux anglais du space rock, Hawkwind. Ecorchée et tranchante, la guitare n'épargne personne. Endless Boogie aborde "Pack your bags" comme un Hendrix déjanté. Le son baigne dans l'acide le plus pur. L’attaque est corrosive, convulsive, destructrice. Rien ne reste intact. Assoiffé de sang, cet enfant du culte vaudou nous torture! Le bulletin de santé ne s'améliore guère pour "New pair of shoes". La voix est grave. Elle communique toute sa souffrance mentale et physique. Et comme ce scenario attendait son épilogue, une plage live de plus de 22' clôture cette œuvre sans concession. Intitulée "A life worth leaving", elle pénètre lentement, progressivement dans nos oreilles. Rappelez-vous des longs développements dont les Doors étaient friands. Des moments qui nous entraînaient au cœur de trips psychédéliques ultimes, enrichis de diapositives multicolores… Périple d’un autre temps…

 

Mind Monogram

Am in the PM

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Depuis 2014, à Los Angeles, Edgar A. Ruiz dirige son projet Mind Monogram en compagnie du guitariste Christian Caro, du bassiste Billy Azurdia et du batteur Bryan Mejia. Malgré l’horrible artwork de sa pochette, cet opus ne manque ni d’allure ni de charme. Il baigne dans une forme d’indie pop psyché aux relents 60’s particulièrement prononcés. Mais il se limite à 8 morceaux en seulement 20 petites minutes…

Une constante quand même : une finesse dans l’écriture abordée dans l’esprit de l’excellent Allah-Las et dans un climat de douceur réminiscent de Grizzly Bear (« Real Slow »).

Encore une fois, dommage que l’enveloppe ne corresponde pas à un contenu aussi lumineux…


 

Mega Bog

Life and another

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Mega Bog, c’est le projet d’Erin Birgy. « Life and another » constitue son cinquième elpee et il fait suite à « Dolphine », paru en 2019.

Pour enregistrer cet opus, elle a reçu le concours de toute une volée de collaborateurs et puis surtout de son partenaire, James Krivchenia, le drummer de Big Thief, aux manettes.

Mêlant psychédélisme, bossa-nova, folk, jazz et pop de chambre, l’expression sonore nécessite plusieurs écoutes avant que les refrains et les mélodies commencent à se révéler. Une œuvre découpée en 14 pistes truffées de juxtapositions ludiques qu’on pourrait qualifier de labyrinthique. Et pour cause, elle nous entraîne au sein d’un monde semi-surnaturel où l’on croise la fantaisie, la romance et la peur.

Son écriture est à la fois complexe, énigmatique, déconcertante, décadente et enchanteresse. Elle développe des thèmes dramatiques à travers des histoires presque mystiques, mais les exprime sur un ton léger. Elle estime ainsi que la Terre produit des morts miniatures de notre environnement, et donc de nous-mêmes, chaque jour. A méditer !

On a parfois l'impression d'être dans une comédie musicale en sa compagnie, mais dont on ne connaît pas l'intrigue.

Des glissandos de piano, des chœurs psychédéliques lancinants et des improvisations s’immiscent à travers un paysage onirique, avant de disparaître pour laisser la place à des invocations et des passages instrumentaux organiques…

Déroutant !


 

DogOn

Floater

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Emmenée par la guitare exploratrice d’Eric Hunziker (NDR : c’est lui qui signe les 10 titres !), DogOn ravive la flamme du jazz/rock progressif. Boosté par l’incroyable groove entretenu par la basse à 6 cordes de Thomas Tavano et le drumming plutôt curieux de Tobias Hunziker (pourtant pas le frère de l’autre…), le trio zurichois s’autorise même des incursions dans l’univers oriental (« Dashashwamedh Gha ») ou encore électronique (« Priester »).   

En résumé, tout en marchant sur les traces de Tribal Tech, Bunny Brunel et Wayne Krantz (pour les connaisseurs), cette formation helvète élabore une musique à la fois –et c’est paradoxal– complexe mais accessible…


 

Arrogant Criminals

Fine & Dandy

Écrit par

Arrogant Criminals est surtout connu pour avoir participé au générique du dessin animé ‘Les Dalton’ ; ce qui lui a conféré de suite une popularité, outre-Manche.

Après avoir gravé deux Eps, un éponyme en 2013 et « Boys Get Around » en 2017, il nous propose son premier elpee ; un disque intitulé « Fine & Dandy ».

Biberonnés durant leur enfance à la pop des années 70, les musicos pourraient incarner les dignes descendants de The Strokes, pour les guitares cinglantes, et les ascendants de Parcels, pour l’insolence et la candeur.

En seulement dix années d’existence, la formation est parvenue à imposer sa musique fraîche, légère et incisive sur la scène pop/rock hexagonale…

A travers les 11 pistes de cet opus, elle varie les reliefs. Et sans le moindre complexe. Instrumental, « La Tempête » apporte cette tribalité transversale qui contraste avec « Time Traveler » dont le propos s’adoucit, tandis que « Long Ago » divise en deux parties toute l’amplitude d’une expression sonore dispensée en forme de rock’n’roll.

Un patchwork musical qui démontre là un parfait vent de liberté et la volonté de ne pas se cantonner dans un exercice unique et étriqué.

Qualité, maturité et opiniâtreté, tels sont les maîtres mots qui viennent spontanément à l’écoute de « Fine & Dandy ».

Bref, un disque aussi surprenant dans sa musicalité que le visuel de l’artwork affichant une jeune fille à la chevelure moitié noire et moitié blonde. Certains y verront un signe ; quant aux autres, simplement une exubérance de plus.

Swamp Dogg

Sorry You Couldn’t Make It

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Jerry Williams, aka Swamp Dogg (ou Little Jerry ou bien encore Little Jerry Williams), semble connaître une seconde jeunesse à près de 78 balais ! Depuis sa Virginie natale, il a pourtant enregistré à partir de 1954, alors qu’il n’avait que 12 ans ! Transformé en chanteur soul décalé sous l’alter-ego Swamp Dogg dès 1970, ce ‘maverick’ flamboyant colore aujourd’hui ses morceaux trempés dans la soul d’une belle dose d’excentricité et d’une âme country, sur des titres tire-larmes tels que « Sleeping Without You is a Dragg » ou « I’d Rather Be Your Used to Be ». « Sorry You Couldn’t Make It » a bénéficié du la participation de John Prine (il nous a quittés il y a quelques semaines), Justin Vernom (Bon Iver), Jenny Lewis et des membres de Poliça. De quoi permettre aux morceaux de ne pas sombrer dans l’exercice de style et d’afficher une belle créativité. N’oublions pas que son elpee précédent (« Love, Loss and Autotune ») était dédié à l’autotune (!)… c’est dire si l’homme n’a peur de rien. Enregistré à Nashville, « Sorry I Couldn’t Make It » ne sent pas la naphtaline. Pas pour rien que ce ‘Chien des Marécages’ ne fait pas son âge…

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