La pop sauvage de Metro Verlaine

Un coup de foudre, et puis le romantisme comme mode de vie, Metro Verlaine est avant tout une histoire de passion. Fondé en 2013, après un voyage à Londres qui a laissé des cicatrices et un sale goût de ‘lose’ au fond de la gorge, l'histoire de Metro Verlaine…

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Eric Ferrante

Eric Ferrante

mercredi, 07 novembre 2012 02:00

L’atelier du chaos !

Après un hiatus de dix ans, le mythique collectif montréalais est de retour. Il vient de publier un album qui retrouve la furie de sa performance scénique : « Allelujah ! Don’t  Bend ! Ascend ! ». Godspeed You ! Black Emperor –titre d’un documentaire japonais des années 50 sur des bikers nippons– parvient enfin à s’y réconcilier avec son public. Un vide sonique attendu par les fans transis du plus grand groupe de post-rock du monde en manque de nouvelles discographiques depuis le controversé « Yanki U.X.O » (produit en 2002 par Steve Albini). Un cinq titres qui avait d’ailleurs divisé les puristes par son caractère jugé trop conventionnel (son trop travaillé, structure plus classique…), bref excessivement produit ! Un simple regard jeté sur le titre de ce cinquième opus, ‘Alléluia ! Ne ployez pas ! Soulevez-vous !’, suffit à nous en convaincre : le combo canadien n’a rien perdu de sa rage, de son mordant politique et de son radicalisme artistique. Un engagement furieux mais tacite, inexprimé –pendant et entre les morceaux– qui s’incruste, se sculpte, s’inscrit avec force dans les titres, les images et les atmosphères étourdissantes du son des instruments. Plus qu’un groupe, GY!BE est une œuvre d’art.

Après un interminable silence ponctué simplement de quelques prestations scéniques restées timidement dans les tympans en 2010, il va sans dire que l’octet canadien était attendu sous les feux de la critique d’un public exigeant pour nous livrer quelques fragments de son cinquième opus (sans compter « Slow Riot for New Zero Kanada ») sur les planches du Cirque Royal de Bruxelles.

Silence on tourne ! C’est dans un décor minimaliste peuplé d’une armée d’instruments (deux batteries, trois guitares, deux basses, un violoncelle et un violon), une scène  plongée dans le noir, illuminée de faibles lumières rouges et surplombée d’un écran géant que les huit musiciens de Montréal prennent place. Sans un mot. Pas de bonjour, pas de merci. Pas une syllabe prononcée durant tout le concert. Inexpressivité absolue s’ouvrant une voie de silence vers le sublime de l’inhumain au-delà des paroles. Ici, les musiciens quasi inexpressifs s’effacent singulièrement pour que seuls transparaissent et parlent les instruments dans un espace unique consacré à l’art brut et abstrait. Bientôt, le voyage sonore et visuel plonge la salle dans un silence fasciné et hypnotique. Tandis que les artistes se taisent, se murent dans un mutisme têtu et infrangible, les instruments grondent, les images vomissent. La photographie et la musique se mêlent et s’entrecroisent dans un parfait crescendo, parfois avec douceur, parfois avec colère, elles subliment l’espace et arrêtent le temps. Une greffe  littéralement chirurgicale entre les deux nous assomme d’une symphonie des temps modernes où les guitares et les cordes se répondent dans le tumulte des révolutions arabes et de l’érable. Les foudres, mises en image et en son, s’abattent sur un système capitaliste dévastateur. Tandis que l’écran affiche ‘HOPE’ en lettres tremblantes, les guitares grognent puis se renforcent du violon alarmiste de Sophie Trudeau. L’âme même s’asphyxie face à ce paysage dévasté et post-apocalyptique. La synchronisation entre image et musique est magistrale et frôle le sublime qui s’ouvre sur le chaos.

Un nihilisme cinématographique qui garde un degré d’abstraction suffisant pour que chacun puisse créer sa propre imagerie mentale. Les lettres imprimées (‘HOPE’, ‘HIV’, …) Les images défilent (maisons délabrées, visages de prisonniers, rouages de mécanisme, images de dossiers classés, terrains vagues, lieux désaffectés, usines en flamme…) en parfaite symbiose avec la musique, laissant filtrer pourtant sans ambiguïté l’idéologie anticapitaliste des huit artistes canadiens.

Deux heures de spectacle pour cette œuvre dont les fondations alternent une succession de crescendos et de plages plus calmes qui, parfois –faut-il l’avouer ?– pourtant concentrés en cinq morceaux (!) tirent en longueur.

Rétif à toute règle, GYBE ! termine son spectacle, non pas par de nouveaux morceaux, évitant ainsi toute promotion, mais par de vieux succès revisités. Ainsi, « Behemoth » (chanson jamais sortie sur album) hausse le ton pour une claque musicale de trois-quarts d’heure. Une épopée qui tarde à laisser place aux 23 minutes de « The Sad Mafioso », compo figurant sur le deuxième elpee, « fa∞ », publié en 1997. D’une mélancolie obsédante, ce titre libérerait le groupe de ses angoisses politiques vécues à cette époque. Il est illustré par une vidéo qui affiche les chiffres de la bourse en rouge sang et des manifestants au pas. Le message final semble désormais clair.

Godspeed You ! Black Emperor, un groupe qui ne laisse pas indifférent et conduit vers des destinations atypiques sans retour.

(Organisation Botanique)

 

vendredi, 12 octobre 2012 03:00

Apocalypse Now !

On pourrait qualifier la pop baroque et mélancolique de Get Well Soon, de trop sophistiquée et cultivée. Un univers hermétique architecturé par Konstantin Gropper qui serait réservé aux intellos frustrés et déprimés. Il bâtit avec une dextérité improbable une musique hyper référencée d’écrivains et de peintres inconnus comme Henry Darger (coupable d’avoir publié un récit épique et mélancolique, illustré de quelque 15 143 pages !), mais également de cinéastes tels que Wim Wenders (‘Palermo Shooting’) ou Roland Emmerich (NDR : notamment réalisateur d’‘Indepedence Day’ et de ‘The Day After Tomorrow’). On pourrait aussi prétendre que le chant de Gropper serait aussi obsédant que celui de Casper le gentil fantôme, à mi-chemin entre un Patrick Wolf après une dépression nerveuse et un Thom Yorke se gargarisant. Venez l’écouter sur scène et vous changerez certainement d’avis.

Le jeune compositeur et multi-instrumentiste allemand élabore une atmosphère particulière. Sa pop lyrique à l’architecture foisonnante est issue d’un cerveau ingénieux et créatif. Ici, tout semble aller plus loin. Le jeune Berlinois de 30 ans use à l’envi de ses différentes expériences (conservatoire, cinéma, théâtre, philosophie et lettres...) et conjugue les genres pour explorer le nouveau. Une musique hybride qui relève davantage du génie que de la masturbation intellectuelle.

Une suggestion pour rater infailliblement la première partie d’un spectacle à l’Ancienne Belgique, un vendredi soir ? Rendez-vous y en voiture… Ce supporting act est assuré par David Lemaitre, un artiste prometteur qui pratique un electro-folk lo-fi. Sur les planches, il se produit sous la forme d’un trio. Fragile, éthérée et rêveuse, sa voix se promène quelque part entre Beirut et Bon Iver. Ce jeune Bolivien, Berlinois d’adoption, est parfaitement à l’aise dans son style. C’est même un virtuose. Empreint de délicatesse, son jeu de guitare est légèrement troublé par des vagues electronica douces et sautillantes. Un artiste à suivre dont vous pourrez découvrir l’univers sonore, lors de la sortie de son premier album prévu pour le début de l’année 2013.

Place ensuite à Get Well Soon. Deux ans après avoir accordé un excellentissime concert à l’AB Club, Gropper envahit à nouveau l’espace. Il est accompagné de 4 musiciens pour hausser le ton et donner plus d’étoffe ; pour apporter une dimension musicalement plus riche à son répertoire. Les ondes se modulent, montent et descendent, ne laissant pas le temps aux cœurs de réfléchir. Une vraie orfèvrerie pop gothico-baroque, puissante, romantique et ténébreuse. Une œuvre qui ne tombe cependant jamais dans le piège facile et pathétique du poète maudit en continuelle lamentation stérile.    

Un set où l’apocalypse est omniprésente. « Let Me Check My Mayan Calendar » coule d’un fleuve instrumental, easy-listening, sur fond de voix en lévitation (backing vocals et violon assurés par Verena Gropper, la sœur) et vient s’écraser sur les forêts électriques hargneuses de "You Cannot Cast Out The Demons (You Might As Well Dance)" lors d’un final noisy en déluge sonique. Tandis que, soudainement descendu de la canopée, le groove de "Courage, Tiger!" vient nous surprendre. D’abord discrète ("Prologue" et "The Last Days Of Rome") comme une ombre, la setlist se met à gronder comme une marche militaire balisée par ses voix déployées et son matraquage orchestral. Get Well Soon explose les carcans et fait virevolter leurs débris au sein d’un cyclone symphonique étourdissant. Un concert où le son paraît s’ériger comme un moment au mille lambris dont chaque morceau s’emplit d’une atmosphère singulière, toujours dense, lyrique et tragique. L’impression crispante que le sort sonore pourrait se briser à tout moment.

Un excellent concert qui se terminera sur les couleurs vives du premier album, par "I Sold My Hand For Food So Please Feed Me". Get Well Soon, toujours un grand moment pop !

Organisation Ancienne Belgique

 

jeudi, 31 mai 2012 17:27

Old Ideas

Alors que Bob Dylan avait décidé de surfer sur la vague de la musique folk et populaire dès la naissance du genre, au début des années 60, Leonard Cohen, dans l’ombre de son contemporain, avait surpris et convaincu les labels qu’il était possible de graver des disques très personnels, follement poétiques, anarchiques et capables de plaire au grand public dès 1967, en publiant « Songs of Leonard Cohen ».

Quarante-cinq ans de carrière plus tard, le sublime dandy ténébreux âgé de 77 ans nous démontre encore, à travers son douzième album intitulé « Old Ideas », qu’il demeure vraisemblablement le meilleur parolier du monde.

On aurait en effet pu craindre une œuvre de plus ou de trop qui aurait suivi les plus que mitigés « Ten New Songs » (2001) et « Dear Heather » (2004) ; mais le dernier opus studio du chanteur canadien a pris huit ans avant d’éclore comme un authentique événement musical.

Dix titres sur lesquels le diseur magnifique, imprégné de son âge, se raconte dans un dialogue sincère avec lui-même. Un exercice de style, et non d’égo, où le poète canadien égrène ses réflexions sur la mort, le temps qui passe, les vicissitudes de la vie et du corps, sans jamais quitter les rivages sombres de son lyrisme ténébreux, portant même le cap au large de l’autodérision. Dix titres au cours desquels Leonard Cohen atteint un sommet artistique d’une rare beauté. Moment choisi par le dandy, plutôt adepte du self control, pour nous livrer son être.

 Chaque album de Cohen possède sa propre atmosphère, sa propre ambiance et son propre langage. Sur « Old Ideas », la voix bien timbrée, érodée par le temps, n’a jamais été aussi grave, aussi profonde, virilement éraillée, presque fragile. Une voix parée des arrangements habituels –claviers minimalistes, violons langoureux, chœurs féminins, soli old-fashioned– sur un fond délibérément dépouillé, mieux dosé. Léonard Cohen ne réinvente pas sa musique mais semble revisiter ses différentes facettes. Ici, on y retrouve quelques-unes des grandes dames de la chanson américaine, tous répertoires confondus, du folk au jazz et du blues au gospel ; les traditions yiddish et même celtiques ne sont pas oubliées. Dix nouvelles chansons d’où s’exhalent avec grâce l’essence du grand âge et l’expérience quintessenciée qui, d’esquisse en épure singulièrement précises, tenteraient le sublime, l’œuvre absolue. Les textes, admirablement ciselés, semblent caresser la vie d’un homme usé par le temps, un old man en fin de chemin ; il le sait et chante qu’il ne lui reste guère de temps devant lui à durer : « The Darkness ».

Malgré la richesse de l’œuvre antérieure du musicien montréalais, le pessimisme existentiel et la quête intérieure érigent ce dernier essai en l’(une des) œuvre(s) la plus importante(s) de la carrière de Léonard Cohen. Tirons trois perles de cet album somptueux : «  Going Home », texte à l’ironie aussi cruelle que désabusée, « Show Me The Place », douloureux et splendide cantique d’amour défunt, et « Come Healing », parfum de rédemption qui invite à la réconciliation de l’âme et du corps… 

C’est précisément parce que le Beau n’est rien d’autre que le commencement du terrible que cette œuvre d’une tragique noirceur se transforme en un hymne étincelant, d’une ténébreuse beauté. Maudit d’entre les poètes maudits, Leonard Cohen (fan absolu de Baudelaire) tend le doigt vers des horizons brûlés laissant transparaître implicitement des références à la grande littérature américaine du XXème siècle. Ainsi, on y retrouve des accents inspirés de William Faulkner, Ernest Hemingway, William Burroughs, John Fante, Allen Ginsberg ou encore Charles Bukowski. « Old Ideas » : un moment de pure grâce musicale et d’intensité littéraire. Un album déjà culte !         

        

samedi, 21 janvier 2012 01:00

Rien de neuf sous le soleil de Bavière…

Pas de panique au village indie, The Notwist revient fouler les planches de l’Orangerie sans la moindre actualité. Si l’on songe qu’il a fallu attendre six ans entre la sortie de « Neon Golden » (2002) et « The Devil, you + me » (2008), cela nous laisse le temps de respirer avant de voir paraître un nouvel opus. Sans subir de pression des gros labels, The Notwist appartient à cette catégorie de groupes indépendants qui écoutent le temps, expérimentent le son, affinent lentement leurs fibres artistiques, s’érigent dans la durée et s’ouvrent à des projets multiples et parallèles. Ainsi, après avoir accompli une tournée en compagnie de l’orchestre Andromeda Mega Orchestra de Berlin, concocté une BO de film (« Storm », 2009) et un album avec les rappeurs américains de Themselves (« Own Your Ghost », 2011), le quatuor bavarois reprend les chemins de la scène pour revisiter principalement le répertoire de ses deux derniers opus.

Plus de deux ans après leur passage à l’Ancienne Belgique, le ton change. Finies les mélodies electronica ultra-soignées, les grands orchestres de cuivres et de vents... L’attitude adoptée devient  plus désinvolte, plus percutante, plus brute mais également plus libre. Chaque morceau est revisité et laisse moins d’espace à l’électronique, plus de coffre aux guitares.

Une désinvolture que l’on déchiffre sans mal sur le visage des quatre artistes allemands – greffés, pour l’occasion, de deux musiciens supplémentaires– lorsque qu’ils investissent la scène. Paradoxalement. Las, usés, mal rasés et comme à peine sortis du lit, ils traînent péniblement la savate pour rejoindre leurs instruments. Image peu habituelle offerte par le groupe.

 Malgré un set moins travaillé, moins calculé, les six musiciens nous prouvent encore qu’ils comptent, incontestablement, parmi les artistes les plus expérimentaux et créatifs de la scène indietronica contemporaine. Une insidieuse imprécision, la perfectibilité que seule suscite la liberté vertigineuse d’innover, ajouteraient plutôt un charme supplémentaire à cet ensemble atypique.

Dès l’ouverture, The Notwist nous offre un inédit, laissant supposer que le quatuor de base œuvre, selon son propre rythme, à un nouvel album. Une intro construite d’électro hypnotique qui se fond dans la violence des guitares. Quant au reste de la prestation, elle présente principalement et en quasi-alternance des titres issus de « Neon Golden » et « The Devil, You + Me ». Morceaux joués avec plus de liberté artistique, plus de puissance aussi. Ici, les horlogers de l’intemporel, généralement doués d’une précision mécanique, déconstruisent leur œuvre et se réorientent vers de nouvelles architectures. La voix mélodieuse de Markus Archer s’écorche de douces mélopées et les textures sonores se croisent et s’entrechoquent  d’electronica ainsi que de guitares puissantes. Une multitude de sons riches et de genres s’enlacent, se débattent et finissent par plonger dans un magma nu-free jazz totalement débridé sur « This Room » et « Neon Golden ». « Gravity » et ses guitares totalement libérées mettent enfin un terme à une  séquence noisy apocalyptique sur les feux doux de « Trashing Days ».

Un univers sonore instable, oscillant entre fiel et miel, qui s’achève par trois rappels dont les délicieux « Chemicals » et « Consequence ».

Un arrêt sur image s’impose également sur l’excellente première partie de Christopher Beck alias Joasihno. Flanqué d’un batteur, le jeune Munichois était venu défendre son premier long playing, « We Say : ‘Oh Well’ ». Fort d’une expérience acquise en Afrique, le chanteur multi-instrumentiste aime pratiquer la langue française et tisse rapidement une ambiance chaleureuse avec le public de l’Orangerie. Expérience de voyage qu’il utilise régulièrement pour teinter ses compos electronica de rythmes africains.

Paradoxalement, Christopher Beck est un vrai passionné de musique islandaise et marche sur les pas de musiciens comme múm, Sigur Rós ou Seabear. Le mélange atypique est surprenant. Il intègre aisément et en toute simplicité, tous les contrastes : l'Islande et l'Afrique, Munich, le classique et le pop, le givre et le feu, la couleur et le gris. Subtile intuition de l’universel : les univers distincts se complètent et ne s’opposent pas, ils se chevauchent, s’imbriquent étroitement, se jettent l’un dans l’autre. L’artiste redessine les limites du flou et ignore les frontières.

Ses mélodies sont complexes et pourtant simples, impressionnantes et exigües… mais toujours chargées d’une émotion intense, vive. Une structure musicale proche de Lali Puna et Hjaltalin qu’il sait illuminer de mélodies africaines.

Un duo énergisant, électrifiant la salle de sons en boucle, d’instruments étranges et d’une guitare au centre des débats.

Joasihno, un univers particulier qu’on ne manquera pas de visiter dans un futur proche.

(Organisation Botanique)

Pas de panique au village indie, The Notwist revient fouler les planches de l’Orangerie sans la moindre actualité. Si l’on songe qu’il a fallu attendre six ans entre la sortie de « Neon Golden » (2002) et « The Devil, you + me » (2008), cela nous laisse le temps de respirer avant de voir paraître un nouvel opus. Sans subir de pression des gros labels, The Notwist appartient à cette catégorie de groupes indépendants qui écoutent le temps, expérimentent le son, affinent lentement leurs fibres artistiques, s’érigent dans la durée et s’ouvrent à des projets multiples et parallèles. Ainsi, après avoir accompli une tournée en compagnie de l’orchestre Andromeda Mega Orchestra de Berlin, concocté une BO de film (« Storm », 2009) et un album avec les rappeurs américains de Themselves (« Own Your Ghost », 2011), le quatuor bavarois reprend les chemins de la scène pour revisiter principalement le répertoire de ses deux derniers opus.

Plus de deux ans après leur passage à l’Ancienne Belgique, le ton change. Finies les mélodies electronica ultra-soignées, les grands orchestres de cuivres et de vents... L’attitude adoptée devient  plus désinvolte, plus percutante, plus brute mais également plus libre. Chaque morceau est revisité et laisse moins d’espace à l’électronique, plus de coffre aux guitares.

Une désinvolture que l’on déchiffre sans mal sur le visage des quatre artistes allemands – greffés, pour l’occasion, de deux musiciens supplémentaires– lorsque qu’ils investissent la scène. Paradoxalement. Las, usés, mal rasés et comme à peine sortis du lit, ils traînent péniblement la savate pour rejoindre leurs instruments. Image peu habituelle offerte par le groupe.

 Malgré un set moins travaillé, moins calculé, les six musiciens nous prouvent encore qu’ils comptent, incontestablement, parmi les artistes les plus expérimentaux et créatifs de la scène indietronica contemporaine. Une insidieuse imprécision, la perfectibilité que seule suscite la liberté vertigineuse d’innover, ajouteraient plutôt un charme supplémentaire à cet ensemble atypique.

Dès l’ouverture, The Notwist nous offre un inédit, laissant supposer que le quatuor de base œuvre, selon son propre rythme, à un nouvel album. Une intro construite d’électro hypnotique qui se fond dans la violence des guitares. Quant au reste de la prestation, elle présente principalement et en quasi-alternance des titres issus de « Neon Golden » et « The Devil, You + Me ». Morceaux joués avec plus de liberté artistique, plus de puissance aussi. Ici, les horlogers de l’intemporel, généralement doués d’une précision mécanique, déconstruisent leur œuvre et se réorientent vers de nouvelles architectures. La voix mélodieuse de Markus Archer s’écorche de douces mélopées et les textures sonores se croisent et s’entrechoquent  d’electronica ainsi que de guitares puissantes. Une multitude de sons riches et de genres s’enlacent, se débattent et finissent par plonger dans un magma nu-free jazz totalement débridé sur « This Room » et « Neon Golden ». « Gravity » et ses guitares totalement libérées mettent enfin un terme à une  séquence noisy apocalyptique sur les feux doux de « Trashing Days ».

Un univers sonore instable, oscillant entre fiel et miel, qui s’achève par trois rappels dont les délicieux « Chemicals » et « Consequence ».

Un arrêt sur image s’impose également sur l’excellente première partie de Christopher Beck alias Joasihno. Flanqué d’un batteur, le jeune Munichois était venu défendre son premier long playing, « We Say : ‘Oh Well’ ». Fort d’une expérience acquise en Afrique, le chanteur multi-instrumentiste aime pratiquer la langue française et tisse rapidement une ambiance chaleureuse avec le public de l’Orangerie. Expérience de voyage qu’il utilise régulièrement pour teinter ses compos electronica de rythmes africains.

Paradoxalement, Christopher Beck est un vrai passionné de musique islandaise et marche sur les pas de musiciens comme múm, Sigur Rós ou Seabear. Le mélange atypique est surprenant. Il intègre aisément et en toute simplicité, tous les contrastes : l'Islande et l'Afrique, Munich, le classique et le pop, le givre et le feu, la couleur et le gris. Subtile intuition de l’universel : les univers distincts se complètent et ne s’opposent pas, ils se chevauchent, s’imbriquent étroitement, se jettent l’un dans l’autre. L’artiste redessine les limites du flou et ignore les frontières.

Ses mélodies sont complexes et pourtant simples, impressionnantes et exigües… mais toujours chargées d’une émotion intense, vive. Une structure musicale proche de Lali Puna et Hjaltalin qu’il sait illuminer de mélodies africaines.

Un duo énergisant, électrifiant la salle de sons en boucle, d’instruments étranges et d’une guitare au centre des débats.

Joasihno, un univers particulier qu’on ne manquera pas de visiter dans un futur proche.

(Organisation Botanique)

 

jeudi, 29 décembre 2011 01:00

Unpersons

Fidèle au label Mint, The Pack a.d. persiste et signe son quatrième long-playing, sur l’écurie canadienne. Depuis sa signature en 2008 (Tintype et Funeral Mixtape), le duo féminin a choisi pour seule devise : ‘toujours plus haut et toujours plus loin.’

C’est pourtant en octobre 2010 que Platinum s’associe à Mint pour assurer la sortie française de son troisième album, « We Kill Computers ». Un opus qui cimentera la place du groupe de Vancouver à la pointe de la musique indépendante de leur pays. Critiques élogieuses et nominations sont au rendez-vous (The Best 20 bands of Vancouver Independent Music Scene, The Western canadian Music Award…)

Réputé pour balancer des blues tribaux et du punk-rock garage crade d’une efficacité redoutable à travers l’Amérique du Nord et l’Europe, le duo monte encore d’un ton et se présente plus brutal et plus dur qu’il ne l’a jamais été. Une formation réunissant Maya Miller (Batterie) et Becky Black (chant/guitare) qui n’échappe pas aux comparaisons faciles avec les Black Keys et les White Stripes. Avis aux amateurs du sans chichis !

Conséquent à sa devise ‘toujours plus haut, toujours plus loin’, The Pack a.d. ne montre aucun signe de faiblesse et revient pour un quatrième elpee, « Unpersons », produit par le fameux Jim Diamond (Electric 6, The Detroit Cobras). Une formule que l’on retrouve aussitôt sur les trois premiers titres (« Sirens », « Haunt You » et « Lights ») à la batterie marteau-pilon et aux riffs costauds qui flirtent avec le métal. Un treize titres reposant toujours sur de solides bases punk-rock garage (« 8 »), mais en alternant parfois morceaux plus lents (« Seasick ») et compos plus profondes, plus blasées, légèrement saupoudrées de blues (« Take » et « Pieces »).

The Pack a.d n’offre rien d’exceptionnel, ni de révolutionnaire, mais une musique brute, directe et efficace. Une éclipse sonore sincère et sans prétention. Bref, un duo qui colle parfaitement au dicton ‘mieux vaut un groupe nerveux qu’un collectif mou du genou’. Surtout s’il est susceptible de secouer le cerveau reptilien de tout amateur rock ’n’roll sorti du garage.

 

jeudi, 29 décembre 2011 01:00

Wild Flag

Sous le pseudonyme quelque peu aguicheur de « Wild Flag », se profile un quatuor féminin originaire de Portland et de Washington DC. Engagé, aussi. Carrie Brownstein (guitare/chant), Marie Timony (guitare/chant), Rebecca Cole (claviers/chant) et Janet Weiss (batterie/chant) haussent fièrement le drapeau féministe et défendent, corps et âmes, ses couleurs par les voies d’un garage punk-rock. Un exercice auquel, du reste, elles s’étaient déjà livrées par le passé dans de nombreuses et honorables formations telles que Sleater-Kinney, Hélium, Quasi, The Minders et Stephen Malkmus & The Jicks (side-project articulé autour du leader de Pavement).

Si l’on trace rapidement le diagramme de « White Flag », on constate qu’il était presque inévitable que ces quatre Dames de la musique rock convergent un jour vers un projet collectif. Plus d’une décennie de collaborations indirectes et de tournées communes où Brownstein, Cole, Timony, et Weiss gravitaient inlassablement autour de la même sphère musicale.

C’est dans le cadre du documentaire ‘! Women Art Revolution !’ de Lynn Hershman, film dont les quatre artistes étaient chargées de la production instrumentale, que les quatre femmes bossent ensemble pour la première fois. Une coopération contagieuse qui donne naissance à « Wild Flag » : ‘Je pense que nous avons réalisé que nous pouvions être supérieures à la somme de nos parties, que nous n’étions plus simplement quatre pièces d’un puzzle disparate. Faire sens ensemble, mais le sens d’un ensemble cohérent et dynamique. Il s’agit encore de chimie, il est toujours exaltant et valorisant d’apprendre à jouer collectivement. Vous devriez essayer !’, s’explique Brownstein.

C’est donc sereinement que le quartet étasunien se dirige vers le studio Hangar de Sacramento pour enregistrer son album éponyme en avril 2011, bénéficiant de la participation de l'ingénieur Chris Woodhouse. Les voix exceptées, toutes les pistes sont enregistrées en direct.

Les premières impressions laissées par ce premier elpee reposent d’abord sur l’immédiateté, la spontanéité des mélodies renforcées d’une incroyable énergie, d’une joie de jouer et du pur délice inventif du songwriting. Une musique qui force le corps et le visage à s’exalter et frôle l’incandescence.

Les sons qui s’élèvent du morceau d’ouverture se revêtent très vite d’un jeu de guitare imbriqué et de rageuses mélodies vocales. "Romance" est un titre complet, un tourbillon radieux poignardé d’orgues sixties et d’une batterie percutante. Ensuite, « Future Crimes » (premier single de l’album), un rock classique et populaire merveilleusement interprété par Marie Timony. A la guitare et au chant. Et sa voix confère une dimension quasi épique à la composition initiale. Quant à "Glass Tambourine», il adopte une approche plus furtive, édifiant un crescendo puissant. Les harmonies douces cèdent progressivement l’espace musical à des sons tous azimuts et à une distorsion prégnante.

Un elpee qui s’écoute jusqu’à la fin et propose, à l’image des autres pistes, deux derniers titres de qualité. Tout d’abord, "Racehorse" et son groove furieux mené par Carrie Brownstein qui excite l'auditeur en murmurant ‘Je suis un cheval de course, oui, je suis un cheval de course, mettez votre lune sur moi !’ Et, franchement, qui déclinerait une aussi charmante invitation? Attisé par le piano de Cole et la batterie tonitruante de Weiss, ce final nous plonge dans les atmosphères sulfureuses d’un night-club miteux, bruyant et criard. Un tourbillon extatique qui ne peut ne pas séduire. Un dix titres qui s’achève par « Black Tiles ». Un ultime morceau aux guitares classiques décalées et aux vocaux subtils.

« Wild Flag », l’un des plus impressionnants albums punk-rock de l'année qui devrait certainement plaire aux mélomanes les plus exigeants.

 

mercredi, 14 décembre 2011 01:00

Chœurs

Déjà disponible en MP3 sur la plupart des plateformes de  téléchargement payant, "Choeurs" sortira ce vendredi 16 décembre en livre-CD chez Actes-Sud et sera distribué en librairie.

De "Dithyrambe au soleil" aux "Serviteurs d'Arès", 17 pistes figurent sur cet enregistrement, prolongement de la trilogie "Des Femmes", consacrée à Sophocle par le dramaturge Wajdi Mouawad. ‘L'album « Chœurs » est une dérive des chœurs mis en musique par Bertrand Cantat, Bernard Falaise, Pascale Humbert et Alexander MacSween dans les pièces "Les Trachiniennes", "Antigone" et "Electre"  de Sophocle traduites par Robert Davreu et qui composent le spectacle Des Femmes, trilogie théâtrale mise en scène par Wajdi Mouawad’, explique l'éditeur Actes Sud. 

D'une couleur très rock, le groupe –qui, sur scène, prenait la place du chœur antique– réunit Bertrand Cantat, le bassiste Pascal Humbert (ex-Passion Fodder et ancien membre de 16 Horsepower), le guitariste canadien Bernard Falaise et son compatriote, Alexander Mac Sween, préposé aux drums.

Toutes les musiques ont été composées et signées par les quatre musiciens. Quant aux textes, ils sont adaptés de Sophocle, sauf deux exceptions : "Bury Me Now", un titre issu de la plume de Bertrand Cantat, qui a cosigné "Dithyrambe au Soleil" en compagnie de Wajdi Mouawad.

Par sa noirceur, sa puissance émotionnelle et –forcément– la forte personnalité de la voix ainsi que l'instrumentation (guitare, voix, basse, batterie), cet ensemble n'est pas sans connexion avec l'univers que Bertrand Cantat est parfois parvenu à développer, par le passé, chez Noir Désir.

Pour ses moments de forts contrastes, il peut être rapproché du projet ‘Nous n'avons fait que fuir’. Le 21 juillet 2002, Noir Désir avait alors donné à Montpellier, dans le cadre du festival Radio-France, une représentation unique de ce long poème de Bertrand Cantat, mis en musique en direct par Noir Désir.

Programmé par France-Culture, ce projet avait fait l'objet d'une parution en livre CD aux éditions Verticales, en 2004.

Tracklisting de « Chœurs » :

1.         Dithyrambique au soleil
2.         Déjanire
3.         Le Choeur Joie
4.         La puissance de Cypris
5.         Les mouillages
6.         Révélation de l’Oracle
7.         Puisse un vent violent se lever
8.         La victoire de Thèbes
9.         Rien n’est plus redoutable que l’Homme
10.       Heureux sont ceux qui du malheur
11.       Eros
12.       Bury me Now
13.       Dionysos
14.       Elle viendra l’Erinys
15.       Courir sous la pluie
16.       Le Chœur des Oiseaux
17.       Les serviteurs d’Arès

 

mercredi, 14 décembre 2011 01:00

Hello Sadness

Un titre hommage à Françoise Sagan, pour étaler la confiture, un album enregistré à Girona (Espagne), pour le côté ‘exotique’, des claviers vintages, pour la hype, un pop-rock dans le vent, pour imiter ses pairs… « Los Campesinos ! » aurait-il sorti, sabots aux pieds, la panoplie complète destinée aux clubs des popeux branchés ? Une plaquette pop de plus ? Fort heureusement, le bilan de « Hello Sadness » n’est pas si dramatique. Le quatrième long-playing des génies pop-rock en provenance de Cardiff  respire la générosité et la sincérité. Dix titres, évoquant l'amour, la rupture, la perte, le chagrin, les corps emmêlés, spontanément sortis des tripes de Gareth Campesinos ! Un album instinctif dans lequel le chanteur s’épanche sans retenue, parle de lui, confie son expérience. Le contexte général change alors le décor musical. Il amorce une certaine rupture artistique et donne à entendre des compositions sensiblement teintées de mélancolie (« Every Defeat A Divorce (Three Lions) », « Hate For Island »).  

Après avoir conquis l’Europe et les Etats-Unis, grâce à trois albums salués par la critique, mais également à des tournées intenses accomplies aux quatre coins du monde, lui permettant de se produire dans des festivals prestigieux tels que le Primavera en Espagne ou le festival des Inrockuptibles en France, la formation galloise nous revient aujourd’hui à la tête de chansons pop directes et concises, à l’image du premier extrait « By your hand ». Des arrangements à la production, en passant par la qualité des textes, tout indique que « Los Campesinos! a changé de cap. De quoi ravir les fans et attiser la curiosité des autres ! ‘C’est par l’urgence, les couleurs, l’excentricité et l’hédonisme que Los Campesinos! rénove la pop music’.

Un détour intimiste qui aura néanmoins le mérite d’attirer la curiosité des amateurs du genre.

 

mercredi, 07 décembre 2011 01:00

Bad As Me

C’est grâce à de grands rôles au cinéma que l’image de Thomas Alan Waits s’est inscrite à l’encre indélébile dans la mémoire collective. Une forte personnalité qui sera magistralement exploitée par Jim Jarmusch dans les cultissimes « Down by law » et « Coffe & Cigarettes ». Une filmographie exceptionnelle où le musicien américain côtoie les grands noms du cinéma : Francis Ford Coppola, Terry Gilliam, Wim Wenders, Robert Altman… Excusez du peu !

Du coup, on en oublierait presque que ce pionnier du rock alternatif est avant tout un auteur-compositeur, un musicien et un chanteur de talent. Un artiste qui traverse le temps avec un je ne sais quoi d’indéfinissable mais néanmoins fatal, définitif, inexorable. Songez donc : plus de 38 ans de carrière et 17 albums studio. 

Sept ans après avoir publié son dernier opus (« Real Gone » sorti en 2004), Tom Waits reprend les chemins du studio pour nous régaler d’un dix-septième essai. Un treize titres voluptueux qui ne ménage pas les sens et les enlise, les vautre dans les bas-fonds crasseux des grandes villes américaines. Ainsi, « Bad As Me »  tisse une atmosphère inouïe, de celles qui vous suffoquent, vous prennent à la gorge et vous étouffent l’âme. Dès la première piste, Waits balance un ‘Chicago’ blues-rock à la voix rocailleuse et enragée. Quelques crachats, quelques vomissures plus tard, et c’est votre corps tout entier qui erre dans les ruelles glauques du Old Chicago. Un album intense porté par une voix unique qui aurait été trempée dans un fût de bourbon, séchée et fumée pendant quelques mois, puis sortie et renversée par une voiture. Et magnifiquement sublimé par les coups de griffes de Marc Ribot à la guitare. 

Une première partie principalement baignée dans un rock-blues dense qui se métamorphose, qui changera progressivement de ton pour chavirer dans les univers contrastés du jazz et du blues (« Talking At The Same Time » et « Kiss Me »), se cloîtrer dans un spoken word au romantisme déglingué (« Back In The Crowd » et « Last Leaf ») ou se teinter d’une voix de crooner corrodée (« Kiss Me »). Ne craignez rien, le tempo n’émousse nullement la plume cynique du portraitiste du bizarre. Elle continue de peindre, de sa pointe aiguisée et trempée dans l’acide, les traits de personnages et de lieux miteux. Paradoxalement, le ton, s’il est mordant, n’en demeure pas moins chaleureux et triste.

Soulignons tout particulièrement le magnifique « Bad As Me ». Un morceau au bord de la crise d’épilepsie où le chant est enragé et les orchestrations chaotiques. Soit 3’10’’ de pure  folie contagieuse. Délicieusement insane !

Bref, ce dernier album se présente globalement comme une œuvre charnière dans la carrière de Tom Waits. Une musique qui indique une direction nouvelle sans jamais oublier de regarder en arrière. Une plaquette dont l’artiste soigne davantage les orchestrations et dans laquelle il offre incontestablement la plus belle voix de sa carrière.

S’achevant par « New Year’s Eve », « Bad As Me » s’affiche indéniablement comme une idée précieuse de cadeau de fin d’année. N’hésitez pas, c’est un excellent cru Waits !

 

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