Cet opus, on a l’impression de l’avoir déjà entendu… lors de nos années lycée, dans le garage de potes qui répétaient tous les samedis du Metallica et s’essayaient à la création pendant de longues mesures ininterrompues (NDR : professionnalisme en plus, et émotions adolescentes arrivées à maturité). C’est en 2007, à Bayonne, que le projet Mityx prend son envol lorsque Martin (chant/guitare) rejoint Damien (multi-instrumentaliste). Leurs facultés respectives se compléteront pour offrir un rock sombre et lyrique.
« Muses are no more » constitue leur premier album. Il fait suite à la publication de quelques Eps. Son titre est désenchanteur. Sorti en 2009, il est disponible uniquement en format numérique sur des plateformes en ligne (notamment pepita.fr qui a participé à leur lancement). Les premiers accords nostalgiques offrent le ton général qui règne sur le reste du disque et, malgré le rythme acéré du début, l’album ne décolle pas comme on pourrait espérer. Telle n’est pas non plus l’intention des deux protagonistes, qui préfèrent miser sur les ambiances ténébreuses, tout en lancination, plutôt que sur le rock brut et énervé. Les nombreuses longueurs octroient aux 12 titres lenteur et lourdeur –que les férus du style savoureront– comme chez Dinosaur Jr en live, par exemple. Les morceaux planants soulignent les émotions, mais tentent à s’égarer aussi…
Si l’on déplore le léger accent français du chanteur, que l’on critiquait chez Mud Flow, on épinglera les affinités entre sa voix et celle de Dave Gahan –un coffre qui s’impose, donc– autant dans les intonations que dans la création des mélodies, le tout enrichi de quelques reflets d’Interpol et, un peu plus loin, des Killers ou de Franz Ferdinand. Soutenues par une batterie solide, les guitares sentent la recherche de riffs distordus indépendants à la Johnny Greenwood (« Boarding Time », qui trahit une certaine résonnance avec « OK Computer »), agréablement rétro, ainsi qu’une atmosphère qui rappelle Ghinzu (notamment le clavier sur « Capharnaum ») et se révèle propice à d’éventuels singles (« PFP », « Riot Under The Storm »). L’unique touche de légèreté est d’ailleurs incarnée par le piano, inopinément, sur « Interlude 3 ».
On pourrait se demander si le combo possède une formation classique, tellement leur musique est… harmonique (à l’exception de « Tell a New Tale » sans doute plus farouche). Car « Muses Are No More » a été créé dans la pure tradition rock, dont les schémas nous sont aujourd’hui transparents, et manque ainsi légèrement de surprise… La formation, dont le nom convient parfaitement à leur rock élégiaque, se veut transmetteur d’émotions intenses et efficaces, et on leur reconnaitra la cohérence du style qu’ils tiennent d’un bout à l’autre de l’elpee. Un bon départ pour le groupe dont on espère qu’il sortira davantage des sentiers battus pour son prochain opus.