Six ans déjà que Gorillaz n’avait plus publié d’album ! Le retour du plus célèbre band virtuel était donc légitiment fort attendu, d’autant qu’il ne manque pas de collaborations en tout genre. Et autant le dire tout de suite, c’est la grande, grande, classe. Comment est-il possible de se renouveler aussi fort, tout en restant fidèle à soi-même ? C’est de la schizophrénie musicale à souhait ! Mais Dieu que c’est bon. L’écoute de ce « Humanz » est un de ces moments privilégiés, ces excellents instants, simples, dont on garde un superbe souvenir. De morceau en morceau, on s’étonne, et les 20 titres défilent à une vitesse folle.
Ces grands fous osent tout sur ce nouvel opus. Ils arrivent à se revisiter eux-mêmes sans se trahir et y parviennent d’une manière impressionnante. Tout est aussi juste que surprenant. Parce qu’il est vrai que les fans les plus stricts auront peut-être dû mal à s’y retrouver, mais pas un titre n’est à jeter. Tout est à la hauteur de leur réputation. Il suffit de voir le clip de « Saturnz Barz » pour se rendre compte que l’inventivité et l’audace sont toujours bien au rendez-vous.
C’est une dichotomie de malade qui se présente. On a tout autant envie de s’emballer diaboliquement que de se laisser bercer mélancoliquement. Ce disque est complètement possédé. Il suffit d’entendre l’intro pour en être convaincu. L’esprit malin enfermé dans « Humanz » devient contagieux immédiatement ; il se propage, prend aussi possession de notre esprit pour le réduire à l’esclavage et le contraindre à tout accepter. Et le charme opère sans qu’on y résiste, sans qu’on y oppose aucune volonté. Pas la peine de tenter l’exorcisme, il est bien trop puissant pour le commun des mortels. C’est sans doute pourquoi, ils ont choisi la voie de la virtualité, pour éviter ce décalage entre ce qui est réalité et ce qui relève de l’impossible.
Certaine morceaux se détachent malgré tout. Ainsi, la « Sex Murder Party » est incroyablement… envoûtante. Elle pourrait sans problème appartenir à cette galaxie Gorillaz qui se constitue d’étoile en étoile, de titre culte en titre culte. Mais la grosse surprise vient d’« Hallelujah Money » qui a de quoi étonner. On pourrait encore s’attarder sur le parfait « Ascension » mais à quoi bon tenter de décrire quelque chose d’aussi éloigné de nos capacités de perception, seul le sentiment présent comptera.
Si bémol il faut mettre, on peut peut-être déplorer de ne pas sentir un tout grand tube comme ont pu l’être « Melancholy Hill », « Feel Good Inc. » ou « Clint Eastwood ». Et encore qu’au fil des écoutes, il n’est pas impossible que même cette fine barrière empêchant encore la perfection de tomber dans les bras de Gorillaz ne disparaisse. Foncez, dévorez-le, laissez-vous dévorer, succombez…