Ma journée a commencé dès 6h00 du mat’. Raisons professionnelles. Mais votre serviteur est heureux de savoir qu’il va assister à la seconde journée du festival LaSemo ; un festival qui se déroule donc dans le magnifique parc du Château d'Enghien. Bref, pas tellement loin de mon domicile. Cependant, pour obtenir le sésame qui lui donne accès toute la journée, tu dois attendre minimum, 40 minutes au guichet d’entrée…
Je me dirige vers la scène 'Pavillon' pour y découvrir Marty and the Magic Minds, un quatuor qui pratique une sorte de pop rock teinté de jazz et de delta blues. Fondé en 2010, le quatuor réunit la jolie Vovk aux vocaux (NDR : elle chante dans la langue de Shakespeare), Martin Seghers (alias Marty) à la guitare, Lionel Pothin à la basse et le Kevin Aubry aux drums.
Le combo propose toute une série de chansons paisibles, en début de set. Les voix de Sasha et de Martin sont complémentaires. Mais je n'accroche pas trop. Trop calme pour votre serviteur. Et je décroche après 10 minutes.
Un autre quartet. Tourangeau. As de Trèfle. Leur aventure a débuté en 1996. Dans un garage… A ce jour il a écoulé un peu plus de 80 000 exemplaires de ses 5 albums. Des disques autoproduits. Et dans ce créneau, il a réalisé les meilleures ventes au cours de l’année 2 000, décrochant même une présélection aux Victoires de la Musique, dans la catégorie album découverte. Il a accordé plus de 800 concerts à travers toute la France et l’Europe. Et finalement, s’est forgé une certaine notoriété grâce au bouche-a-oreille.
Caractérisé par une irrésistible énergie rock rappelant la scène alternative hexagonale des 80’s, dont les regrettés VRP, leur musique véhicule des textes solides à l’humour grinçant. Le premier album « Haut les Nains », remonte à 1999. Il y a du rock. Du folk aussi. C’est déjanté, complètement loufoque ; mais surtout ce long playing sème un grain de folie sur la scène rock française, alors moribonde. Un opus qui recèle déjà quelques perles, comme « Haut les mains », « Chanson d’Amur » ou « Jessica ».
Le band fonde son propre label, La Charrette Productions, et vu le succès de l’opus signe un contrat sous licence avec BMG.
Le deuxième elpee, « Sans les mains », paraît en 2003. Il est très bien reçu par la critique, mais également le public. En outre, le combo acquiert une solide réputation de groupe de scène, suite à ses prestations qualifiées de survitaminées.
Il se produit à la même affiche que d’autres ténors, comme Sergent Garcia, les Têtes Raides, Benabar, Jacques Higelin, Matmatah, les Wampas, La Tordue, Babylon Circus, Lofofora, Eiffel, High Tone, Les Wriggles, Percubaba, La Rue Ketanou, Hubert Felix Thiefaine, Les Hurlements d’Léo, Les Skatalites, Mass Hysteria, Max Romeo, et bien d’autres…
En 2005, il publie « Merci, Bonsoir », un Dvd live. De quoi faire le bonheur des fans de la première heure. Immortalisé dans son fief, à Tours, il confirme tout le bien qu’on pense du band sur les planches…
Après trois longues années de tournée, le combo grave le très attendu « Houlala ». Nous sommes alors en 2008. Un disque enregistré sous la houlette de Terence Briand. La popularité de la formation monte encore en flèche. Et étonnant, leur premier single issu de cet elpee, « A l’oreille de ta femme », parvient à faire une entrée fracassante sur les ondes radiophoniques, outre-Quiévrain.
Plus ou moins150 concerts plus tard, accordés dans le cadre du ‘Houlala Tour’, en France mais aussi en Allemagne, Suisse et Tchéquie, périple au cours le band va croiser Shaka Ponk, Skip the Use, Les Ogres de Barback, Elmer Food Beat ou encore Zenzilé, As De Trèfle décide de pérenniser le dernier concert de ce périple, lors de son dernier show, exécuté de nouveau at home, à Tours. A l’Escale, très exactement. Un événement reproduit sur un Cd (mixé par Fred Norguet) et un Dvd (réalisation Les Films du Réel), sobrement intitulé « Houlalive ». Il paraît chez l’Autre Distribution, été 2010.
As De Trèfle est venu défendre son dernier elpee, « Pas Comme Tout Le Monde ». Et en live, il faut reconnaître que leurs compos véhiculent une véritable énergie rock. Pourtant, Géraldine, la violoniste attitrée, a cédé son archet à Smad. Mais ce dernier s’est rapidement intégré à l’ensemble, n’hésitant pas à colorer les compos de ses interventions stridulantes. Parfois, leur folk/rock me fait quand même penser à celui de Louise Attaque. Même si leur expression sonore est parfois teintée de reggae. D’ailleurs, le chanteur a une vraie tête de rasta. Il épice ses lyrics de tas de calembours, des textes qui peuvent se révéler ravageurs ou atteindre le comble de la dérision. Ce qui ne l’empêche pas de solliciter l’auditoire pour reprendre les paroles en chœur.
« Bonjour A Tes Parents » ouvre le concert. On s’éclate à l’écoute de « Ça Ou D'La Merde » et « Tes Mains ». Burlesque, « Chanson d'Amur » fait pourtant la part belle aux grattes et au violon. Vieux standard du groupe, « Haut Les Mains » vous incite à jumper. Outre le fait de lever les bras en l’air. Un chouette spectacle à prendre au second degré, mais qui a surtout permis au public de faire la fête…
On ne peut pas dire que Fastlane Candies ait musardé en route, aujourd’hui. Ce matin, il se produisait aux Ardentes. Puis, il a mis le cap sur Enghien. Il est programmé sur le podium ‘Pavillon’. Et rien que pour le soundcheck, le public est déjà conséquent. Il s’agit de la quatrième fois que j’assiste à un de leurs sets. Et la toute première, c’était en supporting act de Wampire. Déjà, à l’époque, j’avais pris une véritable claque.
Fastline Candies est un autre combo liégeois signé par le label Jaune/Orange. Et dans l’espace rock francophone, c’est un gage de qualité. Après avoir publié un Ep 6 titres en 2011, baptisé "Cold Cold Caribbean", il vient de graver son premier opus, "Telenovelas", un elpee réalisé au Studio 5 (NDR : c’est aussi à Liège) et produit par Xavier Guinotte (My Little Cheap Dictaphone) ainsi que Raphaël Wynands.
Outre le chanteur/guitariste Alexis Alvarez (aka El Niño), l’autre gratteur Laurent Boutefire (aka Krispy Velours), le bassiste Baptcha et le drummer Jrm, le line up est enrichi d’une choriste, également préposée aux maracas, Sandy C. (aka Cheesy Cliché). Caractérisée par leurs superbes harmonies vocales, la pop acidulée du band ne manque pas de charme. Dès "Nothing At All" l’esprit est rivé par cette mélodie contagieuse. Un hit potentiel. Et si les guitares s’imposent, les percus trament le fil conducteur pendant que les voix caressent vos tympans. La setlist puise dans leurs deux essais : "Waiting", "Second Hand Boyfriend", "Girls", "Wound Me", "I Still", le premier single "Let Yourself Go", l’entraînant "Telling Stories" ; sans oublier le superbe "Telenovelas", titre maître de l’opus. Pas de claviers sur "La Chica", mais les vocaux féminins y mènent la danse. Le set s’achève en beauté par "Behind My Back" et le terrible "Summertime's Away". Excellent !
Direction grande scène pour aller applaudir un phénomène : Baptiste Lalieu aka Saule. Deux ans déjà qu’il étrenne son elpee « Géant », sur toutes les scènes des festivals. En produisant son album, Charlie Winston lui a ouvert les portes du circuit international. Et lui a aussi permis de prendre une autre dimension sur les planches. Ainsi, depuis, Baptiste n’hésite plus à haranguer les foules, mettant littéralement le feu partout où il passe. Pas étonnant qu’une grande amitié soit née entre les deux artistes.
Le set s’ouvre par l’incendiaire « Home Sweet Home». Ce sera le point de départ d’une hystérie collective déclenchée par « Chanteur Bio ». Il y a une belle interactivité entre Baptiste, ses musiciens et le public. Si on jumpe sur « Un Type Normal », « Vieux » concède quelques instants de douceur. Un zeste de reggae nous propulse quelque part du côté de Kingston. Un extrait du premier opus destiné à ne pas trop perturber les fans de la première heure. « Dusty Man » constitue le cœur du spectacle, même si la voix de Charlie est remplacée par celle du bassiste, également préposé aux quatre cordes au sein du backing group du Britannique. C’est la sixième fois que j’assiste à un show de Saule. Un spectacle toujours aussi endiablé et enchanteur. Pourtant, il serait peut-être temps que Baptiste se décide d’écrire de nouvelles compos, ou tout au moins, de les inclure dans sa set list. Et s’il souhaite augmenter son capital sympathie, il serait peut-être bien inspiré en accordant une interview à Musiczine. C’est un appel du pied. J’attends impatiemment sa réponse…
Sur le podium ‘Pavillon’ se produit le ‘Régional’ de l’étape, en l’occurrence le très affable Cédric Gervi. Il est en pays conquis. Il exerce la profession d’enseignant à Enghien, sa ville d’origine. Ses aficionados sont venus en masse. Il y a d’ailleurs un monde fou sur la plaine. A l’instar de Jean-Luc Fonck, Cédric est un artiste atypique. Ses textes sont engagés, subtils et surtout truffés de calembours. Mais c’est un soliste, et il chante en s’accompagnant uniquement de sa guitare. Etonnante mais excellente initiative, une intermédiaire reproduit les textes de l’artiste en langage des signes. J’avais déjà eu l’occasion d’assister à ce type de relais, lors d’un concert de Kiss And Drive. Et même pour les personnes qui ne sont pas malentendantes, le spectacle est exceptionnel. D’autant qu’on ressent une complicité extrême entre l’artiste et l’intermédiaire. Cédric nous signalera quand même avoir dû adapter son spectacle pour faciliter le travail de la traductrice. Il a ainsi exhumé quelques anciennes perles, issues d’un répertoire qu’il avait délaissé.
La prestation de Cédric est terminée et je tire ma révérence en faisant l’impasse sur le concert de Patrice. Votre serviteur se lève très tôt demain matin et la fatigue commence à se sentir. Bref, l’édition 2014 de LaSemo est une belle réussite et je vous donne déjà rendez-vous en 2015.
(Organisation LaSemo)
(Organisation LaSemo)