Les ravissements de Maud Lübeck

En mars 2023, Maud Lübeck est invitée par Ghislaine Gouby, directrice des Scènes du Golfe à Vannes, pour une carte blanche lors du festival ‘Les Émancipéés’. Cette année-là, pour la première fois, se déroulent ‘Les ravissements’, quatre rencontres animées par…

logo_musiczine

La douce fantaisie de Spell Trouble…

Maximilan Seifert, aka Spell Trouble, est un musicien établi à Berlin. Son nouveau titre, « Soft Fantasy », constitue le deuxième d'une série de morceaux qui seront publiés cette année sur le label suisse Irascible Music. Sur « Soft Fantasy », il ne s'agit…

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Nicolas Alsteen

Nicolas Alsteen

samedi, 31 décembre 2005 01:00

Pajo

Aucune trace de dédicace… Non, définitivement, cet album de Pajo, le premier de David Pajo sous son vrai patronyme, n’est pas un hommage vibrant au regretté Elliot Smith. Pourtant, la forme et le contenu de ce disque s’agitent comme un dernier mouchoir blanc ballotté au vent à la mémoire de ce dieu vivant, étoile filante charcutée en plein cœur. Qu’importe… L’album de Pajo est magnifique. Il s’inspire des mimiques harmoniques des groupes pop estampillés sixties : Simon & Garfunkel (période « Bookends »), Beatles, Nick Drake. Les références sont banales, faciles. Ce disque, lui, ne l’est pas. Un remarquable numéro, où la voix de Pajo, à l’étroit sous d’autres cieux (Aerial M, Papa M), trouve un juste équilibre entre le chant et le chuchotement. C’est tellement vrai que toutes les compositions s’esquissent comme autant de délicieuses chansons, habillées d’une mélancolie enchantée. Les cordes de la guitare folk s’étalent dans l’atmosphère, épousant parfaitement les prouesses vocales du gaillard. David Pajo s’est lancé en solo, désespérément seul. Et bizarrement, on ne l’a jamais autant apprécié. Un disque de plus à emporter sur une île déserte ?
samedi, 31 décembre 2005 01:00

Subliminable

Une fois de plus, le ‘renouveau de la chanson française’ se renouvelle. Et pour la circonstance, c’est Renaud Papillon qui s’y colle. Alors, oublions le piano bcbg du timide Vincent Delerm, écartons les gentils textes à la nicotine de Carla Bruni et gommons la bouille de gendre idéal de Bénabar. Mais diable, que nous reste-t-il ? La réponse est à chercher du côté de Toulouse où sévit Renaud Papillon Paravel. « Subliminable », nouvel album de ce drôle de personnage, se décline en deux chapitres. Deux disques aux tempos lents, deux actes inséparables comme l’évolution de la chrysalide Paravel, entre le stade chenille et le stade Papillon. Dans cet univers, les mélodies sont enfermées dans un cocon de soie et ne sortent que pour frôler l’insatiable voix-off de Renaud Papillon Paravel. Cet ancien graphiste, dessinateur de pochettes de disques et d’affiches de concerts, signe un deuxième album insaisissable, une œuvre complexe. D’une part, « Subliminable » contient suffisamment de mots, d’idées et d’histoires pour s’assimiler à l’ouvrage d’un écrivain saoulé par la littérature, ensorcelé par la douce melody (Nelson ?) d’une pièce musicale. D’autre part, les textes de Renaud Papillon Paravel survolent allégrement leurs accompagnateurs sonores, laissant une inextricable sensation dans l’oreille du mélomane. Mais comme le résume si bien l’artiste, sur « Chanter sous la douche » : ‘J’ai pas de chansons à chanter sous la douche. Alors supportez-moi comme je suis !’. Pour son album, Renaud a opté pour un titre annonciateur : une contraction entre la ‘sublime’ maîtrise d’une langue française totalement réinventée et la parure mélodique ‘minable’ qui habille ses compositions. Entre sublime et minable, il lui restera à choisir la meilleure des voies et de ne jamais oublier que souvent, la vie ne tient qu’à un battement d’aile… de Papillon.
samedi, 31 décembre 2005 01:00

Any City

‘Mesdames et messieurs, Pilot Scott Tracy est heureux de vous accueillir sur ses lignes. L'équipage et l'ensemble de la compagnie vous souhaitent un bon vol et un excellent voyage’. Confortablement assis sur notre siège, nous nous préparons tranquillement au décollage annoncé d'"Any City", projet commun de cinq musiciens agissant sous le couvert aérien de Pilot Scott Tracy. ‘Joe Bayou’ se cache derrière la batterie (de kérosène?), le ‘Capitaine Kick Ass’ donne de la voix et se charge de la guitare volante, ‘Miss Susan’ s'active à la basse (de contrôle?), ‘Miss Tracy’ fredonne tout en laissant entendre les légers vrombissements de son moog. Pour sa part, l'inévitable Scott Tracy impulse la trajectoire rythmique et vocale à ce drôle d'aéroplane. Cette équipée sauvage nous propose un embarquement immédiat pour un pays bercé de mélodieuses décharges électriques. L'envol est radical. L'auditeur est propulsé par des réacteurs remplis de petits Frank Black à compression instinctive ("Human Earthquake"). C'est la fête dans le poste de pilotage! "Right On", c'est pogos et délires assurés. La suite du disque traverse les nuages sans accroc. Peu soucieuses d'être plus lourdes que l'air, les chansons de Pilot Scott Tracy se déplacent à toute vitesse dans l'atmosphère, laissant derrière elles une longue traînée de fumée blanche. Sous la carlingue, la deuxième classe décide d'aller goûter au champagne des premières classes et se secoue le popotin sur les effluves sixties de "Master Jack". Au son d'une mélopée instrumentale, l'atterrissage appuyé par "Take a Flight" s'amortit lentement sur le train d'atterrissage. ‘Mesdames et messieurs, Pilot Scott Tracy vous remercie d'avoir choisi ses lignes et vous souhaite un agréable séjour’. Et bien, vivement le retour !
samedi, 31 décembre 2005 01:00

The World and Eveything In It

Certains groupes déboulent dans l’histoire du rock, s’y blottissent et gravent les esprits de plusieurs générations de mélomanes. Ce n’est pas le cas de The Oranges Band. C’est comme ça. Certains sont là pour durer, d’autres pour passer un bon moment sur la planète rock. C’est comme ça. The Oranges Band se perd dans l’objet même de sa conscience, de ses influences. « The World and Eveything In It » sonne comme un hommage aux Smiths, un lointain coup de chapeau aux La’s et à R.E.M. Que reste-t-il à prendre ? Des pelures d’oranges ? Des zestes de gloire ? Un jus de légende ? The Oranges Band amassera un modeste succès d’estime et repartira dans les limbes de l’histoire, le sourire aux lèvres, la musique au cœur. Onze morceaux soudés et fiers, à l’épreuve des coups et des injures, musique perfectible et, paradoxalement, irréprochable. Peut-on lutter contre ses influences ? C’est une simple question de personnalité. Et puis, après tout, le rock appartient à ses enfants. Qu’ils s’amusent, parfois ça ne dure qu’un temps !
samedi, 31 décembre 2005 01:00

We´re animals

Lorsqu’au loin, on perçoit l’ombre des écuries « Kill Rock Stars », nos oreilles frétillent, notre cœur s’alourdit, nos yeux balaient l’horizon à la recherche d’une nouvelle pochette, d’un nouveau projet. Aujourd’hui, nous voici en compagnie des Numbers. Après les Magic et les Large, c’est un retour traditionnel aux choses simples, élémentaires. Ils sont donc au ‘nombre’ de trois : Indra Dunis (batterie et chant), Dave Broekema (guitare) et Eric Landmark (moog, chipotages et vocaux). Indra est belle. Flanquée derrière ses fûts, elle chante. Nonchalamment, alternant escapades mélodieuses et mélopées déstructurées. Musique déjantée aux recoins bien foutus, « We’re animals » se pose comme une remise en cause. De la conformité, bien sûr, mais aussi de l’aspect mélodique inhérent au format chanson. Ici, rien de tout ça. La liberté créatrice du trio souffle en rafale sur tous les préceptes et s’invite à un grand festin auquel sont conviés les meilleurs amis des Numbers : Les Georges Leningrad, Quintron, Erase Erata Deerhof et tous ces déconstructivistes ambulants qui grattent les couches superflues pour innover sur des fondations primales, animales. Nous l’ignorons mais au fond, nous sommes tous des animaux. Et la bête n’attend qu’à être lâchée…
samedi, 31 décembre 2005 01:00

Take The Lovers Home Tonight

On s’attend à se ramasser une énième resucée de rock’n’roll. Et puis, c’est la surprise ! Une petite claque de glam-rock, de funk électrisé, agressif et foutrement enjoué. Mother and The Addicts claque sur le dance-floor, frime en boîte de nuit et tend son doigt en direction des vilains chérubins du rock. Embrigadé par un Delgados retraité (la mère en chef ?), les quatre petits Addicts (on se demande d’ailleurs ce qu’ils prennent) suivent les bons conseils maternels et s’en vont aligner 12 brûlots, shootés à la guitare, speedés à la mélopée joyeuse. Et lorsque cette bande de délinquants juvéniles marque une pause (« Father In Heaven »), l’album renforce l’intérêt de son propos en grattant le psychédélisme incrusté sur les cordes de la Fender. L’album nous rappelle aux bons souvenirs des Libertines et des La’s pour l’urgence des chansons, à Electric Six pour la fougue et le ton hardi. Et le tableau resterait incomplet sans une dose syncopée de Funkadelic. Mais n’a-t-on pas déjà fait le tour de la question ? Certainement. Mother and The Addicts se contente de reprendre ses délassements favoris, de réécrire une histoire connue avec ses propres mots. Ces garçons sont donc des sortes de scribes du rock. Mais au fait, scribe, c’est une bonne situation ? De ce côté on ne pense pas qu’il existe de bonnes ou de mauvaises situations. Si Mother and The Addicts devait résumer sa vie, il dirait que c’est d’abord des rencontres : des gens qui se sont tendus la main à un moment où ils étaient seuls chez eux. C’est curieux de se dire que le hasard des rencontres forge une destinée… »
samedi, 31 décembre 2005 01:00

13 in my 31

A Londres, en se baladant dans les rues de Hackney, le flâneur inconscient passe devant une façade estampillée "Toerag Studio". Pour le promeneur moyen, peu coutumier des frasques du rock’n’roll, il s’agit là d’une bicoque parmi tant d’autres. Erreur, grave erreur mon cher promeneur. Car sous cette enseigne se cache un studio d’enregistrement (déjà) mythique, responsable de plusieurs pépites de la résurgence du rock en ce début de millénaire. Fréquenté par The White Stripes, The Datsuns, The Kills ou The Black Keys, l’atelier sonore, géré de main de maître par l’ingénieur du son Liam Watson, n’a plus rien (ou presque) à prouver au reste du monde. Perfectionniste et féru d’anciennes technologies, Watson a passé une année entière, au début des années 90 à écumer le pays pour réunir le matériel d’époque qu’il cherchait. En quelques années, il s’est entouré des vieux équipements analogiques des meilleurs studios d’alors (BBC, Abbey Road, Decca). Toerag est ainsi devenu le nouveau fantasme des groupes de rock en quête d’un son chaud, habité, loin de la sophistication des logiciels niveleurs. Pour toute philosophie, ce matériel vintage allonge un doigt tendu en direction des procédés numériques. Excédés par un monde dominé par la répétition rigide de mécanismes automatiques, les rockers du vingt et unième siècle font table rase du passé et valorisent la spontanéité de l’être humain sur la machine. Nouvel recrue du studio Toerag, le quatuor My Red Cell enfonce le clou et crache son glaviot à la gueule du gigantisme de l’industrie du disque. Le groupe esquisse des représentations incongrues : Dolf Datsun en pleine crise d’adolescence ("Going out for nothing"), Jack White en vacance chez The Bronx ("Knick me down"), The Pixies bottant le cul aux membres de Mclusky pour les contraindre à rebrancher les amplis ("Whisper the fear"). Tout en arpèges aiguisés, l’entrée en matière explose en éructions maladives dans "In a cage (on prozac)" (NDR : un bon point de plus, nos Anglais ont le sens du titre subtil !). "Head in the ground" part en guerre, défendre fans et enfants du revival rock’n’roll. Seul accroc notable à la liste des douze brûlots balancés par My Red Cell, "Bullet (One day Closer) " et sa production lisse, aux confins du rock FM dénature quelque peu la vue d’ensemble de cette photographie viscérale.
samedi, 31 décembre 2005 01:00

En Tête à Tête

Lors des fêtes de fin d’année, il convient de rattraper le retard. Ici, cependant, ce moment d’intimité partagé en compagnie de -M-, ne saurait être un retard. De la mauvaise volonté, tout au plus. A moins d’avoir vécu sur une banquise pendant près d’une décennie, le commun des mortels balbutiant quelques mots dans la langue de Jean-Baptiste Poquelin connaît le fiston de Louis Chedid. -M-, pour le peuple et les intimes, est adulé de tous et ce, depuis la sortie de « Je dis Aime » (2000). Même si sa musique ne touche pas l’unanimité en plein cœur, son monde virtuel rappelle toujours ses admirateurs et admiratrices à sa bonne étoile. Il est donc possible d’échapper aux enregistrements studio. Peut-être. Mais une fois, sur scène, l’homme à la tignasse hirsute laisse ses doigts enflammer la guitare. A ce moment précis, il est impossible de ne pas succomber au charme de cette virtuosité déguisée en rose. -M- sur scène, c’est une expérience vitale, le signe tout puissant de la défaillance de l’impérialisme américain. Aussi, la coupe de cheveux de Mathieu se dresse-t-elle fièrement devant la coupe Afro de Jimi. Qu’est-ce qu’on ne donnerait pas pour assister à un duo de ces spadassins du riff électrique… Dans nos rêves. Aujourd’hui, en chair et en os, en double face digitale, -M- nous fait l’honneur d’une visite de salon, par l’entremise de concerts enregistrés entre Paris, Toulouse, Marseille, Metz, Nantes, Mulhouse, Strasbourg et Beauvais, entre 2004 et 2005. « Mama Sam », « Ma Mélodie », « Je dis Aime », « Qui de nous Deux », « Onde Sensuelle » comptent parmi la flopée de tubes proposée sur « En Tête à Tête », double live au son hallucinant. Mieux qu’un best of, les 23 titres rendent l’ambiance déjantée d’une soirée décapée par les ritournelles euphoriques de notre homme. Présenté dans un coffret au cœur battant, au livret dénombrant les aléas de la tournée, -M- s’installe confortablement au pied du sapin, attendant d’être déballé pour jouer ses riffs cinglants, s’habiller de guirlandes et faire tournoyer les boules de Noël comme autant de boules à facette. Que les fêtes commencent !

samedi, 31 décembre 2005 01:00

Pictures

Pour son nouvel album, le DJ allemand n'a pas fait dans la dentelle. Car inviter Brian Molko dans un projet de collaboration, c'est comme jouer au Lotto en connaissant le bon tirage: jackpot assuré ! Ce n'est donc pas un hasard si "First Day" cartonne actuellement sur les ondes. Depuis "Loud" et son succès pataud en 2002, Timo Maas s'était fait plus discret. Mais cette discrétion est révolue. Aujourd'hui, le DJ nous revient armé d'une armada de tubes lunaires à forte densité hypnotique. "Pictures" caresse les songes et fricote avec les étoiles (les plus visibles sont les astres Kelis et Neneh Cherry). Timo Mass sait s'entourer vocalement et musicalement. Les instruments virevoltent : guitare, clavier, batterie, violon, contrebasse, rhodes et samples s'entremêlent dans une torpeur éclectique. Les hits résonnent: "4 Ur Ears", "Devil feel". Lee cerveau s'engourdit. Les jambes deviennent incontrôlables. Toute résistance est inutile: Timo Maas a de nouveau produit un irrésistible mélange de dance-music et de breakbeat.
samedi, 31 décembre 2005 01:00

The Magic Numbers

Les numéros magiques portent décidemment bien leur patronyme. Dès le « Mornings Eleven » inaugural, la magie opère. Laissant loin derrière eux les moustachus maigrichons des Kings Of Leon, les Magic Numbers égrènent un country rock hyper léché, traversé d’un riff de guitare éblouissant, à n’en plus dormir. D’entrée de jeu, on commence à saisir les contours du buzz anglo-saxon qui enrobent ce fameux quatuor. Car de l’autre côté de la Manche, ces quatre chevelus sont officiellement montés sur le trône hautement convoité du ‘prochain gros truc’. Et ne voyez pas dans cette phrase une fâcheuse allusion aux légères surcharges pondérales qui chatouillent le gras du bide de nos jeunes amis. D’un côté, la voix mystérieuse de Roméo Stodart et les impeccables lignes de basse de Michele, sa frangine. De l’autre, la voix cristalline d’Angela Ganon nous transporte vers d’autres horizons, loin de la grisaille et des tracas quotidiens. Son frère à elle se prénomme Sean. Il joue de la batterie. Et pour peu, on croirait qu’il s’est échappé d’un casting pour une superproduction américaine dédiée au rock estampillé seventies. Deux familles unies autour d’un projet miraculeux, inespéré. Le single « Forever Lost » est une tuerie. Au cœur de la torpeur, les filles élèvent la voix et clament ‘looks like it all went gone’. C’est bouleversant à souhait, touchant. Personne ne peut résister au charme désuet de ces chansons intemporelles. Cette sentence est définitive et se confirme sur l’irrésistible « I See You, You See Me ». Une sensation romantique nous saisit les tripes. Qui n’a jamais ressenti cette profonde attraction pour l’être désiré ? Et c’est alors que résonne « Don’t Give Up The Fight » : un morceau d’anthologie, à faire frémir la dépouille de Curtis Mayfield. Romeo a la peau blanche mais son âme est noire et délicieusement dépressive. Plus loin, « Love’s A Game » relance la profondeur du propos, boute les feux de l’amour et de la convoitise. Le premier album des Magic Numbers s’éteint sur « Hymn For Her », une fin magique. Forcément…
Page 6 sur 42