Nous sommes en 2005, en Norvège très exactement. Ici, au cœur de la Scandinavie, celui des adolescents bat toujours pour un rock garage anachronique, calqué sur la « British Invasion ». Problème ? Juste un décalage temporel, rien de plus. L’invasion britannique, c’était au beau milieu des années 60, quelque part aux Etats-Unis, dans un garage quelconque, entre une brosse et un râteau. De jeunes écervelés s’attachaient alors à reproduire les étincelles pop des Kinks, Stones et autres Animals. La technique en moins, la rage en plus. A ce jour, il existe encore des poches de résistance : Detroit, New York, Londres. Et ne soyons pas radin : la globalité territoriale de la Scandinavie vit aujourd’hui des rêves de gloire anglais de l’American Dream. Les formations garage sévissent et y carburent à plein régime : The Nomads, The Hives, Mando Diao, The (International) Noise Conspiracy, etc. C’est dans cette conjoncture qu’apparaît The Launderettes, quintette féminin mélodieux et déchiré. Cinq jolies filles. Trois blondes et deux brunes. Intimement convaincues d’épouser la fin des sixties. Résultat : un disque énorme. Désuet à mourir mais grandiose. The Launderettes, c’est un croisement fortuit entre The (International) Noise Conspiracy et Holly Golightly. Les Suédois pour l’orgue fou trébuchant à travers les guitares, l’Américaine pour la voix claire et élégante d’Ingvild Nordang. Les riffs sont percutants (« Fluff’n’fold », « Waiting For You »), l’appétence harmonique soufflante (« No Good », « Fading Out »). Ce deuxième album des Norvégiennes déborde d’une énergie positive, d’une fraîcheur naïve qui plaisent aux tympans, n’en déplaise aux parents. « Every Heart Is A Time Bomb » est une collection de onze titres de rock garage, jouissif et mélancolique comme une demi-heure passée à tourner les pages d’un album photos dédié aux anciennes gloires du rock’n’roll.