« - Commandant Winkel ? »
« - Oui ? »
« - OVNI sur le radar n°3… »
« - Mazette, le voilà enfin ! »
« - Croyez-vous qu’il va atterrir, commandant ? »
« - Je n’en sais rien lieutenant, mais s’il le fait, j’espère que ce sera dans mon lecteur CD… »…
Bon allez, trêve de dialogue de série Z, arrêtons de déconner et parlons plutôt de cet album fort étrange et, pour tout dire, assez séduisant. Engendré par Dominique Pascaud, « Les yeux mécaniques » est une petite soucoupe volante dans le monde de la chanson française. Divisé en deux parties bien distinctes, l’album offre tout d’abord quelques gentilles perles pop comme « Le mal attendra », « Les yeux mécaniques » ou encore « Dans mes bras ». Foutrement bien troussées, ces fragiles ritournelles, servies par une production ‘mimi tout plein’, ont fait chavirer le cœur du commandant en chef qui vous parle. Pourtant, au début, la voix de l’alien aux commandes du vaisseau céleste a de quoi énerver. Plaintive, à la limite du chuchotement, elle égrène des textes qui, eux, ne sont jamais très loin d’une prise de tête ‘à la française’. On se dit alors qu’on est parti pour un moment difficile quand, comme par magie, tout s’éclaire. Soutenue par les délicates mélodies sur lesquelles elle se calque, la voix qu’on s’apprêtait à détester fini par faire mouche. Plus fort encore, l’embellie se voit confirmée par la deuxième partie de l’album, composée presque entièrement d’instrumentaux biscornus. C’est à l’écoute, entre autres, de « Jonction 18 :33 » (sorte de construction pop aphone), que l’on se rend compte combien le chant nous manque. Le plus dingue, c’est que cette absence, loin de tuer le morceau, le rend encore plus fort…Drôle de relation amour/haine qui fait que le manque de quelque chose que l’on a failli haïr mais que l’on aime se révèle plus jouissif que sa présence… Clôturé par « Les yeux mécaniques (2) », cet album a le petit goût de trop peu et d’inachevé qui engendre les classiques…