Tom Petty sait se faire désirer : douze ans depuis son précédent effort solo, « Wildflowers », quatre depuis sa dernière galette studio en compagnie des Heartbreakers, « The Last DJ ». Pour la circonstance, Petty a tenu à assurer seul la plupart de l’instrumentation : guitare, basse, batterie, harmonica, claviers et piano électrique ! En outre, on ne compte sur ce « Highway Companion » que deux collaborateurs extérieurs : le lead-guitarist des Heartbreakers, Mike Campbell, qui passe également au vibraphone sur « Golden Rose, » et Jeff Lynne aux basses, guitares rythmiques, claviers et chœurs. Ce dernier, ex-Electric Light Orchestra et vieux complice de Petty au sein de Traveling Wilburys (NDR : l’All-Star Band réunissant George Harrison, Bob Dylan et Roy Orbison), coproduit l’album en compagnie de Petty et Campbell. Un tiercé déjà gagnant en 1989 lors de la sortie du premier album solo du leader de Heartbreakers, « Full Moon Fever », devenu triple platine.
L’association s’annonce à nouveau payante au vu du petit bijou que représente « Highway Companion », melting pot de blues, de rock, de country et de folk évoquant les albums solos de Mark Knopfler. Le single Saving Grace ouvre l’album ; un de ces boogies bien gras, au riff inspiré du « Boogie Chillen » de John Lee Hooker, qui fait d’emblée taper du pied. Le reste est à l’avenant, oscillant entre morceaux sautillants et ballades aériennes. « Flirting With Time » offre de belles harmonies vocales, et le blues pointe constamment le bout de son nez. A cet égard, les parties de slide concédées sur « Turn This Car Around » sont aussi simples qu’efficaces. La voix de Petty reste caressante au fil des douze titres, traçant superbement des portraits ou des paysages comme dans « Damage By Love » ou « This Old Town ». « Golden Rose » clôture l’album en finesse, sur un fade out de vibraphone fantomatique, comme une silhouette disparaissant dans le désert. Ca n’invente sans doute rien, mais on s’en fout : c’est beau, point.