La pop sauvage de Metro Verlaine

Un coup de foudre, et puis le romantisme comme mode de vie, Metro Verlaine est avant tout une histoire de passion. Fondé en 2013, après un voyage à Londres qui a laissé des cicatrices et un sale goût de ‘lose’ au fond de la gorge, l'histoire de Metro Verlaine…

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Pour Jane Weaver, l’amour est un spectacle permanent...

Jane Weaver, aka Jane Louise Weaver, est une musicienne originaire de Liverpool. Son nouvel opus, « Love In Constant Spectacle », paraîtra ce 5 avril 2024. Il a été produit par John Parish (PJ Harvey, Eels, Sparklehorse). Son disque le plus intime et le plus…

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Sebastien Leclercq

Sebastien Leclercq

samedi, 16 juillet 2011 02:00

Dour Festival 2011 : samedi 16 juillet

‘Van de regen in de drup komen!’ Je cherchais une expression susceptible de décrire l’évolution catastrophique de la météo, ce samedi. Et finalement c’est ce proverbe flamand qui m’est revenu à l’esprit. Un proverbe qui pourrait se traduire, au propre comme au figuré, par ‘aller de mal en pis’.

Dès 16 heures un crachin douche déjà la foule, embourbée devant la Last Arena, avant même l’arrivée des Ogres de Barback. Une véritable famille, puisque le line up réunit des frères et sœurs. Malgré le côté festif et le jeu de scène (entre musique de rue et spectacle de cirque) de leur spectacle, toujours aussi agréable à regarder, le public réagit très timidement. Pourtant le show est varié. Les différents instruments virevoltent, littéralement. Les différents morceaux s’enchaînent, un peu comme des contes (NDR : « Rue de Paname » en est certainement la plus belle illustration). Et puis, la formation n’hésite pas à adresser quelques clins d’œil à d’autres artistes. A l’instar du titre « Le roi des Kongs », pastiche du « King Kong Five » de leur pote Manu Chao ou en final du « Salut à Toi » des Bérus.

Dans le même esprit, The Locos embraie sous le Dance Hall. Et Pipi, ex-seconde voix chez Ska-P, sait s’y prendre pour réchauffer l’ambiance. Les pogos sont lancés. Les circles et autres parades à la Braveheart prennent forme. Plus particulièrement parmi les fans de ska et les ados…

Une atmosphère que l’on retrouve encore face à la grande scène, lors du set de Pennywise. Et pourtant, durant leur concert, il tombe alors des hallebardes. Fatalement, la foule est moins dense que prévue pour applaudir cette tête d’affiche. Mais qu’importe, les plus motivés reprennent en chœur le ‘wooo woooo wooo woooo’ de leur titre culte « Bro hymn ». Les pogos se multiplient, mais dans la gadoue. On se croirait presque à Woodstock. Pas pour rien que ce combo est considéré comme culte dans l’univers du punk étasunien au même titre que Bad Religion et autres NOFX.

Un tout autre public a rejoint le Club Circuit Marquee pour accueillir IAMX. Plus âgé, plus ténébreux, plus féminin, aussi… Et pour cause, Chris Corner estime que non seulement sa musique est teintée d’érotisme, mais elle entretient une ‘sensualité malsaine’. L’ex-Sneaker Pimps aime porter des tenues de scène extravagantes, à la limite androgynes. Ce soir, il est coiffé d’un chapeau à plumes quelque peu ridicule. Sa bassiste n’est pas en reste non plus. Elle porte même une petite culotte à l’effigie du groupe qu’elle finira par dévoiler au public. IAMX pratique une forme d’électro/rock à tendance cold-wave ; ce qui ne l’empêchera pas de dispenser, au cours de son set, de longues ballades mélancoliques. Les thèmes abordés dans les lyrics traitent de pratiques sexuelles non conventionnelles (bisexualité, décadence, etc.), mais également de mort, de drogue ou encore de politique. Par rapport aux groupes proposés depuis le début de la journée, il faut reconnaître, que le changement est radical. Perso, IAMX est une formation que j’apprécie tout particulièrement. Et je n’avais pas du tout envie de manquer leur prestation. Pourtant, je dois reconnaître que mon enthousiasme n’est plus aussi marqué que lors de leurs débuts. C’était déjà en 2004. J’avais ainsi pu apprécier leurs sets accordés en 2005 et 2006, dans le cadre du festival de Dour. Une flamme qui s’est aussi quelque peu consumée, suite à la sortie de leur dernier album, « Volatiles times », pas vraiment convainquant. Or, la setlist privilégie, en début de concert, les morceaux issus de cet opus. De quoi plomber l’atmosphère. Le talent du groupe ne s’exprimera véritablement qu’en fin de parcours, lors de l’interprétation de morceaux plus classiques. Chris est un gentleman. Victime d’une panne de micro, il patiente, pendant que deux techniciens tentent de réparer le matos. Une opération qui va prendre quand même quelques minutes. Et pour les remercier, il réserve une tape amicale sur le dos d’un des deux intervenants. Sympa ! Une anecdote qui permet d’ouvrir une parenthèse afin de souligner le dévouement manifesté par ces équipes techniques qui ont quand même enchaîné plus de 200 groupes sur 4 jours, au sein d’une programmation qui n’a guère souffert de retard ni d’annulation majeure ! Pour en revenir à IAMX, sachez que si vous les avez manqués sur la Plaine de la Machine à Feu, vous aurez le loisir d’aller les applaudir le 15 octobre à Mons, pour un concert qui se déroulera en la salle ‘On air studio’. Ambiance intimiste assurée ! Lors de ce show, votre serviteur était installé aux premiers rangs, parmi les groupies. Andie, l’une d’entre-elles, m’a filé la setlist. Je la remercie. La voici (NDR: la setlist!) : Music people / Nightlife / Ghosts of Utopia/ My secret friend/ Tear garden/ Think of England/ Nature of Inviting/ Cold red light/ Kiss and Swallow/ President/ The Alternative/ Spit it out.

Suede se produit sur la Last Arena. Un autre comeback pour ce groupe qui a brillé au cours des 90’s. Les groupies se pressent également aux premiers rangs. Faut dire que Brett Anderson, le leader charismatique de la formation londonienne, n’est pas étranger à cette euphorie féminine. Même s’il n’a jamais démenti un côté ‘bi’, ses déhanchements sexy font toujours des ravages chez le beau sexe. Les tubes se succèdent : « Animal nitrate », « Trash », etc. Le décor et les jeux de lumières entretiennent un climat plutôt glam. Quoiqu’en incluant des titres plus récents dans son répertoire, donc plus rock, Suede parvient à ne pas trop sombrer dans le revivalisme, au sein duquel Pulp était tombé la veille, ni dans une pop ‘gay’. Bref un show qui m’a beaucoup plu. Mais les averses redoublent d’intensité et finissent par décourager bon nombre de spectateurs. Et moi aussi finalement.

Direction La petite Maison dans la Prairie. D’abord on y est plus au sec. Et puis Les Savy Fav s’y produit. Cette formation américaine est également née au cours des 90’s. Très exactement en 1995. A Rhode Island. Néanmoins leur style trempe davantage dans la noisy, voire le post-hardcore. Mais la caractéristique principale des spectacles accordés par ce band étasunien, ce sont les exhibitions du chanteur Tim Harrington. Ce samedi soir, il est juste vêtu d’un caleçon et chaussé de bottes. Et il laisse fréquemment ses musiciens seuls sur les planches pour prendre un bain de foule. Il sort même du chapiteau, alors que dehors, c’est le déluge. Ne pas oublier qu’il est torse nu, en calebar et que la température extérieure ne dépasse pas 12 degrés ! De quoi être trempé jusqu’aux os. Une jeune admiratrice vient se frotter (NDR : au sens propre !) à sa barbe et son imposante pilosité. Comble de la provocation, il joue carrément avec ses organes génitaux. Bref, ce spectacle me rappelle ceux que Fucked Up et Monotonix avaient livrés, un an plus tôt, à Dour.

Pour terminer la soirée, un arrêt à la Cannibal stage s’impose. Et pour cause, Life of Agony y est programmé. Encore un groupe qui a vécu sa période de gloire au cours des 90’s. Un de plus. Keith Caputo, leur leader, avait abandonné le navire en 1997, pour se lancer en solitaire, carrière qu’il continue d’ailleurs de mener en parallèle. Il sera remplacé par l’ex Ugly Kid Joe, Whitfield Crane. Mais le combo allait se séparer deux ans plus tard. Pour renaître de ses cendres en 2003. Sous son line up originel. Publiant même un album live. La formation s’était produite à Dour, en 2008. Trois ans plus tard, elle remet le couvert. Première constatation, la voix de Keith, plutôt proche d’un jeune Axl Rose, est plus douce. Et son attitude, bien plus paisible. Un contraste par rapport aux riffs de guitare balancés. Sur « This time », il est même détonnant. De quoi se poser des questions. Ce n’est que le lendemain que j’ai enfin pu élucider l’énigme. A cause de la presse néerlandophone, responsable d’un véritable buzz : le chanteur aurait décidé de changer de sexe. Comment séparer le vrai du faux quand on sait que le personnage adore se travestir ? Vous voulez en savoir plus ? Rendez-vous le 2 septembre, salle ‘On air studio’ à Mons, puisque Keith Caputo s’y produira en solo.

Il est déjà 2 heures du mat’. Sur le chemin du retour, je conclus que Dour est quand même un festival éclectique. La preuve ? Rien qu’en deuxième partie de soirée, j’ai vu quatre chanteurs aux attitudes diamétralement différentes. Un androgyne (Chris), un supposé bi (Brett), un exhibi (Tim) et un (biffez la mention inutile) travesti/transsexuel (Keith). Rien que ça !

 

vendredi, 15 juillet 2011 02:00

Dour Festival 2011 : vendredi 15 juillet

Le ciel a (enfin) retrouvé sa couleur bleue. Et il plane comme un air de vacances sur la Plaine de la Machine à Feu. La foule est plus nombreuse, mais pas forcément devant les scènes. L’atmosphère est plus à la guindaille, aux rencontres ou à la fête un peu partout. La bière coule à flots. Et j’avoue même me laisser embarquer dans quelques ‘guet-à-pintes’ ; ce qui explique ce compte-rendu un peu plus concis que les autres jours…

Ma journée commence par Papa Roach. Le soleil cogne dur, ce qui est rare en ce mois de juillet. Et pas seulement l’astre céleste, mais aussi les Ricains. Leurs riffs sont aussi assommants. Ils alignent leurs tubes, dans l’esprit de Green Day ou autre Sum 41. Ce qui a l’air de plaire à la génération des 15-25 ans massés devant le grand podium. Les pogos et autres slams s’enchaînent. Ce punk yankee plutôt basique donc, destiné aux ados, n’est pourtant pas dérangeant.

Plus intéressante : la prestation de The Qemists. Une référence dans le drum’n’bass. Pas étonnant que ce combo soit signé chez Ninja Tune. Et ces Anglais savent s’entourer, puisque pour concocter leur premier opus, « Join The Q », ils ont bénéficié d’un featuring de Mike Patton. D’ailleurs, malgré les nuances jazzy et dubstep, l’expression sonore est beaucoup plus rock, voir carrément hardcore. De quoi, remuer la foule sous le Dance Hall, mais suivant une méthode bien plus raffinée que celle de Papa Roach.

Un raffinement qui ne guide toujours pas Stupeflip. Leurs titres slogans (« Je fume pu d’shit », « A bas la hiérarchie », etc.) et quelques coups médiatiques (NDR : chez Thierry Ardisson, par exemple) avaient permis au groupe de se forger une certaine notoriété. C’était en 2003. Après avoir perdu un procès face à leur label (BMG), ces Français étaient quelque peu retombés dans l’anonymat. Et autant qu’ils y restent encore un peu, car la prestation de ce soir ne m’a pas vraiment convaincu. Tragicomiques, les deux chanteurs portent toujours les mêmes déguisements de films série B et continuent de se complaire dans les revendications à deux balles. En bref, la formation n’a toujours pas évolué…

Bien plus intéressant : The Dø. Une Finnoise (la chanteuse Olivia Merilahti) et un Parisien (le multi-instrumentiste) Dan Levy. Soutenu par un drummer de tournée. Elle capture d’ailleurs instantanément l’attention sur scène. A cause de sa voix fragile. Et puis de son physique (NDR : allez-donc jeter un coup d’œil dans notre rubrique photos). Elancée, très jolie, elle a enfilé des bas, ma foi, forts originaux. Il faut cependant attendre le milieu de set, et l’un de leurs tubes « On my shoulders », pour que le public commence réellement à s’enthousiasmer. A partir de cet instant le set va déménager. Il est vrai que le début du concert est dispensé en mode semi-acoustique, pour ensuite embrayer dans un style bien plus percutant. L’ambiance ne va alors plus baisser d’un cran. Le set va même paraître trop court. Un groupe à voir et à revoir donc. Et ça tombe bien, puisqu’ils sont à l’affiche de l’AB, le 12 octobre 2011. Ah oui, et comme le précisait Pompon dans sa présentation, leur patronyme se prononce ‘do’ comme la note de musique, et pas à l’anglaise.

Changement de podium et de genre, puisque Mogwai se produit sur la Last Arena. Un choix de scène un peu curieux, quand on sait que leur musique est particulièrement introspective ; ou alors, c’était exigé par les musiciens du groupe. Car devant l’estrade, l’auditoire est clairsemé. Leurs longues envolées post-rock (NDR : que j’adore pourtant) s’évaporent dans l’atmosphère et ne parviennent pas à accrocher…  

D’autant plus que je ne veux surtout pas manquer Neurosis ! Leurs concerts se font beaucoup plus rares. Il se murmure d’ailleurs que les organisateurs faisaient le forcing depuis quelques années pour les programmer. Mais là aussi le choix de la scène laisse perplexe. La Petite Maison dans la Prairie est vite comble (NDR : ce sera également le cas, pour CocoRosie, le surlendemain), pour ne pas dire à saturation. D’entrée, on a droit à « A sun that never sets » puis « End of the harvest ». Une belle manière de pénétrer dans l’univers de Neurosis. A l’instar de Mogwai, la construction des compos s’opère en couches ; mais rapidement une belle chape de plomb vient couvrir le tout. Car Neurosis c’est du lourd, du costaud, de l’intense, à mi-chemin entre Cult of Luna et Isis. Néanmoins, les montées en puissance et les déflagrations sont parfaitement maîtrisées. Un savant équilibre qui permet à l’expression sonore de ne pas sombrer dans un métal cacophonique. Et en apothéose, Neurosis va nous  livrer un « Through Silver In Blood » de toute beauté. Une longue progression avant que l’intensité n’atteigne son paroxysme et transcende littéralement l’auditoire. Incontestablement un des grands moments de cette édition.

On reste dans le métal en compagnie d’Anthrax. Un peu plus ‘has been’, quand même. Il embraie juste à côté, sur la Cannibal stage. Dans le style, ce podium va s’en gaver. Madball va ainsi également fouler ses planches. C’est le genre de formation que j’appréciais, il y a 15 voire 20 ans. Mais elles n’ont guère évolué depuis. D’ailleurs une réflexion me traverse l’esprit. Je ne suis pas du genre à brûler ce que j’ai adoré ; mais il faut reconnaître, que cette année, l’affiche de Dour a réservé une (trop) grande place aux come-backs, et en particulier à des groupes ou des artistes qui ont surtout recueilli du succès, au cours des nineties. Alors que la scène pop/rock regorge de découvertes. Vous voyez ce que je veux dire ?

Car de 90’s il en sera encore question en compagnie de Pulp. Le set s’ouvre par « Do You Remember The First Time ? ». Et Jarvis d’ajouter ‘Vous étiez présents en 1994 ? Etiez-vous-même seulement nés ?’ Ben oui, Jarvis, je m’en souviens comme si c’était hier. Sous un soleil de plomb, au beau milieu de l’après-midi, tu avais le teint bien pâle. Et un look de dandy. Ta formation avait dispensé un set très britpop. Finalement assez proche de celui de Blur, qui se produisait également le même jour, sur la Plaine de la Machine à Feu. Entretemps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Pulp n’est plus considéré comme une hype, mais un combo sur le retour. D’ailleurs, leur dernier opus, date quand même de dix ans. Pour mettre tous les atouts dans son jeu, leur spectacle est soutenu par un superbe light-show. Et puis, les compos proposées sont particulièrement énergiques, dans l’esprit de Kaisers Chiefs. Jarvis se dandine, et s’autorise même quelques solos de guitare. Avant d’attaquer le titre final, « Common People », il nous rappelle deux règles de base qu’il a toujours observées dans sa carrière. La première : ne pas faire confiance à son groupe. La seconde : réserver le titre préféré du public, pour la fin. Un discours qui ne change pas mon point de vue. Le concert de Pulp était celui d’une réunion. Ni plus, ni moins.

Et Vitalic, programmé plus tard, va démontrer qu’il serait temps que certaines vieillies gloires laissent la place à la nouvelle génération. Surtout s’ils ne sont plus capables de se remettre en question. Perso, je vais laisser la place aux clubbers. Surtout que la journée de samedi s’annonce bien chargée.

jeudi, 14 juillet 2011 02:00

Dour festival 2011 : vendredi 14 juillet

Jeudi 14 juillet : coup d’envoi de la 23ème édition du Dour Festival, et la 20ème  en ce qui concerne votre serviteur. Les organisateurs ont le droit d’afficher un large sourire, puisque le cap des 150.000 tickets vendus a été franchi. Pourtant le temps maussade a de quoi décourager les plus audacieux. Mais, comme les festivals ont plus que jamais le vent en poupe, les records d’affluence y sont légion. Aussi, dans ce contexte, on peut vraiment affirmer que l’extension du site et l’élargissement des chapiteaux couverts sont des idées, on ne peut plus judicieuses.

Arrivée sur la plaine de la Machine à Feu, vers 20 heures. Pas de chance, j’ai manqué la prestation du vétéran Charles Bradley. Or, suivant les échos recueillis, sa soul yankee valait le détour. Tant pis, on s’en passera. Quand un festival programme 200 groupes en quatre jours, on finit toujours par louper l’un ou l’autre artiste ou groupe.

Place donc à Kyuss Lives. Le public est essentiellement constitué de ‘métalleux’. Cette année, encore, les amateurs de stoner et de hardcore sont plus que gâtés. D’ailleurs, sur la même scène, Channel Zero s’était illustré deux heures plus tôt. Tiens pour l’anecdote, le patronyme de ces revenants, belges de surcroît, est inspiré d’une compo de Public Enemy intitulée « She Watch Channel Zero ». Et paradoxalement, le collectif new-yorkais opère son retour, cette année, au festival de Dour (NDR : ainsi la boucle est bouclée). Mais revenons à nos moutons. Ou plus exactement à Kyuss. Orphelin de Josh Homme, puisque ce dernier a décidé de consacrer son temps à l’aventure plus lucrative des Queens of the Stone Age. Le come-back implique donc John Garcia (NDR : dont le projet Hermano a quand même récolté un succès certain), Brant Bjork et Nick Oliveri. Et mieux vaut profiter de l’aubaine, car Nick Oliveri a des démêlés, pour l’instant, avec la justice étasunienne, suite à une sombre affaire de violence conjugale. Trêve de commentaire people. La foule est agglutinée face au podium de la Last Arena. Elle ne souhaite pas manquer une seconde de la prestation des précurseurs du Stoner rock. Les impressionnants amplis Marshall saturent. Le son est crade. Brouillon même. Tout comme le set, d’ailleurs. Un concert qui finalement sera loin d’atteindre le niveau des deux derniers spectacles accordés à l’AB, ‘sold out’ pour la circonstance.  

The Bony King of Nowhere, c’est le projet du Gantois Bram Vanparys. Il est particulièrement populaire en Flandre. C’est d’ailleurs le rédac’ chef néerlandophone de Musiczine, qui me conseille d’aller jeter un œil sur sa prestation. La formation propose un set paisible et agréable à l’écoute. Le son est net. Leur pop oscille quelque part entre Bon Iver et Ed Harcourt. Un groupe qui mériterait davantage de notoriété, au Sud du pays.

La magie du festival de Dour, c’est de pouvoir glisser d’une ambiance à l’autre. Ce n’était pas prévu, mais je me rends instinctivement au Dance Hall. De quoi démontrer la nécessité de bien consulter le petit programme, avant de changer de podium. Ah, tiens, le groupe qui s’y produit répond au nom curieux d’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou. Un souffle d’air frais après le déferlement de décibels encaissés sur la Last Arena. Une bonne dizaine de vétérans constituent le line up de ce collectif. Leurs vêtements sont très colorés. Leur musique est entraînante, aussi de nombreux festivaliers osent le pas de danse. On n’est pas au Bénin, ni dans un festival world, mais l’ambiance est chaleureuse. Elle baigne d’ailleurs au sein d’un mélange de soul, de funk et de salsa. Ou la rencontre entre l’Afrique noire et l’Amérique du Sud. Choix osé, mais visiblement payant, de la part des organisateurs, pour ce groupe qui jouit néanmoins d’une belle réputation dans l’univers des musiques du monde.

Le moment fort de la soirée sera incontestablement la prestation de Foals. Il y a 3 ans, à Dour, il constituait une découverte. Aussi, on attendait la confirmation. Car parfois, le succès (NDR : plusieurs nominations aux NME Awards, cette année) monte à la tête des musicos. Alors que les espoirs placés par les mélomanes sont plus conséquents. Mais le groupe est à la hauteur des espérances. Pas une seule seconde, je n’ai été envahi par l’ennui. A contrario du sentiment communiqué par certaines formations de pop insulaire. Les riffs de guitares sont transcendants. Les interventions électro versatiles. Une touche punk et une autre post-rock agrémentent cette expression sonore parfaitement maîtrisée. Et puis il y a la présence scénique des membres du groupe, particulièrement dynamique. On est ici à des années-lumière des ensembles ‘hype’ aseptisés et stéréotypés reproduits à 10 000 exemplaires. Excellent !

Par contre, et je vais peut-être devoir essuyer les critiques de leurs aficionados, mais le set de Cypress Hill ne m’a guère convaincu. Sûr que les deux vocalistes sont capables de mettre une ambiance de feu. Ils ont la langue facile. La foule est impressionnante. Rarement vu une telle audience devant un podium, à Dour. Posant même des problèmes de mobilité. Mais perso, entendre des ‘yeah, yo’ et ‘fucking ya’ ou au beau milieu du show, un ‘Insane in the brain’, comme si on venait de sortir un vinyle poussiéreux datant de plus de 15 ans, trop peu pour moi…

Donc je décide de déménager au ‘Magic Soundsystem’ pour le concert de Tahiti 80. L’éclairage est plus cosy, reposant. Les lampadaires mauves disséminés sur le podium, reproduisent l’ambiance du ‘rest-room’ d’un hôtel de luxe moderne. Le public est également fort différent. Beaucoup moins nombreux. Quelques centaines de mélomanes. Mais ils sont aussi plus posés et attentifs. Motivés aussi. Même si le chanteur cherche à se rassurer en demandant entre les morceaux à l’audience : ‘Vous êtes sûr que tout va bien à Dour ?’ ou ‘Vous en voulez encore ?’ Le tube « Heartbeat » met tout le monde d’accord. Un set bien rôdé qui me réconcilie avec le groupe. En cause, un concert catastrophique accordé à la Maison de la Culture de Tournai, il y a quelques années. Le tout doublé d’une attitude antipathique. Ce soir, les musiciens semblaient prendre du plaisir entre eux. Et ce feeling s’est propagé au public.

Initialement prévu dans le club-circuit Marquee, c’est finalement sur la Last Arena, et plus tard en soirée, qu’I’m from Barcelona s’est produit. Après avoir publié un premier opus chez EMI (NDR : le très remarqué « Let Me Introduce My Friends »), la bande de joyeux lurons (NDR : ils sont une vingtaine sur scène) est un peu retombée dans l’anonymat. En 2010, leur album « 27 songs » était d’ailleurs exclusivement distribué via internet. Mais 2011 pourrait bien permettre au band de prendre un nouveau départ. D’abord, le combo a signé chez Mute et le titre de leur nouvel album « Forever today », sorti en avril dernier, est teinté d’optimisme. De quoi peut-être voir leur futur en rose. Une chose est sûre, ce soir, la formation suédoise (NDR : non, non, elle n’est pas espagnole…) nous propose une musique colorée. Trempant dans un climat ‘néo hippie’, ‘flower power’, ‘peace & love’ et tutti quanti. Mais il est déjà près de 2 heures du mat’, et il faut encore une bonne heure avant de regagner ses pénates. Donc, il est temps de prendre la route, car la journée de vendredi s’annonce très chargée.

 

mercredi, 20 avril 2011 22:29

Bar-Bari

Titre évocateur pour le nouvel opus du groupe italo-français, L’Enfance Rouge. « Bar-bari » opère un retour en force après un séjour inspirateur au Monténégro. Un opus dont le design original de la pochette, une sorte de planche de BD plutôt sombre et pessimiste, a été réalisé par l’artiste croate Igor Hofbauer.

Après avoir chroniqué le dernier elpee des Young Gods, je m’attaque donc à un ‘similar band’. Car les deux groupes partagent de nombreux points communs. Les compos oscillent sans cesse entre introspection (« Grande survie ») et déferlement de riffs (« Perquisitions »). Les textes nous invitent à la fois au voyage et à la réflexion, entre cérébralisme et vérisme. La voix de François se rapproche de celle, envoûtante, de Franz Treichler. Quant à la charmante Chiara, au backing ou lead vocal, son physique autant que ses intonations rappellent agréablement une Kim Gordon rajeunie (NDR : qui a dit rafraîchie ?)

En outre, on retrouve certains aspects de la musique de Noir Désir, chez l’Enfance Rouge. A cause de cette énergie dispensée. Pensez à « Du ciment sous les plaines » du groupe défunt. Et puis, parce que Bertrand Cantat a été invité à revisiter « Tostaky », à travers « Vengadores », en se servant de percussions tribales.

Une description qui devrait inciter les amateurs de rock français à se procurer cette œuvre. D’une toute autre valeur que propose la plupart des artistes issus de l’Hexagone.

Si vous n’avez d’ailleurs pas eu l’occasion d’assister à leur set accordé dans le cadre des festivals de Dour ou du D’Hiver Rock, sachez qu’ils se produiront ce 19 mai 2011, au Magasin 4. Et que pour la circonstance, le line up sera renforcé par la présence du bassiste de Fugazi, Joe Lally, qui accompagne le band pour sa tournée.

mercredi, 02 février 2011 22:05

Everybody Knows

Il ya bien 20 ans que j’ai perdu le fil conducteur de la carrière des Young Gods. Et plus exactement, depuis la sortie de deux albums incontournables, le superbe « L’Eau rouge » et le plus accessible « TV Sky ». Oui, tout le monde le sait, maintenant, j’ai raté quelques épisodes. D’ailleurs, cet « Everybody knows » constitue déjà le dixième album studio du groupe.

« Blooming » ouvre l’elpee. Un titre plutôt intriguant dynamisé par des beats indus qui auraient pu sortir de la boîte à rythmes de NIN voire de Nitzer Ebb. Franz Treichler y pose sa voix bouleversante, un peu comme s’il nous contait une histoire, au coin du feu. Caractérisé par des accords de gratte davantage bluesy, « No man’s land » rentre carrément dedans. Idéal pour taper dans les murs ou lancer un petit pogo. C’est d’ailleurs l’un des rares morceaux où l’énergie n’est pas contenue. Sur le reste de cet opus, le mélomane a l’impression d’être forcé de se calfeutrer dans un chalet isolé, en pleine campagne, les volets bien fermés, afin d’affronter une succession de tempêtes dévastatrices. Et on a parfois un peu les jetons, comme si on était plongé dans un film d’épouvante, signé Saw. Passé la tourmente, les fenêtres s’entrouvrent et invitent à la découverte.

Il est toujours aussi difficile de coller une étiquette sur la musique des Young Gods. Ambient, indus, electro ou rock ? Le combo s’y est déjà frotté et s’y frotte encore. Les guitares samplées sont toujours bien présentes. Mais le disque recèle des titres novateurs, dans le chef des Helvètes. World ethnique sur « Mr. Sunshine », psychédélisme tout au long de « Once Wgain », une plage de plus de 8’ qui clôt le long playing. On a même droit à quelques touches de lounge sur « Miles away », un morceau qui atteint presque les 10’ !

Manifestement, Franz, le leader charismatique des Young Gods a toujours des idées plein la tête. Et cet « Everybody knows » en est la plus belle illustration…

En concert le 13 avril au Botanique.

 

mercredi, 02 février 2011 21:48

Catch my shoe

A l’instar des Young Gods, The Ex est un autre groupe culte. La légende prétend que leur formation se serait réalisée dans un squat d’Amsterdam. Trente années que la formation batave roule sa bosse sur la scène alternative. Et des groupes comme Sonic Youth, Fugazi ou Sloy les citent en référence.

Et c’est d’ailleurs directement à ces deux dernières formations que je pense, à l’écoute du titre d’ouverture, « Maybe I was the pilot ». Mais très vite mon enthousiasme va s’essouffler. Pourtant, l’opus est produit par Steve Albini ; mais ses 9 titres manquent de subtilité. Et pas seulement parce que le nouveau chanteur Arnold de Boer (NDR : de boer se traduit par ‘le paysan’ en néerlandais, ca ne s’invente pas) ne possède pas le charisme de Sok, membre fondateur, qu’il a remplacé. Il y a bien quelques touches jazzyfiantes ou encore garage qui assouplissent, circonstanciellement, le tranchant des six cordes. Ou encore une compo plus insolite et tempérée, intitulée « Eoyelo », un morceau évoquant la beauté des femmes Gurage, un groupe ethnique de l’Ehiopie, pays dont est passionné le nouveau leader de The Ex. Mais dans l’ensemble, cet opus m’a laissé sur ma faim. Cependant, vu l’aura dont dispose le combo (NDR : son engagement sociopolitique, son concept de distribution DIY et ses prestations ‘live’ fabuleuses), on leur pardonnera ce faux pas. En attendant une prochaine sortie, qui ne devrait tarder, la discographie du groupe se révélant plutôt prolifique…

mercredi, 02 février 2011 21:47

Drac

La France regorge de talents à découvrir. Malheureusement, une poignée de privilégiés continuent de s’accaparer les médias, la TV surtout.

Heureusement, les labels indépendants continuent de faire de la résistance. A l’instar du ‘Folklore de la Zone Mondiale’. Lancée par les Bérurier Noir, cette écurie à notamment sorti de l’ombre des formations comme Ethnopaire, Guarapita ou encore Lucrate Milk. Familha Artús, c’est leur dernière révélation. Son album « Drac » (dragon en Gascon) constitue un véritable produit du terroir. Il sent bon le savant mélange de cultures, la chaleur du pays basque ainsi que la découverte de contrées inexplorées jusqu’alors.

Attention cependant, à moins d’avoir une oreille avertie, cet elpee nécessite plusieurs écoutes avant d’être apprécié à sa juste valeur. Les compos oscillent allègrement du tribal (« Jo vos i voi diser ua cançon ») au futuriste (« Monem »), en passant par le folk, l’ethno, l’urban, l’électro le prog rock et même le métal (« Demens la vila de bordeu »), sans pour autant négliger le groove.

Mais au beau milieu de ce voyage surprenant et agréable, figure un titre étincelant, un véritable joyau à l’état pur, à écouter en boucle : « Capiteni salias ». Une petite merveille. Un véritable chant de bataille de plus de 10 minutes. Et si un clip vidéo devait être consacré à ce titre, il faudrait carrément lui réserver un court-métrage. Et encore, il pourrait servir de BO à lui tout seul !

« Cantem en allegressa » prend le mélomane en otage, le séquestre en terre inconnue, et l’endoctrine afin qu’il rejoigne la cause du collectif. Réellement captivant, cet opus donne envie de découvrir le groupe en live. Leurs prestations accordées sur les planches ont d’ailleurs défrayé la chronique au sein de l’Hexagone (NDR : notamment lors de leur set accordé aux Vieilles Charrues), mais également en Italie et en Espagne. Espérons qu’ils feront bientôt un crochet par la Belgique. Un appel du pied est lancé aux organisateurs.

mercredi, 02 février 2011 21:42

He who saw the deep

Ben oui, j’avais mentionné cet elpee dans mon Top 20 de l’année 2010. Un choix qui a certainement dû s’imposer à tout cadre de la SNCB…

A ce jour la formation insulaire (NDR : de Leeds, très exactement) a publié une poignée de singles, deux Eps et deux elpees. Le premier, « Elegies to lessons learnt » avait donné d’ailleurs donné lieu à une suite sous la forme d’un Dvd réalisé par Ashley Dean (NDR : voir notre chronique à ce sujet).

Première constatation ILiKETRAiNS a changé son patronyme en I Like Trains. Plus facile à écrire quand même. Guy Bannister est toujours bien présent. Et surtout sa voix de baryton. De quoi continuer à communiquer une ambiance caverneuse aux titres. Et à surfer sur la vague du succès des Editors, Interpol, The National, Get Well Soon et consorts. Pourtant, après avoir bien écouté cet opus, il faut reconnaître que le combo commence à se libérer progressivement du stéréotype et surtout à briser une certaine uniformité qui prévalait tout au long du premier long playing. Les poussées de riffs noisy se révèlent davantage atmosphériques. Des chœurs sortent de l’ombre. Bref, si le climat n’est pas nécessairement optimiste, il est néanmoins moins ténébreux et introspectif que sur le premier essai. De quoi se libérer d’une filiation revivaliste post-punk voire d’un héritage ‘joydivisonesque’, auxquels de nombreuses formations contemporaines sont toujours prisonniers. D’ailleurs certaines compos pourraient servir de BO de film. Cependant, le combo a eu le bon goût de ne pas gommer toutes les caractéristiques essentielles de son expression sonore. La voix, bien sûr. Sans trop en faire, quand même. La ligne de basse très 80’s. Et surtout le sens mélodique classieux et évanescent.

Chez un artiste ou un groupe, le second essai est souvent périlleux. En publiant ce « He who saw the deep », I Like Trains vient donc de réussir parfaitement cette épreuve. Tout en empruntant une nouvelle direction. Et c’est tout à leur honneur…

 

Malgré son attitude permanente de rebelle ou son air de ne pas vouloir y toucher, Cali s’est hissé comme l’une des grosses pointures de la scène musicale hexagonale. Variétés ou ‘nouvelle chanson française’ ? Le second choix est sans doute plus gratifiant pour l’artiste. Mais après avoir écouté cet album, on est en droit de se poser la question… On a même l’impression d’avaler une soupe destinée à des bobos qui voudraient juste s’encanailler en compagnie du dernier artiste à la mode ou de se la jouer snob, en dénigrant le dernier elpee d’Indochine ou de Marc Lavoine.

En ouverture, « Je sais ta vie » est pompé sur une rythmique d’Arcade Fire. Tout comme « Ma douleur », d’ailleurs. Mais cuisiné à la sauce française. « L’amour fou » est paru en single. Le refrain est simpliste, mais contagieux. Et au public de bobos à la page, on pourrait y ajouter celui de certains ados ; puisque Cali avait fait appel au Geek Rémi Gaillard, devenu une idole pour les kids pour avoir diffusé des sketches dignes des pires pitreries de Jackass sur le web…

L’elpee recèle quand même des titres plus soignés dans le texte. A l’instar de « Je regarde mes 17 ans » ou l’engagé « Lettre au ministre du saccage… » ; encore que perso, sa prose ne me convainc guère.  

Finalement, seul « Nous serons tous les deux » sort le mélomane de son coma. Les références à Brel ou Brassens sont manifestes, mais pas calquées. En outre, le concours de l’orchestre symphonique de Prague donne une toute autre dimension à la compo.

Maintenant, je ne vais quand même pas cracher continuellement dans cette soupe, car Cali est un artiste généreux et ses prestations un peu folles accordées sur les planches valent la peine d’être vécues. Il a aussi des choses intéressantes à dire (NDR : voir l’interview qu’il avait accordée à Musiczine), mais on aimerait quand même qu’il publie des disques qui tiennent la route. Un peu plus révolutionnaires, si vous préférez. Evidemment, il devrait alors prendre quelques risques. Comme à ses débuts. Pour me consoler, je vais aller réécouter le savoureux album de Familha Artús, également issu d’outre-Quiévrain, dont je vous relaterai la chronique, sous cette même rubrique, la semaine prochaine…

 

mardi, 07 décembre 2010 01:00

Pigalle prend ses quartiers à Bruxelles

Le temps d’une soirée hivernale, Pigalle prenait ses quartiers à Bruxelles. Pas loin de la place Meiser et à deux pas de la RTBF. Le genre de soirée plutôt excitante, à laquelle je pense depuis plusieurs jours. Car même après avoir assisté aux concerts pendant plus de 2 décennies, une certaine effervescence peut encore se déclencher lorsque je retourne voir l’un de mes groupes fétiches.

Et cette effervescence vient aussi de la découverte d’une salle inconnue pour votre serviteur : le Théâtre 140. Dès lors, en compagnie d’autres trentenaires, je n’hésite pas à braver le froid hivernal et à me mettre à la recherche de cet endroit sis en plein quartier résidentiel. Il faut être attentif à bien trouver le numéro 140 d’ailleurs sur cette avenue Plasky, car l’entrée est un peu en retrait, coincée entre deux immeubles.

L’endroit est plutôt atypique, mais agréable. Cet ancien théâtre rafraîchi, dont le bar est à l’entrée, accueille ce soir un public largement situé dans la tranche 35-45 ans (NDR : ce qui change des 15-25 habituels). Mais vu le lieu, certaines personnes âgées, sans doute des abonnés, mais aussi quelques familles avec enfants, sont aussi de la partie. Le tout confère une ambiance assez conviviale et sympathique. On y croise aussi des rockers chevronnés comme les ex-Slugs ou Mimi (ex-Sttellla). Quelques punks nostalgiques ont également fait le déplacement, mais ils ne sont pas très nombreux. Logique : la plupart des mélomanes issus des 80’s du début des 90’s sont maintenant devenus des pères de familles et/ou cadres bien rangés. Les crêtes, tenues de gitans, chemises à carreaux et autres cheveux gras ont laissé la place à des fronts dégarnis, des lunettes et des tenues bien propres.

Mais place à la musique quand même. Sur le coup de 20h30, le groupe entre sur scène de manière plutôt originale. François Hadji-Lazaro déboule tel un saltimbanque, armé de son banjo. A la basse, c’est toujours le fidèle Jean-Charles, dit Boubouch’ (pour sa participation active dans les Garçons Bouchers) qui officie, ainsi que François à la batterie, et Gaël, présenté comme un Breton et visiblement fan de métal, à la guitare. Quant à François Hadji-Lazaro, il manipule une bonne vingtaine d’instruments aussi divers les uns que les autres. Un présentoir impressionnant de cet éventail est d’ailleurs disposé à côté de lui, sur l’estrade.

Les titres vont défiler à vive allure, comme « L’éboueur », « Le Chaland » ou « Les Lettres de l’autoroute ». Et les morceaux phares du dernier opus comme « Il te tape », « Si on m’avait dit » ou « Ils se voyaient 2,3 fois par mois » viennent s’insérer en toute harmonie.

Seul inconvénient de la salle : les places sont assises. Et hormis quelques jeunes étudiants aux premiers rangs qui se lèvent et s’agitent, le public reste calme. Il faut attendre le rappel, pour que François demande à ces jeunes de s’asseoir et à tous les autres spectateurs de se mettre debout. Tout le monde s’exécute dans la bonne humeur. « Dans la salle du bar tabac » puis la reprise de Graeme Allwright « Il faut que je m'en aille » viennent ainsi clôturer le set.

Et non, non rien n’a changé, tout, tout a évolué. Car Pigalle nous a gratifiés d’un bon concert, et son dernier album « Des espoirs » passe plutôt bien la rampe, en live. Ses anciens textes restent toujours d’actualité. Pour l’ambiance c’est sûr ce n’est plus le gros délire d’il y a 20 ans, mais les spectateurs affichaient un large sourire, à la sortie de la salle.

(Organisation Théâtre 140)

 

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