Les visions shoegaze de Pills For Tomorrow…

Pills For Tomorrow est un groupe d’indie pop aux accents shoegaze et psychédéliques, originaire de Grenoble. Un univers musical qui sert d’alternative aux analgésiques. Une invitation au mystique et aux expériences transcendantales. Fondée en 2021, la…

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Concerts

Ghalia Volt

Sans setlist !

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L’Espace Toots du Centre Culturel d’Evere est une très belle salle qui peut accueillir 150 personnes, assises. Elle bénéficie, en outre, d’une excellente acoustique. Ce soir, elle accueille Ghalia Volt. Cette Bruxelloise qui s’est établie à la Nouvelle Orléans pratique, bien évidemment, du blues. Le public est masqué. Espérons que cette situation va bientôt se terminer…

Votre serviteur avait découvert cette artiste en écoutant l’émission radio du dimanche, présentée par Beverly Joe Scott, sur Classic 21, ‘B.J.’s Sunday Brunch’. Ghalia a publié son quatrième LP, « On woman band », en janvier 2021. Elle a écrit ses compos en voyageant à travers les States ; depuis la Louisiane à l’Oregon en passant par le Texas et la Californie. Ou à travers le Mississippi. Pendant un mois et en empruntant le transport ferroviaire. L’elpee a été enregistré à Memphis (Tennessee) au Royal Studio (siège de Hi Records) là où des des pointures du blues et de la country comme Willy Mitchell et Al Green se sont illustrées. Elle y a reçu le concours du bassiste Dean Zucchero (NDR : membre de son backing group) et du sixcordiste Monster Mike Welch.

La scène est plutôt dépouillée. On y discerne la présence de 4 guitares dont deux électriques rutilantes et deux cigar-boxes (une superbe de couleur rouge et une autre ornée d’une plaque d’immatriculation du Mississipi). Quatre spots led sont plantés sur les planches, derrière l’artiste. Dès qu’elle grimpe sur l’estrade, Ghalia annonce qu’elle n’a pas de setlist. Mais tout en privilégiant les morceaux de son deuxième long playing, elle va également nous réserver des titres des opus précédents, de nouvelles compositions, quelques medleys ainsi qu’une cover très couillue du « Lithium » de Nirvana.

Elle est vêtue d’une robe noire et a enfilé des bas-résille de la même couleur. Elle ôte ses chaussures et s’assied sur un siège dont elle ne décollera pas avant la fin du concert. En fait, sa position lui permet de manipuler plus aisément les pédales, la deux caisses (grosse et claire) ainsi que le charleston et les cymbalettes

Ghalia converse énormément avec le public. Et elle est tellement interactive qu’elle lui permet de choisir quelle gratte elle va utiliser pour une chanson. Elle avoue apprécier l’Orval, la fête, le monde de la nuit et signale être insomniaque. Elle doit prendre un avion pour le Mexique le lendemain (via Ryanair ; donc le poids des bagages est limité). Par conséquent, elle ne pourra pas emporter son matos, et tout particulièrement ses deux amplis. Ajoutant que les contacts établis au sein des différents pays qu’elle visite lui permettent de dénicher le matériel pour se produire en ‘live’.

Elle raconte également que 4 jours après avoir passé son permis de conduire à la Nouvelle Orléans (c’était en 2021 !), elle entamait une tournée américaine en emportant l’ensemble de son matos. Elle qui n’avait jamais roulé sur l’autoroute, et ne s’était jamais fait klaxonner !!!!

Traitées à la slide, les sonorités de cordes dispensées tout au long d’« Esperitu Papago » vous flanquent des frissons partout, alors que les percus reproduisent le roulement du train qui traverse le désert californien. Pendant « Evil Thoughts », elle implore ses mauvaises pensées de la laisser tranquille. A l’aide de paroles soignées, elle aborde des sujets au travers desquels chacun se reconnaît, se raccroche. Elle suscite la réflexion chez chaque spectateur.

« Last Minute Packer » laisse une belle place à l’impro. Un titre qui nous plonge dans la vie d’une baroudeuse, bourlinguant d’hôtels en hôtels, de concerts en concerts.

« Meet Me In My Dreams » nous révèle la chance et le plaisir de revoir en rêves une personne décédée qui était appréciée.

Elle rend hommage à Tampa Red, en interprétant, lentement, son « It Hurts Me Too ». Sa voix est granuleuse, rocailleuse même, un peu comme celle de Beth Hart. Une voix qu’elle éclaircit en sirotant un petit whisky.  

« It Ain’t Bad » évoque les débuts de la pandémie aux Etats-Unis.

Energique, « Just One More Time » se nourrit de rock et de rockabilly. En fin de parcours, c’est l’auditoire qui choisit son répertoire.

Au cours de son show Ghalia Volt s’est frotté tour à tour au rhythm’n’blues, rock’n’roll, boogie rock, blues roots et delta blues, tout en ne négligeant ni le groove, ni le rythme. On espère la revoir bientôt en formule full band…

(Organisation : Rock Oasis)


 

Thomas Frank Hopper

Un disciple de Ben Harper…

Écrit par

Ce sera le dernier concert limité à 50 spectateurs au Zik-Zak, à Ittre. Bientôt, il ne faudra plus rester assis par bulles, présenter un CST pour accéder à la salle et porter un masque lorsqu’on se déplace.

C’est la sixième fois que votre serviteur assiste à un concert de Thomas Frank Hopper. Né à Bruges, Thomas Verbruggen, aka Thomas Frank Hopper, est également le chanteur le Cheeky Jack, une formation responsable d’un seul elpee à ce jour, « Black Sheep », paru en 2014. En solo, Thomas a gravé deux Eps, « No Man’s Land », en mars 2015, « Till The Day I Die », en 2019, ainsi qu’un premier elpee, en 2021, « Bloodstone ». Ce soir, Thomas Frank Hopper est soutenu par le guitariste Diego Higueras, le bassiste Jacob Miller, le drummer Nicolas Scalliet et, c’est une nouveauté, un préposé aux claviers.

Le set d’ouvre par le titre maître de son album, dont il va nous en réserver de nombreux morceaux. Mais également quelques compos qu’il n’a jamais interprétées en ‘live’. Il raconte qu’il a vieilli (comme tout le monde) et signale qu’il faut profiter du moment présent, parce qu’il est unique. Et qu’il ne faut pas oublier de prendre du bon temps.

Dans sa musique on ressent, parmi ses influences, celles du Led Zeppelin (et pas seulement à cause de sa voix qui rappelle celle de… Robert Plant) de John Butler et de Jack White. Faut dire que sa musique est fondamentalement blues/rock.

Thomas Frank Hopper prend de plus en plus d’assurance sur les planches. Il passe avec une facilité déconcertante de la gratte électrique à la steel guitar qu’il joue assis, à la manière de Ben Harper. Son bootleneck y glisse naturellement, que ce soit à la lap steel ou en slide. Quand il s’arme d’une sèche, c’est en solitaire ; le public est alors particulièrement attentif et on n’entendrait pas une mouche voler.

Sa musique est particulièrement ancrée dans les 70’s, et l’utilisation d’amplis vintage ainsi que de synthés qui reproduisent els sonorités d’un orgue Hammond ?) accentuent cette impression. Le lightshow devient aveuglant lorsque les guitares se chargent d’intensité maximale.

On épinglera quand même « Come Closer », un morceau qui, à la fois, remue vos tripes et caresse vos tympans. A vous flanquer des frissons partout !  

Un excellent concert qu’il aurait été agréable de savourer dans la salle, pleine à craquer, dans l’esprit du blues/rock… A conseiller vivement, si vous êtes fans de Ben Harper.

Thomas se produira en supporting act d’Eiffel au Botanique, le 13 avril 2022. Si vous adorez Ben Harper, ne le manquez surtout pas ! D’autant plus que sur les planches, le groupe déménage littéralement. Votre serviteur, en tout cas, est convaincu de son talent…

Setlist : « Bloodstone », « Tales From The Rail », « Into The Water », « Crazy Mojo », « Cold Meat », « Change », « Mad Vagabond », « Dirtylicious », « Come Closer », « The Sinner », « Mississippi », « Bad Busines », « Savages », « Thousand Suns », « Whipping Boy », « SBMSB », « Till The Day I Die ».

Organisation : (Rock Nation et Zik-Zak)

(photos Philippe Ruelle ici)

 

Hillary Step

Après la Citadelle, les Alpes ou les Pyrénées ?

Écrit par

Vu les mesures imposées par le Codeco, le Zik-Zak, à Ittre, ne peut, pour l’instant, qu’accueillir 50 personnes assises, invitées à respecter la distanciation sociale de 1,50 m et pour lesquelles le masque est obligatoire, lors de tout déplacement. Après Alpha, place à Omicron ; quand cette foutue pandémie va donc s’achever ?

Ce soir, c’est Hilary Step qui se produit dans la salle brabançonne. Né en 2013, ce quatuor compte à son actif deux Eps (« Bad Debt » en 2016 et « Entry point » en 2018) et un premier elpee (« Death In D Major »), paru l’an dernier. Un opus qui a bénéficié du concours technique et artistique d’Alonza Bevan (Kula Shaker, Johnny Marr and the Healers) ainsi que d’Erwin Autrique (Noir Désir, Louise Attaque, Renaud, Bashung) au mixing et au mastering.

Le line up réunit le drummer Cyril Wilfart (animateur de Classic 21), Maxime Ronce à la basse, Iliya Chakir à la guitare ‘lead’ et Martin Bérard au chant et à la rythmique.

Le set s’ouvre par l’énergique « Catch My Eye », un morceau qui nous replonge dans les eighties, en puisant ses références aussi bien chez XTC que Big Country. « Halfway There » se distingue par ses superbes harmonies vocales, ses solos de guitare inspirés et envoûtants ainsi que sa mélodie imparable. Le drummer s’en donne à cœur joie aussi bien sur ses fûts que les cymbales. Faut dire que la section rythmique est particulièrement solide. Une chose est sûre, le band est motivé pour se produire devant un public, même réduit, ce soir.

Plus folk, « Reborn » est un titre empreint de douceur. A contrario, nerveuse, « 5 minutes » constitue probablement une nouvelle compo.

« Here be Dragons » et « Madison grey » baignent dans l’americana. Encore que certaines sonorités texanes s’infiltrent insidieusement dans la solution sonore. La voix de Martin évoque tout à tour celle de Tom Robinson ou de Barry Hay (Golden Earring).

Sir Edmund Hillary a été le premier néo-zélandais à gravir l’Everest en 1953. Et ‘Hillary Step’ était (elle a été détruite en 2015, suite à un tremblement de terre) une paroi rocheuse presque verticale d'une hauteur d'environ 12 mètres située sur ce Mont Everest à environ 8 790 mètres. Hilary Step se contente cependant de grimper jusqu’en haut de la Citadelle. Mais il a l’explosivité pour y parvenir aisément. Prochaine étape, les Alpes ou les Pyrénées ? Un chose est sûre, le set était bien rock et si vous souhaitez vous faire une petite idée du potentiel de cette formation namuroise, n’hésitez pas à écouter son premier LP, « Death In D Major ». On vous le recommande vivement !  

Setlist : « Catch My Eye », « Halfway There », « Reborn », « Orphan Disease », « 5 Minutes », « Sleep Alone », « Here Be Dragons », « Madison Grey », « A Bear With My Dad », « Alone Above All », « A Horse That Never Dies », « Later Days », « Ghost Town », « Bad Debt », « This Song ».

Organisation : Le Zik-Zak, Rock Nation


 

BRNS

Davantage ouvert à l’expérimentation…

Écrit par

Direction l'Aéronef, chouette salle de concerts située à Lille, au sein du bâtiment d'Euralille dessiné par Jean Nouvel, à proximité de la gare de Lille-Flandres.

Paradoxe, un artiste et un groupe belges sont passés outre-Quiévrain, histoire de démontrer à nos amis français, toute la richesse musicale affichée par le plat pays.

Les interdictions sont encore nombreuses. Hors de question de rester debout et de se déhancher. Quelque trois ou quatre cent chaises oranges (ringardes et peu confortables) ont été placées en rang d'oignon dans la fosse. Inutile de préciser l’impossibilité d’accéder aux gradins de l’étage, car les vigiles font respecter les règles !

Si les nombreuses plaques d’immatriculation belges laissaient supposer que de nombreux compatriotes ont décidé de rejoindre votre serviteur, l’accent ch'ti de la plupart des visiteurs, prouve une fois encore que l’exception confirme la règle.

Antoine Wielemans assure le supporting act de BRNS (prononcez brains). Si son nom est peu répandu auprès du grand public, l’artiste est pourtant l’un des deux fondateurs/compositeurs/chanteurs de Girls in Hawaii.

Après avoir accompli une tournée marathon en compagnie de son groupe, Antoine a ressenti le besoin de se ressourcer à Vattetot, petit village normand isolé derrière les falaises et la mer. C’est alors que l’écriture dans sa langue maternelle lui est apparue salutaire.

De quelques mots couchés sur le papier, une histoire polymorphe s’est peu à peu dessinée dans un savant mélange de douceur et de mélancolie joyeuse. C’est ainsi qu’est né ce premier disque fort prometteur.

L’approche de la prestation de ce soir est intimiste. Wielemans se plante au centre du podium armé d’une guitare branchée sur des pédales à effets. A sa gauche David et à sa droite Laetitia. Tous deux sont préposés aux claviers.

Le chanteur belge est parfaitement intégré dans ce qui pourrait être plus qu’un simple essai.

Dès les premières notes, un couac technique nécessite l’intervention de l’équipe. Très vite, « Sel », sur trame du thème de la mort, fait oublier ce petit incident. Caractérisé par ses envolées féeriques au piano, ce titre illustre toute l’étendue d’un répertoire velouté, aux antipodes de celui qu’il nous avait habitués chez Girls in Hawaii.

« Bruxelles », entre nostalgie et crise identitaire, capture les lendemains d’ivresse et les gueules de bois pour ensuite se plonger dans la mise en abîme d’une « Poésie » où le chanteur charismatique s’interroge quant à la portée de cette chanson. Une pensée très manichéenne à laquelle personne n’a trouvé de réponse.

Surprenant, « Samedikea » prend un sens relatif lorsqu’on sait que le trio se produit juste au-dessus d’une grande surface. Une chanson écrite comme si le leader était dans la peau d’un adolescent d’aujourd’hui, plongé dans le monde qui nous entoure et face à ses perspectives.

L’atmosphère douce et apaisante de « Ici », laisse transpirer un certain spleen plein d’humilité. Une compo qui colle parfaitement à l’air naturellement rêveur du compositeur.

Alors que la période hivernale tire doucement sa révérence, « Fin d’été » et sa ligne de trompette, rythme ce rapport dichotomique entre les ballades torses nus, short et tongs et la micro déprime de cette fin de saison.

Le set prend doucement fin. C’est alors qu’à la surprise générale, Antoine reprend Nino Ferrer pour ensuite embrayer par « Blanche », une chanson un brin électro qui aborde de nouveau le sujet de la mort…

Enfin, après une heure d’un show aussi déconcertant que passionnant, Antoine Wielemans quitte les planches, guidé par un « Chien », une version plutôt personnelle de thérapie solitaire.

A l’aide de sa guitare acoustique jouée en picking, quelques nappes de synthé, et une boîte à rythme pour les percussions, Wielemans a vraiment été très inspiré par le grand air de la Normandie.

Un show feutré, doux et amer qui lui va comme un gant.

Les membres de BRNS grimpent sur l’estrade. Le temps de quelques réglages et le show peut commencer. Les musicos ont tous enfilé des salopettes. Ils ressemblent, à s’y méprendre, à Mario et Luigi, les deux personnages de Mario Bros.

Antoine Meersseman (basse/chœurs) et Tim Philippe (batterie/chant), à la suite d’un nouvel-an arrosé, décident de créer un projet commun. Diego Leyder (guitariste) et César Laloux (multi-instrumentiste) les rejoignent peu de temps après.

Depuis, Laloux s’est lancé dans une nouvelle aventure (Mortalcombat) en compagnie de Sarah Riguelle (Italian Boyfriend), tandis qu’Antoine, s’est lui aussi échappé du groupe, en incarnant le corps et l’esprit de Paradoxant, le temps d’une parenthèse.

Le set prend forme par un « Void » qui donne le ton ! Une compo où la gravitation et la lévitation s’entrechoquent pour emmener le public dans une direction à mille lieues de la précédente.

« Money », titre sauvagement psychédélique, à la veine un brin électronique, évolue parfaitement dans la culture musicale du quatrième album de la formation. Intitulé « Celluloid Swamp » ce disque est davantage ouvert à des sonorités plus expérimentales voire radicales…

Il faut attendre le brillantissime « Light Houses » pour entendre la voix de Nele de Gussem, la claviériste qui a succédé à Laloux.

Que ce soit avec « Mess », un titre de 2016 clipé par un de leurs potes ou encore « My head into you », la structure musicale de BRNS repose sur une savoureuse combinaison batterie/voix, rapidement identifiable. Riffs de guitares et beats syncopés s’entrechoquent autour du grain de voix de Tim.

Les chansons s’enchaînent à un rythme effréné. Entre électro, pop et r&b, « Profond Pressure », « Suffer » ou encore « Inverted » se révèlent à la fois voraces et entièrement futuristes ; ce qui démontre, sans doute, qu’il y a chez ce combo une volonté de s’éloigner de la banalité, l’expression sonore dégageant en effet un profil moins gnangnan au fil des albums.

Caractérisé par le drumming tentaculaire de Meersseman, le trio belge sort de sa zone de confort afin de nous offrir un univers plus osé sur fond de maturité, tout en conservant cet espace de liberté qui lui permet de proposer un produit à la fois plus élitiste et avant-gardiste.

Avant de clore le set, BRNS revient, sous l’insistance du public, pour attaquer le surprenant « Mexico ». Nonobstant sa complexité rythmique, c’est cette compo, issue du premier Ep « Wounded », qui l’a fait connaître auprès du grand public.

Un seul regret, l’absence de « Clairvoyant » dans la setlist, un titre éliminé du répertoire de BRNS, semble-t-il…

(Organisation Aéronef)


 

The Limiñanas

Hanté par les spectres de Can et de Spacemen 3…

Écrit par

The Limiñanas est un collectif français fondé par Marie et Lionel Limiñana, en 2009. Epoux à la campagne comme sur scène, ils sont issus de Cabestany (c’est près de Perpignan), dans les Pyrénées-Orientales. Considérée outre-Quiévrain comme une des plus créatives sur la scène hexagonale, la formation compte à son actif six albums sous son patronyme, une bande originale de film et deux opus cosignés. Un en compagnie de Pascal Comelade et le dernier (il est paru en septembre dernier), de Laurent Garnier. Le duo a aussi bossé, notamment, en compagnie de Peter Hook, Etienne Daho, Bertrand Belin et surtout Anton Newcombe (The Brian Jonestown Massacre). Ces deux derniers ont ainsi collaboré au projet l’Epée, tout comme Emmanuelle Seignier, mais également sur le cinquième LP du band, alors que le leader de TBJM a mis en forme « Shadow people », en 2017. Pour en revenir au dernier long playing « De pelicula », signé conjointement par The Luminañas et Laurent Garnier, il s’agit d’une forme de ‘road trip’ racontant l’histoire de deux amants, auquel le Dj, producteur et compositeur a intégré ses beats. Mais c’est sous la forme d’un septuor que le combo se produit, ce soir, à l’Aéronef de Lille.

La barbe en broussaille, Lionel se consacre à la guitare et Marie aux drums (une grosse caisse et un tom à plancher). Ils occupent une position centrale. A gauche, se plante un des deux vocalistes, le Chilien Edi Pistolas, derrière ses machines et deux djembés. A l’extrême droite, Renaud Picard, l’autre chanteur est armé d’une semi-acoustique. Très en retrait, la plupart du temps assis, un autre barbu (NDR : serait-ce le frangin de Lionel ? En tout cas, il lui ressemble) se charge de claviers, de machines, mais surtout de plusieurs guitares, dont une Fender Jaguar. Aussi bien coiffé que Dirk Frimout, Ivan Telefunken, le troisième sixcordiste, manipule également une boîte à bidouillages qui lui sert de thérémine. Sans oublier le bassiste.

Le set s’ouvre par « Saul », une compo cinématographique (Ennio Morricone ?) dont la voix off semble hantée par Serge Gainsbourg. Plus funky, mais dans l’esprit d’Isaak Hayes, « Juliette dans la caravane » reproduit un schéma vocal similaire. Mais « Je rentrais par le bois… BB », malgré ces initiales, plonge déjà dans une forme de psyché-space-kraut-rock réminiscent d’un Hawkwind qui aurait opté pour la boîte à rythmes. Le début du show est bien équilibré et « Istanbul is sleepy » ainsi que l’hymnique « Shadow people » adoptent un profil mélodique que n’aurait pas renié Dandy Warhols. Et la petite sonorité de clavier vintage n’est pas étrangère à cette impression. Mais petit souci, on n’entend pas toujours très bien les paroles, même si les compos sont, en général, essentiellement instrumentales. Et puis, la structure des compos est souvent similaire. Un début plus ou moins pop, un riff hypnotique avec des boucles, puis l’expression sonore monte en intensité, de manière à créer une forme de transe, les musicos préposés à cet effet ne lésinant pas sur les digressions électriques et les bidouillages pour s’enfoncer dans une forme de tumulte (dé)sorganisé, parfois pendant de longues minutes, le drumming métronomique de Marie servant de fil conducteur. Et au fil de ces morceaux, les spectres de Can (NDR : pas étonnant puisque le groupe reprend son « Mother Sky ») et surtout de Spacemen 3 se mettent à planer. Ce qui au bout du compte n’est pas déplaisant, mais sans doute trop répétitif aux oreilles de votre serviteur. Heureusement, The Limiñanas nous réserve quelques moments de respiration ; à l’instar du très eighties « Funeral baby » (?!?!?) et du plus atmosphérique quoique mid tempo « Au début c’était le début », que chante Renaud Picard d’une voix qui emprunte curieusement les inflexions à Bashung. Par contre, le vindicatif « Que calor ! », vociféré dans la langue de Cervantès, ne passe vraiment pas la rampe et souffre de carence mélodique. Tout au long de la prestation, des extraits de films en noir et blanc sont projetés sur trois écrans en arrière-plan. Elles sont d’abord mues par un mouvement circulaire, avant que n’y défilent des images de Jeanne-Moreau, Romy Schneider, Lino Ventura, Can et bien d’autres…  

Marie se consacre au micro lors du premier titre du rappel. Elle interprète d’une voix laconique « Je m’en vais », même si elle reste sur place et reprend ses sticks afin de participer à un des moments les plus brillants du concert, à travers « Teenage kicks », la cover des Undertones. C’est Telefunken qui chante ce titre d’un ton quelque peu amusé avant de se déchaîner sur sa gratte devant son thérémine. Le concert va s’achever par une autre reprise, en l’occurrence « The Train Creep A-Loopin » de Tiny Bradshaw (un chanteur, pianiste, batteur et compositeur américain qui s’est illustré dans l’univers du jazz, puis du rhythm and blues, entre le début des années 30 et la fin des fifties), dans une version psyché-kraut-rock complètement déjantée et de nouveau dans l’esprit d’un certain… Spacemen 3 voire de Loop…

Sur le chemin du retour, Ludo, notre photographe, expliquait que la présence d’Anton Newcombe à la guitare et d’Emmanuelle Seignier au chant, lors du concert de L’Epée avaient apporté davantage de relief aux compos, et tout particulièrement les plus ‘motorik’, que nous avons estimées, ce soir, un peu trop monocordes…   

La première partie était assurée par Howlin’ Jaws, un trio guitare/(contre)basse/batterie parisien dont la musique s’inspire tantôt du rockabilly ou de la pop des 60’s. Les trois musicos participent aux vocaux et soignées, leurs harmonies vocales rappellent parfois celle des Beatles…

Voir aussi notre section photos ici

 

(Organisation Aéronef)

Setlist

Saul
Je rentrais par le bois... BB
Last Picture Show
Istanbul Is Sleepy
Shadow People
Juliette dans la caravane
Dimanche
The Gift
Funeral Baby
Crank (The Beach Bitches cover)
One of Us, One of Us, One of Us...
Que Calor!
Au début c'était le début
Ghost Rider
Mother Sky (Can cover)
Steeplechase

Rappel  

Je m'en vais
Teenage Kicks (The Undertones cover)
The Train Creep A-Loopin (Tiny Bradshaw and His Orchestra cover)

Gabriel Rios

Sur la route des Caraïbes et de l’Amérique latine…

Écrit par

Gabriel Rios a publié son cinquième elpee, « Flore », en février dernier. Une œuvre qui recèle de véritables hymnes à la musique d’Amérique latine et des Caraïbes. Des morceaux qui remontent à l’enfance de son père et de son grand-père. Des chansons qu’ils auraient adoré l’entendre chanter. Une concoction enivrante à la fois nostalgique et iconoclaste qui redécouvre une culture musicale qu’il a laissé derrière lui depuis plus de vingt ans, lorsqu’il a quitté Puerto Rico pour l’Europe. Cet album n’est pourtant pas seulement un hommage aux classiques latinos, c’est également une réalisation qui reste fidèle aux arrangements et à l’instrumentation de la Salsa Nuyorican des années 60 ainsi qu’aux anciennes ballades populaires mexicaines et cubaines. Mais également un vibrant hommage à son père musicien, atteint de la maladie d’Alzheimer. C’est cet opus qu’il va défendre, ce soir, sur les planches de l’Ancienne Belgique, en mode AB Flex, c’est-à-dire, configurée en places assises. Et le concert est sold out. 

Le supporting act est assuré par la pétillante Emmy D’Arc. Issue de Hasselt, dans le Limbourg, c’est la première fois qu’elle foule les planches de l’AB.

De son véritable nom Ine Tiolants, elle est aujourd’hui âgée de 24 printemps, et avait remporté le ‘MNM Rising Star’, en 2018. Depuis, elle a décidé d’opter pour un pseudonyme. Elle adore interpréter des reprises de ses artistes préférés, et tout particulièrement des chansons signées Bruce Springsteen, Eddie Vedder et Johnny Cash ou encore Sinéad O'Connor et Dixie Chicks.

Il y a déjà pas mal de monde dans la salle, quand Emmy grimpe sur l’estrade. Elle ouvre le set par le nerveux « My Silver Lining » et embraie par son premier single « The Odds » que le public semble vraiment apprécier. « I’m Alright » est davantage propice à la sérénité. Sa voix y est haut-perchée ; une voix tour à tour perçante, sucrée ou salée qui rappelle celle de Selah Sue. Elle a trois guitares à sa disposition. Deux semi-acoustiques et une électrique dont elle ne se servira qu’à une seule reprise. Derrière son sourire ravageur, se cache manifestement une perfectionniste qui ne manque pas d'ambition. A l’instar des icônes qu'elle admire, elle s'inspire de sa propre vie, des pensées qui flottent et rebondissent dans sa tête. Sculptée dans l’americana, « One Of The Weak » est une autre compo paisible, empreinte de délicatesse et de douceur. Dans l’imaginaire, on s’imagine traverser les grandes les plaines de l’Ouest américain. On attend impatiemment son premier Ep. Un grand talent en devenir…  

Pour les photos c’est

Setlist : « My Silver Lining », « The Odds », « I’m Alright », « One Of The Weak », « Reveal », « Walk », « Mercedes Benz », « Troy ».

C’est la neuvième fois que votre serviteur assiste à un concert de Gabriel Rios. Ce soir, il va nous livrer une prestation semi-acoustique. Il est soutenu par son fidèle, Ruben Manama, à la contrebasse et aux chœurs. Ce dernier se plante à proximité d’un piano imposant de couleur noire, d’une gratte et de son instrument de prédilection. Pas de trace de la violoncelliste Amber ; et c’est bien dommage ! Armé de sa six cordes, Gabriel s’installe du côté droit, devant un micro au pied duquel il a posé une percussion électronique. Il est sobrement vêtu d’un jeans et d’un tee-shirt. Cool, il présente chaque morceau ; et le public, qui connaît parfaitement les paroles des chansons, reprend très souvent les refrains en chœur.  

D’habitude, Gabriel entame ses shows par sa version du « Voodoo Chile » de Jimi Hendrix, seul à la gratte. Une forme de rituel… qu’il n’accomplira pas ce soir. Judicieux, le light show met bien en exergue les deux musicos, même si Gabriel est davantage sous le feu des projecteurs, notamment à travers les lumières qui convergent vers la foule. Un étrange contraste d’ombres et de lumières communique une ambiance différente à chaque titre. De temps en temps, Ruben pousse un cri ; et notamment lorsqu’il siège derrière les ivoires.

Mélange détonant de swing, de rock et de funk et parfois de jazz, la musique de Rios ne manque pas de charme, mais aujourd’hui elle baigne inévitablement dans une ambiance latino.

L’intégralité de « Flore » sera passé en revue au cours du set, mais dans le désordre. Et lorsque le duo attaque le titre maître, Ruben se lèvre et empoigne sa contrebasse, il frotte délicatement ses cordes avec un archet, alors que Gabriel dispense de délicates notes de ses cordes. Le voyage vers les Caraïbes et Porto Rico et l’Amérique Latine est impressionnant.

Le set de 75 minutes se terminera par une version épurée de « A caballo vamos pal' monte » du Buena Vista Social Club. Et c’est encore par une cover de la célèbre troupe cubaine, « El Carretero », que Rios entame le rappel, un collectif que votre serviteur avait eu l’opportunité de voir en ‘live’. Quel merveilleux souvenir, d’ailleurs ! Enfin, cerise sur le gâteau, le concert s’achève par le bouleversant « Gold ».

Musicien talentueux, chic et sexy, Gabriel séduit toujours autant sur disque que sur scène. Alliant tendresse, technique qualité et simplicité, son spectacle, ce soir, est passé trop vite…

Pour les photos, c’est ici

(Organisation : Ancienne Belgique et Live Nation)


 

The Hives

Un bon moment de rock’n’roll

Écrit par

Il y a 23 mois que votre serviteur n’avait plus assisté à un concert. Et finalement, celui de The Hives était une excellente opportunité pour reprendre le chemin des salles, vu sa réputation de groupe ‘live’. Hormis quelques singles, le band n’a rien sorti de neuf depuis 2012 ; et son dernier album remonte à 2012 (« Lex Hives »). On doit donc s’attendre à une setlist qui privilégiera les hits.

La salle est déjà bien remplie lorsque The Dahmers grimpe sur l’estrade. Egalement un combo suédois qui accompagne la tête d’affiche pour cette tournée. Avant que le set ne démarre, les baffles crachent « It's Not Unusual », un hit de Tom Jones qui remonte à 1965 ! Les quatre musiciens sont vêtus de noir, un squelette blanc dessiné sur leur combinaison. Deux d’entre eux, dont le lead singer se servent d’une guitare ‘flying V’, comme de nombreux solistes, dans l’univers du metal. D’ailleurs la musique proposée trempe dans une forme de garage aux accents métalliques, et tout particulièrement à travers les soli de gratte. Au bout de quelques morceaux, les références se dévoilent, oscillant des Ramones à Kiss, en passant par Thin Lizzy et les Misfits. Le line up est complété par un bassiste et un drummer. Le patronyme du band est inspiré du célèbre tueur en série, Jeffrey Dahmer, et reflète le goût du groupe pour les films d’horreur. En fait, c’est après avoir fêté une fête Halloween, en 2011, que les musiciens ont eu l’idée d’opter pour ce look.

Le set est énergique, très électrique, mais pas toujours très rigoureux, perdant ainsi en efficacité ce qu’il gagne en impétuosité. Moment insolite, lorsqu’au milieu du concert, le chanteur/guitariste troque sa six cordes contre un accordéon, apportant ainsi à la compo un air de guinguette qui sent bon la France. Et finalement, le public réservera au quartet un accueil plus que favorable, reflétant ainsi encore un besoin urgent, aussi bien pour les musiciens que l’auditoire, de revivre des concerts…

L’entrée en scène de The Hives est saluée par un tonnerre d’applaudissements. Tout d’abord, la section rythmique, puis les deux guitaristes. Et enfin Howlin’ Pelle Almqvist. Qui crie à plusieurs reprises « Come on ». C’est le titre qui ouvre le set, mais aussi une invitation à participer la fête. Et la réaction est immédiate dans la foule. Les gobelets de bière voltigent dans les airs, arrosant collatéralement, les spectateurs, dans la fosse. Près du podium, les exercices de crowdsurfing se multiplient. Un remue-ménage qui va durer tout le concert. Sur les planches, Almqvist fait le show. Il jongle avec son micro à la manière de Roger Daltrey, balance son pied de microphone comme un punching-ball, bondit, harangue la foule, l’invite à agiter les mains ou à les frapper en cadence, arpente l’estrade de long en large ou descend dans l’arène pour serrer des mains, et se laisse même porter par la foule. En fin de morceau, il prend régulièrement la pose d’une rock star. Petit bémol, il un peu trop tendance à ressasser les mêmes slogans, parfois longuement entre les morceaux, en français ou en anglais, (‘les filles, criez… les garçons criez… les garçons et les filles, criez…’), ce qui finalement ne permet pas à l’intensité du show d’atteindre son paroxysme. Deux roadies (également préposés aux percus et au pré-mixing), déguisés en ninja, se multiplient aux quatre coins du podium pour accorder les guitares, remettre le matos en place, tester un micro ou donner du mou à son câble, lorsque le vocaliste s’aventure dans la fosse… Quant aux musicos, ils sont vêtus de costumes noirs traversés de motifs d’éclairs blancs. Et quand les lumières s’éteignent pendant le spectacle, ces éclairs fulgurent dans l’obscurité. Mais au fil du concert, les musicos vont finir en chemise… détrempée… Derrière le groupe, une immense toile est tendue sur laquelle est imprimée son patronyme, en lettres caractéristiques, qu’il utilise depuis plus de 20 ans.

Des accents empruntés à Franz Ferdinand et aux Black Keys (ce riff de guitare !) pimentent « Won’t be long ».  Le drumming devient tribal (NDR : il est vraiment balaise, ce Chris Dangerous) pendant « Walk idiot walk », un morceau aux accords de grattes décapants. Les Paranoiacs hantent « Hate to say I told you so », un morceau au terme duquel, le batteur monte sur ses fûts. Pelle invite un jeune spectateur à prendre la place du bassiste, pendant deux ou trois minutes, et le gars s’en sort plutôt bien.

Il récupère un enfant de 10 voire douze ans, dans la fosse, masqué et casque sur les oreilles, parce qu’il se rend compte du danger créé par les mouvements de foule et l’installe en sécurité, à droite du podium.  

Le rappel est inévitable et la formation attaque « I’m alive », son titre le plus pop. Alqmvist annonce la grande finale, « Tick, tick boom », que la foule reprend en chœur. Le groupe se perd dans un drone de 30’, puis les musiciens restent figés comme des figures du musée Tussauds, pendant deux à trois minutes. Pelle n’oublie pas de présenter longuement ses musicos, avant que la formation ne reprenne le morceau en cours. Il demande à la foule de s’asseoir, et insiste pour qu’elle s’exécute. Et lorsqu’elle se relève, c’est dans un élan de folie, qu’elle participe enfin à l’explosion ultime…

Après la distribution des sticks par le batteur (adroit, il parvient à les envoyer jusqu’au balcon !), c’est bras-dessus, bras-dessous que le quintet et les deux ninjas viennent saluer l’auditoire, Pelle promettant de revenir très bientôt se produire dans la salle lilloise. On a quand même vécu un bon moment de rock’n’roll, et ça, ça fait du bien…

Setlist

  1. Come on
  2. Main offender
  3. Go right ahead
  4. Paint a picture
  5. Won’t be long
  6. Good samaritan
  7. Walk idiot walk
  8. Two timing touch and broken bones
  9. My time is coming
  10. See through head
  11. Hate to say I told you so

Rappel

  1. I’m alive
  2. Try it again
  3. Tick tick boom

 


 

Girls In Hawaii

Un tableau arc-en-ciel juste avant l’hiver…

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Les Girls in Hawaii ont effectué une dernière escale à Soignies, le temps d’un set qui marquera la fin de la tournée de cette année. Une date qui restera ancrée, sans doute, dans la mémoire collective.

Le Centre culturel est plein à craquer, signe de la popularité du groupe brabançon. Une image qui détonne alors que la pandémie frappe une nouvelle et énième fois le plat pays.

Fort heureusement, les Sonégiens ont mis en œuvre des contrôles très stricts ; le fameux CST et la carte d’identité devaient être présentés. Avec pour effet qu’hormis quelques marginaux, la quasi-totalité des participants avaient laissé tomber le masque. A tort ou à raison, chacun jugera.

Diminutif de Loïc, Lo assure le supporting act. Tantôt assis derrière son clavier ou aidé de son pad électronique, le jeune Bruxellois, nouvel étendard de la curiosité musicale belge, se fend d’un slam mêlé de tendresse et de spleen sous un beat puissant.

Il est venu défendre un premier Ep découpé en six morceaux, « Parades », dont les clips ont été réalisés par Simon Vanrie (Girls In Hawaii, Stephan Eicher). La plupart de ces titres ont été écrits fin 2017, début 2018. Ensuite, la Covid est passé par là, mettant entre parenthèses le projet. Un temps nécessaire qui lui a permis de le retravailler et de peaufiner ses compos. Tout juste pour le meilleur.

Du haut de ses 28 berges, le slameur baigne dans la musique depuis qu’il a 16-17 ans. Le piano, dont il avait appris les bases plus jeune, lui permet aujourd’hui de mettre en musique le trop plein d’émotions et d’y développer un univers singulier, introspectif, mais parfois un brin autocentré.

Il attise la curiosité grâce à des chansons vraies, une écriture ciselée et pas mal de candeur. On y sent en tout cas l’influence de Nekfeu dont il est un fan de la première heure. Ou encore de rappeurs français et belges, comme la Fonky Family, IAM ou MC Solaar, dont il s’est également imprégné du style, jadis.

Entre rires et larmes, ce jeune garçon « Mort-Né » rayonne en affichant une palette de compositions contemporaines riches, intelligentes, humaines et proches du peuple.

LO est devenu une valeur sûre. Un de ces artistes derrière lequel se cache une entité à la fois complète et sans fausse pudeur.

Si le public scande de le voir à poil sur scène, lui, sans se laisser démonter, promet de s’exécuter… peut-être plus tard.

Un set parfaitement maîtrisé et surtout une sacrément belle surprise !

Après une pause d’une dizaine de minutes, Antoine Wielemans, Lionel Vancauwenberghe et leurs acolytes montent sur le podium et attaquent  « Organeum ». Une plage issue de « From Here To There », elpee paru en 2004 qui leur a permis de devenir, à l’instar de dEUS, l’un des porte-étendards du rock belge.

Quelques minutes plus tard, « Indifference » et ses loops synthétiques venus tout droit de « Nocturne » sont martelés en guise de refrain aux aficionados venus en nombre. Histoire de chauffer la salle.

L’ombre de feu Denis Wielemans qui militait derrière les fûts et décédé tragiquement d’un accident de la route en 2010, plane toujours. Un vibrant hommage lui est rendu à travers le magnifique « Misses », tiré du gargantuesque « Everest ». Un joli clin d’œil tirant un trait sur le deuil et à cette résilience nécessaire auxquels le combo a dû faire face, il y a quelques années.

L’atmosphère s’électrise inexorablement. C’est alors que le batteur s’enivre avec charley, ride, caisse claire et grosse caisse sur l’entraînant « This Farm Will End Up In Fire ». Une chanson où la tessiture vocale du singer, légèrement éraillée, prend tout son relief pour laisser rapidement place à « Time To Forgive The Winter », un morceau qui prend à nouveau une place de choix depuis le lancement de cette nouvelle tournée.

La précision du jeu des uns et des autres est impressionnante. Et « No dead » en est une autre démonstration, notamment quand la rythmique syncopée et les chœurs viennent lécher encore un peu plus ce tableau arc-en-ciel. Aucun doute, le groupe n’a rien perdu de son potentiel en près de deux décennies.

Il faut attendre « Bees and butterflies », morceau doucement mélancolique et à la douceur âcre et mielleuse, pour retrouver un brin de sérénité, chaque membre du band conjuguant en chœur le refrain entêtant.

Le forcément légendaire « Switzerland » où électro et piano s’allient parfaitement au service de la chanson, vient encore quelque peu raviver le feu sacré du combo, juste avant que les flammes ne s’extirpent naturellement par un « Rorschach » et son flot de guitares salvatrices et saturées. Un pur régal !

« 9.00 AM », « Mallory’s Heights » (hommage à l’alpiniste George Herbert Leigh Mallory) et « Guinea Pig » marqueront un vrai/faux retour, bien nommé rappel.

Avant de tirer sa révérence et quitter ses hôtes d’un soir, Antoine salue Yves Merlabach, qui a assuré leur promo durant trois albums et est devenu aujourd’hui Président de l’association ‘L’Envol’, dont vocation est de récupérer divers objets et de les redistribuer aux plus nécessiteux. Un beau geste pour celui qui désormais œuvre pour les plus démunis.

Le monstrueux « Flavor » et son intro répétitive à la basse résonne alors et permet au leader et sa clique de littéralement s’époumoner artistiquement. Si le premier s’amuse à grimer sur les frontaux distribués de part et d’autre de la scène (au risque de se prendre une gamelle), ses comparses laissent libre cours à une folie passagère ou têtes et membres inférieurs communient ensemble, laissant apparaître un spectacle étrange entre mouvements saccadés et danse de Sioux.

En guise de cadeau, les musicos font profiter du parterre d’un tout nouveau morceau dans la lignée parfaite de l’univers des Girls. Un titre qui semble-t-il annoncerait un nouvel album prévu pour 2022. Affaire à suivre !

Girls in Hawaii a une nouvelle fois prouvé, ce soir, qu’il reste l’un des groupe phares et incontestable de la scène indé-pop musicale belge.

(Organisation : Centres culturels de Soignies et Braine-le-Comte)


 

Red Beans & Pepper Sauce

Un concert bien vintage…

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Red Beans & Pepper Sauce a été fondé à Béziers, en 2010. Ses références oscillent du ‘new blues (Gary Clark Jr., Tedeschi Trucks Band) au ‘néo vintage’ (Blue Pills, Wolfmother, Saverio Maccne & Double As, The Excitements) en passant par le ‘classic rock’ des seventies (Led Zeppelin, Deep Purple), contemporain (Rival Sons, The Black Keys) et le funk. En dix ans d’existence, ce quintet hexagonal a gravé cinq albums, dont le dernier, « Mechanic Marmalade », est paru en 2019. Il vient, en outre, de publier un Ep 4 titres. Et il s’intitule « Song For The Past ». Enfin, le combo est considéré, comme un des groupes de rock les plus intéressants, sur la scène française.

Le supporting act est assuré par Bob Doug, une formation bruxelloise qui a choisi le nom de son leader comme patronyme. Bob se charge de la guitare et du chant. Il est soutenu par Arnaud Picqué aux synthés, Alessandro Damico à la basse et Louis Jassogne aux drums. Son style oscille entre blues, funk et (heavy) rock. Fondé en 2013, il s’apprête à sortir son troisième elpee, « Mirages ». Mais la spécialité du band, ce sont les jam sessions…

Le set s’ouvre par « Road 98 », un extrait du futur opus. Lorgnant vers le hard rock, ce morceau raconte l’histoire d’une voiture qui traverse le désert, afin de s’évader quelque peu du brouhaha qui règne dans le trafic, à Bruxelles. Le quartet embraie par le nerveux rock/blues « Here We Go (Now ?) », un morceau au cours duquel Bob se démène derrière sa six cordes. C’est une bête de scène et il monopolise l’attention d’une maigre assistance, pourtant attentive et interactive. Hormis « Sitting Of The Desert », extrait du premier elpee, la majorité des morceaux est issue du prochain long playing. Après un blues instrumental abordé à la manière de Stevie Ray Vaughan, « Sippin’ In Vain » ressuscite le mythe de Jimi Hendrix. Doug imite même les gestes du légendaire gratteur, en plaçant sa guitare dans son cou. Et, ma foi, il ne se débrouille pas trop mal. C’est aussi à ce moment-là qu’on se rend compte que les musiciens sont habitués aux ‘jam sessions’.

En rappel, le quatuor nous réserve « Driven By Sex », une compo sculptée dans une forme de garage-glam-rock qui collerait bien au répertoire de Romano Nervoso.

Setlist : « Road 98 », « Here We Go (Now ?) », «4 Am Room Service », « Black Coat », « Flip The Switch », « Sitting Of The Desert », « Going Back Home », « Friends », « Sippin’ In Vain », « Hard Jam ».

Rappel : « Driven By Sex »

Les musicos de Red Beans And Pepper Sauce grimpent sur l’estrade. Laurent Galichon, le leader (c’est également le compositeur), se charge de la guitare. Jessyka Aké se plante au centre, devant son micro. La chanteuse est coiffée d’un chapeau de couleur noire. Chevelu, Serge Auzier s’installe derrière ses claviers et Niko Sarran, ses fûts. Enfin, Denis Bourdié se consacre à la basse. 

Après une intro à la gratte, le set s’ouvre par « My and ». Laurent fait littéralement corps avec son instrument. Au fil du set, les claviers s’infiltrent généreusement dans les compos, les sonorités d’orgue réveillant en notre for intérieur le souvenir de feu Jon Lord. Ténébreux, sauvage et sudiste, le rock/blues de RB&PS transpire le bourbon et la sueur. Ça cogne, c'est sexy, sans oublier ce ‘quelque chose’ de lourd qui vibre sous le capot et sonne comme un appel à prendre la route. Charismatique, Jessyka fait onduler ses doigts sensuellement, le long de son micro. Véritable panthère noire, elle ne tient pas en place sur les planches. Sa voix peut devenir très speed. Balaise derrière ses drums, Niko va nous réserver un solo de batterie de plus de 10 minutes. Comme nombre de bands, dans les 70’s. Un exercice de style qu’on pourrait qualifier à la fois de de technique et de tribal. Et Laurent n’est pas en reste, puisqu’il va également s’autoriser le sien, dans l’esprit de Van Halen.

Un concert bien vintage qui a ravi les quelques quinquas (70 ?) présents ce soir. Dommage qu’il n’y ait pas eu davantage de monde !

Setlist : « Intro, My Land », « Glitter City », « No Saint Today », « Give It To Me », « Time To Get Away », « Bright Lights (Gary Clark Jr) », « Thank You Drums Solo, Moby Dick », « I Am The Night », « The Battle », « My Holy Guest », « No Crossroads », « Black Panther », « You Can’t Turn Around », « Half World Changeling ».

Rappel : « Lock You Down, Meddley », « Ace Of Spades (Motörhead) »

(Organisation : Zik-Zak)


 

Valkø

Un concert intimiste et vecteur d’émotion…

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Etablie à Bruxelles, Valkø est une artiste belge. Elle est actrice, songwritrice, mais surtout chanteuse et violoncelliste. Votre serviteur l’avait découverte en supporting act d’Asaf Avidan, au mois d’août dernier. Ce soir elle se produit à la Rotonde du Botanique réputée pour l’excellence du son. En outre, le spectacle se déroulera devant un auditoire assis.

Slow Pilot, le projet de Pieter Peirsman, assure le supporting act. C’est également le guitariste de Valkø et après le départ de Noémie Wolfs, en 2015, il est devenu la première voix masculine de Hooverphonic. Sans oublier ses collaborations auprès de K's Choice et du pianiste de jazz, Jef Neve. Il a publié son premier elpee, « Gentle intruder », en 2018 et devrait sortir son second opus, l’an prochain. Il est d’ailleurs en préparation.

Sur les planches, il se consacre au chant (of course !) et à la guitare. Il est soutenu par un second gratteur, Sébastien Leye, également préposé aux backing vocals. Dès que Pieter se met à chanter, on reconnaît son timbre de voix puissant, frémissant et mélancolique… mais finalement familier.

Le set s’ouvre par « Black Widow » (NDLR : ne pas confondre avec un groupe sataniste et occulte, né fin des sixties). Les arrangements sont recherchés et les voix bien en place. « Fences » est une nouvelle compo (NDR : Pieter va d’ailleurs nous en proposer une majorité, qui figureront probablement sur son nouvel opus). L’amplitude vocale de Pieter est bien plus remarquable qu’on ne l’imaginait. Pas étonnant que ce soit un fan de Jeff Buckley. « Little Boy » baigne au sein d’une atmosphère réminiscence du « Nothing Really Ends » de dEUS. Et au fil du concert, on assiste à quelques jolies envolées de cordes, mais surtout, progressivement, on se rend compte que la musique de Slow Pilot puise ses références majeures chez les Beatles. Après 30’ de spectacle, Pieter signale que le laps de temps imparti pour son set était trop court pour pouvoir démontrer son potentiel. Une belle découverte quand même !

Setlist : « Black Widow », « Fences », « Little Boy », « Parasites », « Gentles, « Intruder », « Headstone », « Dance The Night Away »

Valkø se produit, ce soir, au Bota, dans le cadre de la release party de son second Ep « Monsters ». Un peu plus de 150 personnes ont répondu présent pour assister à cet événement. 

Sur les planches, elle est épaulée par un trio réunissant le (contre)bassiste Nicholas Yates, le guitariste Pieter Peirsman et le drummer Jordi Geuens. Valkø a enfilé une salopette et est chaussée de baskets customisées par une amie. Elle fait face à son clavier et son micro. Valkø au violoncelle et Nicolas à la contrebasse ouvrent le « Silence In The Dark ». Tout au long de « Monsters », la voix est bien mise en exergue. Une voix dont l’amplitude est impressionnante. Elle peut se faire douce ou lancinante, et même évoquer Björk. Lorsque ce n’est pas le drummer qui donne la mesure, Valkø l’assure à l’aide de son synthé. Elle plaisante d’ailleurs en avouant qu’elle doit regarder son ‘copion’ (L5, E6, c’est presque comme un jeu de ‘Combat Naval’) pour introduire les sons additionnels sur l’instrument. Elle enchaîne par « Daydream (Get Lost) » ; apparemment une nouvelle compo. Après une intro aux ivoires, elle l’interprète d’une voix douce. Elle attaque ensuite « Between You And Me », un morceau qui figurait au répertorie d’Auryn, son ancien projet, en le dédicaçant à un couple (certainement présent dans la salle) dont la rencontre s’est déroulée lorsqu’elle interprétait cette chanson. Hormis lorsque la musique s’emballe, le light show est plutôt sobre. Valkø excelle au violoncelle et le démontre tout au long de « The Mirror ». Elle n’en oublie pas pour autant la cover de « Can’t Get You Out My Head », traduite en hit par Kylie Minogue. Ce n’est qu’en fin de parcours que quelques dames se lèveront de leur siège pour esquisser quelques pas de danse…

A l’instar de son concert accordé deux mois plus tôt, à l’Arena 5, en supporting act d’Asaf Avidan, elle rappelle qu’il faut applaudir pour mériter un rappel. Elle revient donc exécuter « In The Sil », en solitaire. Avant que Pieter ne la rejoigne pour le dernier morceau, « Neverending » …

Un concert intimiste et vecteur d’émotion…

Setlist : « Silence In The Dark » (intro), « Heaven’s Door », « Monsters », « Daydream (Get Lost) », « Between You And Me », « Back Through The Maze », « The Mirror », « The Grace Of Peace », « Going Mad », « Can’t Get You Out My Head » (Cover Kylie Minogue), « The Kind Of Game », « All I Ever Dreamed Of »

Rappel : « In The Sil », « Neverending »

(Organisation Botanique)


 
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