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L’humanisme angoissant de Franz Ferdinand…

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Kings Of Convenience

Entre fjord et sable chaud…

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‘Je pense que la solitude découle de l’indépendance et de la liberté, et qu’il est beau au contraire de dépendre de quelqu’un.’(Erlend Øye artiste norvégien, auteur-compositeur-interprète et membre de Kings of Convenience).

Kings of Convenience, c’est l’histoire de deux amis d’enfance intrinsèquement atteints de connivence et de complémentarité. Binôme où chacun trouve sa place, où nul ne s’empare du territoire musical de l’autre. Issus d’influences singulières, ils parviennent néanmoins à créer un univers sonore commun et cohérent. Alchimie parfaite qui se fait admirablement sentir sur scène. Et c’est précisément sur celle du Cirque Royal qu’ils avaient décidé de livrer leur premier concert en Belgique et de nous présenter leur magnifique troisième elpee, très justement intitulé « Declaration of Dependence ».

D’abord, Erlend Øye (chant/guitare/clavier), artiste atypique à la silhouette d’adolescent dégingandé, au visage flanqué de lunettes époque Brejnev et fan absolu de ‘Data Pop’. Jeune extraverti qui arpente volontiers le monde blasé de l’électronique et de la culture club. Extraversion qu’il exprime avec délices lors de chaque intermède musical. Instants fugitifs où le folkeux chétif vient briser les airs doux et mélancoliques du groupe et nous régale de son humour ironique et décalé. La symbiose s’installe rapidement chez les visiteurs visiblement amateurs de longue date et assurément conquis d’avance. L’interaction avec le public est  magistralement maîtrisée et facilite la métamorphose du spacieux Cirque royal en un convivial chalet norvégien où la douceur des mélodies folk nous caresserait l’âme autour d’un feu de bois qui n’embraserait pas. Ambiance parfaite pour réchauffer le climat automnal dont frissonne la capitale.

Ensuite, l’introverti Eirik Glambek Bøe (chant/guitare) affiche un charme scandinave plus discret. Il lui suffit de quelques mots prononcés en français, l’accent nordique en prime, pour conquérir irrésistiblement les visiteurs et les livrer inermes à son magnétisme naturel. Les inséparables se complètent inlassablement tels des acteurs d’une comédie du cinéma muet. Eirik, plus sage, a d’ailleurs souvent l’occasion d’intervenir entre les morceaux pour freiner les frasques excitées de son camarade d’enfance.  

L’union de ces deux artistes, sur scène, génère un concert d’une remarquable sensibilité et suavité. Performance musicale de velours à l’image du titre de leur intemporel premier opus sorti en 2001, « Quiet is the New Loud » : guitares acoustiques et inspiration puisées chez Nick Drake sur un voile transparent derrière lequel on pourrait apercevoir les silhouettes de Simon & Garfunkel. Un folk à la fois classique et contemporain qui marque le renouveau d’un genre éternel.  La légèreté des guitares acoustiques, la finesse et la limpidité des mélodies chagrinées s’enlacent sur des voix en surimpression. La voix plus frêle d’Erlend s’imprime naturellement sur le timbre chaleureux d’Eirik qui sublime les textes et, ensemble, construisent un folk harmonieux et cristallin. Pop/folk romantique aux apparences parfois simplistes et mielleuses mais jamais mièvre. Au contraire. On observe une facilité mélodique innée chez ces deux artistes. Antithèse parfaite d’un indietronica contemporain saturé d’electronica ou d’IDM.

Après 35 minutes de concert, les deux de Bergen sont rejoints par un violoniste et un violoncelliste afin d’étoffer soigneusement le jeu des guitares acoustiques. Le frottement et le martellement des cordes, les pizzicati répétitifs secouent les harmonies pour rompre tout soupçon de linéarité ou de monotonie. Un set magistralement orchestré par l’ensemble du groupe. 

« Mrs Cold » incarne joliment l’esprit Kings of Convinience 2009. Un morceau qui dessine des fjords majestueux dont les vagues de brume se briseraient  mystérieusement sur le sable ensoleillé et chaud de Copacabana. Une sorte de voyage intérieur et intimiste qui partirait de Norvège pour croiser l’Angleterre de Nick Drake et se poser enfin sur le sol brésilien de João Gilberto. Un impressionnant mélange de genres !  

En 2004, l’excentrique Erlend Øye avait rédigé un amusant mode d’emploi, à destination des débutants, axé sur cinq paramètres fondamentaux. Il nous reste à l’utiliser afin d’évaluer leur propre prestation scénique : 1. Le réglage du son : sans faille! - 2.  La musique : mélodieusement délicieuse. – 3. Le comportement : chaudement scandinave – 4. L’aération : pas sold out ! – 5. La lumière : discrète. 

(Organisation Botanique) 

 

Themselves

Fidèles à eux-mêmes

Écrit par

Lorsqu’ils ne sont pas absorbés par leurs projets personnels, Jel et DoseOne forment un duo de Hip Hop à la mode Anticon. Autant dire du Hip Hop qui mérite le respect. Et lorsqu’ils s’ennuient ou ne fricotent pas chez The Notwist, ils publient d’excellents disques. Le troisième du nom, « CrownsDown », est dans les bacs depuis le 20 octobre dernier. Venu défendre la galette en juin dernier à l’ABClub, les deux confrères remettaient le couvert pour deux nouvelles dates. Une première à Bruxelles et la seconde à Courtrai. Pour celle réservée à la capitale, Themselves a jeté son dévolu sur une Rotonde du Botanique bien remplie. Quoique loin d’être pleine à craquer.

En l’absence de première partie, l’attente a été relativement longue. Le duo apparaît finalement sur scène à 20h40 devant une assistance qui commençait à s’impatienter. Jeff Logan, alias Jel, se place sans cérémonie derrière ses manettes tandis qu’Adam Drucker, aka DoseOne, s’empare du microphone et le maltraite de sa voix nasale. Tiré à quatre épingles, le rappeur se lance dans l’arène sur un « Back II Burn » retentissant. Un petit rap que le public se prend en pleine tronche avant un « Oversleeping » où le gars dévoile toute l’étendue de ses aptitudes relatives à la discipline. Un débit impressionnant, digne d’un Busta Rhymes.

Jel reste discret sur ses machines et n’intervient qu’à quelques rares reprises au micro pour l’un ou l’autre duo ou pour répondre aux mauvaises plaisanteries de son acolyte. Ce dernier, plus qu’enthousiaste et affublé d’une jolie chaîne bling bling, ne peut s’empêcher d’enchaîner les traits d’humour entre chacune des compos. Un véritable moulin à paroles. Heureusement, son one-man show est rapidement éclipsé par les tueries extraites de « The No Music » et « Them » (« Good People Check », « Joyful Toy Of A 1001 Faces »…) et par le doigté de Jel qui s’acharne de plus en plus sur les boutons de sa boîte à sons. Le binôme, qui se montre aussi talentueux qu’au sein des épreuves studios, se retire après avoir délivré un « It’s Them », suivi d’un court rappel.

Themselves n’est pas parvenu entièrement à faire trembler la petite sœur de l’Orangerie, mais le duo a relativement bien défendu son « CrownsDown », une œuvre que certains qualifient d’inférieur au reste de sa discographie. Ce qui n’a pas empêché l’assistance de battre la mesure, des premières aux dernières notes.

(Organisation : Botanique)

Melody Gardot

La Melody du bonheur

Écrit par

Révélée par « My One And Only Thrill », un second ouvrage plein de charme, Melody Gardot a accompli une véritable opération séduction auprès du public belge, ce 4 novembre. La Pennsylvanienne de 24 ans a présenté au Cirque Royal un show réglé comme du papier à musique et d’un professionnalisme bluffant. Le spectacle qui, à priori, aurait pu s’avérer froid et calculé s’est révélé étonnamment envoûtant. Une bien belle prestation. Et ce n’était pas la seule.

En effet, alors qu’aucune première partie n’était annoncée, une jolie surprise attendait le public du Cirque Royal. Flanqué uniquement de sa guitare, Gabriel Rios s’avance sur le devant du podium et entame un petit concert acoustique qui va durer près de quarante minutes. Entre chants hispaniques et pop anglophone, le Gantois d’origine portoricaine déballe le meilleur de ses deux ouvrages studio ainsi que quelques nouvelles compos. Plutôt bien accueilli, le pauvre jeune homme a pourtant l’impression de se produire devant un public qui n’a jamais entendu parler de lui. D’ailleurs, à la fin du set, un ‘What’s Your Name ?’ va fuser du fond de la salle, à son grand étonnement. Après sa prestation, Rios dépose sa guitare et se joint au public pour assister à la suite des événements.

Du haut de ses 24 ans, Melody Gardot a déjà tout d’une grande dame. Après avoir survécu de justesse à un accident de voiture qui a notamment endommagé sa vision six ans auparavant, la demoiselle a entamé un long processus de réhabilitation débouchant aujourd’hui sur une belle carrière musicale. Ce soir, elle défend « My One And Only Thrill », un second recueil qui a atteint les plus hautes sphères des charts, lors de sa sortie en avril dernier. Vêtue d’une jolie robe couleur bordeaux, coiffée d’un voile noir et arborant une longue chevelure blonde (NDR : qui doit certainement exiger trois heures d’entretien), Gardot s’avance dans la pénombre jusqu’au micro devant lequel elle s’agenouille. Elle s’empare ensuite d’une petite tasse dont elle déverse le contenu à terre. Du sable. Ou peut-être les cendres d’une vie antérieure. Une mise en bouche intrigante qu’elle enchaîne d’un chant a cappella, particulièrement bouleversant. Ses trois musiciens viennent ensuite la rejoindre tandis qu’elle se presse au piano et entame l’intro de « The Rain » en triturant les cordes à l’intérieur même de l’instrument. La prestation est d’une intensité inédite et le son est tout simplement d’une perfection rarement atteinte.

Au bout de quelques titres, Melody a déjà mis le public dans sa poche. Mais elle se retire le temps d’un petit bœuf entre les musiciens, au cours duquel Irwin Hall, le préposé au saxo, enflamme la salle en jouant un solo… à deux saxophones. Bien qu’il ne soit pas le premier à avoir exécuté ce type de voltige, être témoin d’une telle performance est pour le moins impressionnant. La prêtresse de la soirée réapparaît ensuite discrètement sous un imperméable et s’empare de la guitare pour dispenser un « Who Will Comfort Me » swinguant. La jeune femme fait souvent sourire le public en lui adressant la parole dans un français approximatif et à la deuxième personne du singulier. Elle clôture la soirée par « Over The Rainbow » une reprise joliment exécutée du grand classique de Judy Garland extrait du « Magicien d’Oz », interprétée en hommage à sa grand-mère.

Après un premier rappel, Gardot réapparaît à nouveau sur le podium, tandis que la salle commence à se vider. Devant les acclamations des moins pressés, la jolie blonde décide d’interpréter un dernier morceau pour la route. Elle tente une reprise de Trenet apprise le matin même. Deux essais plus tard, elle prend conscience qu’elle ne connaît pas encore assez bien le morceau et rend les armes, non sans rappeler ses musiciens pour un « Our Love Is Easy » qui pose la touche finale à un spectacle de deux heures envoutant et parfait en tous points.

(Organisation : Live Nation) 

 

The Big Pink

Much ado about nothing!?

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Ce mardi soir, l’AB Club avait donné libre cours aux décibels. C’est dans cet écrin, en effet, que les Gantois de The Germans et les Londoniens de The Big Pink avaient résolument décidé d’affoler tous les sismographes de la capitale. Deux heures de voyage noisy à vous désintégrer le tympan des oreilles.

‘Le groupe de rock le plus dangereux de Belgique’ (‘De Standaard’) bénéficiait de cinq morceaux pour convaincre et présenter son premier album « Elf Shot Lame Witch » sorti en mars 2008 et son très expérimental vinyle « Grote Meneren/Straffe Madammen », paru le 30 juillet 2009 en édition limitée (300 exemplaires). The Germans déclenchent les premières secousses sismiques vers 20 heures en attaquant « Life ? An Impeccable Machine, Exact ». Morceau habité d’une puissante Noisy et nanti d’un héritage Krautrock. Cette mixture peut d’ailleurs se lire sur « Dog » évoquant un Sonic Youth bavarois. Un set globalement instrumental bien mené par le quintet gantois qui ouvre judicieusement les routes noise à l’une des sensations britanniques du moment.

Le concert, programmé de longue date, bien avant que The Big Pink ne foule les plus grandes scènes d’Europe, a fait les délices d’une poignée de spectateurs bénéficiant de l’exorbitant privilège de planter l’espace intime de l’AB Club pour accueillir le nouveau phénomène d’outre-Manche. Excellente occasion pour souligner la qualité de programmation souvent proposée par l’Ancienne Belgique. Au sein du nid douillet du Club, l’événement offrait une occasion exceptionnelle pour découvrir le duo londonien. Binôme renforcé de deux musiciens pour les besoins de la scène : Akiko Matsuura (batterie) et Leopold Ross (basse).

« Too Young To Love » ouvre la tempête sonore sous un dense nuage de fumée. Brouillard opaque qui ne laisse filtrer qu’une lumière chétive et rend la silhouette des cinq musiciens à peine discernable. L’air devient subitement irrespirable. Les corps transpirent d’ondes basses. Dans ce paroxysme d’intensité sonore, les oreilles endolories luttent, les corps tremblants  subissent l’ouragan d’un voyage électrique de près de quarante minutes.

Côté jardin, l’ombre des claviers de Milo Cordell et ses programmations assaillent l’espace  à coups de crissements et de grincements électroniques. Au centre, Robbie Furze projette des envolées de guitares sur le mur de saturation. Impuissant face à ce vacarme savamment organisé, le public est tétanisé. Plongé entre rêve et cauchemar. Pas de compromis chez The Big Pink, on aime ou on part ! Les guitares et les claviers s’élèvent à saturation et expirent  à la frontière du larsen. Les sonorités violentes sont prodigieusement contrôlées et ne regorgent jamais. Qualité ou défaut, le son live et studio sont presque à l’identique. Signe de maîtrise sonore que d’aucuns pourraient saisir comme une carence de créativité et d’originalité sur scène.

Un set bref de neuf morceaux tous issus de « A Brief History of Love » (NDR: excepté « These Arms ») qui marque cependant les limites du jeune groupe. Un final moins austère pour clôturer les débats : le tubesque « Dominos ». Lumières subites et pas un rappel !

Une prestation scénique froide et austère comparable à un concert new-wave qui plonge globalement l’auditeur dans un profond coma of love. Une cathédrale à l’architecture de givre qui vogue sur les vagues ascétiques de l’amour. A l’image de l’album, le concert dépeint une atmosphère neurasthénique et dessine les traits mélancoliques de l’amour.

Critique de l’album également disponible dans la rubrique ‘Chroniques CD’.

(organisation Ancienne Belgique)    

 


 

White Lies

Digne du début des eighties…

Écrit par

Si vous vous êtes procuré le fantastique dernier album des White Lies, vous ne pouviez manquer leur concert à l’Ancienne Belgique, que le quatuor anglais (NDR : en vérité, il s’agit d’un trio auquel vient s’adjoindre un claviériste, lors des tournées) accordait ce jeudi 29 octobre. La salle bruxelloise était d’ailleurs sold out. Puisant ses influences chez Joy Division, à l’instar des Editors et d’Interpol, la formation avait attiré un public embrassant trois décennies. On y rencontrait ainsi autant des très jeunes que des quadras, voire des quinquas. Faut dire que la néo cold wave pratiquée par la formation londonienne aurait tout aussi bien naître au tout début des eighties…

Les White Lies montent sur les planches. La mise en scène est sobre. Les musiciens bougent peu, et les interventions d’Harry à la guitare sont parcimonieuses. Sa voix claire et puissante est remarquablement mise en avant. Si sur disque, il pousse son organe à l’une ou l’autre occasion, en ‘live’, il parvient à maintenir cette intensité vocale du début à la fin du show. Une merveille ! Et les autres musiciens sont loin de dénoter dans l’ensemble. D’ailleurs, le son proposé ce soir est tout bonnement exceptionnel. Hormis la présentation d’une flip side en milieu de parcours, pas de temps mort entre les titres. Une tracklisting alternant morceaux au climat ténébreux et compos plus enlevées. Mais les White Lies n’ont toujours qu’un seul album à leur actif  "Loose my Life" (NDR : dont ils jouent la plage éponyme, of course) ; donc peu de compos à défendre sur scène. Si bien qu’au bout de 45 minutes, le combo prend congé de l’audience.

Mais 5 minutes plus tard, nos gaillards remontent sur l’estrade ; et alors qu’on s’attendait à vivre une reprise de Joy Division, c'est par une cover du "Heaven" de Talking Heads, qu’ils entament leur rappel de trois titres. Et c’est le fantastique morceau "Death" qui clôture ce spectacle, une chanson au cours de laquelle la formation semble ravie d’entendre la foule reprendre en chœur le refrain ; le combo s’enfonçant ensuite dans un véritable final apocalyptique de ce titre…

22h20, le concert est terminé. Il a duré à peine plus d'une heure ; mais quelle heure ! Si vous les avez manqués ce soir, je vous conseille vivement de mentionner leur prochaine visite à votre agenda. Et de vous procurer une place d’entrée bien à l’avance. Cela risque à nouveau d’être sold out. Vous ne le regretterez pas. En attendant, vous pourrez toujours vous contenter des quelques photos que nous avons pu immortaliser ce soir.

(Organisation Live Nation)

Camera Obscura

Service minimum

Écrit par

Niché au creux du doux et chaleureux AB Club, Magic Arm était venu, sans complexe, nous présenter les mélodies simples et désarmantes de son dernier elpee, « Make Lists Do Something ». Première partie aux singulières saveurs mancuniennes durant laquelle ce multi-instrumentiste aux pédales magiques occupe seul la scène (assisté sporadiquement d’un saxo) avec une impressionnante sérénité. Marc Rigelsford semble atteindre le ciel sans verser une goutte de sueur et nous livre des pop-songs d’une simplicité désarmante. Mélodies sur lesquelles vient se greffer de plus en plus d’instrumentation avant de se décomposer en une résolution subtile. A la frontière de tous les genres, l’astucieux bricolo anglais réforme le psychédélisme et apparaît tel un dérangeant intrus sur la scène paralysée de Manchester.  

9 :00 pm à Bruxelles. Un brouillard (machine à fumée) et des lumières fragiles dessinent un paysage automnal d’Ecosse sur les planches de l’AB Club. Ensuite Tracyanne Cambell. Un accent glaswégien, qui résonne et nous invite rapidement à pénétrer le nébuleux univers de « My Maudleen Career ». Théâtre subtilement habillé pour accueillir les souffles passionnels du quintet écossais exceptionnellement accompagné d’un discret multi-instrumentiste (tambourin, cuivres…), Camera Obscura livre un set de pure poésie soutenue par de tendres mélodies sophistiquées. A travers ses histoires et confessions, Tracyanne Campbell vainc sa  timidité d’artiste subtile et vulnérable pour nous chanter le reflet de son triste amour de la vie. Timidité palpable par l’austérité et la sobriété de la performance. A travers les treize compos, la chanteuse écossaise souffle le chaud et le froid. Passant de fleurs-pop bluettes et rutilantes (« The Sweetest Thing » ou « French Navy ») à des mélodies sombrement romantiques (« Tears For Affairs »), « Honey In The Sun » résume assez bien l’ensemble du concert : des chansons radieuses sur des sujets doux-amers.

Deux rappels (« Come Back Margaret » et « Razzel Dazzel Rose ») viendront saluer les chaudes acclamations du public pour clôturer cette soirée à l’atmosphère hautement britannique.

Malgré une jolie prestation, le quintet écossais aurait pu afficher un visage plus radieux et plus exalté pour la présentation d’un album qui se prétend ‘purely about love’. Sans nier le talent indéniable et d’ailleurs confirmé de ces 6 musiciens, on reste cependant sur une impression de service minimum. Un set linéaire qui ne reflète pas les nouvelles ambitions affichées par le groupe et que l’on peut voir furtivement scintiller sur des morceaux comme « French Navy ».   

Tracyanne Campbell aurait-elle vraiment quitté les eaux troubles de ses amours marécageux ? 

Organisation AB  

Raphael Saadiq

Natural Born Groover

Écrit par

Pour son premier passage en Belgique, Raphael Saadiq a choisi de se produire sur la scène de l’Ancienne Belgique. Le soulman/producteur venait y défendre « The Way I See It », un troisième ouvrage publié il y a un peu plus d’un an. Un show qui avait de quoi faire taire les critiques zélés pointant encore du doigt ses semi-échecs du passé.

Il est loin le temps des Tony! Toni! Toné! et Lucy Pearl, ces formations qui ont peiné à décoller pour, finalement, finir leurs jours dans l’indifférence la plus totale. Raphael Saadiq, pierre angulaire de ces deux combos, a réussi à tirer son épingle du jeu. D’abord en produisant un large panel d’artistes multi-récompensés (TLC, Macy Gray, The Roots, d’Angelo, etc.), puis en délivrant trois travaux d’excellente facture. Dont un « The Way I See It » qui distille toute sa substance de la Soul des années 60. L’artiste, né en 66, rend un bel hommage à cette décennie aussi bien en studio que sur scène.

Cette scène, Raphael Saadiq l’occupe comme pas deux. Accompagné d’une demi-douzaine de musiciens et de deux choristes, l’homme enflamme l’Ancienne Belgique dès son entrée. Vêtu d’un costard jaune et portant de petites lunettes qui font désormais partie intégrante du personnage, Saadiq souffle le chaud sans se prendre la tête. Au milieu du set, il laisse d’ailleurs l’avant-scène à ses deux choristes le temps de deux morceaux. La jeune femme ultra-motivée, dont le nom m’a échappé, reprend le méga-tube de Lucy Pearl, « Don’t Mess With My Man » tandis que CJ Hilton, le second backing vocalist, prend le micro sur « Never Give You Up ». L’osmose entre le band et le chanteur est irréprochable. Le groupe s’amuse et communique sa bonne humeur au public qui, de part en part, se secoue sur le Doo-Wop de Saadiq.

Au bout d’une petite heure, la scène se vide, le temps de reprendre son souffle. La troupe revient très vite pour déballer près de trois-quarts d’heure de show supplémentaire. Raphael Saadiq réapparaît sur scène, sans lunettes et dans une tenue plus décontract’. Les fans du premier rang lui tendent des stylos et le gars se prête au jeu des autographes pendant une bonne dizaine de minutes. L’assistance a même droit à un second rappel durant lequel les musiciens interprètent le classique « Let The Sunshine In », repris en chœur par tous. Le guitariste de la troupe vient ensuite clouer le bec à tout le monde le temps d’un solo exemplaire qui clôture les deux heures d’un show incontestablement fédérateur.

Organisation : Live Nation + AB

(voir aussi notre section photos) 

The Virgins

Du bubblegum au rock’n roll

Écrit par

The Virgins débarquaient ce jeudi 18 octobre au Grand Mix, à Tourcoing. De quoi pouvoir se rendre compte du potentiel de leur glam punk inspiré par les 70’s, sur les planches. Faut dire que les brûlots mélodiques dispensés tout au long de leur album éponyme, paru en 2008, nous donnaient encore l’eau à la bouche. Le gang new-yorkais est en outre considéré comme un héritier naturel des Strokes. Musicalement, of course ; mais aussi à cause de leur look. Le combo monte d’ailleurs sur les planches, vêtu de jeans serrés et de t-shirts négligés. A croire qu’il incarne le groupe contemporain le plus cool au monde…

Dès l’entame, le band nous balance des titres très énergiques. Plutôt clairsemé, le public semble apprécier. Chanteur et leader charismatique du groupe, Donald Cummings est manifestement hanté par Mick Jagger, le leader des mythiques Rolling Stones. A cause de ses mimiques et de ses dandinements sensuels. Et puis de son dynamisme doublé d’un enthousiasme communicatif. C’est parfois saisissant, mais surtout très réussi. Les lignes de basse souples et moelleuses, tracées par Nick Zarin-Ackerman, contrebalancent à merveille les drums particulièrement solides d’Erik Ratensperger et les interventions incisives de Wade Oates, aux six cordes. Les musiciens semblent heureux d’être là et cherchent à communiquer cette joie à leur public. Ils n’oublient pas les tubes de leur unique opus, comme « Rich Girls », « She’s Expensive » ou « Teen Lovers » ; mais confirment, en affichant une passion certaine, qu’ils ne resteront pas le groupe d’un seul album.

Malgré un set relativement bref, The Virgins a démontré qu’il était devenu un excellent groupe de scène. Et qu’il avait trouvé la formule idéale pour traduire, en ‘live’, son ‘bubblegum’ en rock’n roll…

Organisation Grand Mix

 

Speech Debelle

Un nouveau souffle

Écrit par

Jeune MC anglaise, Speech Debelle a soufflé les critiques anglais en s’emparant du prestigieux Mercury Prize, qui récompense d’une grosse somme d’argent l’artiste ‘le plus créatif’ de l’année. Première femme à remporter le prix en l’espace de 7 ans, elle succède fièrement à Elbow, Arctic Monkeys, Antony & The Johnsons ou encore Franz Ferdinand dans la liste des lauréats.

Et il fallait s’y attendre, sa venue à Bruxelles n’allait pas passer inaperçue. D’abord programmée au Witloof Bar, Speech Debelle, victime de son succès, a finalement versé son flow sur la scène de la Rotonde, reléguant ainsi les pauvres Baddies dans les sous-sols du Botanique. A 20h30, la jeune femme s’avance en toute décontraction sur le milieu de la scène, accompagnée d’un préposé aux grosses caisses, d’un bassiste et d’un violoncelliste. Affublée de lunettes et vêtue d’un gros pull blanc ainsi que de collants bleus, la petite MC salue le public bruxellois (NDR : son accent est à couper au couteau !) et entame son set par « The Key », titre mélangeant subtilement hip hop et jazz. De quoi donner le ton à la soirée.

Speech Debelle parcourt tranquillement l’entièreté de son premier ouvrage, « Speech Therapy ». Elle livre un hip hop vivant, humain, teinté d’une soul qui n’est pas sans rappeler les premiers travaux d’Erykah Badù. Lorsque vient « Wheels In Motion », Debelle se joue un peu de l’assistance en lui faisant croire, pendant quelques courtes secondes, que son producteur, le grand Roots Manuva, s’apprête à la rejoindre sur les planches. Petite déception lorsqu’elle avoue finalement que le co-interprète de « Wheels In Motion » est remplacé au pied levé par l’un de ses camarades de route. Néanmoins, le gars se montre plutôt talentueux ; de quoi pardonner à la chanteuse sa mauvaise blague. Une petite heure plus tard, Speech Debelle quitte la salle non sans avoir prouvé les raisons pour lesquelles le Mercury Prize est passé sous le nez de Bat For Lashes, Florence + The Machine, Friendly Fires ou encore l’insupportable La Roux. « Speech Therapy » est tout simplement un nouveau souffle pour le Hip Hop féminin made in UK.

Organisation : Botanique.

 

Patrick Wolf

Joyeuses Funérailles

Écrit par

A l’issue de sa tournée promo pour « The Magic Position », son œuvre précédente, Patrick Wolf a annoncé ne plus jamais faire de scène dans le futur. Une résolution qu’il n’a manifestement pu tenir ; le jeune homme achevant une longue tournée européenne. Cette dernière date, il a choisi de la partager en compagnie du public belge, sur la scène de l’Orangerie du Botanique.

A 26 ans, Patrick Wolf détient déjà une discographie solide. Ce soir, était mis à l’honneur « The Bachelor », son quatrième et dernier né. Un ouvrage qui constitue la première partie d’un dyptique dont la seconde moitié, « The Conqueror », est attendue dans les bacs d’ici quelques semaines. Fidèle à son image, le Londonien débarque sur scène, vêtu de ce qui ressemblait de loin à une toge romaine en entamant d’une voix puissante « Who Will ? », premier d’une longue série de titres extraits de son nouvel opus. Balançant sa tignasse à l’aspect curieux (NDR : il annoncera plus tard dans la soirée qu’il s’agit d’extensions dont la bonne moitié s’est déjà volatilisée à force de secousses), il s’empare littéralement de la foule. Wolf se montre capable d’enchaîner, avec une cohérence folle, des titres terriblement ronflants comme « Battle » à des morceaux cristallins, tels qu’un « Tristan » durant lequel le public semble pendu à ses lèvres.

Particulièrement loquace, Patrick Wolf dévoile tout l’attachement qu’il porte à la capitale belge, parle de son petit ami, des habitudes de lui-même et de chacun de ses musiciens dans le bus de la tournée, et de la collection de peluches qu’il a récolté lors de ses tournées. Il ne fallait pas en dire plus pour que les jeunettes de l’assistance, majoritairement Anglaises, lui envoient de quoi élargir son assortiment. Hormis ces passages amusants, bien qu’un peu ‘nunuches’, Wolf, qui compare la dernière date de tournée à une espèce de funérailles, prend un ton plus sérieux lorsqu’il débat de la dépression. Ce thème récurrent traverse à merveille « The Sun Is Often Out », morceau qui se clôture par une acclamation vibrante.

Le concert s’achève par un « The Magic Position » particulièrement irrésistible. Sensation que l’on doit surtout à la talentueuse violoniste qui rehausse de ses cordes chacune des interprétations de Wolf. Après 1h30 de spectacle, les quatre musiciens et le chanteur se retirent devant un parterre surexcité. Le public en veut plus. Aucun rappel à l’ordre du jour. A sa décharge, Patrick Wolf réapparaîtra sur scène quelques secondes plus tard pour annoncer que ‘le groupe doit attraper le dernier Ferry pour rentrer au pays’. Ce dernier s’étant démené comme une bête tout au long de sa prestation, on ne peut que consentir et lui souhaiter le meilleur des voyages retour. 

Organisation : Botanique.

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