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Puggy

Un excellent concert, mais qui sentait quand même le ‘réchauffé’…

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C’est le retour triomphal de Puggy qui s’était accordé une petite pause de 7 ans pour souffler et avait permis à Matthew Irons de participer au Jury de ‘The Voice’ à 3 reprises ainsi qu’à celui de ‘The Voice Kids’. Mais également à Romain et Egil ‘Ziggy’ de produire les albums d’autres artistes, et notamment de Juicy, Lous And The Yakuza, Yseult, Adé et Angèle (NDR : ce qui n’a pas empêché Matthew d’apporter son concours aux mises en forme). Ils ont également composé plusieurs musiques de films, collaboré avec des orchestres symphoniques et accompagné de nombreuses personnalités sur la voie du succès. Des activités –pour la plupart– opérées au sein de leur studio ‘Radio Kitchen’. Et « Radio Kitchen » est ainsi devenu le titre du dernier Ep qui a enfin ressorti le trio de l’ombre.

L’Ancienne Belgique organise la deuxième édition du KETCLUB, c’est-à-dire, un concert spécialement destiné aux enfants ! Au Botanique et à l’Aéronef de Lille, ce type de spectacle existe depuis belle lurette, mais ils se déroulent l’après-midi. Bref, un vrai show pour les petits… et les grands, mais en version plus courte, tout en prenant soin d’adapter le volume pour protéger les fragiles oreilles. L'idée, c'est de faire découvrir la musique d’une manière amusante et originale, tout en passant un super moment en famille. Ce qui est encore plus sympa, c’est que Puggy a décidé de verser la recette du spectacle à KickCancer, une association qui aide les enfants atteints d’un cancer, mais également soutient la recherche contre cette maladie.

Le concert réservé aux têtes blondes se déroule ce dimanche 29 septembre. Il fait suite à celui accordé la veille, destiné aux aficionados.

Ils ne se sont pas foulés pour la setlist. C’est la même qu’hier sans la nouvelle compo « Murder », qui avait été interprétée en rappel. Coup de mou ? On va vérifier sur place !

Non seulement l’AB affiche complet, mais l’auditoire est composé d’un mix transversal de générations : petits, grands, filles, garçons, enfants, jeunes et adultes âgés. Et pourtant, il est chaud-boulette. Ce qui promet pour le reste de la tournée dont les concerts sont quasi-complets partout.

Le supporting act est assuré par David Numwami. Armé de sa guitare, sa loop machine magique et son ordinateur, il est seul sur les planches pour dispenser sa musique et ses beats sculptés dans les pecus et les basses qu’il chante en français ou en anglais. Il ne tarde pas à ôter sa veste et prend régulièrement des bains de foule, au sein de laquelle il se hisse même sur un fly case pour chanter.

Son melting pot de r’n’b et d’électro pop est à la fois épuré, synthétique et organique, doté de respirations poétiques, de claviers à la fois kawaii et lo-fi, de moult éléments percussifs et de sèche qu’il possède depuis son enfance, cabossée comme il se doit, mais au son qui touche en plein cœur. La foule apprécie et l’applaudit chaleureusement (page ‘Artistes’ ici). 

Place ensuite à Puggy. Comme d’habitude Romain (basse), se plante à gauche, Ziggy (drums, MPD), au milieu et Matthews (chant, guitare), à droite. Les trois musicos se servent également et épisodiquement d’un clavier. D’énormes projecteurs montent ou descendent suivant les circonstances et inondent de lumières, le band et l’auditoire. Parfois ‘PUGGY’, formé par des leds, en lettres capitales, apparaît en grand, derrière les musiciens.

Le set s’ouvre par deux plages issues de l’Ep « Radio Kitchen », « Age Of Wonders » et « Numbers ». Puis enchaîne par une série de ses anciens tubes, dont « When You Know », « To Win The World », « How I Needed You ». Entre le premier couplet et le refrain, Matthew s’interrompt même pour apprendre au public à frapper dans les mains en rythme.

Plus paisible et particulièrement cool, « Simultaneously » constitue le troisième extrait du nouvel Ep. Matt module sa voix alors que Ziggy adopte un ton plus grave. Un délice ! Charles (NDR : elle avait remporté une édition de ‘The Voice’ alors qu’elle figurait dans l’équipe de Matt) débarque pour assurer les chœurs, auprès de Matt et Ziggy, tout au long de « Lost Child ». Pas de trace du dernier morceau de l’Ep, « Sad Enough ». Puggy en revient ensuite à ses veux standards… bien électriques.

En rappel, le combo va nous accorder trois compos donc une cover d’Iliona, « Reste », au cours de laquelle Irons présente l’artiste comme un ami. Et sa voix très soul apporte un plus. Puis un extrait du premier elpee, « Dubois Died Today », « Dubois », avant d’achever la prestation par le premier single de « Radio Kitchen », « Never give up ».

On aurait aimé un peu plus de nouveautés dans la setlist. Il est vrai que le dernier Ep ne compte que 6 pistes. Mais également un peu de variation. Bien sûr, il est chouette de retrouver les anciens hits qui plaisent toujours, mais pour votre serviteur, si le concert était excellent et fort en intensité, il sentait quand même le ‘réchauffé’…

Setlist : « Age Of Wonders », « Numbers », « Give Us What We Want », « Something You Might Like », « Lonely Town », « Simultaneously », « Last Day on Earth (Something Small), « Lost Child » (avec Charles), « How I Needed You », « Insane », « To Win The World », « Teaser », « Change the Colours », « Goes Like This », « When You Know ».

Rappel : « Reste (Iliona cover) (+ Iliona), « Dubois », « Never Give Up »

(Organisation : OD Live Productions SPRL)

 

Joe Jackson

La machine à remonter le temps de Joe Jackson…

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Le Cirque Royal est blindé pour le concert de Joe Jackson qui est en pleine tournée ‘Two Rounds Of Racket’. « What a racket » (Mr. Joe Jackson Presents Max Champion in 'What a Racket !' », c’est d’ailleurs le titre de son dernier opus, paru en novembre 2023 

Pas de première partie, c’est Joe Jackson qui s’en charge. En mode piano/voix. Au cours de ce premier acte, il va nous proposer 11 morceaux dont 8 versions de ses plus grands succès et 3 reprises de titres signés The Kinks, Harry Fragson (*) et enfin Albert Chevalier (**)

Le rideau rouge est fermé et Joe Jackson débarque en costard bleu/violet sur chemise blanche. Il s’installe en avant-scène et est déjà chaleureusement applaudi, avant même d’entamer son récital. Le public est suspendu à ses lèvres. L’artiste ouvre hostilités par « Dave », une plage issue de son elpee paru en 2019, « Fool ». Il enchaîne par « Take It Like A Man » (Volume 4 ». Manifestement, il remonte le temps. Chaque chanson interprétée est plus ancienne que la précédente. « Stranger Than Fiction » (« Laughter and Lust ») nous replonge dans les 90’s et « Real Men » ainsi que « Steppin' Out », extrait de son disque phare paru en 1982, « Night and Day », dans les 80’s. Et sa version cool et originale de cette compo de power pop aux influences jazz fait mouche auprès de l’auditoire. Votre serviteur en a des frissons partout.

En deux temps trois mouvements, Joe revient aux 70’s, épinglant des compos tirées de son second long playing gravé en 1979, « I'm the Man ». Mais, et c’est remarquable, Joe exprime son envie de continuer à se servir de sa ‘time machine’, bien que nous ayons atteint, alors, les premiers jours de sa production enregistrée. Il retourne dès lors aux sixties à travers sa cover très bien accueillie de « Waterloo Sunset » des Kinks, racontant une histoire sur la façon dont il se rendait souvent à la gare de Waterloo à Londres lorsqu'il était enfant. De mieux en mieux ! Le coup d’œil dans le rétroviseur de Joe passe alors par le cinéma, s’inspirant de sa contribution au film de 2005, « The Greatest Game Ever Played », où il apparaît dans le rôle d’un pianiste, en 1913. On imagine alors les rouages tourner dans l'esprit du musicien ingénieux alors que les fils commencent à s'entrelacer. Joe adapte le comique « Hello, Hello, Who's Your Lady Friend ? », attribué à Harry Fragson, une chanson entraînante de cette période qui s’est muée en hymne de marche populaire pendant la Première Guerre mondiale ; mais elle est surtout interprétée par Jackson avec beaucoup d’humour. Il abrège cependant les couplets les plus coquins et n’en conserve que deux ou trois. De toute évidence, le public aurait aimé une interprétation intégrale de ce morceau.

Zappant l’entracte, Joe ouvre le rideau de la scène pour nous accorder un set à l'ancienne, du style ‘London Town’ (période victorienne), mais sous une configuration DeLorean du professeur Emmett Brown dans la série ‘Retour Vers le Futur’. Et soudain apparait un groupe de 10 musiciens.

Opérant comme directeur musical, Daniel Mintseris prend la place de Joe aux ivoires qui s’installe au centre du podium. Doug Yowell (batterie), Richard Hammond (contrebasse), Susan Aquila (violon), Lourdes (Lou) Rosales (alto), Ricky Roshell (flûte, piccolo), Christa Van Alstine (clarinette, clarinette basse), Jackie Coleman (trompette) et Sam Kulik (trombone et tuba) complètent le line up. 

Habillés de costumes d’époque, les musicos procurent style et savoir-faire à ce spectacle de style ‘music-hall’ anglais du début du XXème siècle. Talentueux, ils apportent couleur et vitalité à cette partie de concert constituée de neuf morceaux entièrement revisités par Jackson, qui s’est ouverte par « What a Racket ! », le titre maître du concept album, et s’est achevée par « The Sporting Life » de Max Champion, une ode amusante à l'abandon du sport. D’ailleurs, lorsque le public ne danse pas sur place, il rit de l'inventivité et de l'humour de Joe.

Au grand complet, la formation accorde un rappel de deux titres, dont le morceau phare « Is She Really Going Out with Him », issu du premier album de Joe, datant de 1979, « Look Sharp ! », et « Worse Things Happen At Sea », une autre composition futée de Max Champion (***). Mais certains micros sont tombés sur les planches, un problème technique qui va retarder cette interprétation. Néanmoins, fidèle, la foule attend patiemment que tout rentre dans l’ordre, afin de profiter au max de tout ce que Joe pourrait lui réserver…

Photos Vincent Dufrane ici

Setlist : Partie 1 - En solo piano/voix (45 minutes) : « Dave », « Take It Like A Man » (Joe Jackson Band song), « Stranger Than Fiction », « You    Can't Get What You Want (Till You Now What You Want) », « Real Men », « Steppin' Out », « It's Different For Girls », « On Your Radio », « Waterloo Sunset » (The Kinks cover), « Hello, Hello, Who's Your Lady Friend ? » (Harry Fragson cover), « My Old Dutch » (Albert Chevalier cover).

Setlist : Partie 2 - The Music of Max Champion : « (Ouverture) : Why, Why, Why ? », « What A Racket ! », « The Bishop And The Actress », « Health & Safety », « Think of the Show ! - A Thespian's Lament », « Dear Old Mum - A London-Irish Lament », « Monty Mundy (Is Maltese) ! », « Never So Nice in the Morning », » The Sporting Life »

Rappel : « Is She Really Going Out With Him ? », « Worse Things Happen At Sea »

(*) Léon Philippe Pot, dit Harry Fragson, né à Soho (Londres) le 2 juillet 1869 et mort à Paris 10e le 30 décembre 1913, est un auteur-compositeur-interprète belge qui a connu le succès tant en langue française qu’anglaise.

(**) Albert Chevalier (souvent cité comme Albert Onésime Britannicus Gwathveoyd Louis Chevalier) ; (21 mars 1861 – 10 juillet 1923), était un comédien de music-hall, chanteur et acteur de théâtre musical anglais. Il s’était spécialisé dans l'humour cockney basé sur la vie de marchand de rue à Londres à l'époque victorienne. Vu ses aptitudes et sa capacité à écrire des chansons, il est devenu connu de son public comme le ‘lauréat des marchands de rue’.

(***) Max Champion est un chanteur de Music-Hall de l’époque victorienne qui a connu un certain succès, dans le Londres profond, avant la guerre 14-18). Il aurait enregistré vers 1911-1913, selon certaines ources. Le personnage a été perdu, probablement tué pendant la Première Guerre mondiale, et sa musique a été ‘oubliée’ jusqu'à ce que Joe dépoussière la partition et enregistre son ‘hommage’.

(Organisation : Live Nation)

 

Julie Rains

Julie sans Sasha…

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Après une longue et intense collaboration avec Sasha Vovk au sein du duo bruxellois Juicy, la multi-instrumentiste Julie Rens a décidé d’explorer son univers musical personnel à travers un nouveau projet, sous le pseudo Rains. Ce spectacle est programmé dans le cadre du traditionnel Marni Jazz, festival qui s’étale sur 10 jours. Le concert est prévu dans un théâtre qui dispose d’un bar et de 2 salles. Le show qui nous concerne se déroule dans la plus grande, agrémentée de gradins. Sold out, il accueille plus ou moins 250 spectateurs.

Julie n’est pas uniquement impliquée chez Juicy, elle a également assuré les vocaux au sein d’Oyster Node avec Dorian Dumont, accompagné Akro pour « Bruxelles Plurielle », participé aux voix d’Hishinka et remplacé Veronika Harcsa dans Next.Ape pendant le repos d’accouchement de la chanteuse hongroise. Ses parents sont tous deux professeurs de musique. Elle baigne dans la musique depuis l’âge de 3 ans.

Julie Rains débarque et s’installe devant son MPD et ses claviers. Elle est soutenue par un sextet de flûtistes, Ensemble Vibration (*). Après avoir salué la foule, elle signale qu’un de ces instrumentistes est toujours sur la route, coincé dans les embouteillages, quelque part à Bruxelles (NDR : il faut avouer que depuis l’instauration du plan ‘good move’ et les travaux qu’il nécessite, la circulation y est devenue inextricable).

Réunissant Pascale Simon, Myriam Graulus, Audrey Ribaucourt, Lydie Thonnard, Fabien Bogaert, Philippe Laloy et Éric Leleux, ce collectif va prendre une place assez importante lors du concert de Julie. Les morceaux auxquels ces musicos participent ont été réarrangés par le papa de Julie, chef d’orchestre et professeur de musique (NDR : la bio est disponible ).

Julie est également entourée de Lou Wery aux claviers et aux chœurs, du bassiste Lennart Heyndels, également préposé aux machines, et du drummer Olivier Penu. Les morceaux sont retravaillés en étroite collaboration avec Rowan Van Hoef.

Lou Wéry ne reste pas en place derrière son synthé, elle est perpétuellement en mouvement derrière son instrument et insuffle de nombreux beats électro et parfois techno/house à l’aide d’une petite machine placée à sa droite. Sa participation aux chœurs est permanente. La batterie est ultra présente. Lennart joue de la basse en slap/tap, un peu comme chez Level 42.

Sa comparse Sasha Vovk n’est pas loin. Assise aux premiers rangs, elle se lève et s’installe derrière un clavier pour interpréter deux morceaux du répertoire de Juicy.

Annoncé jazz/électro, le concert s’autorise une certaine forme d’expérimentation, s’aventurant même dans l’électro, la techno/house et le jazz/rock, mais dans l’esprit de ECHT. Dans la langue de Molière, les textes expriment une période de rupture amoureuse et de questionnement.

Pourtant, paradoxalement, Julie serine souvent les mêmes phrases (NDR : dans une interview, elle reconnaît avoir recours à de nombreuses phrases répétitives pour permettre à l’auditeur d’ouvrir l’interprétation et le sens).

Julie a d’ores et déjà annoncé qu’elle accorderait un autre concert dans le cadre du même projet, mais en compagnie d’autres musiciens. Le duo Juicy a toujours cherché à proposer des spectacles différents. Et en solo, Julie adopte les mêmes préceptes (NDR : au cours d’une autre interview, elle a déclaré que Juicy était en pause, à cause de la maternité de Sasha, mais que lors de la reprise, la musique du duo sera différente).

(Organisation : Théâtre Marni)

(*) Le répertoire de l'Ensemble Vibrations –dont le nom est tiré d’une composition pour 10 flûtes et percussions de Jean-Marie Rens– s’enrichit continuellement d’œuvres originales ou transcrites.

 

 

 

BlackBerry Smoke

Ce sont bien les fils spirituels de Lynyrd Skynyrd…

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Dans le cadre de sa tournée internationale, BlackBerry Smoke était de retour ce lundi septembre à l’Ancienne Belgique. Il est venu défendre son 8ème elpee, « Be Right Here », paru en février dernier. Un disque qui sent bon le rock old school, la country et le blues. 

Originaire d’Atlanta, en Georgie, Blackberry Smoke est parfois considéré trop country pour le rock et trop rock pour la country.

Le combo s’est formé en 2 000. Mais au fil du temps, le line up a changé. Le drummer, Brit Turner, le frère de bassiste Richard, est décédé en mars dernier, après une bataille de deux ans contre un cancer du cerveau. En outre, en avril, le percussionniste Preston Holcomb a annoncé qu'il arrêtait les tournées.  

Et bien sûr, le concert est sold out.

Le supporting act est assuré par Bones Owens. Issu de Nashville, le power trio (batterie, basse, guitare) a pu jouer les prolongations et a ainsi accordé un set de 45 minutes. Il est bien plus heavy que sur ses enregistrements audios, au cours desquels il se révèle particulièrement soigné.

Au cours de sa prestation, il va nous réserver de larges extraits de son dernier et second long playing intitulé « Love Out Of Lemons ». Un show énergique, métallique et groovy qui a enchanté l’auditoire alors déjà présent (page artiste ici).

Les musicos de BlackBerry Smoke grimpent sur les planches dans le calme, alors que l’intensité du light show s’atténue. L’approche visuelle est d’ailleurs minimaliste.

Puis le sextuor attaque l’explosif « Workin' for a Workin' Man ».

Starr veille à ce que les instrumentistes ne disparaissent pas dans l'ombre. Il permet à chacun d’entre eux de s'exprimer en les sollicitant à différents moments. A l’instar du guitariste et choriste Paul Jackson. Non seulement sa prestation est très électrique, mais c’est un fameux showman. Il joue sur l'énergie du public, pointe du doigt les spectateurs qui dansent et lance des médiators dans la foule qui l’acclame.

La voix de Stare passe des graves aux aigus, avec une facilité déconcertante.

De nombreux solos sont dédiés à Jackson et au bassiste Richard Turner, ce qui confère au concert une atmosphère improvisée tout en restant fidèle aux enregistrements du band.

Si la musique de Blackberry Smoke navigue quelque part entre la country et le rock, l'accent mis sur la guitare démontre qu’elle est davantage rock sudiste que country avec une influence rock. Finalement, ce sont bien les fils spirituels de Lynyrd Skynyrd…

L'utilisation d'éléments visuels par le groupe reflète l'attention qu'il porte à la musique. Au lieu de projections numériques, le groupe se sert d’une seule image fixe (le logo représentant un papillon) et le light show est destiné à varier les ambiances. Sur le paisible « Azalea », par exemple, l'arrière-plan s’assombrit pour attirer l'attention sur le projecteur braqué sur Starr alors qu'il chante cette mélodie mélancolique. Mais pendant les morceaux plus axés sur la guitare, de petits faisceaux de lumière variables transforment le fond coloré de papillons en une mosaïque psychédélique. Les paroles floues se marient bien aux effets visuels trippants, même s'ils ne sont produits que par la simple utilisation de l'éclairage de scène.

La seconde partie du concert va se concentrer sur la discographie la plus entraînante du groupe, épinglant notamment le titre emblématique « You Hear Georgia » ainsi que le tube « Sleeping Dogs », et rallume ainsi la flamme au sein de la foule.

Lors du rappel, Charlie Starr dédie le tube « Ain't Much Left of Me » à tous ceux qui doivent écrire des chèques de pension alimentaire sur le tableau de bord de leur Ford ; un clin d'œil ironique aux stéréotypes country auxquels la formation se livre parfois. Starr met tout son cœur dans cette chanson que l'on pourrait qualifier de magnum opus du band, déversant de l'émotion derrière des paroles apparemment désespérées. Mais les sourires contagieux de Blackberry Smoke communiquent un sens plus large et moins angoissant de la compo : ‘Eh bien, je tiens toujours bon, et il ne me reste plus grand-chose...’   

Setlist : « Workin' for a Workin' Man », « Good One Comin' On », « Hammer and the Nail », « Pretty Little Lie », « Like It Was Yesterday », « Hey Delilah », « Waiting for the Thunder », « Restless », « Rock and Roll Again », « You Hear Georgia », « Sleeping Dogs », « Azalea », « Medicate My Mind », « The Whippoorwill », « Sanctified Woman », « Ain't Got the Blues », « Run Away From It All », « One Horse Town », « Little Bit Crazy ».

Rappel : « Dig a Hole », « Ain't Much Left of Meer »

(Organisation : Live Nation)

 

Mingawash

Sous le regard des elfes et des petits gnomes…

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Ce vendredi 6 septembre, Mingawash se produisait à la Verrerie de Braine-le-Comte, un ancien bâtiment industriel reconverti en endroit de rencontre autour de l’Art, un lieu atypique qui accueille tout au long de l’année des expos, des événements, etc.

Il y a une salle d’une jauge de 250 personnes au rez-de-chaussée, entièrement équipée pour les concerts et un théâtre au premier étage capable d’accueillir entre 40 et 200 personnes pour des représentations théâtrales ou des prestations musicales intimistes.

Mais un peu d’histoire, tout d’abord. Témoin du passé, cet ancien site industriel possède une valeur patrimoniale à préserver.

La ‘S.A. Verreries-Gobeleteries de Braine-le-Comte’ a été fondée en 1905. Cette verrerie jadis importante se situe à proximité de la gare et disposait d’un accès au chemin de fer, ce qui facilitait l’approvisionnement en charbon et en matières premières. En 1964, on dénombrait 150 ouvriers. L’essor sera de courte durée ; en raison de la récession économique provoquée par la crise pétrolière, la société sera contrainte de fermer ses portes en 1975…

A ce jour, Mingawash a publié deux elpees, « Imposteur », en 2018 et « Capharnaüm », en février dernier. La formation sort d’une résidence d’une semaine afin de préparer ce set dans les meilleures conditions.

Originaire d’Ath, Mingawash est drivé par le chanteur/percussionniste/mandoliniste, Martin Moreau (chant, percussion, mandoline). Il se plante au milieu du podium, en avant-scène. Le line up implique également deux guitarises, Valéry Granson et Maxime Deplasse, le drummer Théo Vynckier, installé en retrait sur une estrade, le claviériste/percussionniste Christopher Cansier le bassiste François Hantson et enfin, le second vocaliste, Clément Williem. Barbu et chevelu, une capuche sur la tête empêche de voir son visage. Plus de panda sur les planches, ni de danseuses/choristes, rien de des mecs burnés ! Manifestement les musicos ont atteint la maturité.

Le set s’ouvre par « Instinct ». La voix screamée de Clément s’impose.  Très gutturale, elle semble émaner du fond des ténèbres. A cet instant, l‘expression sonore évoque The Hu, un groupe de métal mongol issu d’Oulan Bator, responsable d’un ‘nomadic folk metal’, tout en incluant dans les vocaux, du khoomii (*).

Martin entame « Mathématique » à l’aide de sa mandoline. Puis la compo s’enfonce dans le métal tribal aux tonalités orientales. C’est puissant et riche en percus, percussions d’ailleurs omniprésentes tout au long du show.

Caractérisé par ses sonorités arabisantes, « Tombeau » est abordé dans l’esprit de Robert Plant & The Band of Joy, avant que la voix screamée nous replonge dans les flammes éternelles de l’enfer. En fait, hormis l’insertion de deux covers et d’un inédit, la setlist respecte l’intégralité du nouvel opus dans l’ordre chronologique des plages.

On aura quand même droit à un nouveau morceau, « Poussière ». Graisseuses, les sixcordes libèrent toute leur agressivité, alors que les vocaux sont inévitablement screamés.

Au cours du set, Mingawash s’est autorisé deux audacieuses versions métalliques. Une du « Vesoul » de Jacques Brel et l’autre de « Chic et pas cher » d’Arno. Fallait oser ! Ah oui, il faut le préciser, toutes les paroles sont chantées dans la langue de Voltaire.

Après un tel show, on a l’impression d’avoir exploré le cœur des fjords nordiques, battus par la tempête, sous le regard des elfes et des petits gnomes…

Setlist : « Instinct », « Mathématique », « Tombeau », Le Reste », « Horrifié », « Poussière », « Vesoul », « De La Terre A La Terre », « Capharnaüm », « Ensorceleuse », « Visage Pâle », « Héréditaire Energie », « Pornographie », « Chic Et Pas Cher », « Génie Du Mal », « Joujou ».

(*) Le khoomi est un type de chant diaphonique ancestral qui consiste à reproduire des sons naturels comme l'écoulement de l'eau, le souffle du vent, l'écho des montagnes, le grondement du tonnerre, le chant des oiseaux, etc.

Le chant diaphonique se caractérise par une technique vocale qui permet de produire plusieurs notes simultanément au moyen d'un seul organe vocal en combinant divers types de voix et divers positionnements de langue ou des lèvres. Ainsi, l'interprète utilisera sa gorge pour émettre un bourdon continu et profond, tandis qu'en se servant de sa langue pour contrôler l'air soufflé.

(Organisation : Centre Culturel de Braine-le-Comte)

Elbow

La maîtrise d’Elbow…

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Elbow est sans conteste l’un des groupes majeurs de la scène musicale internationale. Depuis 22 ans, le quatuor de Manchester en impose par un style touchant, intelligent et intrépide. Et son retour est un véritable régal pour nos oreilles.

Destinée à défendre son 10ème elpee studio, « Audio Vertigo », sa tournée internationale s’achevait ce 11 septembre dans l’intimité du Cirque Royal. L’amour entre Elbow et la Belgique a toujours été considérable et réciproque. Depuis la sortie de son plus grand succès, « The Seldom Seen Kid », le groupe britannique sembler y avoir acquis un statut plus important que dans son propre pays. Ses prestations live sont à chaque fois de vraies claques musicales, que ce soit en salle ou en festival. A l’issue de son premier passage à Rock Werchter en 2006 (NDR : auquel votre serviteur assistait), au cours duquel il a accordé un set incroyable et historique, le public belge ne les a plus jamais lâchés.

Le concert est sold out depuis bien longtemps…

C’est Guy Garvey en personne qui, vers 19h40, vient présenter le supporting act qu’il annonce brillant. Il s’agit de Peter Alexander Jobson qui se produit en solo depuis la dissolution de son band, I Am Kloot.

Seul devant ses ivoires et d’une voix caverneuse et profonde, il nous emporte au sein d’un univers plutôt atypique. Une voix hantée par celle de Léonard Cohen et de Lou Reed. Dans un chanté/parlé, il nous raconte la vie de tous les jours avec un certain humour et un léger désenchantement qui fait aussi son charme. La chanson titre de son album « Burn The Ration Books Of Love », qui sortira fin novembre, est vraiment impressionnante. Une prestation intimiste de toute bonne facture !

Sur les planches, le chateur Guy Garvey, le claviériste/guitariste/percussionniste Craig Potter, le sixcordiste Mark Potter, le bassiste Pete Turner et le drummer Richard Jupp (perché sur une estrade à l’extrême-droite) sont soutenus par 6 musicos. En l’occurrence une section de 3 cuivres et autant de choristes/violonistes. De quoi enrichir la solution sonore du combo. Tout le monde est habillé de noir.

« Things I’ve Been Telling Myself For Years » et « Lover’s Leap » ouvrent le bal. Des compos particulièrement accrocheuses. Guy Garvey interagit quasiment entre chaque chanson et son humour décalé fait mouche.

L'excentrique « Lovers' Leap » est mitraillé en intro par des interventions de cuivres et souligné de rythmes grinçants. « The Bones Of You » suscite une première vague d'enthousiasme au sein de l’auditoire alors que le plus paisible « Mirrorball » séduit grâce à son jeu de lumière. Car hormis lors des morceaux les plus calmes, le light show est aveuglant.

A plusieurs reprises, Guy se consacre à la guitare. Et sa dextérité sur les cordes n’est plus à démontrer. Enfin lorsque les trois grattes électriques entrent en action, l’intensité est à son comble.  

Atmosphères extatiques, sonorités pleines, textes forts, sens du détail, Elbow maitrise son art à merveille.

L’excellent « Fly Boy Blue/Lunette » mêle rock et jazz nerveux avant de se clôturer dans un climat atmosphérique. La choriste Jesca Hoop et Guy Garvey échangent un duo intimiste tout au long de « Dexter And Sinister ». Une ambiance reproduite sur le bouleversant « Puncture Repair ». Mais Elbow n’a guère baissé le tempo pendant le concert. De nouvelles compos comme « The Picture », l’exubérant « Balu », dominé par les synthés et au superbe refrain, ainsi que « Good Blood Mexico City », au cours de laquelle les sonorités de guitare passent du climat ensoleillé (Fela Kuti ?) au plus lourd du heavy metal, sont intelligemment insérées dans la setlist, afin de ne pas dissiper l’attention de la foule.

Et le show de s’achever par l’époustouflant « Grounds for Divorce ». En rappel et sous forme d’apothéose, Elbow nous a réservé « Lippy Kids » et « One Day Like This ». Bref, un excellent concert, bien construit, parfaitement équilibré entre ancien et nouveau répertoire et qui n’a laissé personne de marbre…

Setlist : « Things I've Been Telling Myself For Years », « Lovers' Leap », « The Bones Of You », « Mirrorball », « Charge », « Fly Boy Blue, Lunette », « The Picture », « Dexter & Sinister « (with Jesca Hoop), « Balu », « The Birds », « Puncture Repair », « Kindling », « Good Blood Mexico City », « Station Approach », « My Sad Captains », « Magnificent (She Says) », « Grounds For Divorce ».

Rappel : « Lippy Kids », « One Day Like This ».

(Organisation : Live Nation)

Lauren Daigle

L’évangile selon Sainte Lauren…

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Auteure-compositrice-interprète de musique (chrétienne contemporaine évangéliste), Lauren Daigle comptabilise plus d’un milliard de streams sur la toile et continue à accorder des concerts dans le monde entier. Elle se produisait ce 9 juillet à l’Ancienne Belgique, pour la circonstance, en configuration ballroom, devant 900 âmes…

Conjointement à ses performances musicales, Lauren participe activement à l’éducation musicale, au travail avec des jeunes à risques et à la prise en charge des enfants, des personnes âgées et dans le besoin par l’intermédiaire de The Price Fund, une organisation qu’elle a fondée en 2018. À ce jour, elle a fait don de plus de 2,5 millions de dollars à 42 associations à but non lucratif dans le monde entier. Une personne charitable, dans le sens le plus noble du terme. Née en 1991, Lauren a été élevée dans une famille évangéliste à Lafayette, en Louisiane, mais également au son du cajun, du blues et du zydeco. Elle se met à rêver de partir en tournée au cours de laquelle elle sera entourée de la foule, venue la voir chanter ; mais à l’âge de 15 ans, elle est contrainte au confinement chez elle pendant 2 ans après avoir contracté une maladie. Elle se met alors à lire la Bible. Elle l’affirme encore à ce jour que c’est la meilleure chose qui lui soit arrivée. Pourtant, elle ose depuis peu quelques chansons d’amour en faisant le pari de conquérir un public plus large.

Elle a emporté dans ses bagages Benjamin William Hastings, afin d’assurer le supporting act. Et c’est également un homme de foi. Il sera d’ailleurs pas mal question de religion, au cours de cette soirée…

Ce chanteur/compositeur nord-irlandais a grandi dans les rues de Belfast mais a passé la majeure partie de son adolescence à Sydney, en Australie. Il a milité au sein de Hillsong United, formé en 1998, qui a publié 6 elpees composés essentiellement de chants religieux. Il est le cerveau poétique derrière les productions les plus grandioses du collectif, telles que « So Will I (100 Billion X) », « Seasons » et « Highlands (Song Of Ascent) ». Ce soir il se produit en solo. Sa voix, sa guitare, son banjo, son piano et son MPD. Il possède une bonne bouille, un superbe organe vocal et un élégant toucher de cordes.

Dès le début du set, il déclenche son MPD qui lance des beats électro, empoigne un banjo et demande au public s’il se sent bien.

Sa voix est ample. Puissante, elle évoque celle de Bon Jovi, mais elle est aussi capable de virer à la soul ou au gospel. En bref, elle séduit ou arrache littéralement les tripes. Outre sa dextérité derrière les ivoires, il a le bon goût de soigner l’aspect mélodique. Il prêche quand même, parlant de Jésus, la religion, mais heureusement sans nous infliger un bourrage de crâne. D’ailleurs, une belle interaction s’établit avec le public, et se maintiendra tout au long de son récital (voir sa page 'Artistes' ici)

Une tenture est tendue en arrière-plan. Elle représente un tapis de bandelettes multicolores digne du carnaval de Rio. Sept musicos déboulent sur les planches, soit une section de cuivres constituée d’un préposé au trombone à coulisse et un autre à la trompette, un guitariste et sur une estrade en retrait, un drummer, un bassiste/claviériste et un choriste. Sans oublier Lauren Daigle. Elle est vêtue d’un ensemble chemisier-pantalon, sur lequel sont imprimés des carrés de teinte vive, et coiffée d’une casquette brune (qu’elle a retournée) enfoncée sur sa longue chevelure de couleur geai. Et lorsqu’elle débarque sur le podium, elle est vivement acclamée.

Rayonnante, un grand sourire aux lèvres, elle nous remet un ‘bonjour’ en parfait français. En ouverture, elle nous balance son premier skud, « These Are The Days », un hit imprimé sur un tempo enlevé. Elle déménage littéralement sur la scène et entre régulièrement en duel vocal, avec son remarquable choriste. Elle manœuvre la foule habilement, qui réagit au quart de tour. Les cuivres sont omniprésents et changent au gré des compos. Ainsi, bugle et saxophone relaient régulièrement trombone à coulisses et trompette. Et leurs interventions font grimper la température dans la salle.  

C’est sous les ‘hourras’ de l’auditoire que « Look Up Child » et « Trust In You » sont accueillis. Logique, ce sont les chansons préférées des fans. Lauren nous réserve neuf plages de son dernier opus, un éponyme paru ce 8 septembre 2023. A mi-parcours, la troupe prend place sur des tabourets de bar, en ligne, au bord du podium, et dispensent toute une série de compos et de medleys religieux, sous une forme acoustique, dont « Thank God I Do », « Saint Ferdinand », « Everything » et « Valuable ».

Retour à l’effervescence ensuite, grâce aux énergiques « O' Lord », « Turbulent Skies » et « Still Rolling Stones ». Et le public de jumper ou d’applaudir à tout rompre…

Lors de l’intimiste « Thank God I Do », sablé, le timbre de Lauren, vire à la soul voire au gospel. Pas étonnant que sa voix ait été souvent comparée à celle d’Adèle…

Avant de clôturer son concert par « How Can It Be ». Lauren accorde « You Say » (NDR : un méga tube six fois disque de platine), mais sa voix est alors noyée par celle de la foule qui la reprend en chœur. 

A l’issue du rappel accordé sous la forme d’« Inherited », 120 minutes d’un show coloré venait de s’écouler. Et parfois on a eu l’impression d’assister à un défilé de rue animé à la Nouvelle-Orléans, lors d’un carnaval ou une procession…

Setlist : « These Are The Days », « Waiting », « Look Up Child », « Trust In You », « Be Okay », « Hold On To Me », « Kaleidoscope Jesus », « Salvation Mountain », « Rescue », « Thank God I Do », « Saint Ferdinand », « Valuable    », « To Know Me », « O' Lord », « Ego », « Still Rolling Stones », « You Say », « How Can It Be ».

Rappel : « Inherited »,

(Organisation : Greenhouse Talent)

Steve Hackett

Steve Hackett Lies Down... on Brussels...

Parmi les membres originels de Genesis, Steven Richard Hackett est le seul qui maintient vivant le souvenir de la période dorée, de 1970 à 1977, au cours de laquelle le groupe légendaire a sorti 8 albums considérés comme des chefs d'œuvre. Au fil de son impressionnante carrière, le Londonien –aujourd’hui âgé de 74 ans– s’est forgé un style fluide, éthéré et hyper-mélodique, reconnaissable entre mille. Ce soir, il établit ses quartiers à l'Ancienne Belgique, à Bruxelles, pour présenter un nouveau spectacle solo, imaginé d’après l'album culte de Genesis : “The Lamb Lies Down on Broadway”...

C'est le deuxième concert de cette tournée. Il fait suite au coup d'envoi donné hier, au Grand Rex, à Paris. Vêtu très simplement de noir, il n'arbore pas, pour une fois, son inséparable écharpe en velours rouge. Il est, comme d’habitude, d'un abord très discret, voire timide. On le sait, Steve Hackett ne porte pas de masque de renard ni de costumes à motifs fleuris ; ce n'est pas Peter Gabriel ! Toute l'émotion est concentrée sur la musique et sa sublime Les Paul, dont il tire des sons cristallins, d'une beauté quasi-mystique.

La première partie du show constitue, en quelque sorte, un ‘panaché’, au cours duquel il aligne une sélection de titres de son répertoire solo. Après un faux départ, causé par une erreur de branchement de sa guitare, commentée avec humour par Steve Hackett (‘false start !), le band ouvre le bal en interprétant trois morceaux de son nouvel LP, “The Circus and The Nightwhale”. “People of The Smoke”, “Circo Inferno” et “The Passing Clouds” confirment le spectre musical, très large, embrassé par ce ‘concept album’ semi-autobiographique. Première surprise, Steve assure, en personne, les parties vocales, alors que les paroles sont signées par son épouse (NDR : depuis 2011), Joanna Lehmann-Hackett. Sur “The Passing Clouds”, on est emporté, pour la première fois, par ces longues envolées de guitare qui portent la griffe du ‘génésien’.

Au moment de “The Devil's Cathedral”, solennel et sombre à souhait, on découvre les musiciens du groupe, ses fidèles ‘acolytes... de voyage’ (hum...) Au chant principal, l'Américain Nad Sylvan (Agent of Mercy) ; à la basse, le Suédois Ronald Reingold ; à la flûte, au saxophone et à la clarinette, Rob Townsend ; aux claviers, Roger King et à la batterie, Craig Blundell, qui milite également au sein du backing group de Steven Wilson.

Grâce à ces musicos d'exception, on se délecte de petites perles comme “Every Day”, extrait du meilleur opus d'Hackett, “Spectral Mornings”, paru en 1979. En même temps, Hackett adresse un clin d'œil musical à Beethoven (La 9e “An Die Freude”) dans le thème principal du morceau et on s'envole à nouveau sur les ailes de la Les Paul lors du solo final.

“Spectral Mornings” traite de la vie après la mort et il ne faut pas oublier que ce thème traverse l'œuvre de l'Anglais. ‘A l'époque, en parler revenait à être traité de hippie’, ironise Hackett ; ajoutant ‘Aujourd'hui, la science s'est emparée du sujet et parle de phénomènes quantiques...’ Tiens, tiens, Sir Hackett serait-il également intéressé par les thématiques liées à l'élévation de conscience ?

“Camino Royale” embraie. Remontant à 1983, cette compo –précédée par un époustouflant solo de basse, au cours duquel Jonas Reingold glisse des références à Bach (la Suite N° 1 en sol majeur pour violoncelle) et à Jimi Hendrix' ("Voodoo Child”)– est rehaussée ici par une étonnante ‘jam session’ carrément jazzy. La séquence se termine par la dernière partie, instrumentale, de “Shadow of the Hierophant”, la plage titulaire du premier opus solo de l'artiste, sorti en 1975. Comme à chaque fois que l'on assiste à l'interprétation de l’hypnotique “Shadow...”, on est scotché par la beauté de la ligne mélodique et par l'incroyable montée en puissance, culminant dans une apothéose assourdissante. Un grand moment !

Après une courte pause, place au plat de résistance du spectacle et à ‘la nostalgie’, comme le précise Hackett dans un français presque parfait. Focus sur “The Lamb Lies Down on Broadway”, l'album ‘new-yorkais’ de Genesis. Paru en 1974, il constitue un des plus grands succès critiques, artistiques et commerciaux de la formation de rock progressif, mais sera le dernier réalisé en compagnie de Peter Gabriel.

En redécouvrant l'elpee en live, on est frappé par l'incroyable richesse de ce disque, tant au niveau des mélodies que dans les harmonies et les textures sonores. L'ambiance est plus sombre que sur les œuvres précédentes du groupe ; certainement à cause des dissensions régnant entre les musiciens et de leurs problèmes familiaux. Mais, par-dessus tout, cette musique est d'une incroyable force. Ce soir, Steve a troqué sa Les Paul Gold pour une autre Les Paul, noire celle-ci, au son plus brillant, plus tranchant. Et Craig Blundell propose un jeu de batterie qui, dans les moments les plus intenses, casse littéralement la baraque.

Ce “Best of The Lamb” recèle clairement les meilleures plages du double-album. D'abord, la plage titulaire, suivie de “Fly on a Windshield”, “Broadway Melody of 1974” et “Hairless Heart” ; mais le point culminant est atteint par “Carpet Crawlers”, une sublime chanson qui donne, encore aujourd'hui, la chair de poule. “The Chamber of 32 Doors”, “Lilywhite Lilith”, “The Lamia” et “it” complètent cette convaincante évocation. Seul regret : l'absence des diapositives qui magnifiaient ‘le show’ lors de la tournée de 1974-75 et que certaines formations de covers utilisent lors de leurs concerts. Dommage mais, comme déjà souligné auparavant, pour Steve Hackett, seule la musique compte.

Au moment où l'on croit le set terminé, le combo nous gratifie de 3 extraits de “Selling England by The Pound”, le long playing qui précède “The Lamb”. Au début de "Dancing With The Moonlit Knight", les fans entonnent la mélodie hyper connue : ‘Can You Tell Me Where My Country Lies...’ Pendant le break instrumental, on redécouvre l'exceptionnelle technique de Hackett, qui est un des inventeurs du 'finger tapping'. Popularisée par Eddie Van Halen, elle consiste à venir frapper le manche à l’aide des doigts, en hammer-on/pull-off pour dispenser des séquences très rapides de notes. Hackett a élaboré cette méthode en regardant des jazzmen (surtout Emmett Chapman, le créateur du 'Stick'). Le tout premier 'finger-tap' figure probablement dans l'intro de "The Return Of The Giant Hogweed", paru sur "Nursery Cryme", en 1971 !! A noter que feu Eddie Van Halen confesse avoir également été inspiré par la technique de Jimmy Page. Sur ce même morceau, décidément légendaire, Steve Hackett utilise aussi le ‘sweep picking’, qui consiste à faire glisser très rapidement l'onglet au travers de plusieurs cordes de haut en bas et de bas en haut, une technique popularisée par Yngwie Malmsteen...

Mais refermons cette parenthèse musicologique car, “The Cinema Show” nous attend. Un morceau époustouflant grâce aux arpèges de guitare à 12 cordes et, surtout, au long solo de claviers créé par Tony Banks, qui constitue le moment de gloire de la soirée pour Roger King. A l'issue de “Aisle of Plenty”, les musiciens viennent tous à l'avant du podium pour remercier le public et... pour souhaiter un joyeux anniversaire à Rob Townshend.

Comme il fallait s’y attendre, “Firth of Fifth” amorce la partie rappel du concert. Un moment vraiment magique ! Ce tour de force musical est illuminé par un solo d'anthologie à la gratte, d'une beauté déchirante. Au moment de la célèbre note qui reste perchée sur un long 'sustain', le spectre de Carlos Santana se met à planer.

La partie finale du set rayonne autour de “Los Endos”, le brûlot extrait de “A Trick of The Tail”. Craig Blundell nous réserve un extraordinaire solo de drums en intro, et un passage de “Slogans” (1980) est inséré dans le morceau, à mi-parcours. Quand le rappel prend fin, l'ambiance est indescriptible. On a l'impression que l'AB va exploser. Le public réclame un second ‘encore’, mais en vain, car les lumières se rallument.

On quitte l'AB la tête remplie d'une musique magnifique et on remercie Steve Hackett d’avoir donné une seconde vie à la période la plus inspirée de Genesis. Ce soir, on aura tous chanté ‘And The Band... Lies Down... On Bru-u-ussels...’

Setlist :

People of the Smoke

Circo Inferno

These Passing Clouds

The Devil's Cathedral

Every Day

A Tower Struck Down

Basic Instincts

Camino Royale

Shadow of the Hierophant (closing section only)

Set 2 :

The Lamb Lies Down on Broadway

Fly on a Windshield

Broadway Melody of 1974

Hairless Heart

Carpet Crawlers

The Chamber of 32 Doors

Lilywhite Lilith

The Lamia

it

Dancing With the Moonlit Knight

The Cinema Show

Aisle of Plenty

Encore :

Firth of Fifth

Los Endos (1st half; introduced first by a drum solo)

Slogans

Los Endos (2nd half)

(Organisation : Ancienne Belgique + Live Nation)

 

Chelsea Wolfe

En maitresse de cérémonie…

C'est une belle affiche que nous propose l’AB ce soir. Au programme, deux formations qui explorent un univers très 'dark' :  Kælan Mikla et Chelsea Wolfe. Mais dans les deux cas, il s'agit d'une noirceur propice aux scintillements de lueurs brillantes, aveuglantes même.

C'est à 19h45 que Kælan Mikla monte sur les planches. Le trio féminin basé à Reykjavík a été formé en 2013 et on mesure le chemin parcouru entre le Bonnefooi, le café situé en face de l'AB, où les 3 Islandaises avaient joué en 2017, coincées entre la porte et le bar, et la prestigieuse scène de l'Ancienne Belgique. Dès les premières notes de leur morceau éponyme, on est immergé dans un univers spectral, peuplé d'ombres et de sorcières, une cold-dark-wave teintée de folklore islandais, glacée et envoûtante. Mais on retiendra surtout le magnifique “Sírenur”, extrait du dernier album du combo, l'excellent “Undir Köldum Norðurljósum”, une composition d'une beauté déchirante, qui met parfaitement en valeur la voix de Laufey Soffía. Sólveig Matthildur Kristjánsdóttir se consacre, quant à elle, aux voix, aux claviers et à la flûte tandis que Margrét Rósa Dóru-Harrýsdóttir nous gratifie des sons énormes et abyssaux qu'elle tire de sa basse. Une très belle prestation, qui donne envie de se replonger dans l'atmosphère nordique de leurs productions. (Pour accéder la page ‘Artistes’ de Kælan Mikla, c’est ici).

Dès 21h, c'est au tour de la grande prêtresse, Chelsea Wolfe, de monter sur les planches. A ses côtés, son comparse à la scène comme à la ville, Ben Chisholm, se charge de la basse et des synthés, Bryan Tulao (Black Math Horseman, MGR, Mother Tongue) de la guitare et Jess Gowrie (Horseneck, Red Host, The Drama, Mrs. Piss) des drums. Tout de noir vêtue, la Californienne focalise tous les regards. Etablie à Sacramento, Chelsea est responsable, à ce jour, de 8 superbes albums. Aujourd'hui, elle vient présenter le 'petit dernier', paru récemment sur Loma Vista. « She Reaches Out To She Reaches Out To She » constituera donc, tout naturellement, l'épine dorsale de la setlist.

En grande maîtresse de la soirée, Chelsea Wolfe entretient une atmosphère mystérieuse, déroulant les lentes vagues d'un post-doom-folk lancinant... Dans les arrangements du dernier opus, Chelsea a renoué avec le style plus électronique de “Pain Is Beauty”, qui reste, aux yeux de votre chroniqueur, son chef-d'œuvre. Mais le son est ici moins trip-hop / electronica et lorgne carrément vers le ‘power electronics rock’ de Nine Inch Nails. Pour notre plus grand bonheur.

C'est particulièrement audible dans les 2 premiers titres de la setlist : “Whispers in the Echo Chamber” et “Everything Turns Blue”. Pendant “House of Self‐Undoing”, imprimé sur un rythme plus rapide, l'artiste se saisit du micro et ose quelques pas sur le podium. Elle ne se cache plus derrière un voile comme à ses débuts mais on sent qu'elle est toujours très farouche, très fragile. Il y a néanmoins une sérénité dans son attitude, qui n'est pas étrangère à sa décision, il y a quelques années, d'adopter un mode de vie sobre et sans-alcool.

Au moment de “16Psyche”, extrait de “Hiss Spun”, on est de retour dans le versant ‘guitaristique’ de Chelsea Wolfe et le public se manifeste dès les premières notes du riff aux accents ‘bluesy’. Cette incursion dans “Hiss Spun” se poursuit grâce à “The Culling”, un morceau qui permet d'admirer la maîtrise de la dynamique affichée par le band car on passe en quelques secondes d'un mur du son bruitiste à un final apaisé et tout en retenue. Pendant le très beau “After The Fall”, Ben Chisolm qui, à propos, arbore désormais une imposante moustache, passe des claviers à la basse et la beauté pénétrante de la mélodie finit par nous crucifier. Le chant de Chelsea est parfait et ce, en dépit des petits problèmes de voix qui nous avaient été rapportés par son entourage. 

Pour “The Mother Road”, extrait de “Birth of violence”, Chelsea passe à la guitare acoustique et c'est un des moments les plus poignants de la soirée. Le final tout en harmonies mineures est époustouflant et éminemment hypnotique. Ayant acquis les bases de la sorcellerie blanche grâce à sa grand-mère, l'artiste a le talent pour élaborer des élixirs soniques capables de nous emmener très loin.

Autres grands moments : “Feral Love” et “Salt”, deux superbes compos ‘dark-trip-hop’, qui évoquent Portishead et Tricky. Dans “Unseen World”, Chelsea nous guide dans les mondes parallèles en agitant un pendule, avant une dernière série de 3 plages extraites de son dernier opus. Pour clôturer le set, le désormais classique “Flatlands” nous amène tout en douceur vers un rappel qui renouera d'abord avec le post-metal, grâce à “Carrion Flowers” avant de laisser retomber définitivement le rideau sur un déchirant “The Liminal”, interprété en solo à la gratte sèche...

Setlist :

Whispers in the Echo Chamber

Everything Turns Blue

House of SelfUndoing

Tunnel Lights

16 Psyche

The Culling

After the Fall

The Mother Road

Deranged for Rock & Roll

Feral Love

Salt

Unseen World

Eyes Like Nightshade

Place in the Sun

Dusk

Flatlands

Rappel :

Carrion Flowers

The Liminal (Chelsea Wolfe solo)

Crédit photo : Hugues de Castillo

(Organisation : Ancienne Belgique)

Eosine

Eosine a mis le feu à la Fête de la Musique…

Mais où vont-ils s'arrêter ? C'est la question qu'on est en droit de se poser concernant Eosine. Originaire de Liège et emmenée par la très talentueuse Elena Lacroix, cette formation ne cesse de surprendre. Après sa victoire au Concours-Circuit et la sortie de deux remarquables Eps, elle est occupée d'exploser grâce à une série de concerts hallucinants.

Il y a quelques jours, son style shoegaze hybride et innovant a enflammé le podium de la Fête de la Musique, au Cinquantenaire, à Bruxelles. Une prestation énergique et captivante qui a enthousiasmé les spectateurs présents qui, pour la plupart, ne connaissaient pas le combo.

Fait surprenant, la majorité de la setlist est composée de titres inédits. Seuls “Plant Healing”, “Digitaline” et “Progeria”, son dernier single, relèvent de sa discographie. Les 5 autres morceaux sont des compositions récentes et, pour être franc, ils sont époustouflants. L’expression sonore évolue toujours dans un style combinant shoegaze, postpunk, dream-pop et inspiration celtique mais le spectre musical s’élargit grâce à des touches progressives, krautrock et, par moments, carrément grunge.

Le nouveau guitariste, Dima Fontaine, qui militait auparavant au sein du groupe liégeois Naked Passion, n'est certainement pas étranger à cette évolution. Il apporte une palette musicale très riche et renforce parfaitement le travail vocal d'Elena.

Mais ce qui frappe le plus dans ce nouvel avatar d'Eosine, qui est complété par Benjamin Franssen à la batterie et Guillaume Van Ngoc à la basse (remplaçant), c'est la puissance de son show en ‘live’. Le côté shoegaze un peu nonchalant est supplanté, sur les planches, par une énergie brute et une maîtrise étonnante des pulsions et des flux. Le groupe alterne les moments aériens et les envolées rythmiques les plus féroces.

D'ailleurs, le public ne s'y trompe pas car l'espace devant la scène se remplit au fil des minutes et l’auditoire devient plus en plus conséquent. Il finit même par s’enflammer, et lors de la dernière partie du show, les premiers rangs s’engagent dans un ‘pogo’ débridé, et tout particulièrement lors du final, “Digitaline”. Pour faire monter la pression, Elena se lance dans une diatribe vocale insensée sur la rythmique hyperrapide et, conclusion paroxystique, se roule par terre en criant comme une possédée. L'ange habillé de blanc s'était transformée en démon. Le tout, devant une foule médusée, touchée par une sorte de transe. Un moment inoubliable.

On attend impatiemment le nouvel Ep du groupe. Il doit sortir en septembre sur le label Mayway Records, qui héberge déjà les excellents Haunted Youth. Et l'année prochaine, paraîtra le premier album ‘long format’ du quatuor. Tout est en place pour qu'Eosine devienne un des groupes phares du rock belge, au même titre qu'un Whispering Sons. En tout cas, et sans mauvais jeu de mot, au Cinquantenaire, Eosine était déjà un monument...

Pour consulter les autres articles (interviews, chroniques de disques, etc.) consacrés au band, cliquez sur le nom de l’Artiste dans le cadre informations complémentaires., ci-dessous.

Si vous souhaitez écouter les interviews en podcast dans l'émission ‘WAVES’, c’est ici pour Eosine et pour le projet solo d’Elena, Tokyo Witch.

(Crédit photo : Christophe Dehousse)

 

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