Les textes candides mais positifs de Sea Girls…

Ce quatuor londonien –composé de Henry Camamile (chant, guitare), Rory Young (guitare), Andrew Dawson (basse) et Oli Khan (batterie)– s'impose par sa franchise rafraîchissante, ses mélodies accrocheuses et des paroles candides et positives. En outre, Sea…

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Amenra

A vous glacer le sang…

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Dans le cadre d’une tournée mondiale, Amenra se produit ces 30 et 31 mai 2024, à l’Ancienne Belgique. Les deux concerts sont sold out. Votre serviteur assite au second. Et la formation revient pour 3 nouvelles dates, dans la même salle, en mars 2025, preuve que leur succès ne fait que s’amplifier...

Plus rien ne semble arrêter la formation courtraisienne fondée en 1999 et construite autour du chanteur charismatique Colin H. Van Eeckhout.

Le line up implique également les guitariste Mathieu Vandekerckhove et Lennart Bossu, le drummer Bjorn Lebon ainsi que le bassiste Tim De Gieter.

Le combo pratique un post/doom puissant et intriguant à la fois. Raison pour laquelle, elle arpente, depuis plusieurs années déjà, les plus grandes scènes du monde entier, à la rencontre des adeptes de la Church Of Ra. Notoire pour l'intensité de ses performances live, le groupe entraîne à chaque fois son public dans un voyage musical étrange au cours duquel Colin et ses disciples exorcisent leurs démons. Dans leurs textes, ils abordent, pour thèmes, la douleur et la souffrance, mais aussi le droit d'oser regarder les choses en face. Chaque album est l'intégration d'un traumatisme. Ce qui explique la série d'albums baptisée « Mass », suivie, en 2021, par « De Doorn », un opus en explore les thèmes du deuil et du chagrin, marquant un tournant dans son évolution.

Doodseskader assure le supporting act. Il s’agit d’un duo belge réunissant le bassiste d’Amenra et guitariste d’Every Stranger Looks Like You, Tim De Gieter, et le drummer de The K., Sigfried Burroughs. Formé à Gand, en 2019. son sludge est teinté d'influences post hardcore, punk, heavy metal, hip hop et grunge. A son actif, deux elpees, « MMXX : Year Zero », paru en 2022, et « Year II ».

Une toile noire est tendue en arrière-plan sur laquelle des vidéos plus morbides les unes que les autres sont projetées, mais également les paroles des morceaux, comme lors d’un karaoké –et la foule ne se prive pas de les reprendre en chœur, laissant uniquement les ombres de cette section rythmique basse/batterie se profiler sur cet écran.

Baignant au sein d’un climat en clair-obscur permanent, cette prestation quoique sombre et percutante va se révéler unique en son genre et surtout superbe ! (Pour plus d’infos sur le groupe, voir page ‘Artistes’ ici)

Setlist : « Pastel Prison », « The Sheer Horror Of The Human Condition », « Bone Pipe », « I Ask With My Mouth, I'll Take With My Fist », « Innocence (An Offering) », « FLF », « People Have Poisoned My Mind To A Point Where I Can No Longer Function ».

Les rituels d'Amenra sont depuis longtemps universels et gagnent à chaque tournée des fidèles toujours plus nombreux, de Saint-Pétersbourg à Rio de Janeiro. Amenra en live, c'est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie, qui vous donnera envie de les revoir encore.

« Boden » la pièce d’entrée va durer pas loin de 20 minutes et les 15 premières minutes sont réservées au drummer qui fait tinter une cloche tibétaine. Puis, les deux guitares se mettent à vibrer avant que le reste de l’instrumentation ne rejoigne l’expression sonore et le morceau de s’achever en apothéose. On vient d’entrer dans l’univers d’Amenra.

« Razoreater » embraie sans transition. Les sixcordes libèrent tranquillement leurs sons monocordes, le batteur apporte les nuances et la basse se greffe à l'ensemble. Tout est parfait. Dos au public, Colin déclame son texte de manière un peu froide et impersonnelle, puis sa voix devient ‘screamée’. Mais il ne s’établit aune interactivité entre le band et l’auditoire. Tout semble figé et glacé. Même la musique. Et pas la peine d’espérer un pogo ou round circle. L'entrée furieuse des guitares, l'apocalyptique démesure de cette rythmique incendiaire et ce chant noyé sous le magma sonore ininterrompu, finit par vous glacer le sang… Amen(ra) ! Et pas la moindre respiration entre les 9 morceaux du concert !

Avant la Covid votre serviteur avait découvert Amenra lors d’un set acoustique de toute bonne facture. Ce soir, le contraste est saisissant. Malgré un début prometteur, la suite s’est révélée bien trop monocorde au goût de votre serviteur, et il est resté sur sa faim…

Setlist : « Boden », « Razoreater », « De Evenmens », « Plus près de toi -/ Het Gloren », « Heden », « Aorte-Ritual », « A Solitary Reign », « Diaken », « Terziele, Am Kreuz »

(Organisation : Ancienne Belgique + Live Nation)

Slowdive

Comme à l’issue d’une séance de méditation transcendantale…

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Si le rock indé est à nouveau en pleine effervescence depuis le début du siècle, il le doit en grande partie aux mouvements shoegaze et dream pop, courants qui semblent attirer une toute nouvelle génération de disciples. Et pour cause, les concerts des formations du style, de première génération (les 90’s) et celles de la seconde (depuis + ou - 2015), séduisent un public de plus en plus jeune. Ainsi, ce dimanche 26 mai, pour applaudir Slowdive, il est carrément intergénérationnel, réunissant pré-ados, leurs parents et parfois même leurs grands-parents. Impressionnant ! Et ce soir, il y a du peuple dans la salle. Il y a même du monde au balcon !

Fondé en 1989, le groupe britannique s’est reformé en 2015 et a gravé depuis, deux elpees, un éponyme en 2017 et « Everything is alive », l’an dernier. Ce dernier davantage infusé d’électronique. De quoi inquiéter les plus anciens aficionados qui craignaient l’évaporation de l’instrumentation organique, sur les planches. Ce ne sera pas le cas…

Bonne nouvelle, le supporting act est assuré par Pale Blue Eyes, un trio drivé par un couple ; en l’occurrence le chanteur/compositeur/guitariste Matthew Board et la drummeuse, Lucy ; le line up impliquant également le bassiste Aubrey Simpson, et en tournée, le claviériste/guitariste John Gooding. Deux long playings à l’actif du band : « Souvenirs », en 2022, et « This house », l’année suivante. Des œuvres plutôt douloureuses, dont les textes traitent du chagrin à la suite de la perte d’êtres chers.

Et pourtant, sur scène, les musicos respirent la joie de vivre. Physiquement et vocalement Matthew me fait un peu penser à Martin Phillipps des Chills.  

Le set s’ouvre par « Take me over », un morceau dont l’explosion d’énergie est déjà bien maitrisée. Le son est d’excellent facture et les balances impeccables. La dextérité d’Aubrey sur ses cordes de basse, qu’il palpe de ses doigts, est spectaculaire. Les compos se distinguent par de bonnes accroches mélodiques. Si au début de « Sister », long titre qui clôt la prestation, le spectre de New Order se met à planer, progressivement l’expression sonore se transforme en transe psychédélique réminiscente de Spiritualized. Franchement, on assiste rarement à des premières parties de ce calibre… (Lien page Artistes Pale Blue Eyes)

(Photos Ludovic Vandeweghe ici)

Setlist :

Takes Me Over, TV Flicker, Spaces, Dr Pong, Motionless, Our History, Chelsea, Sister

Une bande préenregistrée diffuse le « Deep Blues Day » de Brian Eno pendant que les musiciens s’installent. Coiffé d’une casquette de base-ball, le chanteur/guitariste Neil Halstead s’installe à l’extrême droite, et l’autre sixcordiste, Christian Savill, à l’extrême gauche. Vêtue d’une robe noire légèrement bouffante dans le bas, la chanteuse Rachel Goswell se plante devant un clavier. On dirait Alice au pays des merveilles à l’âge adulte. Mais souriante, elle a conservé son visage d’enfant. De temps à autre, elle empoigne une guitare flambant neuve de couleur… noire, donc assortie à sa tenue. Et tout a long du spectacle, comme bercée par la musique, elle se balance nonchalamment…

Le concert s’ouvre par « Shanty », le premier morceau du nouvel elpee, « Everything Is Alive ». La lente impulsion électronique se répand un peu comme chez New Order, puis des vagues de sonorités de guitares commence à prendre leur envol, un envol qui se reproduit sur « Star roving » et le panoramique « Catch the breeze ».

Plus atmosphérique, « Skin in the game » nous plonge dans une certaine forme de léthargie. Certains spectateurs ferment les yeux et leurs esprits embrumés se mettent à planer.   

« Crazy for You » s’ébroue au sein d’un même climat. Les guitares entrent en dialogue, et enfin de parcours le morceau prend une nouvelle envolée.

Cosmique, « Souvlaki Space Station » nous propulse au cœur d’un univers floydien, alors que traversés de fumée, les faisceaux lumineux ressemblent à des colonnes de marbre blanc. Et lorsque les lumières stroboscopiques se déclenchent, les mouvements des musicos se décomposent…

Les oscillations de grattes chatoyantes propagées tout au long de « Sugar for the Pill » reflètent les impressions mélancoliques d’un Durutti Column. « Kisses » réverbère des échos empruntés au « Disintegration » de The Cure.

Plus noisy, « When the Sun Hits » alterne moments paisibles et bien percutants. Et le concert s’achève par « 40 days », une remarquable compo aux sonorités de guitares brimbalantes.

Pour le premier titre du rappel, « Chained to a cloud », le bassiste est passé aux claviers. On entre alors dans une ambiance ‘cathédralesque’.

A remarquer que tout au long du concert, Nick Chaplin n’arrête pas de déambuler sur l’estrade, à contrario des autres musiciens, plutôt stoïques ; et quand il se sert de la basse, il la tient à hauteur des genoux, un peu à la manière de Paul Simonon, chez The Clash.

On épinglera encore les échanges de voix entre Rachel, plus éthérée et fluette, et celle de Neil, bien timbrée, même si le volume sonore élevé ne permettait pas toujours de bien saisir ces nuances.

Si la setlist a alterné ancien et nouveau répertoire, le set s’achève par la reprise du « Goden hair » de Syd Barrett. Une forme d’hommage rendu à un artiste que les membres de Slowdive ont toujours admiré. Une version remarquable, respectueuse de la mélodie originale, mais qui sous un format shoegaze sert de lancement à un final tonifié par les percus alors tribales de Simon Scott ; et bien sûr, que l’intensité électrique sublime…

Les musiciens remercient la foule, pendant que les baffles crachent un nouveau titre de Brian Eno, « An Ending (Ascent) ».

En quittant la salle, la foule semblait particulièrement sereine, comme si comblée, elle venait de participer à une séance de méditation transcendantale…  

(Photos Ludovic Vandenweghe )

Setlist :

Deep Blue Day (Brian Eno song), Shanty, Star Roving, Catch the Breeze, Skin in the game, Crazy for You, Souvlaki Space Station, Sugar for the Pill, Slomo, Kisses, Alison, When the Sun Hits, 40 Days

Rappel :

Chained to a cloud, Dagger, Golden Hair (Syd Barrett cover), Song played from tape : An Ending (Ascent) (Brian Eno song)

(Organisation : Aéronef Lille)

 

 

 

Joe BeL

Entre bossa nova, country, americana, rock, ladino, psychédélisme et chanson française...

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On se dit que la voix est un vrai miroir de l’âme. Aussi y a-t-il de la mélancolie et du soleil, de l’assurance et de la douceur dans celle de la songwriteuse Joe Bel. Ce dimanche 19 mai 2024, la Lyonnaise vient défendre et son nouvel opus, à la Rotonde du Botanique.

Née d’une famille cosmopolite, Joe Bel grandit à travers ses expériences de voyages. A ce goût de la découverte se mêle celui de la musique qu’elle explore dès l’enfance : il y a un piano à la maison, les vinyles de Paul Mc McCartney, George Harrison, Otis Redding, ainsi que les chants traditionnels judéo-espagnols chers à sa famille, qui tournent en boucle. Instinctive et autodidacte, Joe fait ses tous premiers pas sur scène seule à la guitare en 2012 dans la ville natale : Lyon. C’est Asaf Avidan qui découvre son soul folk envoûtant et lui offre toutes les premières parties de sa tournée européenne, jusqu’à l’Olympia de Paris ! Depuis, elle a fait du chemin, et son dernier elpee –son second– « Family Tree » (arbre généalogique), est paru en mars dernier.

La petite salle à l’acoustique exceptionnelle est blindée. Et c’est Anwar qui assure le supporting act. Originaire de Forest, ce globe-trotteur atypique est un auteur-compositeur qui s’est construit à travers ses voyages, racontant ses histoires de tous les jours et celles de gens qu’il rencontre sur sa route. Sa musique navigue quelque part entre pop, folk, reggae et blues. A son actif, un album paru cette année, baptisé « Lights », au sein duquel il va puiser généreusement pour alimenter la setlist de ce concert, et un single, intitulé « Follow Me (Jamy Ben Rework) ».

Très chaleureux, Awar va dispenser un récital cool, cosy et de bonne facture, tout au long duquel la foule va se montrer attentive (voir sa page ‘Artistes’ ici).

Place ensuite à Joe Bel. Elle est vêtue d’un pantalon et d’une veste de couleur noire. Mais on la reconnaît surtout à sa chevelure rousse et à ses yeux marrons qui brillent sous les feux des projecteurs. 

Outre le micro, elle se consacre à la gratte semi-acoustique. Elle est accompagnée par un sixcordiste (excellent, par ailleurs) un bassiste (à la technique irréprochable) et son fidèle drummer (il est présent à ses côtés, sur les planches, depuis ses débuts).

Elle va nous proposer de larges extraits de son dernier long playing, dont les titres sont plutôt mélancoliques, mais également des compositions plus anciennes comme « In The Morning », « No, no » ou encore « Hit The Roads ». Le répertoire est varié et interprété, en général, dans la langue de Shakespeare. Dans celle de Molière, elle nous réserve, notamment, cette jolie ode à « Montréal » où Joe a enregistré et vécu un certain temps.

L’expression sonore s’autorise des incursions dans la bossa nova, la country et l'americana, mais également dans le rock, à l’instar de « What Lullaby », et dans le psychédélisme, lorsque le guitariste et le bassiste se mettent à torturer leurs cordes. Les clappements de mains des spectateurs battent la mesure tout au long de ce morceau, mais également de « In the morning. Elle n’oublie pas « Morenika » qu’elle chante en Ladino (NDR : un dérivé de vieil espagnol parlé au Moyen Age par ses ancêtres, parfois encore utilisé dans certains pays méditerranéens et couramment parlé par ses parents et ses grands-parents), tout en rendant hommage à ses racines latines.  

Joe déclare être ravie de revenir dans un des plus belles salles de la capitale bruxelloise. Elle nous parle que son plus grand fils, âgé de 12 ans, qui découvre les chansons signées par sa maman et notamment « No, no » qu’elle a écrit lorsqu’elle osait dire non à tout. Elle signale alors qu’il est difficile de fournir des explications à un gamin de 12 ans et qu’il comprendra un peu plus tard …

L’auditoire et l’artiste sont d’ailleurs très complices. Très agréables à découvrir, les morceaux sont caressés par son timbre de voix feutré.

Le drummer troque ses fûts contre un xylophone. C’est inattendu et la situation provoque l’hilarité dans l’hémicycle. En outre, la Grenobloise sort régulièrement de petites vannes afin d’entretenir l’interactivité

Au beau milieu d’une chanson, une dame s’écroule. Joe s’arrête de chanter et s’enquiert immédiatement de cette spectatrice et lui demande si elle a besoin d’eau ou d’autre chose. Joe s’excuse presque devant le public. Elle est vraiment bienveillante. A trois reprises, elle abandonne sa guitare pour s’installer derrière les ivoires. Et franchement, elle est aussi douée sur cet instrument que sur sa guitare.

Lors du rappel, Anwar la rejoint, pour exécuter un morceau en acoustique, à la sèche. Vivement le prochain concert annoncé pour cet automne !

(Organisation Botanique)

 

 

DIRK.

Prêt à s’exporter…

Écrit par

Si Bruges est souvent considérée comme la Venise du Nord, ce n’est pas pour autant cette caractéristique qui a attisé la curiosité de votre serviteur ce soir, mais plutôt le lieu emblématique de la jeunesse flandrienne dans lequel va se dérouler une joute… musicale, puisqu’elle met en scène Wallons sous la bannière d’Eosine et Flamands sous celle de DIRK.. Si la musique adoucit les mœurs, elle semble aussi rapprocher les communautés, car si les premiers sont issus de Liège, les seconds sont originaires de Gand.

Quasi-main dans la main, les deux formations se sont donné rendez-vous au sud de la ville, au Cactus Muziekcentrum, un endroit iconoclaste à deux pas de la gare. D’une capacité de 700 places, cette salle de concert est idéale pour y faire de belles découvertes. Et ce sera le cas lors de cette soirée.

Eosine a la lourde tâche d’assurer le supporting act. Ce qui, autant le dire, ne sera pas facile, car venu en masse, le public aborde t-shirts et calicots à l’effigie de DIRK., dont l’univers sonore est différent. Doux euphémisme… Il va donc falloir la jouer fine et convaincre... (lire le compte-rednu )

Le temps aux uns de débarrasser le plancher et aux autres d’installer le matos (sans oublier le public de se rincer le gosier), place à DIRK., un groupe de garage/rock alternatif dirigé par Jelle Denturck…

Quatre garçons de grande taille ! Denturck, chaussé de lunettes dont les verres sont aussi gros que des culs de bouteille, se charge de la basse et du chant. Deux guitaristes le soutiennent ainsi qu’un batteur.

Si au sud de la Belgique, le quartet est considéré comme un OVNI, de l’autre côté de la frontière linguistique, il fait l’unanimité. DIRK. est même l’un des groupes indie les plus programmés dans cette région.

En 2018, la formation avait gravé un premier elpee, déjà prometteur, intitulé « album ». Paru en 2020, le deuxième, « Cracks in Common Sense », est particulièrement bien accueilli par la critique et le public, en Flandre. Quelques compos (« Artline », « Hit ») s’y transforment en véritables hymnes. Et sorti l’an dernier, « Idiot Paradize » recèle aussi quelques sublimes pépites dont on devrait entendre parler, y compris de ce côté de la frontière linguistique.

Le set débute par « Waste » un morceau (d)étonnant issu du premier opus. Complètement déjanté, Jelle frappe les cordes de sa basse avec véhémence, soutenu par les guitaristes solistes et rythmiques. Le quatrième larron, camouflé derrière les fûts, ne tarde pas à venir en aide aux potos. Une compo qui n’est pas avare en énergie. Elle est suivie par l’excellent « Sick ‘n tired », qui évolue dans une veine similaire.

 « Are you awake » prend le relais, une (bonne) chanson qui figure sur le troisième support. Elle permet d’évaluer le processus d’évolution du combo. Le son rugueux et dirty des débuts a laissé place à une expression sonore davantage chirurgicale, sans toutefois renier les fondamentaux du band.

Libérant une belle dose d’intensité, « Idiot Paradise » campe dans les portugaises et excelle par sa fausse simplicité. Une chanson explosive, riche en riffs de guitare, tandis que la session rythmique martèle les tympans et laisse des traces indélébiles dans le ciboulot.

Si l’agressivité des guitares relie DIRK. à Fugazi, son ingéniosité transversale évoque Pavement voire les Pixies, une pointe de Weezer s’invitant de temps à autre dans l’ensemble. Des sonorités robustes et saturées giclent des grattes, tout au long d’un « Hide », qui ne cache rien…

Ce band est lui aussi taillé pour la scène. Très à l’aise, les membres affichent une technique impeccable et maîtrisent parfaitement leur sujet. On se rend compte qu’ils ont déjà bien bourlingué et écumé les quatre coins de la Belgique flandrienne.

La complicité qui les lie au public est sincère et chaleureuse, à l’instar de cette gonzesse qui interrompt le set pour abreuver le chanteur d’une bonne pinte, sous les cris hilares d’un public… chaud boulette.

Mélodiquement planant et s’autorisant des envolées lyriques, « Alarms » confirme tout le potentiel d’une formation qui mériterait de trouver écho sur la scène internationale.

Avec ses riffs abrasifs, son côté percutant, son énergie et sa volonté de bien faire les choses tout en apportant du bonheur au public, DIRK. affiche une personnalité bien singulière marquant les esprits… y compris ceux des plus sceptiques...

Encore une fierté noir-jaune-rouge.

(Organisation : Cactus Club)

 

 

Eosine

Une musique à la prose poétique et à l’esthétique raffinée…

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Si Bruges est souvent considérée comme la Venise du Nord, ce n’est pas pour autant cette caractéristique qui a attisé la curiosité de votre serviteur ce soir, mais plutôt le lieu emblématique de la jeunesse flandrienne dans lequel va se dérouler une joute… musicale, puisqu’elle met en scène Wallons sous la bannière d’Eosine et Flamands sous celle de DIRK.. Si la musique adoucit les mœurs, elle semble aussi rapprocher les communautés, car si les premiers sont issus de Liège, les seconds sont originaires de Gand.

Quasi-main dans la main, les deux formations se sont donné rendez-vous au sud de la ville, au Cactus Muziekcentrum, un endroit iconoclaste à deux pas de la gare. D’une capacité de 700 places, cette salle de concert est idéale pour y faire de belles découvertes. Et ce sera le cas lors de cette soirée.

Eosine a la lourde tâche d’assurer le supporting act. Ce qui, autant le dire, ne sera pas facile, car venu en masse, le public aborde t-shirts et calicots à l’effigie de DIRK., dont l’univers sonore est différent. Doux euphémisme… Il va donc falloir la jouer fine et convaincre.

Lorsque les musiciens d’Eosine grimpent sur l’estrade, on imagine à peine que des aussi jeunes musicos puissent bénéficier d’une couverture scénique de grande envergure. Une impression à prendre avec des pincettes puisqu’ils sont habitués à se produire sur scène.

Et puis, le combo a décroché la victoire au Concours Circuit, en décembre 2022, devant un parterre de 120 professionnels, ce qui n’est pas rien dans le plat pays.

Il est drivé par la frêle Elena Lacroix. La jeune femme, toute vêtue de blanc à l’image d’une immaculée, avance d’un pas timide, mais d’un pas décidé tout de même. Elle se consacre à la gratte électrique et au chant.

Les pointes de ses cheveux sont étrangement colorées en vert. Elle est accompagnée d’un batteur et d’un second guitariste. Guillaume, un pote, se charge de la basse, car le préposé attitré s’est barré une quinzaine de jours avant le concert. Fallait donc prêter main forte au team, le temps de quelques dates.

Comptant deux Eps à son actif. "Obsidian" (2021) et Carolline (2023), mixé et masterisé par Mark Gardener –un des deux chanteurs/guitaristes du légendaire de shoegaze, Ride– le quatuor devrait en sortir un troisième en septembre ; mais pour l’instant aucun détail n’a filtré quant au contenu, si ce n’est qu’il a été enregistré dans les conditions du live. Wait and see donc…

Alors qu’Elena s’amusait, il y a quelques années encore, à composer seule de la musique dans sa chambre, elle se retrouve aujourd’hui sous les feux des projecteurs. Si le succès est soudain, est-il inattendu pour autant ?

Naviguant entre dreampop et shoegaze, des genres que les moins de 20 ans disent ne pas connaître, le groupe propose un univers qui lorgne du côté de Slowdive ou encore de Cocteau Twins. A la différence qu’il subsiste une volonté très marquée aujourd’hui de s’en détacher afin de produire un son bien personnel.

Les ‘post-adolescents’ prennent un plaisir immense à se produire sur les planches, les compositions flirtant avec l’abstrait sidéral. Il y a quelque chose de liturgique même, transportant l’auditoire vers une jouissance cosmique. La manière dont Elena manipule son instrument est d’une sensualité éblouissante. Elle est juste magnifique à contempler, chaque accord dispensé reflétant une maîtrise d’orfèvre.

Elle élève ses compositions avec une précision chirurgicale, s’enfonçant ci et là dans une pop cotonneuse, n’évitant malheureusement pas les écueils du genre, tandis que la basse vient appuyer ses lyrics puissants et subtils à la fois. La frappe du drummer est marquée, alternant souplesse et précision. Les guitares chantonnent tour à tour entre reverb, chorus et delay, tandis que la voix lead éthérée est soutenue par une ligne de basse cold wave qui tranche avec l’atmosphère vaporeuse des compos. Et si le temps s’était arrêté tout simplement ?

Le verdict est sans appel ! Si Eosine est avant tout une musique, voire une prose poétique, elle véhicule aussi une esthétique raffinée…

Eosine (s’)offre un show parfaitement carré et cadré. Absolument rien n’est laissé au hasard. Et certainement pas cette culture à l’image très imprégnée, à l’instar du colorant histologique éponyme (NDR : une substance qui permet de colorer des cellules dans le but de les observer plus facilement au microscope), car il crée de jolis motifs, un peu comme des peintures abstraites, comme un pont entre la science et la musique ou l’art en général.

Eosine s’exerce pleinement sur les planches. C’est un groupe forcément taillé pour le live, les stéréotypes radiophoniques limités aux trois minutes trente reflétant peu son champ d’action et l’univers féérique dans lequel il baigne.

Alors qu’il avait la lourde responsabilité d’intéresser le public, d’apprivoiser la culture flamingante et imposer son style, le band a su marquer au fer rouge le cœur du public. Pari gagné !

Le temps aux uns de débarrasser le plancher et aux autres d’installer le matos (sans oublier le public de se rincer le gosier), place à DIRK., un groupe de garage/rock alternatif dirigé par Jelle Denturck… (lire la suite, ici)

(Organisation : Cactus Club)

Akua Naru

Un flow captivant, à la limite du mysticisme…

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Le 5ème elpee d’Akua Naru, « All About Love : New Visions », est paru ce 5 avril 2024. Particulièrement inspirée par l'icône afroféministe Bell Hooks, elle y propose une nouvelle vision des chansons d'amour, le long d'un spectre sonore oscillant du jazz avant-gardiste à la soul en passant par la trap et le hip-hop, tout en libérant un lyrisme poétique, puissant et politique. Un long playing qui a bénéficié du concours de l’ensemble de cordes Resonanz, mais également de featurings, et notamment de Tony Allen, Eric Benêt, Questlove, Christian Scott et Mulatu Astatke.

Parfois décrite comme une artiste hip-hop qui a le flow et la technique de Rakim, l’éclat poétique de Lauryn Hill et la capacité d’invoquer, à travers son art, elle porte tout le poids de l’histoire des femmes noires, à la manière de Nina Simone…

Le concert est complet.

Le supporting act est assuré par un des finalistes du Concours Circuit 2023, FOKOP.EЯA, un crew issu de Bruxelles, qui selon sa définition, pratiquerait un hip hop expérimental. Plus précisément du rap west coast.

FOKKOP.ERA (comprenez ‘Fucked up era’) réunit Herb Cells, aka Johnny LievelingsDeere (WILD BOAR & BULL bb, Frown-I-Brown, ...), Martin Daniel au synthé et Fabio Zamagni, alias Fabio Z, aux drums.

Dès le début du show, les vibes sont bonnes. Herb possède une fameuse voix. Soutenu et rapide, son flow est impressionnant. Et il ne déparerait pas sur la scène américaine. Il bouge constamment sur les planches. La performance allie maîtrise, maturité et technique. Les accélérations de la batterie et l’utilisation intense des cymbales font merveille.

Les trois premiers morceaux du set sont issus de l’Ep « Spitcoins », paru en 2023. Le synthé supplée la basse tout au long de l’indolent « Moby Dick.tator ». Parfois, le band me fait penser à Puppetmastaz, mais sans les marionnettes. Un excellent entertainer !

Setlist : « Moby Dick.tator », « God Auction », « Straight Outta Swampton », « Tinder Struck », « Title Trap »

En intro, l’instrumental jazzy/lounge « Urgency » permet aux musicos d’afficher l’éventail coloré de leurs palettes musicales respectives. Sur disque, cette plage bénéficie du concours d’un quatuor à cordes et de cuivres. En ‘live’, ces sonorités sont remplacées par des synthés.

Akua Naru débarque. Toute vêtue de cuir noir, ses cheveux coiffés en dreads sont remontés en chignon tombant au-dessus de la tête.

Elle est donc épaulée par un drummer, un bassiste dont la technique est irréprochable et qui pratique généreusement du slap/tap ainsi que d’un préposé aux ivoires. Non seulement il est brillant derrière son instrument, mais il possède une voix très susceptible de rappeler Marvin Gaye voire Stevie Wonder

Sablée, grave et rocailleuse, mais soul d’Akua est finalement très proche de Selah Sue. Mais quand elle la conjugue avec celle, haut perchée et claire du pianiste, le résultat est magique. A l’instar de « (Love) Right Now ».

Elle présente chaque morceau et bavarde beaucoup entre les chansons. Hormis quelques emballements circonstanciels, son flow est très lent. Elle possède un sens aigu de la rime. D’ailleurs, le single « Somebody Mama » et « Mr Brownskin » émargent davantage au slam.

Dans ses lyrics, elle met en exergue différentes formes d'amour comme l'amour physique et romantique, mais également l'amitié et la maternité. Pendant « Poetry : How Does It Feel ??? », elle se lâche, descend au milieu de la fosse et y reste pendant 10 bonnes minutes. Bouleversant !

Chaque musicien se réserve un solo plus ou moins conséquent. Talentueux, ils relient parfaitement l'histoire de la musique noire, de l'afrobeat au R&B, en passant par le blues et le jazz.

Une prestation scénique unique où le flow captivant, limite mystique de cette rappeuse manifestement douée, prend toute sa dimension.

Pour les photos, c’est ici

Setlist : « Urgency », « (Love) Right Now - All About Love Version », « Joy - All About Love Version », « Sugar (Honeyicetea) - All About Love Version », « Run Away - All About Love Version », « Serena », « Somebody Mama », « Mr Brownskin - All About Love Version » (Instrumental), « Surrender (Masi's Joint) », « The Question », « Falling - All About Love Version », « Seraphim - All About Love Version », « Poetry : How Does It Feel ??? - All About Love Version », « Made It ».

(Organisation : Ancienne Belgique)

MC Solaar

Chacun y a trouvé son bonheur…

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Sept ans après son retour gagnant, MC Solaar devrait publier, cette année, trois opus. Le premier, « Lueurs célestes », est sorti ce 15 mars, 11 pistes au fort potentiel dansant. Depuis « Sonotone », son tube paru en 2017, celui qui aime nous faire penser n’a plus peur de nous faire danser. D’ailleurs, quatre plages de ce long playing sont très susceptibles de vous flanquer des fourmis dans les jambes, et notamment le très ‘Dj Snake’ aux vibrations brésiliennes « Pierre-Feuille », le latino up tempo « Modernidad » ainsi qu’entre guitare et violon, le vitaminé « On Court » ...

MC Solaar est un des piliers et un des fondateurs du rap français. Un poète aussi. Chez Claude MC, rien ne se perd, surtout pas ses classiques (pensez à son méga hit « Qui sème le vent récolte le tempo »), et tout se transforme. Le concert est, bien entendu, sold out.

Lo Bailly assure le supporting act. Un Bruxellois qui a gravé son premier elpee, « Prosaïque », en 2023. Un disque produit par Lo Bailly et mixé par Staf Verbeeck (Selah Sue, BRNS, Hooverphonic).

Formé au journalisme et à la communication politique, il a rapidement consacré ses prédispositions rédactionnelles au service de la musique. Plume affutée, écriture acérée, l’artiste pose des mots sur ses émotions, en offrant une alternative à la chanson française. Digne héritier des poètes de la Beat Generation, cet adepte du ‘spoken word’ marche d’abord sur les traces de valeurs sûres comme Veence Hanao ou Scylla en remportant, comme eux, le concours ‘Du F. dans le Texte’, en 2021. Il a été autant influencé par le hip-hop et le rap français (MC Solaar, Fonky Family, IAM, 113, Oxmo Puccino) que le rock (The Doors, Pink Floyd, The Black Keys).

Pianiste autodidacte, il grimpe sur les planches en solitaire. Son ordinateur, ses ivoires et sa voix. C’est tout ! Son drummer (Toine Cnockaert) et son guitariste (Straz) sont absents. Outre les nouvelles compos, « N’aiment plus » et « Porcelaine », l’artiste va nous réserver des extraits de son album. Dont « Coléoptères », au cours duquel son récit d'anticipation est magnifié en piano-voix. Il demande d’allumer les lumières de la salle. Et en profite pour remercier l’auditoire et MC Solaar. En fin de parcours, son guitariste, présent dans la loge, le rejoint sur le podium, et ils achèvent le concert par « Ambulance » et « Porcelaine ». Une prestation à la fois singulière et intéressante. A suivre de près. (voir sa page ‘Artistes’ ici)

Setlist : « Prosaïque », « Amsterdam », N’Aimes Plus » « Maryline », « Coléoptères », « Ambulance », « Porcelaine ».

A 20h45 précises, toute la troupe débarque : un scratcheur/multi-instrumentiste qui s’installe derrière ses platines, un drummer perché sur une estrade, une jolie bassiste (dont les quelques interventions en ‘slap & tapping’ sont plutôt réussies), deux choristes particulièrement interactives et bien sûr, MC Solaar. En arrière-plan, une toile noire a été tendue, sur laquelle on distingue parfaitement le sigle du dernier album, en l’occurrence une énorme étoile lumineuse à 5 branches cerclée de blanc.

De « A Dix De Mes Disciples » à « Hasta la Vista », Solaar va enchaîner ses classiques comme « Les Temps changent », « Bouge De Là », « Caroline », mais également ses nouveaux morceaux très dansants, « Modernidad », « Ils Dansent » et « Pierre-Feuille ». Son flow est toujours aussi fluide, à l’instar de « Solaar pleure », qui en ‘live’, vous flanque des frissons partout.

Ses musicos nous réservent un interlude de 4 titres trempés dans le jazz. Ils se postent à l’avant du podium et assurent le show. Le batteur est impérial face à sa caisse claire et sa cymbale et caresse les peaux de ses sticks à balais. Le scratcher est passé à contrebasse et les choristes aux percus.

Pendant ce temps-là, MC Solaar est assis au milieu sur un siège et déclame sa prose. Très réceptif, le public, qui connaît les paroles, les reprend en chœur. Le drummer et le contrebassiste parviennent cependant à nous réserver de longs solos.

Mais le point d’orgue du concert est atteint lors de « Nouveau Western ». Pendant le second medley de quatre morceaux, se glisse la seule reprise de la soirée, le « All N My Grill » de Miss Elliot. Et « Solaar Pleure » couronne un set particulièrement endiablé…

26 titres, rappel y compris, il est incontestable qu’au cours de ce spectacle, au cours duquel un light show impressionnant privilégiait la couleur rouge, chacun y a trouvé son bonheur.  

MC Solaar revient dans le cadre du Festival des Libertés, 18 octobre au Théâtre National.

Setlist : « Intronisation », « À Dix De Mes Disciples », « Qui Sème Le Vent Récolte Le Tempo », « Séquelles », « Victime De La Mode », « Arkansas », « Bouge De Là, Part 1 », « Bouge De Là, Part 2 », « Caroline », « Clic Clic », « Da Vinci Claude », « In God We Trust », « Obsolète », »J.A.Z.Z, J'Connais Mon Rôle, Un Ange En danger, Lève-toi et rap », «  Dégâts Collatéraux », « Les Temps Changent », « Aiwa, Le bien, le mal, Paradisiaque, All N My Grill (Missy Elliott song) », « Modernidad », « Nouveau Western », « Sonotone », « Les Colonies », « Ils Dansent », « Inch'Allah », « Solaar Pleure ».

Rappel : « Pierre-Feuille », « Hasta La Vista »

Pour les photos, c’est

(Organisation : Backinthedayz + Ancienne Belgique)

Gabriel Rios

Latino !

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Gabriel Rios a annoncé la sortie d’un sixième album, « Playa Negra ». En attendant, il se produisait ce vendredi 19 avril à l’Ancienne Belgique de Bruxelles. Sur cet elpee, le plus Belge des Portoricains y chante exclusivement en espagnol. Et rien que des chansons originales. Il remet ainsi ses racines au centre de ses thématiques en plongeant dans ses influences artistiques de base tout en se renouvelant et en affichant une nouvelle facette de sa personnalité à la fois attachante et généreuse. Dans la suite de « Flore », cet opus recèle de véritables hymnes à la musique d’Amérique latine et des Caraïbes. Des morceaux qui remontent à l’enfance de son père et de son grand-père et que ces derniers auraient adoré l’entendre chanter. Une concoction enivrante à la fois nostalgique et iconoclaste qui redécouvre une culture musicale qu’il a laissé derrière lui depuis plus de vingt ans.

Le concert est sold out.

Le supporting act est assuré par une autre Gantoise, Eistear, une jeune auteur/compositrice/interprète… de grande taille. Elle joue de la guitare électrique ou semi-acoustique, en fingerpicking. Elle a entamé son parcours musical au Conservatoire de Gand où elle a appris le chant classique et la guitare. En 2021, elle décide de se lancer en solo et écrit ses propres compos. Ce qui caractérise cette artiste, c’est son approche franche de l’écriture de ses compos. A travers ses paroles sincères, elle déverse le spleen de son âme, en toute humilité.

Sur les planches, elle pratique un folk délicat, légèrement teinté d’americana et de country… probablement inspiré de Joni Mitchell, First Aid Kit et Alela Diane.

Dans sa setlist figure de nouveaux morceaux extraits d’un futur Ep, deux de ses singles, « All This Beauty » et « Little Thing », mais pas de trace de son nouveau, « Pedacito De Papel », qui lui, devrait figurer sur un album en préparation.

Elle achève enfin sa prestation par « Alfonsina Y El Mar », une composition interprétée intégralement dans la langue de Cervantès…

Setlist : « Empty Town », « All This Beauty », « Fall », « Little Thing », « F. Wattz », « The World Keeps Turning », « Alfonsina Y El Mar ».

Gabriel Rios grimpe sur l’estrade, armé de sa gratte semi-acoustique. Au bas de sn pied de micro, on remarque la présence d’un instrument à percussion électronique.

Il est soutenu par son fidèle multi-instrumentiste Ruben Samama (guitare flamenco semi-acoustique, piano, contrebasse).

La setlist est principalement constituée de morceaux issu du futur opus, qui ne possèdent pas encore de titres définitifs. Pour l’instant, ils sont encore à l’état de démo (dixit Ruben) et le choix final sera posé à l’issue des sessions d’enregistrement.

Après le morceau d’ouverture indéterminé, le duo embraie par « Flore », titre maître du dernier elpee, sorti en 2021. L’auditoire connaît les paroles et les reprend en chœur. Place ensuite au single « Pedacito De Papel », paru ce 4 avril, qui figurera, bien sûr, sur « Playa Negra ».

De temps à autre, Ruben pousse un cri ; et notamment lorsqu’il siège derrière les ivoires. Rios en profite pour frapper sur le corps de sa gratte en guise de percussions. Mélange détonant de swing, de rock et de funk et parfois de jazz, la musique ne manque pas de charme, mais aujourd’hui elle baigne inévitablement au sein d’un climat latino, dans la parfaite continuité de l’album « Flore ».

Au cours de son show cosy et intimiste, Rios et son compère dispensent encore des titres comme « La Torre », « El Diablo », « Vagabundo » et « Panteón De Amor ».

Alliant tendresse, technique, qualité et simplicité, Gabriel Rios, musicien talentueux, chic, sexy et à la bonne humeur légendaire, séduit toujours autant sur disque que sur scène ; et ce soir il a permis à notre esprit de voyager du côté des Caraïbes et de l’Amérique latine…

Enfin, en rappel, on aura encore droit à « Broad Daylight », « Mujer Divina » et « Gold » …

Gabriel Rios - Pedacito de papel (acoustic session backstage at AB, Brussel) (youtube.com)

(Organisation : Ancienne Belgique et Live Nation)

Hollow Coves

Convainquant !

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Ce dimanche 14 avril, l’Ancienne Belgique est en configuration ‘Ballroom’ pour accueillir Hollow Coves, un groupe australien, issu de Brisbane, très exactement.

Fondée en 2013 par les auteurs, compositeurs et chanteurs, Ryan Henderson et Matt Carins, cette formation pratique un indie folk, caractérisé par de superbes harmonies vocales à deux voix.

A son actif, quatre Eps et deux elpees, dont le dernier, « Nothing To Lose », est paru en mars dernier. Le band avait fait salle comble à l’AB Box, il y a 2 ans.

Le supporting act est assuré par Garrett Kato, un Canadien émigré en Australie.

A ce jour, il a gravé trois long playings : « Small Town Ritual « (2022), « Hémisphères » (2020) et « That Lown Lomesone Sound (2018).

Il débarque sur les planches, coiffé d’une casquette de basketteur et armé d’une gratte semi-acoustique. En 35 minutes, il va nous réserver 6 morceaux et notamment une compo écrite en l’honneur de son chien. L’artiste raconte que son canidé aime les belles femmes, tout comme son propriétaire. Ce qui déclenche l’hilarité dans l’auditoire. Il empoigne ensuite un harmonica qu’il présente comme son collaborateur sur scène.

Il bavarde beaucoup entre ses chansons ; mais quoique agréable, son set s’avère monotone…

Place ensuite à Hollow Coves.

Le décor est simple : une tenture est tendue en arrière-plan. Elle changera de couleur en fonction des morceaux. Installé au plafond, le light show émane d’une armée de spots.

Deux estrades, l’une à gauche, l’autre à droite, légèrement de biais, sont destinées à accueillir, respectivement, le bassiste et le drummer.  

Ryan Henderson s’installe derrière son clavier, mais au cours du set, il va surtout se servir d’une guitare semi-acoustique. Armé de sa sixcordes électrique, Matt Carins se plante au centre de la scène.

Le bassiste ne tient pas en place. Il déménage et pas seulement littéralement. Pendant « The Woods », il s’installe aux avant-postes et vole carrément la vedette aux deux leaders. Mais, la plupart du temps, il s’établit une véritable communion entre les artistes et les premiers rangs.

Avant « Evermore » les comparses divisent la salle en deux. La partie de gauche est invitée à reprendre le refrain en compagnie de Ryan, alors que Matt entraîne celle de droite. Et le résultat, guidé par les deux superbes voix du duo, est remarquable. Le hit « Photographs » est de la même trempe. A l’invitation des deux compères, les smartphones s’allument dans la salle pour créer un univers parsemé d’étoiles.

Pendant « Anew », Matt incite la foule à s’accroupir et puis à jumper. Toute la fosse obtempère. Tout au long de « The Open Road », Matt souffle dans son harmonica et l’auditoire est tellement enflammé par cette intervention, qu’il n’arrête pas d’applaudir. Cocasse, la formation embraie brièvement par « Les 4 saisons » de Vivaldi.

En rappel, le band nous réserve « Costaline », la compo qui lui a permis de se faire connaître à travers le monde. Et le show de s’achever par le magnifique « Milk & Honey ».

Une prestation convaincante aux morceaux bien construits et raffinés par des harmonies vocales surprenantes qui prennent aux tripes…

Lors des deux concerts, le son était clair, presque cristallin. Installé devant la table de mixage, votre serviteur a pu constater que le volume oscillait entre 85 et 92 db. Merci pour avoir pris soin de nos portugaises !

Setlist : « Nothing To Lose », « The Woods », « Letting Go », « Purple », « Moments », « Harder To Fake It », « Let’s Go », « Evermore », « See You Soon », « Photographs », « The Open Road », « Blessings », « Anew », « On The Way ».

Rappel : « Coastline », « Milk & Honey ».

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

Mr. Big

Tout y était : la puissance, l’intensité, l’attitude, l’énergie et la virtuosité…

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L’Ancienne Belgique est configurée en mode Ballroom pour accueillir le supergroupe californien de hard rock, Mr. Big. Sous cette configuration, les places assises et les balcons sont condamnés par une tenture (NDR : de couleur rouge), et la capacité de la salle est réduite à1350 personnes. La formation américaine opère sa tournée d’adieu baptisée ‘Big Finish Tour’.

Il y a plus de trente ans, le band livrait son album emblématique, « Lean Into It », un œuvre qui recelait son méga-hit atypique, « To Be With You », au milieu d'une collection de classiques du hard rock qui constituent la base de son excellente réputation en concert.

Le décès du drummer Pat Torpey, en février 2018, a plongé le groupe dans une période de deuil, une sorte de léthargie hivernale, dont ils se sont réveillés pour accorder un dernier périple. Remplacer Torpey s'est avéré être un défi, car il jouait non seulement de la batterie, mais se chargeait aussi des chœurs. Le band a déniché un replaçant ; en l’occurrence Nick D'Virgilio, ancien batteur de Big Big Train, Tears for Fears et Spock's Beard.

Outre le nouveau préposé aux fûts, le line up implique le guitariste Paul Gilbert (ex-Racer X), le bassiste Billy Sheehan (ex-David Lee Roth, ex-Tony McAlpine) et le chanteur Eric Martin (ex-Eric Martin Band).

Le supporting act est assuré par le guitar hero, Jared James Nichols. Originaire du Wisconsin, ce maestro du blues/rock à la voix très soul est un virtuose de la 6 cordes électrique. Ce géant (NDR : il doit, au moins, mesurer 2 mètres) est soutenu par un bassiste et un batteur qui se sert du kit de la tête d’affiche.

Dès qu’il grimpe sur les planches, Nichols salue le public, puis entame « Easy Come, Easy Go », un morceau particulièrement entraînant qui fait hurler la foule.

Il embraie par, « Down the Drain », une compo plus mélodique, rappelant Soundgarden, mais en plus bluesy. « Hard Wired » s’enfonce dans le grunge, se réservant, cependant, des parties davantage harmonieuses. Non seulement Jared est époustouflant sur sa gratte, mais il se montre très interactif auprès du public. Et il achève sa prestation par « Mississippi Queen », une cover de Mountain… (photos Romain Ballez ici)

Setlist : « Easy Come, Easy Go », « Down the Drain », « Hard Wired », « Threw Me to the Wolves », « Skin 'n Bone », « Good Time Girl », « Mississippi Queen » (Mountain cover)

Pendant que la reprise du « Blitzkrieg Bop » des Ramones s’échappe des haut-parleurs, les membres du quatuor s’installent. Le drummer, Nick D'Virgilio, prend place en retrait, sur une haute estrade. Au-dessus de lui un énorme écran a été accroché, sur lequel le patronyme du groupe est frappé en lettres jaunes et rouges.

« Addicted To That Rush » ouvre les hostilités. C’est un extrait de l’elpee éponyme, paru en 1989. Dur, impitoyablement groovy et serré comme la courroie d'entraînement d'une toute nouvelle moto japonaise, il libère une énergie rock pure. « Take Cover » (« Hey Man » - 1996) semble retrouver une seconde jeunesse. Eric Martin évoque le regretté Pat Torpey et demande à Nick D'Virgilio de jouer à la manière du regretté Pat. Message reçu 5 sur 5 ! D'Virgilio s'avère être un digne remplaçant tant dans la puissance que la sauvagerie de sa frappe des fûts.

Après « Price You Gotta Pay » (« Bump Ahead » - 1993), la formation s’attaque au long playing « Lean Into It », qu’il va dispenser dans son intégralité. Tout au long de « Daddy, Brother, Lover, Little Boy (The Electric Drill Song), » Sheehan passe une perceuse sur ses cordes pour les faire vibrer. Ce qui explique d’ailleurs le sous-titre, entre parenthèses, ajouté dans le libellé du morceau. Outre le super riff et une rythmique solide posée sur un tempo enlevé, le duo guitare/basse est impressionnant. Et techniquement les musiciens sont irréprochables. Leurs solos relèvent de la virtuosité. Pendant « Alive And Kickin' » (NDR : non, ce n’est pas une reprise de Simple Minds ; celle du groupe écossais s’intitule « Alive and kicking »), ça rocke, ça swingue et ça groove. Sans oublier les mélodies envoûtantes et les chœurs raffinés.

Sheehan empoigne ensuite une double- basse qu’il ne quittera plus. Au sein de la setlist, la formation intercale quelques reprises intéressantes. Dont le tendre « Wild World » de Cat Stevens, au cours duquel Eric se sert d’une semi-acoustique. Ce sera la seule fois de la soirée.

L’adrénaline remonte ensuite et Paul Gilbert (NDR : très élégant en costume/cravate, on avait parfois l’impression qu’il allait prêcher au coin de la rue) s’autorise un solo plein de références astucieuses, dont une au thème principal du film ‘Rocky’, « Gonna Fly Now », exécute un solo magique avant que Billy Sheehan ne lui emboîte le pas.

Pendant « To Be With You », le moment attendu par l’auditoire, tous les iPhones sont allumés pour immortaliser ce hit planétaire, joué en ‘live’ ! Et le public est aux anges lorsque le quatuor s’attaque aux tubes « Green-Tinted Sixties Mind » et « Just Take My Heart ».

Avant de livrer sa version du « Good Loving » de The Olympics, les musicos échangent leurs instruments : Gilbert siège derrière les fûts, Virgilio s’empare de la guitare, Martin de la basse et Sheeham se consacre au micro.

Le concert s’achève par la reprise énergique du « Baba O'Riley » du Who. Mr. Big porte bien son nom. 120 minutes de show au cours duquel tout y était : la puissance, l’intensité, l’attitude, l’énergie et la virtuosité… (photos Romain Ballez )

Setlist : « Blitzkrieg Bop » (cover Ramones), « Addicted To That Rush », « Take Cover », « Price You Gotta Pay », « Daddy, Brother, Lover, Little Boy (The Electric Drill Song) », « Alive And Kickin' », « Green-Tinted Sixties Mind », « CDFF-Lucky This Time » (Jeff Paris cover), « Voodoo Kiss », « Never Say Never », « Just Take My Heart », « My Kinda Woman », « A Little Too Loose », « Road To Ruin », « To Be With You », « Wild World » (Cat Stevens cover), « Guitar Solo », « Colorado Bulldog », « Bass Solo », « Shy Boy » (Talas cover), « 30 Days In The Hole » (Humble Pie cover), « Good Lovin' » (The Olympics cover) (Band swaps instruments), « Baba O'Riley » (The Who cover).

(Organisation Biebob et Live Nation)

 

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