Fuji-Joe présage la canicule…

Après avoir accordé des concerts pendant un an à Paris et accompli un passage en Angleterre en début d'année, Fuji-Joe sort son premier Ep, « Soleil brûlant ». À travers 3 titres, Fuji-Joe revendique être à l'origine du meilleur Ep de ‘post-punk noisy french…

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Sean Lennon

Chez les Lennon, après John, Sean s'est fait un prénom...

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Le problème des 'fils de' qui suivent les traces d'un illustre parent, c'est qu'ils doivent subir la comparaison pratiquement tout au long de leur carrière. Pourtant, il suffit d'écouter son dernier album, "Friendly Fire", pour constater que Sean Ono Lennon s'est fait un prénom. On retrouve certes des échos de son père dans la voix (heureusement pas celle de sa mère, diront certains) et certaines mélodies, mais il s'est forgé son propre style et ne cherche aucunement à vivre sur son héritage paternel. Il le prouve également sur scène, en formation standard guitare/basse/batterie/clavier, se contentant même du rôle de second guitariste, le long d'une tournée européenne des clubs et petites salles sympas.

 C'est donc le Théâtre Lino Ventura de Nice, plein comme un œuf, qui accueillait ce spectacle. Il y avait même une première partie, à laquelle je n'ai pu assister pour des raisons personnelles. Un concert à l'image de l'album. Sean a d'ailleurs repris la plupart des titres de ce disque (non, il n'y a pas eu de chanson des Beatles ni de John Lennon). Intelligente, fouillée mais sans excès, sa musique pop-rock recèle quelques très belles mélodies (sa voix fait merveille sur le refrain de l'envoûtant "Parachute"). Il s'exprime dans un français presque parfait entre chaque chanson, créant ainsi une ambiance conviviale parfaitement appropriée à ce type de concert. On notera sa tentative de recours au verlan pour nous expliquer qu'il préfère sa guitare électrique à l'acoustique ('plus roman... marrant à l'envers, roman, ça se dit chez vous ?')

 Le seul reproche que l'on pourrait adresser à ce concert concerne la constance du tempo d'une chanson à l'autre. On aurait bien aimé que le groupe se lâche un peu plus (et sans inciter à la consommation de breuvages alcoolisés, je me suis dit que le verre de jus de tomate, sis au pied du guitariste, était symptomatique). Sean Lennon ose une chanson écrite 'la semaine dernière', explique-t-il, "Smoke and mirrors", puis les watts montent enfin sur "Headlights", dans une version nettement plus énergique que celle de l'album. Pour clore le set, "Would I be the one", reprise de Marc Bolan (elle figure également sur l'album) s'étire sur un instrumental très mélodique (décidément le monsieur est doué pour cet exercice ce style), solo de guitare à la clé.

 Au début des rappels, il nous concède un petit bijou : "Tomorrow", qu'il interprète seul à la sèche. Pendant que le reste du groupe le rejoint, Sean nous annonce que son frère Julian est présent dans la salle (est-ce un scoop ou raconte-t-il toujours la même histoire à chaque concert). Puis la prestation s'achève en beauté par "Mystery Juice", extrait d' "Into the sun", son premier album. A cet instant, se libère une intensité qu'on aurait aimé vivre un peu plus souvent au cours de la soirée.

 En conclusion, cet excellent concert a laissé un goût de trop peu. On en redemande !

 

CSS

Sexe, moustache et Death From Above

Signées sur le label italien Homesleep, les quatre Californiennes de The Ian Fays jouent un rock sautillant qui n'est pas sans rappeler Sleater Kinney, The Pipettes et Legoparty. Sara et Lizz, les deux jumelles, occupent le devant de la scène en robe à rayures noires et blanches, telles de jolies Daltoniennes. A leur gauche, Lena, dont le rôle s'avère limité : titiller un triangle ou des clochettes comme s'il s'agissait d'un clitoris en cuivre ou taper dans ses mains d'un air concentré. Pour le reste rien de très excitant : juste du rock indie au groove simpliste, qui ne rentrera sans doute jamais dans les annales (et c'est écrit sans jeu de mot machiste).

'CSS Suxxx !!!', crie Lovefoxxx dans son collant pas sexy pour un sou. Entourée de ses quatre copines musiciennes et d'un mec qui martèle ses fûts, la petite Brésilienne sautille et sourit, jetant des œillades aguicheuses à la centaine de fans présents dans la Rotonde. 'C'est drôle, j'arrive à voir la tête de tout le monde, on s'croirait presque au zoo !', lance-t-elle, mutine, dans un éclat de rire. Les hits s'enchaînent, l'album y passe, du grandiose « Alala » au faiblard « Meeting Paris Hilton », qui sonne comme du Metric. Quelques personnes se dandinent gentiment, mais sinon l'ambiance est polie : sur « Off The Hook », Lovefoxxx descend dans l'arène, 04anse avec les premiers rangs, avant de remonter sur scène et d'oser un petit stage diving à la fin du concert, durant l'hymne « Let's Make Love and Listen to Death From Above ». Un tube de l'année, que tout le monde semblait attendre pour enfin se lâcher, voire dodeliner de la tête. Il était temps. En rappel une cover amusante du « Pretend We're Dead » des sauvageonnes L7, sans doute ce qu'écoutaient ces Brésilien(ne)s quand elles avaient 10 ans. Ca fait beaucoup de 'mort' pour seulement deux chansons, mais il s'agit sans doute de la 'petite' - celle qui donne envie de 'faire l'amour' en écoutant Cansei De Ser Sexy. 'Marre d'être sexy' ? D'où le collant, sans doute, et la moustache oxygénée. Aye aye ayyyye !!!

Dionysos

Spectacle total...

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Le rock déjanté de Dionysos s'en est allé à la conquête de l'Aéronef. C'était ce jeudi 30 novembre 2006. Dès la montée sur les planches, le décor est planté! Ça saute, ça virevolte, ça se roule par terre ; le tout dans un cadre à rendre jaloux un certain Tim Burton. Le spectacle est magique. Le public hurle sa joie. Matthias où vas-tu chercher ton énergie ? Le groupe se lance dans un set de folie, où se marient poésie et humour. Plus de 2 heures d'histoires délirantes. Le groupe passe en revue tous les instruments à cordes imaginables : mandoline, guitares, violon, violoncelle et même ukulélé !

Le set démarre sur les chapeaux de roue par « Giant Jack ». Défilent alors « L'homme qui pondait des œufs », « Miss acacia », « La métamorphose de mister chat », « Le retour de Bloody Betty », et l'incontournable single « Tes lacets sont des fées », sans oublier « Old child ». La version acoustique de « Neige » est touchante. On prend également plaisir à redécouvrir les classiques, tels que « Wait », « Thank you Satan » ou encore « Song for Jedi », probablement le meilleur titre du groupe! Au fil du temps, la formation est parvenue à élargir son audience. Mais s'il y a la musique, on assiste surtout à un spectacle unique auquel le public participe, sans la moindre réticence. Car l'Aéronef en a vu de toutes les couleurs, au cours de cette soirée… Matthias monte sur les enceintes et se laisse porter par le public (littéralement et physiquement !) Il monte sur la mezzanine. Il rampe sur la marée humaine ou 'slamme', si vous préférez. Une performance qu'il va accomplir à plusieurs reprises. Mais n'est-ce pas également la marque de fabrique de Dionysos ? Faut dire que chez cette formation, la fête est permanente. Et Matthias en est l'électron libre. Babette est toujours aussi charmante. Et puis elle possède une voix très douce qui ne peut que faire fondre les cœurs. Est-ce du rock, de la pop, du show, de la poésie ou une forme artistique nouvelle inventée par la formation d'outre-Quiévrain ? On n'en sait trop rien. Une chose est sûre, le numéro proposé est total, stupéfiant. Ereintant aussi. D'ailleurs, les spectateurs sont repartis épuisés… mais surtout heureux. N'est-ce pas là l'essentiel ?

Phoenix

Catégorie machine à hits...

Le tennis peut donner des envies de musique : on se rappelle Philippe Dewulf, ce fameux joueur flamand qui réussit l'exploit, bien avant Justine et Kim, d'atterrir en demi-finale à Roland Garros… Un jour il chiala presque à l'idée de devoir jouer, alors que les Smashing Pumpkins donnaient un concert à la même heure. Car comme le déclare si bien Nelson Montfort, 'les raquettes sont des instruments à corde', d'où le support act de Phoenix ce soir à l'AB, les bien nommés Housse de Racket, en fait un duo batterie-guitare. Déguisés en tennismen à la Das Pop, ces deux Français jouent (en double) de la pop rythmiquement soutenue, comme une finale de grand chelem entre Federer et Nadal. Dommage qu'ici l'on pense avant tout à Thierry Hazard, voire aux Prototypes, à Bosco et aux zigotos de Ratatat. Triple faute, zéro pour-cent de premières balles, direction le vestiaire malgré deux-trois coups droits bien balancés qu'on mettra sur le compte de l'humour.

La dernière fois qu'on avait vu Phoenix c'était il y a des plombes, à l'époque de « United », bref il y a au moins 5 ans. Dans nos souvenirs tout ça manquait de pêche, d'où une légère appréhension à les revoir sur scène, même si leur dernier disque est une sacré tuerie. Le doute ne durera que le temps d'une petite « Ritournelle », le splendide morceau de Sébastien Tellier jaillissant des enceintes avant l'extinction des lumières. Surprise : les quatre Français sont accompagnés de deux musiciens supplémentaires, l'un en renfort batterie, l'autre aux synthés. Retentissent alors les premières notes de « Napoleon Says », le titre d'ouverture d'« It's Never Been Like That », autrement dit un tube. Auquel viennent s'accrocher d'autres, pour à la fin former une belle brochette de hits qui valent bien une grande farandole, de type 'C'est la chenille qui redémarre'. Il faut bien l'avouer : le Phoenix d'aujourd'hui n'a plus grand chose à voir (et surtout à entendre) avec celui d'hier. Le son est carré, la dynamique impressionnante, la classe folle. Quasi l'intégrale des dix titres d'« It's Never Been Like That » est passée en revue, du sautillant « Consolation Prizes » au groove instrumental de « North », qui évoque justement « La Ritournelle », version guitares. Côté vieux hymnes les Parisiens nous auront gratifié d'un « If I Ever Feel Better » enlevé - sans doute le climax du concert, tout en étirement rock - et de l'incroyable « Funky Squaredance », mix virtuose de proto-prog et de synth-pop eighties : une tuerie, qui laissera pourtant les nouveaux fans de marbre, plus à l'aise lors du rappel et d'un « Too Young » interprété vite fait. A l'issue de ce concert furibond, d'une élégance pop-rock jamais démentie, Phoenix peut prétendre à la distinction du 'meilleur groupe français' 2006, catégorie 'machine à hits'. Du travail de pro, qui en plus donne la banane : tu parles qu'on se sent mieux !

 

Two Gallants

Des effluves d'Amérique profonde...

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La nouvelle m'est parvenue au dernier moment : j'irai donc voir les Two Gallants au Bota. C'était le 10 novembre dernier… Agréable surprise s'il en est, car depuis plus d'un mois je n'ai cessé d'entendre parler de ces deux kids américains, que beaucoup me décrivaient comme de géniaux musiciens folk, tatouages en plus. Arrivé sur place, j'apprends avec délectation que les hostilités prendront place dans cette chère petite rotonde, tant affectionnée. Aucun autre théâtre ne m'a, de mémoire, proposé une si parfaite synthèse de chaleur, d'intimisme et de promiscuité. Le temps de retrouver mon complice du soir, de vider une petite mousse et de prendre un bol d'air en bonne et due forme, puis nous entrons tous deux dans une salle déjà bien garnie.

La formation en charge de la première partie répond au nom de Cold War Kids et défend, ma foi, fort bien son dernier opus. Ça swingue, les deux voix sont sympathiques et, une fois n'est pas coutume, on savoure calmement l'orage avant la tempête.

Arrivent ensuite les deux comparses de Two Gallants et la salle s'embrase. Cela se sent, les gaillards sont attendus impatiemment depuis la sortie de leur dernier album « What the Toll Tells » et leur apparition à l'AB ou durant les festivals de l'été (à l'affiche de Dour, notamment). Si Tyson Vogel (batteur) et Adam Stephens (guitare et chant) débarquent tout juste de leur Californie natale, et de San Francisco pour être précis, leur show n'en dégage pas moins des effluves d'Amérique profonde. Sans devoir fixer des yeux les premiers rangs (pas une fois on n'a eu la chance d'apercevoir les prunelles du batteur fou, dissimulées derrière sa longue tignasse inflammable, quant à son collègue, il ne semble pas être un inconditionnel du 'yeux dans yeux'), les deux artistes plongent l'assemblée dans une contemplation non feinte, et votre serviteur, bien que novice en la matière, opine du chef la bouche en cœur… Les aficionados d'Eddie Vedder, de Jack White voire de ce bon vieux Kurt auront, sans conteste, apprécié le folk torturé du duo et la facilité avec laquelle ses notes décharnées oppressent agréablement. On ne sort pas indemne de ce genre de concert, on m'avait prévenu… C'est soit la nuit d'introspection, soit le tournis… Après un rappel et un ban d'applaudissements de circonstance, je sens que pour moi il n'y aura pas d'introspection et je me précipite dehors vers un second bol d'air salvateur. Un camarade assez chargé arrose d'ailleurs déjà le jardin botanique de ses émotions éthyliques. Peut-être touche-t-on ici vraiment à l'essence du Rock'n'Roll… Un live des Two Gallants, c'est décidément éprouvant… Mais on en redemande !      

 

Ben Harper

Croire en un monde meilleur...

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Ben Harper est un artiste très populaire. Pourtant on ne lui connaît guère de hits. Ce qui ne l'empêche pas de se produire à guichets fermés. Son dernier passage à Forest National en est une nouvelle illustration. Tout comme pour celui accordé au Zénith de Lille. Face à un public particulièrement enthousiaste, il s'est livré corps et âme en dispensant un 'retropoprock' largement influencé par le blues, quoique légèrement pigmenté d'un zeste de reggae et de gospel.

Bien rôdé et très pro, le sextet s'est fendu d'un set très varié, dynamique et à l'enthousiasme communicatif. Harper n'en oublie pas pour autant de diffuser un message aussi clair que respectueux : 'we could make a better way to this world with our own two hands'. Un message politique empreint de paix et de la tolérance. La main sur le cœur, Harper veut contribuer à rendre le monde meilleur par sa musique.

Le concert s'est ouvert par un court montage vidéo : l'arrivée du groupe à Lille, la préparation du matériel par les roadies et les séances de répétition des musiciens. Rien qu'en visionnant ces images, le public devenait presque dingue. Dans son style reggae, « Steal my kisses » était la parfaite mise à feu. « Don't take that attitude to your grave » et « With my own two hands » permettait au groupe de trouver la bonne vitesse. Des chansons très profondes, au cours desquelles Harper a sollicité le public. Sa solidarité. Sa participation ! En lui demandant notamment de lever les deux mains au ciel. Amorcé sur un ton acoustique, « Diamonds on the inside » s'est révélé davantage intimiste. L'accent a été ensuite placé sur les compos de son dernier opus, « Both sides of the gun ». Et en particulier le très tendre « Waiting for you » ainsi que le titre maître, un morceau puisant mais traversé d'une touche de soul, au cours duquel son inséparable ami, le bassiste Juan Helson, s'est réservé une bonne part des vocaux. La réputation de Ben Harper à la slide (NDR : une Weissenborn !) n'est pas usurpée. Il l'a réservée à « Ground on down ». Une compo très seventies, hantée par l'esprit de Jimi Hendrix. Plus écrasant, « Black Rain » a permis à Helson d'étaler tout son talent à la basse, dans la meilleure tradition de Les Claypool (Primus). Le set a tellement tenu le public en haleine que l'heure et demie est passée trop vite.

Le groupe a accordé deux rappels. Soit une petite heure de bonus. Harper a d'abord interprété quelques morceaux en solitaire. Sa voix et sa guitare acoustique. Il y a démontré toute sa virtuosité tout au long de chansons intimistes comme « Never leave lonely alone », « There will be a light », « Another lonely day » et « Walk away ». Flanqué de ses Innocent Criminals, il nous a invité à participer à la messe du dimanche, un office célébré par « Where could I go ». Le concert a vécu son apothéose lors de la cover du « Get up Stand Up » de Bob Marley ; mais aussi lorsqu'il a interprété « Burn one down » ainsi que « I believe in a better way », compo amorcée par des sonorités indiennes. Envoûté, le public a repris en chœur cette chanson ultime consacrée à la tolérance.

Les mots manquent pour qualifier ce concert : plus qu'impressionnant, il a frôlé le sublime. Tantôt intimiste, tantôt puissant ou dynamique, il a convaincu les plus sceptiques et ravi l'ensemble du public. Un set de presque deux heures et demie accordé par Ben Harper & The Innocent Criminals qui sera à marquer d'une pierre blanche. Et puis, à l'instar d'un Michael Franti, le message est tellement fort, qu'il nous incite à travailler (in)consciemment à la construction d'un monde meilleur !

Traduction: Hendrik Tant (Adaptation Bernard Dagnies)

Organisation: France Leduc Productions

The Divine Comedy

Chanteur de charme

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Le concert accordé au Botanique le 16 octobre affichant complet, il ne restait donc plus aux aficionados de The Divine Comedy qu'une seule alternative : se déplacer jusque l'Aéronef de Lille. Une opportunité qu'il ne fallait louper sous aucun prétexte ; car la bande à Neil Hannon ne se produit pas souvent sur le Vieux Continent. En outre, son tout dernier album, « Victory for the coming muse » est vraiment d'excellente facture.

En première partie, The Duke Special nous a gratifiés d'un show à la fois 'vintage', humoristique et romantique. Romantique à cause des chansons de Peter Wilson, chansons qu'il interprète d'une jolie voix rappelant tantôt Rufus Wainwright, tantôt Damon Gough, mais avec un accent irlandais (NDR : il est issu de Belfast !) en s'accompagnant d'un piano droit en bois, plutôt étroit et assez vétuste. Physiquement, il ressemble à un jeune Robert Smith qui aurait laissé pousser de longs dreadlocks. Humoristique a vu des frasques continuelles de Chip Bailey Wilson. Sosie de Charles Dickens, mais la chevelure bien plus longue, ce pince-sans-rire bien britannique se réserve les percussions. Toutes les percussions. Aussi bien conventionnelles qu'insolites. A sa droite, il a installé une énorme caisse de profil. Devant lui, toute une série de boules semblables à des émoticônes, mais de la dimension des noix de coco. Sans oublier le kit de batterie 'dit' classique. Régulièrement, il s'approche du bord de la scène pour y produire des sonorités plutôt singulières à l'aide d'une sorte de manche à balai surmonté d'une cloche. Il se sert également d'une râpe à fromage et autres ustensiles de cuisine dont des couvercles de casseroles. 'Vintage' au vu du décor au sein duquel le duo a évolué tout au long de son set. Un décor qui ressemblait plus à une brocante (les gramophones, les vieux tourne-disques !) qu'à une scène de concert. Et non seulement la mise en scène a eu de quoi mettre de bonne humeur le public, mais la prestation de Duke Special s'est révélée absolument convaincante.

Huit musiciens montent sur les planches : un drummer, un percussionniste, un bassiste (NDR : le trio est posté au fond de la scène, mais sur une sorte de podium), un guitariste, un violoncelliste (qui double parfois aux claviers), un claviériste/pianiste et une violoniste (NDR : vêtue d'un tailleur strict, elle aurait pu relever d'un orchestre symphonique). Sans oublier Neil Hannon. Très mince, de petite taille (NDR : il ne doit pas mesurer 1m70 !), ce dandy possède une fameuse personnalité. De l'humour aussi, parfois teinté d'une pointe de cynisme. Une très belle voix : son baryton sensuel, parfois volontairement emphatique, vibrant, magnifie, en quelque sorte, toutes les chansons. Du charisme aussi. A moins que ce ne soit du cabotinage (NDR : une divine comédie ?). Lunettes de soleil sur le nez, il entame son répertoire en s'accompagnant à la guitare sèche. Par « Mother dear », une compo issue de son dernier elpee. Des lunettes et une six cordes qu'il va abandonner respectivement lors du quatrième et du cinquième morceau, pour se concentrer sur le chant. Il nous invite alors à danser lors de « Diva lady », un fragment franchement latino. Pour « Threesome », il rejoint les deux autres claviéristes derrière les ivoires : piano pour trois mains ! Epatant ! Une cover : le « Raspberry Beret » de Prince. Lors de « Mutual friend », tel un chanteur de charme, Hannon vient s'asseoir sur le bord de la scène, puis termine le show par « Tonight the fly » sous les acclamations de la foule. Si le set est parfaitement équilibré, mené de main de maître par Neil ; il faut également souligner le rôle joué par le violoncelliste et surtout la violoniste. Une véritable virtuose qui parvient non seulement à se fondre dans l'ensemble tout en donnant davantage de relief aux compos. Qui n'en manquent pourtant pas. Mais si sur disque, fruit de la rencontre entre musique de chambre, music hall et pop, la solution sonore de The Divine Comedy peut parfois sembler tendre et satinée, en 'live' le résultat est beaucoup plus pêchu et dense. Faut dire que l'osmose opérée entre les différents instruments frôle la perfection.

Après les deux titres accordés en rappel, la foule acclamait à tout rompre, reprenant même en chœur les paroles de « National express ». Impressionnant ! Quand reviennent-ils ?

Tracklist

Mother dear
Alfie
Bad Ambassador
The light of day
When the lights
Gen sex
Diva lady
Lady of a certain age
Dadys car
Plough
Mastermind
Threesome
Don't look down
Weekend
Raspberry Beret
Mutual friend
Tonight we fly
To die a virgin
National express

Organisation FLP

Ryan Adams

Let Him Ride...

Écrit par

Mister Adams allait-il enfin débarquer sur une scène belge ou allait-on avoir droit à une énième annulation ? Le suspense était entier le 5 octobre dernier. Jusqu'à la dernière seconde. Après avoir annulé les deux tournées européennes précédentes, Ryan Adams s'est enfin décidé à satisfaire un public qui commençait légèrement à s'impatienter.

Nouveau membre honoraire des Cardinals, Neal Casal en a profité pour assurer la première partie et présenter son dernier album en date, « No Wish To Reminisce » devant un public en général, attentif. Sauf lorsque Ryan Adams, à la batterie, s'adonnait à quelques pitreries entre deux gorgées de vin. Le set d'ouverture, assez court, a très vite été suivi par le plat de résistance.

Normal. Avec les 2h30 de concert que le groupe se prépare à prester, le public du Cirque Royal allait en avoir pour son argent. De retour sur scène, Ryan et Neal, accompagnés des autres Cardinals, ne perdent pas de temps. S'enchaînent alors des titres essentiellement issus de « Cold Roses » dont « Tonight », « Let It Ride » ou un « Magnolia Mountain » épique d'une bonne quinzaine de minutes. Quelque peu décevant pour quelqu'un qui n'apprécie pas forcément ce double album. La prestation était toutefois relevée par la conviction et l'énergie dont le groupe faisait foi sur scène. Pas de chance pour les fans des efforts solo du jeune homme, ce dernier n'ayant interprété que de très rares vieux morceaux dont les excellents « I See Monsters », « Dear Chicago » et « 29 ». Dommage. En 2h30 de show ininterrompu, Ryan Adams & The Cardinals ont donc fait la part belle à quelques titres plus obscurs, voire inédits, dont un délire punk. Rien de transcendant. Mais bon, Ryan a fait acte de présence. C'est mieux que rien.

 

I Like Trains (iLiKETRAiNS)

Shoegazing ferroviaire...

'J'aime les trains'… Si les cinq jeunes hommes qui montent sur la scène de la rotonde sont endimanchés comme des contrôleurs de la British Rail en goguette à Bruxelles, c'est parce qu'ils 'aiment les trains', comme nos vaches bleu blanc belge. Sauf qu'ici nous les regardons passer, en ruminant nos vieux souvenirs de 'shoegazing' et de Joy Division.

iLiKETRAiNS est un nouveau groupe à la mode, qui devrait faire parler de lui ces prochaines semaines. Il y a de l'Interpol (la voix, théâtrale, profonde), du Ride, du Cousteau chez ces cinq barbus (moins 1) au poil à peine pubère, qui parlent dans leurs chansons de figures historiques de la grande Angleterre. Il y a le Capitaine Scott, parti à la découverte de l'Antarctique en 1912 (« Terra Nova »), Bobby Fischer, champion du monde aux échecs pendant la Guerre Froide (« A Rook House For Bobby »), Richard Beeching, l'ex-président de la British Railways Board (« The Beeching Report ») ou encore « Spencer Perceval » (l'un des deux inédits de ce live), le seul premier Ministre anglais à s'être fait assassiner, en 1812… iLiKETRAiNS serait-il un groupe de jeunes licenciés en histoire, qui profitent du rock pour enseigner leur savoir pompeux à la masse boutonneuse ?

Mieux qu'un cours poussiéreux donné par une vieille rombière à la bouche pâteuse, le disque de ces cinq Britanniques assoiffés de savoir divertit donc le quidam rock tout en l'instruisant. En 'live' il en résulte un condensé de rock vaporeux toutes guitares dehors, à peine ragaillardi par une voix spectrale qui rappelle comme d'hab' celle de feu Ian Curtis. Huit titres (l'intégrale du mini-album « Progress – Reform », excepté « No Military Parade », et deux inédits), à peine une petite heure de concert : il n'en faut pourtant pas davantage au quintet pour récolter de francs applaudissements. Le signe avant-coureur d'un buzz qui ne devrait qu'enfler. 'Si on s'appelle iLiKETRAiNS, c'est parce qu'en Angleterre personne ne prend le train, et c'est bien dommage', bredouillera Guy Bannister (guitare, synthés) en vendant quelques disques dans le couloir du Bota.

Chez eux les kids leur demandent où acheter l'uniforme de la British Rail. Mais on ne sait pas si la vente de Go Pass a connu ces temps-ci un 'revival' économique .Le 'shoegazing', si, et c'est tant mieux pour les fans de riffs qui durent et crapahutent. Dommage qu'une fois mis sur ces rails (déjà tant de fois empruntés…), iLiKETRAiNS ne dévie pas d'un pouce : 8 titres, certes, mais huit titres qui sonnent comme un seul, à la vigueur interchangeable… C'est ainsi, quand on prend les transports en commun : ça roule peut-être vite, mais c'est vite monotone. 'La prochaine hype en provenance de Leeds arrivera à la voie 11 à 22h12'. Ah m…, il est 22h13 ! Bah, tant pis, on prendra la prochaine !

 

Mogwai

Rock Inaction

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Après avoir accordé de fructueuses prestations au Domino festival de l'AB et à Rock Werchter, les Ecossais de Mogwai venaient présenter au public belge, pour la troisième fois en six mois, leur dernière plaque en date, « Mr. Beast ». Sans oublier les quelques merveilleux classiques de la formation issus de « Rock Action » ou encore « Young Team », pour n'en citer que deux.

Kid 666, qui assurait la première partie, n'a pas convaincu grand monde. Dissimulé derrière son laptop, l'homme enchaîne les beats electro-noise. Mais l'ensemble manque manifestement de cohésion. La sauce prend à peine que le DJ relâche la vapeur. Si, dans d'autres circonstances, cette performance aurait pu être créditée de potable, en tant que 'support act' d'un groupe tel que Mogwai, elle était plutôt non avenue. 

Ces derniers ont offert au public du Cirque Royal une prestation hors du temps, un show resplendissant mais un peu trop statique. Après avoir ouvert son set par un envoûtant « Xmas Step », Mogwai ne doit déjà plus trop se décarcasser pour convaincre l'assistance. D'ailleurs, sur scène, les mecs n'ont pas vraiment l'air de se fouler, enchaînant leurs compos comme d'autres enchaînent les heures de travail derrière un bureau. Mais l'intensité des « Hunted By A Freak », « Friend Of The Night » ou encore « Acid Food » excite tellement nos petites neurones que les corps figés des membres de la troupe sont presque admissibles. Agrémentée d'un sympathique light show, la déferlante noise s'achève par un épique rappel au cours duquel ils enchaînent « Mogwai Fear Satan » et « My Father, My King », une suite qui a semblé durer une éternité. Après 1h50 de stimulation cérébrale, Mogwai desserre l'étreinte exercée sur un public émerveillé et quasi sourd. Une chose est sûre : même en ne prestant que le strict minimum, les Ecossais ont confirmé, ce soir, leur réputation de dieux du post-rock.