Les ravissements de Maud Lübeck

En mars 2023, Maud Lübeck est invitée par Ghislaine Gouby, directrice des Scènes du Golfe à Vannes, pour une carte blanche lors du festival ‘Les Émancipéés’. Cette année-là, pour la première fois, se déroulent ‘Les ravissements’, quatre rencontres animées par…

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Superbus

Superbus at home?

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Message personnel à Chantal Lauby : ‘Cher Chantal, vous m'avez fait rire pendant toute mon adolescence. Hier soir, votre fille et sa bande m'ont fait passer un bon moment de rock péchu comme je les aime. Soyez donc doublement remercié.’

Bon, ça c'est fait. Superbus à la Palestre au Cannet, donc... En première partie, Le Comte de Fourques. Sympathique bonhomme, il se produit au sein d’un line up classique. Un trio guitare/basse/batterie. Il se cherche encore un peu sur le plan musical : de bonnes chansons mais qui ne se différencient pas vraiment du paysage actuel. Les textes sont plutôt bien trouvés ; mais une chose est sûre, il affiche une présence scénique indéniable. A suivre donc.

Arrivée ensuite de l'attraction principale. Jennifer. Enfin. Précédée de sa bande. Placé dans la fosse entre la scène et le public, je me retrouve alors instantanément au milieu d’un public d'ados déchaînés. En particulier les filles, fringuées dans le style de la demoiselle. Le groupe lui-même maîtrisant assez précisément son look, on se croirait dans un film, et ce n'est pas désagréable à vivre. Sur scène, ses musiciens déjà sur les rails, Jennifer s'empare du micro, manifestant l'intension manifeste d'en user énergiquement.

Le concert démarre en trombe, et se déroulera pratiquement sans aucun temps mort. Jennifer est évidemment bien plus qu'une jolie poupée ‘bubblegum’ ; elle tient la scène avec panache, et est capable de mettre le public dans sa poche. Un exemple ? Lors des rituelles salutations de bienvenue, elle nous explique qu'ils ont un plaisir particulier à être à Cannes (on n’est pas vraiment à Cannes ; mais bon, ne chipotons pas), Michel (l'un des guitaristes) et elle-même étant du coin. Il est donc rassurant de voir que cette ville peut engendrer autre chose que des mémères en manteau de fourrure.

Coté spectacle, les garçons qui l'accompagnent ne sont pas en reste. Même si Superbus n'est sur le devant de la scène que depuis peu, c'est leur 3eme album et ils ont un sacré métier. Mouiller la chemise n'est pas qu'une image dans leur cas, à voir l'état de Patrice, l'un des deux guitaristes, et du batteur.

On peut regretter une trop grande homogénéité des chansons. Difficile souvent de les différencier. Il semble hélas que la scène ne les ait pas beaucoup inspirés du point de vue des réarrangements. Néanmoins le temps passe assez vite, et le groupe s'éclipse un court moment avant de revenir pour un long rappel, qui se termine en feu d'artifice sonore.

J’émettrai une réserve vis-à-vis des jeux de lumières. Elles restent purement fonctionnelles pendant une bonne partie du concert. Ce n'est qu'au bout de quelques chansons qu'elles s'étofferont un peu ; en particulier à cause des trois lettres blanches 'W O W' qui servent de fond au décor. Elles sont judicieusement exploitées, changeant de couleur au gré des ambiances de chaque chanson.

Bref, au final, un très bon concert. Allez les voir si vous en avez l'occasion.

 

The Killers

Le rock qui tue?

Issu de Las Vegas, de The Killers est devenu un groupe majeur. Drivé par Brandon Flowers, il pratique un pop/rock solide, entraînant, énigmatique. Un style qui nous incite très souvent à battre du pied. Son premier album, « Hot Fuss », recelait des hits comme “Mr Brightside” ou “Somebody told me”. Plus raffiné, « Sam’s Town » (le second opus) regorge de chansons davantage faites sur mesure. Et en particulier des compos comme “Bones”, “Read my mind” ou encore “When you were young”. Embarras à l’entrée de l’Aéronef à Lille, pourtant réputé pour la ponctualité de ses concerts : il faut faire la file une bonne vingtaine de minutes, en plein courant d’air, avant d’entrer dans la salle nordique. Et après une fouille minutieuse… Heureusement nous serons récompensés de notre patience, car le set fut vraiment à la hauteur.

Sur le coup de 20h45, le quintet américain monte sur le podium. Le fond de la scène est tapissé par un panneau Sam’s Town, conférant au décor un petit air de salon du far-west où Brandon Flowers jouerait les Henry Fonda dans ‘Once upon a time in the West’. Après un “Enterlude, we hope you’ll enjoy our show”, The Killers passent à l’attaque. Pendant une petite heure trente, ils vont aligner les morceaux de leurs deux CD en alternance. Le son est puissant, subtil, enflammé et direct. Les tubes s’enchaînaient rapidement, sans temps mort, et le public lillois, comme souvent d’ailleurs, se montre d’une grande ferveur.

Dès l’ouverture, l’audience est plongée dans le bain, au propre comme au figuré. Au cours de ce “Sam’s Town”, de petites banderoles s’échappent du haut de la scène et tombent sur les spectateurs du premier rang, comme lors des grands shows organisés dans le cadre des élections américaines. La machine à hit peut démarrer: “When you were young”, “Bones” et “Somebody told me” se succèdent. Le public est enthousiaste et restitue bien l’énergie libérée par les musiciens. Quelques ballades pop permettent de reprendre son souffle. A l’instar de “Jenny was a friend of mine”, “Smile like you mean it”, “Uncle Jonny” ou encore du remarquable “When you read my mind”. Souvent les chansons commencent par quelques accords de piano, en douceur. Mais ces ivoires boostent littéralement “Bling (Confession of a king)” et “Why I do keep counting”. Les claviers ne sont pas en reste et la voix de Flowers semble alors au sommet de son art. La première partie du show s’achève par “Mr Brightside”, que le public –apparemment guère fatigué– reprend en chœur.

Le traditionnel rappel nous réservera cinq titres, dont un très new vave “Shadowplay/this river is wild” (ce rythme de danse des années 80 !) ainsi que les très convaincants “For reasons unknown” et “All these things that I’ve done”. “Exitlude” clôturera ce spectacle d’excellente facture avant que le combo ne prenne congé de son public en formulant un “Exitlude, it’s good to have you with us”.

Les Killers ont prouvé ce soir qu’ils ont aussi des planches en ‘live’ ( ?!?!?) ; mais surtout démontré qu’ils étaient capables d’y transposer la qualité de leur son studio…

(adaptation Bernard Dagnies)

 Organisation : FLP, Lille

 

 

 

 

Lily Allen

Rien à signaler

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Lily Allen a été la grande sensation pop de 2006. Mais elle est déjà reléguée au second plan en Grande-Bretagne, la nouvelle coqueluche féminine 'grande-gueule' étant à présent Amy Winehouse. Pas découragée pour un sou, Lily parcourt l'Europe afin de présenter son premier essai, « Alright Still » via un passage d'abord annoncé le 27 février dernier au Cirque Royal et finalement déplacé à l'Ancienne Belgique.

Une saloperie de grippe, c'est pas l'idéal pour se mêler à la populace d'un concert. C'est donc entre deux mouchoirs dans les gradins qu'on décidera d'observer le spectacle. En avant-programme, Stijn accomplit son show tout seul sur scène. Passant le plus clair de son temps à faire le mariole devant le public, on n'aura retenu de sa prestation que les excellents singles « Hot & Sweaty » et « Sex Junkie » qui seront parvenus à remuer deux ou trois personnes. Si, si, du deuxième étage, on les voyait bien, ces deux ou trois personnes. Et on en voyait aussi plus d'une s'emmerder ferme.

Lily Allen n'allait pas changer la donne… Accompagnée d'un orchestre de sept mâles à son service, la pétillante Britannique a ouvert les festivités par « LDN », enchaînant aussitôt sur « Knock 'Em Out » et un « Not Big » qu'elle dédicacera à tous les hommes peu gâtés par la nature. Durant tout le concert, Lily sautillera invariablement de droite à gauche, histoire de combler l'inconsistance de sa prestation. Inconsistance qui se ressentira d'autant plus par le fait qu'à trois reprises, la jeune femme bouchera les trous de sa playlist par des réinterprétations des titres tirés du répertoire de certains de ses compatriotes. A savoir, The Specials (« Blank Expression »), « Oh My God » des Kaiser Chiefs et « Naïve » des Kooks, une formation qu'elle a pourtant en horreur. Le public aura également droit à quelques nouveaux morceaux dont « Sunday Morning » et un très bon « Absolutely Nothing ». Peu communicative avec son public, Lily s'excusera de l'état de sa voix dont le timbre commençait légèrement à se faire la malle. L'assistance a ensuite eu droit à d'assez plats « Shame For You », « Friday Night », « Friend Of Mine », « Littlest Things » et même au génial « Everything's Just Wonderful », bien plus convaincant sur disque. Même le tube « Smile » ne parviendra pas à faire monter la sauce. On comprend mieux maintenant le changement de salle. Il aurait été triste que la moitié du public s'endorme sur les sièges du Cirque Royal. En bref, Lily est une fille bien gentille mais son « Alright, Still » est définitivement destiné aux platines de salon plutôt qu'à la scène.

Organisation Live Nation

 

Sean Lennon

Chez les Lennon, après John, Sean s'est fait un prénom...

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Le problème des 'fils de' qui suivent les traces d'un illustre parent, c'est qu'ils doivent subir la comparaison pratiquement tout au long de leur carrière. Pourtant, il suffit d'écouter son dernier album, "Friendly Fire", pour constater que Sean Ono Lennon s'est fait un prénom. On retrouve certes des échos de son père dans la voix (heureusement pas celle de sa mère, diront certains) et certaines mélodies, mais il s'est forgé son propre style et ne cherche aucunement à vivre sur son héritage paternel. Il le prouve également sur scène, en formation standard guitare/basse/batterie/clavier, se contentant même du rôle de second guitariste, le long d'une tournée européenne des clubs et petites salles sympas.

 C'est donc le Théâtre Lino Ventura de Nice, plein comme un œuf, qui accueillait ce spectacle. Il y avait même une première partie, à laquelle je n'ai pu assister pour des raisons personnelles. Un concert à l'image de l'album. Sean a d'ailleurs repris la plupart des titres de ce disque (non, il n'y a pas eu de chanson des Beatles ni de John Lennon). Intelligente, fouillée mais sans excès, sa musique pop-rock recèle quelques très belles mélodies (sa voix fait merveille sur le refrain de l'envoûtant "Parachute"). Il s'exprime dans un français presque parfait entre chaque chanson, créant ainsi une ambiance conviviale parfaitement appropriée à ce type de concert. On notera sa tentative de recours au verlan pour nous expliquer qu'il préfère sa guitare électrique à l'acoustique ('plus roman... marrant à l'envers, roman, ça se dit chez vous ?')

 Le seul reproche que l'on pourrait adresser à ce concert concerne la constance du tempo d'une chanson à l'autre. On aurait bien aimé que le groupe se lâche un peu plus (et sans inciter à la consommation de breuvages alcoolisés, je me suis dit que le verre de jus de tomate, sis au pied du guitariste, était symptomatique). Sean Lennon ose une chanson écrite 'la semaine dernière', explique-t-il, "Smoke and mirrors", puis les watts montent enfin sur "Headlights", dans une version nettement plus énergique que celle de l'album. Pour clore le set, "Would I be the one", reprise de Marc Bolan (elle figure également sur l'album) s'étire sur un instrumental très mélodique (décidément le monsieur est doué pour cet exercice ce style), solo de guitare à la clé.

 Au début des rappels, il nous concède un petit bijou : "Tomorrow", qu'il interprète seul à la sèche. Pendant que le reste du groupe le rejoint, Sean nous annonce que son frère Julian est présent dans la salle (est-ce un scoop ou raconte-t-il toujours la même histoire à chaque concert). Puis la prestation s'achève en beauté par "Mystery Juice", extrait d' "Into the sun", son premier album. A cet instant, se libère une intensité qu'on aurait aimé vivre un peu plus souvent au cours de la soirée.

 En conclusion, cet excellent concert a laissé un goût de trop peu. On en redemande !

 

CSS

Sexe, moustache et Death From Above

Signées sur le label italien Homesleep, les quatre Californiennes de The Ian Fays jouent un rock sautillant qui n'est pas sans rappeler Sleater Kinney, The Pipettes et Legoparty. Sara et Lizz, les deux jumelles, occupent le devant de la scène en robe à rayures noires et blanches, telles de jolies Daltoniennes. A leur gauche, Lena, dont le rôle s'avère limité : titiller un triangle ou des clochettes comme s'il s'agissait d'un clitoris en cuivre ou taper dans ses mains d'un air concentré. Pour le reste rien de très excitant : juste du rock indie au groove simpliste, qui ne rentrera sans doute jamais dans les annales (et c'est écrit sans jeu de mot machiste).

'CSS Suxxx !!!', crie Lovefoxxx dans son collant pas sexy pour un sou. Entourée de ses quatre copines musiciennes et d'un mec qui martèle ses fûts, la petite Brésilienne sautille et sourit, jetant des œillades aguicheuses à la centaine de fans présents dans la Rotonde. 'C'est drôle, j'arrive à voir la tête de tout le monde, on s'croirait presque au zoo !', lance-t-elle, mutine, dans un éclat de rire. Les hits s'enchaînent, l'album y passe, du grandiose « Alala » au faiblard « Meeting Paris Hilton », qui sonne comme du Metric. Quelques personnes se dandinent gentiment, mais sinon l'ambiance est polie : sur « Off The Hook », Lovefoxxx descend dans l'arène, 04anse avec les premiers rangs, avant de remonter sur scène et d'oser un petit stage diving à la fin du concert, durant l'hymne « Let's Make Love and Listen to Death From Above ». Un tube de l'année, que tout le monde semblait attendre pour enfin se lâcher, voire dodeliner de la tête. Il était temps. En rappel une cover amusante du « Pretend We're Dead » des sauvageonnes L7, sans doute ce qu'écoutaient ces Brésilien(ne)s quand elles avaient 10 ans. Ca fait beaucoup de 'mort' pour seulement deux chansons, mais il s'agit sans doute de la 'petite' - celle qui donne envie de 'faire l'amour' en écoutant Cansei De Ser Sexy. 'Marre d'être sexy' ? D'où le collant, sans doute, et la moustache oxygénée. Aye aye ayyyye !!!

Dionysos

Spectacle total...

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Le rock déjanté de Dionysos s'en est allé à la conquête de l'Aéronef. C'était ce jeudi 30 novembre 2006. Dès la montée sur les planches, le décor est planté! Ça saute, ça virevolte, ça se roule par terre ; le tout dans un cadre à rendre jaloux un certain Tim Burton. Le spectacle est magique. Le public hurle sa joie. Matthias où vas-tu chercher ton énergie ? Le groupe se lance dans un set de folie, où se marient poésie et humour. Plus de 2 heures d'histoires délirantes. Le groupe passe en revue tous les instruments à cordes imaginables : mandoline, guitares, violon, violoncelle et même ukulélé !

Le set démarre sur les chapeaux de roue par « Giant Jack ». Défilent alors « L'homme qui pondait des œufs », « Miss acacia », « La métamorphose de mister chat », « Le retour de Bloody Betty », et l'incontournable single « Tes lacets sont des fées », sans oublier « Old child ». La version acoustique de « Neige » est touchante. On prend également plaisir à redécouvrir les classiques, tels que « Wait », « Thank you Satan » ou encore « Song for Jedi », probablement le meilleur titre du groupe! Au fil du temps, la formation est parvenue à élargir son audience. Mais s'il y a la musique, on assiste surtout à un spectacle unique auquel le public participe, sans la moindre réticence. Car l'Aéronef en a vu de toutes les couleurs, au cours de cette soirée… Matthias monte sur les enceintes et se laisse porter par le public (littéralement et physiquement !) Il monte sur la mezzanine. Il rampe sur la marée humaine ou 'slamme', si vous préférez. Une performance qu'il va accomplir à plusieurs reprises. Mais n'est-ce pas également la marque de fabrique de Dionysos ? Faut dire que chez cette formation, la fête est permanente. Et Matthias en est l'électron libre. Babette est toujours aussi charmante. Et puis elle possède une voix très douce qui ne peut que faire fondre les cœurs. Est-ce du rock, de la pop, du show, de la poésie ou une forme artistique nouvelle inventée par la formation d'outre-Quiévrain ? On n'en sait trop rien. Une chose est sûre, le numéro proposé est total, stupéfiant. Ereintant aussi. D'ailleurs, les spectateurs sont repartis épuisés… mais surtout heureux. N'est-ce pas là l'essentiel ?

Phoenix

Catégorie machine à hits...

Le tennis peut donner des envies de musique : on se rappelle Philippe Dewulf, ce fameux joueur flamand qui réussit l'exploit, bien avant Justine et Kim, d'atterrir en demi-finale à Roland Garros… Un jour il chiala presque à l'idée de devoir jouer, alors que les Smashing Pumpkins donnaient un concert à la même heure. Car comme le déclare si bien Nelson Montfort, 'les raquettes sont des instruments à corde', d'où le support act de Phoenix ce soir à l'AB, les bien nommés Housse de Racket, en fait un duo batterie-guitare. Déguisés en tennismen à la Das Pop, ces deux Français jouent (en double) de la pop rythmiquement soutenue, comme une finale de grand chelem entre Federer et Nadal. Dommage qu'ici l'on pense avant tout à Thierry Hazard, voire aux Prototypes, à Bosco et aux zigotos de Ratatat. Triple faute, zéro pour-cent de premières balles, direction le vestiaire malgré deux-trois coups droits bien balancés qu'on mettra sur le compte de l'humour.

La dernière fois qu'on avait vu Phoenix c'était il y a des plombes, à l'époque de « United », bref il y a au moins 5 ans. Dans nos souvenirs tout ça manquait de pêche, d'où une légère appréhension à les revoir sur scène, même si leur dernier disque est une sacré tuerie. Le doute ne durera que le temps d'une petite « Ritournelle », le splendide morceau de Sébastien Tellier jaillissant des enceintes avant l'extinction des lumières. Surprise : les quatre Français sont accompagnés de deux musiciens supplémentaires, l'un en renfort batterie, l'autre aux synthés. Retentissent alors les premières notes de « Napoleon Says », le titre d'ouverture d'« It's Never Been Like That », autrement dit un tube. Auquel viennent s'accrocher d'autres, pour à la fin former une belle brochette de hits qui valent bien une grande farandole, de type 'C'est la chenille qui redémarre'. Il faut bien l'avouer : le Phoenix d'aujourd'hui n'a plus grand chose à voir (et surtout à entendre) avec celui d'hier. Le son est carré, la dynamique impressionnante, la classe folle. Quasi l'intégrale des dix titres d'« It's Never Been Like That » est passée en revue, du sautillant « Consolation Prizes » au groove instrumental de « North », qui évoque justement « La Ritournelle », version guitares. Côté vieux hymnes les Parisiens nous auront gratifié d'un « If I Ever Feel Better » enlevé - sans doute le climax du concert, tout en étirement rock - et de l'incroyable « Funky Squaredance », mix virtuose de proto-prog et de synth-pop eighties : une tuerie, qui laissera pourtant les nouveaux fans de marbre, plus à l'aise lors du rappel et d'un « Too Young » interprété vite fait. A l'issue de ce concert furibond, d'une élégance pop-rock jamais démentie, Phoenix peut prétendre à la distinction du 'meilleur groupe français' 2006, catégorie 'machine à hits'. Du travail de pro, qui en plus donne la banane : tu parles qu'on se sent mieux !

 

Two Gallants

Des effluves d'Amérique profonde...

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La nouvelle m'est parvenue au dernier moment : j'irai donc voir les Two Gallants au Bota. C'était le 10 novembre dernier… Agréable surprise s'il en est, car depuis plus d'un mois je n'ai cessé d'entendre parler de ces deux kids américains, que beaucoup me décrivaient comme de géniaux musiciens folk, tatouages en plus. Arrivé sur place, j'apprends avec délectation que les hostilités prendront place dans cette chère petite rotonde, tant affectionnée. Aucun autre théâtre ne m'a, de mémoire, proposé une si parfaite synthèse de chaleur, d'intimisme et de promiscuité. Le temps de retrouver mon complice du soir, de vider une petite mousse et de prendre un bol d'air en bonne et due forme, puis nous entrons tous deux dans une salle déjà bien garnie.

La formation en charge de la première partie répond au nom de Cold War Kids et défend, ma foi, fort bien son dernier opus. Ça swingue, les deux voix sont sympathiques et, une fois n'est pas coutume, on savoure calmement l'orage avant la tempête.

Arrivent ensuite les deux comparses de Two Gallants et la salle s'embrase. Cela se sent, les gaillards sont attendus impatiemment depuis la sortie de leur dernier album « What the Toll Tells » et leur apparition à l'AB ou durant les festivals de l'été (à l'affiche de Dour, notamment). Si Tyson Vogel (batteur) et Adam Stephens (guitare et chant) débarquent tout juste de leur Californie natale, et de San Francisco pour être précis, leur show n'en dégage pas moins des effluves d'Amérique profonde. Sans devoir fixer des yeux les premiers rangs (pas une fois on n'a eu la chance d'apercevoir les prunelles du batteur fou, dissimulées derrière sa longue tignasse inflammable, quant à son collègue, il ne semble pas être un inconditionnel du 'yeux dans yeux'), les deux artistes plongent l'assemblée dans une contemplation non feinte, et votre serviteur, bien que novice en la matière, opine du chef la bouche en cœur… Les aficionados d'Eddie Vedder, de Jack White voire de ce bon vieux Kurt auront, sans conteste, apprécié le folk torturé du duo et la facilité avec laquelle ses notes décharnées oppressent agréablement. On ne sort pas indemne de ce genre de concert, on m'avait prévenu… C'est soit la nuit d'introspection, soit le tournis… Après un rappel et un ban d'applaudissements de circonstance, je sens que pour moi il n'y aura pas d'introspection et je me précipite dehors vers un second bol d'air salvateur. Un camarade assez chargé arrose d'ailleurs déjà le jardin botanique de ses émotions éthyliques. Peut-être touche-t-on ici vraiment à l'essence du Rock'n'Roll… Un live des Two Gallants, c'est décidément éprouvant… Mais on en redemande !      

 

Ben Harper

Croire en un monde meilleur...

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Ben Harper est un artiste très populaire. Pourtant on ne lui connaît guère de hits. Ce qui ne l'empêche pas de se produire à guichets fermés. Son dernier passage à Forest National en est une nouvelle illustration. Tout comme pour celui accordé au Zénith de Lille. Face à un public particulièrement enthousiaste, il s'est livré corps et âme en dispensant un 'retropoprock' largement influencé par le blues, quoique légèrement pigmenté d'un zeste de reggae et de gospel.

Bien rôdé et très pro, le sextet s'est fendu d'un set très varié, dynamique et à l'enthousiasme communicatif. Harper n'en oublie pas pour autant de diffuser un message aussi clair que respectueux : 'we could make a better way to this world with our own two hands'. Un message politique empreint de paix et de la tolérance. La main sur le cœur, Harper veut contribuer à rendre le monde meilleur par sa musique.

Le concert s'est ouvert par un court montage vidéo : l'arrivée du groupe à Lille, la préparation du matériel par les roadies et les séances de répétition des musiciens. Rien qu'en visionnant ces images, le public devenait presque dingue. Dans son style reggae, « Steal my kisses » était la parfaite mise à feu. « Don't take that attitude to your grave » et « With my own two hands » permettait au groupe de trouver la bonne vitesse. Des chansons très profondes, au cours desquelles Harper a sollicité le public. Sa solidarité. Sa participation ! En lui demandant notamment de lever les deux mains au ciel. Amorcé sur un ton acoustique, « Diamonds on the inside » s'est révélé davantage intimiste. L'accent a été ensuite placé sur les compos de son dernier opus, « Both sides of the gun ». Et en particulier le très tendre « Waiting for you » ainsi que le titre maître, un morceau puisant mais traversé d'une touche de soul, au cours duquel son inséparable ami, le bassiste Juan Helson, s'est réservé une bonne part des vocaux. La réputation de Ben Harper à la slide (NDR : une Weissenborn !) n'est pas usurpée. Il l'a réservée à « Ground on down ». Une compo très seventies, hantée par l'esprit de Jimi Hendrix. Plus écrasant, « Black Rain » a permis à Helson d'étaler tout son talent à la basse, dans la meilleure tradition de Les Claypool (Primus). Le set a tellement tenu le public en haleine que l'heure et demie est passée trop vite.

Le groupe a accordé deux rappels. Soit une petite heure de bonus. Harper a d'abord interprété quelques morceaux en solitaire. Sa voix et sa guitare acoustique. Il y a démontré toute sa virtuosité tout au long de chansons intimistes comme « Never leave lonely alone », « There will be a light », « Another lonely day » et « Walk away ». Flanqué de ses Innocent Criminals, il nous a invité à participer à la messe du dimanche, un office célébré par « Where could I go ». Le concert a vécu son apothéose lors de la cover du « Get up Stand Up » de Bob Marley ; mais aussi lorsqu'il a interprété « Burn one down » ainsi que « I believe in a better way », compo amorcée par des sonorités indiennes. Envoûté, le public a repris en chœur cette chanson ultime consacrée à la tolérance.

Les mots manquent pour qualifier ce concert : plus qu'impressionnant, il a frôlé le sublime. Tantôt intimiste, tantôt puissant ou dynamique, il a convaincu les plus sceptiques et ravi l'ensemble du public. Un set de presque deux heures et demie accordé par Ben Harper & The Innocent Criminals qui sera à marquer d'une pierre blanche. Et puis, à l'instar d'un Michael Franti, le message est tellement fort, qu'il nous incite à travailler (in)consciemment à la construction d'un monde meilleur !

Traduction: Hendrik Tant (Adaptation Bernard Dagnies)

Organisation: France Leduc Productions

The Divine Comedy

Chanteur de charme

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Le concert accordé au Botanique le 16 octobre affichant complet, il ne restait donc plus aux aficionados de The Divine Comedy qu'une seule alternative : se déplacer jusque l'Aéronef de Lille. Une opportunité qu'il ne fallait louper sous aucun prétexte ; car la bande à Neil Hannon ne se produit pas souvent sur le Vieux Continent. En outre, son tout dernier album, « Victory for the coming muse » est vraiment d'excellente facture.

En première partie, The Duke Special nous a gratifiés d'un show à la fois 'vintage', humoristique et romantique. Romantique à cause des chansons de Peter Wilson, chansons qu'il interprète d'une jolie voix rappelant tantôt Rufus Wainwright, tantôt Damon Gough, mais avec un accent irlandais (NDR : il est issu de Belfast !) en s'accompagnant d'un piano droit en bois, plutôt étroit et assez vétuste. Physiquement, il ressemble à un jeune Robert Smith qui aurait laissé pousser de longs dreadlocks. Humoristique a vu des frasques continuelles de Chip Bailey Wilson. Sosie de Charles Dickens, mais la chevelure bien plus longue, ce pince-sans-rire bien britannique se réserve les percussions. Toutes les percussions. Aussi bien conventionnelles qu'insolites. A sa droite, il a installé une énorme caisse de profil. Devant lui, toute une série de boules semblables à des émoticônes, mais de la dimension des noix de coco. Sans oublier le kit de batterie 'dit' classique. Régulièrement, il s'approche du bord de la scène pour y produire des sonorités plutôt singulières à l'aide d'une sorte de manche à balai surmonté d'une cloche. Il se sert également d'une râpe à fromage et autres ustensiles de cuisine dont des couvercles de casseroles. 'Vintage' au vu du décor au sein duquel le duo a évolué tout au long de son set. Un décor qui ressemblait plus à une brocante (les gramophones, les vieux tourne-disques !) qu'à une scène de concert. Et non seulement la mise en scène a eu de quoi mettre de bonne humeur le public, mais la prestation de Duke Special s'est révélée absolument convaincante.

Huit musiciens montent sur les planches : un drummer, un percussionniste, un bassiste (NDR : le trio est posté au fond de la scène, mais sur une sorte de podium), un guitariste, un violoncelliste (qui double parfois aux claviers), un claviériste/pianiste et une violoniste (NDR : vêtue d'un tailleur strict, elle aurait pu relever d'un orchestre symphonique). Sans oublier Neil Hannon. Très mince, de petite taille (NDR : il ne doit pas mesurer 1m70 !), ce dandy possède une fameuse personnalité. De l'humour aussi, parfois teinté d'une pointe de cynisme. Une très belle voix : son baryton sensuel, parfois volontairement emphatique, vibrant, magnifie, en quelque sorte, toutes les chansons. Du charisme aussi. A moins que ce ne soit du cabotinage (NDR : une divine comédie ?). Lunettes de soleil sur le nez, il entame son répertoire en s'accompagnant à la guitare sèche. Par « Mother dear », une compo issue de son dernier elpee. Des lunettes et une six cordes qu'il va abandonner respectivement lors du quatrième et du cinquième morceau, pour se concentrer sur le chant. Il nous invite alors à danser lors de « Diva lady », un fragment franchement latino. Pour « Threesome », il rejoint les deux autres claviéristes derrière les ivoires : piano pour trois mains ! Epatant ! Une cover : le « Raspberry Beret » de Prince. Lors de « Mutual friend », tel un chanteur de charme, Hannon vient s'asseoir sur le bord de la scène, puis termine le show par « Tonight the fly » sous les acclamations de la foule. Si le set est parfaitement équilibré, mené de main de maître par Neil ; il faut également souligner le rôle joué par le violoncelliste et surtout la violoniste. Une véritable virtuose qui parvient non seulement à se fondre dans l'ensemble tout en donnant davantage de relief aux compos. Qui n'en manquent pourtant pas. Mais si sur disque, fruit de la rencontre entre musique de chambre, music hall et pop, la solution sonore de The Divine Comedy peut parfois sembler tendre et satinée, en 'live' le résultat est beaucoup plus pêchu et dense. Faut dire que l'osmose opérée entre les différents instruments frôle la perfection.

Après les deux titres accordés en rappel, la foule acclamait à tout rompre, reprenant même en chœur les paroles de « National express ». Impressionnant ! Quand reviennent-ils ?

Tracklist

Mother dear
Alfie
Bad Ambassador
The light of day
When the lights
Gen sex
Diva lady
Lady of a certain age
Dadys car
Plough
Mastermind
Threesome
Don't look down
Weekend
Raspberry Beret
Mutual friend
Tonight we fly
To die a virgin
National express

Organisation FLP