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Monseigneur est un quatuor liégeois dont les membres se connaissent puisqu’ils ont foulé les mêmes scènes au sein de projets musicaux différents, depuis de nombreuses années. Il s’agir d’un projet 2.0, né d'abord digitalement, lors du confinement imposé en…

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Brazen tient la distance…

Après près de dix-huit ans de silence trompeur, Brazen (Genève), revient avec « Distance », une épopée indie-rock ambitieuse où s’entrelacent modulations mélancoliques et harmonies vocales sur un tapis instrumental planant. Les huit titres qui composent…

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Concerts

Maxïmo Park

Une fusion de l'âge d'or des eighties

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On en a parlé, on en parle, et on en parlera encore. De qui ? De Maxïmo Park ! Un quintet issu de Newcastle qui défraie la chronique outre-Manche. Leurs deux premiers singles y ont fait un véritable tabac et la sortie officielle de leur tout premier album est prévue pour fin mai. Et vous pouvez me croire, ce sera un 'must'.

La formation se produisait donc ce lundi 11 avril à l'Ancienne Belgique, dans le cadre du festival Domino. Une bonne occasion de découvrir la nouvelle coqueluche des Britanniques. Si le chanteur (Paul Smith) et le claviériste (Lukas Wooler) portent d'élégants costards/cravate, les autres musiciens font plutôt dans la discrétion vestimentaire. De type indien, le bassiste (Archis Tiku) n'est pas le patron d'un night shop. Mais il aurait pu l'être. Le guitariste (Duncan Lloyd) porte des lunettes dont l'épaisseur des verres est impressionnante. Il ressemble même à Matt Sharp, mais en plus balaise. Enfin, en bras de chemise, le drummer (Tom English) semble bien en retrait par rapport à l'ensemble du groupe. Dès les premières notes, on est littéralement soufflés par la puissance du son. Lukas et sa coupe à la 'stone' adopte la gestuelle d'un automate. Mais le show est assuré par Paul. Il gigote dans tous les sens en malmenant son pied de micro. Et il lui arrive même de bondir sur les planches en s'en servant de support. L'expression qui se lit sur son visage trahit toutes les émotions qu'il essaie de faire passer. Depuis la colère à la peur, en passant par la passion et l'euphorie. Une forme d'art dramatique qu'il veut communiquer au public sur un ton qui me rappelle quelque part … Peter Gabriel, lorsqu'il drivait Genesis. Mais ici s'arrête la comparaison, car musicalement l'univers de Maxïmo Park navigue à des années-lumière de la prog. On parlerait même plutôt de punk (Wire ?), de funk blanc (Gang Of Four) et de pop à consonance new wave (XTC, Smiths). Une fusion de l'âge d'or des eighties, si vous préférez. Dans un style convulsif, parsemé de brisures de rythme ou même de breaks. Un peu comme chez les Pixies. La plupart des titres de leur nouvel opus vont y passer, dont les déjà célèbres « The coast is always changing », « The night I lost my head » et « Apply some pressure ». Et puis l'un ou l'autre inédit (« You know the way I feel »). Au beau milieu du set, Paul brandit même un petit calepin rouge, qu'il a sorti de la poche de sa veste. Ce n'est pas pour lire le petit livre de Mao, mais je me pose quand même des questions. Surtout que le nom du groupe s'inspire d'un parc de La Havane à Cuba : le Maximo Gomez Park. A méditer ! En fin de concert, Paul enlève sa veste et desserre sa cravate qui commence alors à virevolter au rythme de ses mouvements. Follement acclamé, le groupe renvient jouer « Kiss you better » en rappel. Le public est ravi. Le groupe aussi. Mais à mon avis, leur répertoire était épuisé. N'empêche, quelle claque !   

 

Radio 4

Du punk funk qui remue les tripes...

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Operator? Un duo constitué d'un chanteur/guitariste et d'un Dj. Les deux gars jouent dans des univers différents. Un peu comme s'ils espéraient un jour se rencontrer à l'infini. Après deux titres, je me suis barré. Vraiment pas ma tasse de thé ! Et deux jus de houblon pour ne plus y penser…

Pas trop attiré par les formations au sein desquelles militent un Dj, j'ai un peu fait la grimace en voyant le pupitre plus qu'imposant réservé au bidouilleur. J'ai dû revoir mon jugement, car pour la première fois, je suis tombé sous le charme d'une formule baptisée « electroclash ». En fait, Out Hud nage en plein underground. Puisant son inspiration chez des ensembles aussi novateurs que ESG, Liquid Liquid, 23 Skidoo, Tortoise, et confirmés que PIL, Adrian Sherwood ou encore Chemical Brothers. Pourtant, toute l'expression sonore gravite autour de la violoncelliste. Elle est pratiquement la seule à ne pas changer d'instrument. Et c'est elle qui donne la coloration à l'expression sonore en créant le lien entre chaque instrumentiste. Claviéristes, bassiste, guitariste, drummer et vocalistes ont ainsi le loisir d'y tournoyer dans un mélange de musique de chambre, de funk, de dub, de hip hop, de post punk, de noise et de house ; un mélange finement texturé au sein duquel le Dj vient apporter tout son feeling viscéral. Bien qu'issu de Sacramento, Out Hud est aujourd'hui fixé à New York. C'est sans doute le bon choix ; car je les vois mal encore longtemps végéter dans la zone crépusculaire de l'underground.

Paru l'an dernier, le deuxième album (« Gotham ! ») de Radio 4 a reçu un accueil enthousiaste de toute la presse spécialisée. Faut dire que pour l'enregistrer, ces New-yorkais avaient aussi bénéficié du concours de DFA (alias Tim Goldsworthy et James Murphy). Mais leur musique est tellement accrocheuse, dansante et contagieuse, qu'on finit par y succomber. Peuplées de références 80's qui vont de Gang of Four à PIL en passant par le Clash période dub, leurs chansons ont aussi le bon goût de poser des réflexions sur les problèmes sociaux et politiques. Le plus souvent vécus à New York. Mais aussi et de manière plus généraliste, de traiter de thèmes comme le SIDA, la presse, la TV, etc. Après un passage en demi-teinte à l'AB, en décembre dernier, je voulais quand même voir ce que le quintette avait vraiment dans le ventre. Et je n'ai pas été déçu, car leur punk funk m'a vraiment remué les tripes. Sur les planches, l'ombre du Clash est beaucoup plus présente. Même les voix déclamatoires forgent des hymnes à leur manière. Plus étonnant, il leur arrive également de chanter à trois. Une conjugaison qui atteint parfois des sommets inattendus. Autre bonne surprise, en gommant les nombreux effets dus à la technologie moderne qui parsemaient l'opus, le groupe ne perd pas pour autant en fraîcheur. Disons que le set est plus puissant. Et met davantage en valeur le percussionniste. En rappel, le chanteur de Out Hud est même venu donner de la voix sur une chanson, avant que le quintette ne clôture la prestation par « New disco », un fragment taillé dans le punk le plus pur et dur. This is « Radio Clash »… pardon Radio 4…

Starsailor

La chaleur d'un set intimiste?

Écrit par

Il faut croire que Starsailor n'est pas encore très populaire en France. A l'origine, la formation insulaire aurait dû se produire à l'Aéronef de Lille. Mais vu le manque d'intérêt suscité par cette date, le spectacle a été transféré au Splendid, une salle de moindre capacité. Et finalement, cette décision n'était pas pour nous déplaire, car ce lieu intime et agréable constituait un décor parfait pour la musique de Starsailor. Tout au long du set, l'ambiance est ainsi demeurée chaleureuse. Et le public particulièrement enthousiaste. Une situation qui a permis au groupe de se sentir très à l'aise et de nous accorder un concert de très bonne facture. Faut dire que ce soir, le chanteur/guitariste James Walsh avait la pêche. Et le timbre de sa voix était impeccable. D'excellente humeur, il s'est montré très affable. A l'instar de son backing band. Sis à l'arrière plan, cette équipe a accompli humblement et efficacement ce qu'on attendait d'elle : de la bonne musique.

Chez Starsailor, pas d'orgueil démesuré. Une mission : jouer pour satisfaire son public. Et le combo a brillamment réussi ce challenge. Nonobstant un répertoire varié, il n'a pas manqué d'interpréter les chansons mélancoliques de son premier opus, 'Love is here', ainsi que celles du récent 'On the Outside'. Si le deuxième elpee, 'Silence is easy', n'a guère été mis en exergue ; cette absence a été largement compensée par le rappel, au cours duquel il nous a réservé son hit incontournable et contagieux, « Four to the floor », un morceau qui allait ensuite virer vers une version 'dance' inédite…

De sa prestation, je retiendrai quelques points culminants comme les fabuleux « Love is here » et « Fever ». A en attraper la chair de poule ! Et puis une version bouleversante de « Hallelujah », plus proche d'un Jeff Buckley que d'un Leonard Cohen.

En fin de parcours, la formation a remercié le public pour son engouement en lui accordant le très rafraîchissant « Silence is easy ». Concédant en apothéose le rock explosif « Good Souls »…  

La conjugaison de l'intimité de la salle, de la flamme du public français et naturellement de la magnifique setlist de Starsailor, a débouché sur la sensation d'avoir vécu une soirée extraordinaire. Surtout qu'il y avait aussi de la bière…

Traduction : Hendrik Tant (adaptation Bernard Dagnies)

Organisation : France Leduc Productions

 

The Hives

Le concert rock'n'roll de l'année...

Pour faire comme tout le monde, nous pourrions vous rappeler combien les Hives sont gracieux, sexy, arrogants, furieux et costumés. C'est vrai, nous pourrions. Mais nous pourrions également vous conter l'histoire d'un spectateur guidé par une gueule de bois, barbouillé et fatigué, venu assister au concert des Hives en ce jour de convalescence. Pour ce genre de spectateur (comme pour les autres, d'ailleurs), les Hives demeurent sans compassion, aucune. Histoire d'un concert qui aurait très bien pu être le dernier…

Arrivé sur les lieux en temps et en heure, malgré un mal de crâne persistant et insistant, le jeune homme tente de retrouver ses amis (heureux propriétaires du précieux ticket) et de se frayer une place dans l'antre de l'Ancienne Belgique. Une méchante fouille corporelle aux entrées constitue déjà un premier obstacle aux objectifs affichés du pauvre garçon. Quelques minutes plus tard, c'est face à la scène que l'attente devient douloureuse. Des compatriotes des Hives se chargent de la première partie. Les jambes tremblantes, la vue trouble, le spectateur tente désespérément de retrouver ses esprits au son de ces compositions déstructurées servies en guise d'apéritif. Burps…

Subitement, un gros néon rouge perché derrière la scène s'allume : « The Hives », peut-on lire. Le délire de la foule atteint son comble. Evidement, à cette heure-là, personne encore ne sait que les cinq guignols costumés qui débarquent vont électrocuter tout être vivant dans un rayon de trente mètres…en moins d'une heure. Le grand show commence, mené tambour battant par Howlin'Pelle Almqvist, mélange hybride entre un Jim Carrey sous cocaïne et un Mick Jagger à l'aube de ses vingt printemps. Le spectateur malade est alors terrassé par un tourbillon, qui s'interrompt et recommence sans cesse, le réveillant en sursaut. Les coups de basse du Dr Matt Destruction engendrent ainsi les premiers dégâts. Dans la fosse, chacun cherche la bouffée d'air rédemptrice. Mais sans faiblir, les Hives enchaînent les tubes de leurs trois albums. Par moment, Pelle Almquist harangue la foule gisant (encore) debout à ses pieds, ruisselant de sueur. L'estomac noué, l'esprit entièrement perdu dans cette mise en scène sans faille, le malheureux spectateur serre les doigts, prie pour que Nicolaus Arson ne balance du bout de ses doigts surchauffés un des riffs incisifs et fulgurants dont il détient le secret. Mais les Hives sont sans pitié. Ils ne laisseront aucun répit au pauvre spectateur déjà meurtri, supportant de plus en plus mal le poids d'un corps devenu trop lourd pour ses jambes.

Derrière sa batterie, Chris Dangerous entre au panthéon des batteurs les plus coquets de l'histoire du rock. Les cheveux gominés, ce dernier n'hésite jamais à se repeigner (!) entre deux titres assénés à tous ses inconscients, venus applaudir la performance la plus survoltée de l'année. Dans cette sitcom millimétrée, les Hives jouent un rôle hollywoodien. Avec sa tête d'enfant joufflu et sa taille pachydermique, Vigilante Carlstroem, le deuxième guitariste, ne cesse d'accélérer la cadence. En moins d'une heure, les Hives auront réussi à calmer les excités, à ressusciter les malades (celui de l'histoire a survécu. A ce jour, il ne voit plus la vie de la même façon), à susciter  l'admiration. Messieurs, il ne nous reste plus qu'à vous tirer notre cravate, s'agenouiller et laisser tomber le nœud pap', vous êtes les plus forts!

N.A.

Pas la peine de tourner autour du pot : c'était le concert rock'n'roll de l'année. Dans une AB pleine comme un œuf, les Suédois des Hives ont provoqué un tremblement de terre qui sur l'échelle de Richter devrait avoir battu tous les records. Blues Explosion, The Libertines, les White Stripes, The Stooges : qu'ils aillent se rhabiller, la queue entre les jambes. Les Hives sont les plus forts, point barre. Question d'attitude, de jeu de scène, de technique, de frime, de sexe : du chaud bouillon, comme la température ce soir, presque insoutenable. On ne vous parlera pas de la première partie, parce qu’on n’avait pas la tête à ça. Des types qui singeaient Hot Hot Heat et Ima Robot, pour aller vite. Et les Hives, justement, jouent très vite : une heure, et la plèbe rock est KO. Chaos : dès les premières mesures de " Abra Cadaver ", une minute trente de furie punk'n'roll, le public devient fou. Jeune, le public. Et très féminin. On ne va pas se plaindre. Habillés de pied en cap en noir et blanc, les Hives ont la classe. A peine arrivé sur scène, Howlin' Pelle Almqvist lâche un cri guttural à faire pâlir le pantalon rouge de Jack White. C'est parti, donc, pour une heure de rock'n'roll sauvage et braillard. Et ça suffit : après 40 minutes tout le monde est déjà mort, mais tente de survivre à ces incroyables décharges d'adrénaline. Les titres s'enchaînent sans qu'on ait le temps de crier ouf. De " Tyrannosaurus Hives ", les cinq Suédois joueront tout, ou presque (ne manque à l'appel que le très post-punk " Love In Plaster ") : autant dire que du bon, du foufou, du grand art. Pelle parle mais on n'y comprend rien : tel un Mick Jagger shooté à la testostérone, il exhorte le public à sortir de ses gonds. Qui le prend au mot, même si le corps ne suit pas toujours. C'est qu'il faut le faire, pogoter pendant une heure non stop. Mais comment rester stoïques face au bonheur d'enfin voir sur scène les Hives jouer " Main Offender " et " Hate To Say I Told You So " ? Ces types ont la gnaque, et c'est magique. Sur scène ils font preuve d'un incroyable magnétisme, jouant leurs classiques au millimètre près : on reste cois. Quoi ? Les Hives, mec. Le concert de l'année. " AKA Idiot " pour assommer les derniers irréductibles. Une classe inattaquable. The Hives, mon vieux. The Hives ! ! ! ! ! Ils sont venus, ils ont vu, ils ont vaincu. Que ceux qui ont raté ce concert se mordent les doigts, et tout le reste : ils ne sauront jamais ce qu'est un vrai concert de rock. The Hives ! The Hives ! ! The Hives ! ! ! (PS : si quelqu'un a trouvé une tête par terre après le concert, qu'il écrive à Musiczine. C'est sûrement la mienne)

G.E.

Boredom ! Amis blasés du Rock and Roll, spécialistes du 'oui, mais…', adulescents gavés de concerts et de CD's en tous genres, ce concert était pour vous. Si comme beaucoup de vos congénères vous vivez avec la nostalgie d'une époque révolue, celle de vos 16 ans où la moindre décharge de guitares électriques vous donnait envie de démonter pièce par pièce tout ce qui vous tombait sous la main (la commande à distance de votre chaîne, le lit Ikea, la poupée de la petite sœur), vous ne pouviez pas rater ça. Parce que ce qui s'est passé ce vendredi 29 octobre à l'AB dépasse l'entendement. Parce que lorsque les Hives sont montés sur scène vers 21h30 ce jour-là, c'est une espèce de monstrueux Léviathan suédois a pris directement les nombreux spectateurs de tous âges à la gorge pour ne les relâcher qu'une heure plus tard, complètement hébétés. Une heure de folie Rock and Roll, de décharge électrique maniaque orchestrée par Howlin' Pelle Almqvist, véritable dandy hystérique aux yeux de déments, petites billes gonflées d'adrénaline à l'étroit dans leurs orbites. Son crâne aurait éclaté qu'elles auraient continué à se dandiner aux quatre coins de la scène. Emmenés par cette hybridation entre Iggy Pop et le Mick Jagger des belles années (celui de 1964-1970), les autres membres du groupe aux noms aussi jouissifs que 'Dr Mass Destruction' ou 'Chris Dangerous' ne furent pas en reste. Un petit coup de peigne entre deux morceaux pour le batteur (qui se devait d'entretenir sa belle coiffure rockabilly), un petit crachat tout ce qu'il y a de plus punk pour Nicholaus Arson (guitariste de son état), splendides rouflaquettes 'à la Spinal Tap' pour le docteur (à la basse chirurgicale), tout y est passé. Inutile dès lors de vous cacher que 'The Hives' incarne tous les clichés Rock and Roll possibles et imaginables. Mais contrairement à beaucoup de groupes associés au revival garage actuel, on sent que chez cette bande de scandinaves dégénérés, c'est du vécu…La pose se double ici d'un état d'esprit qui, pour peu, nous ferait croire à un retour quarante ans en arrière, à une époque où le rock était encore neuf et excitant, où il n'avait pas encore perdu de son pouvoir de subversion. En un peu plus de 60 minutes, temps nécessaire au groupe pour parcourir son nouvel album ainsi que quelques extraits de ses deux précédents opus (dont un " Aka I.D.I.O.T " dantesque), The Hives nous a prouvé que tout cela était encore possible. Ce groupe est un majeur tendu à la morosité ambiante, à l'intégrisme religieux renaissant, aux yuppies triomphants. Les Libertines, Strokes et autres The Kills peuvent aller se coucher, les Hives sont le plus grand groupe live actuel ! Nom de dieu, THE HIIIIIIIIIIIIIIIIIIVES ! ! ! ! ! ! ! !

J.W.

 

Devendra Banhart

Une soirée trop arrosée...

Après de longs et pénibles détours pour trouver la salle, toujours aussi profondément enfouie dans le fin fond du Nord de la France, quelle joie d'apprendre qu'en première partie de Cocorosie et de Devendra Banhart jouait notre vieil ami Jeffrey Lewis ! Pour rappel : l'antifolk, les comics, tout le bazar, en direct de New York, bref un bon petit apéro à cette soirée placée sous le signe du folk hybride et déjanté, tendance Incredible String Band et Linda Perhacs. Il y a du monde au bar, mais Jeffrey et son frère n'en ont cure : ils balancent la sauce et parviennent même à séduire un public pas conquis d'avance (NDR : rappel : nous sommes en France – c'est tellement vrai que ça rime). Grâce à son bagout post-pubère et sa coupe de cheveux complètement ridicule, Jeffrey le bienheureux nous aura rappelé qu'il ne faut ni savoir chanter ni savoir jouer pour donner des concerts (et des bons, en plus). Poète beatnik au verbe acidulé mais drôle (Réf. : Chester Brown, Joe Matt, loosers magnifiques de la BD nord-américaine), Jeffrey Lewis était présent ce soir par surprise, et c'était plutôt une bonne nouvelle.

Mais déjà les sœurs Sourire du revival psyché-folk débarquent avec leurs camions jouets et leur beatbox humaine, un black francophile ayant la triste tendance à parodier MC Solaar, lui-même étant déjà une belle grosse blague (même pas belge, en plus). Mais dès que les sœurs Coco et Rosie (à moins que ce ne soit le contraire ?) commencent à chanter, là c'est le bonheur. Nous sommes dans la Maison de Leur Rêve, à prendre le thé avec une jouvencelle en robe XIXe. Elle nous sourit de sa bouche féline, et entame son chant de sirène : charmés dès les premières roucoulades veloutées qui se glissent en travers de ses lèvres, nous ne pouvons que lui demander encore un peu, euh… oui…, de cet aphrodisiaque sucré. Heureux en amour, malheureux au jeu ? Il en vaut pourtant la chandelle. Et dans cette ambiance on se croirait au grenier, à fricoter sous les bougies, dans le silence interdit d'un rendez-vous coquin. Au début la belle se veut chaste, n'osant murmurer à nos oreilles qu'un souffle léger à faire frémir notre braguette, mais très vite elle se détend, tandis que l'autre, manque d'exploser sous la pression. C'est dans un râle de plaisir que cette histoire aurait dû se conclure. Des gens tapent des mains, à la porte de la Maison : notre union se consume, il est temps de rallumer.

Et d'aller chercher une bière, pour se rafraîchir les idées. Le temps qu'il faut à Coco et Rosie de remballer leur bric-à-brac, pour laisser la place au génie folk de ce siècle nouveau, « the revelation of the year », le gentil gourou du finger picking au poil pachydermique, la réincarnation en éphèbe tatoué de Vashti Bunyan, le plus beau spécimen de 'music freak' en captivité sur cette planète : Devendra Banhart. Fort de deux albums magnifiques sortis en l'espace de six mois (« Rejoicing in the Hands » - album de l'année - et « Nino Rojo »), Devendra Banhart peut se targuer aujourd'hui, chers terriens, d'être l'élu envoyé par le Saint Verbe Acoustique pour nous sauver de la perdition et de la surdité marketée. Ouvrons les yeux, et surtout les oreilles : ce type au look de bédouin white trash shooté à la lavande pourrait bien être notre salut, notre épée de Damoclès face à la médiocrité qui nous assaille tous les jours sur la bande FM. Et comme un beau Jésus, Banhart a invité ses apôtres. Des types aussi barbus que lui (du groupe Vetiver), parce que c'est dans la barbe que crèchent la force et la jeunesse (écouter « This Beard », et pleurer). Sauf que les apôtres parfois se mettent à déconner (rappelez-vous les trois cris du coq – comme chez Coco Rosie d'ailleurs), et c'est Jésus qui trinque. En bref on avait adoré Devendra Banhart en solo ('Mirage au Pukkelpop : des individus en short baggy couverts de boue affirment avoir vu le Christ'), mais entouré d'une bande de saoulards qui auraient bu tout le pinard à la messe, notre sauveur aura bien eu du mal cette fois à prêcher sa bonne parole. Imaginez La Compagnie Créole reprenant Bob Dylan entre deux culs secs au vin rouge (qui a crié 'Judas !' ?) : l'hostie, tout de suite, reste en travers de la gorge. Evidemment, quand en plus c'était - semblait-il - la dernière date de la tournée européenne de Devendra Banhart, on pouvait s'attendre comme de coutume à de longues jams entre musiciens défoncés jusqu'à l'os. A la fin, donc, c'était la fête sur Cène (avec Jeffrey, Coco, Rosie et tout le cirque), mais moins dans la salle : qui aura vraiment tenu jusqu'au bout ? Les derniers seront-ils toujours les premiers ? Qui a lancé la première pierre ? Sans doute que cette soirée restera pour beaucoup un mystère. 

 

CocoRosie

Un rêve aphrodisiaque...

Après de longs et pénibles détours pour trouver la salle, toujours aussi profondément enfouie dans le fin fond du Nord de la France, quelle joie d'apprendre qu'en première partie de Cocorosie et de Devendra Banhart jouait notre vieil ami Jeffrey Lewis ! Pour rappel : l'antifolk, les comics, tout le bazar, en direct de New York, bref un bon petit apéro à cette soirée placée sous le signe du folk hybride et déjanté, tendance Incredible String Band et Linda Perhacs. Il y a du monde au bar, mais Jeffrey et son frère n'en ont cure : ils balancent la sauce et parviennent même à séduire un public pas conquis d'avance (rappel : nous sommes en France – c'est tellement vrai que ça rime, ndr). Grâce à son bagout post-pubère et sa coupe de cheveux complètement ridicule, Jeffrey le bienheureux nous aura rappelé qu'il ne faut ni savoir chanter ni savoir jouer pour donner des concerts (et des bons, en plus). Poète beatnik au verbe acidulé mais drôle (Réf. : Chester Brown, Joe Matt, loosers magnifiques de la BD nord-américaine), Jeffrey Lewis était présent ce soir par surprise, et c'était plutôt une bonne nouvelle.

Mais déjà les sœurs Sourire du revival psyché-folk débarquent avec leurs camions jouets et leur beatbox humaine, un black francophile ayant la triste tendance à parodier MC Solaar, lui-même étant déjà une belle grosse blague (même pas belge, en plus). Mais dès que les sœurs Coco et Rosie (à moins que ce ne soit le contraire ?) commencent à chanter, là c'est le bonheur. Nous sommes dans la Maison de Leur Rêve, à prendre le thé avec une jouvencelle en robe XIXe. Elle nous sourit de sa bouche féline, et entame son chant de sirène : charmés dès les premières roucoulades veloutées qui se glissent en travers de ses lèvres, nous ne pouvons que lui demander encore un peu, euh… oui…, de cet aphrodisiaque sucré. Heureux en amour, malheureux au jeu ? Il en vaut pourtant la chandelle. Et dans cette ambiance on se croirait au grenier, à fricoter sous les bougies, dans le silence interdit d'un rendez-vous coquin. Au début la belle se veut chaste, n'osant murmurer à nos oreilles qu'un souffle léger à faire frémir notre braguette, mais très vite elle se détend, tandis que l'autre, manque d'exploser sous la pression. C'est dans un râle de plaisir que cette histoire aurait dû se conclure. Des gens tapent des mains, à la porte de la Maison : notre union se consume, il est temps de rallumer.

Et d'aller chercher une bière, pour se rafraîchir les idées. Le temps qu'il faut à Coco et Rosie de remballer leur bric-à-brac, pour laisser la place au génie folk de ce siècle nouveau, « the revelation of the year », le gentil gourou du finger picking au poil pachydermique, la réincarnation en éphèbe tatoué de Vashti Bunyan, le plus beau spécimen de 'music freak' en captivité sur cette planète : Devendra Banhart. Fort de deux albums magnifiques sortis en l'espace de six mois (« Rejoicing in the Hands » - album de l'année - et « Nino Rojo »), Devendra Banhart peut se targuer aujourd'hui, chers terriens, d'être l'élu envoyé par le Saint Verbe Acoustique pour nous sauver de la perdition et de la surdité marketée. Ouvrons les yeux, et surtout les oreilles : ce type au look de bédouin white trash shooté à la lavande pourrait bien être notre salut, notre épée de Damoclès face à la médiocrité qui nous assaille tous les jours sur la bande FM. Et comme un beau Jésus, Banhart a invité ses apôtres. Des types aussi barbus que lui (du groupe Vetiver), parce que c'est dans la barbe que crèchent la force et la jeunesse (écouter « This Beard », et pleurer). Sauf que les apôtres parfois se mettent à déconner (rappelez-vous les trois cris du coq – comme chez Coco Rosie d'ailleurs), et c'est Jésus qui trinque. En bref on avait adoré Devendra Banhart en solo ('Mirage au Pukkelpop : des individus en short baggy couverts de boue affirment avoir vu le Christ'), mais entouré d'une bande de saoulards qui auraient bu tout le pinard à la messe, notre sauveur aura bien eu du mal cette fois à prêcher sa bonne parole. Imaginez La Compagnie Créole reprenant Bob Dylan entre deux culs secs au vin rouge (qui a crié 'Judas !' ?) : l'hostie, tout de suite, reste en travers de la gorge. Evidemment, quand en plus c'était - semblait-il - la dernière date de la tournée européenne de Devendra Banhart, on pouvait s'attendre comme de coutume à de longues jams entre musiciens défoncés jusqu'à l'os. A la fin, donc, c'était la fête sur Cène (avec Jeffrey, Coco, Rosie et tout le cirque), mais moins dans la salle : qui aura vraiment tenu jusqu'au bout ? Les derniers seront-ils toujours les premiers ? Qui a lancé la première pierre ? Sans doute que cette soirée restera pour beaucoup un mystère. 

 

Adem

Un minimalisme bouleversant...

Écrit par

Avant de fonder sa propre formation, Adem Ilhan a joué au sein du groupe post rock anglais Fridge aux côtés de Kieran Hebden et de Sam Jeffers. Auteur d'un excellent premier elpee (NDR : voir chronique), Adem est venu se produire en duo ; son partenaire se consacrant le plus souvent au xylophone et aux percussions minimalistes qu'à la guitare sèche. Minimalisme : le mot est lâché, pour définir la musique d'Adem. Mais un minimalisme chatoyant, enrichi par une panoplie d'instruments acoustiques particulièrement ample utilisés par Adem. Conventionnels (six cordes acoustique, banjo) ; mais aussi insolites dont une mini harpe à laquelle il va recourir en toute fin de set. Et toutes ces sonorités chatoyantes, délicates, pastorales, chaleureuses servent d'écrin à de petites perles mélodiques, berceuses hymniques que chantent nos deux compères avec un ensemble bouleversant. Même lors des deux nouvelles compositions. Point d'orgue ; le single « Everybody needs some help sometimes », que le public avait encore en tête à l'issue de leur prestation…

Il y a plus de dix ans qu'on attendait le passage de Red House Painters en Belgique. Et R.H.P. n'est toujours pas revenu. En fait Kozelek a fondé un nouveau projet : Sun Kil Moon. Responsable d'un elpee remarquable, au début de cette année (NDR : voir chronique), S.K.M. figurait, au départ, à l'affiche des Nuits du Botanique. Mais lorsqu'il a décliné l'invitation, on s'est dit qu'il allait encore nous faire faux bond. Bref, je dois avouer, que la veille même du concert, je n'étais pas vraiment sûr qu'il soit présent. Avant que la formation ne monte sur les planches, on se rend compte qu'il n'y aura pas de batteur. Et que les musiciens seront assis sur des tabourets de bar. Cinq en tout. Pour deux violonistes et trois guitaristes dont Kozelek qui change, pratiquement à chaque morceau, de gratte. Acoustique, électrique ou à douze cordes. Un Kozelek qui s'est coupé les cheveux. Mais dont le timbre vocal falsetto, légèrement reverb, touche toujours au sublime. Autour de lui, son backing band tisse la trame sonore. Tantôt en picking, tantôt en plaquant les accords, les deux guitaristes rivalisent de virtuosité. Et que dire des deux violonistes ? Un couple asiatique dont les interventions vous flanquent des frissons partout. Tout au long du concert, on semble submergé par un océan de mélancolie douce. Parfois aussi consumé par l'intensité et la luxuriance des instruments, un peu comme sur le 3ème album du Led Zeppelin. Ou alors bercé par des mélodies ensoleillées, presque méditerranéennes. Pas de covers. Pas de titres issus du répertoire de Red House Painters. Mais uniquement des chansons de Sun Kil Moon. En rappel, seuls les trois guitaristes reviennent sur scène, l'un d'entre eux se consacrant à la slide. Puis Marc termine en solo armé de sa 12 cordes. Pour trois titres. Enfin presque, puisque en fin du dernier, il se rend compte qu'il fait fausse route, plante sa guitare et se taille. Un final à l'image du personnage…

 

Sophia

Comme à l'époque d'un certain God Machine?

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Pour cette longue soirée, l'ordre de passage avait été modifié, suite à des problèmes de transport rencontrés par la formation danoise Under Byen. Au lieu d'entamer les festivités, celle-ci allait donc les clôturer.

Drivé par Miles Kurosky, chanteur dont le vocal campe, nonobstant un timbre plus clair, des inflexions fort proches de Stephen Malkmus, Beulah compte déjà la bagatelle de 4 albums à son actif ; le dernier, « Yoko », étant paru au début de cette année. Un sextuor californien qui pratique une pop plutôt allègre, contagieuse, mais parfois un peu trop dissipée. Pourtant, la moitié des musiciens sont multi instrumentistes et possèdent suffisamment de talent pour faire décoller un set. Et en particulier le trompettiste, dont les interventions cuivrées, parfois rythm'n blues, donnent une coloration plus chaleureuse aux chansons. Et puis les harmonies vocales sont impeccables, rappelant même parfois tantôt les Beach Boys, tantôt ELO. Mais les moments de pure intensité ne sont pas suffisamment développés pour ne pas perdre le fil du sujet. En fin de parcours, le groupe invite deux spectatrices à monter sur scène pour essayer de reprendre une chanson des Beach Boys. Une catastrophe ! Et les gesticulations des deux filles agitant des maracas ou un tambourin, lors du final, faisaient franchement tarte. N'importe quoi !

Les concerts accordés par Sophia, dans le cadre de leur dernière tournée n'ont pas trop eu l'air de plaire à la presse spécialisée. Même Lina, qui avait assisté à leur concert lors de leur passage au Bota, n'est pas repartie emballée par leur prestation. C'est donc avec beaucoup de prudence que je suis allé voir ce qu'il en était réellement. Première constatation, le groupe semble détendu. Il s'agit du dernier concert de ce périple destiné à promotionner leur album, « People are like seasons ». Et en montant sur les planches, Robin Proper Sheppard se rend compte qu'un nombre important de Belges a fait le déplacement. Et leur demande de lever la main. Il a raison… Le set s'ouvre sur un ton semi acoustique, countryfiant (bottleneck oblige !) ; puis le climat s'électrifie progressivement épinglant une version particulièrement réussie d'« Every day » et une de « The see », découpée dans les guitares bringuebalantes. Tout est bien mis en place, mais c'est la prestation du drummer qui, au fil du set, va impressionner. Son style chatoyant, chaloupé, mais bigrement efficace, canalise la prestation du groupe. Et sous le flux d'électricité maintient parfaitement le navire à flots. Après un bref retour acoustique en rappel, Sophia va achever sa prestation par un rock'n roll particulièrement enlevé et un « River song » au cours duquel cette électricité se mue en intensité blanche. Et pour cause, Robin et le claviériste ont alors respectivement troqué leur sèche et leur clavier pour une gratte bien électrifiée. De quoi se délecter d'une bonne dose de décibels, comme à l'époque d'un certain God Machine…

Il était très tard lorsqu’Under Byen s'est mis à jouer. Et pour cause, il devait d'abord régler les balances. Et lorsqu'un line up se compose de huit musiciens, il y a du boulot. En l'occurrence deux drummers (dont une percussionniste), un claviériste/pianiste, une pianiste, une bassiste, un violoniste, une violoncelliste et une chanteuse. Dont la voix me rappelle Björk, sans les inflexions énervées et furieuses. Une formation qui mélange allègrement pop, folk, jazz, classique et électronique, dans un univers trip hop brumeux, empreint de mystère, qui aurait pu naître d'une rencontre hypothétique entre Sigur Ros et Portishead. Les problèmes de mixage rencontrés au cours de ce set n'ont pas empêché d'entrevoir l'émergence d'un groupe fort intéressant. Mais je dois avouer que j'étais beaucoup trop fatigué pour pouvoir réellement apprécier leur musique. Ainsi, après une bonne demi-heure, je me suis éclipsé. A revoir dans d'autres circonstances : mais à suivre de très près…

 

Beulah

Un final tarte...

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Pour cette longue soirée, l'ordre de passage avait été modifié, suite à des problèmes de transport rencontrés par la formation danoise Under Byen. Au lieu d'entamer les festivités, celle-ci allait donc les clôturer.

Drivé par Miles Kurosky, chanteur dont le vocal campe, nonobstant un timbre plus clair, des inflexions fort proches de Stephen Malkmus, Beulah compte déjà la bagatelle de 4 albums à son actif ; le dernier, « Yoko », étant paru au début de cette année. Un sextuor californien qui pratique une pop plutôt allègre, contagieuse, mais parfois un peu trop dissipée. Pourtant, la moitié des musiciens sont multi instrumentistes et possèdent suffisamment de talent pour faire décoller un set. Et en particulier le trompettiste, dont les interventions cuivrées, parfois rythm'n blues, donnent une coloration plus chaleureuse aux chansons. Et puis les harmonies vocales sont impeccables, rappelant même parfois tantôt les Beach Boys, tantôt ELO. Mais les moments de pure intensité ne sont pas suffisamment développés pour ne pas perdre le fil du sujet. En fin de parcours, le groupe invite deux spectatrices à monter sur scène pour essayer de reprendre une chanson des Beach Boys. Une catastrophe ! Et les gesticulations des deux filles agitant des maracas ou un tambourin, lors du final, faisaient franchement tarte. N'importe quoi !

Les concerts accordés par Sophia, dans le cadre de leur dernière tournée n'ont pas trop eu l'air de plaire à la presse spécialisée. Même Lina, qui avait assisté à leur concert lors de leur passage au Bota, n'est pas repartie emballée par leur prestation. C'est donc avec beaucoup de prudence que je suis allé voir ce qu'il en était réellement. Première constatation, le groupe semble détendu. Il s'agit du dernier concert de ce périple destiné à promotionner leur album, « People are like seasons ». Et en montant sur les planches, Robin Proper Sheppard se rend compte qu'un nombre important de Belges a fait le déplacement. Et leur demande de lever la main. Il a raison… Le set s'ouvre sur un ton semi acoustique, countryfiant (bottleneck oblige !) ; puis le climat s'électrifie progressivement épinglant une version particulièrement réussie d'« Every day » et une de « The see », découpée dans les guitares bringuebalantes. Tout est bien mis en place, mais c'est la prestation du drummer qui, au fil du set, va impressionner. Son style chatoyant, chaloupé, mais bigrement efficace, canalise la prestation du groupe. Et sous le flux d'électricité maintient parfaitement le navire à flots. Après un bref retour acoustique en rappel, Sophia va achever sa prestation par un rock'n roll particulièrement enlevé et un « River song » au cours duquel cette électricité se mue en intensité blanche. Et pour cause, Robin et le claviériste ont alors respectivement troqué leur sèche et leur clavier pour une gratte bien électrifiée. De quoi se délecter d'une bonne dose de décibels, comme à l'époque d'un certain God Machine…

Il était très tard lorsqu’Under Byen s'est mis à jouer. Et pour cause, il devait d'abord régler les balances. Et lorsqu'un line up se compose de huit musiciens, il y a du boulot. En l'occurrence deux drummers (dont une percussionniste), un claviériste/pianiste, une pianiste, une bassiste, un violoniste, une violoncelliste et une chanteuse. Dont la voix me rappelle Björk, sans les inflexions énervées et furieuses. Une formation qui mélange allègrement pop, folk, jazz, classique et électronique, dans un univers trip hop brumeux, empreint de mystère, qui aurait pu naître d'une rencontre hypothétique entre Sigur Ros et Portishead. Les problèmes de mixage rencontrés au cours de ce set n'ont pas empêché d'entrevoir l'émergence d'un groupe fort intéressant. Mais je dois avouer que j'étais beaucoup trop fatigué pour pouvoir réellement apprécier leur musique. Ainsi, après une bonne demi-heure, je me suis éclipsé. A revoir dans d'autres circonstances : mais à suivre de très près…

 

Sun Kil Moon

Dr Jekyll & Mr Hyde...

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Avant de fonder sa propre formation, Adem Ilhan a joué au sein du groupe post rock anglais Fridge aux côtés de Kieran Hebden et de Sam Jeffers. Auteur d'un excellent premier elpee (NDR : voir chronique), Adem est venu se produire en  duo ; son partenaire se consacrant le plus souvent au xylophone et aux percussions minimalistes qu'à la guitare sèche. Minimalisme : le mot est lâché, pour définir la musique d'Adem. Mais un minimalisme chatoyant, enrichi par une panoplie d'instruments acoustiques particulièrement ample utilisés par Adem. Conventionnels ( six cordes acoustique, banjo) ; mais aussi insolites dont une mini harpe à laquelle il va recourir en toute fin de set. Et toutes ces sonorités chatoyantes, délicates, pastorales, chaleureuses servent d'écrin à de petites perles mélodiques, berceuses hymniques que chantent nos deux compères avec un ensemble bouleversant. Même lors des deux nouvelles compositions. Point d'orgue ; le single « Everybody needs some help sometimes », que le public avait encore en tête à l'issue de leur prestation…

Il y a plus de dix ans qu'on attendait le passage de Red House Painters en Belgique. Et R.H.P. n'est toujours pas revenu. En fait Kozelek a fondé un nouveau projet : Sun Kil Moon. Responsable d'un elpee remarquable, au début de cette année (NDR : voir chronique), S.K.M. figurait, au départ, à l'affiche des Nuits du Botanique. Mais lorsqu'il a décliné l'invitation, on s'est dit qu'il allait encore nous faire faux bond. Bref, je dois avouer, que la veille même du concert, je n'étais pas vraiment sûr qu'il soit présent. Avant que la formation ne monte sur les planches, on se rend compte qu'il n'y aura pas de batteur. Et que les musiciens seront assis sur des tabourets de bar. Cinq en tout. Pour deux violonistes et trois guitaristes dont Kozelek qui change, pratiquement à chaque morceau, de gratte. Acoustique, électrique ou à douze cordes. Un Kozelek qui s'est coupé les cheveux. Mais dont le timbre vocal falsetto, légèrement reverb, touche toujours au sublime. Autour de lui, son backing band tisse la trame sonore. Tantôt en picking, tantôt en plaquant les accords, les deux guitaristes rivalisent de virtuosité. Et que dire des deux violonistes ? Un couple asiatique dont les interventions vous flanquent des frissons partout. Tout au long du concert, on semble submergé par un océan de mélancolie douce. Parfois aussi consumé par l'intensité et la luxuriance des instruments, un peu comme sur le 3ème album du Led Zeppelin. Ou alors bercé par des mélodies ensoleillées, presque méditerranéennes. Pas de covers. Pas de titres issus du répertoire de Red House Painters. Mais uniquement des chansons de Sun Kil Moon. En rappel, seuls les trois guitaristes reviennent sur scène, l'un d'entre eux se consacrant à la slide. Puis Marc termine en solo armé de sa 12 cordes. Pour trois titres. Enfin presque, puisque en fin du dernier, il se rend compte qu'il fait fausse route, plante sa guitare et se taille. Un final à l'image du personnage…