OMD s’engage sur une voie politique…

Six ans après la sortie de « The Punishment Of Luxury », les pionniers du synthé Orchestral Manoeuvres In The Dark (OMD) publieront un tout nouvel opus ce 27 octobre 2023. Il s’intitulera « Bauhaus Staircase ». Le titre maître, qui ouvre l’elpee, adresse un…

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La sinistrose de Sleaford Mods joue les prolongations…

Sleaford Mods publiera un nouvel Ep de six titres, « More UK Grim », le 20 octobre 2024. Enregistrées en même temps que son elpee « UK Grim », les nouvelles compos continuent de critiquer et paradoxalement de célébrer notre époque turbulente. Son premier…

Le DIY de scrapidoh

Bercé par le rock indé depuis ses débuts, scrapidoh était à l’origine le projet solo de…

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The Detroit Cobras

Une absence flagrante de motivation...

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Journée de grande effervescence au Bota ce mardi 16 novembre ; puisque si l'Orangerie accueillait Ash et Hitch, la Rotonde proposait trois groupes : The Soundtrack Of Our Lives, The Detroit Cobras et The Radiation Kings.

The Radiation Kings nous viennent d'Allemagne et jouissent d'une popularité certaine dans leur pays. Un groupe de garage qui se réclame ouvertement des Stones, du Velvet Underground et des Stooges. Fondé en 1997, cet ensemble compte quelques albums à son actif et a même déjà eu l'honneur de participer à l'émission de la WDR, 'Rockpalast'. Pour le peu que j'ai pu les apercevoir, leur prestation n'a guère soulevé l'enthousiasme. Brouillonne pour ne pas dire bâclée, elle s'est même achevée dans l'indifférence générale. Et le chanteur a eu beau se démener comme un beau diable (NDR : physiquement on dirait une sorte d'hybride entre Ian Brown et Mick Jagger), son groupe n'est parvenu qu'à patauger allègrement dans la choucroute…

The Detroit Cobras est un quintet dont la plupart des membres viennent de Detroit (NDR: vous vous en doutez!). Une formation fondée en 1995 par le guitariste Steve Shaw, et qui compte dans son line up deux filles. Tout d'abord la guitariste Maribel Restrepo ; et puis la chanteuse Rachael Nagy, sorte d'Amanda Lear qui aurait rajeuni de 30 ans. Moulée dans son jeans, cette blonde hyper sexy fume comme une cheminée, boit comme un cosaque et (NDR : non je n'ai rien dit…). Bref, une chose est sûre, son timbre vocal rauque sied particulièrement bien à la musique du groupe. Une musique basique, garage, inspirée par le R&B, le gospel et le rock'n roll des années 50. Leur set est essentiellement composé de reprises obscures. Des titres souvent très brefs imprimés sur un tempo 4/4 qui me rappellent les Ramones. Et le look des mâles (NDR : rouflaquettes, cheveux longs en bisbille avec leur shampooing depuis belle lurette !) corrobore ce point de vue. Si leur prestation reste plutôt agréable, elle ne décollera jamais. En cause : Rachael. Qui a plutôt l'air de s'en foutre comme de l'an 40. De cette soirée, elle ne retiendra probablement que le goût de la bière belge…

Auteur d'un quatrième opus remarquable (« The origin vol. 1 »), The Soundtrack Of Our Lives, se produisait pour la première fois, en Belgique. Pas les membres fondateurs, puisque le chanteur Ebbot Lundberg et le guitariste Ian Person s'y étaient produits en compagnie de Union Carbide Productions, leur précédent groupe. Dès l'entrée le premier titre, on est complètement noyé par la puissance du son. Tel un prédicateur évangéliste, Ebbot s'installe au centre de la scène. Viking barbu, vêtu d'une robe noire, il ressemble à un Brian Wilson (NDR : le leader des Beach Boys !) des seventies. Les deux guitaristes virevoltent d'un côté à l'autre de la scène. Une rivalité qui ressemble presque à une compétition. Imaginez un peu une joute entre Bernard Butler et Bernard Butler, et vous aurez une petite idée de la scène en présence. L'un d'entre eux se prend même parfois pour Pete Townshend, en faisant tournoyer son bras. En fin de concert, il sort sa guitare à deux manches. Bien soutenu par un solide bassiste, le drummer – habillé comme un joueur de base-ball - dynamise la solution sonore. Des drums qui comptent deux grosses caisses. Excusez du peu ! A gauche de la scène, le claviériste chavire au gré de ses interventions rognées. C'est limite qu'il ne grimpe sur son orgue. Dans l'esprit de Ray Manzarek ! Paraît même qu'il fait chavirer les cœurs… Le combo aligne la plupart des compos de son dernier elpee. Même « Midnight children ». Un tracklist qu'il entrecoupe de nombreux titres issus de « Behind the music », le précédent opus. Véritable gourou, Ebott impressionne par son charisme. Il orchestre même les improvisations. Ce qui ne l'empêche pas de descendre ans le public. Ou d'aller vider toutes les bières qui jonchent le sol près du drummer. (NDR : qui a dit rentrez-le ventre ?). Un seul bémol, le public. Trop réservé pour un tel spectacle. Ne se libérant qu'en fin de concert, pour finalement obtenir deux rappels, dont le second n'était normalement pas prévu. Impressionnant !

 

 

 

 

Pretty Girls Make Graves

Dans le vif du sujet...

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‘Andrea Zollo a de la fièvre !’, lance-t-elle à la fin d’un set qui ne nous a laissé aucun répit pour souffler un peu. Et en effet, elle nous a plus qu’enfiévré ce soir. A mi chemin entre Blondie et Courtney Love, sa voix se fond dans la complexité et la lancinance du son extrêmement puissant de ces Pretty Girls Make Graves. Forts de deux albums studio plutôt réussis, même si leur distribution est restée plus que limitée, elle nous a promenés une heure et demie au travers d’un concert qui aurait laissé pantois n’importe quelle autre rockeuse en devenir. Leurs influences tellement vastes se mêlent et explosent sur scène. On est transporté entre grunge de Seattle (NDR : parfait, ils en viennent !) pour les premiers morceaux (NDR : dans un style proche de Sleater Kinney, pour ne rien vous cacher) et punk. A l’instar de « Chemical, chemical », par exemple. Avant d’être carrément catapulté, en fin de parcours, au début des années 80 ; pour un titre qui aurait pu être emprunté à Siouxsie. Le plus étonnant est que si plusieurs écoutes sont nécessaires avant d’apprécier leur nouvel album, « The new romance » (NDR : un opus plus noir et plus novateur que le précèdent), en ‘live’, on entre directement dans le vif du sujet. Et on ne peut que se réjouir de les revoir… en festival, cet été, deux ans après leur première apparition en Belgique, au Pukkelpop.

Yeah Yeah Yeahs

Il y a loin de la coupe aux lèvres...

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Cette soirée s'annonçait chaude ! En effet, les reviews consacrées aux passages de la dame Karen O m'intriguaient au plus haut point. Selon ces échos, le côté déjanté de son réel talent artistique épouse une sensualité à fleur de peau…

Programmé en première partie, Entrance est une véritable insulte à la musique. Seul sur scène, le chanteur imagine, dans son trip acidifié, réincarner à la fois les fantômes de Jimmy Hendrix et de Jim Morrison. En fait, il n'est que la pâle imitation de ces deux icônes…

Vu le supporting act, la présence des Yeah Yeah Yeahs ne pouvait que relever le niveau. Pourtant, mes attentes sont loin d'avoir été comblées. L'arrivée sur scène de Miss O ne pouvait pourtant que confirmer ce qu'elle est devenue à force de sautillements dégingandés et de couinements excités: une star. Quand elle parle, chante, crie ou gémit, on l'écoute. Ou tout du moins, on essaie. Car elle ressemble plus à une majorette qu'à un réel objet de désir. A dire vrai, son personnage semble monté de toutes pièces. Totalement superficiel, sans réel talent, elle tente de compenser la piètre prestation de ses musiciens (NDR : qu'elle embrasse goulûment) et la médiocrité des compositions, par l'un ou l'autre coup d'éclat. A l'instar du single « Maps », un des rares moments au cours duquel le niveau de la soirée s'est quelque peu relevé. Pourtant, j'avais écouté l'album en boucle depuis quelques jours. Et il me trottait toujours dans la tête. En fait, leur cocktail de rock et de garage, préparé  à la sauce eighties, est toujours resté à l'état embryonnaire ; y compris lors des deux rappels que la Miss O a essayé de rendre les plus incandescents possibles. Dommage! Je l'aimais bien.

 

Elbow

De quoi faire la moue...

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This Beautiful Mess est une bonne grosse soupe flamande. Voila la façon précise de décrire le groupe, ses influences et le concert. Bref, pas déplaisant, mais pas vraiment plaisant non plus.

J'en viens à la prestation d'Elbow. C'est vrai qu'ils avaient beaucoup à défendre sur scène. Humo avait élu leur dernier opus, « Cast of Thousands » meilleur album de 2003. Ce même cd avait été unanimement encensé, aussi bien par nos copains les fanzineux que par les magazines spécialisés, tels que le NME. Mais je dois dire qu'hormis deux ou trois morceaux, nos attentes n'ont pas vraiment été comblées. Quoique fort sympathique, le chanteur (NDR : Guy Garvey) n'est pas un monstre de charisme. Son humour mancunien (et l'accent qui le grève) évoque davantage nos compagnons de beuverie au pub qu'une rock star. De plus, et pour rester gentille, il me semble que son esprit avait l'air assez 'enfumé'. Quant au répertoire, je me demande encore pourquoi il a été choisi parmi les titres les plus mous (et c'est peu dire !). C'est-à-dire les moins crédibles de leurs deux albums. Triste ! Car ces elpees regorgent de petites perles mélancoliques. Et c'est assez déçue que je suis rentrée chez moi…

 

Kissogram

Dans l'ombre de Wire...

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Kissogram est un duo allemand qui pratique une musique largement inspirée par les groupes électro des eighties. Et je pense tout particulièrement à DAF et Suicide. Un style qu'il mélange allègrement à de la trance, de l'acid et de la new beat. Enfin, tout au long de la première partie du concert. Le tandem tente même un pseudo pastiche du « Superstition » de Stevie Wonder. Jusqu'alors le set m'a laissé de marbre. Dans le style, Vive la Fête a au moins le mérite de mettre l'ambiance. Puis le vocaliste a commencé a délaissé son synthé pour se consacrer à la guitare. Et l'expression sonore de prendre une toute autre dimension. Plus aride, plus expérimentale, plus violente, plus punk… Plus intéressante, quoi ! D'autant plus que le type derrière le pupitre est enfin entré dans son trip. Et les morceaux de lorgner vers l'univers de Wire…

Alias Merrill Nisker, Peaches est avant tout une 'showwoman'. Un petit bout de femme qui n'a pas froid aux yeux (NDR : normal elle est canadienne) en balançant un spectacle original, coloré, divertissant, qui transpire l'humour, danse, le sexe, le sexe et le sexe. Mais plantons de suite le décor. Avant de monter sur les planches, la sonorisation diffuse le « Peaches » des Stranglers. Une introduction qui témoigne de son attitude résolument punk. Qui me fait parfois penser à celle de PJ Harvey. Elle empoigne alors une guitare pour en libérer des sonorités distordues, noisy. Un geste qu'elle va reproduire épisodiquement au cours de la soirée. Parce que d'instruments, il n'en est guère question. Toute la solution sonore préenregistrée, est sculptée dans l'électro-punk. Parfois aussi dans le glam réminiscent de Gary Glitter. En fait, c'est un spectacle à dévorer davantage avec les yeux et les tripes, qu'avec les oreilles. Et la présence des deux filles dont la taille doit frôler les deux mètres en est la plus parfaite démonstration. Une chorégraphie qui accentue l'aspect visuel, sensuel, sexuel, du show. Pas pour rien qu'au départ, elles apparaissent affublées de fausses barbes. L'une d'entre elles nous fait cependant une démonstration époustouflante de cerceaux. A croire qu'elle est issue du monde du cirque ! Excellent moment, lorsqu'un écran est installé sur scène pour projeter une vidéo d'Iggy Pop qui échange un duo avec Peaches pour « Kick it ». Elle démontre également son talent de comédienne, lorsqu'elle fait croire à un accident en se relevant ensanglantée, d'une chute sur les planches, avant de recracher l'hémoglobine factice sur le public. Et puis de son art de la mise en scène, en invitant une personne du public à monter sur scène pour chanter un autre duo, en essayant de nous faire croire qu'il s'agissait d'impro. Si tous ses standards y sont passés (« Fatherfucker », « I U she », « Hot rod »), elle n'a pas oublié de nous dispenser la cover du « Gay bar » d'Electric Six ; et en rappel, l'inévitable « Kiss, kiss, kiss » de Yoko Ono. Et franchement, le public s'est vraiment amusé ce soir.

 

I Monster

Daydream...

I Monster, c’est du délire gothico-pop sur fond d’électro rétro-futuriste, avec la distance qu’il faut pour en rire, et les mélodies sucrées pour pouvoir fredonner. Dean Honer et Jarrod Gosling, les deux cerveaux dérangés qui se cachent derrière I Monster, viennent de Sheffield, terre promise de Warp, The Human League et Cabaret Voltaire. La différence chez ces fossoyeurs du rythme mécanique, dont l’inspiration prend racine là où d’autres travaillèrent à la chaîne, c’est que les deux zigues d’I Monster voient davantage la vie en rose, surtout après avoir fumé d’énormes spliffs. Leur musique bric-à-brac pourrait ainsi être taxée de « növö psychédélisme » qu’on applaudirait de nos mains moites, un sourire idiot aux lèvres. Parce qu’il est vrai qu’en écoutant ce « Neveroddoreven », on voit parfois des trucs bizarres, en plus d’en entendre.

Sur scène, l’imagination est forcément tenue en laisse, puisque voir des types jouer leur musique réduit de moitié le mystère qu’on pouvait ressentir à les écouter sur disque. Accompagnés des Lovers, deux Frenchy amants dans la vie (d’où leur nom), Honer et Gosling prennent leur temps pour distiller leurs ambiances de série Z… Même qu’au début tout le monde reste assis, d’abord parce que la rotonde se prête à l’écoute lascive, ensuite parce qu’il faut bien le dire, c’est un peu mou du genou. Mais dès que les deux Anglais, chacun à leur tour, entonnent « Hey Mrs. » et « Everyone’s a Loser » à travers leur inséparable vocoder, le public se lève et tape du pied en chœur. L’ambiance est tellement sympa qu’Honer et Gosling les rejoueront en (second) rappel, parce qu’ils « n’ont pas bien répété toutes les chansons et qu’ils ne savent donc pas en faire d’autres » (dixit Fred, le guitariste de Navarre). Sinon Marianne, la copine de Fred, était plutôt mignonne dans ses bas-résille. Sa jolie voix mutine nous aura même fait apprécier un titre comme « Who Is She ? », qui sur l’album agace par son côté « musique de l’espace chantée par Jay-Jay Johanson » (hips). Et puis que serait I Monster sans les Wallace Collection ? C’est « Daydream In Blue », joué en rappel sur le ton du murmure (Marianne, encore), qui leur valut tous les honneurs. Or, ce tube est d’abord un tube belge. Autrement dit : sans nous, I Monster n’existerait pas. Même Fred, un Français, remercia la Belgique pour la « culture française ». Parce que comme il le dit, la culture française, c’est « 50% de culture belge ». Rien que pour ça, on les aime bien, ces types. La prochaine fois, on leur fera écouter « Ca plane pour moi »… Sûr qu’avec leur goût du kitsch savamment dosé, ils décideront d’en faire un de leurs nouveaux tubes. C’est fou quand même, « comme on est trop modeste ».

 

 

 

Ghinzu

Le bénéfice du doute...

Cette soirée avait tout de l'événement : trois groupes wallons qui remplissent la grande salle de l'AB, temple culturel flamand, un mois à l'avance ! Une première, qui symbolise à elle seule l'excellente santé de notre rock. Un rock de qualité que bon nombre de néerlandophones continuent pourtant à bouder sous prétexte de… Sous quel prétexte ? L'accent francophone ? John de Ghinzu a été élevé en anglais, et Sharko a séjourné longtemps aux Etats-Unis. L'amateurisme ? Il est bien loin le temps où le rock wallon n'arrivait pas à la cheville de dEUS, Zita Swoon, enzovoorts… Aujourd'hui, des groupes comme ceux présents ce soir, et bien d'autres (Hollywood Porn Stars, Mud Flow, Showstar, Hank Harry, Austin Lace,…), n'ont aucun mal à rivaliser avec leurs pairs flamands. Quid alors de l'indifférence nordiste ? Peu importe, puisque ce sold out sonne déjà comme une première reconnaissance à l'échelle nationale. Il était temps ! Le disque de Girls in Hawaii est même encensé dans la presse néerlandophone, et commence à tourner sur Studio Brussel. La nouvelle génération des songwriters wallons pourrait donc faire de l'ombre aux illustres kadors pop de l'école flamande. Tom Barman se lance dans la house pour contrer l'offensive (Magnus). Danny Mommens grogne en français et crie son amour pour les chansons de Gainsbourg (Vive la Fête). Ne reste plus qu'à Studio Brussel de rebaptiser son émission « Brussel Vlaams » « Wallonie Vlaams », pour rétablir la balance et respecter les nouvelles règles en vigueur. Parce que le rock wallon ne compte plus rester bien longtemps dans l'ombre. Suffit qu'il sorte du bois en file indienne, et le voilà sur scène à l'AB, devant 2000 personnes en folie, qui crie son nom, pour qu'il revienne. Pas de panique : il est bien là, et il compte bien rester, jusqu'au triomphe, jusqu'aux disques d'or, jusqu'à la première place du hit parade de VT4.

Pour Girls in Hawaii, c'est donc plutôt bien parti. L'accueil que lui réserva le public de l'AB en est la preuve irréfutable. Il faut dire que l'acoustique de l'AB est exceptionnelle : dans de telles conditions, la pop élégiaque des Girls ne pouvait que faire mouche. Une claque, qui augure d'une belle carrière, aussi bien nationale qu'internationale (ils viennent de signer un deal de distribution avec Sony France).

Sharko, lui, est déjà un habitué des planches. C'est donc avec décontraction qu'il aborda la soirée, jamais avare d'une petite blague ou d'une galipette. Son set, marqué par quelques baisses de régime, prendra son véritable envol lors d'un lâcher de ballons colorés, qui transformera la salle en joyeux bordel digne d'un concert des Flaming Lips.

Quant à Ghinzu, dont c'est le grand retour après trois ans d'absence, il vaut mieux leur laisser le bénéfice du doute : après à peine trois quarts d'heure d'un concert nerveux mais plutôt monocorde, John et sa bande quitteront brusquement la scène, sans offrir de rappel à un public pourtant toujours chaud. On aurait aimé, pour marquer le coup, un final grandiose avec les trois groupes jammant jusqu'à l'épuisement, brûlant un épouvantail à l'effigie de Ducarme et reprenant la Brabançonne avec juste ce qu'il faut d'ironie. Mais non : alors que la fête battait son plein, les lumières se rallumèrent et le public, penaud, de sortir en rang serré dans le froid de la nuit bruxelloise. Il n'empêche que ces quelques heures d'intense énergie nous auront réchauffé le cœur, et prouvé à quiconque que notre rock se porte à merveille. Ce n'est que le début. Aujourd'hui l'AB, demain Werchter. Un brin d'orgueil régional ne peut pas faire de mal, de temps en temps… Même si la question, bien sûr, n'a guère d'importance. De toute évidence, le rock n'a que faire des querelles linguistiques. Qu'il soit flamand ou wallon. Vous lisez trop la presse écrite, à demain bonsoir.

 

-M-

M ou l'abc du gimmick

La tournée triomphante de M touche à sa fin, et déjà on rêve en secret de le revoir au plus vite, parce que ses concerts sont une fête insubmersible, une communion de l’ordre du fantasme exaucé, un rêve d’entertainment malin et pas grossier, qui surprend à chaque fois malgré les « gimmicks » de mise en scène, les rituels sacrés auxquels se plie le fan bonhomme. C’est qu’un concert de M s’aborde avec folie, mais précaution : quid du type (comme moi) qui ne connaît pas les gestes et les refrains à répéter ? Parce qu’un concert de M, c’est certes de la musique (du genre variété rock de bon goût, en rien inavouable dans l’oreille du mélomane), mais aussi un jeu impliquant des règles. A respecter pour avoir l’air d’y croire. On évitera de toutes les énoncer : le fan de M les connaît toutes par cœur. Il n’empêche que ces milliers de bras qui s’agitent comme des feuilles à l’automne (« Mama Sam »), ce silence d’une minute dans une salle comble et massive (au hasard : Forest National), ces briquets par centaines, ce délire warholien (le « gimmick » du mec ou de la fille invité(e) sur la scène), cette empathie contagieuse,… On a beau dire, ça laisse coi. Quoi ? M, tiens, ce petit homme à la mèche conceptuelle (l’‘icône’ M), au costume clownesque et à la guitare qui s’envole (pour de vrai). « Bigger than life », même si on le sent si proche, s’il nous parle comme à ses amis, qu’on soit 200 (il y a 8-9 ans, à la rotonde du Botanique) ou 8000 (en novembre dernier, à FN). Le plus fort chez M, c’est qu’en concert il reste cet homme sincère, pour qui la notion de respect ne semble pas galvaudée : avec lui on se sent comme chez soi, il a le don de mettre à l’aise. Peu importe les soli à la Hendrix (son idole) : M, en plus d’être un showman hors pair et un guitariste de feu, reste avant tout un type sensible et humain, à l’échelle de chacun. Un type bien, en somme, qui malgré le succès garde l’esprit clair et son indépendance, sans courir derrière la gloire et la reconnaissance, à tout prix. Pour tout cela, Mathieu Chedid est l’étoile la plus étincelante du paysage musical français, qui brille tout au-dessus mais ne projette pas d’ombre. Y a de la place pour tout le monde dans les chansons de M. A l’intérieur tout resplendit, comme dans le cœur quand il est amoureux. « M » ? Mieux qu’une lettre : un sentiment essentiel, une quête existentielle. « J’aime donc je suis » ? C’est le souhait de quiconque.

Vincent Delerm

Etre bien habillé et écouter Delerm...

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Le temps est plutôt désagréable en ce mois d’octobre. Enrhumé, j’ai néanmoins dû me motiver pour aller voir et écouter Vincent Delerm. Si ses disques – et en particulier son dernier album « Kensington Square » - me laissent mi-figue mi raisin, j’étais très curieux d’assister à son spectacle. D’autant que ses dernières prestations ‘live’ avaient reçu d’excellents échos. Une critique unanimement positive. Première surprise, en arrivant vers 20h15, le concert est déjà commencé. Or, les affiches programmées au Cirque Royal sont réputées pour leur ponctualité. Mais comme les deux premières parties ont été annulées, l’horaire a été chamboulé. Difficile, dans ces conditions, de se plonger dans l’ambiance d’un spectacle ; d’autant plus que sur scène, l’artiste est seul derrière son piano. Pour briser la monotonie, Delerm se double cependant en interlude d’une bande son humoristique (NDR : dont une interview accordée par Agassi à Roland-Garros). Il se lève (enfin) de sa chaise pour prendre la température du public, pendant que la bande son défile. Après avoir formulé un sobre « Bonsoir », il attaque « Deauville sans Trintignant », puis embraie par « La vipère du Gabon ». Au cours de ce dernier titre, le public commence à s’enflammer ; puis conquis, reprend en chœur le refrain « Ah bon ! » pendant que Vincent improvise ou l’adapte. Et Delerm grimace et s’amuse (NDR : et nous aussi, par la même occasion). L’humour est d’ailleurs souvent au rendez-vous. Il modifie les paroles, du style « faire des concessions, comme aller voir le dernier Besson » ou du dilemme pour enregistrer des émissions télé, sur le morceau « Tes parents ». Finalement, malgré la formule minimaliste (NDR : je rappelle qu’il est seul derrière son piano), son set n’est jamais monotone. Et l’excellent éclairage dont il dispose n’y est pas étranger. Il se lance dans un medley de Mylène Farmer (le « Sans contrefaçon ») aux ivoires, au beau milieu d’«Anita Pettersen». Et en finale, son public chauffé à blanc reprend en chœur « Les filles de 1973 ont 30 ans ». Une osmose s’est alors créée entre notre chanteur et son public. Il joue littéralement avec lui. Se moque ou soupire lorsque le chœur est un peu défaillant. Arrive alors le moment des rappels ; et là aussi Delerm n’est pas chiche. Lors du premier, il revient rapidement interpréter « Fanny Ardant et moi »,  « Le monologue shakespearien » et « Natation synchronisée ». Plus ringard, le second épingle une reprise dérisoire mais tout aussi ridicule du « Lundi au soleil » de Claude François. Jamais 2 sans 3 espère alors l’assistance qui doit cependant attendre un peu plus longtemps, avant de voir l’artiste remonter sur les planches pour accorder un tout dernier morceau. Visiblement exténué - et on le comprend après plus de 2 heures d’une telle performance -, Delerm salue alors courtoisement l’assistance qui le remercie par une standing-ovation. En général, Vincent Delerm on aime ou on n’aime pas. Il est même adulé par les uns et détesté par les autres (NDR : le chroniqueur caustique Stéphane Guillon a avoué sur Canal + s’endormir à chacun de ses concerts). Pourtant, ce soir Vincent m’a convaincu. Certes ses textes abusent de noms propres et de clichés parisiens ; mais à l’instar d’un Thomas Fersen (qui l’a lancé sur scène) ou d’un Benjamin Biolay, Delerm insuffle un vent nouveau à la chanson française. A l’issue du concert, je me suis quand même posé quelques questions. Tout d’abord, en découvrant  le « public type » de Delerm : dans un style plutôt ‘bourgeois’ et ‘parisien’ la plupart de ses fans s’échangent leurs impressions sous des airs de vrais faux intellos. Merde alors, c’est vrai je suis aussi né en 1973. Je suis âgé de plus de 30 ans, maintenant. Je suis devenu cadre. Ce soir je suis bien habillé et… j’écoute Delerm !

Yves Ghiot

Un petit bijou à l'état brut...

Écrit par

Yves Ghiot est issu de la région de Tournai. Un tout jeune auteur/compositeur/chanteur/guitariste qui manie la langue de Molière avec beaucoup de verve. Que ce soit à travers les textes poétiques, parfois polissons, de ses chansons que de la manière très humoristique de les présenter. Nul doute qu'il doit beaucoup apprécier Brassens et Léo Ferré. Un petit bijou à l'état brut qui ne demande qu'à être poli. Ce grand timide manque d'assurance sur scène, donc forcément de présence. On s'en rend d'ailleurs compte, lorsqu'il abandonne sa six cordes, ne sachant plus que faire de ses mains. Mais cet aspect de la théâtralisation se travaille. Cet artiste a du talent. Il sait donc ce qui lui reste à faire. Pour la circonstance, Yves s'était entouré d'un trio. C'était la deuxième expérience de ce type. En l'occurrence un certain Thomas à la basse, Wilfart à la guitare et Benoît Chantry à la batterie (NDR : désolé, je n'ai pas retenu tous les prénoms !). Excellents par ailleurs. Mais pensez donc, en les présentant, Yves n'est pas passé à côté du jeu de mots. Un Benoît qui s'assied derrière le piano pour accompagner Yves lors d'une des plus belles et poignantes chansons de son répertoire. L'autre grand moment, « On a volé ma cravate », trempant dans un blues rock que n'aurait pas renié Fred Lani. A suivre, et même de très près…

Dîne à Quatre constitue le nouveau projet de Guillaume Ledent. Au sein de son nouveau line up figure un percussionniste, une flûtiste et une violoniste. Guillaume se réservant la guitare, le piano et le chant. Ces excellents instrumentistes vont malheureusement, tout au long de leur set, oublier qu'ils jouent au sein d'un groupe. Individuellement leur performance est parfaite. Collectivement, elle suscite rapidement l'ennui. Avant de pourvoir dîner à quatre, il y a donc encore beaucoup de pain sur la planche…

Il ne restait plus qu'une grosse centaine de personnes pour assister à la prestation de Vincent Venet. Et je dois avouer que j'étais fort curieux et surtout sceptique de voir comment il allait se débrouiller en 'live'. D'autant plus que son premier elpee, « 70cl », m'avait laissé mi-figue mi-raisin. Et bien, il faut avouer que je me suis royalement planté. Car ce soir, Vincent Venet et ses musiciens nous en ont mis plein la vue et les oreilles. Depuis la présentation originale de chaque musicien, avant le concert proprement dit, jusqu'au second rappel électro-gothique, au cours duquel la scène s'est transformée en piste de danse. Depuis « Boomerang » à  l'étonnante reprise-traduction d'« Enjoy the silence » de Depeche Mode, en passant par l'inévitable digression sur l'amour et le chewing-gum « Les amants de la chlorophylle », dans une version incisive, très électrique, réminiscente d'Indochine, au cours de laquelle, il vient rejoindre le public le micro à la main, la cover de M, « Le complexe du corn flakes », mise à la sauce funk blanc (Gang of Four ?) et un inédit, « La petite sorcière malade ». Un set hanté tour à tour par les spectres de Daho, Murat et Berger. Une guitare dont les tonalités empruntent régulièrement à la new wave du début des eighties (And Also The Trees, Chameleons, U2). Mais surtout un Venet en super forme, très complice avec le public, parlant même quelques mots en picard ; et qui surtout face à une salle à moitié vide est parvenu à tirer son épingle du jeu. Car si la salle avait été comble, il aurait mis le feu ce soir, c'est une certitude ! Selon la formule consacrée, les absents ont eu tort !