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Manu Chao, l'icône de la scène musicale mondiale, revient sur le devant de la scène en sortant un nouveau single baptisé "Viva tu". Après plusieurs années d'absence médiatique volontaire, l’artiste nous offre un avant-goût de son prochain opus tant attendu.…

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Des grenades pour Tess Parks…

Née au Canada, mais établie à Londres Tess Parks sortira son cinquième elpee et le second en solo, « Pomegranate », ce 25 octobre. En fait elle en a gravé un en compagnie de Black Market Karma, et deux d’Anton Newcombe de Brian Jonestown Massacre. Ils sont…

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Concerts

The Warlocks

Un trip psychédélique propice à l'envoûtement...

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Le Dead Combo ouvre les concerts de la nouvelle tournée des Warlocks ; et l'idée n'est finalement pas saugrenue, car le duo ne manque pas d'humour. Lorsque To Trips monte sur les planches, il n'y a pas trente âmes dans la Rotonde. Ce qui ne l'empêche pas de faire le pitre. Il commence par décapsuler quelques bouteilles de bière à l'aide de ses dents, en distribue l'une ou l'autre entre quelques singles, souhaite un joyeux anniversaire un tantinet paillard à la bassiste des Warlocks, alors présente dans la salle, puis teste le balancier de son pied de micro comme un boxeur qui tente d'esquiver les coups. Ce qui permet déjà à ce sosie de Dave Grohl (NDR : il a même les bras entièrement tatoués) de déclencher l'hilarité générale. Il décline sa nationalité finlandaise à plusieurs reprises, joue quelques notes de guitare, puis conclut qu'il s'agissait du premier morceau du set. C'est le moment choisi par son compère pour entrer en scène, armé d'une seconde gratte. Un musicien qui répond au nom de Pedro V. Gonçalves. Probablement un Portugais que To a rencontré à Lisbonne en 2003. Ce dernier se charge, en outre, des programmations à l'aide d'un PC portable. En plus de jouer de la six cordes et de s'assurer les parties vocales, le Finnois se réserve les claviers. Et le concert de démarrer, dans un style qui évoque tantôt Jesus & Mary Chain, tantôt Suicide ; le timbre de To campant un hybride entre Iggy Pop et Jim Morrison. Particulièrement allumé, To brise son micro sans fil. Il en revient donc au traditionnel qui tombe à nouveau en panne, après quelques minutes. Une comédie burlesque qui ne dénature par pour autant le set très efficace de Dead Combo à qui on reprochera peut-être une certaine linéarité dans le ton et puis parfois des compos qui ne semblent pas achevées. N'empêche ce duo est à revoir et surtout à suivre du coin de l'oreille.

Lorsque les Warlocks montent sur scène, on peut évaluer l'assistance à 200 personnes. Le line up dispose toujours de deux batteurs, mais il a subi quelques changements. Et tout d'abord aux drums, puisque si Jason Anchondo est toujours bien présent, Bob Mustachio a pris le relais de Dany Hole. Mais les modifications les plus marquantes procèdent sans doute du départ d'un des quatre gratteurs (Jeff Levits) et du remplacement de Bobby Martinez par Jenny Fraser à la basse. Les trois autres guitaristes sont toujours bien au poste ; soit JC Rees, le soliste Corey Lee Granet et le leader/chanteur/compositeur Bobby Hecksher. Sans oublier la claviériste Laura Grisby. Pour vous y retrouver, ils sont sept ! Première constatation, Bobby Hecksher et surtout Corey possèdent une panoplie de pédales de distorsion particulièrement impressionnante. Et puis la bassiste est très sexy. Plutôt jolie aussi, par ailleurs. En outre, le set bénéficie du concours d'un créateur visuel issu de la vieille école, dont les projections sont partagées entre images érotiques et expressions de la souffrance humaine. Nonobstant un dernier opus plus noisy que psyché, les Warlocks nous ont entraîné dans un trip psychédélique, cosmique, ténébreux, hallucinatoire, propice à l'envoûtement. Un voyage au cours duquel l'électricité ondoie, oscille, se consume, scintille. Seule, la voix nasillarde, gémissante de Bobby semble flotter sur cet éther sonique. Peu de titres du dernier opus, mais un éventail assez large de la discographie du groupe (voir ci-dessous). En rappel la formation va tout d'abord nous dispenser un medley partagé entre le très 'curiste' « Song for Nico » et « Inside/Outside », avant de clôturer le spectacle par une compo assez époustouflante de ce qui pourrait bien être leur « Suicide note ». C'est à cet instant qu'on s'est rendu compte de la complémentarité des drummers. Ils jouent en parfaite synchro. Un gaucher et un droitier. Et leur matos est disposé en miroir. Ce qui confère une profondeur assez particulière au rythme. Ce sont d'ailleurs eux qui vont terminer le set par un morceau digne de l'apogée d'Iron Butterfly (In-A-Gadda-Da-Vida ?). D'autant que bien soutenu par Bobby et JC, Corey va torturer son manche comme le faisait si bien un certain Erik Braunn. Une claque !

Set list :

"Isolation"

"Isolation"

"Warhorses"

"Come save us"

"Star Power"

"Thurday's radiation"

"Above earth"

"Red rooster/Hurricane heart attack"

"Caveman"

"Stickman blues"

"Cosmic letdown"

Rappel :

"Song for Nico – Inside/Outside"

"Suicide note" ?

 

Dead Combo

L'humour finlandais...

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Le Dead Combo ouvre les concerts de la nouvelle tournée des Warlocks ; et l'idée n'est finalement pas saugrenue, car le duo ne manque pas d'humour. Lorsque To Trips monte sur les planches, il n'y a pas trente âmes dans la Rotonde. Ce qui ne l'empêche pas de faire le pitre. Il commence par décapsuler quelques bouteilles de bière à l'aide de ses dents, en distribue l'une ou l'autre entre quelques singles, souhaite un joyeux anniversaire un tantinet paillard à la bassiste des Warlocks, alors présente dans la salle, puis teste le balancier de son pied de micro comme un boxeur qui tente d'esquiver les coups. Ce qui permet déjà à ce sosie de Dave Grohl (NDR : il a même les bras entièrement tatoués) de déclencher l'hilarité générale. Il décline sa nationalité finlandaise à plusieurs reprises, joue quelques notes de guitare, puis conclut qu'il s'agissait du premier morceau du set. C'est le moment choisi par son compère pour entrer en scène, armé d'une seconde gratte. Un musicien qui répond au nom de Pedro V. Gonçalves. Probablement un Portugais que To a rencontré à Lisbonne en 2003. Ce dernier se charge, en outre, des programmations à l'aide d'un PC portable. En plus de jouer de la six cordes et de s'assurer les parties vocales, le Finnois se réserve les claviers. Et le concert de démarrer, dans un style qui évoque tantôt Jesus & Mary Chain, tantôt Suicide ; le timbre de To campant un hybride entre Iggy Pop et Jim Morrison. Particulièrement allumé, To brise son micro sans fil. Il en revient donc au traditionnel qui tombe à nouveau en panne, après quelques minutes. Une comédie burlesque qui ne dénature par pour autant le set très efficace de Dead Combo à qui on reprochera peut-être une certaine linéarité dans le ton et puis parfois des compos qui ne semblent pas achevées. N'empêche ce duo est à revoir et surtout à suivre du coin de l'oreille.

Lorsque les Warlocks montent sur scène, on peut évaluer l'assistance à 200 personnes. Le line up dispose toujours de deux batteurs, mais il a subi quelques changements. Et tout d'abord aux drums, puisque si Jason Anchondo est toujours bien présent, Bob Mustachio a pris le relais de Dany Hole. Mais les modifications les plus marquantes procèdent sans doute du départ d'un des quatre gratteurs (Jeff Levits) et du remplacement de Bobby Martinez par Jenny Fraser à la basse. Les trois autres guitaristes sont toujours bien au poste ; soit JC Rees, le soliste Corey Lee Granet et le leader/chanteur/compositeur Bobby Hecksher. Sans oublier la claviériste Laura Grisby. Pour vous y retrouver, ils sont sept ! Première constatation, Bobby Hecksher et surtout Corey possèdent une panoplie de pédales de distorsion particulièrement impressionnante. Et puis la bassiste est très sexy. Plutôt jolie aussi, par ailleurs. En outre, le set bénéficie du concours d'un créateur visuel issu de la vieille école, dont les projections sont partagées entre images érotiques et expressions de la souffrance humaine. Nonobstant un dernier opus plus noisy que psyché, les Warlocks nous ont entraîné dans un trip psychédélique, cosmique, ténébreux, hallucinatoire, propice à l'envoûtement. Un voyage au cours duquel l'électricité ondoie, oscille, se consume, scintille. Seule, la voix nasillarde, gémissante de Bobby semble flotter sur cet éther sonique. Peu de titres du dernier opus, mais un éventail assez large de la discographie du groupe (voir ci-dessous). En rappel la formation va tout d'abord nous dispenser un medley partagé entre le très 'curiste' « Song for Nico » et « Inside/Outside », avant de clôturer le spectacle par une compo assez époustouflante de ce qui pourrait bien être leur « Suicide note ». C'est à cet instant qu'on s'est rendu compte de la complémentarité des drummers. Ils jouent en parfaite synchro. Un gaucher et un droitier. Et leur matos est disposé en miroir. Ce qui confère une profondeur assez particulière au rythme. Ce sont d'ailleurs eux qui vont terminer le set par un morceau digne de l'apogée d'Iron Butterfly (In-A-Gadda-Da-Vida ?). D'autant que bien soutenu par Bobby et JC, Corey va torturer son manche comme le faisait si bien un certain Erik Braunn. Une claque !

 

Minerale

Oooooh Minerale!

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Si mes souvenirs sont bons, la dernière fois que si peu de monde s'était déplacé pour un concert rock à la Maison de la Culture, c'était en 2002. Le 21 décembre, très exactement. Mais pour un spectacle qui se déroulait au beau milieu de l'après-midi. Etonnant, lorsqu'on sait que depuis, ces rendez-vous ont toujours été couronnés de succès. Mais un peu moins de 150 personnes pour accueillir Tahiti 80, lorsqu'on sait qu'au Japon ils se produisent devant des dizaines de milliers de personnes, donne à réfléchir. Manque de promo ? Absolument pas ! Même s'il faut reconnaître que l'annonce de l'affiche n'a guère été matraquée sur les ondes radiophoniques… Une mauvaise date ? Probablement. D'abord, en automne il y a prolifération de manifestations de ce type. Et elles font suite aux festivals estivaux de plus en plus nombreux et de plus en plus onéreux. Or à la rentrée, les portefeuilles des jeunes sont vides… Une tentative d'explication qui en mérite d'autres. Mais une chose est sûre, les absents de ce vendredi 23 septembre 2005 ont eu tort !

Finaliste du Concours Circuit, Minerale pratique une musique particulièrement rafraîchissante. Une sorte de britpop dont les mélodies contagieuses balayées de sonorités de guitares bringuebalantes peuvent rappeler House Of Love. En outre, le timbre vocal de Jack est capable d'inflexions aussi haut perchées que Guy Chadwick, voire de Peter Perrett (Only Ones). Un chanteur/guitariste qui passe épisodiquement à la sèche. Tout comme le claviériste a la faculté de est capable de se distinguer aux six cordes. Vêtu d'un élégant costume de grenadier (?), le bassiste se sent comme un poisson dans l'eau (NDR : oui je sais, le jeu de mots est facile) ; et lorsque tout le groupe s'arrête de jouer et se fige dans un salut militaire, il ressemble à un soldat de plomb. En fin de parcours, le groupe intègre habilement le « Love will tear us apart » de Joy Division dans une de ses chansons, démontrant à nouveau son goût prononcé pour la musique insulaire. Une chose est sûre, il y a du talent chez Minerale. Et à force de travail, il pourrait finir par payer.

Révélation de la dernière édition du festival d'Hiver Rock, qui s'est déroulée en février dernier, Malibu Stacy vient d'enregistrer un Ep 5 titres. Un disque qui prélude la sortie d'un premier album. Mais la formation liégeoise ne veut pas brûler les étapes. Et souhaite donner le meilleur d'elle-même pour le concocter. Ce qui explique pourquoi le combo travaille dur et tourne inlassablement à travers la Belgique ; histoire d'être au top le jour J. Mais l'expérience acquise se traduit à travers leurs sets, de plus en plus soignés et de plus en plus explosifs. En outre, le chanteur, Dave de Froidmont, s'impose de plus en plus comme la tête de proue du band. Non content de disposer d'un timbre vocal puissant, sensuel et souple, mais il se révèle un fantastique showman. Il bondit sur les planches à la manière d'un Paul Smith (Maxïmo Park) ou se contorsionne comme Iggy Pop. Enorme différence, Dave est toujours habillé, et même bien fringué. Agile comme un chat, il lui arrive de descendre du podium pour rejoindre l'auditoire, avant d'y retourner comme s'il était monté sur ressorts. Pas étonnant que parfois, le fil de son microphone reste coincé dans les retours de scène. Episodiquement, il se saisit d'un micro astatique, accentuant ainsi l'aspect sauvage des mélodies alimentées par des riffs de guitare incisifs, des drums frénétiques, une basse pulsante, et éclaboussées par un moog aux sonorités désuètes. La musique de Malibu Stacy peut faire penser à Pavement et Weezer. Mais les influences sont tellement diluées, qu'il est difficile de les discerner. Et c'est là tout le mérite de la formation liégeoise. Le public est conquis et sollicite un rappel. En échange, Dave lui demande de quitter ses sièges et de s'approcher de l'estrade. Le pari est gagné.

Auteur d'un troisième album en mai dernier (« Fosbury »), Tahiti 80 est donc reparti en tournée. Un périple pour lequel la formation rouennaise s'est adjoint un cinquième musicien : un percussionniste (NDR : capable de doubler aux drums lorsque Sylvain passe aux claviers). Un choix judicieux pour une musique qui lorgne de plus en plus vers le funk, la soul et le r&b. La première chose qui frappe chez Tahiti 80, c'est la voix de Xavier Boyer. Un beau gosse qui doit faire tomber une multitude de filles en pamoison. Xavier passe en outre régulièrement aux claviers, instrument installé sur le devant de la scène. Limpide et fluide, sa voix surfe sur des mélodies chaloupées et paradisiaques. Qu'illumine des textes toujours chantés dans la langue de Shakespeare. Des lyrics qui traitent essentiellement d'amour et des flirts de l'été. Barbe de trois jours (NDR : on dirait le sergent Garcia qui aurait bu un élixir de jouvence), Pedro - le bassiste - entretient le groove. Tout comme le drummer, par ailleurs. Mais Sylvain est également capable de donner une coloration jazzyfiante à son drumming. A charge pour Mederic de fignoler les sonorités de ses interventions presque cliniques à la six cordes. Une chose est sûre, le son est parfaitement clean. Mais manifeste beaucoup plus de punch que sur disque. Et lorsque Pedro coiffe une tête de panda, c'est pour amorcer une fin de set endiablée. Un épilogue au cours duquel le groupe va interpréter un « Never forget » et un « Changes » totalement irrésistibles. Lors de ce dernier morceau, Pedro va même rejoindre Sylvain pour donner davantage d'intensité percussive à la compo. En guise de rappel, Tahiti 80 va tout d'abord nous proposer un morceau mid tempo, puis le slow « Something about you girl". Et alors qu'on pensait qu'il allait terminer sur un mode mineur, la formation normande s'est replongée dans le funk excitant à travers « Heartbeat ». Beaucoup plus atmosphérique, le deuxième rappel nous a même démontré que les instrumentistes avaient plus d'une corde à leur arc…

Shout Out Louds

Une fille pour quatre garçons...

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Ce soir, le lieu de réception des Magic Numbers est restreint. C'est évident, la Rotonde ressemble à un petit chaudron, le charbon en moins, la boule à facettes en plus. N'empêche, l'endroit est bouillant. Le feu s'est déclaré dans les pages des magazines anglais, il y a quelques semaines. Depuis, il ne cesse de gagner du terrain. De fait, le public attend ardemment ces nouvelles figures de proue de la pop moderne. Mais il lui faudra encore patienter…

En guise d'apéro, un combo garage suédois : Shout Out Louds. Une fille pour quatre garçons, le combat est inégal. Mais l'audience se régale. Le quintette badigeonne sa musique en mode binaire. Une bonne dose de garage rock traverse ainsi une assemblée vouée au culte de Simon & Garfunkel. Dans la fosse, les décharges électriques mêlées de Moog reçoivent un bon accueil. Les Shout Out Louds ne jouent pas dans la même catégorie que les Magic Numbers mais s'imposent d'emblée comme une très bonne première partie. Ce n'est pas ça qui va calmer la micro masse compacte : tout le monde trépigne d'impatience à l'idée d'entrevoir la barbe de Romeo Stodart...

Il est 21 heures. L'intensité des projecteurs devient crépusculaire. Quatre ombres voltigent alors sur scène sous un tonnerre d'applaudissements. Lorsque la lumière s'épanche à nouveau sur la Rotonde, les Magic Numbers se tiennent derrière leurs instruments. A droite, Michele Stodart (la sœur de Romeo), les doigts crispés sur sa basse, regarde anxieusement Angela Ganon, postée à l'autre extrémité de la scène. Au fond, le frère d'Angela, Sean, s'installe paisiblement à la batterie. Romeo Stodart sourit béatement. Encore un peu, on lui accorderait volontiers un rôle dans le « Huitième Jour ». Mais lorsqu'ils commencent le set, les Magic Numbers nous proposent le rôle de leur vie. Leur musique est insupportablement belle, parfaite. Musicalement. Harmoniquement. Devant la scène, les gens se serrent et chantent à l'unisson les comptines power-flower des Anglais. Les hymnes du premier album s'égrènent comme autant de pépites tubesques : le premier single, « Forever Lost », le Mayfieldien « Don't Give Up The Fight » ou l'improbable « I See You, You See Me », où la voix d'Angela Ganon s'étire a cappella. Pour l'instant, cette fille a essentiellement un rôle de faire-valoir de Romeo. Mais elle dispose d'une voix unique, à faire crouler l'industrie du disque. Prions qu'elle résiste à l'appel des billets verts… Car son groupe est fabuleux, magique. Les Magic Numbers, justement, sont anglais mais leurs influences dépassent largement les frontières de la Prude Albion. C'est l'Amérique profonde : les grandes étendues du Nord mais aussi la soul Motown de Detroit. Cependant, l'empreinte nationale des Numbers se reconnaît dans les mélodies sucrées, balancées au détour de trois accords. Pour preuve : l'entêtant refrain de « Love's A Game » recouvre les parois du dôme de la Rotonde et laisse retomber d'infimes gouttelettes de bonheur. Le concert se termine sur les notes de « Hymn For Her ». Quelques minutes d'obscurité, de bruits et d'éclats de rire poussent les Magic Numbers au rappel. Sa croix en bois pendue autour du coup, Sean Ganon s'assied aux abords de sa batterie. Clope au bec, il observe, songeur, ses fidèles, cette assemblée aseptisée – régulièrement un surveillant rigoriste de l'humble institution vient rappeler aux spectateurs qu'il est formellement interdit de s'asseoir et de fumer. Bientôt, il sera interdit de boire et d'applaudir… - Aux avant-postes, Romeo, Angela et Michele se lancent dans une reprise de… Beyoncé : « Crazy In Love ». Les poils se hérissent de plaisir. La cover enfonce irrésistiblement le clou. Une version simplifiée, à faire pâlir une colonie de Black Eyed Peas. Suit alors un hit en or massif, « Mornings Eleven ». Le public est aux anges. Romeo, en digne porte-parole des Magic Numbers, le clame haut et fort : ils se souviendront longtemps de ce passage en Belgique ! Pour l'occasion, ils entament « Close Your Eyes », morceau d'une naïveté confondante, écrite par Romeo pour les Chemical Brothers (ce titre se trouve sur le dernier « Push The Button »). Le final revient à « This is a new song. A wonderful one, especially for you » au cours duquel Romeo et Michele se livrent un duel fratricide. La basse contre la guitare. La sœur contre le frère. Une bagarre psychédélique tumultueuse à en sucer des barres de LSD. Voilà donc l'histoire d'une salle comble comblée par un concert d'une précision d'orfèvre. Un grand numéro !

 

Rammstein

Tout feu tout flamme...

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Pour celles et ceux (NDR : comme moi) qui avaient manqué la prestation de Rammstein au Sportpaleis d'Anvers, l'occasion était belle d'aller les applaudir outre-Quiévrain. Au Zénith de Lille, très exactement. Un endroit qui a tout pour plaire : accès facile depuis l'autoroute, parking et sortie aisée, organisation irréprochable, configuration de la salle adaptée et son plus que correct pour une salle de grande capacité … Bon, il est vrai que la chope à 3€ minimum refroidit quelque peu les portefeuilles. Ce qui explique pourquoi il ne se forme pas de file aux bars ; mais le reste a largement de quoi faire concurrence à nos salles belges de grande capacité. D'ailleurs, en pénétrant sur le parking, on dénombrait autant (NDR : si pas plus) de plaques belges que françaises.

A 20h pile, Apocalyptica monte sur scène. Une formation finlandaise (NDR : d'Helsinki, très exactement) qu'on pourrait comparer à Bond. A cause de leur enthousiasme et de leur vitalité débordante. Mais la comparaison s'arrête ici. D'abord, pas de trace de jolies pin-up qui triturent leurs violoncelles chez Apocalyptica, mais bien quatre authentiques hardeux qui secouent leurs crinières blondes ou brunes ; et dont le drummer déchaîné donne constamment le tempo. Evoluant au sein d'un décor sobre mais insolite (NDR : placés sur le devant de la scène – infrastructure Rammstein oblige ! - 4 cercueils leur servent de sièges) le groupe scandinave ne fait pas que de la figuration. Il ne lui suffira d'ailleurs que de 2 ou 3 titres pour recueillir les acclamations du public. Aucune parole, mais quelques mots de présentation entre les morceaux. Tant leurs propres compos (« Sad but true ») que les reprises sont magistrales. Et en particulier celles de classiques signés Metallica (NDR : il m'a semblé reconnaître des covers de Slayer et de Sepultura également). Des versions très personnelles et originales qui vont d'abord surprendre l'assistance avant de le convaincre à entrer dans leur univers sonore. Et la qualité de leur prestation n'y est pas pour rien.

Après une bonne demi-heure d'attente, les lumières s'éteignent. Vêtus d'une tenue de bureaucrate 5 ou 6 personnes du crew éclairent le public de leurs torches électriques pour chauffer la salle, sur fond de bande sonore qui aurait pu sortir tout droit d'un vieux film de science-fiction. Après quelques minutes, le public est chauffé à blanc. Et le rideau tombe : voici Rammstein. On reconnaît les notes de « Reise reise ». Les musiciens sont juchés sur des bidons métalliques de 3 mètres de hauteur (NDR : pour l'instant les spectateurs du balcon sont les mieux placés !). Le décor est planté : semi industriel, semi caverneux. Un décor qui est peut-être également conçu pour rappeler les origines prolétaires est-allemandes de la plupart des membres du groupe. Mais on s'en doute, le show ne sera pas statique. Et c'est d'ailleurs par un sas central sis au rez-de-chaussée que Till Lindemann fait son entrée. Si on sent le groupe bien rodé, le chant est bien meilleur que lors de leur passage à Werchter. Par contre, l'entrée en matière n'abuse pas des effets techniques. Pas pour bien longtemps, car dès le second titre (« Links 2,3,4 ») la scène (et le public) s'embrasent. Le feu d'artifice peut commencer ! Si certains larrons disparaissent de la scène pour « Feuer Frei », leur absence n'est que de courte durée, car ils reviennent munis de masques à gaz. Ils continuent pourtant à  chanter et à jouer. Puis commencent à pencher la tête. A trois. Répartis sur la scène. Et on se doute bien de la suite des événements : la mise en marche des traditionnels lance-flammes ! Toujours aussi impressionnant ! De leurs masques à gaz s'échappent 3 flammes géantes qui se rejoignent. Et vous pouvez me croire : à une vingtaine de mètres de la scène on ressentait très fort la chaleur qui se dégageait. Alors imaginez sur les planches ! Ces six gaillards allemands on vraiment du cran pour résister à ce type de pyrotechnie… Le groupe enchaîne ensuite par quelques morceaux issus de son dernier opus : « Morgenstern », « Stein um stein », « Los » ou encore « Moskau ». Pas de trace cependant d'un titre plus ancien comme « Tier » (NDR : dommage car il passe vraiment bien en 'live' !). Histoire de démontrer que le groupe est composé de véritables musiciens, il nous réserve l'une ou l'autre chanson semi acoustique. Et puis pour mettre un peu de piment dans le set, le claviériste effectue quelques pas de danse très personnels avant de réduire son clavier en pièces. Un Christian 'Flake' qui est un peu l'habituelle tête de Turc. Habillé en garçon boucher et armé d'un long couteau (NDR : dont il se sert également comme micro) Till le poursuit, pour le faire rôtir dans une grande marmite sur le titre « Mein teil » ! Et l'ambiance monte encore d'un cran, surtout chez les fans de la première heure, lorsque le groupe attaque « Du Riecht so Gut ». Till se sert alors de son arc rituel pour décocher des fusées qui sifflent au rythme de la compo, pendant que les guitaristes ajoutent leurs effets visuels à l'aide d'un lance-projectile fixé à leur bras droit. A peine remis de nos émotions, Rammstein enchaîne par un autre classique : « Du Hast ». « Du… du hast…du hast mich» scande le public en chœur. Et Till a plus d'une corde à son arc pour allumer un nouveau feu d'artifice qui traverse toute la salle. Impressionnant ! Et on n'est pas au bout de nos surprises. Toute une série de flammes embrase le devant de la scène pour accompagner le refrain « Nein ». Qu'embraie une seconde salve, à l'arrière, sur le second « Nein ». Nos yeux et nos oreilles n'ont pas le temps de se reposer que « Sehnsucht » nous est balancé à la figure ! Dès les premiers accords, on reconnaît « We're living in Amerika ». Le summum du spectacle ! Et les mots me manquent pour décrire la frénésie au sein de laquelle le public est plongé, lorsque Rammstein le rejoint. Le public chante en cœur. Les effets pyrotechniques se succèdent à une cadence infernale jusqu'au bouquet final digne des plus grands shows organisés lors des élections US. D'immenses projecteurs reproduisent de mini banderoles aux couleurs bleu/blanc/rouge au sein de l'arène : un vrai délire ! Tout au long du show des spectateurs et surtout des spectatrices perdent connaissance. Et le service d'ordre n'a d'autre solution que de les évacuer. Passée la tempête, le premier rappel a permis d'en revenir à un certain calme. Encore que « Rammmm-Steinnn » est encore parvenu à nous inciter à chanter en chœur, pendant que nous pratiquions le 'head-banging'. Mais lors du second, les applaudissements se sont mêlés à quelques sifflets. En cause ? Le retour d'Apocalyptica, sur scène. Pas de quoi fouetter un chat cependant, puisque le groupe est encore parvenu à nous balancer des versions peu banales de « Ich will » ou de « Stripped ». Si vous découvrez Rammstein à travers cet article ; et surtout si vous n'avez jamais pu assister à un de leurs sets live, je vous invite à ne plus passer à côté de ce spectacle hors du commun. Il vaut largement son pesant d'or. Ou plus exactement sa trentaine d'euros. David Copperfield ou d'autres productions attachées au concept 'son et lumière' pourraient même être relégués au stade de la série B.

 

The Magic Numbers

Un concert d une précision d'orfèvre...

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Ce soir, le lieu de réception des Magic Numbers est restreint. C'est évident, la Rotonde ressemble à un petit chaudron, le charbon en moins, la boule à facettes en plus. N'empêche, l'endroit est bouillant. Le feu s'est déclaré dans les pages des magazines anglais, il y a quelques semaines. Depuis, il ne cesse de gagner du terrain. De fait, le public attend ardemment ces nouvelles figures de proue de la pop moderne. Mais il lui faudra encore patienter…

En guise d'apéro, un combo garage suédois : Shout Out Louds. Une fille pour quatre garçons, le combat est inégal. Mais l'audience se régale. Le quintette badigeonne sa musique en mode binaire. Une bonne dose de garage rock traverse ainsi une assemblée vouée au culte de Simon & Garfunkel. Dans la fosse, les décharges électriques mêlées de Moog reçoivent un bon accueil. Les Shout Out Louds ne jouent pas dans la même catégorie que les Magic Numbers mais s'imposent d'emblée comme une très bonne première partie. Ce n'est pas ça qui va calmer la micro masse compacte : tout le monde trépigne d'impatience à l'idée d'entrevoir la barbe de Romeo Stodart...

Il est 21 heures. L'intensité des projecteurs devient crépusculaire. Quatre ombres voltigent alors sur scène sous un tonnerre d'applaudissements. Lorsque la lumière s'épanche à nouveau sur la Rotonde, les Magic Numbers se tiennent derrière leurs instruments. A droite, Michele Stodart (la sœur de Romeo), les doigts crispés sur sa basse, regarde anxieusement Angela Ganon, postée à l'autre extrémité de la scène. Au fond, le frère d'Angela, Sean, s'installe paisiblement à la batterie. Romeo Stodart sourit béatement. Encore un peu, on lui accorderait volontiers un rôle dans le « Huitième Jour ». Mais lorsqu'ils commencent le set, les Magic Numbers nous proposent le rôle de leur vie. Leur musique est insupportablement belle, parfaite. Musicalement. Harmoniquement. Devant la scène, les gens se serrent et chantent à l'unisson les comptines power-flower des Anglais. Les hymnes du premier album s'égrènent comme autant de pépites tubesques : le premier single, « Forever Lost », le Mayfieldien « Don't Give Up The Fight » ou l'improbable « I See You, You See Me », où la voix d'Angela Ganon s'étire a cappella. Pour l'instant, cette fille a essentiellement un rôle de faire-valoir de Romeo. Mais elle dispose d'une voix unique, à faire crouler l'industrie du disque. Prions qu'elle résiste à l'appel des billets verts… Car son groupe est fabuleux, magique. Les Magic Numbers, justement, sont anglais mais leurs influences dépassent largement les frontières de la Prude Albion. C'est l'Amérique profonde : les grandes étendues du Nord mais aussi la soul Motown de Detroit. Cependant, l'empreinte nationale des Numbers se reconnaît dans les mélodies sucrées, balancées au détour de trois accords. Pour preuve : l'entêtant refrain de « Love's A Game » recouvre les parois du dôme de la Rotonde et laisse retomber d'infimes gouttelettes de bonheur. Le concert se termine sur les notes de « Hymn For Her ». Quelques minutes d'obscurité, de bruits et d'éclats de rire poussent les Magic Numbers au rappel. Sa croix en bois pendue autour du coup, Sean Ganon s'assied aux abords de sa batterie. Clope au bec, il observe, songeur, ses fidèles, cette assemblée aseptisée – régulièrement un surveillant rigoriste de l'humble institution vient rappeler aux spectateurs qu'il est formellement interdit de s'asseoir et de fumer. Bientôt, il sera interdit de boire et d'applaudir… - Aux avant-postes, Romeo, Angela et Michele se lancent dans une reprise de… Beyoncé : « Crazy In Love ». Les poils se hérissent de plaisir. La cover enfonce irrésistiblement le clou. Une version simplifiée, à faire pâlir une colonie de Black Eyed Peas. Suit alors un hit en or massif, « Mornings Eleven ». Le public est aux anges. Romeo, en digne porte-parole des Magic Numbers, le clame haut et fort : ils se souviendront longtemps de ce passage en Belgique ! Pour l'occasion, ils entament « Close Your Eyes », morceau d'une naïveté confondante, écrite par Romeo pour les Chemical Brothers (ce titre se trouve sur le dernier « Push The Button »). Le final revient à « This is a new song. A wonderful one, especially for you » au cours duquel Romeo et Michele se livrent un duel fratricide. La basse contre la guitare. La sœur contre le frère. Une bagarre psychédélique tumultueuse à en sucer des barres de LSD. Voilà donc l'histoire d'une salle comble comblée par un concert d'une précision d'orfèvre. Un grand numéro !

Broken Social Scene

La parfaite osmose entre une somme d'individualités...

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Fondé par Emily Haines (NDR : la fille du poète Paul Haines, personnage qui a notamment écrit pour Carla Bley, Robert Wyatt et Albert Ayler) et le guitariste James Shaw, Metric compte aujourd'hui 8 années d'existence. Duo à l'origine, cette formation canadienne a depuis recruté un drummer (Joules Scott-Key) et un bassiste (Joshua Winstead). Emily a en outre collaboré à l'enregistrement du dernier opus de Broken Social Scene, « You forgot it in people ». Les deux albums commis à ce jour par Metric (« Grow up and blow away » et « Old world underground, where are you now ? ») privilégient les synthés et l'électronique. J'étais donc très curieux d'entendre ce que le quatuor allait nous réserver sur les planches. Et je dois avouer que j'ai été agréablement surpris. Parce que le groupe donne une toute autre dimension (NDR : ou un autre système, si vous préférez !?!?!?) de son répertoire sur scène. Plus rock, plus groovy, plus excitante, plus dansante. Les trois autres musiciens assument parfaitement leur mission de fil conducteur. Barbes de trois jours, le guitariste et le bassiste ont presque l'air de jumeaux ! Emily chante et se réserve bien sûr les synthés. Très sexy dans sa mini robe effilochée, elle partage ses deux rôles avec énormément de conviction, enfonçant les touches de ses claviers avec une frénésie presque 'garage' ! (NDR : qui a dit sauvage ?)

Kevin Drew monte sur les planches. Seul. Il entame une conversation avec le public, demandant notamment qui parmi les spectateurs avait participé à leur dernier concert accordé à l'AB, l'an dernier. Puis il appelle les musiciens. Pour les présenter au public. Un à un. Avant de les étreindre comme s'ils ne s'étaient plus vus depuis 6 mois. Formation canadienne à géométrie variable, Broken Social Scene repose bien sûr sur une base fixe : Kevin, Brendan Canning, Jason Colet, Andrew Whiteman et Justin Peroff. Encore que chacun d'entre eux possède ses propres projets alternatifs. Aussi, il n'est pas étonnant que suivant les circonstances on remarque la présence ou l'absence de tel ou tel autre musicien. Ce soir au Bota, le line up comptera 11 personnes au maximum, dont la chanteuse Emily Haines. Car selon les compositions, le line up varie. Sans oublier que les musiciens sont capables de changer d'instrument. Kevin passant ainsi de la guitare au clavier. Parmi la flopée de guitaristes (jusque 6 !), trois sont également capables de se consacrer aux cuivres (NDR : un régal pour les oreilles !). Quant aux lead vocaux, ils sont partagés invariablement entre Kevin (NDR : un remarquable qui n'est sans doute pas assez mis en évidence !), Brendan, Andrew et Emily. Sans oublier les claviers au sol (NDR : bien cachés, mais bien présents !). Et le set s'ébroue en douceur, comme si le groupe avait le dessein de nous plonger dans une ambiance relaxante. Puis, peu à peu, l'intensité monte. Et le groupe d'interpréter la quasi-totalité des chansons de son dernier album : « KC accidental », « Stars ans sons », « Looks like the sun »,  « Cause = time » (NDR : ma préférée !), « Lover's spit » ainsi qu'« Anthems for a seventeen old girl », caractérisée par ce chuchotement trafiqué d'Emily. Et une nouvelle ! Qui mettra en présence 6 guitares et une basse. Sans se marcher sur les pieds. Un régal ! Une heure et demie de spectacle au cours duquel ils vont étaler tout leur charisme, leur passion et leur enthousiasme. Sans jamais tomber dans le chaos, même si en final on va entrer dans un délire psychédélique absolument génial. On avait même l'impression qu'un des guitaristes déversait son feedback dans un des diffuseurs. Le plus étonnant, c'est qu'aucun instrument n'étouffe l'autre. Chacun d'entre eux a son importance et participe à créer l'équilibre de la chanson. Une somme d'individualités qui se fondent dans un collectif pour entrer en parfaite osmose. Le tout dispensé par des musiciens talentueux qui prennent un plaisir évident à se produire sur scène. Ah oui, il y a eu un rappel. Mais bon, c'était prémédité. N'empêche, quel concert !

 

Metric

Le système Metric

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Fondé par Emily Haines (NDR : la fille du poète Paul Haines, personnage qui a notamment écrit pour Carla Bley, Robert Wyatt et Albert Ayler) et le guitariste James Shaw, Metric compte aujourd'hui 8 années d'existence. Duo à l'origine, cette formation canadienne a depuis recruté un drummer (Joules Scott-Key) et un bassiste (Joshua Winstead). Emily a en outre collaboré à l'enregistrement du dernier opus de Broken Social Scene, « You forgot it in people ». Les deux albums commis à ce jour par Metric (« Grow up and blow away » et « Old world underground, where are you now ? ») privilégient les synthés et l'électronique. J'étais donc très curieux d'entendre ce que le quatuor allait nous réserver sur les planches. Et je dois avouer que j'ai été agréablement surpris. Parce que le groupe donne une toute autre dimension (NDR : ou un autre système, si vous préférez !?!?!?) de son répertoire sur scène. Plus rock, plus groovy, plus excitante, plus dansante. Les trois autres musiciens assument parfaitement leur mission de fil conducteur. Barbes de trois jours, le guitariste et le bassiste ont presque l'air de jumeaux ! Emily chante et se réserve bien sûr les synthés. Très sexy dans sa mini robe effilochée, elle partage ses deux rôles avec énormément de conviction, enfonçant les touches de ses claviers avec une frénésie presque 'garage' ! (NDR : qui a dit sauvage ?)

Kevin Drew monte sur les planches. Seul. Il entame une conversation avec le public, demandant notamment qui parmi les spectateurs avait participé à leur dernier concert accordé à l'AB, l'an dernier. Puis il appelle les musiciens. Pour les présenter au public. Un à un. Avant de les étreindre comme s'ils ne s'étaient plus vus depuis 6 mois. Formation canadienne à géométrie variable, Broken Social Scene repose bien sûr sur une base fixe : Kevin, Brendan Canning, Jason Colet, Andrew Whiteman et Justin Peroff. Encore que chacun d'entre eux possède ses propres projets alternatifs. Aussi, il n'est pas étonnant que suivant les circonstances on remarque la présence ou l'absence de tel ou tel autre musicien. Ce soir au Bota, le line up comptera 11 personnes au maximum, dont la chanteuse Emily Haines. Car selon les compositions, le line up varie. Sans oublier que les musiciens sont capables de changer d'instrument. Kevin passant ainsi de la guitare au clavier. Parmi la flopée de guitaristes (jusque 6 !), trois sont également capables de se consacrer aux cuivres (NDR : un régal pour les oreilles !). Quant aux lead vocaux, ils sont partagés invariablement entre Kevin (NDR : un remarquable qui n'est sans doute pas assez mis en évidence !), Brendan, Andrew et Emily. Sans oublier les claviers au sol (NDR : bien cachés, mais bien présents !). Et le set s'ébroue en douceur, comme si le groupe avait le dessein de nous plonger dans une ambiance relaxante. Puis, peu à peu, l'intensité monte. Et le groupe d'interpréter la quasi-totalité des chansons de son dernier album : « KC accidental », « Stars ans sons », « Looks like the sun »,  « Cause = time » (NDR : ma préférée !), « Lover's spit » ainsi qu'« Anthems for a seventeen old girl », caractérisée par ce chuchotement trafiqué d'Emily. Et une nouvelle ! Qui mettra en présence 6 guitares et une basse. Sans se marcher sur les pieds. Un régal ! Une heure et demie de spectacle au cours duquel ils vont étaler tout leur charisme, leur passion et leur enthousiasme. Sans jamais tomber dans le chaos, même si en final on va entrer dans un délire psychédélique absolument génial. On avait même l'impression qu'un des guitaristes déversait son feedback dans un des diffuseurs. Le plus étonnant, c'est qu'aucun instrument n'étouffe l'autre. Chacun d'entre eux a son importance et participe à créer l'équilibre de la chanson. Une somme d'individualités qui se fondent dans un collectif pour entrer en parfaite osmose. Le tout dispensé par des musiciens talentueux qui prennent un plaisir évident à se produire sur scène. Ah oui, il y a eu un rappel. Mais bon, c'était prémédité. N'empêche, quel concert !

 

Korn

Les Korn du diable

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Lors de cette soirée placée sous le signe du diable ('Number of the beast 666'), le Zénith s'est converti à la philosophie du métal pour accueillir des groupes aussi solides et réputés que Soulfly et Korn. Les formations en présence partageaient d'ailleurs une devise commune : "Make some fxx noise". Et manifestement, ils ont respecté ce dessein. Ce qui a bien évidemment enchanté le public.

A ce jour, Flyleaf n'a commis qu'un seul Ep ; mais un disque sur lequel figure un hit : 'I'm so sick'. Ce quintet américain peut, en outre, compter sur une chanteuse charismatique : Lacey Mosley. Elle possède un timbre vocal perçant, proche d'une Courtney Love. Le combo pratique un rock dynamique, énergique, mélodique, mais surtout métallique. Et leur set s'est révélé, ma foi, fort agréable.

Soulfly ne disposait que de 40 minutes pour chauffer la salle. Son métal tendu et implacable concentre (speed)metal, hardcore, rock, dub et rythmes brésiliens. Tout au long du set, les guitaristes se sont acharnés à multiplier les envolées de cordes (NDR : surtout Tom Morello). Une prestation enfiévrée par les accès de basse et fouettée par les percussions impitoyables. Une section rythmique en béton, quoi ! Fin de l'an dernier, le band a commis son cinquième opus, 'Dark Ages' ; mais Soulfly n'a guère interprété de titres issus de cette plaque. 'Babylon' et 'Frontlines', quand même. On a eu droit à une cover du 'Roots bloody roots' de Sepultura, l'ex groupe de Cavalera. Les morceaux sont imprimés sur un tempo infernal. Le climat est lourd. Max Cavalera hurle tout ce qu'il a dans les tripes. Comme un animal blessé… De temps à autre, un second vocaliste se met également à rugir. Il en remet une couche. Effrayant ! Bref, un set très court mais puissant et surtout convainquant!

Après une traversée du désert, caractérisée par la confection d'albums sans grand intérêt et de prestations scéniques de piètre facture, Korn s'était enfin de nouveau montré à la hauteur de son sujet, l'an dernier, lors du festival Pukkelpop. On le croyait au bout du rouleau. Et il est ressuscité. 'See you on the other side', son nouvel elpee, aligne des compos lourdes mais mélodiques. Les spécificités de Korn ont retrouvé toutes leurs couleurs : les riffs de guitares tranchants, la ligne de basse ronflante, les drums stimulants et le chant torride de Jonathan Davis. Le line up est aujourd'hui élargi à huit musiciens, impliquant un percussionniste, un second guitariste et un 'backing vocalist'.

La formation a ouvert le set par 'It's on'. Derrière le rideau, on pouvait entrevoir la structure imposante de la batterie et des claviers. Un rideau qui s'est finalement ouvert pour laisser apparaître la gigantesque mise en scène, après trois morceaux. La double percussion a rendu le son plus riche et dynamique. Le band a privilégié les compos issues de son ancien répertoire ; et puis dès le début, a exécuté quelques classiques comme 'Falling away from me' ou 'Here to stay'. En milieu de parcours, le collectif a quelque peu ralenti le tempo. Ce qui ne l'a pas empêché de maintenir la concentration de la foule. Notamment à travers 'Shoots and ladders' et 'Lies'. Ils a, bien sûr, livré l'un ou l'autre fragment issu de son dernier elpee ; et en particulier 'Coming undone' et 'Throw me away'. Traditionnellement Davis interprète une chanson à la cornemuse. Pour 'ADIDAS', l'excitation du public était à son comble ; une manière de conduire le spectacle vers l'apothéose : 'Got the life'…

En rappel, Korn a dispensé trois titres imprimés sur un rythme particulièrement soutenu : 'Twisted radio', 'Freak on a leash' et 'Blind'. Le guitariste fêtait son anniversaire ce jour là (666). Un 'Happy Birthday' diabolique lui a été réservé. Après une heure et demie de prestation, les musiciens se sont retirés. Et il faut reconnaître que leur set s'est révélé à la fois captivant et intense, démontrant ainsi que le groupe s'est enfin reconnecté à la scène métal contemporaine…

Organisation: France Leduc Productions

Traduction: Hendrik Tant (Adaptation Bernard Dagnies)

 

Dominique A

Ce qui sépare

Il y a bien longtemps, dans les années 90, un type au teint livide chantait sa déprime sur fond de folk acariâtre : il s'appelait Polar, et portait un bonnet noir qui lui donnait des airs de cambrioleur à la petite semaine. Pas drôle, le mec, mais forcément touchant : ses deux premiers albums, « 1 » et « Bipolar », recelaient quelques perles à s'écouter toutes lumières éteintes, le doigt sur les tempes et la bouche crispée dans un rictus rageur. Depuis lors, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de Genève, et l'on se demandait si Polar ne s'était pas noyé, lui aussi, tel un Buckley helvète. Dix ans plus tard, Polar refait pourtant surface et sort un quatrième album, « Jour Blanc », écrit en compagnie de Miossec. Qui pour le coup n'a pas l'air de s'être foulé le coude, tant les paroles s'avèrent naïves et dénuées de toute métaphore. Quand Polar monte sur scène, seul, sans bonnet, il nous balance donc ses nouvelles chansons, en français dans le texte, sans penser un instant à ses fans de la première heure. Et du Polar en français, c'est comme de la choucroute sans clou de girofle : ça passe mal. Chez lui, les 'roses sont des épines', à moins qu'il ne s'agisse d'un problème de liaison, mais en tout cas on ne peut s'empêcher de sourire. Etre ou avoir, peu importe, puisque les textes de ses autres chansons sont tout aussi à l'avenant : ni rimes, ni vigueur syllabique, Eric Linder devrait lire Flaubert. Heureusement que le mec est sympa : il nous raconte la genèse de quasi chacun de ses titres avant de les chanter, d'où la redondance, et l'ennui. Sympa, le mec : dommage qu'il se soit mis à la chanson française, et que d'un coup on croirait presque entendre Pascal Obispo chanter dans la montagne, au milieu des vaches violettes (cette voix, irritante à force de yodle démonstratifs). 'C'était mieux avant' ? Evidemment.

Peter Von Poehl, lui, peut se targuer d'avoir gravé un des meilleurs disques pop de l'année : l'excellent « Going to where the tea trees are », dont il interprétera 5 titres seul, à la guitare. On peut regretter l'absence de toute enluminure (synthés, cuivres, batterie, basse,…), mais présentées telles quelles, en toute simplicité, ses jolies mélodies gardent pourtant leur pouvoir d'attraction… Et quand le Suédois demande à l'assemblée de hululer en chœur sur « The Lottery », personne ne se fait prier et l'humeur monte doucement, jusqu'à envahir le parterre comme du sirop de liège. Même assis, le public réagit : il est conquis. Peter Von Poehl chante alors « The Story of the Impossible », la chanson-Mobistar, mais heureusement aucune sonnerie de GSM ne vient gâcher ce grand moment de poésie lo-fi. Avant de clôturer par « Going to where the tea trees are », Peter Von Poehl hasarde de sa voix cajoleuse quelques mots en français (il connaît bien la langue), plaisante à propos de Tricatel ; bref met tout le monde dans sa poche. Vivement la tête d'affiche en 'full live band' !

Mais les trentenaires dans la salle étaient surtout présents pour le concert de Dominique A, dont le dernier album avait déjà été présenté lors des dernières Nuits Botanique. 'Vous n'aviez pas envie d'aller voir Motörhead ?', ironise d'entrée de jeu notre homme en noir avant de balancer « Revoir les choses ». Pas d'« Overkill » en cover, mais la plupart des titres de « L'Horizon » joués pied au plancher, dans une ambiance glaciale qui en laissera plus d'un perplexe. C'est un Dominique A sec et rageur qui se présente à nous, le corps rigide et le regard frondeur : on n'est pas là pour rigoler, à moins d'aimer l'humour très pince-sans-rire du Français exilé à Bruxelles. « La Relève » et « Rouvrir » ne détendent pas l'atmosphère : il faut attendre « Le Camion », semblant de tube radiophonique, pour oser remuer les orteils en position assise. « La Mémoire Neuve » ranime de vieux souvenirs, mais la question semble être ailleurs : Dominique A aurait-il mal digéré son souper ? A part deux rappels où se succèdent enfin vieux tubes moins féroces (« Antonia » et « Le Courage des Oiseaux »), on ne peut s'empêcher de rester circonspect : il a fait froid pendant deux heures, et notre veste était consignée au vestiaire.

La setlist : Revoir les Choses, La Relève, Rouvrir, Le Camion, Bowling, Antaimoro, La Mémoire Neuve, La Pleureuse, Music-hall, Pour la Peau, Où Sont les Lions, Exit, L'Echo, Retour au Quartier Lointain, Le Commerce de l'Eau, L'Horizon, Tout Sera Comme Avant, Adieu Alma, Antonia, Rue des Marais, Le Courage des Oiseaux.