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Un carré de Blutch bien saignant...

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Un peu plus de trois cents personnes s’étaient déplacées ce mercredi 9 janvier au Bota pour assister au concert du quintet suédois Cult Of Luna ; une prestation  précédée par celle de deux autres formations, l’une anglaise, l’autre belge.

C’est le groupe anglais Bossk qui ouvre le bal. Sur fond de murs de guitares distordus, sa mécanique rythmique est efficace. Tantôt lancinante, tantôt percutante. Issue du Kent (Angleterre), cette très jeune formation est fascinée par le monde de ‘Star Wars’ (Bossk, c’est le méchant hybride homoreptilien qui apparaît dans le film ; d’ailleurs, les membres du groupe participent à de véritables jeux de rôle dédiés à cette épopée cinématographique). Bossk va dispenser, durant un peu moins d’une demi-heure, un répertoire postcore privilégiant une structure musicale instrumentale et atmosphérique oscillant entre les envolées d’un Explosions in the Sky et celle de Mogwai. Un set d’excellente facture, à la hauteur de son premier EP « 1 », distribué en 2006 par le label QnotQ. Les mélodies suggèrent parfois, et à notre grande surprise, des références de la scène noisy pop anglaise (NDR : osons citer Ride !) ou américaine (Jesus and Mary Chain !) ainsi que le son métallique et lourd d’Isis. C’est pourtant lorsqu’il tente d’intégrer au son métallique des références incontournables de l’underground britannique qu’il se révèle le plus intéressant. Du britcore ? Pourquoi pas ! Ce type d’expérimentation doit faire grincer les dents des aficionados les plus puristes du métal ; mais également ravir celles et ceux qui attendent vainement un sursaut créatif du rock anglais, gangréné depuis trop longtemps par le business et le marketing. Il y a néanmoins quelques bémols. Tout d’abord lorsque les compositions et le show se rapprochent trop dangereusement de leurs repères Neurosis et Isis. Pas très original. Ou encore lorsqu’en fin de set une relative monotonie commence s’installer. Sans oublier un manque de justesse et parfois de relief entre les morceaux. Des imperfections probablement dues à la jeunesse de ce projet que l’on souhaite voir progresser, dans un futur proche…

Ce sont ensuite les décibels de Blutch, trio bleu blanc belge déversés dans la plus pure tradition du doom-sludge-stoner, qui envahissent l’espace de l’Orangerie. Responsable d’un troisième album « Materia », sorti en 2006, et bénéficiant du support de quelques hautes cylindrées comme les Young Gods, le combo montois acquiert petit à petit une notoriété que nous étions impatient de voir mis sur le grill. Le look est ténébreux. La voix lourde et écorchée. Lancinants et torturés, les riffs sont parfois taillés sur une même note durant plusieurs minutes. Et découpée sur une rythmique hyper lente, la structure n’est pas sans nous rappeler celle de Black Sabbath. Excellent dans leur style, dixit les amateurs du métal ‘down-tempo’, Blutch concèdera une prestation efficace et consistante d’une trentaine de minutes, sans susciter le consensus auprès d’une audience composée de convaincus, d’enchantés et d’agacés.

Il est 22 heures lorsque le public belge découvre enfin Cult of Luna. Un show amorcé en catimini, par le titre « Dim », issu du dernier album « Somewhere Along the Highway ». Le ton est alors délicat et satiné. En regardant le look des musiciens du groupes -cinq bouilles d’elfes on ne peut plus scandinaves- pas un seul profane n’imaginerait alors assister au concert d’une locomotive du métal progressif d’Europe du Nord ! Le temps de s’immerger dans un univers mélodieux, atmosphérique, post-rock et psychédélique digne d’Explosions in the Sky, et le son lourd et puissant caractéristique du groupe commence déjà à se libérer. Inévitablement on pense aux deux premiers albums du combo : « Cult of Luna » (2001) et « The Beyond » (2003). Et pourtant, aucun morceau de ces deux premiers elpees ne sera joué au cours de cette soirée. Les riffs assassins et percutants sont commis par les deux guitaristes, Erick Olofsson et surtout le leader Johannes Persson. Arborant une panoplie de tatouages qui feraient pâlir de jalousie plus d’un Michael Scofield, Johannes assume seul les vocaux durant plus d’un quart d’heure, avant d’être rejoint sur scène par le très charismatique chanteur Klas Rydberg. Nous sommes alors en plein cœur d’un des titres icones du groupe « Leave me here » (« Salvation », 2004), qui ouvre véritablement les hostilités. On assiste alors à un incessant ballet entre chants menaçants et écorchés, rythmiques complexes et murs de guitares explosifs, agressifs et sombres. Les accords adoptent parfois un profil plus atmosphérique et mélodique, virevoltant çà et là dans le royaume du ‘shoegaze’ (My Bloody Valentine, Slowdive), du psychédélisme tribal (Apse), du post hardcore (Isis, Neurosis, Jesu, Pelican) ou du postrock. Se succèdent ensuite « Adrift », « Back to the chapel town », « Echoes » et « Finland », quatre autres chefs-d’œuvre du post hardcore, interprétés à la perfection par le quintet. Mais c’est peut-être dans la perfection que croupit la faiblesse du set assuré de manière parfois trop ‘mécanique’. En outre, Cult of Luna ne communique pas avec son public, entretenant une image glaciale et mystérieuse. Certains adorent, d’autres beaucoup moins. Après cinquante minutes, « Dead man » clôture néanmoins un set efficace et plaisant. Les Suédois quittent alors définitivement les planches du Bota, sans se retourner. Un show superbe, dense, mais un peu court !

Organisation Botanique

 

Bossk

Le britcore de Bossk

Écrit par

Un peu plus de trois cents personnes s’étaient déplacées ce mercredi 9 janvier au Bota pour assister au concert du quintet suédois Cult Of Luna ; une prestation  précédée par celle de deux autres formations, l’une anglaise, l’autre belge.

C’est le groupe anglais Bossk qui ouvre le bal. Sur fond de murs de guitares distordus, sa mécanique rythmique est efficace. Tantôt lancinante, tantôt percutante. Issue du Kent (Angleterre), cette très jeune formation est fascinée par le monde de ‘Star Wars’ (Bossk, c’est le méchant hybride homoreptilien qui apparaît dans le film ; d’ailleurs, les membres du groupe participent à de véritables jeux de rôle dédiés à cette épopée cinématographique). Bossk va dispenser, durant un peu moins d’une demi-heure, un répertoire postcore privilégiant une structure musicale instrumentale et atmosphérique oscillant entre les envolées d’un Explosions in the Sky et celle de Mogwai. Un set d’excellente facture, à la hauteur de son premier EP « 1 », distribué en 2006 par le label QnotQ. Les mélodies suggèrent parfois, et à notre grande surprise, des références de la scène noisy pop anglaise (NDR : osons citer Ride !) ou américaine (Jesus and Mary Chain !) ainsi que le son métallique et lourd d’Isis. C’est pourtant lorsqu’il tente d’intégrer au son métallique des références incontournables de l’underground britannique qu’il se révèle le plus intéressant. Du britcore ? Pourquoi pas ! Ce type d’expérimentation doit faire grincer les dents des aficionados les plus puristes du métal ; mais également ravir celles et ceux qui attendent vainement un sursaut créatif du rock anglais, gangréné depuis trop longtemps par le business et le marketing. Il y a néanmoins quelques bémols. Tout d’abord lorsque les compositions et le show se rapprochent trop dangereusement de leurs repères Neurosis et Isis. Pas très original. Ou encore lorsqu’en fin de set une relative monotonie commence s’installer. Sans oublier un manque de justesse et parfois de relief entre les morceaux. Des imperfections probablement dues à la jeunesse de ce projet que l’on souhaite voir progresser, dans un futur proche…

Ce sont ensuite les décibels de Blutch, trio bleu blanc belge déversés dans la plus pure tradition du doom-sludge-stoner, qui envahissent l’espace de l’Orangerie. Responsable d’un troisième album « Materia », sorti en 2006, et bénéficiant du support de quelques hautes cylindrées comme les Young Gods, le combo montois acquiert petit à petit une notoriété que nous étions impatient de voir mis sur le grill. Le look est ténébreux. La voix lourde et écorchée. Lancinants et torturés, les riffs sont parfois taillés sur une même note durant plusieurs minutes. Et découpée sur une rythmique hyper lente, la structure n’est pas sans nous rappeler celle de Black Sabbath. Excellent dans leur style, dixit les amateurs du métal ‘down-tempo’, Blutch concèdera une prestation efficace et consistante d’une trentaine de minutes, sans susciter le consensus auprès d’une audience composée de convaincus, d’enchantés et d’agacés.

Il est 22 heures lorsque le public belge découvre enfin Cult of Luna. Un show amorcé en catimini, par le titre « Dim », issu du dernier album « Somewhere Along the Highway ». Le ton est alors délicat et satiné. En regardant le look des musiciens du groupes -cinq bouilles d’elfes on ne peut plus scandinaves- pas un seul profane n’imaginerait alors assister au concert d’une locomotive du métal progressif d’Europe du Nord ! Le temps de s’immerger dans un univers mélodieux, atmosphérique, post-rock et psychédélique digne d’Explosions in the Sky, et le son lourd et puissant caractéristique du groupe commence déjà à se libérer. Inévitablement on pense aux deux premiers albums du combo : « Cult of Luna » (2001) et « The Beyond » (2003). Et pourtant, aucun morceau de ces deux premiers elpees ne sera joué au cours de cette soirée. Les riffs assassins et percutants sont commis par les deux guitaristes, Erick Olofsson et surtout le leader Johannes Persson. Arborant une panoplie de tatouages qui feraient pâlir de jalousie plus d’un Michael Scofield, Johannes assume seul les vocaux durant plus d’un quart d’heure, avant d’être rejoint sur scène par le très charismatique chanteur Klas Rydberg. Nous sommes alors en plein cœur d’un des titres icones du groupe « Leave me here » (« Salvation », 2004), qui ouvre véritablement les hostilités. On assiste alors à un incessant ballet entre chants menaçants et écorchés, rythmiques complexes et murs de guitares explosifs, agressifs et sombres. Les accords adoptent parfois un profil plus atmosphérique et mélodique, virevoltant çà et là dans le royaume du ‘shoegaze’ (My Bloody Valentine, Slowdive), du psychédélisme tribal (Apse), du post hardcore (Isis, Neurosis, Jesu, Pelican) ou du postrock. Se succèdent ensuite « Adrift », « Back to the chapel town », « Echoes » et « Finland », quatre autres chefs-d’œuvre du post hardcore, interprétés à la perfection par le quintet. Mais c’est peut-être dans la perfection que croupit la faiblesse du set assuré de manière parfois trop ‘mécanique’. En outre, Cult of Luna ne communique pas avec son public, entretenant une image glaciale et mystérieuse. Certains adorent, d’autres beaucoup moins. Après cinquante minutes, « Dead man » clôture néanmoins un set efficace et plaisant. Les Suédois quittent alors définitivement les planches du Bota, sans se retourner. Un show superbe, dense, mais un peu court !

Organisation Botanique

 

Morrissey

Le charisme de Moz

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Le 29 juillet 2006, Morrissey se produisait à l’AB pour un des meilleurs concerts auquel j’ai pu assister au cours de ces dernières années. Il faut avouer qu’à cette époque, on attendait son retour depuis belle lurette. Début 2007, il a donc programmé une mini-tournée en France. Périple qui est passé par la Laiterie de Strasbourg, la Coopérative de Mai de Clermont-Ferrand et l’Aéronef de Lille. Et passera encore par l’Olympia de Paris le 4 février prochain. Mais venons-en au set qu’il a accordé à l’Aéronef, ce samedi 19 janvier, devant un parterre archicomble. Et peuplé de nombreux néerlandophones et anglophones. C’était d’ailleurs sold out quelques jours après la mise en vente des tickets…

En première partie, Girl In A Coma s’est fendu d’une prestation d’honnête facture. Un trio texan, issu de San Antonio très exactement. Féminin aussi. Bénéficiant d’une section rythmique de poids (NDR : deux grandes amies par ailleurs), partagée respectivement entre Jenn Alva à la basse et Phanie Diaz aux drums (NDR : elles n’ont guère de chances de poser pour Playboy !) ainsi que sa sœur cadette –de huit années ! –Nina (NDR : oui, elle, est plutôt jolie !) Elle compose, joue de la guitare et chante d’une voix très expressive et particulièrement ample. Leur patronyme est inspiré d’une chanson des Smiths : « Girlfriend in a Coma », formation mythique à laquelle le combo voue une grande admiration, même si leur musique semble davantage marquée par les Pixies et Sleater/Kinney (également un trio féminin). Nerveuses et punkysantes, les chansons ne sont pas trop mal balancées, mais le son est encore un peu trop brouillon. Néanmoins, il faut avouer que la drummeuse assure sans le moindre complexe et les chansons sont particulièrement rafraîchissantes. Une chose est sûre, cette formation est à suivre de très près…

Girl in A Coma s’est produit devant un grand drap blanc déployé au premier tiers de la scène. Pas une situation idéale pour assurer le supporting act ; mais enfin… Cette toile va servir d’écran à toute une série de projections, dispensée avant la montée sur scène de la bande à Moz. Vont ainsi défiler des courts-métrages (à cette époque on ne parlait pas encore de clips) consacrés à des chansons interprétées par les héros de Morrissey : Sacha Distel, The New York Dolls, Vince Taylor, Brigitte Bardot, etc. En noir et blanc ! Sans oublier la référence à James Dean que l’on découvre en double effigie en arrière-plan, lorsque le rideau tombe. A cet instant on n’entend plus que de la musique d’opéra (Klaus Nomi ?), le temps que la formation débarque enfin sous les acclamations nourries de la foule scandant, depuis quelques minutes, des ‘Morrissey, Morrissey’, sur l’air d’une célèbre chanson d’étudiants grivoise…

Et le show démarre très fort par le « How soon is now ? » des Smiths, caractérisé par ses sonorités de guitare vibrato. Cinq musiciens tirés à quatre épingles –mais en chemise blanche et cravate– accompagnent la star. Qui n’hésite pas à enlever cette cravate dès le deuxième morceau ; la chemise à moitié hors du pantalon contrastant manifestement avec l’impeccable tenue du reste de l’équipe. On n’est pas le boss pour rien, même si trois des musiciens seront autorisés à venir de temps à autre le rejoindre sur le devant de la scène. Un line up constitué d’un bassiste (cironstanciellement contrebassiste), deux guitaristes, un drummer (impressionnant matos dont un gong et une énorme caisse) ainsi qu’un multi-instrumentiste jonglant allègrement entre la six cordes, les claviers (synthés et moog y compris) ou encore l’accordéon. Les balances manquent cependant de précision ; et il faudra attendre un bon quart d’heure avant que les réglages s’opèrent. Et ainsi bénéficier d’un son irréprochable. Morrissey semble de bonne humeur. Il improvise un jeu question réponses avec la foule en prêtant même son micro. Il dessine des cercles à l’aide du fil de ce microphone, un peu comme s’il maniait un lasso. A moins que ce ne soit un fouet ! Et en cadence. Il nous réserve plusieurs nouvelles chanson (NDR : elles devraient figurer sur son nouvel opus, un live, paraît-il ?). Et notamment « That’s how people grow up », « All you need is me », “Something squeezing my skull”, “I’m throwing my arms around Paris” et un remarquable et percussif “Mama lay softly on the riverbed”. Un des sommets du show ! Tout au long du spectacle plusieurs fans réussissent à monter sur scène. Certains se font vider en deux temps trois mouvements ; mais d’autres y parviennent et en profitent pour étreindre leur idole, qui semble particulièrement flatté de cette marque de sympathie (NDR : rien de tel pour gonfler son ego !). N’empêche quelle voix et quel charisme ! Lors des compos les plus populaires, ces aficionados reprennent en chœur les paroles des chansons. Parfois même, ils couvrent sa voix. Très surf, « The loop » frise le délire. Pour la ballade presque floydienne « Pigsty », le guitariste s’est mis à la clarinette. Tout comme lors de la nouvelle compo “I’m throwing my arms around Paris”, titre introduit par un interlude carillonnant intitulé « One day goodbye it will be farewell». Et le show s’achève par une interprétation d’« Irish B. English » qui enflamme littéralement l’audience.

Après une heure trente pile, bras-dessus, bras-dessous, les six artistes viennent saluer le public, comme un seul homme. Et nous reviennent lors d’un rappel au cours duquel ils n’interprèteront qu’un seul titre : le « Lost of the famous international playboys ». Mais la version est de toute beauté. Dès le morceau terminé, les lumières se rallument et la musique de fond calme les ardeurs. Il ne reviendra plus. Mais tout le monde est convaincu d’avoir passé une excellente soirée.

Tracklisting

How soon is now ? (The Smiths – Meat is murder)

The first of the gang to die (Morrissey – You are the Quarry)

I just want to see the boy happy (Morrissey – Ringleaders of the tormentors)

That’s how people grow up (nouvelle compo)

Stop me if you think you’ve heard this one before (The Smiths - Strangeways, Here We Come)

All you nee is me (nouvelle compo)

The national front disco (Morrissey – Your arsenal)

Something is squeezing my skull (nouvelle compo)

Billy Budd (Morrissey – Vauxhall and I)

The loop (Morrissey – Ep 5 titres The Loop)

Death of a disco dancer (The Smiths – Strangeways here we come)

Life is a pigsty – (Morrissey – Ringleader of the tormentor)

I’m throwing my arms around Paris (nouvelle compo)

Why don’t you find out yourself ? (Morrissey – Vauxhall and I)

Mama lay softly on the riverbed (nouvelle compo)

Sister I’m a poet ( Morrissey – The world of Morrissey – compile singles, etc.)

One day goodbye it will be farewell (interlude)

Stretch out and wait (The Smiths – Louder than bombs)

Irish Blood – English heart (Morrissey – You are the Quarry)

Rappel

Last of the famous international playboys (Morrissey – single – sur la compile Bona Drag)

 

Organisation A Gauche de La Lune

 

Jean-Louis Murat

Il vaut mieux jouir ici-bas...

A peine son nouvel album dans les bacs (" Le Moujik et sa femme "), l'Auvergnat était déjà de passage chez nous. Pas étonnant quand on sait qu'il ne fait que de " bons concerts ici " (c'est lui qui le dit) et parce que, disons-le, le public belge lui a toujours réservé un formidable accueil. Pourtant, la salle n'est pas remplie : sans doute que les gens préfèrent d'abord savourer l'album à la maison, et surtout, aimeraient bien le connaître avant de le voir défendu sur scène. C'est vrai que les nouvelles compos, aussi réussies soient-elles, n'ont pas encore eu le temps de s'installer dans nos oreilles et nos mémoires : qu'à cela ne tienne, c'est avec joie que les fans accueillent le chanteur, toujours un peu penaud mais diablement charmant (ce sont les filles qui le disent). Tout le " Moujik " sera passé en revue, sauf la chanson d'ouverture (L'amour qui passe) : un Hombre déchaîné, une Libellule qui nous aura appris qu' " il vaut mieux jouir ici-bas " (repris par tous), un superbe Monde intérieur où il fait bon vivre, un Baby Carni Bird ponctué par les " kootchie ! " enflammés du public, plein de dadas (et de kékés) en herbe… Accompagné de Fred Jimenez à la basse (d'A.S. Dragon) et de Jean-Marc Buffy à la batterie (PJ Harvey), Jean-Louis Murat rigole, lâche quelques vannes, mais se calme dès qu'il empoigne sa guitare ou s'assied au piano. Après quelques titres de " Mustango " (Polly Jean, Mustang, Au Mont Sans-Souci,…) et deux inédits longuets, l'Auvergnat s'en va, laissant derrière lui un public charmé. " Il vaut mieux jouir ici-bas ", disait-il… Il ne croyait pas si bien dire !

Jimmy Eat World

Non, ce concert n’est pas pour le vieil homme

Écrit par

A l’occasion de la sortie de leur cinquième recueil, « Chase This Light », Jimmy Eat World effectuait ce 28 janvier un passage-éclair à l’Ancienne Belgique. En plus ou moins 1h15, les précurseurs de l’émo à la sauce pop ont exposé à leur public belge un set en dents de scie, à l’image de leur dernier ouvrage.

Légèrement à la bourre, nous n’avons pu savourer que quelques minutes de la prestation de Sparkadia, formation indie-pop originaire d’Australie. Ceux-ci remplaçaient au pied levé Saves The Day, groupe pop sans grand intérêt dont la décision de ne pas se produire sur la scène de l’AB aura ravi nos oreilles. Ces dernières ont donc pu se délecter des mélodies sympathiques de Sparkadia, notamment un joli « Northen Light » final.

Petite pause, le temps de constater que Jimmy Eat World est parvenu à renouveler son public. Il réunit désormais majoritairement de jeunes ados, probablement accros à l’émo-pop indigeste à la Plain White T’s et autres Fall Out Boy. Il n’aura d’ailleurs fallu que quelques notes de « Big Casino », en ouverture du set, pour ravir tous ceux qui s’étaient promis, ce soir-là, de s’essayer au crowd-surfing pour la première fois de leur vie.

Les Arizoniens ont beau avoir renouveler leurs aficionados, on ne peut malheureusement pas en dire autant de leur son. En effet, ce soir, on ne trouvera satisfaction que dans les vieux morceaux tels que les survoltés « Gets It Faster », « Pain » ou « Desintegration ». S’adressant principalement à son nouvel auditoire, les compositions récentes tirées de « Chase This Light », comme « Always Be », « Carry You » et « Big Casino » manquent affreusement de substance, autant en ‘live’ que sur disque. Ils n’apportent donc rien de bien neuf à la discographie du quatuor. Au bout de 1h15 de show, Jimmy Eat World remballe ses instruments, laissant derrière lui une bande d’ados survoltée et, d’autre part, une impression de trop peu. Il y en a eu certes pour tous les goûts (« Sweetness », « The Middle », « 23 », « Crush »), mais l’absence, lors de ce concert, de morceaux extraits de « Static Prevail » ou des excellents singles « Bleed American », « Lucky Denver Mint » et « A Praise Chorus » a cruellement fait défaut à l’ensemble. Très légère déception, mais déception quand même...

Setlist :

Big Casino

Sweetness

Crush

Work

Always Be

For Me, This Is Heaven

Desintegration

Gets It Faster

Let It Happen

Carry You

Blister

23

 

Your House

Hear You Me

Goodbye Sky Harbor

Pain

The Middle

 

(Organisation : Live Nation)

    

Girls In Hawaii

Girls in Hawaii à la TV

Écrit par

Après un set privé accordé au Botanique ce mercredi 13 février, Girls In Hawaii entamait sa tournée à Anvers. Au Trix, très exactement. Et alors que la plupart de mes collègues francophones avait choisi d’aller les applaudir au Cirque Royal de Bruxelles (NDR : vous y trouverez cependant les photos réalisées par Aude, dans notre galerie), j’ai accepté, à l’initiative du rédacteur en chef néerlandophone et ami Johan, de l’accompagner tout au Nord du pays. Là où ils ne sont pas encore (re)connus. Une autoroute, des voies à quatre bandes, des buildings abritant des bureaux (vides à cette heure de la journée), un supermarché, une station de carburant : c’est dans ce cadre horriblement urbain que l’on trouve le Trix. Et comme Megadeth jouait au Hof Ter Lo, juste à côté, on pouvait faire le poirier pour trouver une place de parking. En cherchant un peu, nous sommes quand même parvenus à dénicher un emplacement, à plusieurs centaines de mètres du club. Dans une sorte de terrain vague recouvert de gravier meuble. Heureusement, l’intérieur du Trix est particulièrement convivial. En y entrant, on remarque immédiatement le bar à gauche. Le prix des consommations est raisonnable et le service extrêmement rapide. En avançant, on arrive dans la salle de concert proprement dite, un peu comme dans une maison du peuple. La scène est petite et le podium assez bas, mais l’acoustique est excellente.

La chanteuse de folk/pop Jesy Fortino alias Tiny Vipers a déjà commencé son set. Assise, elle joue de la guitare acoustique électrifiée. Et chante aussi, bien sûr. Cette américaine (NDR : elle est établie à Seattle) possède une très belle voix, dont le timbre rappelle parfois Melanie. Mais son répertoire est plutôt monotone et suscite rapidement l’ennui. Après une demi-heure de prestation ponctuée de quelques applaudissements, elle se retire. Mais manifestement, son passage ne nous laissera pas un souvenir impérissable…

Place ensuite à Girls In Hawaii. Paradoxalement, le public est constitué d’une bonne moitié de francophones. Il y a toujours ces lampadaires disséminés entre les amplis et les baffles, mais les téléviseurs sont identiques. Et neufs ! Six en tout. Finis les postes récupérés à la casse. Et tout au long du spectacle, ces TV vont diffuser des images tournées le plus souvent dans les Ardennes ou au littoral. Mettant en scène, mais de dos et chacun leur tour, les musiciens du groupe. Un peu comme dans des clips.

Le sextuor ouvre les hostilités par « This farm will end up in fire » et son répertoire va constamment osciller entre compos issues de son nouvel opus (« Plan your escape ») et titres extraits du premier elpee (« From here to there »). La cohésion est quasi-parfaite. Les harmonies vocales échangées entre Antoine et Lionel sont irréprochables. Lionel joue toujours assis et son falsetto limpide et diaphane nous donne parfois la chair de poule. Circonstancielle ment, il se consacre au xylophone. Comme le claviériste/guitariste. Christophe. Un multi-instrumentiste dont on commence aujourd’hui à cerner l’importance ; et pour cause, il cherche constamment à souder les différentes composantes des morceaux. Enfin, lorsque son orgue rogne « Sun of the sons », on pense inévitablement aux groupes de garage issus des sixties. Lionel, le frère d’Antoine est un excellent drummer. On en était déjà convaincu ; mais lorsqu’il empoigne des maracas, à la manière de Butch Norton, ex-drummer d’Eels, on est vraiment impressionné. Les compos défilent. Construit en crescendo, « Fields of gold » est remarquable d’intensité. Lors du titre maître du nouvel opus, Daniel, le bassiste a empoigné un accordéon. Une ballade empreinte d’une grande sensibilité. Antoine chante « The fog » à travers un téléphone trafiqué, une composition dont le tempo est accentué par une boîte à rythmes. Petite pause au cours de laquelle Antoine lit un petit texte dans la langue de Vondel pour le terminer en anglais. A moins que ce ne soit du franglais ! Lors de « Road to luna », un instrumental, Antoine a troqué sa six cordes contre la basse et en profite pour monter sur un des téléviseurs face à son frangin (une attitude qu’il reproduit régulièrement, lorsque les chansons décollent). « Time to forgive the winter » lorgne vers le jazz, alors que « Couples on TV », interprété par Daniel, plutôt vers la valse. Davantage éthéré, « Colors » est manifestement hanté par Sigur Ros ; alors que l’inévitable « Flavor » et son rythme à la Stooges, permet à Brice, le soliste de se libérer, et au combo de clore le corps du concert en beauté.

Un premier rappel nous vaudra une cover du « Taxman » des Beatles, dont Antoine ne maîtrise pas encore tout à fait les lyrics (NDR : il se sert d’un aide-mémoire ; et puis une version presque garage/rock’n roll (NDR : encore ces claviers rognés !) de « Casper », au cours duquel il a sorti un harmonica de sa poche. Lors du deuxième rappel, GIH concèdera une version minimaliste de « Grasshopper », limitée à Antoine et au drummer, dans un style que n’aurait pas renié Sparklehorse.

A l’issue du concert Johan m’avouait avoir été impressionné par leur prestation, n’hésitant pas à comparer le talent, mais dans des styles différents, de dEUS et de Girls In Hawaii. C’est un compliment. Maintenant, à l’instar de Showstar, être diffusé sur Studio Brussel serait sans doute la meilleure manière de mieux se faire connaître auprès des voisins du Nord. Il le mérite, assurément. Faudra trouver le bon single !

Tracklist

This farm will end up in fire

Bees and butterflies

Sun of the sons

Fields of gold

Plan your escape

The fog

Road To Luna

Time to forgive the winter

Couples on TV

Colors

Found in the ground

Birthday call

Flavor

 
Taxman

Bored

Casper

 
Grassphopper

 
Organisation Trix

 

Nada Surf

Un groupe toujours aussi ‘popular’...

Écrit par

Responsable d’un tout nouvel opus (“Lucky”), Nada Surf est donc reparti en tournée. Et pour la circonstance, le trio a choisi d’emporter dans ses bagages la formation californienne, Rogue Wave, dont le dernier album paru l’an dernier (« Asleep at heaven’s gate ») est enfin distribué chez nous depuis le 22 février. Bref, une soirée qui s’annonçait sous les meilleurs auspices, lorsqu’on connaît la générosité du band new-yorkais.

Les trente minutes dévolues à Rogue Wave ont constitué, il faut le reconnaître, une excellente mise en bouche. Zach est un excellent chanteur, dont le timbre peut rappeler Robert Pollard (Guided By Voices) et tous les musiciens (surtout le claviériste de tournée et le drummer) sont susceptibles de soutenir de superbes backing vocaux. Le quintet semble heureux de se produire en ‘live’ (tout sourire, Gram, le guitariste soliste, en est la plus belle illustration !) et privilégie les compos du dernier elpee : « Fantasies », « Like I needed », une version tribale de « Lake Michigan » qui se mue progressivement en pseudo valse, un morceau au cours duquel Ira Elliot, le drummer de Nada Surf, vient donner quelques coups de cymbales ; et puis surtout un superbe « Chicago X12 », renforcé par les vocaux de Matthew Caws (NDR : il a également collaboré à l’enregistrement le l’album). Un seul titre issu de « Out the shadow » : “Kicking The Heart Out” ; et en finale, la cover du “Birds” de Neil Young, version originale qui figure sur l’elpee “After the goldrush ». Les mélodies sont contagieuses et le son plus incisif que sur disque. Une très bonne surprise ! Le groupe devrait revenir chez nous, fin du printemps prochain.   

Cinq miroirs ronds et convexes sur pied sont placés au fond de la scène et reflètent les images déformées des musiciens vus de dos ; mais inévitablement de différentes portions du public. Original ! Le trio est soutenu par le claviériste Louie Linno, un collaborateur de longue date. Mais c’est le seul qui ne chante pas. La coiffure en dreadlocks de Daniel Lorca, le bassiste, est toujours aussi impressionnante. A partir du milieu du concert, son addiciton à la clope va le pousser à griller cigarette sur cigarette ; à un tel point qu’il parvient même à chanter en la tenant du bout des lèvres (NDR : et après on s’étonnera qu’il est parfois difficile d’interdire de fumer dans les salles…) Le début du set manque cependant singulièrement de pèche. Le fiston de Daniel vient poser sa voix sur « Happy kid ». Charmant ! Le groupe est pourtant bien en place et les harmonies vocales sont impeccables, mais les chansons ne décollent pas. Matthew avoue avoir la fièvre. Mais il faudra attendre le septième titre « Kilian’s red » pour qu’enfin il nous la communique. A partir de cet instant, le concert va monter en puissance. Notamment grâce à « Paper boats », « 80 windows », « Do it again » et « See the bones », qui achève le corps du show. Sans oublier « Inside of love », au cours duquel le public se balance de gauche à droite (NDR : à moins que ce ne soit de droite à gauche), à l’invitation de Caws.

Lors du premier rappel, Matthew revient d’abord seul, flanqué de sa six cordes. Le groupe le rejoint pour « Blizzard of 77 » et embraie par la berceuse « Blonde on blonde », puis le contagieux « Always love » ainsi qu’un « Blankest year » propice au défoulement. Et pour cause, Matthew y incite la foule à reprendre en chœur, un ‘fuck you’ vindicatif. Même le claviériste préposé à la tournée de Rogue Wave est venu se joindre aux quelques spectateurs, conviés à monter sur le podium, pour danser.

Vu l’ambiance, un deuxième rappel est inévitable. Et Nada Surf de se lancer dans un morceau digne de Hüsker Dü avant de concéder un « Popular », qu’il ne joue plus que très rarement. Parce qu’il le traîne comme un boulet depuis ses débuts. Mais qu’y faire lorsqu’on est devenu aussi populaire. Et que pour partager le bonheur de son public, on n’hésite pas à se produire en concert, près de deux heures…

 
Organisation : Botanique.

 

Rogue Wave

Une excellente mise en bouche…

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Responsable d’un tout nouvel opus (“Lucky”), Nada Surf est donc reparti en tournée. Et pour la circonstance, le trio a choisi d’emporter dans ses bagages la formation californienne, Rogue Wave, dont le dernier album paru l’an dernier (« Asleep at heaven’s gate ») est enfin distribué chez nous depuis le 22 février. Bref, une soirée qui s’annonçait sous les meilleurs auspices, lorsqu’on connaît la générosité du band new-yorkais.

Les trente minutes dévolues à Rogue Wave ont constitué, il faut le reconnaître, une excellente mise en bouche. Zach est un excellent chanteur, dont le timbre peut rappeler Robert Pollard (Guided By Voices) et tous les musiciens (surtout le claviériste de tournée et le drummer) sont susceptibles de soutenir de superbes backing vocaux. Le quintet semble heureux de se produire en ‘live’ (tout sourire, Gram, le guitariste soliste, en est la plus belle illustration !) et privilégie les compos du dernier elpee : « Fantasies », « Like I needed », une version tribale de « Lake Michigan » qui se mue progressivement en pseudo valse, un morceau au cours duquel Ira Elliot, le drummer de Nada Surf, vient donner quelques coups de cymbales ; et puis surtout un superbe « Chicago X12 », renforcé par les vocaux de Matthew Caws (NDR : il a également collaboré à l’enregistrement le l’album). Un seul titre issu de « Out the shadow » : “Kicking The Heart Out” ; et en finale, la cover du “Birds” de Neil Young, version originale qui figure sur l’elpee “After the goldrush ». Les mélodies sont contagieuses et le son plus incisif que sur disque. Une très bonne surprise ! Le groupe devrait revenir chez nous, fin du printemps prochain.  

Cinq miroirs ronds et convexes sur pied sont placés au fond de la scène et reflètent les images déformées des musiciens vus de dos ; mais inévitablement de différentes portions du public. Original ! Le trio est soutenu par le claviériste Louie Linno, un collaborateur de longue date. Mais c’est le seul qui ne chante pas. La coiffure en dreadlocks de Daniel Lorca, le bassiste, est toujours aussi impressionnante. A partir du milieu du concert, son addiciton à la clope va le pousser à griller cigarette sur cigarette ; à un tel point qu’il parvient même à chanter en la tenant du bout des lèvres (NDR : et après on s’étonnera qu’il est parfois difficile d’interdire de fumer dans les salles…) Le début du set manque cependant singulièrement de pèche. Le fiston de Daniel vient poser sa voix sur « Happy kid ». Charmant ! Le groupe est pourtant bien en place et les harmonies vocales sont impeccables, mais les chansons ne décollent pas. Matthew avoue avoir la fièvre. Mais il faudra attendre le septième titre « Kilian’s red » pour qu’enfin il nous la communique. A partir de cet instant, le concert va monter en puissance. Notamment grâce à « Paper boats », « 80 windows », « Do it again » et « See the bones », qui achève le corps du show. Sans oublier « Inside of love », au cours duquel le public se balance de gauche à droite (NDR : à moins que ce ne soit de droite à gauche), à l’invitation de Caws.

Lors du premier rappel, Matthew revient d’abord seul, flanqué de sa six cordes. Le groupe le rejoint pour « Blizzard of 77 » et embraie par la berceuse « Blonde on blonde », puis le contagieux « Always love » ainsi qu’un « Blankest year » propice au défoulement. Et pour cause, Matthew y incite la foule à reprendre en chœur, un ‘fuck you’ vindicatif. Même le claviériste préposé à la tournée de Rogue Wave est venu se joindre aux quelques spectateurs, conviés à monter sur le podium, pour danser.

Vu l’ambiance, un deuxième rappel est inévitable. Et Nada Surf de se lancer dans un morceau digne de Hüsker Dü avant de concéder un « Popular », qu’il ne joue plus que très rarement. Parce qu’il le traîne comme un boulet depuis ses débuts. Mais qu’y faire lorsqu’on est devenu aussi populaire. Et que pour partager le bonheur de son public, on n’hésite pas à se produire en concert, près de deux heures…

 
Organisation : Botanique.

 

 

Editors

Plutôt trois fois qu’une

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Editors sont probablement l’une des success-story les plus fulgurantes de ces dernières années. En deux albums et une (grosse) poignée de singles, le quatuor a réussi à s’imposer et à imposer le respect, autant de la part du public que des critiques. Dans le cadre de la tournée promo de leur petit dernier, « An End Has A Start », les Britons se produisaient non pas un mais trois soirs de suite dans nos contrées. A guichets fermés. Après leurs prestations à Gand et Anvers, c’était au tour de Bruxelles de succomber au charme des vocalises Curtis-iennes de Tim Smith.

Arrivés vers 20h à l’AB, on constate que l’on vient à peine de manquer Red Light Company, qui se produisait en ouverture de la soirée. Pas grave, on se rattrape cinq minutes plus tard en compagnie de la première partie, Mobius Band, trio originaire de Brooklyn, distillant d’agréables compos pop nappées d’une fine couche de synthé. La formation présentait son premier essai, un intéressant mariage entre Death Cab For Cutie et… Dntel ! A suivre de près.

Après cette mise en bouche sympathique, la scène dévoile un énorme écran à l’image de la pochette du dernier essai des Editors. Le public, serré comme des sardines, s’impatiente tandis que les roadies s’occupent du soundcheck. A 21h15, Tim et sa troupe apparaissent sur scène et, sans cérémonie, entament « Camera » suivi directement par « An End Has A Start ». Après un petit bonjour à l’assistance, la formation enflammera la grande salle de l’AB en enchaînant les tubes « Blood » et « Bullets ». Smith attire toute l’attention du public sur ses gestes et mimiques frénétiques, parcourant tous les recoins de la scène, grimpant au dessus de son piano ou tournoyant inlassablement autour de l’instrument. La prestance scénique du leader fait légèrement penser à un Chris Martin, un rien plus aliéné. Suivront quelques extraits tirés du dernier ouvrage, tels que « Escape The Nest » ou encore « When Anger Shows ». Editors poursuivront avec leur reprise imparfaite mais intéressante du « Lullaby » des Cure, enregistré spécialement pour une compilation de la station de radio britannique, Radio 1. Les fans en extase hurlent leur joie, qui ira crescendo tandis que la formation les abasourdit en balançant d’une traite les singles « Munich », « All Sparks » et « Put Your Head Towards The Air ». Le quatuor terminera son set sur un efficace « Fingers In The Factory » avant de se retirer quelques minutes et revenir en mettre plein les oreilles de l’assistance lors d’un « Racing Rats » surpuissant. Smith et ses Editors clôtureront leur excellent set par le single « Smokers Outside Hospital Doors ». On quitte la grande salle de l’AB le sourire aux lèvres, complètement charmé par cette formation qui, il faut le reconnaître, arrive sans le moindre effort à engendrer une série de tubes à partir d’un seul et même riff de guitare (à quelques notes près)…

Setlist :

Camera

An End Has A Start

Blood

Bullets

Escape The Nest

Weight Of The World

Lights

When Anger Shows

Spiders

Lullaby

All Sparks

Munich

Push Your Head Towards The Air

Bones

Fingers In The Factories

Racing Rats

You Are Fading

Smokers Outside Hospital Doors

 
(Organisation : Live Nation)

Lisa Papineau

Hey Lisa!

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Club destiné aux concerts de musique actuelle, le 4AD est situé à Diksmuide, au cœur d'un quartier tranquille de la ville. Des bunkers ont été transformés en locaux de répétition et la salle de concert bénéficie d’une insonorisation hors norme ainsi que d’un matos ultra-performant. Si bien que lorsqu’on se trouve dans le café attenant à la salle ou à l’extérieur de l’immeuble, on n’entend pas le moindre bruit. Le complexe est superbe, design et convivial et la salle peut accueillir trois cent personnes dont cent sur un balcon où la visibilité est parfaite.

En entrant dans la salle, les musiciens d’American Music Club sont encore occupés de régler leur soundcheck. Quelques minutes plus tard, Mark Eitzel descend du podium et laisse le soin à ses trois autres comparses de régler leurs balances. En le croisant, il me reconnaît et nous nous saluons. Je lui demande des nouvelles de sa tournée, et il me répond être assez fatigué ; d’autant plus que la route qui l’a conduit jusque Diksmuide était assez longue et pénible. Plus de sept cent bornes perturbées par un temps exécrable lors du trajet opéré entre Geislingen, en Allemagne, et son point de chute. De quoi effectivement être épuisés.

Lisa Papineau a accompagné AMC, pour plusieurs dates de la tournée. Comme supporting act. Pour la circonstance, elle s’appuie sur deux musiciens français : Thomas Huiban et Matthieu LeSenechal. Des multi-instrumentistes, même si le premier se consacre davantage à la guitare et le second aux drums, quand ils ne s’appliquent pas aux claviers. Lisa Papineau ? Je confesse très mal connaître cette artiste. Et même pas du tout. Jusqu’à ce soir. En outre, en consultant sa bio, je me suis senti quelque peu embarrassé. Et pour cause, elle a posé sa voix sur des albums de Dan The Automator, Beck, Money Mark (le claviériste des Beastie Boys), les Rentals, Tim Commerford (le bassiste de Rage Against The Machine), Adrian Terrazas -González (flutiste/saxophoniste/clarinettiste/percussionniste chez Mars Volta), Air, M83 ou encore Scenario Rock. Elle a en outre, sévi chez Big Sir et Pet. Et vient d’enregistrer son deuxième opus solo, un disque pour lequel elle a reçu le concours de Matthieu Boogaerts et… de Mark Eitzel. Enfin, elle est également impliquée dans l’univers du cinéma, puisqu’elle a coproduit le film « Teason Island », un long métrage récompensé par un ‘Award’.

Première constatation, lorsque le trio monte sur les planches : ce ne sont pas des seconds couteaux. Et pour cause… Les deux ‘frenchies’ sont d’excellents instrumentistes et assurent les backing vocaux sans le moindre complexe. Lisa se charge circonstanciellement de claviers. Ou plus exactement, elle les poignarde ( ?!?!?) en enfonçant profondément et frénétiquement ses doigt dans les touches de ses synthés. Physiquement, elle affiche encore moins de formes que Jane Birkin (NDR : pourtant, certaines photos diffusées sur le net, lui conféraient des charmes bien féminins…) Filiforme ou anorexique, elle me fait penser à un fil de fer qui se cambre, convulse et vibre dès que les émotions gagnent en intensité. Des émotions qui émanent de son timbre de voix absolument remarquable. Un timbre bluesy, torturé, ample et bouleversant. On comprend mieux ainsi toutes les sollicitations antérieures, dont elle a fait l’objet. Quant à la musique, elle évolue au sein d’un cocktail de trip hop, de jazz, d’électro et de lounge. Des influences? A tout hasard : Massive Attack, Stereolab, 10 000 Maniacs voire Everything But The Girl. Et vers la fin du set, Mark Eitzel vient partager un duo en compagnie de Lisa, une chanson au cours de laquelle leurs timbres se conjuguent à merveille. 30 minutes pour convaincre : pari réussi !

Finalement, il n’y avait qu’une centaine de personnes pour assister au concert d’American Music Club. Dont le line up a donc changé. En fait, la section rythmique. Elle est aujourd’hui constituée de Steve Didelot aux drums et de Sean Hoffman à la basse. C’est ce dernier qui campe au beau milieu de la scène. Coiffé d’une casquette de pêcheur baltique, Vudi se poste à gauche. Et Mark à droite. Costard marron, chapeau bien vissé sur la tête, barbe de loup de mer, il est paré pour affronter un gros grain déboulant du large…

Le quatuor ouvre les hostilités par « All my love », un extrait du dernier elpee, « The golden age ». Plusieurs compos (« Windows of the world », « All the lost souls welcome you to San Francisco » et « I know that’s not really you ») alimenteront leur repertoire. Une setlist au sein de laquelle on remarquera également la présence de ‘classiques’ comme “Home”, “Wish the world away”, “The revolving door”, le très rock’n roll “Hello Amsterdam”, “Western sky”, “Blue and grey shirt” et en final un fantastique et terriblement électrique “Johnny Mathis’ feet”, issu du meilleur album d’AMC paru à ce jour, « Mercury ». Et si Mark troque de temps à autre sa six cordes contre une sèche, les versions sont beaucoup plus percutantes et même chargées de feedback. Faut dire que les rafales tempétueuses, tourbillonnantes, distordues, croustillantes, dispensées par Vudi y sont sans doute pour quelque chose. A cet instant, on a l’impression de lutter contre des bourrasques orageuses aussi vivifiantes que sauvages. Le timbre vocal d’Eitzel oscille entre le falsetto et le baryton âpre, trempé dans le whiskey. Mais quand il chante, le monde semble s’arrêter. Entre les morceaux, Mark plaisante avec le public. Il allie gestuelle et mimiques théâtrales. Derrière ses drums, Steve privilégie la caisse claire alors que Sean apporte une légère touche jazzyfiante aux compos. Parfois aussi, on a l’impression d’être bercé au sein d’un cocon de mélancolie douce et enchanteresse. Et pourtant, les lyrics de Mark sont rarement optimistes. Souvent grinçants, ténébreux, caustiques. Mais surtout signés de sa plume : une des plus belles qui soit encore de ce monde, aux States.

En rappel Mark et Vudi viennent interpréter « Jesus’hands » en acoustique. Une version confessionnelle, introvertie, dramatique. Et de revenir une seconde fois, toujours sous la même formule, avant de prendre congé de l’audience. Il est 23h30. Le temps a passé trop vite. Dehors, la pluie a cessé de tomber et le vent s’est calmé.

 
Organisation 4AD