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Meril Wubslin fait ça… et dans la langue de Molière…

Fondée en 2010 par Christian Garcia-Gaucher (BE/CH) et Valérie Niederoest (CH), Meril Wubslin est une formation belgo-suisse dont la musique est décrite comme lo-fi-folk-sci-fi-psyché-transe. Duo à l’origine, elle est passée à un trio en 2015, à la suite de…

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Dernier concert - festival

Shaka Ponk - 14/03/2024
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Concerts

Coldplay

Le reflet d'un bonheur fugace, mais intense...

Écrit par

Il y avait longtemps que je n'avais plus vu autant de monde à Forest National. Si mes souvenirs sont exacts, c'était lors d'un concert de Depeche Mode. En 1997. Celui des britanniques Coldplay était bien évidemment sold out. Même le poulailler était plus que copieusement garni. Malheureusement, je n'ai pu assister qu'à la fin du set accordé par le supporting act, en l'occurrence Idlewild. Un retard provoqué par les travaux, les embouteillages et le temps nécessaire pour trouver une place de parking...

Mais venons-en à Coldplay. Première constatation, le light show est tout bonnement remarquable. Plusieurs écrans restituent, tant au dessus que derrière le groupe, les prestations individuelles des musiciens. Tantôt en couleurs, tantôt en noir et blanc. A l'instar de ce que U2 avait utilisé lors de son 'Elevation tour'. Sans oublier les stroboscopes et les lasers. Lors du rappel, un de ceux-ci va même projeter un ciel jaune virtuel, où les nuages circulent, juste au-dessus du public. Magique !

Ah oui, et le concert alors ? Somptueux, tout simplement ! Pourtant, après quelques morceaux, j'ai eu un peu peur, que la formation se contente de reproduire méthodiquement les plages de ses deux albums. Un peu comme le groupe l'avait fait lors de son dernier passage à l'AB. Une impression qui a duré 20 bonnes minutes. Et puis Coldplay s'est totalement libéré. Alternant chansons issues de ses deux opus, Chris Martin passe du piano à la guitare sèche ou électrique, comme si c'était déjà un vieux briscard. Assis derrière les ivoires, il ne tient pas en place. Debout, il saute d'un côté à l'autre de la scène. Aussi lorsque l'intensité électrique jaillit, c'est toute l'assistance qui s'enflamme. Et je pense tout particulièrement à cette interprétation flamboyante de « One I Love », issue du single « In my place », qui m'a rappelé les meilleurs moments de House Of Love. Faut dire que Jon Buckland, le guitariste, y met la gomme. Chris s'excuse de ne pas trop bien parler dans la langue de Molière. Mais il le fait avec une telle candeur, qu'on en tombe sous le charme. Sa voix est bourrée de feeling et correspond parfaitement au profil romantique de ses chansons. Mais, il a pris de la bouteille et tourne le micro vers le public pour le laisser reprendre en chœur ses plus belles mélodies. Des moments d'émotion indescriptibles pour les aficionados. Et n'oublions pas pour autant le travail de Guy Berryman à la basse et de Will Champion aux drums, une redoutable section rythmique décidée à ne laisser déraper le concert que si elle le contrôle. Une bonne heure trente-cinq plus tard, y compris le rappel, on pouvait lire sur le visage des spectateurs le reflet d'un bonheur fugace, mais intense. Comme quoi le rock ça peut rendre encore heureux.

Après un tel set, je me suis juste posé une question : celle de savoir si le groupe avait encore l'intention de grandir et risquer de perdre sa spontanéité juvénile, ou alors de conserver sa dimension humaine. Je n'ai pas la réponse, mais j'ai toujours en mémoire des (mauvais) exemples de groupes, qui au sommet de leur art, ont oublié qu'il fallait aussi se renouveler. Pensez à Simple Minds. Et même à Radiohead, qui à une certaine époque, a failli tomber dans le piège. Croisons les doigts pour que l'histoire ne soit pas un éternel recommencement.

 

Add N To (X)

Un seul être vous manque...

Add N To (X) en concert, c’est une orgie de sons vintage, au croisement de l’avant-garde électronique et du rock le plus garage. Leur nouvel album, « Loud Like Nature », sonne d’ailleurs comme du Stooges kraftwerkien : des guitares, des refrains, des mélodies, mais passés à la moulinette d’une électro « rétro-futuriste ». entendez par là une électro faite avec de vieux synthés trouvés aux puces, des machines ancestrales truffées de boutons de toutes les couleurs, qui font « wizzz » et « tuuut » quand on les tourne dans tous les sens.

En concert, le trio est accompagné d’un guitariste, d’un bassiste et d’un batteur. De quoi donner davantage de punch et d’envergure à leurs ritournelles sexy. Malheureusement, cette fois-ci, leur prestation ne fut pas à la hauteur de nos attentes. Sans doute était-ce dû à l’absence de la charmante Ann Shenton, dont la vigoureuse poigne (comme elle triture ces synthés !) donne d’habitude une couleur « sensuelle » aux délires bruitistes de Steve Claydon et Barry 7, ses deux comparses particulièrement frappés du ciboulot. Add N To (X) sans les déhanchements fantasques d’Ann Shenton (cette main baladeuse qui caresse le theremin !), c’est un peu comme Boss Hog sans Christina, Nashville Pussy sans sa bassiste, Mazzy Star sans Hope Sandoval : triste et sans saveur. D’autant plus qu’en son absence, ces deux compères n’auront pas hésité à pousser le volume à fond et à gueuler comme la créature de Frankestein, entraînant l’exaspération du public et, par là, son indifférence. Au programme : que des titres du nouvel album, à part ce « Metal Fingers In My Body » toujours aussi bandant. Un peu court, comme orgasme… Surtout sans les clins d’œil aguicheurs d’Ann déguisée en cow-girl de la Planète Mars. « Plug Me In », qu’elle disait. Pfff.

The Faint

Leur horloge s'est arrêtée il y a vingt ans...

Aaargh, la cold-wave est de retour ! The Faint n'a plus écouté de musique depuis 1982, à l'époque ou Human League et Front 242 faisaient un tabac dans les clubs de Mouscron et de Detroit. De l'EBM qu'ils appelaient même ça ! Les saligauds, v'là-t-y pas qu'ils nous refont le coup comme en 40, avec les combat shoes et les tenues en treillis ! Ce beat ! Ces poses ! Cette voix ! Mais que diable, serions-nous au Steeple Chase de Waregem à danser sur Wumpscut, en balayant le sol de nos cheveux longs corbeau, les poings fermés se balançant d'avant en arrière ? The Faint ? Chouette alors, on se sent rajeunir, et pour ceux qui n'était pas nés, voilà une belle entrée en matière dans le fabuleux monde des années 80 ! Elektroklash meets Billy Idol, pour qu'ils comprennent mieux. Ah ouaiiis ! The Faint : le groupe qu'on aimerait ne pas aimer. « Danse Macabre » (NDR : ce titre !) est en vente chez tous les bons disquaires).

Radio 4 : on en a déjà parlé. Le punk funk, cette tendance rétro qui replonge dans le début des années 80, à l'époque ou Gang Of Four, A Certain Ratio et co. faisaient danser l'undergound avec leur mix de rock abrasif et de grosses basses frétillantes. Mais le public serait-il venu pour The Faint et son EBM figé dans le temps ? A voir l'ambiance (nulle) et les gens qui dansaient (personne), on se dit que Radio 4 s'est trompé de salle. Pourtant, leur « Gotham ! » est une pure merveille de rock dansant, produit par un duo de choc composé de Murphy et de Goldsworthy, alias DFA. Liars, The Rapture, c'est aussi eux. Bon, patience : un « Dance To The Underground » devrait embraser la salle en un quart de tour. Raté : « On se croirait presque à New York », ironise Anthony Roman, le chanteur-bassiste. Un petit rappel pour être polis (avec deux chansons de leur premier album, « The New Song And Dance » et le fameux « Certain Tragedy »), et puis Radio 4 met les voiles. Triste… Que dire de plus ?

Sparta

Il y a bien une vie après At the Drive-In...

Né des cendres encore brûlantes du combo texan At The Drive-In, Sparta dégage une énergie tout aussi incandescente. C'est que sa musique, du rock sans fard et sans compromis, rappelle fort ce qui avait fait d'At The Drive-In il y a deux ans la nouvelle coqueluche des amateurs de riffs bien corsés et de mélodies rentre-dedans. "Relationship of Command" était l'album de réconciliation avec un rock qui tournait alors en rond, coincé entre les jérémiades post-pop d'un Thom Yorke et le nu-métal prévisible de toute une flopée d'apaches à casquette rouge. Malheureusement, les épaules de ces Texans aux cheveux afro étaient trop frêles pour supporter toute cette pression - bombardés sauveurs du rock, ils étaient devenus des bêtes de foire médiatiques, et leur hargne (vite devenue légendaire en concert) d'en prendre un sacré coup, de partir en fumée comme un mauvais rêve. KO, au tapis, les Texans n'avaient plus le choix que de déposer les armes, de ranger les guitares, au moins pour cette fois, le futur nous réservant parfois de fabuleux come-backs.

Deux ans plus tard, toujours pas d'At The Drive-In à l'horizon, mais trois groupes qui reprennent vaillamment le flambeau - chez les rockeurs les plus furibards, on ne tue pas Goliath d'un seul coup de pierre, même si celui-ci avait pris l'allure inquiétante d'une reconnaissance unanime, jamais bon quand on veut garder la tête froide. At the Drive-in est mort ? Vive Sparta, Mars Volta et De Facto !

Aussitôt l'armistice rock déclarée, voilà qu'Omar et Cédric étaient ainsi de retour il y a quelques mois avec Mars Volta, de l'At the Drive-in relooké progressif, voire dub (mais moins que De Facto). On les redécouvrait ainsi le 22 mars dernier, au Pianofabriek, pour un concert en grandes pompes, court mais pas à court d'idées, au cours duquel les deux ex-leaders du Drive-In montrèrent encore une fois à qui voulait l'entendre qu'ils étaient bien là et pas las, et qu'il faudrait encore compter sur eux, foi de Texans ! Quant aux restes du groupe d'origine, les revoilà aussi dans les bacs, avec un nouveau nom, Sparta, et un maxi augurant du meilleur. Ici, on nage davantage dans les eaux empruntées jadis : c'est du rock bien serré, tendance Fugazi, de l'EMO avec des tripes, du post-punk mais sans trop d'attitude.

Fébrile, le public a l'impression d'enfin l'avoir, ce concert d'At The Drive-in, annulé pour cause de fatigue il y a deux ans au Muziek-O-Droom… Difficile de dire si Sparta reprend les ingrédients live qui avaient faits le succès de leur groupe d'avant, puisque personne ne les aura jamais vu en Belgique… Toujours est-il que ça chauffe, ça vibre, ça décoiffe : les mélodies rappellent le meilleur de "Relationship of Command", les riffs sont inventifs, la voix oscille toujours entre violence rentrée et détente explosive - hardcore. En moins d'une heure, Sparta aura prouvé qu'il y a bien une vie après At the Drive-In… Leur chanson "Mye" se pose ainsi comme le testament d'un groupe qui aura eu la vie dure, mais qui aura ouvert la voie à ce revival rock'n'roll cuvée 2001-2002. Finalement, autant reprendre les choses là où ils les avaient laissées, et d'affirmer que sans eux, peut-être, les rockeurs en blousons noirs vus et entendus partout ces derniers mois seraient toujours occupés à répéter dans leur cave et à poser devant la glace de leur salle de bain.

Etienne Daho

Les Cygnes de Daho…

Écrit par

Il y a déjà quelques mois que le concert d’Etienne Daho, prévu à la Maison de la Culture de Tournai, était sold out. Et la majorité du public présent ce samedi soir, était constitué de fans. Juste avant d’entrer dans la salle on me signifie que les photos sont interdites, même à l’aide d’un GSM. Sachant que l’intéressé n’accorde pas d’interviews aux websites et que son dernier album (« L’invitation ») est plutôt mou du coude, mon esprit critique est soudainement entré en effervescence. Dehors, la température est estivale. A l’intérieur de la salle, plutôt tropicale. Une frange du public commence à battre des mains…

20h45, toute la troupe entre en scène, et entame son intro basée sur le single « L’invitation ». Au bout d’une trentaine de secondes, la musique s’arrête et Daho, combinaison en cuir noir, largement échancrée au niveau du cou (NDR : pour exhiber le haut de son torse), prend la parole. Il remercie les nombreux aficionados venus l’applaudir ce soir, et caresse quelque peu le public tournaisien, dans le sens du poil, en le qualifiant de chaud comme la braise. Rien de tel pour faire monter la température de quelques degrés supplémentaires.

Sept musiciens accompagnent l’artiste. Ceux situés à l’arrière-plan, sont divisés en trois sections. Et disposés sur des socles. Le drummer à gauche. Trois demoiselles à droite en tenue de soirée : deux violonistes et une contrebassiste. Et le bassiste au centre, qui redescend circonstanciellement sur les planches, tout en fixant bien son espace dévolu. D’ailleurs, bien que se dandinant constamment, ses pieds semblent enracinés au sol. A gauche de Daho, Jean-Paul Rouve se charge des parties de guitare, alors qu’à sa droite, le claviériste passe régulièrement à la six cordes. Entre la plupart des morceaux, l’artiste présente ses chansons. En toute simplicité et humilité. Il nous parle de ses débuts accomplis sur la scène musicale rennaise, de Marianne Faithfull en compagnie de laquelle il avait bossé, de sa jeunesse dissipée, de difficultés à trouver parfois ses textes. Et n’oublie pas de présenter ses musiciens. En fait, Daho est un véritable autobiographe ; et c’est souvent son vécu qui transparaît à travers ses poésies.

Le tracklisting alterne compos issues de son dernier opus et ses inévitables tubes. Et surprise, ce sont ses compos les plus mélancoliques qui passent le mieux la rampe. « Cet air étrange », « Les fleurs de l’interdit », « Un merveilleux été », « Sur mon cou » (en n’oubliant pas de rappeler qu’il s’agit d’une mise en musique opérée par Hélène Martin, d’un poème de Genet sur la condamnation à mort) ou encore « Boulevard des Capucines ». On est d’autant plus étonné, que ce type de compo manque singulièrement de relief sur son dernier opus. En fait, c’est le trio de cordes qui leur donne une nouvelle dimension. Il les booste même aussi majestueusement qu’efficacement. Tout en plaçant régulièrement la cerise sur le gâteau en fin de parcours. Et pour en remettre une couche, lorsque Daho colore ses compos de r&b de type ‘stax’ ou ‘tamla motown’ (NDR : notamment « L’enfer enfin » et « Obsession » caractérisés par ses jeux de lumières incandescents), c’est encore le trio qui parachève les morceaux. A cause de leurs interventions redoutables, effilées, incisives et vertigineuses, qu’elles dispensent tout en manifestant, par leurs déhanchements, une sensualité d’un grand esthétisme (NDR : comparable à des cygnes !) On relèvera encore deux superbes versions de « Des heures indoues » et « Le premier jour (du reste de ta vie) », au cours desquelles les deux guitaristes sont passés à l’acoustique, ainsi que l’inévitable single « L’invitation » – achevant le corps du concert– et ses handclaps hispaniques, auxquels la foule participe allègrement. Un tracklisting, entrecoupé des inévitables tubes : « Des attractions désastres », « Saudade », « Rendez-vous à Vedra » et autre « Epaule Tatto », etc. invitant le public à se lever pour frapper des mains ou pour reprendre en chœur les refrains. A mon humble avis, les moments du set les moins intéressants (NDR : quoique ceux qui recueilleront le plus de succès), d’autant qu’imprimés sur un tempo binaire, tout bêtement disco. Mais on retiendra également le superbe light show dominé par les lumières blanches. En particulier des lasers pivotants. Ainsi que de hautes colonnes de spots pilotées par un chenillard. Sans oublier un écran placé derrière la formation, sur lequel seront projetées des images d’une grande sobriété, parfois simplement celles des musiciens, le plus souvent en noir et blanc.

Deux rappels seront accordés. Daho y interprétera notamment « Promesses », la reprise du « Mon manège à moi » d’Edith Piaf, « Week end à Rome », au cours duquel le public va se substituer à l’artiste au chant et un remarquable « Cap Falcon », achevant la prestation dans le charme du romantisme et de la mélancolie. Remerciements chaleureux de l’équipe ; nouvelle salve d’applaudissements pour solliciter un nouvel encore, qui ne viendra plus. Mais après plus de deux heures de spectacle, il n’y avait manifestement pas de motif de se plaindre…

Organisation : Maison de la Culture de Tournai

 

 

Múm

Mieux que toutes les prières : une bénédiction...

Après un passage remarqué à l'AB il y a quelques mois, les Islandais de Mum étaient de retour chez nous, pour un concert de toute beauté, qu'on n'oubliera pas de si tôt. Il est vrai que leur dernier album, « Finally We Are No One », est une petite perle d'électronique fragile et veloutée – une constante chez les artistes de cette île coincée entre la banquise et le Nord de notre continent, de Björk à Sigur Ros.

En première partie, un quintette déjanté, Beauty Queens, sorte d'orchestre pour bals populaires du Pôle Nord, au cours desquels on danserait davantage sur Gus Gus, Jimi Tenor et Royksopp que sur Sardou et André Rieu, nous a beaucoup amusés. Le morceau qui ouvrit les festivités ressemblait d'ailleurs étrangement à du Mum. Mais du Mum sous influences éthyliques ; un peu comme si les voix des deux frêles chanteuses avaient été remplacées des logorrhées d'esquimaux ayant bu trop de vin chaud. Une mise en bouche récréative, mais surtout idéale avant de déguster un  plat consistant particulièrement appétissant.

En une heure, Mum a revisité son dernier album avec maestro et finesse. Seuls les instrumentaux pâliront d'une mise en son parfois légèrement approximative, souci vite oublié par la splendeur de leurs arrangements et le charme des deux elfes à la voix enfantine. En bâtissant des miniatures électro-acoustiques d'une poésie pleine de magie, Mum se pose comme le groupe de nos rêves éveillés. Les bouches bées de toute l'assemblée venue se recueillir, et les tonnerres d'applaudissements déclenchés à l'issue de chaque morceau, en sont les plus beaux témoignages. La musique de Mum côtoie les anges. Mum… mieux que toutes les prières : une bénédiction.

 

Black Rebel Motorcycle Club

Miracle californien?

New York Dolls, Stooges, AC/DC,… Le DJ balance la grosse artillerie pour faire mousser la foule, venue en masse ce soir-là pour accueillir comme il se doit les nouveaux messies du rock'n'roll (oui, encore !), compagnons d'équipée d'Angus Young, de Jim Morrison et de Jason Pierce. Leur nom : les Black Rebel Motorcycle Club, un trio de Californiens fort en gueule, dont le nom est emprunté aux loubards à perfecto du film The Wild One. Et c'est vrai qu'à les voir sur scène, on les imagine bien chevaucher une grosse cylindrée sur les routes poussiéreuses de l'Amérique profonde, avec Steppenwolf comme bande son idéale et les disques du Velvet bien planqués dans le coffre de leur siège…

Un concert du Black Rebel Motorcycle Club, c'est donc une chevauchée fantastique à travers l'histoire cahoteuse du rock'n'roll de l'Oncle Sam, d'Iggy aux Strokes, de Slade aux Dandy Warhols. Sur scène, les guitares en vrille, la batterie épileptique, le chant névrosé et plaintif, tout cela concourt à faire de leur musique une descente hypnotique dans les tréfonds les plus fiévreux de notre inconscient. Pourtant, l'impression d'avoir déjà entendu cette voix, ces riffs quelque part (Joy Division, Stone Roses, Primal Scream,... ?) angoisse, inquiète, déstabilise, mais les volutes psychédéliques et les refrains en boucle finiront par nous tétaniser, et la musique des BRMC de se transformer alors en expérience extatique digne de celles des Merry Pranksters. En déployant leurs morceaux en spirales interminables de reverbs sous LSD, les Black Rebel Motorcycle Club nous entraînent dans un trip hallucinant, à bord duquel le Grateful Dead taperait une jam' avec Frank Black et Bez des Happy Mondays. What ever happened to my rock'n'roll ? ", chante le guitariste en fin de concert… C'est simple, mon vieux, il lui est juste arrivé un petit miracle, et ce miracle, il nous vient de Californie.

Miossec

Une vulgaire piquette...

C'est dans le cadre du festival itinérant " Les Jeux " que les deux Français (Christophe) Miossec et Dominique A(né) sont venus nous rendre visite, dans une ambiance d'abord bon enfant mais qui tomba très vite dans le mauvais trip breton, tendance Manau à la foire de Libramont. Dans le rôle du bœuf très beauf : Miossec, dont la musique ce soir-là n'eut pour unique intérêt que mieux nous faire aimer ses deux supports acts, bien plus électrifiants que n'importe laquelle de ses mélodies bancales qui sentent la bière et le mauvais déo.

Amor Belhom Duo est en fait un trio qui marie ambiance moite proche des westerns crépusculaires de Sam Peckinpah et charme vénéneux distillé au compte-gouttes par des musiciens parents des frères Burns de Calexico. Au croisement d'un post-rockabilly fiévreux et d'une pop à la française pleine d'échos du Middle West, la musique de ce trio parvint à nous enivrer mais pas à nous saouler, contrairement à celle du malheureux Breton mentionné plus haut.

Autre fièvre pleine de folie mais sans delirium, le concert de Dominique A : supporté par Sacha Toorop à la batterie (Zop Hopop) et l'ancien guitariste de… l'ivrogne suscritiqué, l'homme au crâne rasé tétanisa l'assemblée par ses chansons toute tension dehors, des ballades écorchées vives sans cesse sur le fil du rasoir, qui vous font chavirer par leur beauté à fleur de peau. A cet égard, la chanson qui clôtura ce concert magnifique, " Pour la peau ", est sans doute l'une des plus belles de Dominique A, bien loin des misanthropies faciles de son avant-dernier album " Remué ".

Ensuite, les choses se gâtèrent : bourré comme toute la Bretagne, le piètre troubadour des A. A. entra dans l'arène, prêt à décocher ses petites phrases assassines en roulant ses " r " comme le fit jadis Brassens et Gainsbourg, mais en mieux. Car les deux chanteurs, auxquels le petit monsieur de ce soir doit vouer beaucoup d'admiration, avaient, eux, de la classe, et respectaient leur public. Le petit Miossec n'en à rien à cirer des gens qui viennent l'acclamer (et le pire, c'est que tous en redemandaient) : ses chansons de troquet boitent et se plantent, et même si les musiciens qui l'accompagnent feront de leur mieux pour sauvegarder les meubles, le petit chanteur coulera à pic. La vérité est dans le vin, dit-on… La vérité, c'est que, le vin aidant, Miossec est devenu égoïste, suffisant et vulgaire, et sa musique une soupe celtique servie froide et sans sel. Désolant.

The Strokes

L'ouragan Strokes

C'était le concert le plus attendu de ce début d'année, et pour cause : l'ouragan Strokes déboulait enfin sur notre petit royaume, après des mois d'attente et de surenchère médiatique, alors que le disque trouve seulement maintenant sa place dans les hits parade. On a déjà tout dit et tout écrit sur les Strokes : révélation de l'année 2001, sauveurs du rock, nouvelles stars (r)allumeuses de la flamme CBGB,… Autant dire que c'était la foule des grands jours qui se pressait dans le hall de l'AB, de la bimbo m'as-tu-vu au vieux rockeur venu prendre un bain de décibels et de jouvence.

En première partie, le duo électro-cheap Stereo Total donnera sa version trash d' ‘Un gars, une fille’, mélangeant pop francophile et synthés vintage dans un joyeux bordel rétro futuriste, comme si Bécassine flirtait avec Albator en dansant sur Fisherspooner dans une boîte SM.

Quant aux Strokes, eh bien… C'était gargantuesque. En une heure, l'ouragan aura tout dévasté sur son passage, laissant un public pantois et ravi, exténué par tant d'énergie, impressionné par tant de maîtrise. Sans pause ni commentaires, les 5 membres soudés du groupe enchaînent les chansons à la vitesse V-V', de " Hard to explain " à " Is This It ", avec des pics d'éclate et de décharge électriques pendant " New York City Cops ", " Last Nite " et le final, proprement stupéfiant de hargne, " Take it or leave it ". Deux ou trois inédits auront quand même calmé le jeu, dont une première écoute laisse perplexe mais pas inquiet : les Strokes tiennent bien le rock par le bon bout, et nous avec. De là à dire qu'il s'agit d'un groupe fait pour durer et non d'un buzz éclair, il y a quand même de la marge… Mais le rock n'est-il pas par essence éphémère, ses artistes cultes traversant son histoire tels des étoiles filantes qui disparaissent au moment où on croit les apercevoir ? Take it or leave it, disent les Strokes aux indécis de la salle, l'œil goguenard devant ce grand cirque du rock'n'roll dont ils sont à la fois les auteurs et les victimes. Mais n'est-ce pas jubilatoire de se laisser aller, parfois, à tant de hardeur juvénile et salvatrice ? Les Strokes, eux, l'ont bien compris.

Death In Vegas

Le scorpion se serait-il mordu la queue ?

Pour beaucoup, Death In Vegas, c'est un peu le futur du rock : en imposant ses rythmiques électroniques sur des ambiances garage, avec Liam Gallagher, Iggy Pop et Hope Sandoval se prêtant au jeu des chaises musicales (ou plutôt vocales), Death In Vegas tente, comme Primal Scream, The Rapture ou Add N To (X), le pari fou d'être à la fois respecté par les fans de rock et les fans d'électro. C'était l'occasion, en ce réveillon d'Halloween, de juger sur place : au Bota, en live, dans une salle « sold out ». Pas de chance, car cette fois-ci, les Anglais n'ont pas vraiment conquis : mous du genou, Tim Holmes et Richard Fearless, accompagnés de quatre musiciens, auront certes balancé la sauce (de « Leather/Girls » au tubesque « Hands Around My Throat »), mais sans chaleur ni sueur. Manque d'âme, de sexe, d'ambiance : en aucun moment, ce concert n'aura décollé vers les hautes cimes que le groupe atteint facilement sur disques. D'autant plus que sans les voix de tous ces chanteurs qui font la classe de titres comme « Scorpio Rising » ou « So You Say You Lost Your Baby » (respectivement Liam Gallagher et Paul Weller), on est en droit d'être déçu. Le scorpion se serait-il mordu la queue ? On laisse à Death In Vegas le bénéfice du doute. En espérant que la prochaine fois sera la bonne.