La substitution d’Edouard van Praet

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La douce fantaisie de Spell Trouble…

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Concerts

Vive La Fête

Lune de miel...

Soirée branchée au Vooruit dédiée au couple le plus sexy de la scène belge : Els Pynoo et Danny Mommens, alias Vive La Fête. Une célébration haute en couleurs pour fêter comme il se doit la sortie de leur troisième album, « Nuit Blanche », un concentré gratiné d'électro-kitsch (« kitsch-pop », selon leurs propres dires) et de new wave curesque, « very fashion indeed ». Le gratin de la populace « aware » de Flandre dans la salle (de Tom Barman à Michel Gaubert de chez Colete, tous deux en DJ sets avant et après le concert) s'était donné rendez-vous pour venir applaudir les deux tourtereaux, en forme olympique. Tenue velcro pour Els, « made in Kortrijk », et maquillage 80's pour Danny le Rouge : le look « Vive La Fête » se veut « tendance »… Comme celui du public, bigarré : coupes iroquoises, badges has been et regards « m'as-tu-vu ». Une « Nuit Blanche », donc : prévus à minuit, Vive La Fête aura un peu de retard…

Els et Danny sont entourés d'un nouveau groupe : exit Jules de Borgher et Piet Jorens, les nouveaux comparses se veulent plus anonymes, quoique peinturlurés comme Danny, « à l'apache » (les yeux barrés d'une grosse ligne bordeaux). Peu d'anciens morceaux, puisqu'il s'agit d'une sorte de show-case : seuls « Tokyo » et un « Je suis malade » à rallonge auront été joués à l'emporte-pièce, comme si l'ancien Vive La Fête n'était qu'un vieux souvenir… Plus que jamais, le groupe se réduit aux deux amoureux, dont les regards complices ne laissent d'ailleurs aucun doute quant à la passion qui les unit. Malgré les poses, malgré les paillettes, ces deux-là savent rester sincères, envers eux-mêmes et envers le public. Les remerciements se veulent chaleureux, et l'ambiance bon enfant. Tout l'album sera passé en revue, avec quelques points forts : un « Touche pas » d'anthologie à la sauce hip hop (avec un invité rapper), deux reprises magiques (« Banana Split » et « I Feel Love », celle-ci susurrée pendant plus d'un quart d'heure (celui de la gloire) par des volontaires dans la salle, à qui Danny prêtait chaleureusement le micro), sans oublier ce « Maquillage » déjà connu des aficionados du groupe… Deux bides, cependant : les problèmes du micro d'Els à la moitié du concert, et ce jam déplacé de Danny avec Luc Devos de Gorki, en toute fin de prestation… Qu'à cela ne tienne, Els et Danny auront prouvé, une fois de plus, qu'ils savent mettre le feu ailleurs que sur les catwalks de Karl Lagerfeld, et « en français dans le texte », dames en heren !

Arab Strap

En voie de guérison...

On l'a déjà dit : Arab Strap n'est plus ce duo de vils alcooliques chantant d'une voix morne de tristes histoires de cul sur fond de folk malade et renfrogné. Depuis peu, Arab Strap écrit des chansons avec des violons (l'album « Monday at the Hug & Pint ») et reprend AC/DC. Sur scène, Malcolm Middleton et Aidan Moffat sont entourés de tout un groupe, avec même une fille dedans, qui joue au violoncelle. D'accord, on n'est pas encore chez Belle and Sebastian : même si les airs se font plus enjoués, Arab Strap parle toujours de trucs plus ou moins glauques, et le chant traîne encore un peu la patte. Il y en a qui préfère. Nous pas. Avant, se taper Arab Strap en concert faisait partie de ces expériences à ne pas trop réitérer sous peine de se tirer une balle. Maintenant, ça passe. Grâce à des titres comme « The Shy Retirer », « Fucking Little Bastards » ou ces reprises pétaradantes, avec Moffat et Middleton se prenant pour les frères Young. L'ambiance de ce concert était donc plutôt bonne, et le public content de voir que ses idoles savent aussi rire et raconter des blagues (voire imiter Justin Timberlake). Espérons qu'à l'avenir ils ne touchent plus le fond et ne nous reviennent avec un album pas drôle, parce qu'alors ça sera sans nous. Les concerts, c'est quand même fait pour passer une bonne soirée, même s'il y aura toujours des masochistes à crier au génie quand un artiste vous met face à votre propre merde, en live ou sur disque. D'accord, ça peut être utile, mais pas un samedi soir, avant d'aller danser et draguer des filles.

 

 

 

 

Black Rebel Motorcycle Club

Pas dans son trip...

Seule date prévue dans notre pays pour les BRMC, qu'on avait vus trois fois l'année dernière, dont à l'AB Club pour un concert mémorable, tout en puissance et déliquescence psychédéliques. On attendait donc beaucoup de nos rebelles préférés en motocyclette, surtout que leur deuxième album, « Take Them On, On Your Own », confirme tout le bien qu'on pense d'eux. Pas de bol : ce concert fût décevant. Les raisons : l'heure tardive (23h), pas de première partie pour se mettre dans le bain, un light show et un son pourris – une torture pour les yeux et les oreilles. La setlist, pourtant, était parfaite : « Six Barrel Shotgun », « Stop », « US Government », « Spread Your Love » d'entrée, ça fait mal. Puis « Love Burns », « We're All In Love » et bien d'autres, malheureusement noyés dans un déluge d'overdubs qui finirent par annihiler toute tentative d'abandon sensoriel. D'habitude, les BRMC jouent à fond la carte de l'ambiance – fumigènes, obscurité, son tournoyant qui prend aux tripes. Cette fois, c'était pompon, d'autant plus que le public était lui aussi d'une raideur agaçante (beaucoup de m'as-tu-vu n'ayant guère d'affection pour le rock'n'roll, mais puisque c'est « aware »…). Rien n'y fera, même pas un « Whatever Happened To My Rock'n'Roll » incendiaire, pourtant un des meilleurs tubes « garage » de ces deux dernières années. Il faut dire que cette lumière blanche éclairant la salle entière, toutes les trente secondes, avaient de quoi refroidir le plus endurci des fans : sans cette frontière indispensable entre le public et le groupe (la salle en général plongée dans l'obscurité pour concentrer l'attention du public sur la scène), il devenait bien difficile de ne pas regarder les trois rockeurs comme un groupe en show case, jamais vraiment dans leur trip, et nous avec. Pas cool.

Hollywood P$$$ Stars

Hollywood, ses pornodollars et ses étoiles?

Redboy de My Little Cheap Dictaphone a la bougeotte : à peine a-t-on eu le temps de se familiariser avec « Music Drama » que le bonhomme nous revient déjà avec un nouveau groupe, plus rock, plus tendu, plus noisy, plus –core (sans parler de son troisième projet : Zythum…). Difficile pour l'instant de dire s'il s'agit d'une récréation juvénile pour notre ami liégeois… En tout cas s'il s'amuse, il le fait de fort belle manière : sur scène, ça déménage, le son est incisif, les compos bien troussées, la rage à peine contrôlée. Hollywood P$$$ Stars pourrait bien ainsi devenir le nouveau fleuron d'une scène rock wallonne de plus plus décomplexée (Elvis' Ghettoblaster, Austin Lace, Mud Flow, Girls In Hawaii, Nietzsche,…). Après avoir empoché le premier prix du Concours Circuit, le nouveau gang de Redboy (Eric à la basse, Anthony à la guitare et au chant, Benoît à la batterie) devrait donc refaire parler de lui dans les prochains mois, une fois ce premier EP (fort attendu) dans les bacs, prévu pour très bientôt (voir www.collectifjauneorange.net, dont le but est de promouvoir les musiciens liégeois « de manière indépendante et artisanale »).

Dommage qu'après telle révélation, les deux jumelles canadiennes Tegan & Sara soient venues gâcher la fête. Imaginez une sorte de couple siamois braillant un folk-rock poussif en singeant Melissa Etheridge : affreux.

Heureusement, les quatre Canadiens de Hot Hot Heat ne tarderont pas, après cet interlude regrettable, de bouter le feu à la Rotonde, avec leur punk-new wave né sur les cendres encore chaudes d'XTC, de Gang of Four et de Cure circa « Three Imaginary Boys ». Après quelques maxis confidentiels (dont l'excellent « Knock Knock Knock » produit par Chris Walla de Death Cab for Cutie), ces quatre jeunes teigneux au look hilare (le chanteur ressemble à un jeune Bruce Springsteen déjanté, et le guitariste au Nick Cave de Birthday Party) nous reviennent avec un premier album festif, « Make up the Breakdown ». Au programme : guitares funky, synthés acidulés et beats timbrés, comme si Robert Smith (cette voix !) s'était mis à jouer du Specials sur fond d'Elvis Costello. Dansant et énergique, le rock juteux d'Hot Hot Heat emballe dès les premières notes. Steve Bays chante avec conviction, la langue pendante et le buste collé à son synthé, en remuant tel un beau diable qui aurait des fourmis dans les jambes, et du poil à gratter dans le slip. « No, Not Now », « Get In or Get Out » et surtout « Bandages » (interdit aux USA durant la guerre parce qu'il parle de… pansements) se savourent avec délectation : de mémoire, on n'avait plus entendu de tubes pop-funk si convaincants depuis Weezer et The Rapture. Ces gars-là sont Hot, y a pas à dire…

My Morning Jacket

A en rester sans voix...

Soirée néo-country à l'AB, en compagnie de Centro-Matic, Saint Thomas et My Morning Jacket en fougueux cow-boys échappés de leurs bourgades désertiques, les cheveux pleins de sable et d'épines de cactus, ruminant leur rock emprunt d'americana sous les loupiotes de l'ABBOX.

Sous ce ciel étoilé d'une salle à moitié remplie, Will Jonhson brave très vite l'indifférence de début de soirée en enfilant les perles de « Love You Just The Same », le dernier album de son groupe Centro-Matic. Neil Young, figure tutélaire de tous ces jeunes mélodistes hors pair, veillera tout au long de ses trois heures intenses de concerts habités. Après 20 minutes, Centro-Matic finit par séduire le public, tout émoustillé par ces complaintes sudistes d'une limpidité enivrante.

Mais le vrai déluge viendra de My Morning Jacket, combo psyché-country d'une virtuosité et d'une hargne insolentes : Creedence Clearwater Revival, Flaming Lips, Pink Floyd, At The Drive-In, Pinback,… Les références se bousculent devant l'étendue des talents de Jim James et de ses quatre potes de Louisville. Et quels talents ! Marier ainsi la violence tourbillonnante du psychédélisme et la mélancolie bucolique de la country donne souvent pour résultat d'infâmes bouillons sans aucune magie. Chez My Morning Jacket c'est le contraire, et c'est magnifique. « It Still Moves », leur troisième album, est un chef d'œuvre. L'un des albums de l'année, pas moins… Mais ce soir, Jim James avait mal à la gorge, s'excusant après trois titres sublimes de ne pouvoir continuer à chanter sous peine de devenir aphone pour le restant de ses jours. Pourtant ce « Mahgeetah » en ouverture, qui justifie à lui tout seul l'achat de l'album, annonçait un concert grandiose. Et il le fût, en un certain sens… A condition d'accepter que même sans la voix magnifique de Jim James, My Morning Jacket est un grand groupe. Techniquement bluffant. Instrumentalement ahurissant. C'est là qu'on reconnaît le génie de ces types : même sans paroles, leur musique reste tout bonnement fantastique. Même s'il faut dire qu'on aurait préféré un concert normal… Mais au moins pourrons-nous dire qu'on a vu My Morning Jacket dans des conditions singulières. Pour leur prochain concert, Jim James nous a déjà promis d'être en forme, jusqu'à jouer « deux fois plus longtemps » pour se racheter une conduite. D'ici là, on se repassera en boucle « One Big Holiday » et « Easy Morning Rebel » en tapant du pied et en chantant nous-mêmes, avec l'espoir qu'un autre rhume ne dissipera pas toutes nos chances d'un jour voir ces rockeurs à 100 %… Quand même, quelle claque !

Et s'il y avait des récalcitrants dans la salle, leur déception n'aura pas été de longue durée, grâce à la prestation sympathique de Thomas Hansen, alias St Thomas, au club, en clôture de cette soirée déjantée. Le Norvégien, qu'on avait déjà vu ici même il y a plus d'un an en première partie de Lambchop, n'a rien perdu de son humour et de sa décontraction. Alternant les titres de ses deux albums (« I'm Coming Home » et « Hey Harmony »), notre cow-boy venu du froid aura vite fait de redonner un peu d'entrain aux plus déçus des fans de My Morning Jacket. Entre sa musique, de la néo-country mélancolique, et ses blagues potaches à l'accent scandinave, un monde : comme quoi on peut chanter des histoires de ruptures et puis en rire… C'est déjà ça de pris !

 

Lali Puna

En apesanteur...

Pendant tout un week-end, les Allemands de Notwist ont pris d'assaut l'AB avec tous leurs copains, pour deux soirées spéciales autour du groupe : films, clips, merchandising, DJ-sets, et surtout des concerts, de Notwist (en apothéose) et de leurs side projects (Console, Lali Puna, Ms John Soda, Tied & Tickled Trio, Couch). The Notwist, c'est donc une nébuleuse, une constellation : autour du groupe gravitent plusieurs formations qui ont toutes en commun cette propension à mixer indie pop et électro (de l'indietronica), émotion et technologie, impro et refrains chantés. En cela, The Notwist est une petite entreprise qui fonctionne plutôt bien : la « scène » dont le groupe s'est retrouvé fer de lance connaît un beau succès d'estime, en témoigne ce soir une AB bien remplie, alors qu'au début l'événement était prévu dans l'ABBOX.

 

C'est Couch qui ouvre les festivités, un trio rappelant Add (N) to X (une femme, aussi, aux claviers) et ces groupes de post-rock qui malmènent leurs guitares sans dire un mot. Les riffs sont répétitifs et la batterie reste calée sur le même rythme, provoquant chez leurs géniteurs une transe solitaire qui n'emporte que très peu de spectateurs. Une heure de concert, ce fût long, malgré quelques bons moments.

Arrive alors Lali Puna, qu'on a rarement le plaisir de voir en concert. Valerie Trebeljahr chante timidement, tandis que Markus Acher (chanteur-guitariste des Notwist) reste courbé sur sa guitare, l'air concentré ou l'esprit ailleurs. Des nouveaux morceaux, et quelques perles de « Scary World Theory », leur dernier album en date, un véritable petit joyau. En rappel, une reprise de « 40 Days » de Slowdive, qu'on retrouve sur la compile « Blue Skied An' Clear » du label Morr Music.

Vers 22h30, les Notwist entrent en scène. Il y a plus d'un an qu'on ne les a plus vus, depuis ce passage raté à Werchter, avec Arne Van Petegem en remplacement de Micha Acher et son plantage sur « Pick up the phone » (un grand moment). Cette fois, le groupe est au complet. Les hits y passent, surtout ceux de « Neon Golden » (à part un « Chemicals » un peu fade), plus quelques morceaux plus noisy, traces un peu crasses de leur passé d'ados tourmentés (les premiers albums). C'était là qu'en effet, le bât blessait : peut-être à cause d'un manque de répétition, d'une cuite à la bière belge ou d'un gros rhume chopé pendant le voyage, les quatre Allemands semblaient à côté de leurs pompes quand il s'agissait de jouer ensemble et de jongler avec les crescendo. Pendant ces morceaux rock, de longues plages de silence, avant l'explosion, cassaient tout rythme, et toute ambiance (n'est pas Mogwai qui veut). Un peu comme si on avait coupé le courant pendant quelques secondes (« Mais qui a éteint la musique ? », était la réaction la plus fréquente), avant de rebrancher les prises et de laisser les quatre Allemands faire leur boucan en totale discordance. Bizarre qu'après un an de tournée, deux albums excellents, The Notwist soit encore victime de telles imprécisions. A tel point qu'après trois-quarts d'heure de concert, l'attention du public n'était plus que polie (il était tard aussi), et l'ambiance de partir en couilles comme un vulgaire plat de nouilles. Pas glop.

Senor Coconut

En espagnol dans le texte...

Eh, hombre, tou connais Senor Coconut ? C'est uno artisto d'Allemagne qui fait des covers de Kraftwerk et de stars du rock'n'rolle, avec du cha-cha-cha et de la merenguo itou ! Harriba ! Ye ne tou dis que ça, cé terriblo ! Et les concertos, cé encore miou, de la musica del diablo ! Imagine une piou « The Robots » avec des musicos de la Chili, muchos percussionnes et vibraphone et tutti quanti ! Al Botanica, c'était la fiesta, surtout pendant « Tour de France » et « Beat It » de Maïchael Jacksone. Eh, Senor Coconut vient de sortir une nouvelle alboum, plein de nouvelles covers de Sade (« Smooth Operator »), The Doors (« Raïders on the Storm ») et Deep Pourple (« Smoke on the water »). Terriblé, amigo ! C'était fantastico, mais les gens y dansaient pas mucho buene, parce que vous, eh, Europeano, vous avez peur de bouger comme nous, « too bad for you », eh ! Pourtant, cé amusante d'entendre « Homecomputer », « Showroom Dummies » et « Music Non Stop » avec la musica bien de chez nous, pas vré hombre ! ? Tou dois te lâcher un petit piou si tou veux apprécier Senor Coconut ! C'est uno star chez nous, depuis qu'il vit au Chili, tu ne te rends pas compte, eh ! Allez, ye retourne écouter « Fiesta Songs » avec mes amis, hé ! La la la la la/We are the robots/ aye aye aye ! ! !

 

The Eighties Matchbox B-Line Disaster

Rock'n'roll...

Écrit par

Le décor est sombre. Au fond de la scène un drapeau arbore une tête de mort soulignée par un seul os. The Eighties Matchbox B-Line Disaster monte sur scène. Ils sont jeunes, très jeunes. Entre 18 et 25 ans. Les deux guitaristes arborent un look punk réminiscent des Sex Pistols. Le drummer me fait plutôt penser à un ancien membre des Stray Cats. Le bassiste à feu Richey James. Quant au chanteur, il ne dépareillerait pas dans un film consacré à la vie du Christ. Dans le rôle de Jésus, bien sûr. Sa longue chevelure noire, ses yeux perçants lui confèrent même un air de gourou…

Pas le temps de dire flip et la machine se met en route. Les images défilent : le chaos, le bruit, le désordre, le danger, la mort, le feu, la névrose, l'obsession, le désir, le feeling, la drogue, le sexe, l'enfer, le rock'n roll, le psychobilly, le punk, le gothique…  les morceaux s'enfilent… et le temps file… Guy Mc Knight est une véritable bête de scène. Il en fait voir de toutes les couleurs à son pied de micro. Son roadie le suit à la trace pour ramasser les morceaux. Porte son fil, lorsqu'il se jette au beau milieu du public. Dès qu'il entre en transe, tous ses membres frémissent. Lorsqu'il hurle, on a l'impression que les sons vomissent de son estomac. Mais lorsqu'il chante, il épouse un baryton puissant, dont le timbre me fait penser à Andrew Eldritch et les inflexions à Ian Curtis. D'ailleurs, Sisters of Mercy et Joy Division doivent avoir eu une influence sur le groupe. Mais aussi les Dead Kennedys, Birthday Party, les Stooges, les Cramps ou encore les Misfits, même si elles sont inconscientes. Postés de chaque côté de la scène les deux guitaristes conjuguent l'électricité avec une sauvagerie inouïe, mais sans jamais déraper. Le groove guttural de la basse et le drumming souple et particulièrement efficace de Tom Diamantepoulo balisent le flux sonore. C'est rock'n roll ! Après 40 minutes, The Eighties Matchbox B-Line Disaster dépose les armes. Et se barre. D'abord sonné, mais surtout ravi, le public en redemande. Ayant assisté à un set de la même trempe, lors des débuts de Manic Street Preachers, j'en ai tiré la conclusion qu'ils ne reviendraient pas. 20 minutes plus tard, toute la salle applaudissait encore… en vain !

 

 

Erlend Oye

Sans tambour ni trompettes...

Les soirées rock made in Namur sont toujours de qualité : c'est que la scène locale est soutenue par quantités d'associations actives et passionnées, telles le Bear Rock, pour n'en citer qu'une. Ce soir pourtant, pas de Namurois au programme. Peu importe... A Namur, on n'est pas chauvin : pour preuve avec le groupe d'ouverture, My Little Cheap Dictaphone, des Liégeois abonnés à la Soundstation. Ou plutôt un : Redboy, grand échalas fan des Pixies et de Grease qui nous a livré l'année dernière un premier album fantastique (« Music Drama »). Ca commence dur avec un « Am I Your Friend ? » survolté, qui met déjà tout le monde d'accord. Le reste passera comme une lettre à la poste, et le public d'être impressionné par ce Liégeois pro du manche, adepte d'un rock classe et sans fioritures. Chapeau Redboy : même les coincés au bar en auront pris plein les tympans, de quoi les détourner un peu de leur verre de blanche de Namur (cela dit onctueuse et goulue).

Ensuite, pause acoustique avec Erlend Oye, échappé de Kings of Convenience, duo norvégien venu sauver les guitares en bois de la casse  il y a deux ans, avec un album digne de ces bons vieux Simon & Garfunkel. « The New Acoustic Movement », qu'ils appelaient ça : sans doute qu'Erlend en a eu marre de se voir traité de bobo fleur bleue fan de Nick Drake, puisque son premier album, « Unrest », sent plutôt l'électro tendance de chez Colette (beats eighties, prod' béton et copinage hyper hype). N'empêche que ce soir, le Norvégien n'aura pas failli à sa vieille réputation, en entonnant ses morceaux seul à la guitare, sans claviers ni séquenceurs. Comme quoi, une chanson bien écrite peut se jouer aussi bien avec des BPMs que sans tambours ni trompettes (ou bien c'est le contraire ?). Et avec un petit « Remind Me » ressorti du répertoire de ses amis Royksopp (la voix, c'est lui), les buveurs de bière, un peu bruyants, l'auront au moins écouté trois minutes. Chapeau Erlend : t'as même fait craquer les minettes avec ta grosse moustache et tes lunettes ringardes. A quand le look Erlend branché dans les soirées aware de Bruxelles et d'ailleurs ?

Enfin, les Allemands de Schneider TM, plutôt pénibles dans une version pouet-pouet de leur électro pourtant pas si mauvaise, auront (presque) clôturé la soirée. C'est qu'Erlend, trendy jusqu'au bout, nous aura fait le coup du DJ-pousse disques à l'éclectisme sans failles : Michael Jackson, Wham !, Felix Da Housecat et j'en passe. Ce type est trop cool, y a pas de doute. Dommage qu'il n'aura mixé (sic) qu'une demi-heure, parce que c'était drôle, surtout de le voir danser sur Jimmy Sommerville. Quelle teuf !

Nicolai Dunger

Un Suédois qui prêche dans le désert...

Benjamin Schoos est un petit marrant, même si sa musique, elle, n'est pas drôle (« Forgotten Ladies », son nouvel album). Un soupçon de Venus et de Don Corleone (l'abat-jour et le fauteuil, la gomina et la grosse caboche), un zeste de Ry Cooder et de Tindersticks (le trio en backing band – Jacques Stotzem, André Klenes, Phil Corthouts – et l'air emprunté de Miam), un léger parfum de belgitude (l'accent liégeois, le surréalisme des paroles – trois mots, à toutes les sauces, love despair sadness) : circulez, y a rien (de neuf) à voir ! ! ! Benjamin, en plus, est aussi à l'aise sur scène qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine : une blague belge, une blague belge, une blague belge ! Eh bien non, pas de blague… même si ce concert de Miam Monster Miam en fût une. Les musiciens, eux, étaient parfaits. Dommage que Benjamin n'a pas la classe d'un Stuart Stapples, et qu'il ferait mieux de chanter en français. « When I was a ninja », pop-song idiote dédicacée à Bruce Lee, clôturera ce concert raté, même si livré avec plein de bons sentiments. Miam Miam Miam ! ? Non : pas glop.

Après un concert si « délicieux » (dixit plein de gens venus en bus de la cité ardente), Nicolai Dunger (Suède), la vraie tête d'affiche de ce concert, n'aura bien sûr pas trop retenu l'attention. Pas de chance pour lui : c'était pas son show-case. « Va voir à Seraing si j'y suis ! ». Pourtant, son americana composée à quatre mains avec Will Oldham (excusez du peu) valait bien qu'on s'y attarde. Du sax, de la flûte, des guitares rugissantes, et surtout cette voix, râleuse et raclante, comme rôdée à l'alcool et au vieux tabac. Un Dunger vaut mieux que deux Miam tu l'auras, comme on dit. Pour les fans d'alternative country… Pas nombreux dans la salle, il allait sans dire.