Les textes candides mais positifs de Sea Girls…

Ce quatuor londonien –composé de Henry Camamile (chant, guitare), Rory Young (guitare), Andrew Dawson (basse) et Oli Khan (batterie)– s'impose par sa franchise rafraîchissante, ses mélodies accrocheuses et des paroles candides et positives. En outre, Sea…

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Concerts

-M-

M ou l'abc du gimmick

La tournée triomphante de M touche à sa fin, et déjà on rêve en secret de le revoir au plus vite, parce que ses concerts sont une fête insubmersible, une communion de l’ordre du fantasme exaucé, un rêve d’entertainment malin et pas grossier, qui surprend à chaque fois malgré les « gimmicks » de mise en scène, les rituels sacrés auxquels se plie le fan bonhomme. C’est qu’un concert de M s’aborde avec folie, mais précaution : quid du type (comme moi) qui ne connaît pas les gestes et les refrains à répéter ? Parce qu’un concert de M, c’est certes de la musique (du genre variété rock de bon goût, en rien inavouable dans l’oreille du mélomane), mais aussi un jeu impliquant des règles. A respecter pour avoir l’air d’y croire. On évitera de toutes les énoncer : le fan de M les connaît toutes par cœur. Il n’empêche que ces milliers de bras qui s’agitent comme des feuilles à l’automne (« Mama Sam »), ce silence d’une minute dans une salle comble et massive (au hasard : Forest National), ces briquets par centaines, ce délire warholien (le « gimmick » du mec ou de la fille invité(e) sur la scène), cette empathie contagieuse,… On a beau dire, ça laisse coi. Quoi ? M, tiens, ce petit homme à la mèche conceptuelle (l’‘icône’ M), au costume clownesque et à la guitare qui s’envole (pour de vrai). « Bigger than life », même si on le sent si proche, s’il nous parle comme à ses amis, qu’on soit 200 (il y a 8-9 ans, à la rotonde du Botanique) ou 8000 (en novembre dernier, à FN). Le plus fort chez M, c’est qu’en concert il reste cet homme sincère, pour qui la notion de respect ne semble pas galvaudée : avec lui on se sent comme chez soi, il a le don de mettre à l’aise. Peu importe les soli à la Hendrix (son idole) : M, en plus d’être un showman hors pair et un guitariste de feu, reste avant tout un type sensible et humain, à l’échelle de chacun. Un type bien, en somme, qui malgré le succès garde l’esprit clair et son indépendance, sans courir derrière la gloire et la reconnaissance, à tout prix. Pour tout cela, Mathieu Chedid est l’étoile la plus étincelante du paysage musical français, qui brille tout au-dessus mais ne projette pas d’ombre. Y a de la place pour tout le monde dans les chansons de M. A l’intérieur tout resplendit, comme dans le cœur quand il est amoureux. « M » ? Mieux qu’une lettre : un sentiment essentiel, une quête existentielle. « J’aime donc je suis » ? C’est le souhait de quiconque.

Yves Ghiot

Un petit bijou à l'état brut...

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Yves Ghiot est issu de la région de Tournai. Un tout jeune auteur/compositeur/chanteur/guitariste qui manie la langue de Molière avec beaucoup de verve. Que ce soit à travers les textes poétiques, parfois polissons, de ses chansons que de la manière très humoristique de les présenter. Nul doute qu'il doit beaucoup apprécier Brassens et Léo Ferré. Un petit bijou à l'état brut qui ne demande qu'à être poli. Ce grand timide manque d'assurance sur scène, donc forcément de présence. On s'en rend d'ailleurs compte, lorsqu'il abandonne sa six cordes, ne sachant plus que faire de ses mains. Mais cet aspect de la théâtralisation se travaille. Cet artiste a du talent. Il sait donc ce qui lui reste à faire. Pour la circonstance, Yves s'était entouré d'un trio. C'était la deuxième expérience de ce type. En l'occurrence un certain Thomas à la basse, Wilfart à la guitare et Benoît Chantry à la batterie (NDR : désolé, je n'ai pas retenu tous les prénoms !). Excellents par ailleurs. Mais pensez donc, en les présentant, Yves n'est pas passé à côté du jeu de mots. Un Benoît qui s'assied derrière le piano pour accompagner Yves lors d'une des plus belles et poignantes chansons de son répertoire. L'autre grand moment, « On a volé ma cravate », trempant dans un blues rock que n'aurait pas renié Fred Lani. A suivre, et même de très près…

Dîne à Quatre constitue le nouveau projet de Guillaume Ledent. Au sein de son nouveau line up figure un percussionniste, une flûtiste et une violoniste. Guillaume se réservant la guitare, le piano et le chant. Ces excellents instrumentistes vont malheureusement, tout au long de leur set, oublier qu'ils jouent au sein d'un groupe. Individuellement leur performance est parfaite. Collectivement, elle suscite rapidement l'ennui. Avant de pourvoir dîner à quatre, il y a donc encore beaucoup de pain sur la planche…

Il ne restait plus qu'une grosse centaine de personnes pour assister à la prestation de Vincent Venet. Et je dois avouer que j'étais fort curieux et surtout sceptique de voir comment il allait se débrouiller en 'live'. D'autant plus que son premier elpee, « 70cl », m'avait laissé mi-figue mi-raisin. Et bien, il faut avouer que je me suis royalement planté. Car ce soir, Vincent Venet et ses musiciens nous en ont mis plein la vue et les oreilles. Depuis la présentation originale de chaque musicien, avant le concert proprement dit, jusqu'au second rappel électro-gothique, au cours duquel la scène s'est transformée en piste de danse. Depuis « Boomerang » à  l'étonnante reprise-traduction d'« Enjoy the silence » de Depeche Mode, en passant par l'inévitable digression sur l'amour et le chewing-gum « Les amants de la chlorophylle », dans une version incisive, très électrique, réminiscente d'Indochine, au cours de laquelle, il vient rejoindre le public le micro à la main, la cover de M, « Le complexe du corn flakes », mise à la sauce funk blanc (Gang of Four ?) et un inédit, « La petite sorcière malade ». Un set hanté tour à tour par les spectres de Daho, Murat et Berger. Une guitare dont les tonalités empruntent régulièrement à la new wave du début des eighties (And Also The Trees, Chameleons, U2). Mais surtout un Venet en super forme, très complice avec le public, parlant même quelques mots en picard ; et qui surtout face à une salle à moitié vide est parvenu à tirer son épingle du jeu. Car si la salle avait été comble, il aurait mis le feu ce soir, c'est une certitude ! Selon la formule consacrée, les absents ont eu tort !

 

Peaches

Un show visuel et sensuel...

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Kissogram est un duo allemand qui pratique une musique largement inspirée par les groupes électro des eighties. Et je pense tout particulièrement à DAF et Suicide. Un style qu'il mélange allègrement à de la trance, de l'acid et de la new beat. Enfin, tout au long de la première partie du concert. Le tandem tente même un pseudo pastiche du « Superstition » de Stevie Wonder. Jusqu'alors le set m'a laissé de marbre. Dans le style, Vive la Fête a au moins le mérite de mettre l'ambiance. Puis le vocaliste a commencé a délaissé son synthé pour se consacrer à la guitare. Et l'expression sonore de prendre une toute autre dimension. Plus aride, plus expérimentale, plus violente, plus punk… Plus intéressante, quoi ! D'autant plus que le type derrière le pupitre est enfin entré dans son trip. Et les morceaux de lorgner vers l'univers de Wire…

Alias Merrill Nisker, Peaches est avant tout une 'showwoman'. Un petit bout de femme qui n'a pas froid aux yeux (NDR : normal elle est canadienne) en balançant un spectacle original, coloré, divertissant, qui transpire l'humour, danse, le sexe, le sexe et le sexe. Mais plantons de suite le décor. Avant de monter sur les planches, la sonorisation diffuse le « Peaches » des Stranglers. Une introduction qui témoigne de son attitude résolument punk. Qui me fait parfois penser à celle de PJ Harvey. Elle empoigne alors une guitare pour en libérer des sonorités distordues, noisy. Un geste qu'elle va reproduire épisodiquement au cours de la soirée. Parce que d'instruments, il n'en est guère question. Toute la solution sonore préenregistrée, est sculptée dans l'électro-punk. Parfois aussi dans le glam réminiscent de Gary Glitter. En fait, c'est un spectacle à dévorer davantage avec les yeux et les tripes, qu'avec les oreilles. Et la présence des deux filles dont la taille doit frôler les deux mètres en est la plus parfaite démonstration. Une chorégraphie qui accentue l'aspect visuel, sensuel, sexuel, du show. Pas pour rien qu'au départ, elles apparaissent affublées de fausses barbes. L'une d'entre elles nous fait cependant une démonstration époustouflante de cerceaux. A croire qu'elle est issue du monde du cirque ! Excellent moment, lorsqu'un écran est installé sur scène pour projeter une vidéo d'Iggy Pop qui échange un duo avec Peaches pour « Kick it ». Elle démontre également son talent de comédienne, lorsqu'elle fait croire à un accident en se relevant ensanglantée, d'une chute sur les planches, avant de recracher l'hémoglobine factice sur le public. Et puis de son art de la mise en scène, en invitant une personne du public à monter sur scène pour chanter un autre duo, en essayant de nous faire croire qu'il s'agissait d'impro. Si tous ses standards y sont passés (« Fatherfucker », « I U she », « Hot rod »), elle n'a pas oublié de nous dispenser la cover du « Gay bar » d'Electric Six ; et en rappel, l'inévitable « Kiss, kiss, kiss » de Yoko Ono. Et franchement, le public s'est vraiment amusé ce soir.

 

Josh Ritter

Un songwriter au potentiel incontestable...

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La plus grande partie du public était clairement venue pour applaudir Damien Rice. Je considère plutôt qu'il s'agissait d'une double affiche partagée entre deux songwriters responsables d'un répertoire mélodieux et envoûtant. Le ton est donné dès la première chanson du set de Josh. Fort de deux albums aériens, l'Américain nous a montré qu'il avait du potentiel. Assez folk, ses chansons nous semblent tout de suite familières et flattent nos oreilles sensibles. Ses mélodies sont influencées par Leonard Cohen, Bob Dylan, mais surtout par les musiques traditionnelles irlandaises. Ritter est aussi à l'aise dans le rythme, flanqué de son groupe, que lorsqu'il entonne des chansons acoustiques, armé de sa guitare. Mais le clou du show arrive en fin de spectacle, lorsqu'il interprète, sans micro, une dernière chanson. A cet instant l'AB (NDR : comble pour la circonstance) retient son souffle et sa voix. Merveilleux ! Josh Ritter nous revient le 2 juin à l'AB club, salle intime à souhait. 

Damien Rice avait fort à faire ensuite pour convaincre… Il a passé le test haut la main. Son secret?? Il peut s'appuyer sur un groupe composé de Vyvienne Long au violoncelle et de Lisa Hannigan, dont le timbre vocal délicat, proche d'une Sinead O'connor, réchauffe les chansons de Rice. Dès le premier morceau, on est propulsé dans le monde merveilleux et onirique de Rice. Et quand vient « Eskimo », remodelé de la plus tendre des manières, le public a déjà fondu de bonheur. Le reste du concert est à cette image. On est transporté entre mélancolie et joie. Entre désir de sangloter (comme ce fut le cas pour certaines personnes) et envie de sourire, de s'abandonner dans la béatitude. Puis, vient un moment où le temps s'arrête, où l'AB s'illumine d'une sublime lumière verte et où retentit le début de « Cold water ». Un véritable arrière-goût de paradis. Et une sublime soirée à l'issue de laquelle on rentre chez soi, l'esprit dans les nuages, convaincu que le monde est beau.

 

Franz Ferdinand

Rien que du bonheur...

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Après avoir assisté à leur set accordé au Botanique début mars, un arrière-goût de trop  peu me restait sur l'estomac. Bien sûr, en une heure, il m'avait totalement convaincu. Mais rien à faire, j'étais resté sur ma faim. Aussi je décidais d'aller les revoir à Paris…

Programmé en première partie, Fiery Furnaces constitue l'autre gros buzz de ce début d'année. Leur marque de fabrique? Des chansons sans refrain, chantées par une Eleanor Friedberger androgyne en diable, à mi chemin entre une Karen O sans garde robe hype et une Jane Birkin sensuelle. L'utilisation intensive d'un piano sautillant en contrepoint d'une instrumentation particulièrement brute et sauvage est leur deuxième réelle marque d'originalité. Malgré ces atouts manifestes, le soufflet est rapidement retombé à plat. En effet, aucun titre ne parvient à se démarquer des autres ; les gémissements de la chanteuse finissant par se confondre avec des gloussements d'ennui.

Venons-en à Franz Ferdinand. Avant même la sortie de leur premier EP, paru en novembre dernier, la presse britannique les avait portés aux nues. Elle les considérait même comme le renouveau de la pop anglaise, comme le groupe qui allait renvoyer à leur dortoir tous les pseudos amateurs qui ont fait de la musique depuis Oasis. Sorti en février, leur elpee a comblé toutes les attentes, et les échos de concerts enflammés ont franchi la Manche. Leur unique prestation belge dans une Rotonde pleine comme un oeuf d'un public avide de nouvelles sensations était énergique à souhait. Que pouvait-on dès lors attendre de plus d'un concert parisien ? Surtout dans une salle où le public est réputé froid et distant… Dès la première note, le ton est donné : impétueux, fougueux et déchaîné. Le groupe semble s'être libéré de son empreinte Gene Vincent un peu kitsch pour s'affirmer réellement en tant que groupe de rock. Enchaînés, « Jacqueline » et « Take me out » rendent la salle totalement hystérique. Le sol vibre au rythme des sautillements de la foule, le chanteur s'époumone et sourit en même temps devant les pogos improvisés, « Auf achse » apportant le coup de grâce. Et Michaël d'achever le public en le mettant à genoux (NDR ; le public !). Après avoir passé en revue tous les titres de l'album et de l'Ep, de « Matinée » à « Cheating on you », le spectacle s'est achevé par « This fire », laissant une réelle sensation de bonheur pour tout le monde présent ce soir-la…

 

IAM

A la croisée des chemins....

Sept ans séparent « L'Ecole du Micro d'Argent » et « Revoir un Printemps » : une plombe dans l'industrie du disque, qui fonctionne de plus en plus selon la politique du kleenex. Si le single ne marche pas, c'est direct à la poubelle. Mais les Marseillais d'IAM n'ont plus à prouver leur talent : chez ces sept mercenaires de la cause hip hop à la française, tout est question maintenant d'intégrité… Peu importe si leur dernier album cartonne ou fait un bide. Mais il est clair qu'à force d'avoir dilué leur énergie dans divers projets solos, les rappeurs d'IAM se sont vus damer le pion, ces dernières années, par toute une nouvelle génération de b-boys émérites. Heureusement, chez IAM, on n'est pas mesquin : au contraire on donne de la place et de la tribune aux jeunes qui en veulent. Cette « relève » s'appelle Psy4 de la Rime, L'Algerino, Les Chiens de Paille, et c'est elle qui avait la forte tâche de chauffer ce soir le public de Forest…

Un public a priori clairsemé (5000 billets vendus sur 8000), mais qui très vite s'agglutinera dès l'extinction des lumières, pour faire la fête à tous ces types encore nouveaux dans le « bizness ». Constatation : ça chauffe déjà pas mal dans le parterre et les tribunes (le public est majoritairement composé de jeunes fans de hip hop, fringués street wear et plutôt réceptifs à la consommation de substances illicites). Mais c'est à l'annonce de l'arrivée des Marseillais que l'ambiance explose réellement. Sur un écran géant défilent des images de Shurik'n et Freeman écoutant leur démo dans une voiture, sur la route de la salle de concert (Forest ?). On les voit rentrer backstage et se diriger vers la scène, tandis qu'au loin retentissent les appels au délire d'Akhenaton : « C'est chaud ! », crie-t-il. Et ça l'est dès qu'ils surgissent tous sur scène, pour de vrai, sur les beats martelés de « Stratégie d'un Pion », le titre d'ouverture de « Revoir un Printemps ». Le décor est à l'image de la pochette : des ruines d'une cité antique, au-dessus desquelles se trouve, planqué derrière ses platines, DJ Kheops. A l'avant, vitupérant leurs textes de « journalistes urbains », Shurik'n, Akhenaton et Freeman en combinaison de combat, et Kephren, qui gesticule mais ne pète pas un mot (fallait pas l'inviter). Pendant deux heures, IAM offrira au public quasi l'entièreté de son dernier album, en plus de quelques medleys douteux de « L'Ecole du Micro d'Argent ». Et c'est là que le bât blesse : résumer ces classiques que sont « Nés Sous La Même Etoile », « Petit Frère », « L'Empire Du Côté Obscur », « Un Bon Son Brut Pour Les Truands » et « Demain, C'est Loin » en cinq minutes et sur les mêmes beats, c'est un peu frustrant. Des medleys ? C'est quoi, Les Enfoirés du hip hop ? ! ? Idem pour « Je Danse Le Mia », dont on aura juste eu droit à la version instrumentale pendant que toute la clique (sauf DJ Kheops) changeait de training (blanc)… Sans doute qu'IAM en a marre de jouer ces morceaux, et on peut les comprendre… Une manière pour eux de montrer que leur carrière ne se limite pas à ces quelques tubes (mais quels tubes !), et qu'il est temps de tourner la page. Il y a ce risque de décevoir une partie du public. Pour le reste, c'était un concert explosif, vigoureux et sans temps mort, d'un groupe qui continue son chemin sans bifurquer, à la conquête d'un (noble) art du verbe scandé dont ils sont les plus sincères ambassadeurs.

 

 

 

dEUS

La magie du spectacle sapée par une alarme incendie...

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Responsable d'un nouvel album (« Pocket revolution »), six longues années après avoir commis « The ideal crash », dEUS est donc reparti en tournée. Et pratiquement partout où il passe, les concerts sont sold out. Pour ce 6 octobre, à l'Aéronef de Lille, c'était même archi complet. A l'instar des trois dates prévues à l'AB de Bruxelles. Et même pour le 1er mars 2006 à Forest National. Mais le groupe y reviendra le lendemain. Et ça c'est une bonne nouvelle !

Pour son périple outre-Quiévrain, Jeronimo a été invité à assumer le supporting act. Ayant assisté à son set, le 17 septembre dernier, dans le cadre du Big Pop Festival, il m'est assez difficile de décrire sous un autre angle une prestation sensiblement proche de celle qu'il avait accordée voici 3 semaines. Condensée sur 45 minutes, elle m'a laissé une même impression. Légèrement moins métallique, elle a cependant éludée de la plupart de ses interludes humoristiques (seul le conte moderne adressé à Jimi Hendrix a été maintenu) afin que le trio liégeois puisse jouer un maximum de compos. Et le band de recevoir une belle ovation…

Du line up initial de dEUS, il ne reste que Tom Barman et le violoniste/claviériste Klaas Janzoons. Et il faut reconnaître que depuis sa fondation, il en a vu défiler ; les plus notoires demeurant Stef Kamil Carlens, Rudy Trouvé, Craig Ward et Danny 'Cool Rocket'. La nouvelle section rythmique implique aujourd'hui Stéphane Misseghers à la batterie et Alan Gevaert à la basse. Mais l'énorme changement procède de l'arrivée de l'ex Evil Superstars, Mauro Pawlowski. Le combo compte donc aujourd'hui deux guitaristes et deux chanteurs. Et franchement ils sont extrêmement complémentaires. La créativité de Barman et la sensualité de Pawlowski font véritablement merveille. Une conjugaison régulièrement balayée par les accents, tantôt classiques, tantôt baroques, du violon de Klaas. Si l'essentiel du show (NDR : mention spéciale au light show particulièrement performant, même s'il donne rarement l'occasion de discerner l'un ou l'autre visage des musiciens) est essentiellement composé des nouvelles compos issues de « Pocket revolution », le groupe n'oublie pas pour autant de puiser dans « The ideal crash » (« Instant street », « Magdalena ») ou  encore d'« In a bar, under the sea » (« Theme from turnpike », « Serpentine »). Mais après une heure quart de concert, l'alarme incendie se déclenche. Au beau milieu de « Sun Ra ». En un clin d'œil le groupe se retire. Entrecoupée d'invitations incessantes à quitter les lieux dans le calme, elle va perdurer une bonne vingtaine de minutes. A un tel point qu'on se demandait si on n'était pas victime d'un lavage de cerveau. Curieusement, aucun spectateur n'a réagi. Et c'était sans doute la bonne réaction, car vu la foule, un mouvement de panique aurait pu déboucher sur un drame. Bref, à l'avenir, il serait sans doute souhaitable qu'un membre de l'organisation vienne expliquer le problème et en même temps rassurer l'audience. Car finalement, cette alerte avait été déclenchée par la fumée. Tout simplement. Bref, passé cet incident, dEUS est revenu sur les planches. Avec la même ardeur et la même intensité. Remettant son métier sur son ouvrage et n'hésitant pas à rejouer « Sun Ra ». Terminant même par « Suds and sodaps », dans une apothéose indescriptible… Mais la magie du spectacle avait été sapée par une alarme incendie…

 

Kelly De Martino

Une soirée passée en agréable compagnie

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Kelly De Martino est passée partout : au cinéma, dans des boîtes de stylisme, à la radio, à la télévision, etc. Aujourd'hui, l'égérie Hollywoodienne est de passage au Botanique. Voilà donc une bonne occasion d'expérimenter son « Radar ».

Plutôt timide et réservée, Kelly De Martino débarque sur scène pieds nus. Une longue robe ténébreuse pour tout apparat, elle se pose craintivement derrière les touches de son piano, accompagnée de ses « garces » (ces gars), trois jeunes musiciens dévoués à ses mélopées romantiques. D'emblée, la belle Américaine se jette corps et âme dans « Bumblebees », premières ondes mélancoliques envoyées depuis les bases énamourées de son « Radar ». Ouvrir un concert par un single n'est guère chose aisée. Pourtant, Kelly De Martino s'en sort avec les éloges de son assistance, assise et attentive. Sur scène, les instruments grésillent, saturent et titillent la précision cristalline des compositions de son premier album. Mais ce soir, l'essentiel n'est pas là. L'ambiance semble diriger les ébats. La douceur des notes, la chaleur du timbre de Kelly et l'osmose du public enluminent l'atmosphère d'une aura tamisée, relaxante et mystérieusement accueillante. Les morceaux s'éparpillent dans l'air : « Please Don't Call Me », « Saddest Song », « New Orleans ». Les applaudissements se font entendre, Kelly les écoute et revient devant ses juges pour une entraînante reprise de Magnapop : « Open The Door ». Chaleureux, le public pousse Kelly De Martino à repousser ses propres limites, à tourner le dos à ses vieux démons anxieux et effarouchés. Pour preuve, la chanteuse réinterprète « Bumblebees » seule à la guitare. Apothéose exaltée d'une soirée passée en agréable compagnie…

 

Jim White

Coup de chapeau à ce ménestrel des temps modernes...

Rien ne m'impressionne plus qu'un beau chapeau. Et Jim White a toujours porté de beaux chapeaux, comme ce soir. Une soirée tranquille, à écouter Jim chanter ses belles chansons, de ses trois albums sortis chez Luaka Bop. Son petit dernier, « Drill A Hole In That Substrate? », est d'ailleurs un petit chef-d'?uvre de country décomplexée. Jim est très fort question « storytelling ». D'ailleurs il n'arrêtera pas de raconter ses (més)aventures au pays des mangeurs de bretzels. Aaaaaaah, l'Amérique ! En plus il est entouré de très bons musiciens ; ce qui n'est pas pour nous déplaire. Et puis il a joué « Still Waters », sa chanson la plus difficile, sans doute sa plus belle (issu de « Wrong-Eyed Jesus ! », son premier LP paru en 1997). De son dernier album, Jim aura joué pas moins de sept chansons, dont les excellentes « Static On The Radio », « Bluebird » et l'espiègle « If Jesus Drove A Motor Home ». Jim aime Jésus, mais n'est pas un bigot comme ce pauvre Bush et ses conseillers de la droite ultraconservatrice. Jim est un véritable ménestrel des temps modernes, et sa gouaille n'a d'égal que la beauté molle de son stetson. De « Wrong-Eyed Jesus » il interpréta aussi « Sleepy Town » (en clôture) et « A Perfect Day To Chase Tornados ». De « No Such Place » (2001), « Handcuffed To A Fence In Mississippi » et « The Wound That Never Heals ». Et des inédits : « Brownsville Texas », « Take Me Away » et « Somewhere In This World ». C'est facile d'énumérer le track-listing, quand on l'a piqué au guitariste en fin de concert. Ca donne l'impression au lecteur qu'on connaît le répertoire de Jim sur le bout des doigts. C'est plus ou moins vrai, parce que Jim fait de la sacrée bonne musique, et pourtant n'arrive même pas à remplir la rotonde. C'est injuste ! De toute façon, Jim s'en fout. D'ailleurs avant de partir, il dit qu'il va revenir, après nos applaudissements. Parce qu'il n'est pas du genre à se faire prier, le Jim. Et ces fadaises de rappels à la noix, très peu pour lui. A la fin c'est lui-même qui vend son disque. Mais aussi des chemises canadiennes éparpillées à la va-vite sur la scène, comme aux bourses de vêtements de la Ligue des Familles. Jim est bizarre, mais sa musique est super. Dommage qu'il ne vendait pas son chapeau.

The Dandy Warhols

En rodage...

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La tournée 2005 des Dandy Warhols accompagnait la sortie de leur nouvel album : « Odditorium or Warlords of Mars ». Les critiques sont mitigées. Certains estiment que l'album est un retour au très bon « Thirteen Tales From Urban Bohemia ». Les autres pensent que cet opus confirme le présage annoncé par de « Welcome To The Monkey House » : les Dandy, ce n'est plus ce que c'était !

Nonobstant les critiques, un concert des Dandy Warhols à Paris ne se loupe pas ! Malheureusement, on ne peut pas dire que leur prestation d'ensemble ait été à la hauteur. Bien que satisfaite de voir les Dandys en live, je dois reconnaître que le set a alterné le bon et surtout le moins bon. Mon enthousiasme a ainsi souvent été gâché par la maladresse. On n'a jamais ressenti ce rythme soutenu. Les moments de véritable intensité ont été éphémères. On avait l'impression qu'il y avait quelque chose de cassé. L'équilibre des Dandys est fragile et il suffit d'un rien pour le faire basculer. Seules les chansons des premiers albums sont parvenues à réchauffer quelque peu la salle. Lors des morceaux incontournables, "Bohemian Like You" et "We Used To Be Friends", par exemple. A cet instant, le groupe semble plus à l'aise et bien moins empêtré dans la rigidité d'« Odditorium ». La voix de Courtney Taylor n'est pas très assurée. Sur certaines chansons, il crie plus qu'il ne chante (exercice que, malheureusement, il ne maîtrise pas). Bien sûr, la prestation n'est pas fondamentalement médiocre (mention spéciale à Pete Holmstrom pour son élégance et son jeu de scène) ; mais les morceaux des deux derniers albums passent mal la rampe. La qualité des chansons interprétées n'est peut être pas la cause (NDR : encore que pour certaines, c'est justement le problème) mais plus que probablement leur transposition sur scène. Notamment, lorsqu'ils abordent le répertoire le plus récent. A contrario, les titres les plus anciens, déjà rodés au fil de leurs tournées précédentes, se révèlent impeccables.

La prestation des Dandy Warhols n'a pas été parfaite. Certes. Mais ils semblaient heureux d'être de retour sur une scène française. Jusqu'au tout dernier moment, ils sont restés en compagnie du  public. Fait rare de nos jours : le groupe n'a pas accordé de rappel. Il a simplement préféré dispenser son set d'1h30. D'une traite. Sans quitter une seule fois la scène.