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TR/ST

TR/ST, c'est loin d’être TRiSTe...

TR/ST, à ne pas confondre avec le groupe français Trust, est un projet créé en 2009 par Robert Hiley (alias Robert Alfons) et Maya Postepski (alors drummeuse au sein d'Austra). Sur son premier album –un éponyme– le duo canadien tissait une electro sombre et sensuelle. Le deuxième opus, « Joyland », coïncide avec le départ de Maya Postepski, désormais orpheline d'Austra et active en solo sous le patronyme de Princess Century. Cette année, Alfons opère son grand retour pour présenter « The Destroyer 1 et 2 », un elpee diptyque résolument sombre et mélancolique. Maya Postepski y fait son come-back, participant à la composition et à la production de plusieurs tracks. Quel plaisir de retrouver la machine à sudation infernale toujours habitée par le même leitmotiv : la danse. Ayant, par le passé, essuyé les planches du DNA, de l'AB Club et du Brass, TR/ST revient ce soir à Bruxelles par la grande porte. Et c'est une salle de l'Orangerie quasi-complète qui est prête à l'accueillir chaleureusement. 

En lever de rideau, la première partie nous réserve d'emblée une très belle découverte : Ela Minus. De son véritable nom Gabriela Jimeno , cette jeune Colombienne établie aux USA, est une véritable magicienne des synthés. Et pour cause, elle les assemble elle-même. Excusez du peu ! Après une longue introduction instrumentale, elle entre dans le vif du sujet. Electro minimaliste, très 'groovy', sa musique évolue quelque part entre celles d'Austra, de Marie Davidson et de The Knife/Fever Ray ; et elle va littéralement fasciner l’auditoire du Bota. Récemment signée par Domino, le label qui héberge Austra, la belle va publier son premier LP l'année prochaine. Retenez son nom !

La température monte immédiatement d'un cran lorsque Robert Alfons apparaît sur les planches. Affichant un look longiligne et félin, adoptant des poses lascives et dévoilant un beau minois, ce musicien est devenu une icône de la communauté LGBT, qui est présente en masse ce soir. Dès les premières notes de « Candy Wall », on comprend que le concert va être très chaud. Musicalement, TR/ST occupe une place à part : c'est de la synthpop très mélodique mais avec une dimension dance, clubbing très prononcée. On pense évidemment à Austra et à Crystal Castles, également issus de Toronto, mais la comparaison peut également inclure les Pet Shop Boys, voire même Coldplay (le morceau « The Destroyer »). « Dressed For Space », extrait du premier long playing, convainc également grâce à sa pulsation disco irrésistible. Pendant « Grouch », le beau Robert tombe sa veste en vinyle et passe à la vitesse supérieure. Visiblement très en forme, il virevolte tel un lapin en rut et sa voix miaule délicieusement. Sur le podium, il est flanqué d'une claviériste, qui semble surtout chargée de vérifier que les séquences préprogrammées soient exécutées correctement par les machines, et d'une batteuse, efficace mais loin d'avoir la finesse technique et l'aura de l'incomparable Maya. Résidente à Bruxelles, cette dernière n'est malheureusement pas présente ce soir, eu égard à ses engagements avec Peaches, à Berlin.

Après la plage titulaire du dernier album, TR/ST entame ensuite une irrésistible montée en puissance, grâce à une version alternative de « Iris » et, surtout, à deux bombes atomiques : « Shoom » et « Bulbform ». La tension est à son comble et Alfons prend congé de la foule, à l'issue d'un « Peer Pressure » émouvant.

Trois titres seront dispensés lors de l’encore : tout d'abord « Unbleached », qui a été déplacé vers le rappel par rapport à la setlist prévue et, pour clore en beauté, « Colossal », une compo qui porte bien son nom ainsi que le petit bijou : « Sulk », qui achève la prestation, et surtout les fans épuisés par 80 minutes de danse non-stop.

Oui, on peut le dire : TR/ST, c'est loin d’être TriSTe… enfin, mention spéciale aux deux ingénieurs du son de la soirée : Elsa Grelot et Guy Tournay.

(Organisation : Botanique)

Photo : @petrafcollins

Sigrid

Une véritable bombe énergétique

Écrit par

Sigrid Solbakk Raabe a choisi pour nom de scène Sigrid. Agée aujourd’hui de 22 printemps, cette jolie Norvégienne a décroché deux énormes hits, en 2017, grâce à ses singles « Don't Kill My Vibe » et « Strangers ». En janvier 2018, elle a remporté le prix ‘The Sound of’ de la BBC. En outre, à ce jour, elle a publié deux Eps (« Don’t Kill My Vibe » en 2017 et « Raw » en 2018) et un premier elpee, « Sucker punch », en mars dernier.

C’est la cinquième fois en deux ans que Sigrid se produit en Belgique. Et au fil des concerts, le public est de plus en plus nombreux. Ce soir, la salle est d’ailleurs presque sold out.

Ider assure le supporting act. Issu du Nord de Londres, ce duo est soutenu en ‘live’ par un batteur. Féminine, la paire réunit Megan Markwick et Lily Somerville, qui se consacrent aux claviers et aux guitares. Le drumming est à la fois technique et métronomique. La musique baigne au sein d’une forme d’électro/pop contemplative enrichie par les harmonies vocales dépouillées, atmosphériques et mélancoliques échangées par les filles. La formation va nous proposer des extraits de son dernier elpee, « Emotional Education, paru en juillet 2019. Au fil du temps, ces superbes harmonies et ces arrangements soignés deviennent de plus en plus captivants. A un tel point que lorsque le set, de trop courte durée, s’achève, on reste sur sa faim. Le band se produira ce 1er février 2020 au Trix à Anvers.  

Setlist : « King Ruby », « Whole Life », « Swim», « Body Love/NSOM », « Saddest Generation », « Wu Baby », « Mirror ».

Une estrade à 2 étages supporte un matos conséquent. Sigrid est vêtue, tout simplement et comme son public –surtout féminin– issu de la même génération :  jeans, baskets et tee-shirt de couleur blanche. Elle est soutenue par un préposé aux pads électroniques, deux gratteurs, dont un double aux claviers et une choriste à la voix puissante et haut-perchée. 

Dans la fosse on remarque la présence de nombreux drapeaux norvégiens. Particulièrement interactive, Sigrid interpelle son public, tant celui des premiers rangs que des deux balcons ou du reste de la salle. Et il est également participatif, reprenant les refrains en chœur. Elle va ainsi enfiler dix-huit titres d’une manière naturelle en ne s’accordant que très peu de temps de répit entre les différentes chansons. Une véritable bombe énergétique ! D’ailleurs, romantique, « In vain » s’achève de manière explosive. Pendant « Plot Twist », elle parcourt la scène de long en large. Mouvement qu’elle va répéter tout au long du concert. Résultat, la majorité du temps, la foule danse. Bénéficiant d’un light show très efficace, Sigrid est parvenue littéralement à mettre l’auditoire dans sa poche. Mais c’est aux deux-tiers du parcours que l’émotion atteindra son comble, lors de deux morceaux qu’elle va chanter seule en s’accompagnant aux claviers. Elle manque son intro de « Dynamite » ; ce qui rend finalement l’artiste humaine. En outre, elle remplit l’auditoire d’ambiance positive tout au long de « Home to you ». Pas de rappel ! En quittant les planches, Sigrid semblait ravie. Et le public aussi...

Setlist : « Mine Right Now », « In Vain », « Schedules », « Plot Twist », « Raw », « Sight Of You »  « Don’t Kill My Vibe », « Level Up », « High Five », Fake Friends », « Business Dinners », « Sucker Sunch », « Dynamite », « Home  To You », « Basic », « Never Mine », « Strangers », « Don’t Feel Like Crying ». 

(Organisation : Ancienne Belgique et Live Nation)

Fontaines D.C.

Une ambiance digne d’un stade de foot, en Angleterre…

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La St-Patrick, c’est seulement dans quatre mois ; et pourtant on va déjà assister, à une belle fête irlandaise, ce soir. Et pour cause, trois formations issues de l’île verte vont se produire à l’Orangerie du Botanique. Ne vous y méprenez cependant toutefois pas, la musique proposée ne sera pas celtique, mais naviguera à mi-chemin entre (post-)punk et noisy. Et si le public tape du pied c’est parce qu’il escompte bientôt pogoter plutôt que d’envisager esquisser une danse traditionnelle.  

The Claque ouvre le bal à 20 heures pile. Il s’agit du combo le plus jeune du lot. Il a entamé son parcours en mars 2019, publié depuis le single single « Hush » et accordé quelques concerts. Le line up réunit une chanteuse au physique avantageux (NDR : pensez à Kim Gordon lorsqu’elle était jeune) et à la voix captivante. En l’occurrence Kate Brady. C’est également la frontwoman. La bassiste semble avoir été empruntée à Warpaint, alors que les deux gratteurs, dont Alan Duggan (NDR : qui a milité chez Girl Band), ont adopté une attitude très shoegazer. Ce sont d’ailleurs eux qui brisent la simplicité et la répétitivité des refrains, des refrains dispensés dans l’esprit d’un Stereolab, à travers leurs déferlantes de riffs. Encore clairsemé à cette heure, l’auditoire applaudit poliment. Manifestement, il y a du potentiel chez The Claque, mais il doit encore acquérir de la maturité, notamment dans la structure des morceaux et les accords un peu trop récurrents des compos, s’il veut finir par briller sur la scène indie rock…  

Fontaines D.C. était passé presque inaperçu aux Nuits du Bota 2018 au même endroit. Il ouvrait alors les hostilités pour deux autres poids lourds : Idles et Metz. Et puis surtout, il n’avait pas encore publié son LP « Dogrel », paru en avril 2019. Un disque unanimement salué par la critique (NDLR : il figurera certainement dans les sommets du top 20 de votre serviteur ; voir aussi la chronique ici).

Après avoir gravé un tel album et participé à de nombreux festivals, il s’est donc forgé une notoriété certaine. Conséquence, la salle est comble ce soir. Le set s’ouvre par « A hero’s death ». Le leader, Grian Chatten, se secoue et gesticule tel un épileptique, à la manière de Ian Curtis. Son physique évoque d’ailleurs feu le leader de Joy Division. Si « Television screens » constitue un des moments fort du set, « Roy’s tune » accorde un peu de répit à la fosse, un morceau qui aurait pu figurer au répertoire d’Adorable (NDR : qui a d’ailleurs opéré son comeback cette année) ; le timbre vocal nasillard de Grian accentuant cette impression. Mais le show va véritablement décoller à partir de « Too real ». Les verres de bière commencent à voltiger, les pogos se déclenchent massivement et ne s’arrêteront plus avant la fin du spectacle. Il faut dire que de nombreux aficionados issus d’Outre-Manche se sont glissé dans l’auditoire habituel du Bota. « Liberty belle », « Boys in the better land » et en final « Big » nous plongent dans une ambiance digne d’un stade de foot, en Angleterre, au cours duquel un but est marqué toutes les 3 minutes.

Après avoir vécu une telle secousse, Girl Band est attendu de pied ferme. Une formation qui pourrait presque faire figure de vétéran auprès des deux jeunes groupes programmés avant lui. Il faut remonter à 2015 pour retrouver trace de son premier elpee, « Holding hands with Jamie », paru chez Rough Trade. Une année au cours de laquelle il avait opéré un passage très remarqué à la Rotonde du Botanique. Quatre longues années se sont donc écoulées avant la sortie du nouvel opus, « The talkies », une œuvre un rien plus sombre que le précédent. Mais ce set va littéralement s’apparenter à un combat de boxe. Après un premier round d’observation, on s’inquiète quelque peu en observant le leader, Dara Kiely, qui a pris autant de poids. Sa barbe est négligée et il regarde dans le vide, conséquence, sans doute, de ses récents séjours en soins psychiatriques. Son attitude sur les planches intrigue. Il exécute continuellement un petit mouvement du bras. Tout au long de « Pears For Lunch », le band maîtrise la situation. A partir de « Lawman » (NDR : c’est le single !), quelques timides ‘headbangings’ se produisent. Mais en général, l’auditoire demeure encore plus ou moins paisible tout au long des plages du dernier long playing, dont « Shoulderblades » transcendé en ‘live’ par des guitares ravageuses. Et c’est lors de la deuxième moitié du round qu’on va se prendre des hypercuts en pleine face. La reprise du « Why They Hide Their Bodies Under My Garage? » du groupe electro Blawan soulève un vent d’hystérie au sein des premiers rangs. Entre dance floor et arène de pogo hardcore, le public ne se tient plus.  A la fois sombre, mais intense, « Going Norway », ainsi que l’incontournable autre single, « Paul », mettent KO les derniers spectateurs qui étaient encore sur la défensive…

Et après ces excellents concerts, quel plaisir de retrouver le musicos de ces trois groupes, souriants et décontractés, au stand merchandising. Une soirée rock’n’roll comme on en souhaiterait davantage…

(Organisation : Botanique)

Girl Band

K.O. au dernier round…

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La St-Patrick, c’est seulement dans quatre mois ; et pourtant on va déjà assister, à une belle fête irlandaise, ce soir. Et pour cause, trois formations issues de l’île verte vont se produire à l’Orangerie du Botanique. Ne vous y méprenez cependant toutefois pas, la musique proposée ne sera pas celtique, mais naviguera à mi-chemin entre (post-)punk et noisy. Et si le public tape du pied c’est parce qu’il escompte bientôt pogoter plutôt que d’envisager esquisser une danse traditionnelle.  

The Claque ouvre le bal à 20 heures pile. Il s’agit du combo le plus jeune du lot. Il a entamé son parcours en mars 2019, publié depuis le single single « Hush » et accordé quelques concerts. Le line up réunit une chanteuse au physique avantageux (NDR : pensez à Kim Gordon lorsqu’elle était jeune) et à la voix captivante. En l’occurrence Kate Brady. C’est également la frontwoman. La bassiste semble avoir été empruntée à Warpaint, alors que les deux gratteurs, dont Alan Duggan (NDR : qui a milité chez Girl Band), ont adopté une attitude très shoegazer. Ce sont d’ailleurs eux qui brisent la simplicité et la répétitivité des refrains, des refrains dispensés dans l’esprit d’un Stereolab, à travers leurs déferlantes de riffs. Encore clairsemé à cette heure, l’auditoire applaudit poliment. Manifestement, il y a du potentiel chez The Claque, mais il doit encore acquérir de la maturité, notamment dans la structure des morceaux et les accords un peu trop récurrents des compos, s’il veut finir par briller sur la scène indie rock…  

Fontaines D.C. était passé presque inaperçu aux Nuits du Bota 2018 au même endroit. Il ouvrait alors les hostilités pour deux autres poids lourds : Idles et Metz. Et puis surtout, il n’avait pas encore publié son LP « Dogrel », paru en avril 2019. Un disque unanimement salué par la critique (NDLR : il figurera certainement dans les sommets du top 20 de votre serviteur ; voir aussi la chronique ici).

Après avoir gravé un tel album et participé à de nombreux festivals, il s’est donc forgé une notoriété certaine. Conséquence, la salle est comble ce soir. Le set s’ouvre par « A hero’s death ». Le leader, Grian Chatten, se secoue et gesticule tel un épileptique, à la manière de Ian Curtis. Son physique évoque d’ailleurs feu le leader de Joy Division. Si « Television screens » constitue un des moments fort du set, « Roy’s tune » accorde un peu de répit à la fosse, un morceau qui aurait pu figurer au répertoire d’Adorable (NDR : qui a d’ailleurs opéré son comeback cette année) ; le timbre vocal nasillard de Grian accentuant cette impression. Mais le show va véritablement décoller à partir de « Too real ». Les verres de bière commencent à voltiger, les pogos se déclenchent massivement et ne s’arrêteront plus avant la fin du spectacle. Il faut dire que de nombreux aficionados issus d’Outre-Manche se sont glissé dans l’auditoire habituel du Bota. « Liberty belle », « Boys in the better land » et en final « Big » nous plongent dans une ambiance digne d’un stade de foot, en Angleterre, au cours duquel un but est marqué toutes les 3 minutes.

Après avoir vécu une telle secousse, Girl Band est attendu de pied ferme. Une formation qui pourrait presque faire figure de vétéran auprès des deux jeunes groupes programmés avant lui. Il faut remonter à 2015 pour retrouver trace de son premier elpee, « Holding hands with Jamie », paru chez Rough Trade. Une année au cours de laquelle il avait opéré un passage très remarqué à la Rotonde du Botanique. Quatre longues années se sont donc écoulées avant la sortie du nouvel opus, « The talkies », une œuvre un rien plus sombre que le précédent. Mais ce set va littéralement s’apparenter à un combat de boxe. Après un premier round d’observation, on s’inquiète quelque peu en observant le leader, Dara Kiely, qui a pris autant de poids. Sa barbe est négligée et il regarde dans le vide, conséquence, sans doute, de ses récents séjours en soins psychiatriques. Son attitude sur les planches intrigue. Il exécute continuellement un petit mouvement du bras. Tout au long de « Pears For Lunch », le band maîtrise la situation. A partir de « Lawman » (NDR : c’est le single !), quelques timides ‘headbangings’ se produisent. Mais en général, l’auditoire demeure encore plus ou moins paisible tout au long des plages du dernier long playing, dont « Shoulderblades » transcendé en ‘live’ par des guitares ravageuses. Et c’est lors de la deuxième moitié du round qu’on va se prendre des hypercuts en pleine face. La reprise du « Why They Hide Their Bodies Under My Garage? » du groupe electro Blawan soulève un vent d’hystérie au sein des premiers rangs. Entre dance floor et arène de pogo hardcore, le public ne se tient plus.  A la fois sombre, mais intense, « Going Norway », ainsi que l’incontournable autre single, « Paul », mettent KO les derniers spectateurs qui étaient encore sur la défensive…

Et après ces excellents concerts, quel plaisir de retrouver le musicos de ces trois groupes, souriants et décontractés, au stand merchandising. Une soirée rock’n’roll comme on en souhaiterait davantage…

(Organisation : Botanique)

Pond

Bienvenue dans l’univers sonore coloré et enchanteur de Pond…

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Alors que l’annonce du dernier opus de Tame Impala remplit les pages des gazettes musicales, un autre évènement destiné aux fans de psychédélisme est programmé ce mercredi au Botanique : le concert de Pond. Méconnu dans nos contrées, en témoigne le peu de personnes présentes au sein de l’Orangerie, cette formation australienne compte pourtant en ses rangs d’anciennes pointures de Tame Impala ; à savoir le chanteur Nick Allbrook ainsi que Jay Watson, partis créer ce groupe en parallèle pour y trouver davantage d’espace d’expression. En une dizaine d’années d’existence, la formation a gravé huit albums dont le dernier en date, “Tasmania”, est paru en mars dernier.  

Afin d’assurer sa première partie, le band a choisi Sinead O’ Brien, une Irlandaise établie à Londres…

Il est 21h lorsque les lumières s’éteignent. L’Orangerie est loin d’être remplie. Nick Allbrook prend place au centre du podium. Il est soutenu par quatre musiciens (drums/guitare/claviers/basse). Dès les premières notes, le gringalet met la machine en route. Pond est aussi à l’aise sur une estrade relativement petite (à l’instar de l’Orangerie) que dans un stade. Il faut dire que sa musique s’y prête particulièrement. Et pour cause, certains morceaux s’inspirent indiscutablement d’artistes légendaires du rock, comme les Rolling Stones ou encore David Bowie. D’ailleurs, Allbrook n’hésite pas à adopter les mimiques scéniques de ces légendes. Charismatique, il occupe tout l’espace disponible et n’hésite à empiéter sur celui du public en descendant dans la fosse. Le set nous réserve, bien évidemment, des moments chargés d‘intensité psychédélique, et notamment lorsque Albrook empoigne puis souffle dans sa flûte traversière afin de nous entraîner au cœur d’un univers sonore coloré et enchanteur. En une heure et demie, Pond va nous livrer une jolie synthèse de ses dernières œuvres, dont les tubes issus de “The Weather” (“Sweep Me Off My Feet”, “Fire in the Water”), “Man It Feels Like Space Again”, mais également des plages de son dernier elpee (“Daisy”, “Tasmania”, “Hand Mouth Dancer”).

La prestation de Pond est impressionnante d’efficacité. En outre, ce soir, il a démontré que non seulement sa discographie est excellente, mais qu’il maîtrise parfaitement son sujet et est capable de subjuguer un auditoire, sur les planches. Il n’a ainsi rien à envier à ses comparses antipodaux. Ce soir, les spectateurs présents n’ont certainement pas boudé leur plaisir en assistant à ce concert à taille humaine. Ce qui est devenu impossible pour Tame Impala.

(Organisation : Botanique)

The Blue Stones

Rock’n’roll is back

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Il y a bien du monde pour accueillir The Blue Stones au Witloof bar du Botanique (NDR : toute proportion gardée, puisque la salle voûtée ne peut accueillir qu’un maximum de 200 personnes), ce dimanche 27 octobre 2019, un duo canadien, issu de l’Ontario, de Windsor très exactement. Tarek Jafar se charge du chant et de la guitare, Justin Tessler des drums et des backing vocaux. A son actif, quelques singles, deux Eps et un premier album baptisé « Black holes », paru l’an dernier. La presse spécialisée n’a pas hésité à comparer le tandem aux White Stripes et autres Black Keys. Autopsie.

Débarquant une dizaine de minutes après le début du set, on est assez étonné de l’ambiance qui règne dans la fosse. La foule s’enthousiasme, s’enflamme même régulièrement et reprend certaines des paroles en chœur. La prestation est aussi efficace qu’énergique. Tarek dispense des accords de gratte tour à tour grinçants, crus, acérés, furieux, croustillants, délicats ou rafraîchissants, en se servant habilement de ses pédales, quand il ne libère pas un groove aux tonalités épaisses. Il est en outre très interactif. Et sa voix est beaucoup plus profonde que sur disque, où elle privilégie le falsetto. Le drumming de Justin est aussi puissant qu’ample. Parfois, il nous réserve des interventions torrentueuses. Ponctuées de ‘oh, oh, oh’ ou de ‘da da daah’ contagieux, les compos les plus pop incitent l’auditoire à reprendre les onomatopées en chœur. Spasmodiques, elles adoptent un profil plus funk. Enfin, quand elles s’enfoncent dans le blues, c’est dans l’esprit du Fleetwood Mac de Peter Green. Bref, vu le climat du concert et la palette de genres explorés, on a parfois l’impression de vivre un concert né de la rencontre entre l’intime et l’intimidant. En fin de parcours, le public est survolté et applaudit même en cours de morceau, et tout particulièrement lorsque l’un des musiciens met en exergue son talent d’instrumentiste. A 8h50, The Blue Stones tire sa révérence. Le public a beau réclamer un rappel, la paire ne reviendra plus, un public multigénérationnel au sein duquel on a croisé de nombreux quadras, mais également des trentenaires et des jeunes filles qui doivent à peine compter vingt printemps. Et c’est une bonne nouvelle. Rock’n’roll is back !

(Organisation : Botanique)  

Black Mountain

Proche des nuages…

Écrit par

Au cours des dix dernières années, Black Mountain n'a jamais cessé d’expérimenter et de progresser. Pourtant, s’ils ont de quoi séduire les nostalgiques des années 70, chaque album révèle sa propre spécificité. Et son dernier, « Destroyer », en est assurément une nouvelle démonstration. C’est cet opus que le band est venu défendre, ce samedi 26 octobre, au Botanique.

Quatuor punk rock gantois, Blackup assure le supporting act. Et son set envoie du bois ! Une prestation d’une demi-heure qui a chauffé les tympans d’une audience attentive.

C’est devant un public impatient et une Orangerie quasi-complète que Black Mountain monte sur le podium ; et il entame les hostilités en force par « High Rise ». Le ton est donné. Si la formation est venue présenter son dernier long playing, elle a le bon goût d’incorporer dans la setlist des tubes issus des 4 opus précédents, pour le plus grand plaisir de ses fans. Les morceaux s’enchaînent et brillent par leur diversité. Pas le temps de s’ennuyer, le choix et l’ordre des titres a été soigneusement préparé. Un florilège bien équilibré qui paie, oscillant entre ballades psyché/rock, rock progressif et morceaux plus ‘rentre-dedans’.

Le band issu de Vancouver est parfaitement au point et démontre toute sa maturité scénique. Tout au long du concert, le quintet nous entraîne au cœur de paysages sonores incroyables, tantôt écrasants ou atmosphériques. Les voix sont prépondérantes. Et notamment celles du leader Stephen McBean ainsi que de l’ex-Sleepy Sun, Rachel Fannan. Bien que fraîchement arrivée, elle semble s’être parfaitement intégrée au combo. Si la section rythmique soutient l’ensemble avec punch et précision, les sonorités du moog dispensées par le claviériste rappellent la période psyché/rock du Pink Floyd.   

Le final grimpe encore en intensité. Si Stephen alterne entre Gibson Les Paul & SG, il achève le show sur une Fender lors de l’excellent « Space to bakersfield (IV) ». Il s’en donne alors à cœur joie, se déchaine sur sa Strat’ tout au long d’un solo à rallonge. Après 1h30 de set, et pour terminer en beauté, Black Mountain remonte sur l’estrade pour accorder en rappel deux morceaux grandioses ; en l’occurrence « Mothers of the sun » (NDR : le public est aux anges dès les premiers accords du sample si particulier) et « Don't Run Our Hearts Around ». On est alors proche des nuages…

(Organisation : Botanique)

The Psychedelic Furs

Un peu trop mainstream…

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Quand on évoque The Psychedelic Furs, on pense inévitablement aux hits, « Sister Europe », « Love My Way », « The Ghost in you » ou encore « Pretty In Pink », morceau qui va inspirer le film américain du même nom, un long métrage réalisé par Howard Hughes, sorti en 1986. Fruit d’un cocktail subtil entre punk, art-rock, goth, new wave, jazz, funk, alt et hard rock, la musique de ce band londonien a toujours été luxuriante, esthétique et mélodieuse. Et puis, il y a la voix de Richard Butler, éraillée, abrasive même, et dont les lyrics poétiques apportent une profondeur à l’ensemble. Fondée par Richard et son frère Tim, la formation s’était séparée début des nineties, avant de reprendre le collier à l’aube de ce millénaire, intervalle au cours duquel les frangins ont poursuivi leur route chez Love Spit Love, outre les différents projets solos. Et puisqu’on parle de fratrie, votre serviteur et son frère assistaient à un mini festival au Brielpoort de Deinze, au cours duquel se produisaient Nacht und Nebel, Prefab Sprout, The Sisters of Mercy sous son line up originel et Psychedelic Furs, en 1984. Et ils y sont de nouveau, mais à l’AB, 35 ans plus tard. Un petit événement, en quelque sorte… Mais place au compte-rendu de cette soirée.

Qui s’ouvre par Red Zebra. Formé en 1978, ce groupe brugeois a splitté à plusieurs reprises, avant de revenir dans le circuit dès 2017. Grâce à son hit international « I Can't Live in a Living Room », décroché en 1980, le combo a pu tourner, en compagnie de grosses pointures ; et notamment, The Undertones, The Sound, Simple Minds, Killing Joke et The Sisters of Mercy. Du line up originel, il ne demeure cependant plus que le chanteur Peter Slabbynck, mais la musique émarge toujours au post punk et à la new wave.

A l’instar de sa prestation au W-Festival, le set s’ouvre comme un défilé militaire. Peter a endossé un manteau kaki, mais est coiffé du célèbre chapeau de l’Oncle Sam. Il est soutenu par deux guitaristes, un bassiste et un drummer. Et le set tient parfaitement la route. La voix de Stabbinck campe le plus souvent un hybride entre celle de Peter Murphy et de Johnny Rotten, alias John Lydon. Pas étonnant, dès lors de retrouver, au beau milieu de « Shadows of doubt », quelques mots empruntés au « This is not a love song » de PIL. L’humour est encore bien présent chez Peter, puisqu’il nous présente une banane, lui consacre un laïus, l’épluche, puis la mange, en chantant « Man comes from ape » (Trad : l’homme descend du singe). Et le set de s’achever par la cover du « Winning » de The Sound, une adaptation, faut-il-le souligner, bien personnelle. Une prestation qui a recueilli de chaleureux applaudissements, au sein de l’auditoire (Pour les photos, c'est ici)

Set list : Agent Orange, TV Activity, The Ultimate Stranger, Shadows of Doubt, I Can't Live in a Living Room, I'm Falling Apart, Man Comes From Ape, Winning 

Les baffles crachent de la musique d’opéra. La voix du chanteur est androgyne : ce serait bien un morceau interprété par feu Klaus Nomi. Puis les musicos grimpent sur l’estrade à 21 heures pile, et Richard débarque le dernier, sous les acclamations de la foule (NDR : ce soir, c’était presque sold out). Cheveux grisonnants, charismatique, souriant, le visage marqué par le temps (NDR : et sans doute aussi par les excès commis au cours de sa jeunesse), il porte une veste noire, et un gilet dont les larges poignets blancs à pois noirs débordent. Tim a enfilé une veste de velours rouge foncé, et il a noué une cravate sur sa chemise blanche. Les deux frangins, comme le saxophoniste Mars Williams (NDR : il est de petite taille !) ainsi que la claviériste, Amanda Kramer (NDR : elle a notamment milité chez Information Society, The Golden Palominos et tourné en compagnie de Lloyd Cole et Siouxsie Sioux), sont chaussés de lunettes fumées. En retrait, Paul Garisto, le drummer porte un casque d’écoute sur la tête. Les deux guitaristes, Rich Good (ex-The Pleased et toujours impliqué au sein de Mirrors, ce Britannique vit aujourd’hui en Californie) et un musicien de tournée se plantent à gauche du podium.

Et le set de s’ouvrir par « Dumb Waiters ». Mais il faudra attendre le cinquième morceau, « There’s a world outside » pour que le groupe trouve son équilibre tant instrumental que vocal, la voix de Richard éprouvant des difficultés à retrouver son timbre si caractéristique. Bien chauffée à partir de ce moment-là, elle va demeurer bien stable le reste du concert. Il arpente la scène sur toute la largeur, s’accroupit, serre des mains, chante en regardant dans les yeux des fans. Le saxophoniste déambule tout autant, alternant entre le saxophone alto (le plus souvent) et la clarinette (parfois), dans un style bien free, torturé, inspiré par John Coltrane ou Charlie Parker. Les interventions de Rich à la gratte deviennent progressivement plus incisives, à l’instar de « All that money wants » et « Sister Europe », un titre imprimé sur un tempo hypnotique. Peter retire sa veste, avant d’attaquer « Heaven », un morceau dont le refrain est repris en chœur par une bonne partie de l’auditoire. The Psychedelic Furs nous réserve un seul nouveau titre (NDR : un album serait prévu pour 2020 !), « The Boy that invented rock’n’roll », une compo qui s’achève dans un climat psychédélique. « Pretty in pink », chanté à nouveau par la foule, n’est bien sûr pas oublié. « President gas » nous réserve un joli duo de grattes, entre le 7ème élément (NDR : plutôt réservé, il se consacre cependant surtout à la rythmique) et Good, alors que Richard lève le poing, chaque fois qu’il prononce le titre du morceau. Le set s’achève par « Hearbreak beat », une compo qui alterne cordes saccadées et grondantes. Mais un sentiment envahit l’esprit de votre serviteur ; car si le set est de bonne facture, il manque quand même de morceaux plus punchy. Ce qui va néanmoins survenir en rappel, lors d’un « India » de toute beauté. Imprimé sur un tempo new wave et bien balisé par la ligne de basse puissante de Tim, il permet à nouveau au saxophoniste de se mettre en exergue, alors que les grattes enflamment une expression sonore qu’on aurait aimé plus énergique, lors du concert proprement dit… Suffisait peut-être d’insérer l’un ou l’autre morceau plus percutants et moins mainstream dans la set list… (Pour les photos, c'est )

Setlist : Dumb Waiters, Mr. Jones, Love My Way, There's a World Outside, The Ghost in You, Like a Stranger, Sister Europe, Heaven, All That Money Wants, Into You Like a Train, The Boy That Invented Rock & Roll, Pretty in Pink, President Gas, Sleep Comes Down, Heartbreak Beat

Rappel : India

(Organisation Ancienne Belgique)

 

 

Durand Jones

En digne héritier de Curtis Mayfield…

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Durand Jones and the Indications

Il y a plus ou moins deux ans, le Vieux Continent découvrait Durand Jones, grâce à un premier elpee éponyme sur lequel l’Américain était parvenu à se réapproprier l’ensemble des caractéristiques de la soul. En mars 2019, toujours accompagné de ses Indications, il nous livrait l’excellent “American Love Call”, un opus au cours duquel il dénonçait les injustices sociales qui gangrènent le pays de l’Oncle Sam. Suite à la sortie de ce deuxième long playing, le groupe s’est lancé dans une nouvelle tournée européenne, un périple qui transitait par le Botanique, ce lundi 14 octobre. Une occasion de (re)découvrir celui qui marche sur les traces de feu Charles Bradley voire de Lee Fields. 

Pour assurer sa première partie, Durand Jones a embarqué dans ses bagages The Dip, une formation originaire de Seattle. Pendant une grosse demi-heure, le groupe réunissant trois cuivres, un bassiste, un guitariste, un guitariste/chanteur et un batteur est parvenu à chauffer la salle, et dans les règles de l’art, en interprétant un répertoire vagabondant entre le blues et la soul. Si les musiciens connaissent parfaitement leur sujet, on peut quand même regretter cette absence de ce petit plus, de ce petit ‘supplément d’âme’ qui fait vibrer le mélomane…  

Un ‘supplément d’âme’ dont Durand Jones et ses Indications ne manquent certainement pas. Il est 21h lorsque le groupe monte sur les planches. Durand Jones se plante au centre du podium. Il est épaulé par les quatre membres des Indications ainsi que deux préposés aux cuivres. Dès les premiers accords, on a la conviction que le set sera de toute bonne facture. Musicalement, il frise même la perfection. Les balances sont impeccables. Les différents instrumentistes connaissent parfaitement leurs rôles. La basse groove, les cuivres réchauffent l’atmosphère tandis que la guitare et le clavier remplissent le peu d’espaces sonores demeurés vides. Superbes, “Morning in America”, “Make a Chance” ou encore “Smile” font mouche. Et puis, il y a surtout la voix de Durand Jones, un organe sculpté lorsque sur les bancs de l’église, il participait aux chœurs gospel (NDR : au-delà des stéréotypes, c’est véridique !) En une fraction de seconde, elle est susceptible de vous flanquer des frissons partout. Lorsqu’elle s’emballe, elle déclenche des applaudissements au sein de l’auditoire. Son bonheur de chanter est communicatif. Et en quelques mots, il est également capable de mettre une fameuse ambiance dans la fosse. Sympathique, il n’hésite pas se tenir en retrait afin de laisser ses musicos s’autoriser l’un ou l’autre solo et même à céder le micro au drummer Aaron Frazier, afin qu’il interprète “Don’t you Know”, de sa voix androgyne.

En un peu plus d’une heure, la troupe va dispenser la quasi-totalité de son répertoire ainsi qu’une reprise de son père spirituel, Curtis Mayfield. Tout heureux de pouvoir participer à une fête clairement réussie, les trois membres de The Dip sont même invités à rejoindre le band sur l’estrade.

Dans l’univers de la soul, au même titre que les géniaux St Paul and the Broken Bones, Durand Jones and the Indications est manifestement une des formations les plus intéressantes du moment.

(Organisation : Botanique)

Last Train

Ce soir, à l’Aéronef, il ne fallait pas manquer ce Last Train…

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Deux groupes méritaient de figurer en tête d’affiche ce soir, à l’Aéronef. Tout d’abord The Mystery Lights. Américain, il est responsable à ce jour d’un mini album et de deux long playings, dont le dernier, « Too much tension », est paru en mai dernier. Puis Last Train. Français, alsacien plus précisément, son deuxième elpee, « The big picture » (voir chronique ici), est sorti le mois dernier. Appréciant le rock/garage, votre serviteur avait coché la première formation dans son agenda, mais était aussi curieux de voir ce que le quatuor mulhousien avait dans le ventre, sur les planches. La surprise n’en sera que plus grande…

Lorsque The Mystery Lights grimpe sur le podium, la salle est déjà aux trois quarts remplie. Le line up implique un drummer, un bassiste, une très jeune claviériste, et deux guitaristes, également membres fondateurs du band. En l’occurrence Alfonso Solano, le seul qui ait les cheveux-mi-longs, les autres arborant de longues tignasses. Il joue sur une ‘phantom’, comme les Fuzztones. Puis Mike Brandon, le chanteur. Grand, filiforme, souple, il bondit comme un félin, prend des poses acrobatiques spectaculaires et vient régulièrement monter sur la petite estrade réservée au batteur. Glapissante, haut-perchée, sa voix navigue quelque part entre celles de Rick Ocasek, Robert Plant et Roger Hodgson. Lors du set, au cours duquel les morceaux s’enchaînent presque sans temps mort, le combo tente l’une ou l’autre incursion dans le blues/funk ou même la prog épique, mais elles font un peu pâle figure par rapport aux titres de pur garage bien rythmés, parfois à la limite du punk. Sur les plus accrocheurs, le clavier rogné, parfois ‘manzarekien‘ s’infiltre insidieusement, alors que bénéficiant d’une solide section rythmique, les deux gratteurs libèrent une électricité savoureusement grésillante, frémissante, parfois psychédélique. Réceptive, la foule accorde une belle salve d’applaudissements au quintet yankee, pour sa prestation… (pour les photos c'est )

La voie ferrée est maintenant tracée pour le Last Train. La salle est quasi-sold out ; et si l’auditoire est multigénérationnel, on y dénombre, quand même beaucoup de jeunes. Même des enfants, dont les oreilles sont sagement préservées par des casques de protection. En intro, les baffles crachent "The lonely Shepherd", une compo du célèbre flûtiste roumain Gheorge Zamfir. A cet instant, la scène est plongée dans un décor en noir et blanc. Et lorsque le quatuor débarque sur le podium, on remarque que même la basse est de couleur blanche et les guitares, de teinte noire. Chaud-boulette, le public, majoritairement français, même si quelques frontaliers sont présents dont quelques néerlandophones, manifeste déjà son enthousiasme. Et le convoi de s’élancer à toute vapeur. Dès « All alone », les trois gratteurs déambulent de gauche à droite et de long en large, en se contorsionnant, alors que véritable locomotive, le préposé aux fûts maintient parfaitement les rames sur ses rails. Tiré à quatre épingles, Jean-Noël Scherrer, ôte sa veste et dévoile un gilet seyant. Il retrousse ses manches de chemise, avant d’aborder le deuxième titre, « Way out ». La ligne de basse est crépusculaire, les déflagrations électriques sont chargées d’intensité. Imprimé sur un tempo presque new wave, « Dropped by the dove » déferle comme une compo des Stooges. Des déflagrations qu’on retrouve tout au long de « House on the moon », un titre réminiscent des débuts de Muse. Au début de « On our knees », les trois gratteurs font face au drummer et entament le morceau dans un climat incantatoire avant qu’épileptiques, les guitares n’entretiennent un climat déchiré entre calme et tempête. Le medley entre « One side road » et « Between wounds » s’ébranle sur un rythme bien carré, puis finit par se déstructurer et vire même au psychédélisme. Jean-Noël s’enhardit, traverse le front stage, franchit les barrières, et rejoint la foule. Il grimpe sur les épaules d’un solide gaillard et brandit le poing tel un gladiateur (NDR : geste qu’il va faire régulièrement tout au long du concert) puis se laisse porter par la foule, tout en triturant sa six cordes. Au bout de quelques minutes, il retourne sur le podium, afin d’achever l’interprétation du morceau sur un tempo de plus en plus frénétique. Grondante, la ligne de basse communique un sentiment de menace tout au long de « Disappointed ». Quelques arpèges de gratte amorcent « Fire », une forme de blues magnifié par des guitares jumelées et ponctué de quelques explosions électriques, un morceau qui va soulever une véritable ovation de la part du public. Et le concert de s’achever par le syncopé et judicieusement intitulé « Leaving you know ». Le spectre de Placebo plane. Les musiciens sont déchaînés, survoltés même, et Julien vient frotter ses cordes contre son ampli pour en extraire le max de feedback.

Le public en veut encore et le manifeste bruyamment. Trois wagons à la set list seront dispensés en appel. Tout d’abord « Tired since 1994 ». Il s’ébroue tel un tortillard, puis monte en crescendo alors que quelques aficionados aux premiers rangs en profitent pour allumer quelque briquets (NDR : et pas des smartphones !) comme trente ans voire quarante ans plus tôt. Rollingstonien, caractérisé par ses ‘ouh ouh’ ferroviaires que la foule reprend en chœur (NDR au cours du set, le public chante d’ailleurs régulièrement les paroles), « Cold fever » incite l’auditoire à frapper des mains, gestes qui se transforment en acclamations. Avant d’attaquer le dernier morceau, Jean-Noël, remercie l’équipe technique, les musiciens de Mystery Lights pour avoir assuré le supporting act ; puis le convoi s’embarque dans une version plus courte, mais diablement efficace et terriblement sauvage, entre rock et blues, du titre maître de son dernier opus, « The big picture ». C’est la dernière claque du concert. Une fameuse ovation s’élève de la fosse. Le groupe n’en revient pas. Les musicos se congratulent. Se prennent dans les bras. Le moment est émouvant. Quitter l’auditoire semble même briser leurs cœurs. Un peu comme s’ils partaient pour un long voyage en sachant qu’ils ne reviendraient plus avant longtemps… Franchement, ce soir, à l’Aéronef, il ne fallait pas manquer ce Last Train… (pour les photos, c'est ici)

Set list :
All Alone, Way Out, Dropped by the Doves (I Only Bet On Myself was initially planned), House on the Moon, On Our Knees, One Side Road/Between Wounds (Medley), Disappointed, Fire, Leaving You Now

Rappel :
Tired Since 1994, Cold Fever, The Big Picture

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