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Martin Solveig

Un show surprenant et unique en son genre…

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Après avoir conquis Tomorrowland et le Pukkelpop, respectivement en 2017 et 2018, Martin Solveig est de retour aux affaires cette année. Au programme : du matos inédit et un nouveau spectacle. Suite au succès de son dernier titre, « All Stars », pour lequel il avait reçu le concours de le chanteuse Alma, il a publié « My Love », qu’il interprète personnellement. Cette compo prélude un nouveau virage musical tout en reflétant une envie de défendre une musique au travers d’un format plus live et en laissant libre cours à sa créativité visuelle et scénographique.

Ce soir, l’auteur-compositeur-interprète-producteur se produit à l’AB, pour un concert, bien évidemment sold out…  

Le supporting act est assuré par (Michael) Creange, l’un des meilleurs Djs parisiens. Depuis plus de dix ans, il sévit au sein des meilleurs clubs et tout particulièrement le très à la mode ‘Chez Raspoutine’, à Paris, où il est devenu résident. Jouissant d’une large culture musicale, ce producteur est le responsable du tube « Le Soleil », diffusé sur toutes les plages branchées d'Ibiza.

Il entame son set par un remix de Jain (« On My Way »), mêlé à du Claire Laffut (« Mojo »). Spontané, interactif et énergique, il ne tient pas en place derrière ses platines, communiquant à la foule un incroyable sentiment de joie et de plaisir, grâce à une musique chargée de nuances et bien équilibrée. Il remixe, à sa manière, de grands standards funk et soul des nineties. La mayonnaise prend bien et le public commence à se déhancher sur le dancefloor. Bref, Creange a parfaitement joué son rôle de chauffeur de salle avant la prestation de Solveig...

20h45, les lumières s’éteignent, le rideau s’ouvre et dévoile le décor où on remarque de suite la présence d’un écran géant aménagé en fond de scène.

Martin Solveig ne reste pas planté derrières ses platines pour mixer. Il mouille sa chemise en monopolisant le podium, muni de son micro. Sa voix n’est pas parfaite, mais cette carence ne nuit jamais à l’ensemble. D’ailleurs, il est bien plus important de constater que l’artiste sort de sa zone de confort pour se consacrer au chant et interagir constamment avec une salle complètement acquise à la cause.

Lors de l’« Intro », il n’y a pas âme qui vive sur les planches. On entend juste la musique qui défile et les stroboscopes bleus et blancs qui scintillent. On reconnaît ensuite « Where It All », que chante Solveig ; mais il n’y a toujours personne sur l’estrade. En fait, il est occupé de traverser la fosse et débarque devant nous, vêtu d’une veste à lignes blanches et noires. Il balance alors ‘Ca y est, on y va Bruxelles ?’ Aussi modestement, il ajoute : ‘Bruxelles, cela va bien ?’. Tout continuant à parler, il invite le public à applaudir et à jumper. La réaction est instantanée. Pendant ce temps, un préposé aux synthés et un guitariste s’installent. Ils s’attarderont sur les planches, le temps de 3 morceaux.

Tout au long de « Buckjump », « Aint No Use » et « One Your Way Down », la section rythmique se révèle particulièrement percutante, sauvage et efficace. Le préposé aux synthés et celui à la gratte rythmique accomplissent parfaitement leur job. Ils apportent aux morceaux une touche à la fois funky et électro, tout en leur administrant des sonorités africaines. Solveig réalise un enchaînement magistral entre « The Night out » et « Aint No Use » qu’il opère en milieu de parcours. Bien vu ! Ce qui met, en outre, une sacrée ambiance dans la fosse.

Interlude : des roadies apportent un escalier à 3 marches de couleur noire, divisé une deux parties, sur lesquels vont grimper deux danseuses coiffées d’un grand chapeau noir. Et lorsque les deux éléments sont réunis, on devine, au-dessus, les platines de Solveig. Il part s’installer derrière et fait son show, tout au long de « One Your Way Down » et « Craziest Things », pendant que les danseuses exécutent, en avant-plan, des danses africaines. La température grimpe encore d’un cran, et la salle se transforme en immense dancefloor. Précision : les deux musicos ont alors disparu de la circulation et ne reviendront plus sur l’estrade.

Solveig récupère son micro et affronte à nouveau le public, tout en confessant qu’il s’agit de son second show, ce soir. Le premier, il l’a accordé à Paris. Il signale que Bruxelles est sa seconde ville, salue le public ainsi que Stephen Fasano, aka The Magician, présent dans l’auditoire. Solveig descend dans la fosse pour attaquer « My Love ». De quoi y mettre le souk. Il va d’ailleurs y rester un bon moment, de manière à s’immerger dans l’atmosphère qui règne au sein de la foule, accordant même quelques selfies…

Martin revient derrière les manettes pour « Lose My Mind ». Les danseuses sont également de la partie, mais ont changé de tenue, optant pour des joggings de couleur blanche. Elles exécutent des mouvements de break dance plutôt acrobatiques. Placés en bord de scène, les machines à fumigène sont réactivées. On en a alors plein la vue et les oreilles, Solveig en profitant pour libérer totalement ses samples et ses machines. Et le show de s’achever par « Do to me ». Malheureusement, malgré les demandes incessantes du public, Martin ne reviendra plus…

Plus pop et personnel, ce spectacle aura permis à Solveig de revisiter ses grands classiques, mais aussi d’interpréter ses nouveaux titres au sein d’un format exceptionnel. Aussi bon DJ que performer, malgré une petite faiblesse au chant, l’artiste français parvient à réinventer les codes du live à travers un show surprenant et unique en son genre…

Setlist : « Intro », « Where It All », « Buckjump », « Aint No Use », « One Your Way Down », « Craziest  Things », « Here come The Girls », « Suburbia »», « My Love » , « Sunny Side », « Tripped Out Slim » , « Lose My Mind », « Something Beautiful, Hurricane », « Do To Me ».

(Organisation : Live Nation)

The Black Box Revelation

Un tsunami sonore…

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Réunissant Jan Paternoster et Dries Van Dijk, Black Box Revelation est un duo originaire de Dilbeek. Il est à l’affiche 3 jours de suite à l'Ancienne Belgique, dont ce vendredi 15 mars 2019, lors d’un concert auquel assiste votre serviteur. La paire est venue défendre son dernier elpee, « Tattooed Smiles » (Trad : sourire tatoué), paru en octobre dernier.

Le supporting act est assuré par Michiel Libberecht, aka Mooneye. Agé de 25 ans, il est surtout notoire en Flandre pour son projet Mickey Doyle, qui a remporté le concours ‘Het Jonge Wolven’, en 2017. Ce qui lui a permis d'être programmé au sein de nombreuses salles et de festivals au Nord de la Belgique (Leffingeleuren, Dranouter, Het Depot, Cactus Club, De Zwerver, Democrazy, etc.). Il va nous proposer de larges extraits de son premier Ep 5 titres, gravé en mars de l'an dernier.

Lorsque Mooneye se produit en format électrique, c’est en quintet. Mais en acoustique, il est seul, comme ce soir, pour se consacrer au chant tout en s’accompagnant à la guitare (NDR : ce soir, il va se servir de deux exemplaires). Le rideau de couleur noire est tiré derrière l'artiste, quand il grimpe sur le podium.

Il entame son récital par « Thinking About Leaving ». Douce, envoûtante, sa voix colle parfaitement aux compos empreintes de mélancolie. Les mélodies sont chaleureuses et les refrains entêtants. Et comme il a une belle gueule d’ange, il ne lui est pas difficile de séduire un public féminin, massé aux premiers rangs. Il nous réserve une cover surprenante du « Clap Your Hands » de Tom Waits. Certains médias néerlandophones n'hésitent pas à le comparer à Kevin Morby, Fleet Foxes ou encore Roy Orbison. De fameux compliments ! Malheureusement une bonne partie du public est venu exclusivement pour le concert de BBR ; aussi, il se désintéresse totalement de cet artiste, entretenant un brouhaha peu évident pour atteindre un niveau de concertation optimale... La prestation du groupe au complet aurait d'ailleurs été bien plus judicieuse, vu le style bien électrique de la tête d'affiche...

Le Black Box Revelation est donc en tournée, un périple qu'il a baptisé ‘Tattooed Smiles Tour’, en référence à son 5ème opus studio. Sa musique n'est pas facile à appréhender, puisant au sein d'une multitude de sources, qui oscillent du r&b au garage, en passant par le hard rock et le blues. Les Kinks, Le Led Zeppelin, The Black Keys et Black Rebel Motorcycle Club constituant probablement ses références majeures...

A 20h50, le duo grimpe sur le podium. Enfin pas vraiment un duo, mais un trio, vu la présence d’un troisième musicien ; en l'occurrence Jasper Morel, qui va passer régulièrement du Hammond à la guitare électrique. L'autre gratte étant réservée, bien évidemment, à Jan Paternoster. Dries est installé sur une estrade, du côté gauche de la scène. Quelques smiley’s lumineux, en forme de ‘Mickey Mouse’, sont suspendus un peu partout au-dessus du podium.

Place alors au tsunami sonore provoqué par la pluie de décibels. « Kick the Habit » ouvre les hostilités. « Blown Away » permet de lâcher quelque peu la pression. Tout comme « Built To Last », un Delta blues purulent signé Seasike Steve, au cours duquel plane d’ailleurs son spectre. Les guitares s’emballent de nouveau tout au long de « Gloria », une compo dont le refrain est repris en chœur par la foule, jusqu’à en perdre la voix... Et « War Horse » rencontre un même enthousiasme de la part de la foule. D'une durée de plus de 10', ce titre nous plonge au sein d'un univers velvetien. D'abord, il y a ces ivoires qui s'ébrouent, puis les grattes qui s'enflamment et enfin le drumming sauvage de Van Dijk, propice à l'envoûtement, qui semble inépuisable… Un grand moment ! Tout au long de « Lazy St » et « Never Alone », les gratteurs nous réservent des solos exceptionnels. Particulièrement dansant, « My Perception » provoque un véritable climat de folie, dans la fosse. « I Think I Like You » termine le set. Manifestement, le groupe est content d'être sur les planches et on ressent une véritable complicité entre les musicos et les spectateurs.

En rappel, BBR nous réserve un redoutable « Gravity Blues » ; mais pas de trace de Roméo Elvis pour interpréter « Laisser Partir », invité surprise qui ne pointera le bout du nez que le lendemain. Le Black Box Revelation a acquis une belle maturité au cours de ses concerts, et l'a de nouveau démontrée ce soir, en proposant un set de 110 minutes, qui a conjugué sueur, rage et émotion à travers un rock’n’roll qui permet d'oublier les tracas de la vie quotidienne...

Setlist : « Kick the Habit », « Mama Call Me, Please », « High On A Wire », « Lazy St », « Built To Last », « Gloria », « War Horse », « Tattooed Smiles », « Blown Away », « Bur-Bearing Heart », « Never Alone, Always Together », « Damned Body », « Love Licks », « My Perception », « I Think I Like You ».

Rappel : « Gravity Blues », « Laisser Partir », « Tattooed Smiles ».

(Organisation : AB et Live Nation)

 

The Cinematic Orchestra

Un retour en demi-teinte…

Ce soir, The Cinematic Orchestra est de retour en Belgique ; et plus précisément à l’Ancienne Belgique. Les fans se sont déplacés en masse pour assister au concert du projet de l'Anglais Jason Swinscoe. Le show est donc sold out. Etrange, quand on sait qu’à ce jour, le groupe n’a publié que trois albums studio depuis sa formation en 1999 : « Motion » (’99), « Every Day » (’02) et « Ma Fleure » (’07). Ce qui n’a pas empêché sa discographie de largement s’étoffer au fil du temps, et notamment grâce à la réalisation de musiques de films, en l’occurrence celles de « Man With A Movie Camera » ainsi que la BO d’un Disney ; sans oublier l’immortalisation d’une prestation en public traduite par « Live At The Royal Albert Hall ». Le nouvel album, « Believe », sort dans quelques jours et c'est peu dire qu'il est très attendu.

Dès 21 heures, on est doublement heureux lorsque les musiciens grimpent sur le podium, car la musique proposée entre les premières parties et TCO, se résume à une sorte de trip-dub-step stridente, bruyante et, avouons-le carrément horripilante.

On oublie bien vite ce casse-oreilles, car la formation que tout le monde attend entame idéalement son set par "Man With A Camera Camera". Jason Swinscoe est, comme d’habitude, planté sur la droite de l’estrade, derrière ses machines, dans la position du chef d'orchestre. Il est soutenu par un groupe complet réunissant un bassiste, saxophoniste, guitariste et claviériste. Pas de cordes mais c'est compréhensible vu que les extraits du nouvel opus indiquent une direction moins orchestrale et plus rock/nu-jazz/trip-hop.

Frida Touray débarque pour chanter "Wait For Now / Leave The World", une nouvelle compo qu’elle parvient à illuminer d’une voix chaleureuse aux accents soul. D’ailleurs, dans la salle, l'émotion est palpable. Mais quand elle revient un peu plus tard pour "Zero One / The Fantasy", elle se révèle bien moins convaincante. Le morceau est trop long et manque cruellement de passion et de tension.

Place, ensuite, aux plages instrumentales de l'Orchestra. "Saxloop" est, comme son nom l'indique, constitué de loops élaborés par le saxophoniste, Tom Chant, mais le titre vire trop vite à l'improvisation 'free' bruitiste. "Familiar Ground" est le seul track issu de l’elpee "Ma Fleur". En fait, la set list néglige un peu trop le répertoire mieux connu du band, à l’instar de "To Build A Home". Ce qui provoque une déception légitime au sein de l’auditoire. Heureusement, la formation a le bon goût de nous réserver "A Promise" et, pour clore le set, "All That You Give". Que du bonheur !

Bref, si on est heureux d'avoir pu revoir The Cinematic Orchestra, un peu comme quand on retrouve un vieil ami, honnêtement il faut reconnaître que la prestation a laissé un goût de trop peu. A la décharge du combo, il s'agissait là du premier concert de la tournée. Nul doute que le show s'améliorera au fil des représentations.

En lever de rideau, on a pu apprécier les prestations de PBDY et Salami Rose Joe Louis, tous deux originaires de Californie. PBDY (Paul Preston), le DJ, producteur et fondateur du label TAR (Michelle Blades, Jimi Nxir, Cakedog), a proposé une trip-hip-hop de qualité et Salami Rose Joe Louis (Lindsey Olsen) nous a plongé dans une ambiance lo-fi touchante mais un peu trop monocorde…

Setlist TCO: Man With A Movie Camera, Wait For Now, Leave The World, Channel 1 Suite, Zero One, The Fantasy, Flite, Sax Loop, Familiar Ground, A Promise, All That You Give

(Organisation : Ancienne Belgique, Bruxelles)

 

Nao

Y a-t-il un précédent à ce qui est postérieur ?

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De son vrai nom Neo Jessica Joshua, Nao est une jolie chanteuse originaire de Nottingham. Née en décembre 1987, elle a publié deux elpees à ce jour, « For All We Know » en 2016 et « Saturn », fin 2018. Elle qualifie sa musique de ‘wonky funk’, un savant cocktail de musique électronique, de soul, pop, disco, r&b et funk (of course), un style qu’on pourrait situer dans la lignée d’Aluna George, FKA Twigs ou encore SZA. Elle avait accordé un set particulièrement enflammé, lors de son passage à Werchter, l’an dernier. Elle se produisait ce samedi 9 mars dans le Ballroom de l’AB, et la salle est presque comble.

Jamie Isaac assure le supporting act. Considéré comme un jeune prodige de l’électro/pop, outre-Manche, il a gravé son second opus, « (4:30) Idler », en juin dernier, un LP qui fait suite à « Couch Baby », paru en 2016. Entre r&b, jazz, soul et électronique, Isaac cite, comme références majeures, aussi bien l’âge d’or du jazz des années 50 et 60, que Marvin Gaye, Chet Baker, les Beach Boys, Dave Brubeck ou même Frédéric Chopin. 

Sur les planches, il est soutenu par un drummer, un bassiste et un guitariste. Jamie est installé au centre du podium, face à ses ivoires. Plutôt timide, il échange cependant parfois quelques mots avec les spectateurs, sis aux premiers rangs. Sa voix est empreinte de délicatesse. Tendre, « Wungs » oscille entre jazz et lounge. Jouant aussi bien sur des toms classiques que des pads électroniques, le batteur impressionne par l’amplitude de son drumming. La cover du « Unthinkable » d'Alicia Keys constitue un moment fort du concert. Jamie avait d’ailleurs signalé qu’il avait toujours aimé la chanson, mais qu'il souhaitait qu'elle soit un peu plus lente ; raison pour laquelle il l’adaptée. Le show s’achève par « 4:30 Idler (Sleep) », autre point culminant du spectacle, un morceau mélancolique, délicieusement languissant, au cours duquel les solos de guitare et de batterie vont laisser l’auditoire bouche bée. A revoir en tête d’affiche !

Les lumières s’éteignent à 21h00 précises. Une bande préenregistrée diffuse « When Saturn Returns », pendant que les musicos s’installent ; en l’occurrence un guitariste, un drummer (NDR : sur son estrade) et deux claviéristes dont un double à la basse. La disposition du backing group laisse un max d’espace scénique à Nao. Surprenant, les projecteurs se focalisent sur le centre de la fosse, juste devant la table de mixage. Toute de bleu vêtue, Nao a grimpé sur un tabouret, pour chanter le single « Another Lifetime ». Très soul, puissante, sa voix ressemble étrangement à celle d’Aluna Francis (AlunaGeorge) et prend immédiatement aux tripes.

Le public est déjà conquis. Dès qu’elle a achevé le morceau, elle remonte sur le podium tout en n’oubliant de saluer son public, mais aussi en distribuant quelques ballons blancs aux premiers rangs. Tout au long de « If you ever », elle ondule sensuellement et remue le popotin, au rythme des percus. 

La setlist va nous proposer de nombreux extraits de son dernier long playing. Pendant « Make It Out Live », elle vient s’asseoir juste à la gauche de votre serviteur et chante en le fixant dans les yeux pendant une grosse minute. Perturbant ! Puis elle se relève, se déplace et entame une danse africaine festive. Funky, « Fool To love » libère un fameux groove, une compo sont la rythmique rappelle celle de Nile Rodgers. D’ailleurs, les musiciens affichent tous une fameuse technique. Nao est très interactive. Ce qui déclenche parfois des fous rires aussi bien chez elle que dans la foule, sans pour autant altérer la qualité du show. Ses échanges permettent au répertoire de transiter facilement de titres plus émouvants, comme « Brown Sugar », à des morceaux dansants, tel que « Complicated ». Elle exécute encore quelques danses accroupies, en balançant son pétard face aux premiers rangs.

Le set se termine par une cover du « Firefly » de Mura Mas, longuement commentée par Nao.

Lors du rappel, elle revient seule sur le podium et nous réserve « Drive and disconnect », avant que le band ne la rejoigne, lors de la finale, pour « Bad Blood ».

Setlist : « When Saturn Returns » (intro pré-enregistrée), « Another Lifetime », « If You Ever », « Make It Out Alive », « Fool To Love », « Adore You », « Gabriel », « Orbit », « Brown Sugar, Inhale Exhale », « Complicated », « Saturn », « Girlfriend », « Yellow Of The Sun », « Firefly (Mura Masa cover)

Rappel : « Drive And Disconnect », « Bad Blood »

(Organisation : Ancienne Belgique)

Meute

Comment mettre une folle ambiance sans pour autant sacrifier la rigueur technique…

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Meute avait littéralement bouté le feu au Festival Esperanzah, en 2018. Cette véritable machine à danser retourne tout sur son passage, à grands coups de cuivres et des percussions. Le line up réunit onze joyeux drilles, quasiment tous originaires de Hambourg. Ce soir, ils seront douze à fouler les planches. Ils vont nous proposer des versions organiques et audacieuses de titres électro signés Flume, Laurent Garnier, Frankey & Sandrino, Âme, N’to ou encore Trentemøller...

En fait, il s’agit d’une fanfare pratiquant de la guggenmusik, un style rencontré surtout en Suisse, mais également au sein des pays limitrophes, lors du carnaval. Les musicos sont costumés, comme la Meute qui se produit ce soir, mais parfois aussi déguisés. De nombreux cuivres (trompettes, trombones à coulisse, euphoniums, sousaphones, clarinette ainsi que saxophones basse et baryton) ou plus traditionnellement des fifres, des percussions (batteries mobiles, grosses caisses, woodblock), sans oublier le ou les glockenspiels en forme de lyre, constituent la base de l’instrumentation.

L’Orangerie du Botanique est soldout depuis quelques mois, comme toutes les dates de la tournée. Pas de supporting act. Le collectif va faire danser la foule pendant 145 minutes, rappel compris.   

Une immense scène érigée sur différents niveaux permet aux artistes de se regrouper au gré des morceaux, tantôt par deux ou trois têtes de pipe. Bien que chaussés de baskets, ils ont tous revêtu une veste décorée d’une fourragère dorée et brodée d’écussons.  

Le set s’ouvre par le dernier single, « Gula ». Des lumières bleues inondent les deux préposés au glockenspiel (un traditionnel et un en forme de lyre). Le responsable du sousaphone s’installe en retrait et laisse les sept autres cuivres s’installer en front d’estrade, en ligne. Outre les huit cuivres, le groupe implique quatre percussionnistes, dont deux qui se servent de caisses claires avec cymbales, une grosse caisse et un préposé au glockenspiel droit. Celui qui se sert du modèle en forme de lyre a alors abandonné son instrument pour une caisse claire avec cymbales. La machine infernale des cuivres se met en branle à partir de « Rej » d’Âme. Le public réagit déjà, manifeste son enthousiasme et remue inconsciemment le bas des reins.

La combinaison est improbable, mais fonctionne. Le glockenspiel droit emprunte les pistes du synthé, le tuba se mue en basse pulsante et une grosse caisse simule un Roland TR-808. En général, les cuivres ont recours à des sourdines pour reproduire le son d'un filtre passe-haut. Ce n’est pas le cas ici. Le groupe tout entier s'immisce dans une pause, comme si un dj avait ajouté un effet d'écho. L’ingé-son est un véritable artiste. Il faut savoir jouer des manettes, lorsqu’il y a autant de musiciens. Pendant « The Man With The Red Face (Laurent Garnier), tous les musicos s’agenouillent alors que les spectateurs s’accroupissent puis au signal se relèvent, comme des diables qui sortent de leur boîte, avant de commencer à jumper. Et « Tumult », titre maître du seul elpee gravé à ce jour par la formation, porte bien son titre, une bande-son idéale pour mettre le souk et convaincre les plus réticents à danser.  

Du « The Man With The Red Face » de Laurent Garnier, à « Rej » d’Âme, en passant par « Acamar » de Frankey & Sandrino ou encore « Every Wall Is A Door » de N’to, la joyeuse bande reprend allègrement et impeccablement, les classiques de l’électro et la techno.

Deux des trompettistes constituent l’ossature du projet. Thomas en est l’instigateur, mais c’est Hans qui se charge des arrangements et semble remplir le rôle de chef d’orchestre.

Les rappels vont être accordés dans la fosse, au milieu de la foule… un peu trop euphorique, il faut le reconnaître. C’est la semaine du carnaval, mais quand même ! N’empêche, on a vécu, ce soir, une chouette soirée festive, mais soignée par une haute qualité musicale consécutive à une remarquable rigueur technique…

Si vous avez raté ces petits génies du tambour, des cuivres et du marimba, malgré leur tournée estivale accomplie en Europe, ne les manquez surtout plus la prochaine fois ! En ‘live’, Meute est irrésistible...

Setlist : « Gula », « Rej », « Customer Is King », « Think Twice », « Versatyle », « Araxa », « Hey Hey », « Winx », « You And Me », « Every Wall », « The Man With The Red Face », « Drum Solo », « Kerberos ».

Rappel 1 : « Acamar », « Mental Help ».

Rappel 2 : Miss You ».

(Organisation : Botanique)

Laibach

Conceptuel mais déconcertant…

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Suivant sa bonne habitude, Laibach va de nouveau tenter de nous surprendre, ce soir, au Botanique. Entre provocation, brouillage de pistes et jeu de scène époustouflant, le set sera partagé en deux parties distinctes, séparé par une intermission, mais prolongé par un troisième acte (NDR : le rappel), toujours aussi désarmant.

Groupe de référence dans l’univers de la musique indus voire dark wave, Laibach est originaire de Slovénie (NDR : son patronyme n’est autre que l’ancienne appellation de la capitale slovène, Ljubljana). Créative, sa carrière a commencé début des eighties ; aussi, en retracer l’historique nécessiterait l’écriture d’un bouquin, et la résumer est quasi-mission impossible.

Rien que pour comprendre son dernier engagement majeur, en l’occurrence sa tournée accomplie en Corée du Nord, il a fallu se farcir un long documentaire. Intitulé « Liberation day », il était d’ailleurs projeté, la veille de ce concert, au cinéma Nova, à Bruxelles, en présence du réalisateur Morten Traavik et d'Ivan Novak, un des membres du band, une projection à laquelle de nombreux fans ont assisté.

L’Orangerie est presque sold out pour accueillir Laibach. Assez mature, le public réunit de nombreux nostalgiques de la période indus. Le show va démarrer avec un bon quart d’heure de retard. Etonnant quand on connaît la ponctualité bien germanique du combo. Première surprise : l’intro ! Et pour cause, on se croirait dans la basse-cour d’une ferme… Le premier acte est consacré au dernier opus, « The sound of music», dont le tracklisting est interprété dans son intégralité et l’ordre. Inspiré du dernier périple opéré en République populaire démocratique de Corée, mais également du film ‘La mélodie du bonheur’, un long métrage très prisé au pays de Kim Jong-un, cet elpee a, de nouveau, de quoi déconcerter. Pourtant, les premières minutes du set sont carrément agaçantes. Le chant lyrique de la choriste évoque celle d’une candidate de l’Eurovision. Mais dès que Milan Fras grimpe sur le podium pour y poser sa voix immuablement rauque sur le titre maître de l’album, le concert prend une toute autre dimension. L’ensemble devient harmonieux, pondéré et maîtrisé. Même Milan affiche le sourire et adresse un regard bienveillant à l’égard de son public et des autres membres de la formation. Ce qui est inhabituel dans son chef. Les images projetées en arrière-plan et sur les enceintes sont carrément bluffantes. Excellent, « Edelweiss » est enrichi de chœurs d’enfants… mais samplés. Et tout aussi épatant, « So long. Farewell » est décliné en plusieurs langues (‘auf wiedersehen, adieu’).

Après l’entracte, au timing quand même scrupuleusement respecté, place au deuxième volet du show. Pour lequel les acteurs ont changé de costume. Et la musique va aussi changer radicalement de style, passant alors à l’indus. Tout au long de « Mi kujemo bodočnost », Milan nous matraque de slogans. Avant de s’éclipser quelques minutes afin de laisser ses musicos s’exprimer à travers une musique tour à tour bruitiste, jazzyfiante et même métallique. On pourrait imaginer qu’il s’agit d’une jam, mais en fait, tout est réglé comme du papier à musique, à l’instar de l’ensemble du spectacle qu’on pourrait qualifier de conceptuel. « Smrt za smrt » et « Nova akropola » s’enchaînent à merveille. Les lyrics sont martelés à la manière d’un leader politique dont le disours tient de la propagande. Pendant « Vier personen », les  portraits de Marx, Engels, Lénine ou Trump s’affichent tour à tour. Cherchez l’erreur ! Le temps de six morceaux, soit durant une bonne trentaine de minutes, on est plongé au sein d’un univers sombre, à la limite de la persécution…

Et on n’est pas au bout de nos surprises, puisque le rappel va se singulariser par une autre forme d’audace. Laibach nous réserve ainsi une cover du « Sympathy for the devil » des Stones, d’abord. Puis « The coming race » nous plonge dans la science-fiction, et tout particulièrement celle du film ‘Iron sky’. Encore qu’on y décèle, à nouveau, des traces eurovisonaires, mais aussi du générique d’un hypothétique James Bond. Marina Mårtensson, la nouvelle chanteuse, revient sur l’estrade, dans une tenue beaucoup plus décontractée. Haut-perchée, sa voix peut impressionner, mais votre serviteur préférait celle de sa devancière, Mina Špiler. « Surfing through the Galax y » clôt la prestation. Un titre country/folk bien yankee, au cours duquel Milan revient coiffé d’un chapeau texan. Déroutant ! Mais de quoi aussi briser son image gothique.

D’ailleurs de nombreux fans purs et durs d’EBM ou indus de la première heure, reconnaissables à leur crâne plutôt rasé, quittent prématurément le show, criant presque à la supercherie. A contrario celles et ceux qui apprécient l’originalité et la liberté de ton du spectacle, approuvent, félicitent et l’ovationnent, car il est bien plus intéressant que celui de ces groupes ou artistes issus des eighties, qui se contentent, lors de leurs concerts, de proposer un répertoire en forme de ‘best of’… 

 (Organisation : Botanique)

Samba Touré

Depuis le blues du désert jusqu’au delta du Mississippi…

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Le blues du désert, c’est un peu celui du Delta du Mississipi –donc supposé lent– qui intègre des instruments traditionnels maliens. Le père de ce style musical était Ali Farka Touré, décédé en 2006. Il chantait en plusieurs langues africaines, dont le songhaï, le peul, le touareg et le bambara. Des idiomes également pratiqués par Samba. Il a milité chez Farafina Lolo, Super Lolo, Fondo mais aussi au sein du backing group d’Ali, avant de se lancer en solitaire. En mai 2018, il a publié son 8ème opus solo, « Wandé », sur le label Glitterbeat (Kel Assouf, Labi Traore, Jupiter And Okwess, Lobi Traore, Orkestra Mendosa, Tamikrest, …), dont il va nous réserver de larges extraits, tout au long de ce set accordé face à une centaine de spectateurs…   

Un peu après 20h30, stetson vissé sur le crâne, Samba Touré grimpe sur l’estrade. Il va se consacrer au chant et à la gratte électrique. Il est suivi par un trio vêtu de costumes traditionnels de l’Afrique de l’Ouest, dont un bassiste (NDR : une cinq cordes !), un drummer –qui s’installe sur une calebasse en bois retournée sur un cajon (NDR : une sorte de gita)– ainsi qu’un préposé au tama (percu de la famille des membranophones) et au n’goni (type de luth à cordes pincées), des instruments indigènes, dont il joue de deux modèles, mais de tailles différentes.

La première moitié du spectacle s’inscrit dans la lignée du blues traditionnel du Delta, si bien incarnée par John Lee Hooker ou Ry Cooder. Les solos de guitare sont nombreux et empreints de délicatesse. Statiques, les musicos semblent plongés ans une forme de méditation divinatoire, au sein de laquelle flotte la voix pure de Samba.

Fruit de la rencontre entre les racines maliennes et les influences occidentales, la musique de Samba, lorsqu’elle devient dansante, se charge d’intensité et libère énormément de groove. Et le second acte va se révéler davantage rythmé. Le tama dynamise les compos et quelques spectatrices remuent le popotin ou entament une danse africaine propice à l’envoûtement. Les interventions du préposé au n’goni et celles à la guitare Touré, parfois funkysantes, mais surtout hantés par son mentor Ali Farka Touré ou carrément Bo Diddley, rivalisent d’efficacité au fil de l’amplification des sonorités et du recours aux pédales de distorsion, alors que le préposé à la basse s’évertue à respecter une ligne de conduite douce et harmonieuse…  

La crise au Mali est peut-être terminée, mais les dangers demeurent toujours bien présents. Bien sûr les morceaux d’«Albala » sont moins sombres que sur le précédent LP, enregistré lorsque les Islamistes contrôlaient son village. Mais il nous rappelle sa colère, ses angoisses et ses souffrances, nées de l’indifférence manifestée par le monde extérieur, à travers le single issu de cet elpee, « Gandadiko », alors que « Woyé Katé » est un appel au retour des réfugiés… 

(Organisation : Ancienne Belgique + Glitterbeat Records)

Clara Luciani

Créative et aussi capable de surprendre, sans s’étendre…

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Si le mois de mars est marqué par les prémices printanières, soufflant le froid polaire ou le chaud méditerranéen, le spectacle qui se déroule aujourd’hui, dans l’enceinte du Théâtre du Manège de Mons, est quant à lui brûlant d’intérêt.

RIVE, binôme sexué bruxellois et Clara Luciani, artiste en vogue outre-Quiévrain, sont programmés au sein de cette structure dont le nom a été choisi en souvenir de l’ancien manège militaire de Léopold, car c’était son emplacement, avant qu’il ne soit bombardé en 1944.

Les lieux sont très tôt pris d’assaut, puisque le concert a été décrété sold out rapidement. Si les uns ont un premier essai tombé fraîchement dans les bacs depuis hier seulement, la seconde a déjà acquis une belle notoriété grâce à son tube « La grenade », martelé fréquemment sur les ondes radiophoniques généralistes.

A 19 heures pétantes, à peine la lune vient d’y dévoiler sa robe blanche et nacrée, que le duo monte sur les planches. Elle, au piano, à la gratte électrique et au chant. Lui, se charge des fûts et des claviers.

Formé en 2015, RIVE (s’) impose un style électro-pop enjoué. Face au succès critique et populaire, un premier Ep, « Vermillon », voit le jour seulement deux années plus tard. Deux titres seront traduits en clips, « Vogue » et « Justice », des vidéos à l’expression graphique hautement léchée que l’on doit à l’équipe du Temple Caché.

C’est un par « Soleil » rayonnant que nos hôtes d’un soir embrasent leur tour de chant. Juliette martèle l’ivoire avec conviction et détermination. Son grain de voix éthéré, chaud, passionné et sensuel suscite le désir et en devient même émouvant.

La frappe de Kévin sur les peaux est d’une amplitude rare, comme s’il était très habité. Il vit d’une intensité rare son univers. Sa rythmique hautement précise devient vite entêtante et enveloppe les compositions avec acharnement.

« Fauve » emboîte le pas et nous dévoile une vision de l’amour et des rapports charnels très contemporains, la demoiselle assumant, semble-t-il à merveille cette nouvelle féminité.

Les thématiques sont plurielles et contemplatives de la société moderne. Les textes sont ciselés. Ils ont du coffre et de la puissance tout en offrant une proposition narrative très intéressante. Il y a à la fois du vécu et un soupçon de virginité.

Qu’elle soit due à une phase de sommeil artificiel ou encore à l’ivresse incontrôlée, « Narcose » plonge l’assemblée, complètement happée par le show, dans une forme d’envoûtement, préambule au lâcher-prise…

Alors que les premières gammes de « Vogue » sont reproduites à la gratte, un problème de retour son oblige le drummer à stopper net dans sa progression. La maîtresse des lieux se défendra pudiquement en s’excusant presque pour ces aléas du direct et de reprendre de plus belle le premier morceau qui a propulsé médiatiquement le duo. Un incident très vite oublié…

Alors que la métaphorique boréale lumineuse devient alors de plus en plus discrète, l’auditoire semble subjugué. La « Nuit » se pose enfin dans un crépuscule reposant par un quatre mains au piano mémorable en guise de dessert, annonçant une inéluctable fin…

Une prestation unanimement appréciée qui est parvenue à condenser un florilège d’émotions : on a ri, pleuré, dansé, dans une existence perceptive. Bref, on a vécu, tout simplement le temps d’une trentaine de minutes (voir les photos ici)

Sur le coup de 20 heures, en fond de scène, des vitraux estampillés ‘CL’, joliment animés par les lights, apparaissent. De l’aveu même de Clara Luciani, ces dessins seraient tout droit sortis de son imaginaire lorsqu’elle était seule dans sa chambre.

Après un spoken word saisissant en voix ‘off’, « On ne meurt pas d’amour » ouvre les hostilités, la ligne de basse accentuant encore les doutes et les fêlures de cette composition.

Véritable guerrière des temps modernes, elle enchaîne par « Comme toi », avant de prendre une petite pause et signaler au public qu’il s’agit de sa troisième date belge. Faut-il la croire sur parole lorsqu’elle scande tout comme César que les Belges sont les meilleurs ?

Elle aime aussi les chansons qui ont un prénom. ‘Quelqu’un s’appelle Eddy dans la salle ?’ demande-t-elle innocemment. Manifestement, les heureux élus ne sont pas légion. Peu importe, « Eddy » pointe quand même le bout de son nez sous un air groovy et parvient vite à faire oublier cette emphase…

Qu’on lui jette « Les fleurs », mais lorsqu’elle se met « Nue », Miss Luciani se dévoile constamment dans cette « Drôle d’époque ». Celle vers laquelle, nous jetons tous, un jour, un regard désabusé dans le rétroviseur de nos vies.

Quelque part entre rock ciselé et pop mélancolique, la Marseillaise d’origine ne s’improvise pas ; elle bouscule les conventions et défend ses idéaux en signant le combat d’une femme qui peine à trouver sa (juste) place, face à l’opprobre masculine…

Sa voix grave et chaude, souvent comparée à la regrettée Nico (NDR : une véritable icône du rock qui assurait les vocaux sur le premier elpee du Velvet Underground) ou à Françoise Hardy, affiche une identité vocale unique.

L’univers qui la hante surprend et nous offre une belle palette de sentiments, tantôt graveleux, tantôt atmosphériques. Ceux qu’elle admet bien vouloir partager le temps d’un soir avant que sa vulnérabilité la rattrape insidieusement. Il y a chez cette femme une dualité constante entre vouloir changer les choses et s’y complaire malgré elle…

Grâce à son refrain imparable, intime et puissant ‘Sous mon sein, la grenade’, la « Grenade », titre phare et explosif, résonne par son hymne révolutionnaire avant de voir disparaître l’artiste. Qui reviendra quand même pour accorder un double rappel.

« La dernière fois » sera l’occasion de tester les capacités oratoires des aficionados tel un laboratoire humain grandeur nature.

Sa version personnelle de « Blue Jeans » de Lana Del Rey, réinterprétée dans la langue de Voltaire, rappelle combien la jeune femme parvient, dans un registre plus doux et éthéré, à émouvoir encore davantage.

Autre reprise, celle de « The Bay », un tube signé par la clique à Joseph Mount (Metronomy), montre à quel point la Française est créative et aussi capable de surprendre, sans s’étendre…

Finalement, deux styles, des émotions parallèles et un combat unique ! Une belle bouffée d’oxygène…

Setlist RIVE : Soleil, Fauve, Justice, Narcose, Vogue, Nuit.

Setlist Clara Luciani : Intro - On ne meurt pas d’amour - Comme toi - A crever - Bovary - Eddy - Les fleurs - Nue - Mon ombre - Drôle d’époque - Dors - Monstre d’amour - Emmanuelle - Cette chanson - La baie - La grenade
Rappel : Folle - La dernière fois - Jean bleu

(Organisation : Mars)

 

Warmduscher

Un cow-boy qui se prend pour un speaker d’hippodrome ou un télévangéliste yankee…

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Paru l’an dernier, le dernier album de Warmduscher, un quatuor réunissant des membres et ex-membres d’Insecure Man, de Paranoid London, Childhood et surtout Fat White Family, « Whale city », figurait au sein du Top 15 de votre serviteur. Responsable d’une musique souvent âpre, sauvage également, mais particulièrement originale, qui oscille entre punk, garage, rock, krautrock, blues, surf, soul, funk, surf, glam, electronica et même disco, il se produisait au club de l’Aéronef, ce dimanche 24 février. Compte-rendu.

Lorsque la formation grimpe sur l’estrade, on est immédiatement frappés par le look de cow-boy affiché par deux des musicos. Le drummer a enfilé une tenue country de couleur crème. Puis le chanteur, Clams Baker Jr, est coiffé d’un stetson et chaussé de lunettes fumées. Il porte un pull dont la fermeture-éclair est ouverte, laissant apparaître son torse nu. Il se sert de deux micros, pour propager des intonations différentes à sa voix chargée de reverb, et d’une petite table de mixage dont il triture régulièrement les boutons, afin de dispenser des sonorités synthético-spatiales. Interactif, il ne chante pas vraiment, mais plutôt déclame, parfois un peu à la manière de Jon Spencer, à moins qu’il ne s’inspire d’un speaker d’hippodrome ou encore d’un télévangéliste yankee.  Longiligne, affublé de rouflaquettes, le guitariste a enfilé un costume en pied de poule, dont il va ôter la veste au bout d’une dizaine de minutes. Enfin, le bassiste a les cheveux en broussailles, un peu comme Kele Okereke, aux débuts de Bloc Party.

Malsains et infectieux, les riffs de gratte raniment le souvenir de Butthole Surfers. La ligne de basse vire régulièrement au funk. Mais en général, le garage/punk proposé par Warmduscher écrase tout sur son passage. A l’instar de « No way out » qui, tel un train à vapeur lancé tombeau ouvert, nous prévient de son arrivée, à travers des chœurs (NDR : ouh ! ouh !) censés reproduire les sifflements de la locomotive, et puis surtout du furieux « Big Wilma ». Plus lent et cinématique, le titre maître du second LP, colle parfaitement à l’image du band, une compo qui baigne au sein d’un climat de western spaghetti, un peu dans l’esprit de Sergio Leone voire d’Ennio Morricone ; mais ce qu’on ne parvient pas à sortir de sa tête, à l’issue du concert, ponctué par un bref rappel, c’est cette ligne de basse qui hante littéralement « Standing on the corner »…

Un chouette concert mais à la limite de provoquer des acouphènes… 

Il revenait à Death Valley Girls, d’assurer le supporting act. Fondé en 2014 par la multi-instrumentiste Bonnie Bloomgarden, le groupe implique également la bassiste Rachel Orosco, le guitariste Larry Schemel et sa sœur, Patty, ancienne drummeuse chez Hole. Bonnie porte une robe de couleur rouge flamboyante. De petite taille, elle alterne entre claviers et guitare, et sa voix évoque parfois celle de Siouxsie Sioux. Mais trop brouillon, le garage rock désertique et ténébreux proposé, bien qu’efficace sur disque (NDR : raison pour laquelle Iggy Pop ne tarit pas d’éloges le combo), manque de cohésion et de fluidité sur les planches. On a même parfois l’impression que le guitariste joue dans son coin. Dommage ! Paraît que la chanteuse était grippée. Elle avait sans doute aussi refilé le virus aux autres membres du band… Une chose est sûre, elle ne semblait pas dans son état normal…

(Organisation : Aéronef)

 

The Experimental Tropic Blues Band

Démoniaque !

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Plus de 20 ans que The Experimental Tropic Blues Band roule sa bosse. Ce power trio liégeois se produisait au Magasin 4, ce vendredi 22 février.

Dr Voice devait assurer le supporting act. La maman du drummer vient de décéder. Elle collaborait activement au projet ; ce qui explique pourquoi la formation a déclaré forfait.

La salle est bien remplie lorsque Jérôme Vandewattyne, le réalisateur du long mtrage (1h27’) « Spit'N'Split » pour La Film Fabrique, vient présenter ce petit chef-d’œuvre à la belge, primé dans quelques festivals prestigieux, un peu partout en Europe. La Film Fabrique est une structure qui crée, développe et produit des clips vidéo, des fictions et des documentaires. Composée d'une équipe pluridisciplinaire, LFF défend une vision alternative de l'audiovisuel en Belgique.

Ce faux-documentaire, Jérôme l’a tourné en suivant le band pendant 2 ans, armé de son appareil photo Panasonic Lumix GH2 et son objectif de caméra de surveillance. Pour Jeremy Alonzi, Vandewattyne est quelqu'un qui aborde le cinéma comme on aborde la musique. Des scènes de fiction se sont glissées dans le docu devenu très vite film, au cours duquel Bouli Lamers apparait même à la fin. Et c’est TETBB qui en a composé la B.O., aussi déjantée que le scenario.

Place ensuite au combo. Dirty Coq, Boogie Snake et Devil D’inferno vont nous livrer un set particulièrement nerveux de 60 minutes. Jérémy nous a confié que c’est la seule date pour cette année. En outre, que le band a fait le tour du rock garage. Donc que le prochain elpee sera totalement différent. Mais que les musicos doivent encore écrire les compos.

Le garage/punk/boogie/rock de The Experimental Tropic Blues Band est aussi crasseux et incontrôlable que jamais. Et puis, il incite toujours à se déhancher. Le combo va puiser, ce soir, largement dans le dernier opus. La frappe de David, sur ses fûts est sauvage et métronomique. C’est lui qui donne le tempo. Comme d’habitude, Jérémy dévore littéralement son micro et quand il pousse des gémissements ou éructe ses paroles, on imagine qu’ils ou elles émanent des entrailles de l’enfer. Perpétuel agité, Jean-Jacques ne tient pas en place et arpente le podium dans tous le sens. Il harangue constamment la foule dans le seul but de la faire réagir. Et dans la fosse, plutôt compacte, elle répond favorablement à son invitation. Tout au long de « Sushi », il souffle dans son harmonica comme un possédé asthmatique. Démoniaque ! Et puis, c’est devenu un rituel, il se lance dans la foule, après avoir abandonné son instrument pour se laisser porter à bout de bras. Les mains balaient alors son corps qui lâche alors des bruits aussi insolites qu’inattendus. Le set s’achève par le déjanté et frénétique « Keep This Love ». Jérémy n’en a pas profité pour exhiber ses bijoux de famille, lors de ce set. Il les a laissés dans son tiroir. En rappel, le trio va encore nous réserver « Jealous Rock », « Mexico Dream Blues », et « Garbage Man », un titre qui ne devait pas figurer dans la setlist.

Setlist : “Straight To The Top“, “Twose Dicks”, “Nothing To Prove“, “Express Yourself“, “We Ird“, “Baby Bamboo”, “I Went Down”, “Power Of The Fist”, “Disobey”, “Sushi”, “I Dig You”, “Keep This Love”.

Rappel : “Jealous Rock”, “Mexico Dream Blues”, “Garbage Man”.

(Organisation : Magasin 4)

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