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Le 7ème art soviétique inspire Bodega…

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Dominique A

Puissance ‘A’!

Dominique A vient donc de publier un nouvel album. Baptisé « Toute latitude », il a été enregistré en compagnie d’un groupe et fait la part belle au rock électrique et électronique. Et l’auteur-compositeur-interprète a prévu d’en graver un second, à l’automne prochain. Réalisé en solo, il proposera des mélodies plus acoustiques et intimistes. Et s’intitulera « La fragilité ». ‘Toute latitude’, c’est également le nom du périple qui transitait par l’Aéronef de Lille, ce jeudi 12 avril.  

Ce soir, Dominique est entouré d’un quatuor réunissant Jeff Hallam à la basse (NDR : filiforme, il tient sa basse très haut, parfois comme une arme, quand il ne fait pas corps avec elle ; et puis parfois, il se sert d’une petite console électronique) ainsi que Thomas Poli aux claviers, machines et guitares (NDR : dont une pedal steel). Tous deux avaient déjà participé au sessions de l’elpee et la tournée de « Vers les lueurs », paru en 2012. Sans oublier Sacha Toorop, complice de longue date, et Etienne Bonhomme, longtemps collaborateur de Claire Dit Terzi, aux batteries, ce dernier, se concentrant plus régulièrement sur ses drum pads.

La salle est comble lorsque le quintet grimpe sur le podium. Dominique semble surpris par le monde qui peuple l’Aéronef, ce soir. Et il le signale d’emblée. Un public multigénérationnel et particulièrement chaud. Le set s’ouvre par « Cycle », titre qui ouvre le nouvel opus, et embraie par « La mort d’un oiseau », une plage qui reflète son indignation face aux sévices qu’on inflige aux animaux, sa stupéfaction vis-à-vis de l’idée du mal, sa colère face à un monde qu’il n’aime pas et qui se complaît dans l’apathie ambiante. Des thèmes qu’il défend tout au long de son dernier long playing. Le son est puissant. Parfois très. Et pour de nombreux titres, l’intensité se développe en crescendo. Le natif de Provins (NDR : c’est en Seine-et-Marne) alterne registre chanté et déclamatoire. A l’instar de « Les deux côtés d’une ombre », une compo angoissante et obsessionnelle, entraîné au cœur d’une mécanique industrielle infernale, au cours de laquelle il se déhanche. La fusion entre organique et électronique est parfaitement équilibrée. Et le robotique « Va t’en » en et une autre démonstration. Régulièrement, Thomas se sert de la pedal steel pour libérer des sonorités gémissantes. Le light show est caractérisé par des rectangles –aussi bien concrets que virtuels– placés au-dessus des musiciens, qui reflètent des rayons lasers. Et le tout est parfois déchiré par des lumières stroboscopiques. Mais la scène est plongée dans le rouge, tout au long du très électrique « Aujourd’hui n’existe plus » et bleu pendant « Vers le bleu » (NDR : of course !). « Se décentrer » nous rappelle que la terre n’est pas le centre de l’univers et l’Europe, pas le centre de la terre. Frémissant et caractérisé par le vocal overdubbé, « Le reflet » prélude sans doute le climat du prochain opus, « La fragilité ». « Toute latitude » et « Le sens » sont chargés de swing, ce dernier est en outre, souligné de chœurs. Atmosphérique, « L’océan » communique l’impression vibratoire de l’eau. La voix nous porte pendant le puissant « Rendez nous la lumière ». Hypnotique, envoûtant même, « Corps de ferme à l’abandon » est riche en texte, et dans son imaginaire, on se projette l’idée de la ferme à l’abandon et du château. « Lorsque nous vivions ensemble » évoque la vie rangée, qui s’arrête… à la maternité. Lorsque Thomas empoigne sa guitare, les compositions deviennent, très souvent plus rock et les éclats d’électricité foisonnent. Et c’est la tendre ballade « Eléor » qui clôt le set.

Premier rappel ! Qui s’ouvre par le très beau et romantique « Au revoir mon amour » et embraie par le musclé « Immortels », au cours duquel les deux drummers libèrent toute leur énergie. Dansant, « Le twenty-two bar » ressemble à un paso doble au rythme accéléré. Et « Le courage des oiseaux » a été traduit en titre électro dansant, un peu dans l’esprit de Visage. Mais la foule en réclame davantage.

Lors du deuxième rappel, elle est en délire. Le combo nous réserve alors encore « Le convoi ». L’entame est minimaliste, mais à l’instar de nombreuses compositions interprétées ce soir, elle monte progressivement en intensité… avant l’explosion finale. Dominique A remercie le public qui applaudit encore quelques minutes à tout rompre. Deux heures dix d’un concert puissant et de qualité. De quoi rassasier l’auditoire présent ce soir.

En première partie, on a eu droit à Powerdove, le projet d’Annie Lewandowski pour lequel elle est aujourd’hui soutenue par Chad Popple aux percussions et à la batterie et le multi-instrumentiste (banjo, concertina, cuivres rafistolés, percus artisanales et tutti quanti) Thomas Bonvalet. Expérimentale, la musique de ce trio est à la fois percussive et atmosphérique, la voix de l’Américaine, qui se sert également d’une sorte de keytar, est particulièrement éthérée. Lorsqu’il ne frappe pas sur ses cymbales ou les bois de ses fûts, parfois quand même sur les peaux, Chad tripote des cordes à l’intérieur d’une sorte de barbecue qui répercute des sonorités proche du marimba. Le résultat est sans doute original, mais manque cruellement de punch.

(Organisation : l’Aéronef) 

Setlist

1) Cycle
2) La mort d'un oiseau
3) Pour la peau
4) Les Deux Côtés d’une ombre
5) Vers le bleu
6) Va t'en
7) Le sens
8) Aujourd’hui n’existe plus
9) Le Reflet
10) Se décentrer
11) L'Océan
12) Toute Latitude
13) Rendez-nous la lumière
14) Le commerce de l'eau
15) Lorsque nous vivions ensemble
16) Exit
17) Cap Farvel
18) Corps de ferme à l’abandon
19) Le métier de faussaire
20) Éléor

Encore:

21) Au revoir mon amour
22) Immortels
23) Le Twenty-Two Bar
24) Le courage des oiseaux

Encore 2:

25) Le convoi

Marlon Williams

Bouleversant, sur fond de rupture…

Écrit par

Néo-zélandais, Marlon Williams pratiquerait une forme de country torch folk. En fait, un cocktail entre country, bluegrass et americana. Ce n'est pourtant pas le fils de Hank, même si –en général– il est coiffé d’un chapeau de cow-boy. En 2016, il avait accordé une interview à Musiczine (NDR : à relire ici), après son concert accordé au Huis 123. « Make Way for Love », son deuxième opus, est paru en février 2018. Il fait suite à un éponyme, gravé en 2015 (NDR : chronique à redécouvrir ). Ce soir, ce spécialiste du picking à deux doigts se produit à l’ABClub, et le concert est soldout.

C’est un de ses vieux complices, Delaney Davidson, qui assure le supporting act. Cool, il a ce qu’on appelle communément une bonne bouille. Pas étonnant que le public féminin soit charmé par ce quadragénaire. Et sa voix de crooner n’y est pas non plus étrangère. Il est seul, armé d’une gratte semi-acoustique, et va se servir d’une loop station ainsi que d’un micro américain. Il ouvre le show par « Strange I Know », après avoir fixé les tapotements de la caisse de sa guitare dans son looper pour les traduire en percus. Et manifestement, il est doué pour élaborer ses boucles. Les sonorités de sa gratte sont précieuses ou extrêmes. Il casse une corde lors du show. Pas de quoi le déstabiliser. Transformée par le micro américain, sa voix colle bien à cette musique, ce delta blues qui dévale des montagnes abruptes, escarpées et humides de la Nouvelle-Zélande. Particulièrement communicatif, Delaney nous livre, sans retenue, ses sentiments. Mais c’est lorsqu’il interprète « So Far Away  », un extrait de son nouvel elpee, qu’il va démontrer toute l’étendue de son talent. A revoir, c’est une certitude…

Sur l’estrade, il y a du matos haut de gamme, dont deux grattes semi-acoustiques, une Martin & Co et une Gibson. Elles appartiennent à Marlon Williams, qui débarque seul pour attaquer « Solo » (NDR : titre ad hoc !). Chaussé de baskets, il est vêtu d’un tee-shirt de couleur blanche et d’un pantalon de jogging de teinte bleue. Ce soir, il va nous proposer de larges extraits de son second long playing, « Make Way For Love ». Des compos écrites sur fond de rupture, car sa copine Aldous Harding, l’a quitté avant l’enregistrement de l’opus. Il est ensuite rejoint par un trio batterie/guitare/basse. « Come To Me » est une invitation à l’accompagner dans sa douloureuse introspection sentimentale, un morceau aux sonorités de gratte particulièrement subtiles. Après le blues immaculé « Beautiful Dress », « I Didn't Make A Plan » est troublé par des accords d’ivoires torturés, ténébreux, reflet d’un spleen d’une âme qui pleure. Une fragilité qui n’empêche pas la grâce. Tout au long de l’étrange « The Fire Of Love », on a l’impression de discerner des incantations mi-vaudoues, mi-veloutées. Pendant « Can’t I Call You » (Trad : Est-ce que je peux t’appeler ?), la frappe du drummer ressemble à des détonation d’arme à feu, alors que la ligne de basse est aussi tranchante qu’une lame de rasoir. La voix de Marlon remue les tripes. Il apparaît sous un autre jour, par rapport au premier LP, au cours duquel il n’étalait pas ses tourments amoureux. La mélodie de « What's Chasing You » est solide et accrocheuse, bien soulignée par la superbe voix de l’artiste. Précieuse, c’est en général elle qui crée seule les harmonies. Il ose une chanson signée Aldous, « Nobody Sees Me Like You Do », malgré la séparation. Avant la cover bouleversante du « Carried Away » de Barry Gibb. Marlon siège alors devant les ivoires et s’émerveille face aux aptitudes vocales manifestées par son bassiste. Il y a de quoi, car cette voix est remarquable. Delaney revient sur le podium pour accompagner la troupe pendant deux morceaux, dont un au cours duquel le gratteur va se consacrer au violon. Et en rappel, on aura droit à « Love Is a Terrible Thing » ainsi qu’à une sublime reprise de Screamin’ Jay Hawkins, « Portrait of a Man »…

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

 

 

 

Les Cowboys Fringants

Des multi-instrumentistes jusqu’au bout des santiags !

Écrit par

Originaires de Repentigny, dans la région de Montréal, les Cowboys Fringants comptent un peu plus de 20 années de carrière. A leur actif, une dizaine d’albums dont 800 000 exemplaires se sont écoulés à travers toute la francophonie. Tous les membres du groupe participent à l'écriture des chansons, mais la très grande majorité est signée par le guitariste, Jean-François Pauzé. Ce dernier estime que pour comprendre et se situer dans ce monde, il faut préalablement connaître ses racines, son histoire et l’origine de toute identité. Ce qui explique pourquoi les textes abordent régulièrement des thèmes sociopolitiques, dont celui de l’indépendance du Québec. Mais également écologiques. En 2009, le combo s’était produit deux soirées de suite à l’Ancienne Belgique, devant une salle comble. Et c’est encore le cas, ce soir.

On reste dans l’univers du Québec pour le supporting act, puisque c’est Dumas qui a l’assure. Il figure parmi les auteurs-compositeurs-interprètes de sa génération les plus doués et prolifiques En dix années de carrière, il a publié plus de 11 elpees. Et son dernier, « Nos idéaux », dont il va nous réserver de larges extraits, est paru en février dernier. Il avait déjà été programmé aux Francofolies de Spa. Mais c’est la première fois qu’il foule les planches de l’AB. Il ne faut pas plus de 5 minutes avant qu’il ne fasse l’unanimité au sein de l’auditoire. Et pas seulement en faisant le pitre ! Armé de sa sèche, il chante d’un accent trahissant ses racines, tout en s’appuyant sur des samples de basse, de percus et de claviers, qu’il manipule à l’aide de pédales, posées à ses pieds. Pop/rock légèrement teintée d’électro, sa musique est plutôt festive. Ses accords sur sa gratte sont nerveux. Et à plusieurs reprises, il invite la foule à chanter avec lui. Un excellent chauffeur de salle !

Place ensuite aux Cowboys Fringants qui débarquent en fanfare. Le quatuor est accompagné de trois musiciens de tournée, dont un trompettiste. En escalier, une estrade prend toute la longueur du podium. Sur laquelle sont installés deux drummers, dont André Brazeau, qui a enfilé un short et un tee-shirt hawaïen. Karl Tremblay, le chanteur, dont l’accent canadien est vraiment savoureux, a une bonne bouille. On dirait un trappeur. Et il déclare : ‘Nous sommes ici pour jouer de la musique et on espère que vous allez passer une bonne soirée. Bon spectacle’. Le show peut commencer. « Bye bye Lou » ouvre les hostilités. Et déjà, malgré la (fausse) impression d’un spectacle improvisé, tout est réglé comme du papier à musique. Les deux drummers sont au turbin, mais ce sont la trompette et le violon qui dominent le sujet. Country festif, « Joyeux Calvaire » incite la foule à lever les bras, sauter sur place et danser ; on se croirait presque lors d’une grande farandole qui s’ébranle pendant la kermesse au village. Ou alors au sein d’un gigantesque pub irlandais. C’est une certitude, les artistes soignent l’interactivité. Pendant « En Berne », Karl crache son venin sur le gouvernement de son pays : ‘Peu importe ce qui se passe, on n’a pas le choix d’emmerder tous les bouffons qui nous gouvernent’. « Mon Grand-Père » aurait pu figurer au bal musette d’une fête foraine. L’ambiance est au zénith. Tous les musiciens sont polyvalents et jouent de plusieurs instruments. Ils transitent de l’un à l’autre. Y compris les drums. Même Marie-Annick, pourtant préposée aux claviers, à la mandoline et au violon. Des multi-instrumentistes jusqu’au bout des santiags ! Le clown de service n’est autre que le bassiste. Et il a le don de faire réagir le public. Il apporte ainsi une cargaison de ballons à gonfler afin de les transformer en répliques de chiens, puis les distribue dans la fosse. Il va même s’y jeter pendant cinq bonnes minutes, en fin de parcours, se laissant porter par le peuple.

Tout au long de « La Catherine » et « Marine Marchande », la foule reprend les paroles des refrains en chœur. Epatant ! Tout comme pour « Les Etoiles Filantes » qui clôt le show. De la fosse aux gradins, l’auditoire chante à l’unisson. Et il a réservé une belle surprise au band : des feux de Bengale et des avions en papier, en référence aux paroles de la chanson, ainsi que les iPhones allumés, balancés de gauche à droite (NDR : ou l’inverse, selon). Magique !

Le combo nous réserve « Tant qu’on aura de l’amour » lors du rappel. Les Cowboys sont venus, les Cowboys ont vu et les Cowboys ont vaincu. César n’aurait pas dit mieux !

(Organisation : Live Nation en accord avec Auguri)

Alaska Gold Rush

Il y a de l’or au-delà de cet « Horizon »…

Écrit par

Nouvelle ‘release party’ pour Alaska Gold Rush, organisée dans le cadre de la sortie de son nouvel Ep 6 titres, « And The Sky Dives Again ». L’événement est programmé ce jeudi 5 avril à la Rotonde du Botanique. Plus de 200 préventes laissent supposer une salle comble. Ce sera le cas.

June Moan assure le supporting act. C’est le projet du guitariste de Mountain Bike, formation qui a décidé de mettre son aventure entre parenthèses, pendant une année. Il est venu défendre son nouvel essai, qui sortira sur cassette le 11 mai prochain. Sous un format électrique, il est habituellement soutenu par le drummer César Laloux (NDR : cet ex-BRNS a rejoint récemment Mortalcombat) et le bassiste Marc Pirard. Mais ce soir, Aurélien se produit en solitaire, armé de sa gratte semi-acoustique. Sa voix est cependant approximative, mais l’artiste justifie cette imperfection par une solide crève. Par contre, sur sa gratte, sa technique en picking est épatante et évoque même un certain Ty Segall, dont il a repris « Goodbye bread », en 2012.

Setlist : « Julian’ Hair », « Twenty », « I didn’t », « Saddess Trip », « Tomorrrow », « Norman », « Back Acid », « Without You » 

Alaska Gold Rush réunit des chercheurs d’or qui ont troqué pelle et pioche pour une guitare et un set de batterie. Depuis le Delta du Mississippi jusqu'aux plaines désertiques du Nouveau-Mexique, Alexandre De Bueger et Renaud Ledru explorent un folk énergique, fortement imprégné de culture américaine, comme on traverse des villes fantômes. Parviendront-ils jusqu’en Alaska ?

Constitué de quelques lampes de chevet vintage, le décor est dépouillé et cosy.

Laid-back, « Into The Sun » ouvre le set. Sous le soleil brûlant du désert du Nouveau-Mexique, les cymbales sifflent comme le serpent à sonnettes. Manifestement, le nouvel Ep est plus rock. « No Time » poursuit son périple à travers les plaines de l’Ouest. Le lightshow se pose en éventail sur le duo. Alex, qui s’est coupé les cheveux, s’emballe à la batterie. La voix de Renaud est claire mais percutante. Il nous invite à replonger en 2016, à travers l’entraînant « Silhouettes », un extrait du premier opus, « Wild Jalopy Of The Mist ». Et le souligne oralement. Cap ensuite vers la Louisiane en transitant par les vastes prairies de l’Ouest Américain. Les spectres de John Cougar Mellecamp, Alex Chilton et Elliott Murphy rôdent. Le tandem poursuit sa ruée vers le métal jaune en proposant un recueil de chansons spécifiques qui oscillent du blues au rock'n'roll, en passant par le folk, le psychédélisme et le garage, sans oublier d’en revenir régulièrement à ses sources roots. Et il y a de l’or au-delà de cet « Horizon », une compo minimaliste et élégante, (NDR : le clip est à découvrir ici), extraite du nouvel Ep et également parue en single. Atypique, superbe et finalement proche de Peter Doherty, la voix de Renaud prend aux tripes, tout au long de « Gallows Birds ». Egarés dans le Bayou, les musicos sont poursuivis par des alligators affamés. Tout en accordant sa gratte, Renaud annonce que la chanson suivante parle de la quête de sommeil. Sous une légère brume, « Cross The Dead Night » se glisse délicatement entre les gouttes d’une pluie fine. Le jeu de guitare est raffiné et la mélodie accroche. Le souffle d’un harmonica colore un périple, accompli à bord du California Zéphyr, un train qui traverse les Etats-Unis d’Est en Ouest, tout au long de « Before You Lose Your Tongue ».

Renaud révèle qu’il y a longtemps, les artistes se sont contactés, par hasard, sur un site de rencontre. Ils vont alors interpréter le premier morceau qui a provoqué cette rencontre. Il s’agit de « Helicopter Hills », rarement joué en concert.

Indolent, « Morning Is Clear »  raconte l’histoire d’une personne dépressive qui n’est jamais au bon moment ni au bon endroit. Après « Broken Treaties », la paire s’éclipse…

En rappel, le duo va nous réserver deux titres sculptés dans l’americana et le bluegrass, « Psychobilly Mad Heavyweight » et « Where The Mountain Ends ». Le voyage est terminé, et s’achève alors au pied des Rocheuses…

Setlist : « Into The Sun », « No Title », « Silhouettes », « Gallons Birds », « The Years », « Cross The Dead Night », « Before You Lose Your Tongue », « Rich », « Poor Black Mattie », « Dirty Road », « Helicopter Hills », « Morning Is Clear », « Horizon », « Broken Treaties » 

Rappel : « Psychobilly Mad Heavyweight », « Where The Mountain Ends » 

(Organisation Botanique)

 

Le Mystère des Voix Bulgares & Lisa Gerrard

Le Mystère enchanteur des voix célestes...

‘J'habitais à Londres dans la plus stricte pauvreté, sans aucune perspective sur ce que je voulais faire dans la vie, excepté mon amour pour le chant. J'ai été voir le Mystère des Voix Bulgares et j'ai pensé : c'est ça, c'est le sommet. On ne peut pas aller plus loin que ça'...*’ C’est ce que Lisa Gerrard avait alors déclaré, il y a 35 ans. Aujourd’hui, la chanteuse iconique de Dead Can Dance et ses idoles de jeunesse sont réunies pour enregistrer un album et accorder quelques concerts exceptionnels. Ce soir, l'AB et le festival BRDCST nous proposent une très belle première européenne et la foule est impatiente de vivre ce spectacle unique, concentré sur ces 'splendeurs vocales’...

Au moment où les chanteuses du Mystère des Voix Bulgares débarquent, on se souvient que ce projet, fondé en 1952, avait été détecté en 1975 par feu Marcel Cellier, un ethnomusicologue de nationalité suisse. Il était tombé sous le charme des chants bulgares et avait décidé de les restituer sur un disque, en se servant d’arrangements plus contemporains. Mais le résultat escompté est plus que mitigé. Cependant, la légende raconte que Peter Murphy, le chanteur de Bauhaus, révèle alors cette découverte à Ivo Watts-Russel, le patron de 4AD. Ce dernier a le coup de foudre pour le collectif. Aussi, en 1986, la réédition de l'elpee par le label anglais, récolte un immense succès et lance la légende des Voix Bulgares dans le monde entier. Préfigurant l'émergence de la 'world music', elles inspireront non seulement Dead Can Dance, mais aussi Cocteau Twins, Kate Bush, Björk et plus récemment, Grimes, Drake et Gorillaz.

Mais revenons au spectacle proposé ce soir. Il est scindé en deux partie : la première est consacrée aux Voix Bulgares, sans Lisa Gerrard. Vêtues de costumes traditionnels, les vingt chanteuses sont disposées en arc de cercle et dès le début, la puissance de leurs voix frappe les esprits ; ce qui contraste avec le naturel, très souriant, voire espiègle de leur attitude. Les chants traditionnels sont ponctués de cris ou de gloussements, qui amusent l’auditoire. Six musiciens accompagnent les Voix : un guitariste, un contrebassiste, un flûtiste, une violoniste, un percussionniste et un 'human beatbox'. Ce dernier se taillera d'ailleurs un joli succès en solo lors d'un intermède étonnant. Mais ce qui frappe également, c'est le lien, évident, entre les mélodies et les techniques de chant des Voix Bulgares et celles appliquées par Lisa Gerrard chez Dead Can Dance, comme par exemple, dans « Cantara » ou « Tristan ». Bien entendu, le duo Gerrard-Perry a intégré cette influence dans un ensemble bien plus étendu, impliquant également des éléments orientaux, africains et médiévaux.

Après la pause, la violoniste et le percussionniste nous réservent un intermède musical basé sur les sons d'une viole et d'un 'hangdrum', une sorte de 'steeldrum' dont la forme est proche d’une soucoupe volante. Moment tant attendu : Lisa Gerrard pénètre sur la scène sous un tonnerre d'applaudissements. Drapée dans une robe ample aux reflets bleutés, elle est, comme d’habitude, majestueuse. Souriante, elle rayonne une infinie bonté. Par rapport au dernier concert, accordé par Dead Can Dance, au Cirque Royal, en 2012, elle paraît cependant marquée par le temps qui passe. Sa voix sublime de contre alto, par contre, n'a que peu changée. Enchanteresse, vibrante, ample et sombre, sa tessiture est toujours chaude et ronde. Très vite, l'ensemble interprète le single « Pora Sotunda », sorti fin 2017, qui annonce un opus fort attendu. Une atmosphère envoûtante baigne alors la salle ; touché, le public frissonne de bonheur.

Loin d'accaparer toute la lumière, c'est à de nombreuses reprises que Lisa Gerrard laisse la place aux solistes des Voix Bulgares, qui viennent chacune à leur tour à l'avant du podium. Et quand la voix hypnotique de Gerrard s'associe aux lignes répétitives du hangdrum, on a l’impression d’assister à une marche ténébreuse d'une immense profondeur.

Au moment de quitter l'Ancienne Belgique, on a la gorge serrée tant l'émotion a été intense. Force est de constater que l'association entre les Voix Bulgares et Lisa Gerrard fonctionne à la perfection. On aura vécu un moment unique, poignant et d'une sublime beauté. Bien vite l'album !

* Interview de Lisa Gerrard: sur youtube.com, à découvrir ici

Organisation : AB + BRDCST

Photo : Phil Blackmarquis

Scorpions

Ce n’est pas demain la veille que les membres de Scorpions seront admis en maison de retraite…

Écrit par

Scorpions compte 53 ans de carrière ; et pourtant, depuis 5 ans, il accomplit une tournée d’adieu baptisé ‘Crazy World Tour’. Les membres de ce band mythique prennent tellement leur pied en live qu’ils ont décidé de poursuivre l’aventure. En un peu plus de 5 décennies, le groupe allemand a publié une vingtaine d'albums et en a vendu plus de 100 millions à travers le monde. C’est fou ! C’est la première fois que votre serviteur assiste au concert de cette formation.

Moonkings assure le supporting act. Et son leader n’est autre qu’Adrian Vandenberg, un guitariste qui a milité chez Withesnake de 1987 à 1990 et de 1994 à 1997. Le line up implique également le chanteur Jan Hoving, le bassiste Sem Christoffel et le drummer Mart Nijen Es. Fondé en 2013, le combo a publié deux elpees, un éponyme en 2013 et « II » en 2017. Il puise ses influences majeures chez les incontournables Led Zeppelin, Deep Purple, Foo Fighters et Queens Of The Stone Age. Ce soir, il va proposer des extraits de son dernier opus. Adrian nous réserve de longs soli aussi précis qu’imparables. Agiles, ses doigts glissent naturellement sur le manche. La voix de Jan est claire et mélodieuse. En final, le quatuor va nous réserver une cover du « Rock and roll » de Led Zep, plus vraie que nature. A revoir en tête d’affiche !

Au sein du line up originel de Scorpions, il ne reste plus que Rudolf Schenker, qu’ont rallié Klaus Meine en 1970 et Matthias Jabs en 79. Des septuagénaires ou presque. Ils sont soutenus par Paweł Mąciwoda à la basse et l’ex-drummer de Motörhead, Mikkey Dee, aux drums. Et le groupe, considéré comme ‘maître de la ballade’, va nous proposer un set de 160 minutes, au cours duquel la plupart de ses succès seront interprétés. Des hits, il en a composé à la pelle ; des morceaux qu’on retrouve sur son dernier LP, « Born To Touch Your Feeling - Best of Rock Ballads », paru en novembre dernier.

La salle est divisée en deux parties. Les spectateurs qui ont payé le prix fort peuplent les abords du podium dont l’avancée s’enfonce bien dans la fosse. Les autres sont agglutinés derrière ou ont opté pour les gradins. En places assises. A 21 heures pile, les haut-parleurs crachent l’intro de ‘Crazy world’, une séquence qui va durer 5 bonnes minutes. L’immense et superbe voile (NDR : il représente le logo du périple) tendu devant le podium tombe et révèle un dispositif scénique grandiose, dont une double batterie plantée à 5 mètres de hauteur, sur une estrade, et trois écrans géants, sur lesquels la vidéo d’un hélicoptère survolant une ville et larguant sur scène les cinq Scorpions est projetée. Au sein de ce décor gigantesque, les quatre autres membres du combo semblent minuscules.

Et le concert s’ouvre par « Going out with the band ». Le son est excellent. Le light show et les effets spéciaux, qui produisent une impression proche de celle vécue lors du show de Bring Me The Horizon, dans la même salle, sont spectaculaires. Rudolph Schenker respire la forme. Ses interventions sur la gratte sont affûtées. Celles de Matthias Jabs –plus en retrait– le sont tout autant, mais son toucher de cordes est vraiment imparable. Et du bassiste (il a constamment le sourire aux lèvres) aussi discrètes qu’efficaces. Son éternelle casquette noire retournée vissée sur le crâne, Klaus Meine n’a plus autant de puissance dans la voix, mais lors des ballades, il chante… comme sur disque. La frappe de Mikkey Dee est à la fois musclée, écrasante et efficiente. Depuis qu’il a rejoint le band, en 2016, il est devenu une des deux figures de proue de la formation. Le charismatique Rudolph incarnant inévitablement, l’autre.

Caractérisé par sa rythmique chaloupée, « Is There Anybody There » est un titre rarement joué ‘live’. Le public est à la fois calme mais chaleureux. Cependant, rares sont les spectateurs pépères (NDR : ou mémères) qui assis aux balcons, se lèvent. Ils trop bien calés dans leurs fauteuils. « The Zoo » se singularise par sa partie de talk-box (NDR : appareil qui permet à un instrument de prononcer des syllabes émises par la parole). Moment qui soulève l’enthousiasme dans la fosse. Klaus, qui a empoigné une guitare et Pawerl, rejoignent Mikkey sur sa plateforme, pendant « Coast To Coast », avant que toute l’équipe ne termine aux avant-postes. Lorsqu’un artiste ou un groupe dispose d’un répertoire très riche, mais n’a plus ni l’envie ou l’énergie de jouer d’anciens morceaux, il imagine souvent des medleys. On y aura droit lors d’un pot-pourri judicieusement arrangé de 7’20, réunissant « Top Of The Bill », « Steamrock Fever », « Speedy's Coming » et « Catch Your Train ». Matthias Jabs se réserve un autre instrumental, « Delicate Dance » (NDR : pas vraiment une plage d’anthologie !), un titre qui permet aux ‘anciens’ de reprendre leur souffle. 

Place ensuite au quart d’heure (semi) unplugged. Toute l’équipe converge vers l’avant, armée de grattes (semi) acoustiques, alors que Mikkey a opté pour une mini batterie. L’auditoire semble peu réceptif. Il est même plutôt mou du genou, alors que la performance aurait mérité une forme certaine d’exaltation. Dommage ! L’inévitable tube « Wind Of Change » n’est bien sûr pas oublié. « Tease Me, Please Me » permet à la formation de prendre un nouvel élan. « Overkill » rend hommage à Lemmy. A l’issue duquel Mikkey exécute un fameux solo de batterie. En outre, le kit se soulève au-dessus du podium à une hauteur d’au moins 4 mètres. Et sous le socle des faisceaux lumineux commencent à tourner et de la fumée à s’échapper. On dirait une fusée qui décolle. Cheveux au vent, le drummer est une vraie bête de scène, une véritable machine à cogner. Ses peaux, soyez rassurés ! Mais sa frappe est à la fois percutante et rigoureuse. A l’issue de ce moment de folie, il récolte alors une formidable ovation. Bien méritée, d’ailleurs. Ce soir, c’est lui la star ! Dans la foulée, Rudolph revient flanqué d’une nouvelle gratte parée d’un pot d'échappement fumant pour attaquer « Blackout ». Finalement, c’est le meilleur morceau du set. Car manifestement, Scorpions excelle dans ce registre. La set list ne recèle pas suffisamment de compos rock. C’est d’ailleurs un reproche qu’on peut lui adresser. Et la prestation s’achève par le burné « Big City Nights ».

Les musicos saluent la foule et balancent, dans la fosse, baguettes et médiators. L’auditoire s’enflamme enfin et applaudit à tout rompre. En rappel, on aura droit à 10 minutes d’anthologie. D’abord grâce à un éblouissant « Still Loving You » et puis à un tempétueux « Rock You Like A Hurricane ». Ce n’est pas demain la veille que les membres de Scorpions seront admis en maison de retraite…

(Organisation : Greenhouse Talent)

The Rubens

L’ingé son de The Rubens nous a mis en couleur !

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The Rubens se produit ce lundi soir, à l’AB Club. Mais c’est surtout Whyes qui va tirer son épingle du jeu. Et pourtant, le quintet anversois n’est même pas prévu au programme. Réunissant, Sander Michielsen (drums, samples), Ruud Oomen (guitare, claviers, choeurs), Kane Breugelmans (chant, machines), Thijs Sterkens (claviers, samples) et Steve Herrijgers (basse), c’est une énième découverte de Studio Brussel.

Lorsque la formation grimpe sur l’estrade, la salle est à moitié pleine (ou vide selon). Sa musique est dansante, funky, et libère énormément de groove. Le chanteur semble charmer le public féminin. Faut dire qu’il a une tête d’ange. Whyes est manifestement en territoire conquis. Les musicos invitent la foule à se rapprocher de l’estrade. Sur laquelle ils se démènent comme de beaux diables. Et la sauce commence à prendre. Les claviers ne sont pas particulièrement envahissants, mais terriblement efficaces. Classique, la section rythmique imprime un tempo d’enfer. Mais c’est surtout le bassiste qui focalise toute l’attention de l’auditoire. Faut dire qu’il joue en ‘slapping’, à la manière de Mark King (Level 42), une technique adoptée et même sublimée par Larry Graham, Louis Johnson et Stanley Clarke, des spécialistes du style. Parfois, on a l’impression de replonger au sein de la seconde moitié des eighties. Le set est à la fois solide et de toute bonne facture. A revoir, c’est une certitude !

La tête d’affiche, The Rubens, est un trio australien qui pratique une forme de rock alternatif. C’est la première fois, qu’il débarque en Belgique. Il est venu défendre son troisième elpee, dont la sortie est prévue, courant de cette année. La mise en forme a été réalisée par Run The Jewels (EL-P, Killer Mike, les frères Wilder Zoby, Little Shalimar, aka Toribtt Schwartz, etc.). Le périple a été baptisé ‘Million Man’ Tour, titre du dernier (hit) single publié par le band. Eponyme, son premier LP avait décroché un énorme succès aux Antipodes et même atteint le Top 3 des Aria Charts (NDR : c’est au pays des kangourous, vous vous en doutez !) Quant au deuxième, « Hoops », publié en 2016, il avait été décrété disque d’or. Ce qui avait permis au combo de tourner, dans son pays, devant des salles combles, mais surtout d’assurer la première partie, notamment, de Bruce Springsteen, The Black Keys ou encore Grouplove.

Il y a un peu plus de peuple, mais pas la grande foule, quand la formation monte sur les planches. Il est alors 21 heures. Les musiciens saluent l’auditoire et semble ravis d’avoir fait le déplacement. Mais dès que le set démarre, on se rend compte que les balances sont approximatives. En outre, les infra-basses étouffent l’expression sonore. Le préposé aux manettes chantonne les compos, mais quitte rarement sa table de mixage des yeux. Il jette, de temps à autre, un regard vers le décibelmètre, qui passe régulièrement au-delà des 100db. Les bouchons enfoncés dans les oreilles, votre serviteur se réfugie devant cette fameuse console. Mais après 15 longues minutes de souffrance, il n’y a plus qu’une solution : quitter le navire. Et de nombreux spectateurs, déçus de la qualité sonore, décident de suivre le même chemin. Manifestement, ce soir l’ingé-son de The Rubens nous a mis en couleur…

(Organisation : Gracia Live)

Mahalia Burkmar

Sur les traces d’Amy Winehouse ?

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Jeune prodige, Mahalia Burkmar pratique une forme de psyché/r&b/soul réminiscente des 90’s. Elle voue un grand respect à feu Amy Winhouse, qu'elle considère comme sa source d'inspiration majeure. On devrait également y ajouter Sade et Lauryn Hill. Agée de 19 printemps, cette Anglaise (NDR : elle est née à Leicester) est considérée aujourd'hui comme l’une des artistes les plus prometteuses de son époque. A son actif, 2 Eps et un premier elpee, « Diary Of Me », paru en 2016. Pas de supporting act pour ce spectacle soldout. Jeune, le public est majoritairement féminin.

Casquette rivée sur le crâne, le bassiste, appuie sur deux boutons pour lancer les machines qui lancent des samples. Devant lui, on remarque la présence d’un tapis de pédales. On entend la voix de Mahalia depuis le backstage. Elle entre enfin sur le podium sous les acclamations du public et empoigne sa six cordes, posée sur un trépied, avant de se planter derrière son micro. Elle a revêtu un training de couleur noire à bandes blanches sur lequel sont reproduites les lettres ‘noire’, en caractères majuscules, sur le milieu de ses manches et de son pantalon. Elle attaque « No Pressure », un titre de soul indolent aux beats autant subtils que discrets…

Mahalia présente chaque chanson. Le son est parfait. Pendant la ballade folk, « Silly Girl », les spectateurs des premiers rangs susurrent les paroles du bout des lèvres. Autre morceau tendre, « Marry Me » incite au voyage. La voix de l’artiste me fait alors penser à Selah Sue. Elle abandonne sa gratte pour s’installer devant sa machine. Caractérisé par ses beats graciles, « Proud Of Me » nous embarque sur la planète hip hop. La voix de l’artiste monte de plus en plus haut. Et elle donne tout ce qu’elle a dans le ventre, mais possède un feeling et une gentillesse qui mettent à l’aise l’auditoire…  

Avant d’aborder « Back up plan », elle raconte une petite histoire. Cependant, dès l’entame du titre, elle s’emmêle les pinceaux. Pas perturbée pour un sou, et malgré les rires du public, elle reprend le morceau à son début. Mais c’est alors l’ensemble de l’auditoire qui entame le refrain. Pendant « Hold On », elle s’autorise une danse africaine très communicative. Un moment au cours duquel elle occupe toute la largeur de l’estrade. Résultat : la température grimpe d’un cran. Retour au calme pendant « 17 ». Une compo à la fois jazz et lounge suspendue à un mid tempo, astucieusement tracé par la ligne de basse. Elle reprend sa guitare pour « Honeymoon », un titre de folk/soul élégant. Pendant « Zayn Spoken Word », c’est la piste aux étoiles dans la fosse. Et pour cause, les smartphones illuminent la salle. Le refrain est repris a capella par l’auditoire. Tout comme pour « Sober », moment au cours duquel la foule et l’artiste entrent en véritable communion. Elle vide les lieux après avoir salué son public et ne réapparaîtra plus. Ni pour signer des autographes ou prendre de quelconques selfies. Mais le public ne lui en tiendra pas rigueur, il est définitivement conquis pas la Britannique. Elle reviendra dans le cadre du festival Couleur Café, ce 29 juin 2018.

Stelist : « No Pressure », « Silly Girl », « Marry Me », « Proud Of Me », « No Reply », « Back Up Plan », « Cover », « Hold On », « 17 », « I Remember », « Honeymoon », « Zayn Spoken Word », « Sober ».

 (Organisation : Ancienne Belgique)

 

Jonathan Wilson

Un Wilson peut en cacher un autre...

Quelques semaines après Steven, c'est un autre Wilson, Jonathan, qui se produit à l'Ancienne Belgique. Bien qu'il n'y ait pas de lien de parenté entre les deux musicos, force est de constater qu'ils partagent un intérêt pour la musique des 70’s, et Pink Floyd en particulier. Jonathan a même collaboré aux sessions d’enregistrement du dernier opus de Roger Waters et intégré le 'live band' de ce dernier.

Dès qu'il prend possession des planches de l'AB Club, Jonathan Wilson impressionne par sa stature (il est très grand) et sa dégaine nonchalante, très 'cool'. Jean bleu, t-shirt dépareillé, gilet mauve, longs cheveux et barbe christique lui confèrent un look très 'hippie’, mais pour ce XXIe siècle. Agé de 43 ans, le Californien appartient à cette vague de musiciens néo-psychédéliques 'rétro-futuristes' qui réinventent les musiques 'vintage' en les adaptant à des paramètres plus modernes.

Dès les premières compos, le son oscille entre country/folk, psychédélisme, kraut et prog. C'est un groupe complet qui accompagne Wilson, impliquant batteur, bassiste, guitariste et claviériste. Ce dernier trône derrière un assortiment bien achalandé en synthés légendaires, tels que Mellotron, Crumar et DX7.

La setlist est, essentiellement, puisée au sein du dernier elpee de JW, « Rare Birds » et témoigne de toute l'étendue de son inspiration. On pense bien entendu à Roger Waters, surtout sur « 49 Hairflips », mais également à Bruce Hornsby. Pendant « Over The Midnight », le rythme quasi-robotique de la batterie semi-électronique et les harmonies rappellent le célèbre « That's just the way it is ». Autre référence évidente : War on Drugs. On retrouve ça et là les mêmes rythmes répétitifs et l'inspiration très ‘springsteenienne’, tant du chant que des paroles.

Il ne faut pas oublier que le résident de Laurel Canyon est aussi un excellent guitariste. D’ailleurs, il ne va pas se priver d’extraire de sa vielle Strato des soli à faire baver David Gilmour en personne, comme sur « Dear Friend », par exemple. Lana Del Rey avait posé sa jolie voix sur la version studio de « Living with Myself ». De quoi regretter son absence, sur celle, proposée ce soir, en ‘live’. Au rayon 'gossip', une histoire d'amour serait née entre les deux bellâtres ; mais cet épisode ne nous regarde pas, n'est-ce pas Thierry ?

Revenons au concert, au cours duquel « Desert Raven » déclenche une vague de cris chez un public hypnotisé par la jolie sarabande de tierces interprétée par Wilson et son gratteur. La prestation s’achève en force par l'épique « Valley of the Silver Moon », caractérisé par une dernière et très jolie chevauchée sur la six cordes.

Malheureusement, l'artiste n'accordera pas de rappel alors que deux titres étaient prévus sur la setlist. En cause, la sacro-sainte règle du couvre-feu à 22h30 imposée par l'AB et, indirectement, par les horaires de la SNCB (NDLR : Il suffirait que cette dernière propose une offre suffisante, avant minuit, afin que les provinciaux puissent rentrer chez eux, après le concert). Dommage...

En première partie, Gambles en a étonné plus d'un. Seul à la guitare acoustique, le New-yorkais a improvisé quasi tous ses morceaux 'on the fly', se promenant dans le public et parlant de la tournée, de New York ainsi que des gens qu'il rencontre : assez fun! 

Setlist J. Wilson :

Trafalgar Square
Me
Over the Midnight
Miriam Montague
Dear Friend
There's A Light
Sunset Blvd
Desert Raven
Living with Myself
Loving You
Rare Birds
49 Hairflips
Valley of the Silver Moon

(Organisation : AB)

Pleymo

Quel punch !

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Si on ne tient pas compte de l’interruption de parcours, concédée entre 2007 et 2017, Pleymo compte 20 ans de carrière. Issu de Fontainebleau, ce combo de nu métal est né 1997. La tournée de la reformation passait donc par l’Ancienne Belgique. Un concert initialement prévu dans la grande salle. Mais vu le peu de préventes, le show a été transféré au Ballroom. Un public relativement jeune, mais également constitué de quadras accueille, ce soir, le band français. 

Vegastar assure le supporting act. Originaire d’Orléans, sa musique se nourrit de power pop, new wave, electro, grunge, heavy et nu metal ainsi que rock alternatif. La formation avait également splitté, en 2009, avant de se reformer dès 2015. Ce soir, le combo va revisiter son premier elpee, « Le Nouvel Orage », publié en 2005, dont le single « 100ème étage », lui avait permis de se faire connaître. Pas de trace de « Dorian », son nouveau single, paru en mars dernier dans la setlist. Ce quatuor implique le guitariste Jérôme Riera, alias Jey, le bassiste Vincent Mercier, le chanteur Franklin Ferrand et le drummer Jocelyn Moze.

La prestation s’ouvre par « Une Nuit ». La voix de Franklin est très proche de celle de Benoît Poher, le vocaliste de Kyo. Le drumming est précis. Et déjà tout le monde bondit. Sur place pour la fosse, aux quatre coins de l’estrade –hormis le batteur– pour les musicos. Il y a même un type qui n’arrête pas de brandir son poing juste devant votre serviteur. Pas moyen de prendre le moindre cliché. Dommage qu’il ne soit pas manchot ! Le groupe n’oublie pas d’attaquer son incontournable « 100ème Etage ». Et surtout de nous réserver ses inévitables scratches. Parfois les spectres de Korn, Faith No More ou Limp Bizkit se mettent à planer. Et le set de s’achever par le titre maître d’« Un Nouvel Orage », remis au goût du jour. Le chanteur signale que c’est sur le même riff que tous les morceaux ont été joués. Il n’a pas tort. Ce qui n’a pas empêché le concert de conjuguer énergie et puissance…

Le line up de Pleymo réunit aujourd’hui Mark Maggiori, Benoit Julliard, Franck Bailleul, Davy Portela, Erik de Villoutreys et Fred Ceraudo. Le show débute à 20h40. Une toile de fond sur laquelle sont représentées six énormes croix blanches et brillantes, sert de décor. Par contre, on remarque bien la présence d’amplis Marshall. De quoi s’attendre à du son qui décoiffe ! Réservée au drummer et au second vocaliste, également préposé aux scratches, une haute estrade prend toute la longueur du podium. Ce dernier se sert de véritables vinyles. Les deux guitaristes et le bassiste ne tiennent pas en place et viennent régulièrement s’affronter, manche contre manche. Planté à l’avant de la scène, le chanteur vocifère tout au long de « United Nowhere ». Les agents de sécurité –et il sont en nombre !– réceptionnent les adeptes du crowdsurfing pendant « Ce Soir, C’est Grand Soir ». L’un d’entre eux s’est invité sur les planches. Il est rapidement renvoyé surfer sur les premiers rangs. L’ambiance est d’ailleurs bon enfant, même si les spectateurs jumpent aux quatre coins de la salle.

Puissant, « Rock » libère énormément d’« Adrénaline ». Pendant, « Tout Le Monde Se Lève », les croix passe du blanc au rouge sang. Les lignes de claviers fluctuent. Le chanteur vient frapper sur les cymbales du drummer. Avant « 1977 », le frontman demande à l’auditoire, s’il y a des gémeaux en son sein. Il se balance d’avant en arrière, au-dessus de son pied de micro.

Malgré « Chérubin », Pleymo n’est pas un enfant de chœur, un morceau au cours duquel la section rythmique s’emballe en fin de parcours. Voix et scratches dispensés comme chez RUN DMC, alimentent « Nowak » ; mais c’est la basse qui ronflante, domine le sujet.  

Les deux vocalistes occupent l’avant scène tout au long de « Muck ». Ce qui embrase la fosse. Signé en 2006, « Le Nouveau Monde » est toujours bien d’actualité. Le vocal est irascible. Pendant « New Wave », les croix passent au bleu. Le chanteur descend dans la fosse et tend le micro aux premiers rangs. Les lumières de la salle se rallument. La foule se divise en deux pour « Tank Club » avant que ne se déclenche une véritable folie furieuse. Les participants à cet exercice se lancent l’un contre l’autre. En outre, un ‘circle pit’ envahit la fosse. Quelques fumigènes épars sont projetés dans les airs. Et lors de « K-Ra/Kongen/Ce Soir », on a droit à un rap enchaîné… en japonais. Les musicos tirent alors leur révérence.

Avant de revenir pour un encore de trois morceaux « Zéphir », « Divine Excuse » et « Blöhm ». Le set s’achève définitivement à 21h55. Quel punch !

(Organisation : Progress Booking)

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