Le soupir de soulagement de Marika Hackman…

L'énigmatique chanteuse, compositrice, multi-instrumentiste et productrice Marika Hackman publiera son quatrième album studio « Big Sigh », le 12 janvier 2024. Comme son titre l'indique, pour elle, c’est une sorte de libération. Un mélange édifiant de…

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Ce n’est pas une sortie pour ill peach…

ill peach a sorti son nouvel elpee, « This is not an exit », ce 3 novembre 2023. Il s’agit de son premier. Les premières graines ont été plantées dans les studios d'enregistrement de New York, où Pat Morrissey et Jess Corazza travaillaient ensemble comme…

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Big Flo & Oli

La joute verbale de frangins inséparables…

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Votre serviteur avait assisté, pour la première fois, à un concert de Big Flo & Oli, en 2017, dans le cadre de l’édition 2017 des Francofolies de Spa, en ouverture, sur une scène annexe. Puis lors du festival Couleur Café, l’année suivante. Il existe une forme d’histoire d’amour entre les frérots et le public belge qui leur a permis, en quelque sorte, de décoller. Ils sont donc de retour, ce 24 janvier, à l’Ancienne Belgique de Bruxelles. Et le public a répondu en masse…

Leur dernier album, « Les autres, c’est nous », est paru en juin de l’année dernière. Les frangins ont un goût prononcé pour les jeux de mots et figures de style qui leur permettent de suggérer plus que de dire et de provoquer davantage d'émotions. Ils aiment raconter des histoires simples qui peuvent émouvoir et toucher le grand public, tout en faisant passer un message. Très observateurs, ils trouvent leur inspiration dans le quotidien. A l’instar de MC Solaar, leurs textes peignent la vraie vie sans filtre, des textes qui font vibrer, rire, s'énerver ou pleurer, en traitant de sujets aussi limpides que les liens qui les unissent, l’arrivée des 30 ans, la guerre ou encore le padre qui est leur idole.

Le supporting act est assuré par Youssef Swatt’s, un Tournaisien dont le rêve vient de se réaliser : fouler les planches de l’institution mémorable. Lorsqu’il y grimpe, on le sent particulièrement ému. Il est soutenu par un préposé aux ivoires et un autre aux scratches. Il est venu défendre son premier elpee, « Pour que les étoiles brillent », paru en 2022.

Son set s’ouvre par « Aleph », probablement une nouvelle compo. Son slam est excellent, son flow cohérent et ses textes tiennent la route. Trempés dans l’amertume, ils décrivent le quotidien de toute une génération. Bref, son rap old school semble plaire à l’auditoire. D’autant plus que Youssef a manifestement la niaque. A suivre de très près…

Setlist : « Aleph », « La Bagarre », « Miroir », « Fais-le », « Etoile Filante », « Sauvez le Monde », « Entre Nous », « Remonter Le Temps ».

Sur les planches, Big Flo et Oli sont soutenus par un drummer, un guitariste, un préposé aux scratches (NDR : derrière ses platines, of course), un violoncelliste et deux claviéristes qui se chargent également des parties de basse et de guitare. Oli souffle parfois dans sa trompette alors que Big Flo se charge épisodiquement de la batterie ou des ivoires. 

Une énorme estrade a été installée au fond de la scène. Elle est accessible par 6 larges escaliers tant depuis le front que par l’arrière. Juste au-dessus, 4 à 5 écrans vont laisser défiler des vidéos, mais également le logo du dernier elpee.

Le backing group entame le set par « La vie d'après ». Mais lorsque les frères prononcent les premiers mots de la chanson, les applaudissements fusent de toutes parts.  

Dans « J’étais pas là », Flo explique qu’Oli était parti sur une minuscule île malgache, pour participer à l’émission de télévision française, ‘Rendez-Vous en terre inconnue’, pendant trois semaines, sans pouvoir le contacter ni communiquer via les réseaux sociaux. Il a donc écrit cette chanson, expliquant le vide laissé par l’absence de son frère. C’est le moment choisi par l’équipe technique de projeter sur l’écran, le padre qui déclare alors : ‘On s’en bat les couilles !’. Mais on a aussi droit à une chanson qui déclare leur amour à l’égard de leur paternel, tout simplement intitulée « Papa ». L’ambiance est alors plutôt latino. Oli choisit même ce morceau pour intervenir à la trompette. Résultat, c’est le souk dans le public. Faut dire que l’interactivité est totale entre les Toulousains et la foule. Tout le monde connaît les paroles et les reprend régulièrement en chœur. Oli annonce que c’est l’anniversaire de Flo. Le public embraye par la formule consacrée. Le cadet des Ordonez avoue aussi son attachement à son pays, la France.

Le rap reste avant tout pour eux une joute verbale faisant appel au flux de paroles ; les mots retrouvent alors toute leur fraîcheur et leur authenticité. Les artistes essaient de prendre de la distance avec certains clichés du rap moderne, ce qui apparente souvent leur style à un retour aux sources du rap à l'ancienne.

Juste après le petit medley « Alors alors, Bienvenue chez moi, Comme d'hab, Gangsta », Flo signale qu’ils ont entamé une tournée des petits clubs et des salles de taille moyenne pour 28 dates, un périple qui suit une tournée des Zéniths ; et enfin qu’ils se produiront fin février, au Palais 12. Oli lui rappelle qu’il doit diminuer son égo et reconnaît qu’en Belgique il y a une ambiance de malade. Ce dialogue démontre qu’il existe une grande complicité entre les frangins. Après 10 bonnes minutes d’applaudissements, suivis du folklorique ‘Waar is da feestje, hier is da feestje !’, un plateau en bois est présenté à l’auditoire sur lequel une vingtaine de titres de chansons sont mentionnés. Elles sont présentées à une main innocente qui en tire deux au sort : « Les gens tristes » et « Tant Pis, Tant Mieux ».

« Sacré Bordel » est déclamé à cappella. Tout au long de « Coup de vieux », la foule se substitue à Julien Doré qui reprend la chanson en chœur.

Le Palais 12, c’est déjà pour bientôt…

Entre énergie et douceur, paroles engagées ou autodérision, ce spectacle a plu, aussi bien aux tout petits qu’aux plus grands…

Setlist : « La vie d'après », « J'étais pas là », « Papa », « Plus tard », « Alors alors, Bienvenue chez moi, Comme d'hab, Gangsta », « Demain », « Début d’empire », « Tant pis ou tant mieux », « Sacré Bordel » (a cappella), « Sur la lune », « Les gens tristes », « Insolent 4 », « Dommage », « Booba », « Coup de vieux », « Dernière », « Bons élèves ».

(Organisation : Backinthedayz)

Pour la section photos, c’est ici

 

Funky Rob

Il aurait même pu reprendre le célèbre « Get Up Sex Machine » de James Brown…

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Ce soir, ‘Funky’ Rob, aka Robert Roy Raindorf, se produit au club de l’Ancienne Belgique. Fin des seventies, le Ghanéen avait signé deux hits devenus des classiques, aujourd’hui quelque peu oubliés : « Funky Rob Way » (1977) et « Make It Fast, Make It Slow » (1978). Ce dernier morceau avait même été samplé par l’incontournable J Dilla. La salle est bien remplie, comme celle du rez-de-chaussée, qui accueille les rappeurs du 91. Pas de supporting act. Le concert est annoncé pour 20h30. Il débutera avec 20 minutes de retard.

ROB, c’est du funk ghanéen emprunté à des références du style, comme James Brown et Otis Redding.

En ‘live’, Funky ROB est soutenu par le Flammer Dance Band, un sextuor norvégien, responsable d’une musique afro-psychédélique. Soit un percussionniste (djembés, tambourins aux dimensions réduites), deux guitaristes, un bassiste, un drummer, un saxophoniste et un préposé aux synthés.

C’est ce collectif qui ouvre le set par deux morceaux instrumentaux, avant que Funky ‘ROB’ ne débarque. Hormis la chemise et la ceinture de couleur blanche, il est vêtu de rouge : costard, cravate et stetson enfoncé sur le crâne.

Particulièrement souriant, il communique instantanément sa bonne humeur à l’auditoire. Les synthés vintages, les effets planants, quelques grooves sympas, des breaks enlevés et des percus généreuses incitent tout le monde à danser. Que ce soit sur le podium ou dans la foule. Rob invite des filles à danser avec lui sur l’estrade. Une dizaine d’entre elles vont ainsi défiler lors du show. Et quoique particulièrement émoustillées, elles dansent plutôt bien, il faut le reconnaitre. Et dans le même esprit, les musicos vont également participer à ces mouvements collectifs. Si ses paroles sont plutôt simples et répétitives, ROB mouille sa chemise, à la manière d’un James Brown. Et alors que les riffs de guitares funkysants à la Nile Rodgers et les accords de basse en slap tapping sont légion, les interventions du saxophoniste enrichissent l’expression sonore.  

Funky Rob quitte la scène le temps de deux morceaux, mais lorsqu’il revient sur les planches, c’est pour attaquer ses deux hits, « Funky Rob Way » et « Make It Fast, Make It Slow ». Deux compos bissées, mais sous des formes différentes

Certains titres virent parfois à l’afro beat psychédélique à la manière de de Fema ou de son père Fela Kuti. Un périple à travers l’Afrique occidentale qui concède quelquefois des réminiscences au blues du désert.

Avant de vider les lieux, ROB salue longuement la foule, entraînant avec lui, derrière la scène, deux filles apparemment surexcitées. On ne connaît pas la suite de l’histoire. A vous de l’imaginer…

Il aurait même pu reprendre le célèbre « Get Up Sex Machine » de James Brown…

Setlist : « Intro - Gatta See You Again », « He Shall Live In You », « Make It Fast », « Funky Rob Way », « How Do You Think You Are », « Loose Up Your Self », « Just One more Time », « Boogie On », « Moor », « Make It Fast original », « Extra Lat », « Make It Fast Remix »

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

Ibeyi

Une histoire de famille…

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Ce soir, Ibeyi se produit à l’Ancienne Belgique de Bruxelles. Le concert est sold out. Ibeyi signifie ‘jumelles’ en langage yoruba, idiome africain hérité des esclaves noirs, dans les Caraïbes. Etablies et nées à Paris, elles sont d’origine cubaine. Le père de Lisa-Kaindé et Naomi Díaz était percussionniste chez Buena Vista Social Club auprès d’Ibrahim Ferrer, Rubén González et Máximo Francisco Repilado Muñoz. À sa mort, les deux sœurs, alors âgées de 11 ans, apprennent à jouer du cajón, l'instrument fétiche de leur paternel, et étudient les musiques folkloriques yoruba. A leur actif, quelques Eps, et déjà trois elpees.

Le supporting act est assuré par Astrønne, une chanteuse/compositrice française qui, récemment, a publié un Ep, « Blue Phases », pour lequel elle a reçu la collaboration de LaBlue.

A 19h30, elle grimpe sur les planches, armée d’une gratte semi-acoustique. C’est la première fois qu’elle se produit en Belgique. Elle signale qu’elle se nomme Astrønne sans le ‘aute’ et qu’elle va interpréter huit chansons tristes. Elle s’installe sur un siège haut, face à son micro et une loop machine.  

Elle interprète des chansons intimistes, aussi bien dans la langue de Voltaire que de Shakespeare. Elle y parle de l’amour universel. De la passion qui emporte. Ses compos murmurent les amours qui nourrissent, qui brûlent. Et elle partage ces sentiments avec nous.

Sa voix est douce et fluette, mais au fil du set, elle prend de l’assurance. Très souvent, on pense à Irma.

Elle remercie également les sœurs Ibeyi de l’avoir choisie comme première partie. Jolie découverte !

(Voir notre section photos ici)

Vêtue d’un pantalon mauve et d’un body noir et jaune fluo, Lisa Kaindé a les cheveux longs et crépus. Elle va se charger des percus, et tout particulièrement des djembés. Habillée d’un pantalon noir et d’une veste jaune fluo parsemée d’étoiles, Naomi Diaz est coiffée en couettes. Elle se consacre au piano. Les jumelles se partagent le chant, tour à tour en français, anglais, espagnol ou dialecte yoruba. Quant à la musique, elle oscille de la world à la soul en passant par le trip hop, la néo soul, l’électro, la soul et le negro spiritual, mais sous une forme contemporaine.

Le set s’ouvre par « Made Of Gold », un extrait du dernier opus. La voix de Naomi est plus grave que celle de Lisa, mais leurs harmonies vocales sont enchanteresses voire féériques. Elles célèbrent l’attachement et le respect mutuel mais également les souvenirs vivaces et autres traditions qui vibrent en elles. Elles ressentent aussi bien la joie que la nostalgie marquée par la douleur et la disparition d’êtres chers à travers des titres vibrants et déroutants, à l’instar de Sangoma ». Elles clament leur amour l’une pour l’autre, tout au long de l’émouvant « Sister 2 Sister », en évoquant leur histoire, leurs débuts, leur famille ; et le tout est illustré par des photos et vidéos d'elles enfants

Outre le tout dernier single, « Juice Of Mandarins », le tandem va nous réserver une reprise à la sauce latino du « Would You Mind » de Janet Jackson. Mais elles ne vont pas pour autant oublier d’anciennes compos telles que « Me Voy », « Away Away », « Oya », « Ghosts » ou encore « River » …

Enfin, le groove des compos et les déhanchements dangereusement sexy des deux filles vont constamment donner envie à la foule de danser…

(Voir notre section photos )

Setlist : « Made Of Gold », « Me Voy », « Rise Up », « Lavender & Red Roses », « Exhibit Diaz », « Away Away », « Ghosts », « Creature (Perfect) », « Juice Of Mandarins », « Would You Mind » (Janet Jackson cover), « Waves », « Mama Says », « Oya », « Sangoma », « No Man Is Big Enough for My Arms », « Rise Above (This Is Not America) », « Deathless », « Hacia El Amor », « Sister 2 Sister », « River », « Ibeyi (Outro) ».

Encore : « Tears Are Our Medicine »

(Organisation : Live Nation et Ancienne Belgique)

 

(Hed) PE

(Hed) PE, le caméléon du rapcore…

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Ce soir, le Zik-Zak accueille trois groupes. En supporting act, SmokeBomb ainsi que Psycho Village et en tête d’affiche, (Hed) P.E, un crew ‘old school’ qui compte 24 ans de carrière au compteur.

Hed PE, également connu sous le patronyme de (HeD) Planet Earth, est une formation américaine originaire de Huntington Beach, en Californie. Son rapcore est le fruit d’un mix entre différents styles musicaux, puisant aussi bien dans le hip hop et le reggae pour les vocaux que dans le nu metal/punk (les guitares lourdes), le grind/punk (les drums), l’électro (les samples) que le DJing (les scratches). A son actif : dix albums studio. C’est la seule date de la tournée européenne qui passe par la Belgique. Bonne nouvelle, il y a du peuple dans la place.

Comme les musiciens de Psycho Village accusent 3 heures de retard, à leur arrivée, c’est la combo belge SmokeBomb qui ouvre les hostilités. Et le premier concert est retardé de 30 minutes. Ce combo est responsable d’un cocktail groovy entre hip hop, punk et métal.

Les membres du quintet ont choisi des pseudos à coucher dehors. Jugez plutôt. Aux drums, G. Loose. A la basse, TanBomb. A la guitare, Gravel Piet ; et derrière le micro, K. Arnish. Sans oublier DJ CrustKiller, le préposé derrière les platines, qui se charge des scratches. Les musicos semblent à l’étroit sur le podium, vu le matos déjà installé pour les sets suivants. Ce qui ne les empêchent pas de déménager sur les planches. Et tout particulièrement K. Arnish. Excité comme une puce ou monté sur ressorts (au choix !), il va déjà mettre le souk dans la fosse. Et les autres musiciens ne sont pas en reste. Seul le drummer frappe ses fûts en puissance et cadence ; mais en l’observant trépigner, il ne serait pas hostile à l’installation de roulettes sous son kit de batterie.  

L’essentiel de la setlist émane d’une cassette démo baptisée « Ninja Tape ». Parue en 2018, elle est devenue depuis, un collector. Elle recèle 7 plages qui suintent l’art de rue. Les titres présentent une structure globalement similaire avec des couplets à l’accent léger et des refrains qui vous embarquent dans un tourbillon d’énergie. Mais le combo va également nous réserver le dernier single, « Harvest », ainsi que l’une ou l’autre nouvelle compo. La voix de K. Arnish répond bien aux codes du hip-hop et lors des refrains, elle descend agréablement dans les graves, ce qui communique davantage de férocité à l’expression sonore…

Setlist : « Intro », « Showtime », « PMA », « Out Of Control », « The Way We Do It », « Stone Art Anthem », « Interlude », « Impakt », « SmokeBomb », « Harvest », « Face The Fact ».

Place ensuite Psycho Village. Un band fondé en 2009 par le chanteur et guitariste Daniel Kremsner, alors qu’il n’avait que 15 ans… Le style musical ? Il navigue quelque part entre post-grunge, rock, pop et hard rock. Le line up a enregistré un changement de bassiste, puisque Jarred remplace Maximilian Raps, qui a dû quitter l’aventure, pour raisons de santé. En outre, Johannes Sterk n’a pu se libérer pour la tournée, retenu par son travail. Et c’est Brad qui le supplée derrière les fûts.

Une toile est tendue en fond de scène pour permettre la projection de vidéos. La setlist va privilégier les morceaux issus des deux premiers elpees studio, « Selfmade Fairytale - Part 1 » (2014) et « Unstoppable » (2019). Mais aussi de nouvelles chansons, à l’instar du single « Fragile », paru en avril dernier.

Passé les sonorités électroniques saupoudrées tout au long de l’intro de « Chasing The Sun », la guitare prend le relais et libère des riffs bien balancés, alors que la voix se révèle puissante et très mélodique. Le refrain est entraînant. Une compo sculptée dans un alt rock teinté de post punk. La ligne de basse incite à la danse, tout au long du percutant « What Was That ». Autre compo récente, « Finally Over » est ravagée par les sonorités de gratte, alors que le refrain demeure accrocheur. Etonnant, mais parfois la voix de Daniel emprunte des inflexions Billy Corgan (Smashing Pumpkins). La section rythmique canalise parfaitement « Half Caste Symphony », un morceau au cours duquel les riffs de la six cordes deviennent huileux voire graisseux, alors que belliqueux, le vocal trahit des réminiscences grunge. Une voix qui redevient très mélodique sur « Fragile », alors que sauvages mais fringants, les claviers frôlent l’univers de Bring Me The Horizon… Un chouette concert !

Setlist : « Chasing The Sun », « What Was That », « Finally Over », « When I Look Around Me », « Half Caste Symphony », « Fragile », « Unstoppable », « Legendary ».

Casquettes bien vissées sur le crâne, les musicos de (Hed) PE grimpent sur l’estrade. Un quatuor réunissant le chanteur et leader Jared Gomes (Paulo Sergio Gomes), le drummer Major Trauma (Jeremiah Stratton), le guitariste Gregzilla (Greg Harrison) et le bassiste Kid Bass (Kurt Blankenship). Particularité, les manches de ces deux derniers possèdent une corde supplémentaire.  

Dès le premier morceau, « R.T.R. », issu de l’Ep « Sandmine » (2021), la foule est en ébullition. Les spectateurs jumpent, bondissent et parfois se lancent dans le crowdsurfing. Planté devant le podium, votre serviteur bat en retraite et s’installe près de la table de mixage, où l’endroit est moins périlleux. « Killing Time » nous replonge en 2000, un extrait du second elpee, « Broke ». Les grattes sont lourdes et les riffs brefs. Du rapcore ‘old school’ dans toute sa splendeur ! Dans la salle, la température monte encore de quelques degrés. Gomes se sert d’un melodica, un instrument qui apporte une fraîcheur certaine à l’expression sonore. Les musicos ont l’air amusés de voir le public s’enflammer. Extrait de l’album « Back 2 Base X » (2006), « Let's Ride » se distingue par des accords de gratte naturellement distorsionnés et saturés, une ligne de basse charnue et un drumming explosif. Bien que plus paisible, l’adaptation rapcore du « Get Up, Stand Up » de Bob Marley et de ses Wailers fait un véritable tabac. Certaines compos exhalent même un parfum venu des plages de la Jamaïque. La machine est bien huilée. La formation est manifestement capable d’adapter des tas de styles musicaux. Et même parfois dans l’esprit du Clash. Entre nu metal, rapcore et punk, « Peer Pressure » remet un coup de pression. Intensité qui ne faiblira jamais jusqu’au dernier morceau de la setlist…

(Hed) PE constitue probablement le plus brillant caméléon du rapcore…

Aloïse Sauvage

Chanson française 2.0

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Chanteuse, actrice, danseuse, circassienne, Aloïse Sauvage a plus d'un tour dans son sac. Son premier Ep, « Jimi », confirmait en 2019 tout le bien qu’on pensait d’elle et a littéralement fait le buzz... Dans la foulée, son premier elpee, « Dévorantes », était paru fin février 2020, juste avant le confinement. Pas de chance, les ventes de cet opus se sont arrêtées et elle a dû annuler plus de 50 concerts. Elle vient de publier son second LP, « Sauvage ».

À bientôt 30 ans, Aloïse a compris que la vulnérabilité était une force. Elle questionne celle qu’elle était et qu’elle reste. Dans ses oreilles, Kanye West, Noga Erez, Stromae, Orelsan, Justin Bieber. Dans son regard, Oeeping Tom, Vimala Pons, James Thierrée, Wim Vandekeybus. Elle conjure les tabous, scande la rue, la nature, la sensualité, le courage d’être soi et fait don au public de son inépuisable vitalité.

Le concert qui va se dérouler ce soir, était prévu depuis 3 ans. Il avait été reporté à 3 reprises. L’Orangerie du Botanique est pleine à craquer…

Le supporting act est assuré par Simia. Un jeune rappeur originaire du 13ème arrondissement de Paris, qui a vécu une partie de sa vie au Canada. C’est la première fois qu’il se produit en Belgique.

L’artiste a commencé à sortir des clips en 2016, mais ce n’est qu’aujourd’hui qu’il commence à récolter les fruits d’un travail de longue haleine en proposant une musique hybride oscillant entre hip hop et rock. Tour à tour chantée ou rappée, elle lui ressemble furieusement. Et pourtant, il reconnaît comme influences majeures, les Strokes, Arctic Monkeys, Oxmo Puccino, Népal, Radiohead, Pixies, The Cure, Joy Division et Nirvana. Son dernier Ep, « Trop tard », est paru en mai dernier, un essai produit par PHAZZ (Orelsan, Oxmo Puccino, SCH) qui dépeint la vie de Simia, ses sentiments, ses épreuves. Et son premier elpee, « Spécial », remonte au mois d’octobre 2019.

Sur scène, il est uniquement soutenu par Renaud à la guitare. Un PC est placé à la gauche de ce dernier qui lui permet de lancer les samples de percus et les beats. On comprend alors encore mieux ses chansons, sorte de post punk à l’énergie viscérale, délicieusement mélodique, mais dont le groove entêtant est hérité du hip-hop.

Tout au long de l’entraînant, « Trop Tard », le titre maître de l’Ep, tout le monde saute sur place, tant sur les planches que dans la fosse et particulièrement au sein du public très jeune… et féminin. Lors des morceaux interprétés en piano/voix, la voix de Simia évoque celle de Jean-Louis Bertignac. A l’instar de « Elle te Hante ». « Doucement » fait craquer les cœurs des minettes. Les paroles parlent de la vie, de ses joies, de ses désespoirs et de ses perspectives. Dans la dernière chanson de son set, il revisite « Je ne sais pas danser » de Pomme, dans un style mi-rap, mi-rock.

Le gaillard a de l’avenir sur les planches, il est généreux, sympa, humble et sait mettre de l’ambiance…

Trois estrades ont été installées sur le podium de l’Orangerie. Une pour accueillir le drummer Mathieu Épaillard (un pote à Roméo Elvis, dixit ses parents, postés à côté de votre serviteur), une pour Aloïse (NDR : of course, au centre) et une dernière pour le claviériste Victorien Morlet.

Aloïse débarque. Elle est vêtue d’un body noir et d’un pantalon mauve (NDR : un survêtement de sport !) Le set d’ouvre par « Montagnes russes », la première plage de l’album « Sauvage ». Une chanson criante de criant de vérité car vécue par l’artiste. Chaleureuse, interactive, telle une amie, elle confie ses joies, ses humeurs, ses malheurs et ses émotions à son public. La voix est vocodée et semble sortir d’un cyborg. Et pourtant, il s’agit bien d’Aloïse. Dans « Soulage », elle demande de pouvoir décoller dans sa carrière. Elle se regarde dans un miroir et se livre, à travers sa poésie. « XXL » apporte un peu de douceur.

Suivant les morceaux, Eloïse s’assied sur le bord de l’estrade ou danse le hip hop. La chorégraphie est superbement exécutée.

Issu de l’elpee « Dévorantes », « Si On S’Aime » parle d’amour et de déception amoureuse.

Résolument hip hop, « M’Envoler » reflète la fragilité de l’artiste. Elle joindra le geste à la parole et s’envolera dans les airs. Elle rappelle sa présence à Forest Naional, le 22 décembre, en première partie d’Angèle (NDR : elles sont amies). ‘Depuis minus on est focus’, scande-t-elle dans son nouveau single « Focus », où elle se libère de liens qui l’entravent et où elle souligne son insatiable appétit artistique et son refus de l’hypocrisie. Un r’n’b abordé dans l’esprit de Juicy.

Aloïse Sauvage a des convictions et les clame haut et fort. Elle dédie notamment plusieurs titres de « Dévorantes » à la lutte contre l’homophobie, et tout particulièrement « Jimy » et « Omowi », presque considéré aujourd’hui comme un chant militant. Ces deux titres associés à « A l’horizonale », associés en medley, ce sont 3 hits, au cours desquels, c’est le souk dans la salle, surtout pour ce dernier morceau. L’artiste sert sa lutte par ses propos, mais aussi par le débit effréné avec lequel elle déclame chacun de ses mots. Chaque phrase percute de plein fouet…

Lors du premier rappel, elle nous réserve « Toute La vie ». Mais le public est très chaud et en réclame encore ; à tel point qu’elle reviendra encore, à deux reprises.  

Le rap est l’avenir et le renouveau de la chanson française et Aloïse Sauvage en est manifestement devenue un de ses brillants fers de lance…  

Setlist : « Montagnes Russes », « Soulages », « XXL », « Si On S’Aime », « M’Envoler », Pépite », « Joli Danger », « Fumée », « Focus », Medley : « Jimy -Omowi - A L’Horizontale », « L’Orage », « Crop Top », « Love », « Unique », « Paradis ».

Rappel : « Toute La Vie ».

(Organisation : Le Botanique)

 

Charlie Winston

Charlie a repris du poil de la bête…

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Charlie Winston est enfin de retour. Souffrant d’une hernie discale, le dandy écossais s’était retiré du circuit. Il l’expliquera plus tard ; car il est guéri. Il vient, en outre, de graver son cinquième elpee, « As I Am », un disque paru en août dernier.  

En 2008, on apprenait à connaître ce charmant gentleman, lors de la sortie de « Like A Hobo », une chanson qui racontait l’histoire d’un clochard. Un titre qui allait devenir un énorme tube. Et pour Charlie, en ce temps-là, il marchait sur l’eau ! Tout le monde se l’arrachait : radios, télévisions et surtout festivals. Mais, c’est bien connu, le succès ne dure qu’un temps et chaque médaille a son revers. Il a alors entamé une longue traversée du désert. Il faut dire aussi que sa discographie n’était plus à la hauteur des espérances. Dès lors, les médias n’avaient plus d’autre alternative que de le bouder. Heureusement, il y a 3 mois, il a publié un nouvel opus de 14 morceaux, où Charlie se livre tel qu’il est, à savoir sans détours ni filtres. Pour « As I Am », Charlie a tout changé, jusqu’au producteur. Et il a choisi Vianey. Qui vient donner de la voix, et en anglais, sur « Shifting Paradigm ». En outre, lors des sessions, il a reçu le concours du trompettiste Ibrahim Maalouf, sans oublier les parties orchestrales, enregistrées à Rome par un ensemble de 50 musiciens.  

La première partie est assurée M.I.L.K., un artiste danois très sympathique, flanqué d’un backing group. De son vrai nom, Emil Wilk, c’est un pote de Charlie.

De M.I.L.K., on connaît surtout son hit, « If we want to ». A ce jour, il a publié un Ep 6 titres (« A Memory Of A Memory Of A Postcard ») en 2017 et un premier album (« Poolside Radio Vibe ») en 2021. Il va nous proposer de larges extraits de cet elpee.

Mais au-delà de sa carrière musicale, Emil est énormément prisé pour ses talents de vidéaste. Il a ainsi déjà réalisé des clips pour Liima, Reptile Youth, Blondage, Abby Portner et Kwamie Liv. Notamment.

A l’instar de stars du business, Charlie vient présenter le band juste avant qu’il ne grimpe sur l’estrade, à 20h00. Si les rideaux sont tirés sur les côtés et derrière la table de mixage, l’espace doit bien contenir 600 personnes.

Sur les planches Emil est soutenu par un drummer et un guitariste, également préposé aux synthétiseurs. Cheveux longs et bouclés, il possède une belle gueule et doit faire des ravages auprès des filles. Même s’il s’exprime dans un français hésitant, sa prononciation est excellente. Très interactif, il signale bien aimer la Belgique, les frites, la bière, les gaufres et le chocolat. Il cherche un appartement à Bruxelles et veut s’y installer. Le gars possède un beau déhanchement et incite le public à applaudir. Ce que ce dernier consent à faire.

Inspirée par des légendes des 70’s comme Curtis Mayfield ou Shuggie Otis, sa musique est revisitée par l’électronique contemporaine, dans l’esprit de Jungle, Leisure ou Rhye.

Bien ficelée, elle est dynamisée par les accords funkysants de la gratte, qui jouée en slapping, évoquent inévitablement Nile Rogers. Lorsque le guitariste passe à la basse, le gimmick lorgne vers un Level 42 circa eighties. Et le tout est teinté d’un chouia de disco…

Place ensuite à Charlie Winston. Il se consacre au piano, au chant et à la semi-acoustique (Une ‘Martin’ !). Ce soir, il est épaulé par un nouveau backing goup, de nationalité française. En l’occurrence le drummer Vincent Polycarpe (NDR : c’est lui qui assurait la batterie sur l'album « Jamais seul » de Johnny Hallyday), le guitariste/bassiste saxophoniste Louis Sommer (NDR : il est également acteur et compositeur) et l’autre guitariste soliste François Lasserre.

Les baffles crachent la B.O. du film ‘La panthère Rose’. La salle est plongée dans l’obscurité. Charlie s’installe derrière son piano et entame, en solo, « All That We Are », après avoir été chaleureusement applaudi par la foule. Puis, c’est l’enchantement. On n’entend pas une mouche voler (NDR : il n’y en a plus).

Charlie déclare qu’une de ses amies lui a envoyé un livre. En tournant les pages, il se reconnaissait dans le personnage du bouquin. Il a suivi, à New-York, une thérapie chez une psychologue ; et il n’a plus de problèmes, depuis, suite à de nombreux traitements… et des massages. Ce qui déclenche des rires dans la fosse.

Il raconte que lorsqu’il était chez des amis à Londres, ils avait longuement causé de la mort et de la réincarnation chez un animal. Il se retourne vers Louis qui réplique : un hippopotame. A son tour, François riposte : un phacochère.

Selon Charlie, « As I am », le titre de son opus a la valeur d’un mantra (NDR : un mantra est une formule sacrée ou invocation utilisée dans l'hindouisme, le bouddhisme, le sikhisme et le jaïnisme). C’est un moyen de rappeler qui il est et ce qu’il fait…

Mais Charlie ne répond pas aux allusions (NDR : peut-être un ours ou un lapin, on ne le saura jamais).

Avant d’attaquer « Letter For My Future Self », Charlie explique qu’il s’est envoyé une lettre à lui-même. Il l’a bien reçue. Une forme de remise en question….

Enfin pour « Like A Hobo », les 3 musicos de M.I.L.K. descendent l’escalier de gauche et s’installent derrière le piano. Emil remplace alors Saule pour la seconde voix…

Charlie Winston va accorder un rappel de trois titres, avant de tirer sa révérence, dont « Shifting paradigms », mais sans Vianney que remplace irréprochablement le drummer, armé d’une gratte semi-acoustique…

Setlist : « All That We Are », « Kick The Bucket », « Sweet Tooth », « My Life As A Duck » », « This Storm », « Limbo », « Don’t Worry About Me », « Echo », « Algorithm », « Letter For My Future Self », « Open My Eyes », « Like A Hobo », « Say Something », Unconscious ».

Rappel : « Exile », « In Your Hand », « Shifting Paradigms ».

(Organisation : FKP Sorpio)

 

 

Jennifer Batten

Quelle maîtrise à la guitare !

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Ce vendredi 25 novembre, Jennifer Batten se produit au Zik-Zak, à Ittre. Et ce n’est pas n’importe qui, puisque cette guitariste américaine a participé aux tournées de Michael Jackson, de 1987 à 1997 (NDR : elle a également collaboré aux sessions d’enregistrement de l’album « Bad » et au célèbre « Thriller ») ; et entre 1991 et 2001, elle a voyagé et enregistré en compagnie de Jeff Beck. Agée de 65 ans, cette musicienne itinérante a gravé trois elpees solos : « Above Below And Beyond » (1992), un opus pour lequel elle avait reçu le concours de Michael Sembello, célèbre producteur et guitariste de Stevie Wonder, « Momentum » (1997) et « Whatever » (2008). A une certaine époque, elle militait au sein de 6 groupes différents pour lesquels elle jouait aussi bien du rock, du métal, du funk que de la fusion. Certains médias n’ont pas hésité à la considérer comme une véritable guitar-héro, à l’instar de Slash, Jeff Beck, Steve Vai, Peter Brampton, Éric Clapton ou Joe Bon amassa. Mais très étonnant, il n’y a pas plus de 70 personnes pour assister au concert de cette artiste qui possède un tel cv…

Longue crinière blonde, tenue pailletée pour ne pas dire glamour, plutôt sexy, Jennifer Batten grimpe sur l’estrade. En fond de scène, des vidéos vont défiler sur un écran géant ; des clips pour lesquels elle a composé la musique. Pendant 45 minutes, elle est seule, armée de sa gratte, face au public et devant son tapis de pédales ; et le tout est discrètement enrichi de sonorités électroniques. Le light show est tout aussi sobre, les oscillations stroboscopiques risquant de lui provoquer des crises d’épilepsie. Bref, un éclairage suffisant pour percevoir ses accords sur ses six cordes. Et cette simplicité touchante et intimiste se traduit par une forme de complicité auprès d’un public attentif à sa prestation. Au cours de ce premier volet instrumental, elle va notamment adapter des compos de Billie Ellis, Britney Spears, Imagine Dragons, Jeff Beck, mais aussi interpréter des morceaux issus de sa plume.

Après un entracte de 10 bonnes minutes, Jennifer revient sur le podium, flanquée du bassiste/vocaliste Niklas Truman et du drummer John Maclas. Au répertoire, à nouveau des reprises. Et notamment d’Aretha Franklin, de Jeff Beck, de Toto et de ZZ Top, dans différents styles qui vont osciller le la pop au rock, en passant par le jazz, le blues et le bluegrass. Pas de convers de Michael Jackson, mais une performance tour à tour technique, expérimentale ou avant-gardiste, au cours de laquelle le bassiste prête, de temps à autre, sa voix. Mais quelle maîtrise à la guitare !

(Organisation : Zika-Zak et Rock Nation)

The Cure

Intemporel

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Dans la vie, des choix drastiques se posent parfois. Certains ont dû y faire face ce mercredi 23 novembre 2022. Supporter les Belges lors de leur rencontre face au Canada ou se déplacer à Anvers pour y assister à un concert d’anthologie.

Les dirigeants de la FIFA n’ont en effet pas mesuré l’impact de programmer un match de la coupe du monde (fort décriée) alors que Robert et son équipe font escale au sein du plat pays dans le cadre d’une tournée européenne. Mais, à voir le nombre de fans qui ont rejoint le Sportpaleis, à Anvers, la question ne s’est probablement pas posée très longtemps !

C’est donc au sein de cette salle de spectacle multifonctionnelle, que le groupe devenu mythique, The Cure, a posé ses flight cases. Un endroit approprié puisqu’il peut accueillir jusqu'à 23 000 spectateurs. Et devinez quoi ? Le concert était sold out depuis de nombreux mois déjà. Pas étonnant vu la popularité de la formation !

The Twilight Sad, un des groupes préférés de Robert Smith assurait le support act. Malheureusement, la circulation était tellement dense que votre serviteur n’a pu profiter de cette entrée en matière. Mais le plat du jour est si consistant qu’il n’y aura aucun regret à avoir.

A 20h45 pétantes, la grande messe débute. La salle est pleine à craquer. Les musiciens s’avancent un à un tout au long d’une longue intro dévoilant un « Alone », nouveau morceau, issu d’un elpee que l’on annonce depuis (trop) longtemps et dont le titre devrait être « Songs of a Lost World ».

Une plage atmosphérique, presque religieuse, durant laquelle le gros Robert s’empresse de faire le pitre devant les caméras plantées sur le podium. Et lorsqu’il se met à chanter, vers la moitié du morceau, on se rend compte que sa voix si caractéristique, d’outre-tombe, n’a pas changé d’un iota. Dire que, lorsque The Cure s'est formé, Smith n'avait pas l'intention d'en devenir le leader, ni même le chanteur. Il l’est devenu par la force des choses, aucun de ses partenaires n'ayant convaincu face au micro.

Ce ne sera pas la seule découverte de la soirée ! Il offrira au public quatre autres inédits dans une veine tout aussi succulente : « And Nothing Is Forever », « A Fragile Thing », « Endsong », et « I Can Never Say Goodbye », un déchirant message à l'attention de Richard, son frère, disparu en 2019. Un opus annoncé comme l’un des plus ténébreux dans la carrière de The Cure, la mort du père et de la mère de Robert, survenus la même année, planant également dans ses chansons.

Simon Gallup, qui avait quitté la formation en 1982 à la suite d’une querelle avec le sexagénaire concernant la promotion de l’album « Pornography », a retrouvé son rôle de bassiste au sein du line up. Et il est toujours aussi convainquant. Ses lignes mélodiques sont entêtantes. Une patte qui lui est propre sur chacun des morceaux. A le voir s’amuser sur l’estrade, nul doute que la complicité qui le lie au leader semble intacte, même si le musicien avait une nouvelle fois quitté le band en 2021. Un remake de ‘je t’aime moi non plus’, en quelque sorte…

Jason Cooper se charge des fûts, tandis que Perry Bamonte, à gauche de la scène, passe des claviers à la guitare. Également préposé aux claviers, Roger O’Donnell, planté à droite, se charge de dispenser des nappes plaintives. Quant à Reeves Gabrels, ex-six cordiste de David Bowie, il est le responsable de solos éclatants.

Si le temps n’a pas d’emprise sur la popularité du combo qui rencontre toujours une fameuse notoriété, Robert Smith a le physique de son âge. Si le maquillage enduit toujours son visage, ses cheveux, bien qu’encore hirsutes, sont grisonnants. Que dire alors de son ventre bedonnant ? Mais quoiqu’il en soit, sa niaque est demeurée intacte.

Le light show est assez discret. Tantôt, de jolis voiles lumineux balaient les musicos, tantôt des images parfaitement adaptées sont projetées sur un écran géant situé derrière la scène comme ces cœurs rouges sur un « Friday I’m In Love » pétillant alors que The Cure ne venait pas défendre la réédition de « Wish » pour célébrer les 30 ans de sa sortie. Quoiqu’il en soit, le public a tout de même pu se réjouir d’entendre ce titre qui n’a pas pris une ride.

De beaux effets donc joliment orchestrés à l’image de ce paysage rural qui se décolore au fur et à meure d’un « Last Day Of Summer » d’une authenticité rare.

Alignant au passage 28 morceaux qui jalonnent la carrière du groupe, le combo a véritablement mis le feu aux poudres dès les premières notes de « Burn », une compo qui figure sur la bande originale du film, devenu culte, « The Crow ». Mais l’hystérie la plus complète atteindra son point d’orgue sur un « Push » et sa rythmique endiablée encouragée par les milliers de spectateurs.

Un Robert en très grande forme ! Lui qui d’habitude se fait plutôt discret, s’octroie des moments de pitrerie auprès d’un Gallup qui n’est pas en reste lorsqu’il l’affronte, épaule contre épaule, faisant mine de le bousculer. Ou encore lorsqu’il s’octroie de petits pas de danse maladroits devant un public amusé.

Une soirée où The Cure a aligné (forcément) des tubes, mais aussi des perles moins connues de son vaste répertoire : « The Hanging Garden » et son solo de guitare, l’hypnotique « Pictures Of You », le vénérable « At Night », l’intemporel « Charlotte Sometimes », l’immortel « Play For Today », l’irrévérencieux « Shake Dog Shake » ou encore un « From The Edge Of The Deep Green Sea » qui pourrait sonner le glas d’une soirée riche en émotion.

Que nenni ! Après une brève pause, le groupe a gardé sous le coude une pléiade de titres. Un premier rappel est consenti, au cours duquel un « Faith », rappelant les débuts du band, et une version stellaire de « A Forest », où la basse de Simon finira sur les planches dans une euphorie indescriptible, sont accordés.

Le second encore est destiné aux puristes. Une enfilade de chansons que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître (et c’est bien dommage) : « Lullaby », « The Walk », « Close To Me », « In Between Days » ou « Just Like Heaven » qui a servi, dans une version instrumentale, de générique à l'émission de télévision française ‘Les Enfants du rock’.

Et comme toute bonne chose, a une fin, un « Boys Don’t Cry » complètement hors du temps. Une jolie façon de se quitter, sans heurts et sans larmes…

A priori, pas un adieu, juste un au revoir, le ’See you soon’ de Smith laissant planer l’organisation d’une éventuelle tournée dans le cadre de la promotion du futur opus…

Il est près de 23h15. La formation a joué deux heures trente de manière quasi-ininterrompue. Une belle prouesse à souligner.

Un constat s’impose, l’acoustique du Sportpaleis, qui parfois souffre de la structure en béton, a été d’une limpidité surprenante, permettant ainsi d’apprécier toute la subtilité des sons et de la prestation des musiciens.

Un seul et unique regret, l’absence de l’épique « Plaisong », plage d’ouverture de « Disintegration », qui semble avoir été interprété lors de certains concerts du circuit…

L’homme habillé de noir éprouve beaucoup de difficultés à quitter ses convives. Il lui faudra plusieurs minutes avant qu’il n’ait le courage de retourner dans les coulisses et rejoindre ses comparses.

Que d’émotions réunies en une seule et unique soirée…

Si ce n’est le concert d’une vie, il aura été certainement un des plus beaux dans celle votre serviteur qui a déjà pourtant déjà bien bourlingué.

Setlist :

Alone – Pictures Of You – A Night Like This – Lovesong – And Nothing Is Forever – Burn – The Hanging Garden – The Lase Day Of Summer – A Fragile Thing – Cold – At Night – Charlotte Sometimes – Push – Play For Today – Shake Dog Shake – From The Age Of The Deep Green Sea – Endsong – I Can Never Say Goodbye – Faith – A Forest – Lullaby – The Walk – Let’s Go To Bed – Friday I’m In Love – Close To Me – In Between Days – Juste Like Heaven – Boys Don’t Cry.

 

Beth Hart

Une fin de soirée zeppelinienne exceptionnelle…

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Début 2020, Beth Hart avait annoncé partir pour sa ‘Thankful Tour’, une tournée qui devait passer par le Cirque Royal, à Bruxelles. Vu la pandémie, il sera reporté à 3 reprises et finalement, il se déroulera ce 23 novembre au même endroit.

En février dernier, elle a publié un nouvel elpee intitulé « A tribute to Led Zeppelin », au cours duquel elle rend hommage au légendaire dirigeable, en reprenant 12 de ses compos. Un disque qui fait suite à « Fire On The Floor » (2016) qui l’a vue monter un nouvel échelon en matière de reconnaissance, et un « Black Coffee » (2018), pour lequel elle avait reçu le concours de Joe Bonamassa.

Le supporting act est assuré par John Oates. Il s’agit de la moitié de Hall & Oates, un duo (NDR : et une machine à tubes) que votre serviteur avait eu l’occasion d’applaudir, en 1982, à l’Ancienne Belgique. Ce soir, il se produit sans son comparse. Et pour accompagner son chant, il va se servir de guitares semi-acoustiques. Et pas n’importe quelles grattes, puisqu’il s’agit de Martins… rutilantes ! Il est soutenu par un percussionniste. Bonnet de couleur brune vissé sur le crâne, il est assis sur un cajon et dispose d’une cymbalette à pied.

Il entame son set 10’ plus tôt que l’horaire prévu. Ce qui va lui permettre d’accorder un set de 40’ mêlant reprises de son célèbre tandem et titres issus de son elpee, « Live in Nashville », paru en 2020. Un LP ‘unplugged’ tout comme sa prestation au cours de laquelle, il va nous réserver son single, « Pushin' A Rock », mais surtout une version mémorable du « What A Wonderful World » de Louis Armstrong. Pas à la trompette, mais à la gratte semi-acoustique…

Après 20 minutes d’entracte, alors que la salle est plongée dans la pénombre, un faisceau de lumière se focalise sur l’entrée de la fosse sous la table de mixage. Beth Hart apparaît et entame un tour de salle complet en chopant les mains des spectateurs ou en leur faisant petits coucous tout en se dandinant de manière assez sexy. Une promenade qui va se prolonger pendant 10 bonnes minutes, lors du morceau d’entrée (« Love Gangster »), avant qu’elle ne grimpe sur l’estrade. Un podium au fond duquel une toile à deux coloris est tendue ; ce qui va permettre aux techniciens du light show de faire fluctuer les couleurs de l’arc-en-ciel. La Californienne est soutenue par trois musicos, soit le bassiste (également préposé à la contrebasse et au piano) Tom Lilly, le drummer Bill Ransom, une casquette vissée sur le crâne, le bassiste Tom Lilly, (qui se consacre également à la contrebasse et aux claviers) et enfin le guitariste Jon Nichols, un stetson enfoncé sur la tête. Jon est le bras droit de Beth et son directeur musical depuis 16 ans. Ils coécrivent les chansons ensemble. Il a joué, notamment, en compagnie de Jeff Beck, Slash et Joe Bonamassa et drive son propre band, quand il ne se produit pas en solo.

Dès les premières notes, la voix puissante, phénoménale, tout en nuances, à la fois sensuelle et torturée de Beth Hart charme nos tympans. Elle discute, rit, pleure, s’émeut avec grande classe aussi bien en interaction totale avec ses musicos que la foule. Que ce soit lors de ses titres interprétés au piano ou ceux partagés avec son band… Ses chansons oscillent de la joie à la mélancolie en passant par la rage et la douceur.

Tout au long de « When the Levee Breaks » de Memphis Minnie & Kansas Joe McCoy et de « Rhymes » d’Al Green cover, elle s’accroupit et invite l’auditoire à l’accompagner au chant. Elle passe derrière les claviers pour « Bad Woman Blues ».  

« Words In The Way » est attaqué sous une forme dépouillée, Tom Lilly se consacrant à la contrebasse, Jon Nichols à la semi-acoustique et Beth à l’orgue Hammond. Dans le même esprit, « Rub Me For Luck » pourrait servir de B.O. à un film de James Bond. Et toujours dans la même veine, « Thankful » est interprété en mode piano/voix, un slow langoureux au cours duquel on ne sait plus si on se trouve à la maison ou dans un club de blues…

Beth signale que le Cirque Royal est intimiste, proche du public et que le son y est excellent. Et elle a tout à fait raison.  

Il faudra cependant attendre le rappel pour enfin savourer deux extraits de son dernier long playing consacré à des reprises du Led Zeppelin, et tout particulièrement lors de la finale, à travers un « Whole Lotta Love » d’anthologie. Les interventions du batteur son magistrales, dignes de Bonham, père ou fils. Lors de ces instants magiques, la diva s’efface et se couche même sur les planches. Une fin de soirée zeppelinienne exceptionnelle !

Setlist : « Love Gangster », « When the Levee Breaks » (Memphis Minnie & Kansas Joe McCoy cover), « Rhymes » (Al Green cover), « Bad Woman Blues », « Spirit Of God », « Bang Bang Boom Boom », « Rub Me For Luck », « Setting Me Free », « Rub Me For Luck », « Thankful », « Woman Down », « Without Words In The Way », « Sugar Shack », « Can't Let Go » (Randy Weeks cover), « House of Sin »,

Rappel : « No Quarter » (Led Zeppelin cover), « Whole Lotta Love » (Led Zeppelin cover).

(Organisation : Greenhouse Talent)

Phoenix

Phoenix fait son blockbuster !

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Après 5 ans d’absence, Phoenix se produisait ce mercredi 23 novembre, à l’Ancienne Belgique de Bruxelles. Sold out à la vitesse de l’éclair ! Résultat des courses, les organisateurs décident, quelques mois plus tard, de fixer une date supplémentaire. C’est donc ce mardi 22 novembre que votre serviteur assiste au premier acte de nos quatre courtisans issus de la cour de Versailles.

Formé en 1995, ce groupe-phare de la French Touch, emmené par son leader Thomas Mars, entendait bien retrouver, après cette longue absence, son public fidèle et lui présenter son septième opus, « Alpha Zulu », sorti le 4 de ce mois.

Un album enregistré lors de la crise sanitaire au cœur du Musée des Arts Décoratifs de Paris et intégralement dédié au producteur et musicien Philippe Zdar, décédé en 2019.

Il est 20 h 45 lorsqu’un rideau noir tombe sur les planches. La salle est pleine à craquer. Elle est surtout peuplée de quadragénaires dont une majorité de dames et demoiselles. Effet coupe du monde ?

21 h le rideau se lève progressivement et révèle une gigantesque armada d’écrans simulant une perspective à vous couper le souffle. Une véritable boîte en 3 dimensions entièrement contrôlée par une équipe de techniciens, vidéastes et autres spécialistes en lumières. L’équipe de l’Alpha Zulu tour doit être imposante.

Les premières notes de l’excellent « Listomania », extraites de l’opus « Wolfgang Amadeus Phoenix », résonnent lorsque s’achève sa remontée du rideau vers le ciel. Le quatuor débarque alors du fond de la scène tapissée d’un décor constitué de montagnes et d’arbres en contre-jour.

Le guitariste Laurent Brancowitz prend rapidement place à l’extrême gauche, alors que le bassiste/claviériste Deck d’Arcy (Frederic Jean Joseph Moulin de son vrai nom) se plante à mi-chemin entre le décor et le front stage.

L’autre sixcordiste, Christian Mazzalai, membre fondateur du groupe, est déjà au taquet, et s’installe au premier plan, à droite, comme d’habitude.

Thomas Hedlund, le drummer, envoie du lourd pour ce début de concert qui s’annonce plus que prometteur au vu du large sourire affiché par Thomas Mars. Et dès son arrivée, il se poste au beau milieu, au plus près de l’auditoire…

Enfin, le multi-instrumentiste Robin Coudert campe à l’extrême droite du podium (NDR : plus connu comme compositeur de musiques de film, il est à la tête d’une filmographie considérable)

Et en effet, la scénographie est tellement phénoménale qu’on est littéralement plongés dans un long métrage ou une pièce de théâtre géante tout au long de ce concert époustouflant par sa variété de décors. On pénètre littéralement dans le palais des glaces de Versailles, pour ensuite être transporté sur le bitume d’un périphérique d’une ville en pleine nuit, traversant des tunnels, bien au-delà des limitations de vitesse autorisées, pour ensuite être happés par traveling arrière depuis un jardin en Californie jusqu’au centre de l’univers. Lorsqu’il ne s’agit pas d’une œuvre d’art géante qui s’anime pour reprendre en chœur le déjà addictif ‘Hou Ha’ du single « Alpha Zulu ».

L’Ancienne Belgique brille de mille feux, et le groupe prend un véritable plaisir à observer la foule en demandant à plusieurs reprises d’éclairer les lieux afin de bien la contempler. Il y a clairement un énorme coup de cœur pour cette salle mythique qu’est l’Ancienne Belgique pour Phoenix.

La première partie du spectacle se clôt par une projection hallucinante dans l’espace, vers l’infini et bien au-delà, le tout orchestré uniquement en instrumental digne d’une bande originale signée Hans Zimmer, tout en rendant un vibrant hommage à la mémoire de Philippe Zdar, pour lequel toute l’émotion de cette perte est encore palpable dans le regard du quatuor.

La seconde moitié du set fera la part belle au nouvel LP, mais en ne négligeant pas les long playings précédents, et tout particulièrement « Wolfgang Amadeus Phoenix », qui restera (jusqu’à présent) le meilleur album de sa discographie.

Le rideau se baisse à nouveau le temps d’installer un clavecin sur les planches. Et le rappel va nous propulser quelques siècles en arrière dans un décor baroque italien.

Deck s’installe aux commandes du clavecin et Thomas Mars opère son retour, micro à la main, lors d’un interlude chanté en italien, « Telefono ».

Le reste de la troupe revient à la fin du morceau très apprécié par le public, la magie des sonorités du clavecin collant parfaitement avec le style du groupe qui ne cache pas ses origines versaillaises et nous rappelle sa participation furtive au cinéma dans le film « Marie-Antoinette » de Sofia Copolla (épouse de Thomas Mars). Comme vous pouvez le constater, le 7ème art est omniprésent ce soir.

Un concert qui s’achève par « Trying To Be Cool » et « 1901 » devant un auditoire entièrement conquis qui observe alors Thomas fendre la foule avec son micro afin d’escalader les balcons rouges de l’AB pour ainsi faire son tour de salle –un  rituel !– et revenir sur le podium où s’affiche un gigantesque logo ‘PHOENIX’ aux couleurs arc-en-ciel , emblème de la tournée précédente, ‘Ti Amo’. 

C’est une prestation 5 étoiles, irréprochable musicalement parlant, chaque membre du groupe maîtrisant à la perfection les morceaux. Il règne sur la scène une harmonie parfaite, une complicité et une amitié indéfectible entre ses membres. Malgré les années, la voix de Thomas Mars n’a pas bougé d’un iota. Bref, un feel good concert et visuellement peut-être l’une des plus belles scénographies visuelles qui se soit déroulée à l’Ancienne Belgique.

Voir aussi notre section photos ici

Tracklist

01.Lisztomania
02.Entertainment
03.Lasso
04.Too Young / Girlfriend
05.J-Boy
06.Alpha Zulu
07.Ti amo
08.After Midnight
09.Armistice
10.Love Like a Sunset Part I
11.Love Like a Sunset Part II
12.Lovelife
13.Artefact
14.Tonight
15.Rome
16.Winter Solstice
17.Identical
18.Long Distance Call
19.If I Ever Feel Better / Funky Squaredance

Rappel :

20.Telefono / Fior di latte (Vocal and piano only)
21.Trying to Be Cool / Drakkar Noir
22.1901
23.Identical (Reprise) - Thomas in crowd

(Organisation : Live Nation)

 

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