Fuji-Joe présage la canicule…

Après avoir accordé des concerts pendant un an à Paris et accompli un passage en Angleterre en début d'année, Fuji-Joe sort son premier Ep, « Soleil brûlant ». À travers 3 titres, Fuji-Joe revendique être à l'origine du meilleur Ep de ‘post-punk noisy french…

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Militarie Gun

Trop court et trop brouillon pour vraiment convaincre…

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Militarie Gun est une formation californienne (NDR : elle est établie à Los Angeles), née pendant la COVID. En fait, contraint de renoncer à la tournée de Regional Justice Center, son ancien groupe, Ian Shelton décide de monter un nouveau projet. Il croise quatre gars qui ne jurent, eux aussi, que par le punk, le powerpop et le rock alternatif. L’ascension est fulgurante. Et pour cause, ses Eps et singles débordent d’énergie émoustillante. Et puis, Shelton est un chanteur charismatique doté d’un bagage musical riche et varié. Enfin, deux ans à peine après sa formation, le quintet a été signé par Loma Vista Recordings (Iggy Pop, Rise Against The Machine, Denzel Curry, Soccer Mommy, Korn…) et a accompli plusieurs tournées mondiales. Il a récemment publié un album. Ou plutôt une compile enrichie de quatre nouvelles compos. Il se produisait donc ce lundi 15 mai 2023, à l’AB Club. Et il reviendra sur la plaine de Werchter, dans le cadre du festival, peu de temps après la sortie de son véritable premier elpee, « Life Under The Gun » …

Le combo gantois Wrong Man assure le supporting act de Militarie Gun pour trois dates de son périple européen. Il réunit Cedric Goetgebuer (Partisan, Blind To Faith, Raw Peace, Rise And Fall), Ivo Debrabandere (Partisan, Oathbreaker, Joshua's Song), Thijs Goethals (Partisan, Maudlin) et Bjorn Dossche (Chain Reaction, Rise And Fall). Il vient de graver un premier Ep qui s’intitule « Who are you ? ».

En 25 minutes, le quatuor va nous en mettre plein les oreilles. Son post hardcore énergique et sans compromis est alimenté par des riffs de sixcordes puissants, une section rythmique qui balaie tout sur son passage et un vocaliste dont le chant crié ou parfois hurlé est de bonne consistance.

Et on a droit à un second supporting act. Encore un groupe gantois, mais qui répond au patronyme de Feverchild. La plupart de ses membres sont issus de Minded Fury, Force et Animal Club. Il implique deux guitaristes, un chanteur, un bassiste et un batteur. A son actif deux singles et un Ep éponyme. Non seulement son emo post hardcore s’inspire des nineties, mais le combo parvient à se réapproprier le son, l'ambiance et l'esthétique de cette époque.

En général, une des guitares dispense des sonorités lourdes et l’autre, limpides. Mais elles peuvent également se révéler huileuses et sauvages. Accrocheuses, les mélodies sont soignées. Mélancoliques et entraînantes, les compos évoquent tour à tour le Jimmy Eat World originel, Mineral ou The Get Up Kids. Cinq bonnes minutes sont nécessaires avant de pénétrer dans son univers torturé, mais qui finalement communique de bonnes sensations. La section rythmique est solide et le bassiste joue parfois en slap/tap. Le chant est harmonieux et les harmonies se construisent par couches successives…

Petite parenthèse, le kit de drums restera le même pour les trois formations. L’une y ajoutera des cymbales et l’autre, une caisse claire.

Place ensuite à Military Gun. « Pressure Cooker », une cover de Dazy, ouvre les hostilités. Ian Shelton est flanqué de deux guitaristes, un préposé aux fûts et un bassiste. Ce dernier emprunte une ligne semblable à celle de Joe Lally (Fugazi). Ian dispense des paroles politiquement engagées sur un flow hip hop, mais placé du côté gauche du podium, votre serviteur peine à entendre sa voix. Faut dire que tribal et surpuissant, le drumming éclipse non seulement le chant, mais aussi les autres instruments, y compris les riffs incendiaires. A la demande de Shelton, l’ingé-son remonte le volume du microphone. Mais si le résultat est alors probant, pendant « Do faster » (NDR : c’est le cas de le dire, les 12 titres de la setlist ont été enfilés en 38’), c’est la basse qui lâche et le morceau s’achève sans cette gratte. Trop court et trop brouillon pour vraiment convaincre, même si les compos ont été dispensées avec un bel enthousiasme…

Setlit : "Pressure Cooker" (Dazy cover), "Let Me Be Normal"," Disposable Plastic Trash", "Very High", "Don't Pick Up The Phone"," Will Logic", "All Roads Lead To The Gun ", "Dislocate Me", "Do It Faster" (restarted due to the technical difficulties), "Fell On My Head", "Ain't No Flowers".

(Organisation : AB + Flood Floorshow)

 

Channel Zero

Le drumming, véritable fil conducteur du show !

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Channel Zero est né, il y a déjà 32 ans ; et pour fêter cet anniversaire, il se produisait à l’AB. Trois soirées de suite ! Et elles sont sold out. Mais en même temps, le band a voulu rendre hommage à Phil Baheux, décédé en 2013.  

En 1997, lorsque Channel Zero a décidé de mettre son aventure entre parenthèses, il avait déjà publié quatre albums en cinq ans. Quatre albums qui lui avaient permis de grimper au sommet de son art. Il a entamé son parcours comme band de trash metal underground et est devenu le plus grand phénomène du genre, au Benelux, grâce à son style frais et tranchant. Il a fait le tour du monde en compagnie, notamment, de Megadeth, Danzig et Biohazard et s’est produit dans les plus grands festivals européens. A l’issue du split, les musicos ont chacun suivi leur propre chemin après avoir remercié leur légion de fans en gravant un cédé ‘live’, immortalisant leur prestation au Marktrock. Cependant, un collectif de fans a créé une page Facebook dès 2008, pour inciter le combo à se réunir. Après de longues discussions, de pardons, d'oublis, de réflexions, d'essais et de répétitions, Franky, Tino et Phil acceptent de reformer le band. Et le 22 janvier 2009, Channel Zero joue un premier concert de retrouvailles à l'Ancienne Belgique. Il est sold out en un temps record ! Tout comme les dates programmées dans la foulée. En une heure ! Soit les 23 et 24 du même mois, et même ceux prévus un an plus tard. En l’occurrence les 28, 29 et 31 janvier 2010. Impressionnant !

Le line up implique aujourd’hui le frontman/chanteur Franky De Smet Van Damme, les guitaristes Mikey Doling (ex-Soulfly, ex-Snot) et Christophe Depree, le bassiste Olivier De Martino ainsi que le drummer Seven Antonopoulos.

Le supporting act est assuré par Virgin Prozak (la veille, la première partie avait été assurée par Destroy Humanity – photos )

Il y a 6 ans, Virgin Prozak se résumait à un duo. Soit un chanteur/guitariste et un batteur. Les chemins musicaux de Simon Rosenfeld Dernelle et Christophe Gindt se sont ensuite séparés et Simon a été rejoint par le bassiste Alban Waff ainsi que le drummer Chriss. Mais les deux membre orignaux sont à nouveau réunis ; et c’est Vincent Dessart (LETHVM) qui se charge aujourd’hui de l’instrument à quatre cordes.

A l’actif du combo, deux Eps, « Plethora », en 2018, et « Plethora, Vol. II », en 2020. Début avril, il a gravé un nouveau single, « The Doubt Remains », produit par Tony De Martino.

Sur les planches, si le drumming s’avère énergique voire tribal, la section rythmique fait preuve d’une efficacité sans faille. La voix est tantôt très mélodique et accrocheuse ou alors rugueuse. Très rythmique, la guitare s’élève aisément dans les riffs, un peu comme celle de James Hetfield, chez Metallica. Des émotions fortes et sans filtre émanent du metal vierge d'antidépresseurs pratiqué par le power trio.

Dans son genre musical, ce groupe wallon est à suivre très attentivement.  

Le rideau rouge est tiré juste après le déménagement de la première partie. A 20h30 précises, il s’ouvre. Mikey et Franky apparaissent alors pour interpréter une version acoustique d’« Angel », afin de rendre hommage à feu leur batteur. Puis il se referme.

Au bout de quelques minutes, il s’écarte de nouveau et on remarque la présence de deux bidons de couleur noire d’une capacité de 100 litres, de chaque côté de la scène, sur lesquels est mentionné les mots ‘black fuel’, en jaune.

Vêtu d’une salopette de teinte bleu pétrole au dos de laquelle est imprimé le logo du band, et de hautes tiges qui lui remontent jusqu’aux genoux, Franky débarque le premier. Les autres membres du groupe émergent d’un nuage de fumigènes traversé de spots aveuglants. Le drummer est perché sur une estrade, entouré de deux murs de baffles Marshall et derrière une double voire triple batterie.

« No Light (At the End of Their Tunnel) » vient à peine d’être achevé que Franky est déjà en sueur. Groovy, « Fools Parade » déclenche les premiers ‘crowdsurfings’ et de timides ‘pogos’.

Le jeu de basse de Tino De Martino claque et ne trahit aucun signe d'usure. Franky remonte le temps jusqu’à l’édition 1995 du festival de Torhout, tout au long d’« Heroin ». Et il le signale. Il arpente les planches, dans tous les sens, en emportant de petites bouteilles d’eau dont il asperge rituellement les premiers rangs. Il s’exprime tour à tour en français, néerlandais ou anglais, parfois en patois de Zottegem, sa terre d’origine. A deux reprises, il s’autorise un long bain de foule. Il fait le tour de la salle et grimpe à l’étage tout en continuant à chanter. Deux enfants montent sur le podium. Ils viennent embrasser leur papa, Olivier, dont c’était l’anniversaire, la veille. Le band entame alors l’inévitable ‘Happy Birthday’, que la foule reprend en chœur.

Tel un diable prêt à sortir de sa boîte, le drummer a vraiment marqué le concert de son empreinte. Il a accordé un solo de batterie magistral de 10 bonnes minutes. Ses expressions faciales et ses poses démoniaques étaient saisissantes sous le feu d’un light show agressif. En fait, il est parvenu à sublimer ses partenaires.

Et le concert de Channel Zero atteindra son apogée lors des deux derniers morceaux du show, « Suck My Energy » et « Black Fuel ». Dans la fosse, ça pogote sec. Les responsables de la sécurité ont du travail. Mais le tout se déroule dans une excellente ambiance.

Finalement, on a eu droit à un set en forme de ‘best of’ (photos )

Setlist : « Angel », « No Light (At the End of Their Tunnel) », « Tales Of Worship », « Repetition », « Chrome Dome », « Fool's Parade », « Dashboard Devils », « Heroin », « Call On Me », « Mastermind », « Bad To The Bone », « Help », « Unsafe », « Drum Solo », « Dark Passenger », « Ammunition », « Hot Summer », « Suck My Energy », « Black Fuel ».

Photos Romain Ballez

(Organisation : Ancienne Belgique »)

Paul Weller

En dents de scie…

Écrit par

Paul Weller est considéré comme une référence incontournable par les groupes-phares de la britpop, et tout particulièrement Oasis ainsi que Blur. A cause du rôle joué par The Jam, trio mod qui a sévi de 1976 et 1982, laissant en héritage des tubes incontournables comme « Beat surrender », « The Bitterest Pill (I Ever Had to Swallow) », « Start’ », « Going underground », « The eton rifles » et « Town called malice », une chanson qui vilipendait Margaret Thatcher et sa politique, en Grande-Bretagne, tout en reflétant son combat contre le fascisme et le néo-capitalisme. Puis, le natif de Woking va succomber au jazz/rhythm’n’blues suave et rétro, de 1983 à 1989, en fondant The Style Council avant d’entamer une carrière solo qui va s’avérer fructueuse tout en asseyant une popularité retrouvée. Mais probablement pas auprès des fans de originels. Un peu comme s’il avait voulu tourner, définitivement, la première page de son histoire…

Maxwell Farrington & Le SuperHomard assure le supporting act. Originaire de Brisbane, Maxwell Farrington a quitté l’Australie en 2013, rejoint le Royaume-Uni avant d’atterrir en France. Christophe Vaillant, alias Le SuperHomard, est avignonnais. De leur rencontre en 2019, au cours de laquelle ils avouent une passion commune pour les crooners Lee Hazlewood, Scott Walker, Frank Sinatra mais aussi le compositeur/pianiste Burt Bacharach, va naître ce nouveau projet. Maxwell se réserve le chant et possède une voix… empathique. Christophe se charge des claviers et de la guitare. Ils sont soutenus par un bassiste, un drummer et un préposé à la sèche. La musique est inévitablement rétro, s’abandonnant circonstanciellement au tango, évoquant même parfois vaguement The Divine Comedy, mais sans en avoir ni le charme ni l’éclat… (voir photos ici).

Il y a du peuple (NDR : un peu plus de 1 100 spectateurs) lorsque Paul Weller et sa troupe grimpent sur l’estrade. Il est alors 21 heures. Il est accompagné d’un bassiste, d’un claviériste, d’un saxophoniste/flûtiste, de deux drummers (les grosses caisses sont ornées d’une grande étoile) dont un double aux percus (souvent en station debout) et de son fidèle guitariste, l’ex-Ocean Colour Scene, Steve Cradock.

Le set s’ouvre par trois morceaux bien enlevés, dont l’excellent « From the floorboards up », au cours duquel les grattes sont bien décapantes. Puis, la formation embraie par un r&b du répertoire de The Style Council, « My ever changing moods ». Et chaque fois que le modfather va puiser dans le catalogue de son ancien groupe ou interpréter des compos de la même trempe, la pression va retomber. Au cours de ces compos mid tempo mielleuses, il met bien en exergue sa voix légèrement éraillée, mais sans doute trop mise en avant. Car ses musicos sont remarquables, le saxophoniste, jonglant entre un alto et un ténor, quand il ne se consacre pas à la flûte. Paul alterne guitare électrique, acoustique et le piano, notamment lors des ballades. Particulièrement soignées, les harmonies vocales semblent calquées sur celles de Crosby, Stills & Nash. « The piper » baigne dans une soul réminiscente de Booker T. and the M.G.'s, le claviériste en profitant pour libérer des sonorités bien rognées sur son Hammond. « More » constitue une excellente surprise, un titre presque prog au cours duquel le flûtiste/saxophoniste tire son épingle du jeu. Tout au long de l’inévitable hit « Shout to the top » de The Style Council, une multitude de bras brandissent leurs smartphones pour immortaliser l’instant. Des sonorités de moog (?) infiltrent « Old father tyme » juste avant qu’un rythme subrepticement latino n’enfièvre « On sunset ». Bien rythmé, « Into tomorrow » trahit la passion que voue Weller aux Small Faces, titre au cours duquel les sonorités de cordes carillonnent littéralement avant que n’éclate un solo de batterie au pluriel, la fin du morceau replongeant dans une forme de rhythm’n’blues aux claviers vintage, abordé dans l’esprit de Rare Earth. Et la ballade nightclubienne « It’s a very deep sea » de Style Council va de nouveau faire retomber le soufflé. Heureusement, le show va reprendre des couleurs, grâce au bien rock « Take », un morceau composé en compagnie de Noël Gallagher, un tant attendu titre de The Jam (NDR : ce sera le seul), « Start ! », et le très électrique « The changingman ». Le set s’achève par le long et plus complexe « Porcelain gods », dont les fréquents changements de tempo vont être canalisés par la ligne de basse.

Le combo revient accorder un premier rappel sous la forme de trois chansons plutôt romantiques. Notamment « Wild wood », au cours duquel Paul siège derrière son piano, alors que le saxophoniste souffle dans un clavinet et le guitariste dans un harmonica.

Puis un dernier encore bien rock et très syncopé, « Peacock suit », dans un style qu’on aurait aimé entendre davantage.

Après plus de deux heures de spectacle, les aficionados semblent comblés. 28 morceaux, c’est assez rare pour ne pas le souligner. Quant aux fans de la première heure, dont votre serviteur (ça rime !), ils auraient préféré qu’il soit un peu moins tiré en longueur et surtout proposer davantage de titres percutants, tout en conservant les expérimentaux, vraiment très intéressants (voir photos ).

Setlist

Cosmic Fringes
I'm Where I Should Be
From the Floorboards Up
My Ever Changing Moods (The Style Council)
Headstart for Happiness (The Style Council)
The Attic
Stanley Road
The Piper
All the Pictures on the Wall
Hung Up
Fat Pop
More
Shout to the Top ! (The Style Council)
Village
Old Father Tyme
On Sunset
Above the Clouds
Into Tomorrow
Saturns Pattern
It's a Very Deep Sea (The Style Council)
Take
Start ! (The Jam)
The Changingman
Porcelain Gods

Rappel 1

You Do Something to Me
Wild Wood
Broken Stones

Rappel 2

Peacock Suit

Photos : Ludovic Vandenweghe

(Organisation : Aéronef)

 

 

DMA’s

Des kangourous qui boxeront bientôt sur le ring des grands !

Écrit par

La dernière fois que votre serviteur avait assisté à un concert de DMA’s, c’était au Cirque Royal, en première partie de Kasabian. Il est de retour à l’Ancienne Belgique, mais au club, ce dimanche 23 mai 2023. Fondé en 2012, à Sydney, ce trio est considéré comme la formation la plus anglaise d’Australie. Et pour cause, elle pratique… de la britpop. A son actif, quatre elpees, dont le dernier, "How Many Dreams ?", est paru en mars dernier. Un disque ambitieux partagé entre chansons sur lesquelles s'extasier et d’autres belles à pleurer...

Le supporting act est assuré par Demob Happy, un autre band, mais insulaire. Issu de Newcastle, il s’est cependant établi à Brighton. Quatuor à l’origine, son line up a été réduit à un trio depuis le départ du guitariste Mathew Renforth. Il implique aujourd’hui le bassiste/chanteur Matthew Marcantonio, le drummer Thomas Armstrong et le sixcordiste Adam Godfrey.

Il pratique un power/punk/rock classique mais rebelle et très électrique. A coups de riffs aussi tranchants que déjantés, il a décidé de lutter contre ‘la médiocrité culturelle et la complaisance politique’ qui gangrène son pays. Ses influences musicales oscillent de Nirvana à Queens Of The Stone Age, en passant par Royal Blood et The Melvins.

La prestation va se révéler autant acide, féroce, chargée d’adrénaline qu’audacieuse, surtout à travers « Succubus » (NDR : dans la mythologie, un succubus est un démon qui apparaît dans les rêves, prenant la forme d'une femme pour séduire les hommes ; et le malin est ici incarné par les médias télévisuels qui nous plongent en état de léthargie), un titre au cours duquel le band va donner toute la mesure de son talent…

Le set s’ouvre par "Voodoo Science", le premier single extrait du futur opus. Le batteur imprime un tempo métronomique. Les accords de guitares sont insidieux et sauvageons. Le spectre de Josh Homme se met même déjà à planer.

Les musicos affichent un look retro (pantalons à pattes d’eph) voire glam. Nouveau single, "Run Baby Run" (le clip est disponible ici) se révèle à la fois instinctif, redoutable, huileux et addictif. Un morceau radiophonique qui provoque de l’enthousiasme au sein de la foule. D’autant plus que le son est nickel. Fameuse différence par rapport à celui qu’Inhaler nous a infligé deux jours plus tôt. Si "Hades Baby" nous emporte dans une vague qui déferle à la manière de Nirvana, la voix aérienne et vocodée de Marcantonio lorgne plutôt vers Royal Blood. "Be Your Man" termine un set bien senti, mais trop court. On épinglera, bien sûr, des harmonies vocales ultra pop (NDR : les musicos sont fans des Beatles, non ?), des gimmicks psychédéliques, des relances bien rock, des élans frénétiques punk, un son granuleux plutôt désertique et une distorsion fuzz bien calibrée. A revoir absolument !

Setlist : "Voodoo Science", "Succubus", "Run Baby Run", "Are You Thinking", " Hades, Baby", "Fake Satan", "Less Is More", "Be Your Man"

Ex-The Dirty MA’s, DMA's est à la base, un trio. Soit le chanteur Tommy O’Dell ainsi que Matt Mason et Johnny Took aux guitares. Le premier à l’électrique, le second à la semi-acoustique. Mais en tournée, le combo est renforcé par Joel Flyger à la gratte rythmique, Jonathan Skourletos à la basse et Liam Hoskins aux drums.

Avant que le sextuor ne grimpe sur le podium, les haut-parleurs crachent le « Stupid girl » de Garbage. Les musiciens en profitent pour s’installer sur les planches. La foule les accueille sous un tonnerre d’applaudissements. Le drummer se plante au milieu et en arrière-plan (NDR : la scène n'est pas très grande).

Casquette noire vissée sur le crâne, Tommy possède une voix qui ressemble terriblement à celle de Yungblud, aka Dominic Harrison. Johnny, le blondinet, ne tient pas place. Il porte un même type de couvre-chef, mais de camouflage, et déambule de long en large sur les planches, tout en triturant voire en martyrisant ses cordes. Par intermittence, Joel Flyger, se charge des claviers. Le combo est manifestement en pleine forme. La setlist va nous proposer 6 plages du dernier elpee. Dont le titre maître du long playing, qui ouvre le show. Les autres morceaux sont extraits du reste de sa discographie. L’ensemble des instrus s’éclate dans un mouvement de dance indie (NDR : pensez à Fat Boy Slim ou The Chemical Brothers). Une manière fantastique d’ouvrir les hostilités. "Olympia" navigue sur des guitares saturées assises sous la voix d'O’Dell. Sourire aux lèvres, ce dernier regarde peu le public. Il lui tourne même régulièrement le dos pour fixer le batteur qui imprime un tempo d'enfer.

Sympathique et particulièrement interactif, Johnny quitte rarement sa gratte semi-acoustique. Dont les sonorités s’avèrent savoureusement limpides tout au long de "The Glow". Les chœurs sont riches. Si les influences oscillent de Bruce Springsteen à Bob Dylan, en passant par Sonic Youth, New Order, The Music et Dinosaur Jr, l’ambiance et les orchestrations rappellent surtout les Irlandais de The Academic mais qui auraient hérité du charisme d’Imagine Dragons. Le combo n’en oublie pas son hit, "Hello Girlfriend", un titre qui fait manifestement craquer le public féminin. A la fin du morceau, le second sixcordiste s'y reprend cependant à 7 reprises pour relancer le refrain. Inutile d’écrire que le public est conquis. Non seulement les musicos sont de fameux instrumentistes, mais O’Dell est un excellent chanteur. Et la qualité des compos est au rendez-vous. Bref, des kangourous qui boxeront bientôt sur le ring des grands !

Alors que « Play It Out » s’enfonce dans un psychédélisme réminiscent du Floyd, le light show se focalise sur l’auditoire, accentuant cette impression de voyage sous acide. "Lay Down" achève cette prestation tout en puissance et de toute bonne facture.

Pas d’interruption avant le rappel. La formation s’y colle immédiatement, comme si elle était pressée par le temps.

Stellaire et passionné, "Feels Like 37" est chanté en chœur par les musicos. Tout comme l’exceptionnel "Silver".

Enfin, le remarquable "Everybody's Saying Thursday's The Weekend" clôt définitivement la prestation, un morceau aux paroles significatives ; les lyrics invitant à abandonner ce qui nous pèse pour embrasser l'avenir avec optimisme…

Setlist : "How Many Dreams ?", "Olympia", "The Glow", "Timeless", "Silver", "Something We Are Overcoming", "Tape Deck Sick", "Fading Like A Picture", "Hello Girlfriend", "Forever", "Delete", "Play It Out", "Lay Down".

Rappel : "Blown Away", "Feels Like 37", "Everybody’s Saying Thursday’s The Weekend".

(Organisation : Ancienne Belgique)

Inhaler

Dommage que l’ingé-son ne soit pas à la hauteur…

Écrit par

Inhaler se produisait donc deux jours de suite à l’AB, soit les 21 et 22 avril. Votre serviteur assiste au set du vendredi. Son second elpee, « Cuts & Bruises », est paru en février dernier et dans la foulée, le groupe est parti en tournée.

Originaire de Dublin, ce quatuor réunit des membres qui se connaissent depuis 2012, soit lorsqu’ils fréquentaient le collège. Le line up réunit le chanteur/guitariste Elijah Hewson (c’est le fils du chanteur de U2, Bono), le bassiste Robert Keating, le guitariste Josh Jenkinson et le batteur Ryan McMahon. Sur la route, le combo est soutenu par le claviériste Louis Lambert.

Le supporting act est assuré par Blondes, une jeune formation indie issue de Nottingham. A son actif, plusieurs singles, dont « Coming Of Age », devenu viral sur Tik Tok et trois Eps, « Minimum Wage », « Streetfight » et « Out The Neighbourhood ». Le band implique deux guitaristes, un bassiste, un batteur et un chanteur qui se consacre parfois à la six cordes. Et sous cette formule, le résultat est plutôt percutant.

Le set débute s’ouvre par « Street Fight ». Plutôt calme, le morceau est canalisé par la gratte semi-acoustique. Nouvelle compo, « Love In The Afternoon » baigne dans une forme d’indie rock plutôt énergique mais bien radiophonique. La voix s’élève dans l’éther tout au long de « Out The Neighbourhood », une compo au cours de laquelle les guitares s’emballent. Et la prestation, chaudement acclamée, de s’achever par « Basement » …

Setlist : « Street Fight », « Minimum Wage », « Coming Of Age », « Love In The Afternoon », « Out The Neighbourhood », « The Basement » 

Place ensuite à Inhaler. La scénographie est simple : une toile de fond noire sur laquelle le mot ‘Inhaler’ a été peint en blanc. Il changera de couleur en fonction de l’éclairage. Une estrade haute à gauche, pour accueillir le claviériste, et une autre à droite, sur laquelle sera perché le drummer. La face avant de sa grosse caisse se signale également par le logotype du band. Et puis sur les planches, on remarque encore la présence de quelques microphones sur pied. C’est tout !

Pendant que la formation grimpe sur le podium, une musique de film est diffusée dans les haut-parleurs, alors que le light show, entre lumières rouges et stroboscopes blancs aveuglent l’auditoire. Le groupe irlandais ouvre le set par son hymne optimiste à l'esprit libre, « These Are The Days ». Caractérisé par son clavier très eighties et cette petite ligne de guitare répétitive, cette compo évoque The Killers. Impassibles, les 3 gratteurs sont en ligne et ne quitteront quasi-jamais leur zone de confort. Les musicos ont des cheveux en désordre et ont enfilé des chemises à col déboutonné et des jeans.

La voix d’Elijah rappelle celle de son paternel. Elle est à la fois puissante, un brin nasillarde et claire. Et particulièrement tout au long du single, « My Honest Face ». Au sein des premiers rangs (NDR : c’est surtout là que l’ambiance est la plus enflammée), on comprend peut-être les paroles, mais plus on se rapproche de la table de mixage, au moins on les décode. En fait, le volume sonore est trop élevé et les balances ne sont pas vraiment au point.  

Le public est multigénérationnel. Et s'il n'y avait pas les centaines de téléphones brandis par les aficionados (surtout de nombreuses jeunes filles dans la fosse), essayant de capturer plusieurs moments du concert pour les poster sur les réseaux sociaux, on pourrait croire assister au concert d’un un jeune groupe de garage rock qui débute.

En milieu de show, étonné, le public observe le bassiste Robert Keating et le guitariste Josh Jenkinson se diriger vers le batteur Ryan McMahon et échanger avec désinvolture quelques mots au milieu de certains morceaux. Une nonchalante accentuée par les intermèdes continuels affichés par Hewson.

L’entrée en matière de la basse en slap/tap de « Who's Your Money On ? (Plastic House) » est parfaitement en phase avec le drumming. Une section rythmique qui évolue à la limite du funk.

Les guitares ont tout le loisir de s’exprimer, au travers de riffs et mêmes de solos entrelacés, rappelant par moment les heures de gloire de Bloc Party, à l’instar de « Cheer Up Baby » ou encore « My Honest Face », qui adresse de solides clins d’œil à Editors. Un morceau comme « Totally » penche même vers le rock sensuel d’INXS alors que tout au long de « Dublin in ecstasy », le travail des cordes se fond dans les synthés à coloration eighties.   

« Just to Keep You Satisfied » flotte sur un thérémine au son étrange et envoûtant. Des sonorités de sixcordes distordues éclosent à mi-parcours dans l’esprit du « Stupid Girl » de Garbage. « Love Will Get You There » aurait pu naître de la rencontre entre The Cure et Billy Joel, notamment lors du refrain, la ligne de basse mélodique se chargeant d’arrimer la chanson. Britpop, « Valentine » se distingue par ses guitares entraînantes et carillonnantes, comme Johnny Marr à la belle époque des Smiths, son rythme de batterie direct et quelques notes de synthé qui s’insinuent furtivement.

Dommage que l’ingé-son n’était pas à la hauteur…

Setlist : « These Are The Days », « My Honest Face », « Totally », « Dublin In Ecstasy », « The Things I Do », « When It Breaks », « My King Will Be Kind », « Now You Got Me », « Just To Keep You Satisfied », « Who's Your Money On ? (Plastic House) », « Valentine », « Love Will Get You There », « Cheer Up Baby ».

Rappel : « If You're Gonna Break My Heart », « It Won't Always Be Like This ».

(Organisation : Ancienne Belgique et Live Nation)

Fenne Lily

Superbe et intimiste…

Écrit par

Née en 1997, Fenne Lily est une auteure-compositrice-interprète de folk. Son premier album studio, « On Hold », est sorti en 2018, un opus enregistré sous la houlette de John Parish, le bras droit de PJ Harvey. Depuis, l’artiste britannique a déménagé à New York et intégré l’écurie de Dead Oceans (Phoebe Bridgers, Mitski, Bright Eyes) et publié deux autres long playings, dont "Breach", en 2020, et « Big Picture », ce 14 avril 2023. Cet LP a été écrit après une déception amoureuse vécue en 2020 ; et elle y raconte les diverses phases qu’elle a traversées au cours de cette période douloureuse.

Naima Bock assure le supporting act. Cette musicienne, chanteuse et compositrice indépendante est basée à Londres, au Royaume-Uni. Fille d’une mère grecque/anglaise et d'un père brésilien, elle a passé sa petite enfance à Sao Paulo. Naima et sa famille ont déménagé dans le sud de Londres à l'âge de sept ans. Adolescente, elle a commencé à assister à des spectacles, principalement au Windmill de Brixton. À l'âge de 15 ans, elle fonde Goat Gril en compagnie de quelques amis. Au sein de ce groupe de post-punk, elle se consacre alors à la basse. Après y avoir passé 6 années, elle décide de se lancer en solitaire. Son premier album, « Giant palm », est paru en 2022. Et elle vient de publier un nouveau single, « Lines ».

Sur les planches, elle est seule, armée de sa gratte semi-acoustique. C’est cet instrument et sa voix profonde qui véhiculent ses émotions, dans un style folk teinté de carioca, de jazz et aux réminiscences balkaniques voire folktronica ; un univers sonore qui oscille quelque part entre ceux d’Aldous Harding, de Matt Elliott et de Broadcast. Bref, particulièrement éclectique. Ses morceaux à rallonge frôlent parfois l’impro.

La setlist va nous réserver le nouveau single, des extraits de son premier album (NDR : elpee aux harmonies vocales multiformes et enrichi d’une pléiade d’instruments insolites), et de nouvelles compos, probablement prévues pour un futur elpee.

Setlist : « Thirty Degrees », « Lines », « Campervan », « Gentle », « Assum », « Giant Palm », « Some Day »

Fenne Lily grimpe sur les planches. Elle se consacre au chant et à la guitare. Elle en possède 4 dont une superbe de couleur blanche et une semi-acoustique. Elle est soutenue par un bassiste et un drummer. En arrière-plan, figure le logo de son dernier long playing, sur une tenture.

Le set s’ouvre par le country/folk « Map Of Japan », une chanson empreinte de tendresse. Et pourtant elle se sert de pédales de distorsion qui lui permettent d’injecter de la reverb dans sa gratte et de vocoder sa voix. Très interactive, elle s’adresse régulièrement à l’auditoire. Sur un ton optimiste, « Lights Light Up » évoque paradoxalement l’inéluctable rupture. La compo débute sur un ton léger et brillant aux harmoniques tamisées. Le drumming est opéré par des sticks à balais, y compris sur les cymbales. Les accords de gratte sont d’abord fragiles avant de devenir plus allègres. Belle et aérienne, la voix caresse les tympans. Elle épanche toute sa mélancolie tout au long de "Dawncolored Horse" et devient bouleversante sur « Henry » et « Pick ». Au beau milieu du set, Naima Block rejoint le trio et s’installe derrière les claviers.

Fenne tisse d’élégantes mélodies aux textes à tiroirs, qui devraient ravir les fans de Phoebe Bridges, Charlie Cunningham et Taylor Swift.

« Big Picture » lui permet de trouver un sens à son existence avant de prendre de la hauteur sur « In My Own Time » et la conclusion enchanteresse et intimiste de « Half Finished » où elle cicatrise sa peine la plus profonde afin de pouvoir tourner la page.

Une prestation superbe et intimiste de cette très jolie et sympathique Britannique. Selon l’humble avis de votre serviteur, elle ne devrait pas rester longtemps célibataire…

Setlist : « Map Of Japan », « Lights Light Up », « Dawncolored Horse », « Hypochondriac », « Berlin », « 2+2 », « In My Own Time », « Pick », « Alapathy », « Henry", « Half Finished ».

Rappel : « I Used to Hate My Body but Now I Just Hate You », « Car Park », « Top To Toe »

(Organisation : Ancienne Belgique)

UK

Jean-Baptiste Guégan

Quelque chose de… Johnny…

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Après sa victoire dans l’émission de télévision ‘La France a un incroyable talent’, décrochée en 2018, Jean Baptiste Guégan a vendu plus de 400 000 albums de son premier album « Puisque c'est écrit ». Ce qui lui a permis de fouler la scène d’une cinquantaine de Zénith et même celle de la mythique Accor Arena de Paris, en mars 2020. Son troisième elpee, « Toutes les larmes sèchent un jour », est paru en décembre de l’an dernier.

Surnommé la voix de Johnny, il s’évertue la plupart du temps, à faire revivre son idole sur les planches, même si au fil du temps, il s’est forgé un répertoire personnel. Cependant, il a baptisé sa nouvelle tournée ‘Johnny, vous et moi’. Et puis, il a quand même bossé en compagnie du parolier attitré de Jean-Philippe Smet, Michel Mallory.

Il se produisait ce mercredi 12 avril au Cirque Royal de Bruxelles. Ce concert devait se dérouler le 11 mars dernier, mais il avait été reporté pour raisons de santé.

Le set s’ouvre par une version revisitée d’« Allumer le feu ». Une bonne entrée en matière pour un show qui promet d’être sulfureux. Le son est nickel. Place ensuite à une adaptation fidèle à la compo originale de la superbe ballade, « Marie ». Sur les planches, Jean-Baptiste Guégan est entouré de son fidèle sextet, en l’occurrence un drummer, un claviériste, deux guitaristes, un harmoniciste (NDR : celui qu’on entend le plus) et un bassiste. Sans oublier les deux choristes. Vêtu de noir en début de concert, J-B J va se changer au cours de la soirée, lorsque trempé de sueur, il filera dans sa loge afin d’enfiler un froc en cuir (noir) et une chemise (bleue) de style Elvis Presley. Il lui rend d’ailleurs hommage à travers « Chante Elvis ».

JBG signale que le répertoire (NDR : qui est sculpté aussi bien dans le blues, le boogie, le rock, le rockabilly, l’americana et les ballades) est équitablement partagé entre le sien et celui de Johnny. Mais son âme plane toujours au-dessus des mots.

Interactif, il s’assied parfois sur un siège haut, une six cordes à la main, lors de morceaux acoustiques. Ce sont les rares moments au cours desquels il peut reprendre son souffle.

Tout au long de « Les frères du Rock’n’roll », les grattes sont huileuses. Parfois il y en a quatre en même temps. Et le résultat est particulièrement électrique. Il attaque » Coupable ». Signé Mallory, ce morceau était, au départ, destiné à Hallyday, mais finalement, à la suite de son décès, c’est J-B G qui l’a enregistrée à Nashville, comme la plupart des titres de sa discographie.

Toujours dans le domaine des reprises, « Gabrielle » est une chanson d’amour issue de la plume de Jacques Revaux (parolier de Claude François et de Michel Sardou). Elle oscille entre la country et le r&b. J-B G nous réserve « Le Baiser De Judas » à la gratte semi-acoustique, une composition qui traite de l’hypocrisie. Le texte du premier couplet relate : ‘Les faux amis c'est comme le temps. Ça ne fait pas de cadeau. Des intrigants prêts à tout. Pour être sur la photo. Quand tous ces flatteurs qui se prétendaient mes frères. Qui me serrait dans leurs bras…’ Ecrite par Georges Garvarentz, parolier pour les Chaussette Noires, Michel Sardou, Sylvie Vartan et Charles Aznavour, « Retiens La Nuit » nous replonge à l’époque des ‘yéyés’. Tout au long de « Saint-Barthélemy » (NDR : c’est là où repose son maître), île française des petites Antilles, il rend hommage à Johnny. Emouvant, Le Pays d’Armor » évoque la Bretagne d’où il est originaire, et notamment de Saint-Brieuc, fait de granit, de terre, de légende, de lande, de rivière et de vent. L’absence de cornemuse est compensée par le fifre, joué par l’excellent harmoniciste. C’est le moment choisi par J-B G pour se fondre dans la foule afin de signer des autographes, accepter des selfies et empoigner des mains. Il signale que le temps est compté, car il doit continuer son show, mais il y passe quand même 10 bonnes minutes, alors que les musicos meublent l’espace sonore. Guégan achève son concert par « Passez La monnaie » et « Sur Le Bord de La Rue ».

En rappel, il revient seul pour interpréter « Merci ». C’est sa façon de nous remercier.

Quelque chose de Johnny hante les concerts de Jean-Baptiste Guégan. Mais l’artiste évite les faux-semblants. Ses albums sont à la fois personnels, intimes, mais rock et populaires, abordant des thèmes que Johnny aurait aimés. Et la voix ! Même les critiques musicaux comme Philippe Manœuvre le disent : ‘Il a la même voix, la même empreinte vocale. Quand on ferme les yeux on entend Johnny Hallyday’. Mais on ne ferme pas les yeux pour un spectacle de Jean-Baptiste Guégan car, comme lui, il a fait le show pendant près de deux heures.

Votre serviteur a rarement assisté à un spectacle d’un artiste si près de son public. Il n’est pas un fan de Johnny, mais a été charmé par celui de Jean-Baptiste Guégan...

Setlist :

« Allumez le feu », « Marie », « Les Frères du Rock And Roll », « Coupable », « Gabrielle », « Le Baiser De Juda », « Retiens La Nuit », « Oh Chérie » (Lavoine), On Va A Nashville », « Saint-Barthélemy », « Chante Elvis », « Le Pays d’Armor », « Passez La monnaie », « Sur Le Bord de La Rue ».

Rappel :

« Merci »

(Organisation : Next Step)

 

Hayley Kiyoko

Un show à l’américaine…

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L’AB Box accueille, ce mardi 11 avril 2023, Hayley Kiyoko. Son second elpee, « Panorama », est paru en juillet de l’an dernier. Elle appartient à l’avant-garde d'un mouvement pop queer totalement décomplexé et propose une ‘bubble-gum’ pop aux rythmes électro incandescents. D’origine japonaise, elle a acquis rapidement un statut de star, en se produisant au sein de groupes comme Stunners (2007) ou Hede (2008). Elle est ensuite devenue actrice pour des séries chez Disney Channel. Et c’est en 2015, qu’elle s'est fait connaitre dans le monde entier grâce à sa chanson, « Girls Like Girls », qui comptabilise des millions de vues sur YouTube. Une ode à l'amour qui lui a permis d'être érigée en icône de la lutte homosexuelle. Pas étonnant que les fans l'aient affectueusement surnommée ‘Lesbian Jesus’…

Ce soir, la génération Tik Tok est majoritaire (?!?!?). On croise çà et là l’un ou l’autre quadra, quinqua ou sexa, mais le nombreux public est constitué d’ados… qui se filment…

Pour assurer le supporting act, elle a emmené, dans ses bagages, Leah Kate, une autre Américaine qui avait déjà foulé les planches de l’Ancienne Belgique, en novembre 2022. Elle partage les mêmes convictions LGBTQ+ que la tête d’affiche.

De son véritable nom Leah Kalmenson, cette artiste est responsable d’une pop rétro-électro qui donne l'impression que les nineties sont parvenues à se renouveler depuis 2020. Ce soir, elle est venue défendre son dernier elpee, « Alive And Unswell », paru en octobre dernier.

Le set s’ouvre par « But I Lied ». Sexy, elle porte un body blanc et un pantalon de la même teinte, mais liseré de fines lignes bleues. Derrière elle et en partie centrale, un écran plat au fond rose est placé à mi-hauteur, sur lequel son nom est inscrit en lettres blanches, à la droite duquel figure un cœur barré d’un éclair qui saigne. Soufflée par un puissant ventilo, sa longue chevelure de jais ondule au gré de ses déhanchements et de ses déplacements sur le podium. Interactive, elle ne craint pas de s’adresser aux premiers rangs. Elle est soutenue par un multi-instrumentiste qui alterne guitare et basse, ainsi qu’un drummer, perché sur une petite estrade. Il dispose d’un MPD, d’une batterie électronique et d’un pc miniature.

Elle demande au public s’il souhaite danser, jumper, rire ou crier. Elle ondoie comme une sirène, se jette au sol et se relève derrière son pied de micro. Manifestement les adolescentes qui campent au plus près de la scène sont ravies. Avant d’attaquer « Veronica », Leah demande à l’auditoire de lui faire un ou deux doigts d’honneur ; c’est alors que de nombreux ‘Fuck On’ et ‘Fuck Off’ éclatent dans la fosse, émanant principalement des filles. Dans le même esprit, le groovy « Fuck Up The Friendship » incite à la danse. Toutes ses chansons sont hantées par ses chagrins d’amour, des morceaux au cours desquels ses ex sont invariablement détestés dans les textes. Lorsqu’elle interprète « 10 Things I Hate About You », l’ambiance a atteint son paroxysme. Un titre final au cours duquel la foule, qui connaît apparemment bien les paroles, se met à les hurler à tue-tête. Un concert intense et particulièrement dansant…

Setlist : « 10 Thing » (Intro), « But I Lied », « Veronica », « Super Over » (Unreleased), « F U Anthem », « Break Up Season », « Happy », « Fuck Up the Friendship », « Hot All the Time », « 10 Things I Hate About You ».

Rien ne traîne sur l’estrade avant que Hayley Kiyoko n’entame son show. Pas un seul instrument, juste une toile tendue en arrière-plan destinée, en sa partie centrale, à la projection de vidéos et de logos divers. Mais aussi, en intro, de petites étoiles et une phrase qu’on pourrait traduire par : ‘On va danser ensemble jusqu’à la fin de la nuit ‘. Sous un brouillard de fumée, émerge Hayley, les deux bras en croix, à l’avant-scène. Elle relève l’index et incite la foule à applaudir. Les cris fusent de toutes parts. Les smartphones s’allument par centaines obstruant totalement la vue. Elle s’accroupit, regarde attentivement l’auditoire et entame « Found My Friends ». Deux danseuses se pointent et commencent à se dandiner ou se contorsionner dans tous les sens, autour de Hayley. Un spectacle à l’américaine bien ficelé, réalisé dans l’esprit de Madonna, Lady Gaga, The Pussicat Dolls voire Janelle Monáe. La musique est préenregistrée. Même les chœurs exécutés par Kiyoko. De quoi lui laisser le temps de chanter, danser et interagir avec son public. Parfois, votre serviteur se demande quand même si (parfois) elle ne chante pas en play-back…

A l’instar du show de Fletcher, des tas de trucs atterrissent sur les planches et notamment des fleurs, des soutifs et même des strings. On a quelquefois l’impression d’assister au set d’un boys band pour minettes. Avant que l’artiste n’interprète « Pretty Girl », un roadie lui apporte un siège haut et une gratte semi-acoustique. C’est donc ‘unplugged’ qu’elle exécute cette compo. Les danseuses réapparaissent par la suite. Hayley porte un pantalon et une veste translucide de couleurs flashy différentes qu’elle changera à trois reprises. Elle invite une fan à grimper sur le podium pour chanter en duo « Demons ». Chaque morceau est accueilli comme un hymne par le public majoritairement féminin.

Elle nous réserve l’inévitable « Girls Like Girls », moment au cours duquel les mouvements de bras, dans la fosse, créent une houle impressionnante. Une fosse au sein de laquelle on remarque la présence de nombreux drapeaux arc-en-ciel. Lors du final et dans une belle ambiance, deux des danseuses viennent d’ailleurs en agiter sur les planches. Content, le public pourra certainement poster de nombreuses vidéos et d’innombrables selfies sur Tik Tok…

Setlist : « Found My Friends », « Luna », « Sugar At The Bottom », « What I Need », « Underground », « Deep In The Woods », « Flicker Start », « Curious », « Determinate » (Lemonade Mouth Song) (Shortened), « Pretty Girl » (acoustique), « Forever », « Sleepover », « Demons », « Girls Like Girls », « Gravel To Tempo », « Hungry Heart » (Galantis cover), « Well... », « For The Girls ».

Rappel : « Panorama »

(Organisation Live Nation)

 

Enter Shikari

Un show enflammé, sauvage et turbulent…

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Ce vendredi 7 avril 2023, Enter Shikari se produit à l’Orangerie du Botanique. Le concert était sold out une heure après la mise en vente des tickets. Il s’agit de la seule date en Belgique d’une tournée européenne, à guichets fermés. Fondé en 2003, ce quatuor issu du Hertfordshire compte sept albums studio à son actif ; et son dernier, « A Kiss for the Whole World », paraîtra ce 21 avril prochain. Sa musique mêle post-hardcore, punk, nu-metal, rave, electronicore, drum&bass et prog rock. Entre autres. En ‘live’, la formation s’est forgé une sacrée réputation sur les planches, des prestations décrites par certains médias comme explosives et incendiaires. Le line up n’a pas changé depuis sa création et implique le chanteur/claviériste Roughton ‘Rou’ Reynolds, le bassiste Chris ‘Batty C’Batten, le guitariste Liam ‘Rory C’Clewlow et le drummer Rob Rolfe.

Pour six concerts accordés sur le Vieux Continent, le supporting act est assuré Blackout Problems, un combo allemand, dont c’est la première apparition sur le territoire belge, et espérons pas la dernière…

Originaire de Munich, Blackout Problems est né en 2012. C’est dans son combat pour l’indépendance artistique que le groupe puise toute son inspiration. En outre, il n’hésite pas à soulever des débats contemporains sur la diversité des genres. A l’origine, le band était limité à un trio réunissant le bassiste Marcus Schwarzbach ainsi que les guitaristes/claviéristes Moritz Hammrich et Mario Radetzky. C’est ce dernier qui assure le lead vocal. Depuis, le drummer Michael Dreilich a été intégré au line up. Son dernier elpee, « DARK », est paru en 2021. Il s’agit déjà de son cinquième.

Le set s’ouvre par « Murderer ». Un morceau qui s’achève par ‘L.O.V.E. For Everybody’. Ce qui nécessite certaines convictions. D’une part, il faut être convaincu que l'activisme politique et la critique du système sont nécessaires pour protéger les vies humaines ; et, d’autre part, que les individus sont interconnectés par leurs sentiments de colère, d’incohérence et de compassion. Mario se montre particulièrement interactif auprès des premiers rangs qui le lui rendent bien. Les plus excités s’agitent, jumpent, dansent et crient. Bref, ça saute de partout. Et les musicos ne sont pas en reste. Le bassiste exécute des ciseaux avec ses jambes tout en bondissant sur place. La voix de Mario est puissante et passe aisément de l’aigu au grave. Pendant « Brother », il se lance dans la foule pour réaliser un crowdsurfing. Il s’arrête au milieu du public et lui demande de s’écarter. Il s’assied et commence à chanter, relayé par l’auditoire qui s’accroupit. Il regagne ensuite le podium, mais revient dans la fosse, quelques minutes plus tard, en emportant son micro et sa guitare pour attaquer « Lady Earth ». De sa voix haut-perchée, Il communique toutes ses émotions dans les paroles de ses chansons. Intense, « Whales » agrège pop, rock et électro. Lors du titre final, « Germany, Germany », une compo aux superbes lignes de gratte et aux harmonies vocales soignées, il regagne la fosse, mais debout sur les épaules de spectateurs qui lui permettent de rester en équilibre en lui tenant les pieds. Trente minutes, pour découvrir un groupe pareil, c’était manifestement trop court ! A revoir mais dans le cadre d’un full concert !

Setlist : « Murderer », « Brother », « Lady Earth », « Whales », Rome », « Germany, Germany ».

Il y a un monde fou dans l’Orangerie. Il y fait une chaleur tropicale et malodorante. Des barrières ont été installées devant le podium et autour des immenses tables réservées aux ingénieurs du son. Votre serviteur s’y est planté juste devant, mais à force se faire marcher sur les pieds, il commence à se demander s’il a bien choisi le bon endroit.

Une trentaine de néons encerclent le quatuor. De couleurs différentes, ils s’allument au rythme du chenillard. C’est le moment choisi par les musicos de grimper sur l’estrade.

Dès le premier titre, « (pls) Set Me On Fire », un pogo éclate devant votre chroniqueur qui est projeté contre les barrières. Ne reste plus qu’à s’éloigner de cette bousculade et de choisir un emplacement moins perturbé. Ce sera près de la porte d’entrée. Un léger courant d’air y rafraîchit l’atmosphère et on y voit bien la scène, où le batteur est installé au milieu. Dans la fosse, les ‘mosh pits’ redoublent d’intensité et les aficionados qui connaissent les paroles des morceaux se mettent à chanter en chœur.

Immersif, le light show du band jouit d’une solide réputation. Et ce soir, il ne souffre pas d’exception. Ainsi, les lasers ricochent dans toutes les directions.

Reynolds fait mine de se lancer dans le public pendant « {The Dreamer’s Hotel} », mais il se ravise, alors que les plus audacieux surfent de l’arrière vers l’avant.

Enter Shikari est venu défendre son dernier long playing, mais n’en oublie pas ses deux singles parus en 2022, « The Void Stares Back » et « Bull », mais également des plages issues de son ancien répertoire, telles que « Juggernauts », reflet de son engagement politique, l’efficace « Quickfire Round » ou « Mothership », mais complétement relookées…

De temps à autre, Rou se sert d’un synthétiseur vintage, qui ressemble à une vieille télévision. Il tourne le dos au public, et après l’avoir déclenché, l’appareil libère automatiquement des beats electro. Le leader accapare pleinement l’espace sur le podium, escalade même les haut-parleurs et se déplace souvent comme… un automate. Le drummer imprime un tempo tribal et instinctif à « Radiate ». Transpirant comme un bœuf, Reynolds enlève sa veste puis la chemise, puis les réenfile deux morceaux plus loin.

En fin de parcours, le combo nous réserve le vénéré titre emocore « Sorry, You're Not a Winner », en y intégrant des remixes.

En rappel, on aura droit à quatre morceaux. D’abord, Reynolds revient en solitaire pour accorder une version acoustique de « Stop the Clocks. Puis lors du retour des trois autres musiciens, « System… » s’autorise une touche a capella. Très particulier, comme adaptation ! Compo préférée des fans, « Live Outside », est un choix parfait. Une piste axée sur la santé mentale et le désir de faire une pause dans la vie moderne. Et le set de s’achever par « Live outside » …

Un show de 80 minutes enflammé, sauvage et turbulent… qui n’a pas lésiné sur l’électronique, notamment lors des remixes… 

Setlist : « (pls) Set Me On Fire », « Juggernauts », « {The Dreamer's Hotel} », « Halcyon », « Hectic », « The Void Stares Back », « It Hurts », « Satellites* * », « The Pressure's On », « Bloodshot », « Labyrinth », « Radiate, Quickfire Round », « Havoc B », « Bull », « The Last Garrison », « Sorry, You're Not a Winner » (Pendulum Remix 2nd Verse, ‘23 Remix Outro).

Rappel : « Stop the Clocks (Rou Solo) », « System... » (A capella), « ...Meltdown », « Live Outside ».

(Organisation : Botanique)

Elisabetta Spada

En attendant la sortie du nouvel album…

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Née en Italie et révélée en Belgique, Elisabetta Spada a écrit son histoire entre Rome et Bruxelles. C’est sous le pseudo Kiss & Drive qu’elle a remporté le Concours Circuit, en 2010. La chanteuse s’est ensuite affirmée sur scène aux côtés d’artistes comme Lianne La Havas, Puggy, Ane Brun ou Sinéad O'Connor.

En 2013, elle avait gravé un Ep 5 titres baptisé « My Mood Changes ». Après 7 ans d’absence, elle est de retour sous son propre nom. Elle se produisait ce 1er avril 2023 au sein d’un chouette petit café à l’enseigne ‘Winok’ situé à Schaerbeek. Un bistrot au style Horta voire néo-classique, dont le plafond est constitué de voussettes en briques. Bref le cadre est vraiment sympa ! Elle avait accordé une interview à Musiczine, à l’issue du concert (à lire ou relire )

Le troquet est comble pour accueillir Elisabetta Spada. Le matos a été installé au fond de la salle, du côté droit. Elle est épaulée par Ruggero Catania, producteur, mais également bassiste chez Driving Dead Girl et guitariste au sein de Romano Nervoso ainsi que le drummer/percussionniste Franck Baya qui a milité chez FùGù MANGO, mais également au sein des backing groups de Chloé Du Trèfle et Sarah Carlier. C’est aussi un briscard de la scène bruxelloise.

Ruggero est préposé à la gratte, mais il ne se consacre qu’à la six cordes. Il n’assure pas les chœurs, non plus, ce soir, car à la suite d’un petit problème technique, son pied de micro a été reconverti en support pour un haut-parleur. Mais qu’importe, puisque Betta est venue tester ses nouvelles compos en ‘live’.

Le set s’ouvre par « Inhale, Exhale ». Le trio nous réserve « She’s Full Of Things » et « My Mood Changes », deux morceaux issus du répertoire de Kiss & Drive. Elisabetta affiche une nouvelle assurance dans la voix. Elle chante en se servant d’une gratte semi-acoustique. Mais plus de ukulélé, à l’horizon ! Caractérisé par sa jolie mélodie, « Home Again » révèle l’aplomb technique de Franck, derrière ses fûts.

Un frisson nous parcourt l’échine tout au long de la petite perle, « I Go, I Go, I Go ». C’est également son second single. D’une durée de 60 minutes, le concert s’achève par « Sister », un morceau qu’elle interprétait déjà à l‘époque de Kiss & Drive. On est impatient de découvrir son album, dont la sortie est prévue pour septembre…

Setlist : « Inhale, Exhale », « Home Again », « Don’t Say No », « The Whale », « No One », « Smoke And Mirrors », « She’s Full Of Things », « I Go, I Go, I Go », « Tigress », « My Mood Changes », « Sister »       

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