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Tout le plaisir est pour THUS LOVE…

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PLK - 02/08/2024
Concerts

Aloïse Sauvage

Chanson française 2.0

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Chanteuse, actrice, danseuse, circassienne, Aloïse Sauvage a plus d'un tour dans son sac. Son premier Ep, « Jimi », confirmait en 2019 tout le bien qu’on pensait d’elle et a littéralement fait le buzz... Dans la foulée, son premier elpee, « Dévorantes », était paru fin février 2020, juste avant le confinement. Pas de chance, les ventes de cet opus se sont arrêtées et elle a dû annuler plus de 50 concerts. Elle vient de publier son second LP, « Sauvage ».

À bientôt 30 ans, Aloïse a compris que la vulnérabilité était une force. Elle questionne celle qu’elle était et qu’elle reste. Dans ses oreilles, Kanye West, Noga Erez, Stromae, Orelsan, Justin Bieber. Dans son regard, Oeeping Tom, Vimala Pons, James Thierrée, Wim Vandekeybus. Elle conjure les tabous, scande la rue, la nature, la sensualité, le courage d’être soi et fait don au public de son inépuisable vitalité.

Le concert qui va se dérouler ce soir, était prévu depuis 3 ans. Il avait été reporté à 3 reprises. L’Orangerie du Botanique est pleine à craquer…

Le supporting act est assuré par Simia. Un jeune rappeur originaire du 13ème arrondissement de Paris, qui a vécu une partie de sa vie au Canada. C’est la première fois qu’il se produit en Belgique.

L’artiste a commencé à sortir des clips en 2016, mais ce n’est qu’aujourd’hui qu’il commence à récolter les fruits d’un travail de longue haleine en proposant une musique hybride oscillant entre hip hop et rock. Tour à tour chantée ou rappée, elle lui ressemble furieusement. Et pourtant, il reconnaît comme influences majeures, les Strokes, Arctic Monkeys, Oxmo Puccino, Népal, Radiohead, Pixies, The Cure, Joy Division et Nirvana. Son dernier Ep, « Trop tard », est paru en mai dernier, un essai produit par PHAZZ (Orelsan, Oxmo Puccino, SCH) qui dépeint la vie de Simia, ses sentiments, ses épreuves. Et son premier elpee, « Spécial », remonte au mois d’octobre 2019.

Sur scène, il est uniquement soutenu par Renaud à la guitare. Un PC est placé à la gauche de ce dernier qui lui permet de lancer les samples de percus et les beats. On comprend alors encore mieux ses chansons, sorte de post punk à l’énergie viscérale, délicieusement mélodique, mais dont le groove entêtant est hérité du hip-hop.

Tout au long de l’entraînant, « Trop Tard », le titre maître de l’Ep, tout le monde saute sur place, tant sur les planches que dans la fosse et particulièrement au sein du public très jeune… et féminin. Lors des morceaux interprétés en piano/voix, la voix de Simia évoque celle de Jean-Louis Bertignac. A l’instar de « Elle te Hante ». « Doucement » fait craquer les cœurs des minettes. Les paroles parlent de la vie, de ses joies, de ses désespoirs et de ses perspectives. Dans la dernière chanson de son set, il revisite « Je ne sais pas danser » de Pomme, dans un style mi-rap, mi-rock.

Le gaillard a de l’avenir sur les planches, il est généreux, sympa, humble et sait mettre de l’ambiance…

Trois estrades ont été installées sur le podium de l’Orangerie. Une pour accueillir le drummer Mathieu Épaillard (un pote à Roméo Elvis, dixit ses parents, postés à côté de votre serviteur), une pour Aloïse (NDR : of course, au centre) et une dernière pour le claviériste Victorien Morlet.

Aloïse débarque. Elle est vêtue d’un body noir et d’un pantalon mauve (NDR : un survêtement de sport !) Le set d’ouvre par « Montagnes russes », la première plage de l’album « Sauvage ». Une chanson criante de criant de vérité car vécue par l’artiste. Chaleureuse, interactive, telle une amie, elle confie ses joies, ses humeurs, ses malheurs et ses émotions à son public. La voix est vocodée et semble sortir d’un cyborg. Et pourtant, il s’agit bien d’Aloïse. Dans « Soulage », elle demande de pouvoir décoller dans sa carrière. Elle se regarde dans un miroir et se livre, à travers sa poésie. « XXL » apporte un peu de douceur.

Suivant les morceaux, Eloïse s’assied sur le bord de l’estrade ou danse le hip hop. La chorégraphie est superbement exécutée.

Issu de l’elpee « Dévorantes », « Si On S’Aime » parle d’amour et de déception amoureuse.

Résolument hip hop, « M’Envoler » reflète la fragilité de l’artiste. Elle joindra le geste à la parole et s’envolera dans les airs. Elle rappelle sa présence à Forest Naional, le 22 décembre, en première partie d’Angèle (NDR : elles sont amies). ‘Depuis minus on est focus’, scande-t-elle dans son nouveau single « Focus », où elle se libère de liens qui l’entravent et où elle souligne son insatiable appétit artistique et son refus de l’hypocrisie. Un r’n’b abordé dans l’esprit de Juicy.

Aloïse Sauvage a des convictions et les clame haut et fort. Elle dédie notamment plusieurs titres de « Dévorantes » à la lutte contre l’homophobie, et tout particulièrement « Jimy » et « Omowi », presque considéré aujourd’hui comme un chant militant. Ces deux titres associés à « A l’horizonale », associés en medley, ce sont 3 hits, au cours desquels, c’est le souk dans la salle, surtout pour ce dernier morceau. L’artiste sert sa lutte par ses propos, mais aussi par le débit effréné avec lequel elle déclame chacun de ses mots. Chaque phrase percute de plein fouet…

Lors du premier rappel, elle nous réserve « Toute La vie ». Mais le public est très chaud et en réclame encore ; à tel point qu’elle reviendra encore, à deux reprises.  

Le rap est l’avenir et le renouveau de la chanson française et Aloïse Sauvage en est manifestement devenue un de ses brillants fers de lance…  

Setlist : « Montagnes Russes », « Soulages », « XXL », « Si On S’Aime », « M’Envoler », Pépite », « Joli Danger », « Fumée », « Focus », Medley : « Jimy -Omowi - A L’Horizontale », « L’Orage », « Crop Top », « Love », « Unique », « Paradis ».

Rappel : « Toute La Vie ».

(Organisation : Le Botanique)

 

Charlie Winston

Charlie a repris du poil de la bête…

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Charlie Winston est enfin de retour. Souffrant d’une hernie discale, le dandy écossais s’était retiré du circuit. Il l’expliquera plus tard ; car il est guéri. Il vient, en outre, de graver son cinquième elpee, « As I Am », un disque paru en août dernier.  

En 2008, on apprenait à connaître ce charmant gentleman, lors de la sortie de « Like A Hobo », une chanson qui racontait l’histoire d’un clochard. Un titre qui allait devenir un énorme tube. Et pour Charlie, en ce temps-là, il marchait sur l’eau ! Tout le monde se l’arrachait : radios, télévisions et surtout festivals. Mais, c’est bien connu, le succès ne dure qu’un temps et chaque médaille a son revers. Il a alors entamé une longue traversée du désert. Il faut dire aussi que sa discographie n’était plus à la hauteur des espérances. Dès lors, les médias n’avaient plus d’autre alternative que de le bouder. Heureusement, il y a 3 mois, il a publié un nouvel opus de 14 morceaux, où Charlie se livre tel qu’il est, à savoir sans détours ni filtres. Pour « As I Am », Charlie a tout changé, jusqu’au producteur. Et il a choisi Vianey. Qui vient donner de la voix, et en anglais, sur « Shifting Paradigm ». En outre, lors des sessions, il a reçu le concours du trompettiste Ibrahim Maalouf, sans oublier les parties orchestrales, enregistrées à Rome par un ensemble de 50 musiciens.  

La première partie est assurée M.I.L.K., un artiste danois très sympathique, flanqué d’un backing group. De son vrai nom, Emil Wilk, c’est un pote de Charlie.

De M.I.L.K., on connaît surtout son hit, « If we want to ». A ce jour, il a publié un Ep 6 titres (« A Memory Of A Memory Of A Postcard ») en 2017 et un premier album (« Poolside Radio Vibe ») en 2021. Il va nous proposer de larges extraits de cet elpee.

Mais au-delà de sa carrière musicale, Emil est énormément prisé pour ses talents de vidéaste. Il a ainsi déjà réalisé des clips pour Liima, Reptile Youth, Blondage, Abby Portner et Kwamie Liv. Notamment.

A l’instar de stars du business, Charlie vient présenter le band juste avant qu’il ne grimpe sur l’estrade, à 20h00. Si les rideaux sont tirés sur les côtés et derrière la table de mixage, l’espace doit bien contenir 600 personnes.

Sur les planches Emil est soutenu par un drummer et un guitariste, également préposé aux synthétiseurs. Cheveux longs et bouclés, il possède une belle gueule et doit faire des ravages auprès des filles. Même s’il s’exprime dans un français hésitant, sa prononciation est excellente. Très interactif, il signale bien aimer la Belgique, les frites, la bière, les gaufres et le chocolat. Il cherche un appartement à Bruxelles et veut s’y installer. Le gars possède un beau déhanchement et incite le public à applaudir. Ce que ce dernier consent à faire.

Inspirée par des légendes des 70’s comme Curtis Mayfield ou Shuggie Otis, sa musique est revisitée par l’électronique contemporaine, dans l’esprit de Jungle, Leisure ou Rhye.

Bien ficelée, elle est dynamisée par les accords funkysants de la gratte, qui jouée en slapping, évoquent inévitablement Nile Rogers. Lorsque le guitariste passe à la basse, le gimmick lorgne vers un Level 42 circa eighties. Et le tout est teinté d’un chouia de disco…

Place ensuite à Charlie Winston. Il se consacre au piano, au chant et à la semi-acoustique (Une ‘Martin’ !). Ce soir, il est épaulé par un nouveau backing goup, de nationalité française. En l’occurrence le drummer Vincent Polycarpe (NDR : c’est lui qui assurait la batterie sur l'album « Jamais seul » de Johnny Hallyday), le guitariste/bassiste saxophoniste Louis Sommer (NDR : il est également acteur et compositeur) et l’autre guitariste soliste François Lasserre.

Les baffles crachent la B.O. du film ‘La panthère Rose’. La salle est plongée dans l’obscurité. Charlie s’installe derrière son piano et entame, en solo, « All That We Are », après avoir été chaleureusement applaudi par la foule. Puis, c’est l’enchantement. On n’entend pas une mouche voler (NDR : il n’y en a plus).

Charlie déclare qu’une de ses amies lui a envoyé un livre. En tournant les pages, il se reconnaissait dans le personnage du bouquin. Il a suivi, à New-York, une thérapie chez une psychologue ; et il n’a plus de problèmes, depuis, suite à de nombreux traitements… et des massages. Ce qui déclenche des rires dans la fosse.

Il raconte que lorsqu’il était chez des amis à Londres, ils avait longuement causé de la mort et de la réincarnation chez un animal. Il se retourne vers Louis qui réplique : un hippopotame. A son tour, François riposte : un phacochère.

Selon Charlie, « As I am », le titre de son opus a la valeur d’un mantra (NDR : un mantra est une formule sacrée ou invocation utilisée dans l'hindouisme, le bouddhisme, le sikhisme et le jaïnisme). C’est un moyen de rappeler qui il est et ce qu’il fait…

Mais Charlie ne répond pas aux allusions (NDR : peut-être un ours ou un lapin, on ne le saura jamais).

Avant d’attaquer « Letter For My Future Self », Charlie explique qu’il s’est envoyé une lettre à lui-même. Il l’a bien reçue. Une forme de remise en question….

Enfin pour « Like A Hobo », les 3 musicos de M.I.L.K. descendent l’escalier de gauche et s’installent derrière le piano. Emil remplace alors Saule pour la seconde voix…

Charlie Winston va accorder un rappel de trois titres, avant de tirer sa révérence, dont « Shifting paradigms », mais sans Vianney que remplace irréprochablement le drummer, armé d’une gratte semi-acoustique…

Setlist : « All That We Are », « Kick The Bucket », « Sweet Tooth », « My Life As A Duck » », « This Storm », « Limbo », « Don’t Worry About Me », « Echo », « Algorithm », « Letter For My Future Self », « Open My Eyes », « Like A Hobo », « Say Something », Unconscious ».

Rappel : « Exile », « In Your Hand », « Shifting Paradigms ».

(Organisation : FKP Sorpio)

 

 

Jennifer Batten

Quelle maîtrise à la guitare !

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Ce vendredi 25 novembre, Jennifer Batten se produit au Zik-Zak, à Ittre. Et ce n’est pas n’importe qui, puisque cette guitariste américaine a participé aux tournées de Michael Jackson, de 1987 à 1997 (NDR : elle a également collaboré aux sessions d’enregistrement de l’album « Bad » et au célèbre « Thriller ») ; et entre 1991 et 2001, elle a voyagé et enregistré en compagnie de Jeff Beck. Agée de 65 ans, cette musicienne itinérante a gravé trois elpees solos : « Above Below And Beyond » (1992), un opus pour lequel elle avait reçu le concours de Michael Sembello, célèbre producteur et guitariste de Stevie Wonder, « Momentum » (1997) et « Whatever » (2008). A une certaine époque, elle militait au sein de 6 groupes différents pour lesquels elle jouait aussi bien du rock, du métal, du funk que de la fusion. Certains médias n’ont pas hésité à la considérer comme une véritable guitar-héro, à l’instar de Slash, Jeff Beck, Steve Vai, Peter Brampton, Éric Clapton ou Joe Bon amassa. Mais très étonnant, il n’y a pas plus de 70 personnes pour assister au concert de cette artiste qui possède un tel cv…

Longue crinière blonde, tenue pailletée pour ne pas dire glamour, plutôt sexy, Jennifer Batten grimpe sur l’estrade. En fond de scène, des vidéos vont défiler sur un écran géant ; des clips pour lesquels elle a composé la musique. Pendant 45 minutes, elle est seule, armée de sa gratte, face au public et devant son tapis de pédales ; et le tout est discrètement enrichi de sonorités électroniques. Le light show est tout aussi sobre, les oscillations stroboscopiques risquant de lui provoquer des crises d’épilepsie. Bref, un éclairage suffisant pour percevoir ses accords sur ses six cordes. Et cette simplicité touchante et intimiste se traduit par une forme de complicité auprès d’un public attentif à sa prestation. Au cours de ce premier volet instrumental, elle va notamment adapter des compos de Billie Ellis, Britney Spears, Imagine Dragons, Jeff Beck, mais aussi interpréter des morceaux issus de sa plume.

Après un entracte de 10 bonnes minutes, Jennifer revient sur le podium, flanquée du bassiste/vocaliste Niklas Truman et du drummer John Maclas. Au répertoire, à nouveau des reprises. Et notamment d’Aretha Franklin, de Jeff Beck, de Toto et de ZZ Top, dans différents styles qui vont osciller le la pop au rock, en passant par le jazz, le blues et le bluegrass. Pas de convers de Michael Jackson, mais une performance tour à tour technique, expérimentale ou avant-gardiste, au cours de laquelle le bassiste prête, de temps à autre, sa voix. Mais quelle maîtrise à la guitare !

(Organisation : Zika-Zak et Rock Nation)

The Cure

Intemporel

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Dans la vie, des choix drastiques se posent parfois. Certains ont dû y faire face ce mercredi 23 novembre 2022. Supporter les Belges lors de leur rencontre face au Canada ou se déplacer à Anvers pour y assister à un concert d’anthologie.

Les dirigeants de la FIFA n’ont en effet pas mesuré l’impact de programmer un match de la coupe du monde (fort décriée) alors que Robert et son équipe font escale au sein du plat pays dans le cadre d’une tournée européenne. Mais, à voir le nombre de fans qui ont rejoint le Sportpaleis, à Anvers, la question ne s’est probablement pas posée très longtemps !

C’est donc au sein de cette salle de spectacle multifonctionnelle, que le groupe devenu mythique, The Cure, a posé ses flight cases. Un endroit approprié puisqu’il peut accueillir jusqu'à 23 000 spectateurs. Et devinez quoi ? Le concert était sold out depuis de nombreux mois déjà. Pas étonnant vu la popularité de la formation !

The Twilight Sad, un des groupes préférés de Robert Smith assurait le support act. Malheureusement, la circulation était tellement dense que votre serviteur n’a pu profiter de cette entrée en matière. Mais le plat du jour est si consistant qu’il n’y aura aucun regret à avoir.

A 20h45 pétantes, la grande messe débute. La salle est pleine à craquer. Les musiciens s’avancent un à un tout au long d’une longue intro dévoilant un « Alone », nouveau morceau, issu d’un elpee que l’on annonce depuis (trop) longtemps et dont le titre devrait être « Songs of a Lost World ».

Une plage atmosphérique, presque religieuse, durant laquelle le gros Robert s’empresse de faire le pitre devant les caméras plantées sur le podium. Et lorsqu’il se met à chanter, vers la moitié du morceau, on se rend compte que sa voix si caractéristique, d’outre-tombe, n’a pas changé d’un iota. Dire que, lorsque The Cure s'est formé, Smith n'avait pas l'intention d'en devenir le leader, ni même le chanteur. Il l’est devenu par la force des choses, aucun de ses partenaires n'ayant convaincu face au micro.

Ce ne sera pas la seule découverte de la soirée ! Il offrira au public quatre autres inédits dans une veine tout aussi succulente : « And Nothing Is Forever », « A Fragile Thing », « Endsong », et « I Can Never Say Goodbye », un déchirant message à l'attention de Richard, son frère, disparu en 2019. Un opus annoncé comme l’un des plus ténébreux dans la carrière de The Cure, la mort du père et de la mère de Robert, survenus la même année, planant également dans ses chansons.

Simon Gallup, qui avait quitté la formation en 1982 à la suite d’une querelle avec le sexagénaire concernant la promotion de l’album « Pornography », a retrouvé son rôle de bassiste au sein du line up. Et il est toujours aussi convainquant. Ses lignes mélodiques sont entêtantes. Une patte qui lui est propre sur chacun des morceaux. A le voir s’amuser sur l’estrade, nul doute que la complicité qui le lie au leader semble intacte, même si le musicien avait une nouvelle fois quitté le band en 2021. Un remake de ‘je t’aime moi non plus’, en quelque sorte…

Jason Cooper se charge des fûts, tandis que Perry Bamonte, à gauche de la scène, passe des claviers à la guitare. Également préposé aux claviers, Roger O’Donnell, planté à droite, se charge de dispenser des nappes plaintives. Quant à Reeves Gabrels, ex-six cordiste de David Bowie, il est le responsable de solos éclatants.

Si le temps n’a pas d’emprise sur la popularité du combo qui rencontre toujours une fameuse notoriété, Robert Smith a le physique de son âge. Si le maquillage enduit toujours son visage, ses cheveux, bien qu’encore hirsutes, sont grisonnants. Que dire alors de son ventre bedonnant ? Mais quoiqu’il en soit, sa niaque est demeurée intacte.

Le light show est assez discret. Tantôt, de jolis voiles lumineux balaient les musicos, tantôt des images parfaitement adaptées sont projetées sur un écran géant situé derrière la scène comme ces cœurs rouges sur un « Friday I’m In Love » pétillant alors que The Cure ne venait pas défendre la réédition de « Wish » pour célébrer les 30 ans de sa sortie. Quoiqu’il en soit, le public a tout de même pu se réjouir d’entendre ce titre qui n’a pas pris une ride.

De beaux effets donc joliment orchestrés à l’image de ce paysage rural qui se décolore au fur et à meure d’un « Last Day Of Summer » d’une authenticité rare.

Alignant au passage 28 morceaux qui jalonnent la carrière du groupe, le combo a véritablement mis le feu aux poudres dès les premières notes de « Burn », une compo qui figure sur la bande originale du film, devenu culte, « The Crow ». Mais l’hystérie la plus complète atteindra son point d’orgue sur un « Push » et sa rythmique endiablée encouragée par les milliers de spectateurs.

Un Robert en très grande forme ! Lui qui d’habitude se fait plutôt discret, s’octroie des moments de pitrerie auprès d’un Gallup qui n’est pas en reste lorsqu’il l’affronte, épaule contre épaule, faisant mine de le bousculer. Ou encore lorsqu’il s’octroie de petits pas de danse maladroits devant un public amusé.

Une soirée où The Cure a aligné (forcément) des tubes, mais aussi des perles moins connues de son vaste répertoire : « The Hanging Garden » et son solo de guitare, l’hypnotique « Pictures Of You », le vénérable « At Night », l’intemporel « Charlotte Sometimes », l’immortel « Play For Today », l’irrévérencieux « Shake Dog Shake » ou encore un « From The Edge Of The Deep Green Sea » qui pourrait sonner le glas d’une soirée riche en émotion.

Que nenni ! Après une brève pause, le groupe a gardé sous le coude une pléiade de titres. Un premier rappel est consenti, au cours duquel un « Faith », rappelant les débuts du band, et une version stellaire de « A Forest », où la basse de Simon finira sur les planches dans une euphorie indescriptible, sont accordés.

Le second encore est destiné aux puristes. Une enfilade de chansons que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître (et c’est bien dommage) : « Lullaby », « The Walk », « Close To Me », « In Between Days » ou « Just Like Heaven » qui a servi, dans une version instrumentale, de générique à l'émission de télévision française ‘Les Enfants du rock’.

Et comme toute bonne chose, a une fin, un « Boys Don’t Cry » complètement hors du temps. Une jolie façon de se quitter, sans heurts et sans larmes…

A priori, pas un adieu, juste un au revoir, le ’See you soon’ de Smith laissant planer l’organisation d’une éventuelle tournée dans le cadre de la promotion du futur opus…

Il est près de 23h15. La formation a joué deux heures trente de manière quasi-ininterrompue. Une belle prouesse à souligner.

Un constat s’impose, l’acoustique du Sportpaleis, qui parfois souffre de la structure en béton, a été d’une limpidité surprenante, permettant ainsi d’apprécier toute la subtilité des sons et de la prestation des musiciens.

Un seul et unique regret, l’absence de l’épique « Plaisong », plage d’ouverture de « Disintegration », qui semble avoir été interprété lors de certains concerts du circuit…

L’homme habillé de noir éprouve beaucoup de difficultés à quitter ses convives. Il lui faudra plusieurs minutes avant qu’il n’ait le courage de retourner dans les coulisses et rejoindre ses comparses.

Que d’émotions réunies en une seule et unique soirée…

Si ce n’est le concert d’une vie, il aura été certainement un des plus beaux dans celle votre serviteur qui a déjà pourtant déjà bien bourlingué.

Setlist :

Alone – Pictures Of You – A Night Like This – Lovesong – And Nothing Is Forever – Burn – The Hanging Garden – The Lase Day Of Summer – A Fragile Thing – Cold – At Night – Charlotte Sometimes – Push – Play For Today – Shake Dog Shake – From The Age Of The Deep Green Sea – Endsong – I Can Never Say Goodbye – Faith – A Forest – Lullaby – The Walk – Let’s Go To Bed – Friday I’m In Love – Close To Me – In Between Days – Juste Like Heaven – Boys Don’t Cry.

 

Beth Hart

Une fin de soirée zeppelinienne exceptionnelle…

Écrit par

Début 2020, Beth Hart avait annoncé partir pour sa ‘Thankful Tour’, une tournée qui devait passer par le Cirque Royal, à Bruxelles. Vu la pandémie, il sera reporté à 3 reprises et finalement, il se déroulera ce 23 novembre au même endroit.

En février dernier, elle a publié un nouvel elpee intitulé « A tribute to Led Zeppelin », au cours duquel elle rend hommage au légendaire dirigeable, en reprenant 12 de ses compos. Un disque qui fait suite à « Fire On The Floor » (2016) qui l’a vue monter un nouvel échelon en matière de reconnaissance, et un « Black Coffee » (2018), pour lequel elle avait reçu le concours de Joe Bonamassa.

Le supporting act est assuré par John Oates. Il s’agit de la moitié de Hall & Oates, un duo (NDR : et une machine à tubes) que votre serviteur avait eu l’occasion d’applaudir, en 1982, à l’Ancienne Belgique. Ce soir, il se produit sans son comparse. Et pour accompagner son chant, il va se servir de guitares semi-acoustiques. Et pas n’importe quelles grattes, puisqu’il s’agit de Martins… rutilantes ! Il est soutenu par un percussionniste. Bonnet de couleur brune vissé sur le crâne, il est assis sur un cajon et dispose d’une cymbalette à pied.

Il entame son set 10’ plus tôt que l’horaire prévu. Ce qui va lui permettre d’accorder un set de 40’ mêlant reprises de son célèbre tandem et titres issus de son elpee, « Live in Nashville », paru en 2020. Un LP ‘unplugged’ tout comme sa prestation au cours de laquelle, il va nous réserver son single, « Pushin' A Rock », mais surtout une version mémorable du « What A Wonderful World » de Louis Armstrong. Pas à la trompette, mais à la gratte semi-acoustique…

Après 20 minutes d’entracte, alors que la salle est plongée dans la pénombre, un faisceau de lumière se focalise sur l’entrée de la fosse sous la table de mixage. Beth Hart apparaît et entame un tour de salle complet en chopant les mains des spectateurs ou en leur faisant petits coucous tout en se dandinant de manière assez sexy. Une promenade qui va se prolonger pendant 10 bonnes minutes, lors du morceau d’entrée (« Love Gangster »), avant qu’elle ne grimpe sur l’estrade. Un podium au fond duquel une toile à deux coloris est tendue ; ce qui va permettre aux techniciens du light show de faire fluctuer les couleurs de l’arc-en-ciel. La Californienne est soutenue par trois musicos, soit le bassiste (également préposé à la contrebasse et au piano) Tom Lilly, le drummer Bill Ransom, une casquette vissée sur le crâne, le bassiste Tom Lilly, (qui se consacre également à la contrebasse et aux claviers) et enfin le guitariste Jon Nichols, un stetson enfoncé sur la tête. Jon est le bras droit de Beth et son directeur musical depuis 16 ans. Ils coécrivent les chansons ensemble. Il a joué, notamment, en compagnie de Jeff Beck, Slash et Joe Bonamassa et drive son propre band, quand il ne se produit pas en solo.

Dès les premières notes, la voix puissante, phénoménale, tout en nuances, à la fois sensuelle et torturée de Beth Hart charme nos tympans. Elle discute, rit, pleure, s’émeut avec grande classe aussi bien en interaction totale avec ses musicos que la foule. Que ce soit lors de ses titres interprétés au piano ou ceux partagés avec son band… Ses chansons oscillent de la joie à la mélancolie en passant par la rage et la douceur.

Tout au long de « When the Levee Breaks » de Memphis Minnie & Kansas Joe McCoy et de « Rhymes » d’Al Green cover, elle s’accroupit et invite l’auditoire à l’accompagner au chant. Elle passe derrière les claviers pour « Bad Woman Blues ».  

« Words In The Way » est attaqué sous une forme dépouillée, Tom Lilly se consacrant à la contrebasse, Jon Nichols à la semi-acoustique et Beth à l’orgue Hammond. Dans le même esprit, « Rub Me For Luck » pourrait servir de B.O. à un film de James Bond. Et toujours dans la même veine, « Thankful » est interprété en mode piano/voix, un slow langoureux au cours duquel on ne sait plus si on se trouve à la maison ou dans un club de blues…

Beth signale que le Cirque Royal est intimiste, proche du public et que le son y est excellent. Et elle a tout à fait raison.  

Il faudra cependant attendre le rappel pour enfin savourer deux extraits de son dernier long playing consacré à des reprises du Led Zeppelin, et tout particulièrement lors de la finale, à travers un « Whole Lotta Love » d’anthologie. Les interventions du batteur son magistrales, dignes de Bonham, père ou fils. Lors de ces instants magiques, la diva s’efface et se couche même sur les planches. Une fin de soirée zeppelinienne exceptionnelle !

Setlist : « Love Gangster », « When the Levee Breaks » (Memphis Minnie & Kansas Joe McCoy cover), « Rhymes » (Al Green cover), « Bad Woman Blues », « Spirit Of God », « Bang Bang Boom Boom », « Rub Me For Luck », « Setting Me Free », « Rub Me For Luck », « Thankful », « Woman Down », « Without Words In The Way », « Sugar Shack », « Can't Let Go » (Randy Weeks cover), « House of Sin »,

Rappel : « No Quarter » (Led Zeppelin cover), « Whole Lotta Love » (Led Zeppelin cover).

(Organisation : Greenhouse Talent)

Phoenix

Phoenix fait son blockbuster !

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Après 5 ans d’absence, Phoenix se produisait ce mercredi 23 novembre, à l’Ancienne Belgique de Bruxelles. Sold out à la vitesse de l’éclair ! Résultat des courses, les organisateurs décident, quelques mois plus tard, de fixer une date supplémentaire. C’est donc ce mardi 22 novembre que votre serviteur assiste au premier acte de nos quatre courtisans issus de la cour de Versailles.

Formé en 1995, ce groupe-phare de la French Touch, emmené par son leader Thomas Mars, entendait bien retrouver, après cette longue absence, son public fidèle et lui présenter son septième opus, « Alpha Zulu », sorti le 4 de ce mois.

Un album enregistré lors de la crise sanitaire au cœur du Musée des Arts Décoratifs de Paris et intégralement dédié au producteur et musicien Philippe Zdar, décédé en 2019.

Il est 20 h 45 lorsqu’un rideau noir tombe sur les planches. La salle est pleine à craquer. Elle est surtout peuplée de quadragénaires dont une majorité de dames et demoiselles. Effet coupe du monde ?

21 h le rideau se lève progressivement et révèle une gigantesque armada d’écrans simulant une perspective à vous couper le souffle. Une véritable boîte en 3 dimensions entièrement contrôlée par une équipe de techniciens, vidéastes et autres spécialistes en lumières. L’équipe de l’Alpha Zulu tour doit être imposante.

Les premières notes de l’excellent « Listomania », extraites de l’opus « Wolfgang Amadeus Phoenix », résonnent lorsque s’achève sa remontée du rideau vers le ciel. Le quatuor débarque alors du fond de la scène tapissée d’un décor constitué de montagnes et d’arbres en contre-jour.

Le guitariste Laurent Brancowitz prend rapidement place à l’extrême gauche, alors que le bassiste/claviériste Deck d’Arcy (Frederic Jean Joseph Moulin de son vrai nom) se plante à mi-chemin entre le décor et le front stage.

L’autre sixcordiste, Christian Mazzalai, membre fondateur du groupe, est déjà au taquet, et s’installe au premier plan, à droite, comme d’habitude.

Thomas Hedlund, le drummer, envoie du lourd pour ce début de concert qui s’annonce plus que prometteur au vu du large sourire affiché par Thomas Mars. Et dès son arrivée, il se poste au beau milieu, au plus près de l’auditoire…

Enfin, le multi-instrumentiste Robin Coudert campe à l’extrême droite du podium (NDR : plus connu comme compositeur de musiques de film, il est à la tête d’une filmographie considérable)

Et en effet, la scénographie est tellement phénoménale qu’on est littéralement plongés dans un long métrage ou une pièce de théâtre géante tout au long de ce concert époustouflant par sa variété de décors. On pénètre littéralement dans le palais des glaces de Versailles, pour ensuite être transporté sur le bitume d’un périphérique d’une ville en pleine nuit, traversant des tunnels, bien au-delà des limitations de vitesse autorisées, pour ensuite être happés par traveling arrière depuis un jardin en Californie jusqu’au centre de l’univers. Lorsqu’il ne s’agit pas d’une œuvre d’art géante qui s’anime pour reprendre en chœur le déjà addictif ‘Hou Ha’ du single « Alpha Zulu ».

L’Ancienne Belgique brille de mille feux, et le groupe prend un véritable plaisir à observer la foule en demandant à plusieurs reprises d’éclairer les lieux afin de bien la contempler. Il y a clairement un énorme coup de cœur pour cette salle mythique qu’est l’Ancienne Belgique pour Phoenix.

La première partie du spectacle se clôt par une projection hallucinante dans l’espace, vers l’infini et bien au-delà, le tout orchestré uniquement en instrumental digne d’une bande originale signée Hans Zimmer, tout en rendant un vibrant hommage à la mémoire de Philippe Zdar, pour lequel toute l’émotion de cette perte est encore palpable dans le regard du quatuor.

La seconde moitié du set fera la part belle au nouvel LP, mais en ne négligeant pas les long playings précédents, et tout particulièrement « Wolfgang Amadeus Phoenix », qui restera (jusqu’à présent) le meilleur album de sa discographie.

Le rideau se baisse à nouveau le temps d’installer un clavecin sur les planches. Et le rappel va nous propulser quelques siècles en arrière dans un décor baroque italien.

Deck s’installe aux commandes du clavecin et Thomas Mars opère son retour, micro à la main, lors d’un interlude chanté en italien, « Telefono ».

Le reste de la troupe revient à la fin du morceau très apprécié par le public, la magie des sonorités du clavecin collant parfaitement avec le style du groupe qui ne cache pas ses origines versaillaises et nous rappelle sa participation furtive au cinéma dans le film « Marie-Antoinette » de Sofia Copolla (épouse de Thomas Mars). Comme vous pouvez le constater, le 7ème art est omniprésent ce soir.

Un concert qui s’achève par « Trying To Be Cool » et « 1901 » devant un auditoire entièrement conquis qui observe alors Thomas fendre la foule avec son micro afin d’escalader les balcons rouges de l’AB pour ainsi faire son tour de salle –un  rituel !– et revenir sur le podium où s’affiche un gigantesque logo ‘PHOENIX’ aux couleurs arc-en-ciel , emblème de la tournée précédente, ‘Ti Amo’. 

C’est une prestation 5 étoiles, irréprochable musicalement parlant, chaque membre du groupe maîtrisant à la perfection les morceaux. Il règne sur la scène une harmonie parfaite, une complicité et une amitié indéfectible entre ses membres. Malgré les années, la voix de Thomas Mars n’a pas bougé d’un iota. Bref, un feel good concert et visuellement peut-être l’une des plus belles scénographies visuelles qui se soit déroulée à l’Ancienne Belgique.

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Tracklist

01.Lisztomania
02.Entertainment
03.Lasso
04.Too Young / Girlfriend
05.J-Boy
06.Alpha Zulu
07.Ti amo
08.After Midnight
09.Armistice
10.Love Like a Sunset Part I
11.Love Like a Sunset Part II
12.Lovelife
13.Artefact
14.Tonight
15.Rome
16.Winter Solstice
17.Identical
18.Long Distance Call
19.If I Ever Feel Better / Funky Squaredance

Rappel :

20.Telefono / Fior di latte (Vocal and piano only)
21.Trying to Be Cool / Drakkar Noir
22.1901
23.Identical (Reprise) - Thomas in crowd

(Organisation : Live Nation)

 

The Hu

Un folk métal venu des steppes…

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En route vers la Mongolie, à travers les steppes, en compagnie de The Hu, un groupe dont la musique mêle métal et musique traditionnelle. Ils sont 8 sur les planches ! Pour y parvenir, ils se servent d’instruments conventionnels (guitares, basse, batterie) mais aussi folkloriques, comme la flûte tsuur, le morin khuur et le tovshuur, soit un violon et un luth à deux cordes, surmontés d’une tête de cheval, et assurent les vocaux en khöömii, chant diphonique guttural mongol.

Huit millions de personnes dans le monde parlent le mongol, mais The Hu a récolté plus de 90 millions de vues sur You Tube, comme si on reconnaissait dans sa musique, celle de notre passé.

C'est que la formation originaire d’Oulan-Bator, fondée en 2016, a attiré la grande foule. L’ancienne Belgique est blindée et une longue file nous attend, à notre arrivée jusqu’au bout de la rue des Pierres à hauteur de Music Village.

Le supporting act est assuré par le combo londonien King Nun. Un quintet dont le premier elpee, « Mass », est paru en 2019. Son style ? Quelque part entre punk, grunge et garage rock. Sa musique est à la fois énergique, hargneuse et explosive. Un peu comme s’il avait hérité quelque chose des Stones à leurs débuts, des Sex Pistols, des Ramones, de Nirvana et de METZ pour rester dans l’air du temps. D’autant plus que charismatiques, les musicos libèrent une expression sonore chargée d’angoisse adolescente.

En 35 minutes, le combo va livrer 10 morceaux qui décapent ou dépotent, selon que vous aimez vous y frotter ou vous y transvaser. Et tout particulièrement le single « Mess Around ». Evidemment, quand on compte trois guitaristes au sein de son line up, l’électricité gicle de partout ; et même si parfois elle est maladroite, elle s’avère particulièrement rafraîchissante. En outre, le sens mélodique est préservé. Une bonne entrée en matière !

Pour les photos, c’est ici

Setlist : « Golden Age », « Lightning To Fly », « Heavenly She Comes », « Selfish », « OCD », « Black Tree », « Live On The Beach », « Chinese Medicine », « Hung Around », « Escapism ».

The Hu débarque sur les planches sous des applaudissements nourris. Chaque musicien prend sa place sur les planches. Outre le chanteur (qui se sert encore circonstanciellement de la flûte ou d’une guimbarde) et les deux préposés à l’instrumentation folklorique, le line up implique deux guitaristes, un bassiste ainsi que deux drummers installés sur de hautes et imposantes estrades. L’un d’entre eux frappe sur des immenses tambours, dont les peaux claquent littéralement. Ces deux percussionnistes cognent tour à tour ensemble ou séparément. Mais soyez-rassurés, l’invasion de ce collectif n’est pas dirigée par Gengis Khan. Ils ont un look effrayant, mais ils sont super cool et en perpétuel interaction avec le public.

C'est par « Shihi Hutu », titre du dernier elpee que les hostilités débutent. Les instruments à cordes frottées sont bien mis en exergue et apportent une coloration vraiment exotique à une expression sonore métallique, mais mélodieuse.

Le répertoire va osciller aléatoirement entre morceaux issus de leurs deux opus (« The Gereg », publié en 2019, et Rumble of Thunder, en septembre dernier). Quelques compos plus entraînantes incitent à danser, mais pas de pogo, de round circles ni de crouwdsurfing. Le public est attentif et chante même ce qu’il ne comprend pas, lève les bras, frappe dans les mains en cadence ou pour applaudir. L’ambiance est vraiment bon enfant. Les spectateurs semblent heureux d’être là. Galbadrakh Tsendbaatar, le chanteur et leader, prend régulièrement la parole en s’exprimant dans sa langue natale. Ce qui provoque des scènes assez cocasses au cours desquelles la foule hurle et acquiesce, sans forcément comprendre ce qu’il raconte.

Il fait très chaud dans la salle, et la performance du groupe accentue encore la température dans la fosse. La setlist nous réserve des titres plus pop, à l'instar de « Bii Biyelgee » ou encore « Yuve Yuve Yu », que l'assemblée se met à reprendre en chœur. Parmi les morceaux les plus métalliques, on épinglera « Wolf Totem », « Tatar Warrior » et « This Is Mongol », qui clôture le set proprement dit.

En rappel, The Hu va nous s’autoriser une reprise mémorable du « Sad But True » de Metallica. Mais avant de tirer sa révérence, le groupe va remercier son auditoire et prendre des photos de la salle ou auprès des fans en faisant coucou par-ci, coucou par-là…

Une superbe soirée !

Pour les photos c’est

Setlist : « Shihi Hutu », « Shoog Shoog », « The Gereg », « Huhchu Zairan », « The Great Chinggis Khaan », « Uchirtai Gurav », « Shireg Shireg », « Bii Biyelgee », « Tatar Warrior », « Yuve Yuve Yu », « Wolf Totem », « Black Thunder », « This Is Mongol ».

Rappel : « Sad But True » (Metallica cover)

(Organisation : Ancienne Belgique et Biebob)

TV Priest

TV Priest : un groupe qui ne prêche pas dans le désert !

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Ce samedi 19 novembre, la formation londonienne TV Priest se produit à l’Aéronef de Lille. Un quatuor responsable de deux elpees, à ce jour ; soit « Uppers », paru en 2021 et « My other people », en juin dernier. Si le premier opus reflétait les angoisses et les colères du chanteur, à travers des textes politiques, dénonçant les travers de la société britannique, le second se révèle plus sombre et introspectif, tout en abordant des sujets existentiels, tels que l’amour, la joie, la perte ou le deuil. Mais une constante : les lyrics sont empreints d’un humour caustique… bien britannique. Charlie Drinkwater (NDR : quel nom !), le leader, est également directeur artistique et signe notamment les pochettes de Sports Team ainsi que de Fontaines D.C. Enfin, le combo a signé chez Sub Pop, célèbre label de Seattle qui a, notamment, hébergé Nirvana, Sonic Youth, Soundgarden, Afghan Whigs, The Shins et White Stripes, et compte aujourd’hui, parmi ses nouveaux fers de lance, Metz et Rolling Blackouts Coastal Fever…

Il doit y avoir plus ou moins 120 personnes, partagées entre jeunes et quadragénaires, lorsque le quatuor grimpe sur les planches. Outre le vocaliste, barbu, crâne rasé et costard un peu trop étriqué pour lui, qui prononce quelques mots d’accueil en français, le band implique également un guitariste, un bassiste et un drummer, en short et la casquette vissée sur le crâne (NDR : il finira même le show, torse nu !)

Le set s’ouvre par « The big curve », une compo imprimée sur le rythme du chemin de fer, un tempo que vont adopter de nombreux morceaux de ce concert. Quand il ne se révèlera pas tribal. En fait, Ed Kelland se sert d’une batterie conventionnelle, mais également d’une boîte à rythmes, un peu comme Butch Vig. A la guitare, Alex Sprogis fait grincer ses cordes, très souvent à la manière de feu Andy Gill, le leader de Gang of Four, insufflant un côté funk blanc au post punk du band. Et puis, Nic Bueth construit des contre-mélodies à l’aide de ses lignes de basse. L’ensemble se révèle excitant, intense et particulièrement cohérent. Et devant le podium, ça pogote sec. La six cordes se fait scie circulaire sur « I was a gift » et on se rend compte que Charlie est un fameux showman. Il grimpe sur l’estrade du batteur. Il brandit son pied de micro d’une main pendant qu’il tient le microphone dans l’autre lorsqu’il n’abandonne pas, tout simplement, son support. Sa voix est grave, très souvent déclamatoire. Sa présence est théâtrale, charismatique. Il semble prêcher en y ajoutant la gestuelle ou en se frottant le crâne. Alex fait sonner sa gratte comme une armée de mandolines, sur « Lifesize », dans l’esprit de Justin Jones (And Also The Trees). La basse devient latente et le baryton de Charlie, profond, tout au long du plus lent « Limehouse cut ». Charlie s’éloigne même parfois du micro pour communiquer davantage de profondeur à la compo. Des synthés préenregistrés s’invitent pendant « Bury me in my shoes », alors que des samples d’arrangements s’incrustent pendant le grondant « Unravelling ». Le light show est dominé par la couleur rouge tout au long d’« It was beautiful ». Charlie interprète même quelques vers a cappella, au milieu de la chanson.

Les musiciens ne sont pas pourtant pas suffisamment mis en exergue par le light show, à tel point qu’on a l’impression qu’ils se produisent dans la pénombre. La guitare gémit tout au long du dramatique « Powers of ten », alors que le tempo semble restituer des battements de cœur. La fin du set nous réserve à nouveau des morceaux imprimés sur un rythme infernal, et tout particulièrement pendant « House of York » …

Suite aux acclamations de la foule, TV Priest va accorder un morceau en rappel, avant de tirer sa révérence et de rejoindre le stand merchandising. Un super concert !

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Setlist

The Big Curve, I was a gift, This Island, One easy thing, Lifesize, Limehouse cut, Bury Me in my shoes, Unravelling, Slideshow, It was beautiful, Powers of ten, Press gang, House of York, Decoration

(Organisation : Aéronef, Lille)

 

 

 

Suzane

Sous les couleurs de l’arc-en-ciel…

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Suzane vient de se produire à l’Olympia de Paris, devant une salle comble. Elle a littéralement retourné le site de l’abbaye de Floreffe, dans le cadre du festival Esperanzah, cet été ; et elle avait fait forte impression, lors de l’édition 2020 des Nuits Botanique, sous une pluie battante. Ce soir elle est de retour en Belgique, et à Bruxelles, dans la grande salle de l’Ancienne adaptée en Ballroom. Les 800 tickets prévus pour ce spectacle ont été vendus. Donc, il est sold out.

Océane Colom aka Suzane est née le 29 décembre 1990 à Avignon. Auteur, compositrice et interprète, c’est un électron libre de la nouvelle chanson française. Elle se définit elle-même comme une conteuse d'histoires vraies sur fond électro. A son actif deux albums : « Toï Toï », paru en 2020 et « Caméo », début de ce mois de novembre. Lors de Victoires de la musique 2020, elle a décroché celle de la révélation scène, il y a deux ans.

La première partie est assurée par Kalika. Également originaire d’Avignon, elle a publié son premier elpee, « Latcho drom », en mars dernier. Son patronyme est inspiré de ‘Sara-la-Kali’, sainte vénérée par la communauté des gitans des Saintes-Maries-de-la-Mer, mais également de la déesse indienne de la destruction et de la reconstruction. Elle a d’ailleurs été élevée dans la communauté des gens du voyage. Kalika leur est reconnaissante.

Elle dépeint ses émotions et défend ses propos dans des titres créés à partir du quotidien. Des morceaux à scander tels des véritables hymnes en concert, sur un ton souvent décalé. Ses paroles crues et provocantes racontent les histoires tumultueuses d'amour et de sexe d'une jeune féministe de 22 ans. Si elle n’a aucun tabou, ses textes sont à prendre au second degré.

En ‘live’, elle est soutenue par son compagnon aux synthés, aux machines, à la guitare et à la caisse claire.

« Chaudasse » dénonce le ‘slut-shamming’, un concept américano-canadien qui consiste à stigmatiser, culpabiliser ou disqualifier toute femme dont l'attitude ou l'aspect physique serait jugé provocant ou trop ouvertement sexuel ou qui cherche à se faire avorter. Des thèmes bien dans l’air du temps.

Déterminée, Kalika exprime sans détour son désir sexuel pour un homme dans « Olala ». Elle parle de ses émotions, ses pulsions, ses désirs propres, le tout sans retenue. Cette Catherine Ringer des temps modernes possède le regard crépitant de rage mais son sourire barre son doux visage.

Le flamboyant « Dinosaure » retrace l’histoire personnelle d’une de ses fans à l’égard d’un père rigoureux. Elle interprète ce morceau, uniquement en mode piano/voix.  

Kalika a bien joué son rôle de supporting act…

Setlist : « Intro », « Kalika Gang », « Olala », « Chaudasse », « Réveille-Toi », « Dinosaure », « L'Eté Est Mort », « Latcho Drom », « Tu Fais La Gueule », « La Dispute »

On entend Suzane déclamer un texte. Le rideau tombe et chaleureusement applaudie, elle débarque sous les applaudissements pour entamer le particulièrement « Génération désenchantée » (NDR : non ce n’est pas la reprise d’une chanson de Mylène Farmer !)

Le podium est surélevé sur les ¾ de sa surface, d’une estrade. Suzane est vêtue d’un pantacourt et d’un body de couleur noire, le tout recouvert d’un voile transparent de la même teinte.

Si elle n’est pas soutenue par des musicos en ‘live’, elle bénéficie d’une fameuse équipe technique qui se charge de la bande son, des lumières et de la projection de vidéos, sur un grand écran planté en arrière-plan. On va y découvrir des clips consacrés à ses chansons, des doublures de silhouettes de l’artiste quand il n’est pas inondé de lumières qui changent alors constamment de couleur. Et pourtant, ce team demeure discret. Un light show très susceptible d’aveugler la foule ou de se focaliser sur une Suzane en perpétuelle évolution, changeant de couleur au gré des beats et des sonorités électro dispensées.

Dès le premier titre, « Suzane », l’ambiance est déjà brûlante dans la fosse. « Et Toi Ça Va » relate le compte-rendu de ses apéros entre copines.

Suzanne s'aventure sur des rythmes plus dansants, parfois franchement festifs, un climat illustré par le single « Belladonna », tout en laissant la part belle aux paroles empreintes de réflexions sociétales, qui caractérisent son répertorie depuis ses débuts.

Lors de la chanson « « Pendant 24 H », Fabien Marsaud aka Grand Corps Malade apparaît sur l’écran, sa béquille à la main droite. S’ensuit un duo virtuel impressionnant. A l’issue du morceau on a droit à près de 10’ de ‘standing ovation’. Elle n’en oublie pas les compostions de son premier elpee, et tout particulièrement « L’Appart Vide », « SLT » et « Il Est Où Le SAV ? ». Pour ce dernier morceau, au cours duquel des images de désastres climatiques et de pauvreté défilent, un grand brun au cheveux bouclés déboule du backstage armé d’une gratte électrique : Témé Tam. Le tandem va alors mettre le souk, entrainant à nouveau, 10’ d’applaudissements. Et lorsqu’elle est émue, l’artiste nous renvoie alors des cœurs formés avec ses mains.

Le spectacle est vivant, les mots sont d'actualité, le son est excellent, mais un peu froid. Le public est jeune et même très jeune. Suzane chante son époque avec une énergie fédératrice et émouvante à souhait. Des titres immédiats, des thèmes universels et engagés.

« Krishna » raconte l’histoire de la restauratrice parisienne qui avait engagé Suzane, comme serveuse. Elle signale qu’elle lui a permis d’écrire les morceaux de son premier opus et cette chanson lui est dédiée. Bel hommage ! Adoptant la position de la déesse à plusieurs bras, elle nous parle du déracinement des populations migrantes et enchaîne par « 90 », une ode à la nostalgie de l'enfance.

« Clit Is Good » est un manifeste en faveur du plaisir (solitaire) féminin. « P'tit Gars » évoque la chronique glaçante d'un coming-out difficile. L'homosexualité est toujours présente dans l’album « Caméo », avec une différence de taille : cette fois, il ne s'agit plus d'un sujet. Car les quelques chansons d'amour de l'album sont simplement genrées au féminin. Comme une volonté, après avoir raconté, de normaliser. Deux drapeaux aux couleurs « LGPT » sont levés et un autre aux mêmes couleurs est lancé à Suzane qui l’embrasse. Le public est chaud et applaudit à tout rompre, alors que Suzane lâche quelques larmes. Le set s’achève par « Un Ticket Pour La Lune », sous un univers étoilé, tandis que sur l’écran apparait la voie lactée et la lune. Un ‘Happy Birthday’ sera même entonné pour fêter l’anniversaire de la tour manager qui débraque brièvement sur les planches.

(Organisation : Live Nation)

Rita Payés

Un concert à épingler… avec un trombone…

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Double affiche, ce soir, à l’Ancienne Belgique où vont se produire des artistes catalans. Tout d’abord, Tarta Relean, un duo qui réunit Marta Torrella et Helena Ros. Puis Rita Payès Roma, une étoile montante du jazz. La soirée est organisée en collaboration avec LivEurope et l'Institut Catalan Ramon Llull. La grande salle est configurée en mode théâtre et c’est complet.

En général, Tarta Helena figure à l’affiche des festivals de musique traditionnelle, baroque ou contemporaine. A son actif, un album, « Fiat Lux », paru l’an dernier. En boutade, la paire qui s’inspire du mysticisme, de la liturgie et du cycle de la vie, a baptisé son style de ‘chant grégorien progressif’.

Pratiquant la polyphonie, Marta Torrella et Helena Ros chantent tour à tour en catalan, espagnol, grec, latin ou séfarade. Deux superbes voix orchestrées de manière raffinée. Des mélodies souvent anciennes, mais paraissant intemporelles à travers une vision globale. Cette musique chorale est très répandue en Catalogne.

Une table est plantée au milieu du podium. On y remarque la présence d’une loop machine, de deux petits claviers ainsi que d’une cruche en cuivre équipée d’un micro. Pas de setlist. Les vocalistes sont vêtues d’une longue robe noire à paillettes fendue sur le côté alors qu’un foulard argenté enserre leurs têtes. Très interactives, elles s’expriment, entre chaque chanson, en français, en espagnol ou encore dans un anglais… parfois hésitant.

Conjuguées, les voix passent aisément des graves aux aigus, même que parfois le spectre de Björk se met à planer. Quand elles s’écartent de la table et des micros, c’est pour communiquer une impression de distance. Mais les beats électroniques apportent une coloration contemporaine à l’ensemble. Tout comme la loop machine. Mais en multipliant les chœurs, le climat vire au baroque. En outre, le son est d’une telle pureté, qu’on a la sensation d’être dans une cathédrale.

Une jolie surprise pour cette première partie…

Rita Payés vient de fêter ses 22 printemps. Sur les planches, elle est soutenue par un drummer, un contrebassiste, la casquette en pied de poule vissée sur le crâne ; et puis surtout Elisabeth Roma, la maman de Rita, qui se charge de la gratte semi-acoustique, qu’elle joue dans un style flamenco, perchée sur un siège haut. Rita se réserve le chant (NDR : parfois on dirait qu’elle croone) et le trombone à coulisses. Bref, entre mère et fille, c’est la rencontre émouvante entre deux générations. On peut même affirmer qu’elles sont fusionnelles.  

La formation va nous réserver des extraits de ses deux elpees. Chaque musicien a droit à sa petite jam. Lorsqu’elle est limitée à la mère et la fille, l’expression sonore est plutôt paisible, Elisabeth affichant sa technique en picking, alors que Rita nous caresse les tympans de ses tonalités au trombone….

Après une performance sans voix dans la salle barcelonaise, Luz de Gas, il y a deux ans, le duo a publié son second opus, « Imagina ». Au sein de cette nouvelle aventure, il propose un répertoire de musiques originales aux sonorités sensuelles et subtiles, en mêlant jazz, bossanova, lounge, guitare classique et parfois americana. Vocaux chatoyants, dans la langue de Cervantès et parfois dans celle de Shakespeare, trombone troublant, guitare énergique et ambiance totalement ibérique, l’AB programme rarement ce type de spectacle.

Un concert à épingler… avec un trombone…

(Organisation : Ancienne Belgique, LivEurope et l'Institut catalan Ramon Llull)

 

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