Ce concert était très attendu. D'une part, parce qu'il avait été reporté ; et d'autre part parce qu'il était intéressant de voir confirmer, sur les planches, tout le bien que l'on pense de "1965", leur dernier album. Un chef d'œuvre, comme dirait Marc Isaye. Un disque de référence, en quelque sorte, car après avoir roulé leur bosse pendant une bonne dizaine d'années, nos Américains continuent d'innover tout en gardant leurs racines et leur intégrité. A contrario d'autres groupes qui s'essoufflent trop rapidement ou se contentent de reproduire de pâles copies des opus précédents. Non vraiment, le soul-rock délivré par Afghan Whigs est inimitable. D'ailleurs, si vous ne les connaissez pas, je vous avoue que les décrire ou les comparer à un autre groupe est une tâche difficile. A la limite, on pourrait imaginer un croisement entre Sonic Youth et James Brown. Une chose est sûre, il faut admettre que ce combo est parvenu, jusqu'à présent, à bien gérer sa carrière. Signé, au départ, sur le label Sub pop, il avait alors commis l'excellent elpee "Congregation". Passé sur la major Warner en 1993, il nous a délivré "Gentlemen", un elpee davantage noisy/pop ; mais surtout un disque qui allait leur ouvrir les portes du grand public. A partir de cet instant on aurait pu avoir les pires craintes ; surtout après la sortie de "Black Love", une plaque un peu en deçà des autres.
Mais ce mardi 16 mars à l'AB, nos amis de Cincinnati ont balayé toutes nos suspicions, en délivrant un set époustouflant. Ils sont parvenus à mettre le feu en nous allumant à chaque morceau. Pendant près de 2h30, ils ont pu enchaîner les différents titres du dernier album et ce qu'on peut appeler des tubes comme : "Somethin' Hot", "66" ou encore "Debonair", "What jail is like", etc. Seul bémol : le rappel. Les longues intros jusque là originales, sont devenues un peu redondantes et lassantes. Cause à effet ? Je n'en sais rien ; mais une chose est sûre, la playlist était devenue beaucoup moins intéressante… Maintenant, il est possible que le groupe n'a pas voulu sombrer dans un concert trop traditionnel. Visiblement enroué, toussotant entre les morceaux, Greg Dulli n'a pas hésité pas à se casser la voix pendant toute la durée du concert. Il faut quand même préciser qu'il a pu compter sur le concours de ses deux choristes, dont la performance a été tout bonnement exceptionnelle. Nonobstant son physique peu avantageux, Susan Marshall a d'ailleurs eu l'occasion de faire vibrer la salle et même de la charmer en interprétant "My curse". Black, l'autre choriste, a apporté une note soul au concert, tout en agrémentant sa performance de quelques pas de danse plutôt drôles... Afghan Whigs a pu aussi compter sur la collaboration d'un bassiste très classe et d'un excellent pianiste pour compléter l'harmonie : John Curley et Michael Horrigan. Très à l'aise sur scène, ils ont même reçu une ovation lorsque G.Dulli les a présentés.
En première partie, nous avons eu droit à une bonne surprise, sous la forme du groupe Snowpony. Sa prestation a séduit le public qui avait pris la peine d'arriver plus tôt. Ce qui peut s'expliquer aisément, lorsqu'on sait que line up est composé d'ex membres de My Bloody Valentine et de Stereolab...