Le rock'n'roll, cette chose vilaine qui a pris d'assaut les couv' des magazines, proclamant son grand retour (de flammes), intronisé « tendance de l'année ». Les Nashville Pussy, eux, n'ont pas attendu que de jeunes groupes en colère prennent le maquis rock pour nous en mettre plein les oreilles. Il y a déjà quelques années que leur histoire dure. « Let Them Eat Pussy » (…) date d'ailleurs de 1998. Et ce n'est pas fini ! Nashville Pussy, donc : une escouade de rednecks puant la mort, le gasoil et la vaseline – le genre de groupes qui fait peur aux aînés, et aux bigots partis en croisade. Nashville Pussy : ça parle de cul, de cul, de cul. Des gros riffs bourdonnant dans le bas ventre, jusqu'à l'éjaculation. Une musique du diable, sûrement. Du Texas. Avec des femmes à la guitare et à la basse, qui tiennent l'engin comme un gros sexe turgescent prêt à exploser… Tout cela, c'est normal, devrait être interdit au moins de 12 ans. Une fois l'âge atteint, c'est à un cours d'éducation sexuelle que nous convient les Texans, éructant des « Go Motherfucker Go » et des « Let's Fucking » à tout va : Nashville Pussy, une œuvre de salubrité publique.
Chez certains, tout cela pourrait quand même être mal interprété. Les lyrics explicites et tendancieux faisant office de feu au poudres : ce rock sudiste, ces bonnes femmes les seins à l'air, ce chanteur (Blaine) au look de sympathisant KKK… Du calme ! Ce n'est que de la musique ! Mais quelle musique : incandescente, sauvage, primaire, comme l'étaient celles de Mötorhead et d'AC/DC, il y a 20 ans. Pas question d'amalgame donc, Blaine allant jusqu'à sermonner les spectateurs du premier rang qui brandissaient fièrement un drapeau sudiste (Plus ou moins : « Beaucoup de bouseux racistes aiment à se balader avec ce genre de drapeau : faites gaffe, les gars »). Pas con, le mec, et c'est tant mieux. Parce que c'est sûr : les Nashville Pussy pourraient passer pour de gros crétins du manche, des Amerloques de bas étage, s'ils n'avaient pas une sourde colère qui tapissait leur bide et qui transformait tout ça en rock'n'roll sacrement jouissif. Encore une fois, le rock était dans la place, avec ses plus beaux spécimens. Chaud.