Sharko est mort, vive David Ier. En apothéose à une carrière menée tambour battant durant une bonne décennie, le trio wallon nous a livré un bel héritage sous forme d’un « BeAst of » paru en juillet 2010. Fort de 15 titres, le testament de la formation belge léguait à la postérité ses 15 pierres les plus précieuses.
Et chacun de s’en retourner à ses petites affaires de son côté. Il était clair, dès le départ, que seul David Bartholomé parviendrait à surnager dans cet océan de ‘solitude’ artistique, l’homme ayant déjà depuis belle lurette pas mal de projets en tête et des idées à foison.
A peine douze mois se sont-ils écoulés depuis l’enterrement de première classe de Sharko que David, tel Lazare dans une autre histoire (mais laquelle encore ?) revient à la vie.
« Cosmic Woo Woo », premier album solo de Bartholomé voit le jour en octobre 2011 et immédiatement, c’est le côté fantaisiste de l’homme qui prend le dessus. Libéré des obligations liées à la vie de groupe, David se lâche, écrit et compose ce qu’il a vraiment envie de chanter. Il arrange ses morceaux de façon tout à fait ‘spéciale’, et chacune des plages, truffée de trouvailles et d’originalité démontre le génie de l’homme.
Mardi, mercredi et ce jeudi soir, David Bartholomé défendait son dernier-né devant un parterre déjà tout acquis à sa cause. Ben oui, j’imagine mal des gens se déplacer pour voir quelqu’un ou quelque chose qu’ils n’aiment pas !
Mais si l’album en avait surpris plus d’un (dans le bon sens) que dire du ‘spectacle’ proposé ?
Car plus qu’un concert ou récital, c’est vraiment le terme spectacle qui sied le mieux à la prestation livrée ce soir, digne d’un ‘one man show’ de la meilleure veine. A la fois clown, ventriloque, marionnettiste, amuseur public, le plus Ardennais des Bruxellois laisse libre cours à ses fantaisies et à ses envies les plus folles.
C’est seul à la guitare et en bricolant une boîte à rythmes (qui comporte aussi des lignes de basse et de claviers) à l’aide de ses pieds, qu’il nous propose le classique « Sweet Protection ». Parfaite entrée en matière !
Mais la suite sera beaucoup plus animée… Cachée derrière un petit théâtre de marionnettes, Camille assure les chœurs sur « Mars » tout en nous laissant imaginer que c’est une éponge jaune trafiquée qui chante. Le reste sera à l’avenant… De temps à autre, son autre acolyte vient l’accompagner au piano, jouet d’enfant ou sur une batterie pour nains ! Mais la bonne humeur, les sourires et les éclats de rires sont au rendez-vous.
Au meilleur de sa forme, David propose au public de participer à l’orchestration sur « Moon ». L’un reçoit donc une clochette, le suivant un klaxon, le troisième un canard pouêt-pouêt et ainsi de suite jusqu’au volontaire qui doit crier ‘Cor de chasse’ ; le but du jeu étant d’utiliser son ‘instrument’ lorsqu’un mot bien précis de la chanson est prononcé. Dès les explications et avant l’entame du morceau, tout le monde est mort de rire.
Mais ce doux-dingue va jusqu’au bout de ses idées folles, c’est la raison pour laquelle on l’aime aussi ! Et ça marche, effet garanti !
Ne retenir que les excentricités de David Bartholomé serait vachement réducteur. A côté de ce côté exubérant et festif, il reste un artiste sensible, à l’organe si particulier chantant souvent à la limite de la rupture. Et ses chansons font mouche. Gouailleur, moqueur (les chanteurs français en prennent pour leur grade), un tantinet désabusé politiquement parlant, David fait l’unanimité quant à la qualité de son interprétation et au choix de ses chansons.
Un seul album solo d’une durée de 35 minutes à peine, c’est un peu juste pour passer la soirée. Nous avons droit à quelques ‘vieilleries’ dont « Rise Up » et évidemment, histoire de terminer cette folle soirée, « Excellent » repris (hurlé) en chœur par les 150 personnes qui peuplent la Rotonde ce soir.
Jamais je n’avais autant ri lors d’un concert !
Envie de vous marrer un bon coup ? Allez donc voir David Bartholomé. Il guérit de tous les maux…
(Organisation Botanique)