Pour la venue d'Emilie Simon au Botanique, on s'est mis sur notre trente et un : c'est que le premier album de la jeune Française nous a tellement enchantés, qu'on croirait presque la connaître… Comme s'il s'agissait, à chaque fois qu'on l'écoute, d'un tête-à-tête. Sauf qu'ici on est plusieurs centaines à l'attendre patiemment, dans cette Orangerie transformée pour l'occasion en salle assise. Pas le temps de bâiller pendant la prestation d'Holden qu'elle arrive à pas de louve, dans une robe excentrique chatoyante : une vraie princesse. On a dit d'elle et de sa musique qu'elles ressemblaient à Björk, Leila, Anja Garbarek, Kate Bush. C'est vrai qu'à la voir, on pense à toutes ces femmes charmantes, chez qui l'atypisme passe aussi par la garde-robe. Mais l'important ce soir, c'est de vérifier si ses chansons, si belles soient-elles sur album, tiennent la route en live. Parce qu'Emilie Simon a beau avoir sorti un album magnifique, encore faut-il voir si ces compositions écrites en studio, sur un ordinateur, se révèlent aussi surprenantes sur une scène, en direct et sans filet. La réponse ne se fera pas trop attendre…
Si la jeune fille semble un peu timide et gauche pendant les trois premiers morceaux (" Dancers ", " Secret " et " Il Pleut ", où elle abuse des effets vocaux), elle se lâche rapidement avec " Flowers ", la chanson la plus pop de l'album. Sur scène, elle est entourée d'un guitariste et d'un (contre)bassiste, d'une choriste-pianiste et d'un programmateur. A côté d'elle, un étrange thérémin lui permet de moduler sa voix à l'envi… Tout l'album sera passé en revue (+ un inédit, " Solène "), avec en rappel " Vu d'ici ", un " Flowers " bis, " Femme Fatale " (du Velvet Underground) et le superbe " Chanson de Toile ". Emilie Simon n'aura pas dit grand chose, concentrée sur cette (belle) musique dont elle est la (fort mignonne) génitrice. Comme un aimant dont nous serions la limaille, Emilie nous aura captivés pendant une bonne heure, pendus à ses mots susurrés avec grâce.