Singer/songwriter découvert au milieu des années 90 par Peter Gabriel, Joseph Arthur était de passage dans la capitale pour un concert dominical. Depuis son premier album (« Big City Secrets » -1997), l'artiste vit en autarcie artistique, isolé dans un univers décoratif où la peinture et la musique dépeignent son univers : indépendant et introspectif. Un monde à part, à des circonvolutions lumières des pratiques traditionnelles de l'industrie musicale.
Vêtu d'un costume bleu ciel, un peu cheap mais plutôt classe, l'homme demeure seul sur scène, le regard caché par une frange capillaire rebelle. Dès les premiers accords, Joseph Arthur prend le spectateur par la main, guide son auditeur dans les tréfonds de son cerveau et l'invite à entrer en communion avec cette étrange expérience sensorielle. Nous sommes donc en sa compagnie pour Dieu sait quelle raison (« Our Shadows Will Remain », son dernier disque est sorti en 2004) mais cette visite semble ravir l'audience du bonhomme. Et puis, ce garçon possède une aura intrigante. Comme ses toiles, placées dans son dos, qui représentent des figures humaines déshumanisées dans un style déstructuré proche de celui de Miro. Joseph le musicien et Arthur le peintre sont donc les deux entités de l'homme qui nous fait face. L'entame du set laisse entrevoir la mélancolie de « She Paints Me Gold », avant de repasser du côté obscur de la pop par l'entremise de « Can't Exist » et de poursuivre au son de « Speed of Light ». En trois titres, Joseph Arthur revisite ses trois derniers enregistrements. Au fil des compositions, l'œuvre Arthurienne se dessine. Au sol, fusains, pinceaux, bombes de couleurs et autres peintures aident l'artiste dans son dessein artistique. Le concert prend une tournure globale, adopte les traits d'une œuvre complexe où Joseph Arthur est l'artiste, le point de liaison de formes artistiques éparses. La première partie du concert s'achève sur « In The Sun », belle et longue complainte dramatique logée sur « Come to Where I'm From » (2000).
Son retour sur scène marque l'avènement de son dernier album et teinte sa prestation d'une jovialité bienvenue. Derrière lui, la toile se complète au gré de ses envies, de ses extravagances, de ses chansons. Le concert s'étale, inégal mais prenant comme sur « There Is A Light That Never Goes Out », reprise improbable des Smiths. Les dernières enlevées de « Good About Me » diffusent dans l'air un parfum d'incompréhension. Et parfois, cependant, c'est bon de ne pas comprendre…