A quelques semaines de la sortie de leur nouvel album, "Raw Digits", les deux zigotos techno de Super_Collider et leurs musiciens tout aussi zarbis envahissaient l'AB pour un concert haut en couleurs à défaut d'être mémorable. Leur premier album, "Head On", avait scotché l'auditeur électro lambada par ses mixes improbables de P-funk et de beats moites. Jamie Lidell en Prince post-moderne et Christian Vogel en bidouilleur malade, le cocktail ne pouvait qu'être détonnant. Les deux premiers morceaux donnent d'ailleurs le ton : Jamie, déguisé en E.T. à la combinaison alu, éructe des formules magiques, un beat martelé sous influence funky l'accompagnant dans ses délires mono-maniaques. Les musiciens, sortes de Dalton s'étant trompés de planète, tentent de suivre ses sautes d'humeur, souvent en vain : Lidell s'amuse comme un fou, mais tout seul. Quant à Christian Vogel, il peine sur ses boutons, regardant d'un mauvais œil cet olibrius qui se prend pour George Clinton. La fin du concert ressemble à s'y méprendre au clip de Come To Daddy d'Aphex Twin : Lidell sur ses échasses, un voile blanc le recouvrant des pieds à la tête, gueule un truc inaudible en gesticulant comme un épileptique. C'est fini, ouf, on a eu chaud. Super_Collider ne ménage pas son public, mais peu importe : à voir pour le show… Pour la musique, mieux vaut rester chez soi.