‘Pas de blabla, que du rock’. C'est en ces termes que Louis Bertignac nous salue sur la scène du Théâtre de Verdure, sa vieille Gibson SG en bandoulière, qui a l'air d'avoir fait trois guerres. Et d'enchainer aussitôt sur la première chanson, "Rêves", aussi électrifiée que le sera le reste du concert.
Quelques minutes avant, le groupe niçois Chinaski a assuré une première partie honorable, mais pas vraiment remarquable. Passons.
Est-il besoin de présenter le personnage ? Si l'expression ‘enfant du rock’ peut s'appliquer à quelqu'un, c'est bien à Louis Bertignac. La pentatonique dans le sang, des riffs au bout des doigts, un visage témoignant de quelques excès, Bertignac respire le rock. Il tourne depuis quelques temps en 'power trio' batterie (Sylvain Joasson) basse (Cyril Denis) guitare (ben, Louis), et cette formation lui va comme un gant.
Premier moment fort d'un concert qui en comptera beaucoup, un couplet de "Stand By Me" suivie d'une ‘vieille chanson’ qui a 25 ans... mais c'est jeune quand même’ : les premières mesures de "Cendrillon" déchainent instantanément le public. Portée en chœur, il la termine en un solo brûlant, s'offrant même une petite citation extraite du "So Lonely" de Police.
Baignant dans le rock'n roll, vient ensuite un bout de "Blue Suede Shoes". Louis et Cyril se chamaillent comme des gosses avant de repartir sur "Vas-y Guitare". Vu le titre, cette chanson doit terminer sur un solo de six cordes, et ça ne loupe pas. Ainsi chauffés à blanc, le trio fait doucement retomber l'ambiance lors d’un blues plus ou moins improvisé (citation de "Wonderful Tonight" de Clapton en intro), puis ‘une chanson pour les filles’ : "Les Froleuses", très bien chantée par une certaine Isabelle, courageuse volontaire choisie parmi le public.
Suit un moment assez émouvant, "Ces Idées La", durant laquelle le public chante la mélodie d'accompagnement sur toute la chanson... Il est rare de voir une telle proximité entre un chanteur et son public.
La dernière partie du concert nous invitera à l’accompagner lors d’une bal(l)ade nostalgique mais énergique entre reprises rocks et revisites de quelques classique Téléphoniens : histoire de remettre un peu la pression, redémarrage brutal et énergique avec "Won't be fooled again" des Who, ponctué d'un court solo de batterie. Petite incursion vers Led Zep pour clore la chanson (juste le temps de quelques mesures). Dans la même veine : "Argent trop cher", qui décidément n'a pas pris une ride. "Little Wing" ensuite, visiblement Louis a décidé de revisiter tous ses maîtres. Un coup de blues concédé par "J'ai rendez-vous là haut", et "Hygiaphone" (farcie d'un gros bout de Led Zep encore, "Rock'n Roll") pour achever de mettre les points sur les 'i', avant de s'éclipser rapidement en coulisses le temps que le public les rappelle.
Pour ouvrir les ‘encore’, une chanson douce, "Cœur Ouvert" (que le batteur ne sait soi-disant pas jouer, mais ça ne s'entendra pas), dédicacée à la fille nouvellement née de l'ingé son. Bertignac sait autant créer l'émotion que remuer les foules. Et il le démontre aussi sec lors d’un "Ça c'est vraiment toi" qui fait sauter de joie le public dès l'intro. Comme déjà fait tout au long du concert, petite incursion vers un autre classique "Day Tripper", et même de "Satisfaction" (juste le riff) avant de revenir à la chanson. L'aisance à passer de l'une à l'autre, bien qu'a vue de nez les deux comparses ne soient pas toujours prévenus, témoigne du plaisir que Bertignac éprouve à jouer cette musique.
Louis nous quitte sur (et non pas pour) "Un Autre Monde", chanté à plein poumons par tout le public. Etirée sur la fin en un morceau de bravoure digne de clore ce concert, elle offre à Bertignac l'occasion d'un autre solo mémorable, fini à genoux, guitare aux dents, puis tournoyant avec elle à bout de bras en un accord ultime, face à un public déchaîné.
2h20 de rock pur et dur, administré par un trio qui prenait son pied en jouant. Difficile de demander mieux.