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L’atelier du chaos ! Spécial

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Après un hiatus de dix ans, le mythique collectif montréalais est de retour. Il vient de publier un album qui retrouve la furie de sa performance scénique : « Allelujah ! Don’t  Bend ! Ascend ! ». Godspeed You ! Black Emperor –titre d’un documentaire japonais des années 50 sur des bikers nippons– parvient enfin à s’y réconcilier avec son public. Un vide sonique attendu par les fans transis du plus grand groupe de post-rock du monde en manque de nouvelles discographiques depuis le controversé « Yanki U.X.O » (produit en 2002 par Steve Albini). Un cinq titres qui avait d’ailleurs divisé les puristes par son caractère jugé trop conventionnel (son trop travaillé, structure plus classique…), bref excessivement produit ! Un simple regard jeté sur le titre de ce cinquième opus, ‘Alléluia ! Ne ployez pas ! Soulevez-vous !’, suffit à nous en convaincre : le combo canadien n’a rien perdu de sa rage, de son mordant politique et de son radicalisme artistique. Un engagement furieux mais tacite, inexprimé –pendant et entre les morceaux– qui s’incruste, se sculpte, s’inscrit avec force dans les titres, les images et les atmosphères étourdissantes du son des instruments. Plus qu’un groupe, GY!BE est une œuvre d’art.

Après un interminable silence ponctué simplement de quelques prestations scéniques restées timidement dans les tympans en 2010, il va sans dire que l’octet canadien était attendu sous les feux de la critique d’un public exigeant pour nous livrer quelques fragments de son cinquième opus (sans compter « Slow Riot for New Zero Kanada ») sur les planches du Cirque Royal de Bruxelles.

Silence on tourne ! C’est dans un décor minimaliste peuplé d’une armée d’instruments (deux batteries, trois guitares, deux basses, un violoncelle et un violon), une scène  plongée dans le noir, illuminée de faibles lumières rouges et surplombée d’un écran géant que les huit musiciens de Montréal prennent place. Sans un mot. Pas de bonjour, pas de merci. Pas une syllabe prononcée durant tout le concert. Inexpressivité absolue s’ouvrant une voie de silence vers le sublime de l’inhumain au-delà des paroles. Ici, les musiciens quasi inexpressifs s’effacent singulièrement pour que seuls transparaissent et parlent les instruments dans un espace unique consacré à l’art brut et abstrait. Bientôt, le voyage sonore et visuel plonge la salle dans un silence fasciné et hypnotique. Tandis que les artistes se taisent, se murent dans un mutisme têtu et infrangible, les instruments grondent, les images vomissent. La photographie et la musique se mêlent et s’entrecroisent dans un parfait crescendo, parfois avec douceur, parfois avec colère, elles subliment l’espace et arrêtent le temps. Une greffe  littéralement chirurgicale entre les deux nous assomme d’une symphonie des temps modernes où les guitares et les cordes se répondent dans le tumulte des révolutions arabes et de l’érable. Les foudres, mises en image et en son, s’abattent sur un système capitaliste dévastateur. Tandis que l’écran affiche ‘HOPE’ en lettres tremblantes, les guitares grognent puis se renforcent du violon alarmiste de Sophie Trudeau. L’âme même s’asphyxie face à ce paysage dévasté et post-apocalyptique. La synchronisation entre image et musique est magistrale et frôle le sublime qui s’ouvre sur le chaos.

Un nihilisme cinématographique qui garde un degré d’abstraction suffisant pour que chacun puisse créer sa propre imagerie mentale. Les lettres imprimées (‘HOPE’, ‘HIV’, …) Les images défilent (maisons délabrées, visages de prisonniers, rouages de mécanisme, images de dossiers classés, terrains vagues, lieux désaffectés, usines en flamme…) en parfaite symbiose avec la musique, laissant filtrer pourtant sans ambiguïté l’idéologie anticapitaliste des huit artistes canadiens.

Deux heures de spectacle pour cette œuvre dont les fondations alternent une succession de crescendos et de plages plus calmes qui, parfois –faut-il l’avouer ?– pourtant concentrés en cinq morceaux (!) tirent en longueur.

Rétif à toute règle, GYBE ! termine son spectacle, non pas par de nouveaux morceaux, évitant ainsi toute promotion, mais par de vieux succès revisités. Ainsi, « Behemoth » (chanson jamais sortie sur album) hausse le ton pour une claque musicale de trois-quarts d’heure. Une épopée qui tarde à laisser place aux 23 minutes de « The Sad Mafioso », compo figurant sur le deuxième elpee, « fa∞ », publié en 1997. D’une mélancolie obsédante, ce titre libérerait le groupe de ses angoisses politiques vécues à cette époque. Il est illustré par une vidéo qui affiche les chiffres de la bourse en rouge sang et des manifestants au pas. Le message final semble désormais clair.

Godspeed You ! Black Emperor, un groupe qui ne laisse pas indifférent et conduit vers des destinations atypiques sans retour.

(Organisation Botanique)

 

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