Découvert, il y a quelques années, lors d’un show télévisé diffusé sur la RAI qui retransmettait un concert mémorable de par son gigantisme (stade olympique de Rome, plus de 60 000 fans présents) et son irréprochable qualité, je m’étais dit qu’un jour, moi aussi, j’irais voir et écouter le plus désirable des sex-symbols musicaux italiens, Eros Ramazzotti. Et coup de chance, ce soir, le bellâtre transalpin est de passage, une fois n’est pas coutume, dans notre plat pays.
Sa tournée européenne entamée à Turin le 3 mars fait escale pour trois soirées chez nous, les mardi 16 et mercredi 17 Avril à Forest National et le lendemain à l’Ethias Arena d’Hasselt. Inutile de vous préciser que les sésames se sont vendus comme des petits pains et ce mini-périple, sous nos latitudes, affiche complet depuis belle lurette. Une dizaine de milliers d’amateurs de belles histoires d’amour et de mélodies douces-amères avaient dépensé la jolie somme de 57 € pour pouvoir assouvir leur envie. Pas gratos hein !
Accompagné de notre photographe, nous arrivons non sans mal aux abords de la salle. Il faut dire que les voitures et/ou autocars sont légion et débarquent d’un peu partout. Même si la majorité émane de Mons, Charleroi et surtout Liège, on relève également pas mal de plaques d’immatriculation françaises et même quelques italiennes ; tous ces véhicules font plus qu’encombrer la circulation autour du site.
L’accueil est irréprochable de la part du service préposé aux entrées qui nous sépare, évidemment, pour accomplir chacun ce pourquoi nous sommes venus ce soir. Petit bémol, et c’est un euphémisme, la tâche de notre opératrice photos est loin d’être aisée… En effet, prise en charge par un ‘garde du corps personnel’, elle ne peut entrer dans l’hémicycle que sous escorte ; et ce, après le second titre. A ce moment, elle prend place (?) pour tirer ses clichés, mais doit dégager la zone dix minutes plus tard. Et ce n’est pas tout ! Son ‘espace réservé’ se situe deux bons mètres sous la scène alors que deux cameramen sont eux postés sur des estrades qui leur donne toute l’aisance voulue pour immortaliser le concert. A part les pieds d’Eros, rien ou pas grand-chose n’est visible pour la pauvre qui, cerise sur la gâteau, se voit dès la fin du quatrième titre, illico presto confisquer son matos pour la suite de la soirée. Des centaines de flashes illuminent pourtant la vingtaine de chansons d’Eros qui s’amuse même avec les spectateurs/photographes des premiers rangs. Merci à la production pour ces conditions indignes d’un tel évènement. Preuve en est, aucun autre photographe n’est présent ce soir et le ‘garde du corps’ d’ajouter que la veille, tous étaient surpris par ces mauvaises conditions de travail. Pas étonnant qu’aucun d’entre eux ne remette le couvert ce soir !
Ceci étant dit et il fallait le dire, reste le concert à proprement parler…
Surprise, une de plus, l’espace scénique est entièrement recouvert de structures volumineuses. Des prismes gigantesques placés les uns à côté des autres laissent uniquement un couloir d’un mètre de large à peine qui traverse, en biais, toute la scène depuis l’arrière. Il est vingt heures précises quand retentissent les premières mesures. Etonnement total, le Latin Lover entame son set!!! Pas de lever de rideau, aucune introduction, il est déjà là, face à nous. Le ‘Noi Tour’ commence. Il va sans dire que quelques retardataires seront de la revue. Impensable en effet qu’un concert prévu à vingt heures commence à… vingt heures, non ? Tant pis, ceux-là en seront pour leurs frais !
Seul à la guitare devant ses cubes et prismes à base triangulaire énormes, Eros nous livre son premier titre, « Un Angelo Disteso Al Sole ». La folie s’empare directement des 10 000 âmes présentes dans l’enceinte. Cette voix chaude, sensuelle et envoûtante a le pouvoir de séduire et le don de faire chavirer les cœurs, que l’on parle couramment l’italien ou non. Mais entre nous, ceux qui ce soir ne parlent pas la langue du Romain doivent se compter sur les doigts d’une main…
Ce premier tube se termine sous les vivats et les structures volumineuses se soulèvent laissant apparaître, l’une, la section rythmique, une autre, les chœurs, la suivante, les guitares et ainsi de suite. Ces gros blocs relevés et inclinés au-dessus des musiciens (ils sont dix en tout) transforment leurs faces en écrans géants et Eros Ramazzotti est ainsi multiplié par six ou sept de manière à augmenter le coup d’œil. Culte de la personne ou souci de bonne visibilité ?
‘Bonsoir Bruxelles’ et ‘merci’ sont les seuls mots prononcés dans notre langue ; par contre, les ‘Grazzie’ fleurissent tout au long de l’heure trois-quarts du concert. Pas un grand bavard, l’ami Eros. Pas un premier prix d’élégance non plus. Sa tenue est d’ailleurs plutôt austère. Un bluejean élimé et un tee-shirt noir sur lequel apparaissent côté pile un écusson tricolore noir-jaune-rouge et côté face ‘Brussels’, tout simplement. De manière ostensible, l’homme aux 60 millions d’albums vendus sur la planète veut ainsi remercier notre plat pays pour l’accueil qui lui est réservé. Les neuf acolytes qui l’entourent font preuve durant tout le set d’un professionnalisme total et d’un talent à couper le souffle. Ainsi, le préposé aux percussions troque de temps à autre ses instruments contre le micro qu’il partage, avantageusement, avec les deux choristes féminines qui, toute la soirée se déhancheront (parfois de façon ridicule) aux rythmes des différentes ballades. Autre phénomène du band, le saxophoniste qui éblouira l’assistance par des solos de la meilleure veine et une présence scénique de tout premier ordre. Et que dire des trois grattes ? Un bassiste donne le tempo vigoureusement mais sans exagération. La rythmique est bien présente. Et la solo se la joue perso épisodiquement, à la demande du maestro. Le batteur et le claviériste assurent leur part de boulot avec précision et efficacité. Dernière remarque, Eros himself taquine la guitare sur quelques titres et démontre ainsi qu’il n’est pas seulement un ‘interprète joli cœur’ mais également un artiste dans tous les sens du terme qui, non content d’assumer l’écriture et les compos, prouve –si vous l’ignorez encore– qu’il est un musicien accompli.
La suite des évènements sera un enchaînement de nouvelles chansons (« Noi » est déjà disque d’or chez nous) et de plus anciennes, hélas trop peu nombreuses à mon goût. Le bourreau des cœurs italiens n’a offert que six classiques intemporels dont « Se Bastasse Une Canzone », « Aurora », « Una Storia Importante », « Pui Bella Cosa » et « Cose Della Vita », repris en chœur par toute la foule (sauf votre serviteur !), quand elle ne chante pas sans son idole. Bien évidemment c’est le magique « Musica E » qui termine une prestation sans tache.
Il n’est que 21h45 lorsque le salut final et la présentation de la troupe clôturent une belle soirée de variété italienne de qualité. Le séducteur, à l’aube de la cinquantaine (il les aura le 28 octobre), aurait-il pris un coup de vieux ? Perso, jamais je ne m’étais couché si tôt après une sortie musicale. Buona notte !
(Organisation Live Nation)
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