Tout comme Akim, l’autre soir, je ne devais pas être là. Mais un concours de circonstance m’a poussé à accepter un remplacement au pied levé. Que j’ai volontiers accepté. Faut dire qu’à la lecture des comptes-rendus dithyrambiques lus dans la presse écrite et web (NDR : y compris celui rédigé par un collaborateur de Musiczine), le rédac’ chef avait envie d’aller lui-même vérifier sur place. Le Zénith affiche complet, deux jours de suite à Lille (NDR : et il y revient le 8 novembre !) M est extrêmement populaire en France ; ce qui explique pourquoi sa nouvelle tournée au sein de l’hexagone marche du tonnerre.
Avant d’entrer dans l’hémicycle, un petit détour par le bar s’impose. Quatre consommations, svp. 20€, m’sieur ! Combien ? Ah oui, les gobelets sont consignés. 2€ pièce. Encore heureux ! En fait, les boissons sont servies dans des récipients à l’effigie de la star. Un avant-goût du show consacré au strass et aux paillettes ?
Un drap est tendu devant la scène. Y est projeté l’image d’un personnage au nez rouge destiné à promouvoir l’association ‘Clown Sans Frontières’ (NDR : dont M est l’un des parrains).
En première partie, place à Nach, c’est-à-dire Anna Chedid, la frangine de Matthieu. Elle est flanquée d’un guitariste, d’un contrebassiste/violoncelliste et d’un drummer qui se tient debout. Elle porte une armature sous sa robe assez courte qui lui donne une allure à la fois sexy et décalée. Et elle chante en se réservant régulièrement les claviers. Dans un style qui lorgne vaguement vers les Rita Mitsouko. Elle possède un beau timbre de voix qu’elle parvient à faire fluctuer entre différents octaves, mais les inflexions ne suivent pas toujours l’amplitude. L’exercice de style est périlleux et nécessite encore du boulot. Bref, pas un mauvais supporting act, mais pas non plus la révélation.
Vers 20h45, le grand drap blanc qui séparait l’espace réservé au supporting act et le reste du podium, tombe. Mais la scène reste dans le noir. Le public s’impatiente et commence à battre des mains. Celui du balcon se lance même dans une ola ou frappe bruyamment sur le plancher. Manifestement, l’audience, ce soir, est acquise à la cause de M. 21h00, les musicos débarquent. Ils sont trois. Le drummer se place à droite de l’estrade. Le bassiste/claviériste (NDR : son instrument est un curieux combiné !) à gauche, et Matthieu à la gratte, au milieu. Il porte des lunettes en forme de M. Plutôt excentriques. Il les troque ensuite contre une paire qui projette un flux lumineux devant lui. Et lorsqu’il les enlève, on remarque qu’il arbore une petite moustache (NDR : oui, c’est une barbe de 3jours !), comme son père Louis, à qui il ressemble de plus en plus. Derrière, on découvre une immense structure métallique amovible, face à un écran géant ; mais couverte de miroirs, en forme de ‘M’. Elle va même finir par se déplacer, pivoter, se retourner, refléter, et servir de poste aux techniciens préposés aux projecteurs. Le light show est à l’avenant, multicolore et multidirectionnel. Le son est puissant et plutôt basique. Rock, si vous préférez, mais sans les détails qui font la différence, chez l’artiste français. Faut dire que le drummer martèle ses fûts comme un batteur au sein d’un groupe de métal. Car ce soir, on si on va en avoir plein les mirettes (jeux de lumières qui descendent presque jusque dans le dos des musicos, en tournant sur eux-mêmes, comme des ovnis, apparition d’un personnage qui se la joue ‘sauvage’, se prenant même pour tarzan, deux danseurs, chaussés des fameuses lunettes/projecteurs, et j’en passe), musicalement, je suis resté sur ma faim. Et puis, les samplings, ce n’est pas trop mon truc. Il y a bien eu la participation d’enfants pour un titre et surtout un petit périple sympa à travers la foule (NDR : qui a commencé juste sous mon nez !), sur une estrade mobile, au cours duquel Matthieu va interpréter ses titres les plus intimistes, en s’accompagnant au piano (NDR : le meilleur moment du concert), et puis lors du premier rappel, une parenthèse acoustique, presque sculptée dans le ‘skiffle’), mais en général, le set a surtout mis en exergue le talent d’entertainer de Matthieu. Le public connaît les paroles de la plupart des chansons par cœur, donc il les chante ; et lorsque plus de 7 000 personnes les reprennent en chœur, ça met l’ambiance. Matthieu serre volontiers les mains de ses fans, les remercie, part en crowdsurfing sur le dos en se lançant dans un solo de guitare. Un étalage de sa technique qu’il n’hésite pas à renouveler. Parfois, il en remet même deux couches. Il fait virevolter sa ‘six cordes’ dans les airs ; accidentellement, elle est emportée par la foule. En fin de parcours, il demande aux spectateurs de lever les bras et d’arborer le signe ‘M’, à l’aide de leurs mains. Motif ? L’enregistrement d’un clip. La foule est alors au bord du délire. Ce qui va engendrer deux rappels. Dont le premier, minimaliste, recueillera mon assentiment. Mais en rédigeant cet article, je me doute que 6 999 personnes risquent fort de manifester leur désapprobation. Parce que si le spectacle était fantastique, enfin, si on le replace dans le contexte des formations prog rock issues des seventies (NDR : souvenez-vous d’Emerson Lake & Palmer et même du Floyd), le concert s’adressait exclusivement au grand-public. J’ai cherché vainement une fibre poétique, tout au long de ce set. Celle que j’M chez Matthieu Chedid, et je ne l’ai pas trouvée… Désolé !
Organisation A Gauche de La Lune
(Voir aussi notre section photos ici)